la "Chronique paroissiale de la Genétouze" (1905)
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La "Chronique paroissiale de la Genétouze" fait partie d'un ensemble initié par Eugène Aillery (1806-1869) qui, devenu "prêtre habitué" (c’est-à-dire "prêtre retraité et résidant…") à Fontenay-le-Comte, se consacra à des recherches sur l’histoire religieuse du diocèse de Luçon. En 1860 il publia le Pouillé de l’évêché de Luçon (200 p.), et à sa mort il laissa un ensemble de manuscrits traitant de l’histoire des différentes paroisses du diocèse. Vingt ans plus tard, en 1889, l’évêché de Luçon décida de les actualiser de les faire paraître sous forme de cahiers mensuels d’une vingtaine de pages distribués à des abonnés, sous le titre de "Chroniques paroissiales". Jusqu’en 1895, les premiers cantons (ou "doyennés" dans la terminologie religieuse de l’époque) dont les "chroniques" furent publiées furent ceux de la Roche-sur-Yon, Chantonnay, les Essarts, Saint-Fulgent, les Herbiers et Mareuil, chacune de leurs paroisses y étant traitée en quelques pages. A partir de cette date, la prise en main de la publication par Pierre Pontdevie (1830-1893) puis par Hippolyte Boutin (1851-1901) leur donna plus d’ampleur, la part des textes dus à Eugène Aillery y devenant marginale, et leur contenu prenant un intérêt certain. Les "chroniques" des paroisses des cantons de Montaigu, de Mortagne et le début de celles du canton du Poiré (le Poiré, Aizenay, Beaufou), furent alors publiées. Puis, sous la direction de Julien Huet (1857-1925) et jusqu’en 1918, ce seront la fin de celles du canton du Poiré (Belleville, Saint-Denis, la Genétouze, les Lucs, Saligny), puis celles des cantons de Maillezais, de Rocheservière (celles de ce dernier rédigées essentiellement par Alain de Goué, 1879-1918) et de Fontenay-le-Comte. Après une interruption, la publication fut reprise, dans les années 1930, par Adolphe Poirier (1878-1957) pour le canton de Beauvoir, et elle se termina dans les années 1950 avec celles du canton de Pouzauges par Auguste Billaud. Soit 14 cantons sur les 30 que comptait la Vendée à cette époque, en plus des autres ébauches de "Chroniques" réalisées en son temps par Eugène Aillery pour la plupart des autres paroisses du diocèse de Luçon.
La "Chronique paroissiale de la Genétouze" a bénéficié des apports d'Hippolyte Boutin et, même si parfois elle s'apparente un peu à de la compilation, elle est avant tout le résultat d’un important travail d’enquêtes, partant des faits, recourant par principe aux documents originaux, vérifiant et recoupant les sources… Elle aborde principalement l'histoire légendaire de la chapelle de sainte Radégonde, et comme pour les autres "chroniques paroissiales", "l'État nominatif des curés (et vicaires) de la paroisse" dont la succession et les activités constituent a priori l’objet principal de chacune d’elles.
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La "Chronique paroissiale de la Genétouze suit le plan suivant :
présentation de la Genétouze
La chapelle de sainte Radégonde
Le Lieu-Dieu
État nominatif des curés de la Genétouze
Prêtres originaires de la Genétouze
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La Genétouze, appelée dans les vieilles chartes Genetoza, Genestosa ou Genestouza, était jadis un prieuré cure dépendant, au XIVe siècle, de l'abbaye de Nieul-sur-l’Autise, et au XVIIIe siècle de l'abbaye d'Angle. Il fut pendant longtemps desservi par les religieux de ces abbayes qui étaient de l'ordre de saint Augustin. Le revenu de ce bénéfice s’élevait à 300 livres, lorsque les religieux de Nieul en étaient les possesseurs, et plus tard, au XIVe siècle, il alla jusqu’à 400 livres. L’église paroissiale était, comme encore aujourd'hui, sous le vocable de Notre-Dame, et on comptait quatre cents communiants, ce qui semble accuser un chiffre de population un peu supérieur à celui de nos jours (d'après les documents du Pouillé de Luçon).
C'est sans doute la Genétouze qui a donné le nom de Genots que l'on attribue aux habitants de la paroisse voisine, le Poiré. Depuis longtemps ce nom a la signification de gens simples, mais il est à croire que l’on se trompe lorsqu'on lui applique un pareil sens. Comme le dit M. Boutin dans sa chronique du Poiré :
"ce nom n'aurait-il point, en effet, la même étymologie que la Genétouze (Genestosa) ; qui très vraisemblablement vient de genista, genesteium, et signifie genêt, lieu planté de genêts ? Dans cette supposition, Genot ne signifierait pas autre chose qu’habitants d’un pays planté de genêts ; à moins qu'on ne préfère chercher une étymologie dans la langue celtique, où le mot gen a, paraît-il, la signification de petit buisson. Cette étymologie, d'ailleurs, ne s'écarterait pas sensiblement de la première et donnerait aussi à supposer que, primitivement, le lieu était boisé et sauvage, et que sur son fonds pierreux croissait naturellement en bouquets ou petits buissons le genista, c'est-à-dire cet arbrisseau, soit inerme, soit épineux, connu sous de nom de genêt commun, à balais, ou de genêt épineux, vulgairement nommé ajonc. Nous proposons cette étymologie, que nous préférons à la première, aux philologues et aux amateurs".
La Genétouze n'a pas laissé une grande histoire dans le passé. Les plus illustres de ses habitants furent des moines dont les noms même sont restés inconnus. Ce sont ces infatigables ouvriers qui changèrent l'aspect aride du pays. Au Lieu-Dieu, trente religieux Prémontrés fondèrent un monastère au milieu de landes incultes qu'ils convertirent en campagnes fertiles et boisées. Leur travail eut un tel succès que l'abbaye de Jard percevait jusqu'à 9500 livres des terres du Lieu-Dieu, comme nous l'apprend un Pouillé extrait de Dom Fonteneau au XVIIIe siècle.
D'autres endroits attestent encore par leur dénomination le passage des moines. C'est la Mouzinière, jadis la Limouzinière, dont l'étymologie (elecmosyna) semble nous marquer qu'en ce lieu on y secourait les indigents, Ne sait-on pas que chaque fois que les moines fondaient un monastère, ils établissaient à côté une aumônerie, en sorte qu'on pouvait dire avec vérité : "Il fait bon vivre sous la crosse ?"
Plus loin, Nombreuse, corruption de "Ombreuse", hameau enclavé dans les dépendances naturelles du Lieu-Dieu, nous rappelle que ce devait être là la "Vallombreuse" de l'époque monastique.
Enfin, près de cette humble chapelle de sainte Radégonde dont nous parlerons plus loin, on voyait encore, il y a quelques années, les vestiges de deux cellules de religieux qui gardaient en ce lieu solitaire le culte de la grande sainte mérovingienne.
Si la campagne est pleine du souvenir des moines, le presbytère et l'église paroissiale nous les rappellent encore davantage. Comme nous l'avons déjà dit, des moines faisaient le service religieux et, jusqu’en 1793, ils signent tous sur les registres avec le titre de prieur. Après les moines, voici quelques noms et quelques faits échappés à l’oubli et retrouvés dans les registres paroissiaux déposés à la mairie.
En 1736, un acte donne le nom d'un chevalier de l'ordre militaire de Saint-Louis, René-Mathurin de Plouer, seigneur de la Grelerie (paroisse d'Aizenay), à trois kilomètres environ du bourg de la Genétouze, seigneur bas-foncier du pet. Vermillon, sauf les droits du prieur dudit lieu. Ce seigneur mourut au bourg de la Genétouze, le 16 mai 1753, à l'âge de soixante-dix ans ; son corps fut inhumé dans l'église. Ce fut sans doute le dernier seigneur de la Grelerie, mise en ferme et occupée depuis par la famille Coumailleau.
En 1737, François Latouche est cité comme fermier du Lieu-Dieu.
En 1738, inhumation dans l'église de Messire Louis Gobin, sieur des Hommeaux, âgé de quatre-vingt-trois ans.
Cette même année, Jacques-François Latouche, noble homme, est avocat en parlement et sénéchal d'Aubigny.
En 1758, Latouche de la Vrinais (?) est licencié ès-lois. Jean-Nicolas-Marc Grelier, noble homme, marié à demoiselle Latouche, habite le Lieu-Dieu dont il est le fermier. De cette union naquirent de nombreux enfants. Deux membres de cette famille furent successivement maires de la Genétouze, tout en étant fermiers du Lieu-Dieu : c'étaient le père et l'un de ses fils. Tous les deux, ainsi que la femme du premier, furent arrêtés en 1793, en vertu de la loi contre les suspects du 12 août de la même année. Ils furent transférés du Lieu-Dieu aux Sables-d'Olonne, et enfermés à la prison Delange, aujourd'hui le Café de Paris, rue de la Poissonnerie. Pendant ce temps, leurs deux petits-enfants, qui revenaient de Saint-Jean-de-Monts où ils étaient en classe, turent saisis par les Bleus non loin de la maison paternelle et incorporés de force dans l’armée républicaine[1]. Emmenés aux Sables, ils furent contraints de monter la garde devant la prison où étaient enfermés leurs parents. Quant à ces derniers, après plusieurs mois de détention avec de nombreux autres prisonniers ils furent enfin jugés et acquittés par le tribunal révolutionnaire des Sables, dans la séance du 13 avril 1794 (voir Prisons des Sables d’Olonne, par l’abbé Renolleau, p. 132 et passim).
Ces Grelier étaient les grands-parents de M. de Lespinay, maire de Saligny, et de M, de Lespinay, de la Roche[2].
En 1778, le 31 août, confirmation à la Genétouze, Mgr de Mercy est assisté par M. Gandillon, natif du village de la Marsolerie ou Massolerie, dans la Genétouze, chanoine de Luçon, secrétaire de l’Evêché, et enfin vice-doyen du chapitre. Nous en reparlerons plus loin.
A cette époque, si la natalité était considérable, la mortalité ne l'était pas moins parmi les enfants. La cause en était due peut-être au défaut d'hygiène. Avant 1889, les mariages étaient précédés de fiançailles célébrées à l'église avec solennité.
Le 28 décembre 1789, la famille Potier prend à moitié fruits pour la Toussaint suivante la métairie de la cure, située en face de l'église. Cette métairie qui fut vendue comme bien national pour une somme minime, rapporte aujourd'hui 3000 francs à ton propriétaire. Chose singulière, c'est la même famille qui fait encore valoir la terre qu'elle prit à moitié fruits en 1789.
La cure d'alors était située devant la grande porte de l'ancienne église ; le jardin occupait une partie du pré du Pinier.
La tradition rapporte, que pendant la Révolution, les enfante, les femmes et les vieillards du bourg, cachés dans un champ de genêt situés au nord-ouest et appelé les Touches, furent découverts par une bande infernale et brûlés sans pitié dans leur refuge. Leurs restes ont été inhumés dans le cimetière actuel et dans l'angle qui fait face de loin à l'église. L'église ne fut pas non plus été épargnée ; la toiture fut brûlée. Il n'y eut que le chœur de préservé.
En massacrant la population de la Genétouze, la Révolution anéantit pour longtemps le commerce que était alors très prospère. Même dans les villages les commerçants et les métiers y étaient nombreux.
Aujourd'hui la Genétouze possède une modeste minoterie, une carrière de granit en exploitation et un commerce de blé et d'engrais, pratiqué par un brave propriétaire du bourg.
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LA CHAPELLE DE SAINTE-RADÉGONDE
Depuis des siècles, il existe sur le territoire de la paroisse de la Genétouze une petite chapelle dédiée à sainte Radégonde de Poitiers, Cette chapelle a été bâtie au milieu de la campagne, à deux kilomètres environ de l'église paroissiale et sur les confins de la paroisse du Poiré. L'endroit ne manque pas de charmes ; il est absolument solitaire et tout autour l'œil est arrêté par un rideau de grands chênes ; non loin de la coule le petit ruisseau qui sépare la Genétouze de la paroisse du Poiré.
On ne sait absolument rien de certain sur l'origine de cette chapelle. Quelques-uns ont pensé qu'un, fait rapporté dans l'histoire de la sainte reine de France pourrait bien avoir donné lieu à l'érection du sanctuaire.
Sans doute, c'est là une légende, mais ne contiendrait-elle pas un fonds de vérité ? Nous n'essaierons point de démêler dans cette légende la part de la fiction et la part de l'histoire. Nous nous contenterons de faire connaître le fait et les raisons alléguées par un prêtre qui a fait une sérieuse étude de la chapelle.
Voici d'abord le fait tel qu'il est raconté dans les œuvres du vénérable Hildebert, mort archevêque de Tours en 1134 et auteur d'une vie de sainte Radégonde :
"La bienheureuse Radégonde ayant quitté la cour de son époux, fut consacrée au Seigneur par saint Médard, évêque de Noyon, et se réfugia à la villa de Saix, en Poitou, qu'elle avait reçue du roi. On vint lui annoncer que Clotaire s'était mis en route pour la chercher, la ramener dans son palais et la reprendre en qualité d'épouse. Alors elle s'enfuit. Dans sa course précipitée, et sur le point d'être prise par ceux qui la poursuivaient, elle rencontra un paysan occupé à semer de l'avoine. "Mon bon frère, lui dit-elle, lorsque quelqu'un vous interrogera et voudra savoir de vous si la reine a passé par ce chemin, vous répondrez conformément à la vérité : "Personne n'a passé depuis que j'ai semé". − Le paysan promit de se rendre aux désirs de l'étrangère, et aussitôt l'avoine se mit à croître à une telle hauteur que la sainte put s'y dérober à tous les regards. Le roi arriva bientôt après, et ayant interrogé le laboureur, il en reçut la réponse dictée par Radégonde. Clotaire, tournant alors les yeux vers le champ, vit le prodige, y reconnut la main du Dieu tout puissant et s'en retourna sur ses pas".
D'après la croyance des gens du pays, ce miracle aurait eu lieu dans la prairie où s'élève la chapelle de la Genétouze et celle-ci n'aurait été construite que pour perpétuer le souvenir de ce fait merveilleux. Sur cette opinion voici ce qu'écrivait le regretté M. l'abbé Gautier de la Genétouze dans un manuscrit destiné à l’impression.
"Cette légende est très ancienne ; dès le commencement du XIIIe siècle, on la trouve dans un certain nombre d'écrivains Quatre localités différentes et assez éloignées les unes des autres revendiquent pour elles ce miracle : Missy-sur-Aisne, où se réfugia Radégonde, lors de sa première fuite, à l'occasion de son mariage ; un champ près de Vouillé mentionné par M. de Chergé dans sa Vie des Saints du Poitou ; Saix, dans la Vienne, villa qu'habitait Radégonde, lorsqu'elle apprit la nouvelle détermination de Clotaire, et enfin la Genétouze.
Les deux premières de ces localités ont peu de probabilités en leur faveur et le débat se peut circonscrire entre Saix et la Genétouze. On trouve aux archives nationales, à Paris, un manuscrit du XIVe siècle selon lequel le miracle aurait eu lieu à Saix : "à l'issue du dict lieu de Seez trouva la bonne dame ung laboureur qui semait de l'avoyne auquel elle dict : etc." Je l'avoue, ce document est d'une grande autorité, d'autant que nous ne possédons rien par devers nous que nous puissions lui opposer. De plus, on a toujours célébré à Saix, en mémoire du prodige, une fête de sainte Radégonde-des-Avoines, le 28 février, et comme chez nous, on a construit une chapelle dans le Champ-Carré, témoin du miracle.
Il parait étrange cependant que Radégonde ait attendu l'arrivée de Clotaire à Saix pour s'enfuir et qu'ainsi elle ait été surprise par lui à trois cents pas seulement de son habitation, quand déjà elle l'avait fait au simple bruit qui courait de son prochain mariage avec lui ; qu'elle se soit dirigée vers la basilique de Saint-Hilaire à Poitiers, pour y profiter du droit d’asile, elle qui connaissait son époux et savait qu'il n'hésiterait pas au besoin à violer un lieu consacré au Seigneur pour satisfaire ses desseins.
Je n'essayerai pas de trancher la difficulté : la chose est trop délicate et trop obscure aussi[3]".
Quoi qu'il en soit, y eut-il un fait miraculeux à l'origine de la chapelle de la Genétouze ? On n'en a aucune preuve certaine.
Chose curieuse à remarquer ; la même obscurité touchant leur fondation plane sur tous les sanctuaires vendéens dédiés à sainte Radégonde. Rarement d'ailleurs on trouve dans nos campagnes un lieu de pèlerinage dont le but primitif ait été d'honorer un saint secourable ; ce n'est qu'avec le temps que survenaient ces pieuses croyances.
"Quoi qu'il en puisse être, continue M. Gautier, l'origine de notre petite chapelle doit remonter assez loin pour que la légende de sa fondation miraculeuse ait pu s'enraciner aussi profondément. Le style de l'ancienne qui tombait de vétusté lorsqu'elle fut reconstruite en 1863, et dont celle d'aujourd'hui n'est que l'exacte reproduction, était du roman tertiaire de la fin du XIIe. Vers 1850, M. l'abbé Rigault, alors curé de la paroisse, constata qu'il était gravé des inscriptions sur quelques pierres faisant saillie à l'intérieur de la chapelle, mais il n'en put saisir le sens. Divers lieux-dits et tènements voisins dont la dénomination est nécessairement très ancienne sont mentionnés sur les registres du cadastre sous les noms de prés, champs de la chapelle, curé de Sainte-Radégonde, etc.
Cette chapelle champêtre dut être desservie, sinon construite par les religieux Prémontrés qui, établis d'abord par Richard Cœur-de-Lion, le 5 mai 1190, au Lieu Dieu de la Genétouze, au sein de la forêt de la Roche-sur-Yon, furent transportés par lui en 1198, à son retour de Palestine, au Lieu Dieu de Jard. Ils avaient à cela d'ailleurs un titre tout particulier, puisque leur nouvelle communauté dépendait du monastère de Sainte Croix de Poitiers et qu'ils avaient trouvé florissante à Jard la dévotion à sainte Radégonde.
Jusqu'en 1845, il existait, à côté de la chapelle, trois petites cellules qui, brûlées en 1793, avaient été, d'après la tradition générale occupées par deux religieux chargés d'accomplir les vœux des pèlerins. Mais longtemps avant cette époque ils ne remplissaient plus leur ministère, et d’ailleurs la communauté de Jard, s'ils en faisaient partie, fut réunie à celle de Paris au commencement du XVIIIe siècle par Mgr de Bussy, alors évêque de Luçon.
L'histoire d'un lieu comme la Genétouze est peu riche en événements et la dévotion paisible de ses habitants envers sainte Radégonde ne dut guère être troublée. Il est possible cependant que ce petit coin de terre ait fourni un champ de bataille aux Anglais, alors qu'ils occupèrent pendant quatre années le château de la Roche-sur-Yon, traitreusement livré par Jehan Belon, son gouverneur, vers 1369.
Les turbulents sectaires protestants durent aussi ravager ce lieu comme bien d'autres, Sainte-Radégonde comme Notre-Dame de Garreau, alors qu'ils allaient "par troupes de 1000, 1200 et même 2000 hommes à cheval et à pied, démolissant et brûlant partout les églises, se livrant à toutes sortes d'excès et d'assassinats, particulièrement envers les ecclésiastiques". L'année 1568 est restée tristement célèbre dans noire région : les églises et presbytères des Lucs. Aizenay, Saint Denis-la-Chevasse, Beaufou furent livrés aux flammes. Plus tard, Rohan Soubise, dont les paysans de la contrée ont à la mémoire les horribles exploits, ravagea cette partie du Bas-Poitou avant d'aller se faire battre à Riez par Louis XIII en 1622.
La paix rétablie, il y eut dans le Poitou tout entier un nouvel élan de dévotion envers sainte Radégonde. Après les grandes calamités, on sent le besoin de se retremper dans la prière pour oublier les maux passés.
Un siècle et demi après arrive l'époque révolutionnaire. Cette affreuse tourmente vint réveiller la foi assoupie, même dans nos campagnes, dans le cours du XVIIIe siècle. Les populations alarmées couraient aux sanctuaires voisins implorer le secours de l'assistance des saints, demander le retour des prêtres exilés, la paix religieuse et civile.
Pour rester fidèle à sa foi, le vénérable M Thomas, qui desservait alors la paroisse, dut abandonner, dès le commencement de 1792, la direction des âmes que son évêque lui avait confiées et fut mis sous la surveillance directe des comités révolutionnaires. Au mois de septembre, il s'embarqua aux Sables, avec son frère, curé de Venansault, pour l'Espagne.
Perdue au fond de la campagne, éloignée de toute voie de communication, la chapelle de sainte Radégonde servit de lieu de réunions et de prière à la population sans pasteur et sans église. Le sanctuaire paraît avoir été si oublié que Cassini sur sa carte lui donne le nom de "Chapelle de la Maunerie", sans plus songer à sa glorieuse patronne[4].
D'après une tradition, le fameux curé de Saint-Pierre-du-Luc, M. Barbedette, resté célèbre dans le bocage sous le nom de curé Grand-Bot, y venait de temps en temps offrir le divin sacrifice et administrer les sacrements. "Ce prêtre, dit M. du Tressay, sans cesse exposé aux plus grands dangers, s'en tirait avec un tel bonheur que les paysans, toujours superstitieux, croyaient qu'il avait le don de passer inaperçu parmi les Bleus et de conjurer leurs balles".
Ce concours de peuple, relativement bien minime pourtant et aussi inoffensif, déplut aux autorités civiles du voisinage, et, soupçonné de conspiration, fut signalé à l'administration départementale siégeant à Fontenay, comme l'atteste un document inédit tiré des Archives de la Vendée :
"Aizenay, le 13 ventôse an VI (3 mars 1798).
Le commissaire du directoire exécutif près l'administration municipale du canton d'Aizenay à celui près le département de la Vendée.
J'ai reçu hier, citoyen, une lettre du citoyen près l’administration municipale du Poiré par laquelle il m'instruit que, depuis plusieurs dimanches et fêtes du culte catholique, il se forme un rassemblement dans la commune de la Genétouze à une ci-devant chapelle sous prétexte d'exercice du culte catholique ; que des individus s'y permettent de faire la lecture et le chapellet (sic). Je me suis empressé de communiquer cette lettre à l'administration qui, de son coté, en a reçu une qui contient les mêmes faits, de la part de l’administration du Poiré. Surpris de ce que l’agent municipal de la Genétouze ne m'en avait jamais fait part, et jaloux de maintenir la tranquillité parmi mes concitoyens en prévenant ce qui pourrait les troubler, j'ai conseillé à l'administration les mesures qui m'ont paru les plus sûres pour y réussir. Elle envoie demain à la Genétouze deux gendarmes et six volontaires pour y surveiller ces rassemblements et pour nous faire le rapport de ce qui s'y passe. Elle a aussi écrit au général Travot pour y mettre un cantonnement qui en imposera aux malveillants, et à l'agent municipal de la Genétouze pour venir à la première séance rendre compte de sa conduite à l'égard de ces rassemblements.
Salut et fraternité. GOBIN."
C'est à la bienveillance sans doute de ce malheureux agent municipal que la chapelle de sainte Radégonde doit d'avoir échappé au pillage et à l’incendie, tandis que les habitations des religieux qui la desservaient furent livrées aux flammes. La prétendue conspiration découverte par le trop vigilant commissaire ne mettait pas en danger la République : on en peut juger par cette seconde lettre du policier d’Aizenay.
"Je dois vous prévenir, citoyen, écrit-il de nouveau à l’administration départementale, le 17 ventôse, que les renseignements que fin pris sur les rassemblements que vous ai écrit, le 13 du courant, qui se font les jours de dimanches et fêtes du culte catholique, en la commune de la Genétouse n'ont rien d'alarmant : il s'y rassemble, il est vrai, les jours ci-dessus, 30 ou 40 personnes dans une chapelle, où ils font leurs prières ; aucun n'y fait de lectures aux assistants. Tels sont les rapports que nous en a fait la force armée que nous y avons envoyée le dernier jour. Cela n'arrêtera pas notre surveillance sur ces rassemblements et pour empêcher qu'il ne s'y passe quelque chose contre la sûreté publique, il y aura toujours de la force armée, soit du cantonnement d'Aizenay ou de celui du Poiré auxquels le général Travot a enjoint de venir prendre nos ordres à cet égard. Soyez tranquille et ne doutez pas un instant de mon zèle à veiller à la sureté publique et à vous instruire de tout ce qui pourrait tenter de la troubler.
Salut et fraternité. GOBIN."
Ainsi qu'on le voit, il est facile d'en arriver à la dernière limite de la bêtise, lorsqu'on veut faire la guerre aux idées religieuses. Quel rapport pouvait bien exister entre la sûreté publique et la prière de quelques personnes inoffensives dans une chapelle perdue au fond d'une campagne ? L'ordre et la paix n'ont rien à craindre de gens qui se conduisent d'après la loi de Dieu et l'inspiration de leur conscience.
Enfin la paix fut rendue au pays et les fidèles qui vinrent s'agenouiller dans le sanctuaire de sainte Radégonde n'eurent plus à craindre d'être troublés dans leur dévotion par les représentants de la police et de la force armée.
L'antique statue était toujours là. Personne n'avait pensé ou n'avait osé faire disparaître ce palladium de la piété populaire. Cette vieille statue vénérée dans le sanctuaire de la Genétouze est en bois sculpté. Elle date de 1634, on peut lire ce millésime sur le piédestal, en même temps que cette inscription : Sancta Radegundis ora pro nobis.
Dans son ensemble elle est fort bien conservée et on s'étonne qu'elle ait pu échapper sans avarie à tous les dangers qui, depuis trois siècles, ont menacé nos églises et nos objets religieux. Elle réunit à la fois les attributs de la royauté et les livrées de la vie religieuse. La guimpe monastique passe gracieusement sur la tête, et, couvrant le cou, descend jusque sur les épaules. Une belle et douce ligure émerge sous le voile et porte ses regards vers le milieu du sanctuaire. Une robe blanche qui traîne jusque sur le piédestal termine le costume de la religieuse. Par-dessus cette robe on voit le manteau bleu royal fourré d'hermine et fleurdelisé d'or, aux plis ondoyants, et relevé sur le bras gauche comme pour permettre une marche plus facile. Pendant que la main gauche tient le sceptre, la main droite s'abaisse vers l'assistance et semble laisser tomber quelques grâces sur les fidèles. Enfin le diadème royal qu'elle porte sur sa tête achève de donner à celle qu'on vénère en ce lieu un air de majestueuse puissance.
Cette statue a été restaurée dans ces dernières années d'une façon intelligente. Elle peut mesurer, avec le piédestal, environ 0m 90, et est placée dans une niche au-dessus de l'autel.
Après la Révolution, le culte de sainte Radégonde diminua sensiblement dans les âmes ; la paroisse de la Genétouze était sans prêtre ; il n'y avait plus jamais de messe au sanctuaire. Ce sanctuaire lui-même tombait de vétusté et il allait s'écrouler. En 1852, il fut même question de l'abandonner définitivement dans ses ruines, parce qu'il était pour la fabrique une charge trop onéreuse. C'est alors que sainte Radégonde sembla se choisir deux hommes pour tirer son culte de l'oubli et pour relever son sanctuaire. Ces deux hommes, guéris par elle, étaient M. Garnier, curé du Poiré, et M. Orceau, curé de la Genétouze. A leur instigation, la dévotion à sainte Radégonde retrouve son ancienne splendeur et, avec les ressources des fidèles, les ruines disparaissent et à leur place s'élève une nouvelle construction, simple il est vrai, mais reproduction exacte du sanctuaire tant aimé des aïeux.
La façade est découpée par deux contreforts carrés qui montent presque jusqu'à la toiture. Entre les deux se trouve la porte d'entrée entourée d'un faisceau d'arcs où l'ogive commence à se dessiner. Sur la pointe du fronton, deux colonnettes reliées en haut par une pierre de granit supportent la modeste cloche qui appelle les fidèles aux cérémonies du lieu. A l'intérieur il n'y a rien d'extraordinaire. C'est un vaisseau carré éclairé de chaque côté par deux fenêtres romanes. Une sacristie se prolonge derrière le chœur.
Le 15 avril 1863, M. l'abbé Roy, curé-doyen de Palluau, fit la bénédiction de la première pierre du petit sanctuaire. A cette occasion, on enfouit sous les fondements une inscription latine avec quelques pièces de monnaie. Voici le texte de l'inscription :
"Seculorum injuria consumpta et diruta, hic denuo, sub eodem sanctæ Radegundis Reginæ et Monialis patrocinio, curis Domini Josephi Francisci Orceau, hujus parochiæ rectoris, incolarum necnon fidelium ex diversis locis devote et fidenter peregrinantium piis oblationibus, Dominis, Præfecto civili Francisco Arnaud, Joanne Genaudeau, Ludovico Gautier, Augusto Arnaud, Joanne Arnaud et Petro Hillairet, rem Ecclesiæ dictæ Dominæ nostræ Genetouze moderantibus, rædificata adsto.
Anno MDCCCLXIII".
Quelques mois après l'œuvre était terminée et il y avait grande fête pour l'inauguration du modeste sanctuaire à laquelle assistait un nombreux clergé des environs. Voici le procès-verbal de la cérémonie :
"L'an de Notre-Seigneur mil huit cent soixante-trois, et le mercredi vingt-deux du mois de juillet, a été bénite par M. l'abbé Gabriel Gouraud, supérieur du grand Séminaire et vicaire général honoraire de Monseigneur l'Evêque de Luçon, une chapelle dédiée sous l'invocation de sainte Radégonde, et reconstruite sur la place et les mêmes fondements d'une autre chapelle dont l'origine s'est perdue dans la nuit des temps et qui était tombée par suite de sa longue vétusté.
Précédée d'une instruction et suivie de la sainte Messe, cette bénédiction a eu lieu en présence d'une nombreuse assistance de fidèles, venus de toutes les paroisses voisines et d'un grand nombre de prêtres qui ont signé le présent procès-verbal".
R. Collonier, curé d'Aizenay ; Mestres, chanoine honoraire ; Joseph Orceau, curé de la Genétouze ; Bart, curé des Lucs ; Math. Baudry, curé de Belleville ; Faucheron, curé de Beaufou ; Renaud, curé de Saint-André-d'Ornay ; Penard, vicaire du Poiré ; Ern. Joubert, vicaire de Napoléon ; J.-B. Boudaud, curé de Mouilleron-le-Captif ; F. Gautreau, vicaire d'Aizenay ; Guicheteau, vicaire de Venansault ; Bâty, vicaire de Beaufou ; Charrier, curé de Saligny ; Pabœuf, vicaire du Poiré ; H. Challet, vicaire des Lucs ; J.-B. Bécot, vicaire de Saint-Denis-la-Chevasse ; Roy, curé de Palluau ; P. Grossard, curé de Grand'Landes ; G. Gouraud, vicaire général ; Menuau, prêtre.
A partir de cette époque le culte de sainte Radégonde a pris une extension considérable dans toute la contrée. A diverses reprises la sainte Patronne a semblé récompenser par des faveurs signalées la confiance des fidèles. On a noté sur un registre une quinzaine de ces faveurs plus remarquables et chaque procès-verbal est suivi de la signature des personnes gratifiées et de celle des témoins qui attestent les faits. Qu'on nous permette de citer quelques-unes de ces grâces.
C'est d'abord M. Garnier, curé-doyen du Poiré, qui, à deux reprises différentes, attribue à sainte Radégonde, la prolongation de ses jours. Jeune encore, il était tombé, par suite de fatigues excessives, dans une maladie très grave ; son état fut bientôt désespéré et le médecin jugeait que tout était perdu, lorsqu'une personne pieuse fit pour le malade une promesse à sainte Radégonde. A l'instant un mieux sensible se produit et le digne prêtre est sauvé.
Une autre fois, au mois de juin 1862, M. Garnier est frappé d'une congestion cérébrale qui met de nouveau sa vie en danger ; en supposant qu'il pût échapper à la mort, il semblait voué à la plus triste existence ; l'absence complète de mémoire devait l'empêcher de remplir les fonctions de son ministère. On commence aussitôt une neuvaine à sainte Radégonde. Le mieux se manifeste aussitôt, mais la mémoire ne revient pas. M. l'abbé Pabœuf, demi-frère du malade, se transporte au sanctuaire de la Genétouze et y célèbre lui-même la messe pour le pauvre infirme. Au grand étonnement de tous M. Garnier est radicalement guéri et il peut, dans les mêmes jours, monter au saint autel pour y dire une messe d'actions de grâces.
Au mois de septembre 1861, M. l'abbé Orceau, curé de la Genétouze fut atteint de deux maladies à la fois, lesquelles étaient des plus graves et des plus compliquées. Au bout de quatre semaines, M Orceau se trouvait à toute extrémité. C'est alors que quelques pieuses personnes recommandent leur bon curé à sainte Radégonde et, quelques jours après, neuf d'entre elles font un pèlerinage à la chapelle. Pendant qu'elles prient pour lui, M. Orceau peut pour la première fois, depuis quatre semaines, réciter son chapelet. Enfin, au bout de quelque temps, ayant réussi à se faire transporter au sanctuaire, il se trouve tout surpris, à son retour, de pouvoir réciter son bréviaire sans s'interrompre pendant trois quarts d'heure, alors qu'auparavant il éprouvait une peine extrême à dire, pour toute prière, un Pater, un Ave et un acte de contrition.
Au mois de janvier 1862, Mme veuve Real, née Gibotteau, du bourg du Poiré, âgée de soixante-dix ans, était à toute extrémité. Sa fille qui la soignait, désolée de perdre sa mère, fait commencer une neuvaine au sanctuaire de la Genétouze. Aussitôt la malade qui était sans connaissance et qu'on croyait en agonie, revient à elle et bientôt elle recouvre complètement la santé. Sa reconnaissance se manifesta par plusieurs libéralités en faveur du sanctuaire.
Cette même année, une autre personne du Poiré, Angélique Violeau, subissait une opération chirurgicale des plus dangereuses. De l'aveu des médecins, un seul malade sur mille pouvait s'en tirer. Cependant la patiente, vouée à une mort certaine, se recommande à sainte Radégonde et se décide à affronter la terrible épreuve. Sa confiance n'est pas trompée, l'opération réussit et quelques semaines après l'heureuse convalescente venait remercier sainte Radégonde en sa chapelle.
Marie Beignon, femme Rocheteau, du village de l'Aumère, dans le Poiré, revient aussi elle des portes de la mort, aussitôt que sa famille s'est adressée à sainte Radégonde.
Une autre jeune femme de la Roche-sur-Yon, tombée dans le plus affreux désespoir, retrouve la tranquillité de l'âme, après qu'une de ses amies a promis pour elle un voyage au sanctuaire de la Genétouze.
Un enfant de quatre ans, du bourg de Venansault, nommé Edmond Rezeau, avait perdu l'usage de ses membres par suite d'une tumeur à côté d'une épaule. Plusieurs fois le médecin avait été obligé d'ouvrir cette tumeur, et ces opérations avaient tellement épuisé l'enfant qu'il n'avait plus que l'apparence d'un squelette. Ses parents désespérés viennent à la Genétouze prier sainte Radégonde. La nuit suivante, la tumeur s'ouvrit d'elle-même et le lendemain l'enfant eut une crise si violente qu'on crut qu'il allait mourir. Mais c'était la guérison. Trois jours après, le malade sortait de son lit et, au grand étonnement de tous, marchait tout seul. Le médecin fut si stupéfait de cette guérison subite qu'il voulut se mettre aussi lui sous la protection de sainte Radégonde et qu'il fit une aumône pour son sanctuaire.
Marie Buton, épouse de François Joly, du village de la Cheverie, dans la Genétouze, était sur le point de devenir mère. Mais de terribles complications surviennent et le médecin qui la soigne déclare que son art est impuissant et que, dans une heure, la malheureuse aura cessé de vivre. Alors la famille ne voit plus de recours que dans sainte Radégonde qu'elle prie avec ferveur. La malade elle-même, qui a conservé un reste de connaissance intérieure, fait la même prière. Une heure après, elle était délivrée et son enfant naissait plein de vie.
Pendant la reconstruction de la chapelle de sainte Radégonde, en 1863, Marie Coulon, servante à la cure de la Genétouze, fut atteinte d'une prostration générale de tous ses membres, avec une décomposition du sang qui amena bientôt le gonflement des bras et des jambes. Au témoignage du médecin, la malade n'en avait plus que pour quelques semaines de vie. Sur le conseil de son maître, elle entreprend une neuvaine à sainte Radégonde, dont la statue se trouvait dans sa chambre, pendant les travaux de reconstruction. Dès le second jour elle commence à remuer ses doigts qui jusque-là étaient insensibles. Au bout de la neuvaine, la paralytique peut descendre de sa chambre et se rendre à l'église, et quelques jours après elle allait à pieds et sans aide remercier sa bienfaitrice dans sa chapelle.
Etonné de cette guérison merveilleuse, le médecin ne put s'empêcher de l'attribuer à une intervention surnaturelle.
Au mois de juin 1865, un jeune enfant âgé de trois ans, Auguste Brethomé, était si malade qu'on n'attendait plus que son dernier soupir. Déjà ses parents éplorés préparaient tout ce qu'il fallait pour l'ensevelir, lorsque, poussés par une foi très vive, ils appliquèrent sur le front du petit moribond une médaille de sainte Radégonde. A l'instant, l'enfant reprend connaissance et huit jours après il assistait avec ses parents à une messe d'actions de grâces à la chapelle.
Le 5 mai 1866, Joséphine Duard, âgée de seize ans, du village de la Benétière, dans la Genétouze, est atteinte d'un mal affreux ; sa tête devient très enflée et sa langue s'épaissit à tel point qu'elle ne peut fermer la bouche ; une suppuration sanguinolente se mêle continuellement à la salive. Une neuvaine est aussitôt commencée pour la malade dans la chapelle de sainte Radégonde, et dès le premier jour le sang qu'on n'avait pu arrêter par aucun remède cesse de couler ; le mal disparait à vue d'œil, et, au bout du mois, la jeune fille était complètement guérie.
Vers la même époque, une autre jeune fille de la Roche-sur-Yon, Mlle Clémentine Seguin, était tellement épuisée par une fluxion de poitrine qu'elle n'avait même pas la force de dire une parole. Cependant elle réussit à faire comprendre à sa mère qu'il fallait envoyer prier une grande sainte. La difficulté était de savoir quelle sainte, la jeune fille ne pouvant parler. Enfin, à force de questions, la mère découvrit qu'il s'agissait de sainte Radégonde. Mais où se trouvait un sanctuaire dédié à sainte Radégonde ? Mme Seguin n'en connaissait pas de plus rapproché qu'à Poitiers, ce qui l’embarrassait fort de se transporter si loin. Une personne de sa connaissance lui avant appris l'existence de la chapelle de sainte Radégonde à la Genétouze, elle envoya prier la sainte secourable, et la malade éprouva aussitôt un mieux si sensible que le médecin lui-même ne put s'empêcher d'en témoigner son étonnement.
Au mois de mars 1868, Marie Remaud, femme Rocheteau, du village de la Petitière, paroisse de Mouilleron-le-Captif, était si malade que le médecin avait déclaré que tout espoir était perdu. La famille désespérée s'adresse alors à la bonne sainte de la Genétouze, et quelques jours après la malade était parfaitement guérie.
Enfin, en 1871, quatre jours avant la Fête de sainte Radégonde, M. Genaudeau, maire de la Genétouze, est atteint d'un mal qui ne semble laisser aucun espoir de guérison. Il place alors sa confiance dans sainte Radégonde et il l'invoque avec ferveur. Sa guérison est si prompte que le jour de la fête, malgré une chaleur excessive, il peut se rendre à pied au sanctuaire, distant d'environ deux kilomètres de son habitation, et assister aux exercices du pèlerinage.
Ou pourrait encore citer bien d'autres faits dans le genre de ceux que nous venons de signaler, mais ils ne prouveraient pas davantage l'action bienfaisante de sainte Radégonde sur la contrée qui l'honore. Il semble que la patronne de la Genétouze peut bien être platée au nombre et même en tête de ces saints que l'on a appelés, sur notre terre vendéenne, "saints secourables".
Dans la chapelle de la Genétouze, il n'y a pas seulement un souvenir de sainte Radégonde par la statue qui la représente, il y a encore une partie d'elle-même, de très précieuses reliques procurées par Mgr Colet. Le vénérable évêque voulut présider lui-même la cérémonie de la translation des reliques à la chapelle, le 6 mai 1864. La chasse placée sur un brancard fut portée processionnellement par quatre- prêtres depuis l'église paroissiale jusqu'au sanctuaire. Toute la population de la paroisse et un nombreux clergé assistaient à la fête.
En souvenir de cette cérémonie, Mgr Colet autorisa l'exposition des reliques dans la chapelle :
1° le jour anniversaire de la translation, fixé au dimanche dans l'octave de l'Ascension ;
2° le dernier dimanche du mois d'août ;
3° enfin le 13 du même mois, qui est le jour de la fête de la sainte.
Le procès-verbal de cette cérémonie est tout entier de la main de Mgr Colet.
En 1885, M. Morteau, sculpteur à Luçon, est venu poser dans la chapelle un nouvel autel en pierre pour remplacer l'ancien qui était en bois et d'une extrême simplicité. On découvrit par dessous, en entier, le premier autel qui était en pierre et aussi pauvre que l'autre.
Terminons cette notice en parlant des exercices religieux et des pratiques de dévotion en usage dans la chapelle de sainte Radégonde.
C'est surtout le 13 août et le dernier dimanche du même mois que les pèlerins viennent en foule. Le mardi de Pâques et le jour de la fête de saint Jean l'Evangéliste on célèbre également un office public à la chapelle. Mais l'affluence la plus considérable se remarque le dimanche qui suit la solennité de sainte Radégonde : les pèlerins arrivent de toutes les paroisses voisines. Ce jour-là on fait en plein air les exercices religieux ; vêpres solennelles, panégyrique de la sainte et salut du Saint-Sacrement. En dehors de ces cérémonies extraordinaires, M. le curé de la Genétouze, selon les demandes qui lui sont faites, va de temps en temps dire la messe au sanctuaire vénéré.
Voici maintenant de quelle façon se traduit extérieurement la dévotion des fidèles envers sainte Radégonde. Naguère encore un certain nombre faisaient le pèlerinage pieds nus et à jeun, comme autrefois nos pères, lorsqu'ils allaient à Saint Pierre de Rome ou à Saint-Jacques en Galice. Aujourd'hui, le plus souvent, c'est une neuvaine que l'on promet de faire à l'autel de la sainte, ou la célébration du saint sacrifice que l'on demande et auquel on assiste scrupuleusement.
De même qu'à Poitiers et en certains sanctuaires poitevins, on fait brûler de petites bougies en l'honneur de la bonne sainte, en souvenir sans doute de ce qu'elle aimait elle-même cette pieuse coutume et qu'elle ne dédaignait pas de façonner des cierges de ses mains royales. C'est là ce qu'on appelle faire son voyage.
La piété des pèlerins veut aussi contribuer à l'entretien de la chapelle. On fait des dons en nature, en blé, en avoine. Longtemps on ne donna que de l'avoine, et c'est sans doute l'une des causes pour lesquelles la croyance populaire a porté les habitants de la Genétouze à revendiquer pour leur sanctuaire le célèbre miracle de la légende[5].
Les curés qui se suivent sont tous fidèles à entretenir la dévotion à la grande sainte du pays et les pèlerins continuent toujours avenir prier celle qui depuis des siècles protège si bien ses enfants.
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LE LIEU-DIEU
On sait bien peu de choses sur cette antique propriété des moines. Une charte datée de Luçon, le 5 mai 1190, nous apprend que Richard Cœur-de-Lion avait octroyé cette terre à des religieux Prémontrés. Cette terre était sans nom ; à partir de cette époque, elle fut dénommée le Lieu-Dieu. Ainsi qu'on sait, le mot Dieu était comme un qualificatif que l'on ajoutait souvent aux propriétés ou aux maisons possédées par des moines : Lieu-Dieu, Bois-Dieu, Hôtel-Dieu.
La terre donnée par Richard Cœur de Lion se trouvait dans la portion de la forêt de la Roche-sur-Yon, qui dépendait de la paroisse de la Genétouze. Elle était et ne rapportait qu'un médiocre profit. Les moines se lassèrent au bout de quelques années d'un labeur si ingrat et ils demandèrent à leur bienfaiteur de leur procurer un autre domaine. Richard Cœur-de-Lion, par une charte datée de Talmond, le 4 novembre 1198, satisfit leur désir en leur accordant une propriété sur l'emplacement d'une grande ferme, appelée la Terre-de-la-Comtesse, laquelle était située dans la forêt de Jard et provenait, par la mère de Richard, de la succession des comtes de Poitou (Poitou-Vendée, article sur Jard, p. 7).
Des fermiers occupèrent dès lors la vieille abbaye du Lieu-Dieu de la Genétouze. Cette terre devait être considérable, comme on l'a vu par le revenu que percevaient les moines de Jard (9500 livres), et les familles qui faisaient valoir ce bien avaient un rang notable dans le pays. Là, comme ailleurs, on ne s'appauvrissait pas à régir les propriétés des moines. Il n'est pas rare encore aujourd'hui de rencontrer des familles qui ont une belle position dans la société et qui ont commencé leur fortune dans les fermes que leur avaient confiées les monastères ou les évêchés.
Pendant leur séjour à la Genétouze, les moines avaient bâti une chapelle qui subsiste encore aujourd'hui et qui atteste que leur établissement était important. Cette chapelle ne fait pas moins de trente mètres de long sur huit mètres de large. Avec ses murailles épaisses, ses gros contreforts carrés, ses fenêtres étroites et élancées, elle présente un aspect fort sévère : c'est bien l'église monacale où l'œil ne peut être distrait par la contemplation d'une architecture riche et variée. Rien ne détourne l'attention de la pensée de Dieu qu'on doit prier. Le chevet est percé d'un immense triforium qui fournit au sanctuaire la plus grande partie de la lumière qui l'éclaire. La façade est fort simple : surface plane et flanquée seulement d'un contrefort carré à chaque angle, porte où l'ogive commence à se dessiner dans deux arcs dont l'un affleure avec l'extérieur de la muraille, et dont l'autre monte à l'intérieur de la baie ; fenêtre unique s'élevant au-dessus de la porte et dans la forme de celles qui se trouvent dans le reste de l’édifice ; enfin fronton peu élancé terminant le haut do la façade.
Cette chapelle est aujourd'hui transformée en écurie ; les locataires de la ferme y mettent leurs divers bestiaux. Il en est ainsi sans doute depuis des siècles. On a donc dû donner bien peu de soins à ce monument. Cependant les murs ont résiste et on ne voit nulle part qu'ils se soient écroulés.
A quelques pas de la chapelle et sur le bord du chemin on trouve une vieille pierre sculptée qui provient sans doute d'un autel du sanctuaire. Elle a été découverte dans ces dernières années par les gens de l'endroit, en labourant la terre des environs. Elle représente deux anges soutenant une couronne royale au-dessus d'une figure qu'on ne peut reconnaître parce qu'elle est mutilée ; c'était sans doute un symbole eucharistique, peut-être un pélican. Un semis de fleurons orne les coins dans la partie supérieure. Cette pierre, qui mesure environ 1 mètre de large sur 0m 70 de haut, pouvait bien être le sujet ornant la face antérieure de l'autel dans le vieux sanctuaire monastique.
Il est probable que ce bas-relief fut enfoui au temps des guerres de religion pour le soustraire aux mutilations des Protestants, lorsqu'ils mirent tout à feu et à sang dans les églises et les presbytères des environs. Si l'on faisait des fouilles autour de la chapelle, peut-être trouverait-on d'autres débris lui ayant appartenu, ou quelques-unes des statues qui devaient orner son sanctuaire.
Les Archives de la Vendée (série B. 1426) possèdent la pièce suivante :
Réception d'un garde pour les bois de la baronnie du Lieu-Dieu, en Poitou, paroisse de la Genétouze, dépendant du collège des Prémontrés, à Paris, le 5 février 1776.
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ETAT NOMINATIF DES CURES DE LA GENÉTOUZE
Dès 1533 il y avait des prêtres à la Genétouze, ainsi que nous l'apprend le manuscrit de l'archidiacre Marchant. Ces prêtres étaient alors au nombre de quatre. Trois seulement, ayant le titre de vicaires, résidaient dans la paroisse. Quant au curé, Bouyllaud, il est mentionné comme absent.
Voici ce qui est consigné dans ce vieux registre :
De Genestosa
Apud dictum locum de Belloco, die et anno prædictis, accessit dus Johannes Chauchet et dus Stephanus Traineau pbr, vicarius dictæ paroch. B. Mariæ de Genestosa qui exhibuit exhibenda.
Johannes Bouyllaud pbr prioratus de (Mauapinsus ?) abs (absens) qui debet tres missas qual, ebdomada, apprehensis diebus Dni et Festis.
Dus Stephanus Traineau,
Dus Johannes Chauchet, vicarii.
Dus Johannes Ponctuer,
Præsens administrator fabricæ Johannes Barbeau... Præcedens Jacobus Boutoleau. Injuctum fuit dicto Bouyllaud rectori... exhibere exhibenda….
Voici les noms qu'on a pu retrouver depuis :
En 1622, le chanoine André Thyrieau était curé de la Genétouze, Ce curé est nommé dans un manuscrit de M. l’abbé Gautier sur la chapelle de sainte Radégonde.
En 1665, le 26 juin, Mgr de Colbert confère le titre de curé de la Genétouze à M. Denis Gibotteau, prêtre du diocèse de Luçon, Le procès-verbal nous fait connaître que la cure est vacante par la résignation de M. Olivier Martineau qui en était précédemment le bénéficiaire.
Le troisième registre des Insinuations ecclésiastiques de 1704 à 1709, nous donne ensuite les renseignements suivants :
"Signature de la cure de la Genétouze pour M. Nicolas Michel (n°n319).
Signature, visa et prise de possession du prieuré-cure de la Genétouze pour M. Vigier (nos 382 et 391)".
"Permutation de la cure de la Genétouze avec la chapelle de sainte Catherine de Bois-de-Cené pour M. Michelon (n° 498)".
4° Registre, de 1709 à 1714 :
"Signature et visa de la cure de la Genétouze pour M. Michelet (n° 35)".
7° Registre, de 1724 à 1728 :
"Signature et prise de possession du prieuré-cure de la Genétouze pour M. Louis Chauvet (n° 363 et 384)".
8° Registre, de 1728 à 1731 :
"Visa, prise de possession et signature en cour de Rome du prieuré-cure de la Genétouze pour M. Jacques Basty (nos 592 et 595)".
9° Registre, de 1732 à 1736 :
"Visa de la cure de la Genétouze et présentation pour M. Charles Landrieau, religieux de Saint Augustin (n° 270 bis).
Procuration portant démission de la cure de la Genétouze pour M. Landrieau, curé de Thiré (n° 289).
Résignation en cour de Rome du prieuré-cure de la Genétouze pour M. Savy de Boutardière (n° 318),
Prise de possession de la cure de la Genétouze pour M. Savy de la Boutardière (n° 364)".
Ce prêtre mourut peu après son installation, le 15 avril 1739, à l'âge de trente-huit ans. Les registres paroissiaux nous disent qu'il fut inhumé dans l'église.
Après sa mort, un vicaire de Venansault, M. Massé, fit l'intérim pendant plusieurs mois. Un M. François De la Haye fut alors présenté pour la cure de la Genétouze (Insinuations ecclésiastiques, 10° reg., n° 345), mais on ne voit pas qu'il ait jamais pris possession.
Vers le mois de septembre 1739, M. Jacques Métayer, probablement vicaire dans une paroisse voisine, fut nommé curé de la Genétouze et il y resta jusqu'à sa mort, le 31 octobre 1763. Il mourut à l'âge de soixante ans.
Encore un intérim de quelques mois pendant lequel le service est fait par un M. Métayer, curé de Saint-Cyr et peut-être frère du précédent.
Vers le commencement de 1764, nomination de M. Jean-Baptiste Gouin, natif de Belleville et précédemment vicaire de Saint-André-Goule-d'Oie, puis curé de Dompierre. M, Gouin fut curé de la Genétouze pendant vingt ans. Il mourut le 10 février 1784, à l'âge de cinquante-huit ans, et fut inhumé dans le cimetière. C'est lui qui fit reconstruire la façade de l'ancienne église. Son nom était gravé au-dessus de la grande porte.
En 1784, nomination de M. Pierre-Louis-Alexandre Robreteau, ancien vicaire du Poiré et curé du Girouard. Son premier acte est signé du 31 mars. Il mourut subitement après la grand'messe, le 13 janvier 1788.
A M. Robreteau succéda, en 1788, M. Antoine Thomas précédemment vicaire de son frère M. Louis Thomas, curé de Venansault. Lorsque la Révolution éclata, les deux frères, fermes dans la foi, furent d'accord pour refuser le serment à la Constitution civile du clergé. Ils ne tardèrent pas à être inquiétés, en vertu de la loi du 26 août 1792 portant que tout ecclésiastique n’ayant pas prêté le serment ou l’ayant rétracté après l’avoir prêté était tenu de sortir, sous huit jours, des limites su district et du département de leur résidence, et dans la quinzaine, hors du royaume. La même loi ordonnait de déporter à la Guyanne les prêtres qui, les délais passés, n'auraient pas obéi à l'autorité.
Les curés de Venansault et de la Genétouze prirent donc le chemin des Sables, où ils arrivèrent le 3 septembre et ils se placèrent sous la surveillance de la municipalité. Il est possible qu'ils furent amenés en cette ville par la force armée, comme le furent certains de leurs compagnons. Le 17 septembre, le sieur Guillaume Meslin, capitaine du chasse-marée le Saint-Nicolas, de Lorient, venait déclarer à la municipalité qu'il embarquait à son bord deux prêtres réfractaires : Antoine Thomas, ex-curés de Venansault. Le 18 le capitaine faisait une autre déclaration semblable pour André-François Hillairet, ex-vicaire des Essarts, amené par la force armée de Rocheservière, et le 22, pour Eugène Gautier, ex-chanoine de la Rochelle.
Enfin le 27, le navire mettait à la voile pour l’Espagne, à destination de Saint Sébastien.
En Espagne, les deux frères firent partie de la colonie établie dans la province de Rioxa, dans la Vieille-Castille. Ils revinrent en France après le 18 brumaire. M. Louis Thomas reprit la direction de sa paroisse de Venansault. Quant à son frère, il ne revint pas à la Genétouze ; il fut nommé à la cure plus importante de Commequiers.
Le manque de prêtres obligeait alors à laisser les petites paroisses sans pasteurs. La Genétouze dut subir cette nécessité jusqu'en 1845. Pendant ce long intervalle le ministère paroissial fut rempli par les curés voisins d'Aizenay et de Mouilleron.
En 1845, un prêtre breton de Morlaix, M. Rigaudt est enfin nommé curé de la Genétouze. Il dut sans doute recevoir l'accueil le plus bienveillant. Mais il eut fort à faire pour relever toutes les ruines. Le presbytère, malgré un commencement de restauration exécutée avant son arrivée était insuffisant. Il lui fallut tout d'abord songer à l'agrandir. Puis l'église abandonnée depuis de cinquante ans, était aussi elle dans un état lamentable. Il fit ce qu'il put pour la rendre un peu convenable et il restaura le culte divin dans la mesure de ses modiques ressources. Au bout de sept ans M. Rigaud quitta la Genétouze et peut-être aussi le diocèse car on ne retrouve plus son nom dans la liste des prêtres.
Il eut pour successeur M. René Mussot, qui arriva en 1852 à la Genétouze, après avoir été auparavant curé de Grues. Ce prêtre, sous des apparences modestes était, dit-on, un vrai savant, et il parlait aussi familièrement la langue d'Homère que sa langue maternelle. Son jour à la Genétouze fut de courte durée ; la mort vint le saisir après six ans de ministère dans cette paroisse. Il mourut le 20 décembre 1858, à l'âge de cinquante-neuf ans. Son corps fut inhumé dans le cimetière, tout près de la route du Poiré.
Vint ensuite à la Genétouze M. Joseph-François Orceau, précédemment curé de Sainte-Foy. Il arriva au commencement de l’année 1859. La Semaine Catholique du 5 novembre 1904 donna ce portrait du nouveau curé : "M. Orceau, dont l’âme délicate transpirait à travers un corps délabré et quasi diaphane". Ce fut lui qui fit construire une partie du clocher de l’ancienne église, ou plutôt on lui imposa cette construction, vrai hors d'œuvre qui sera plus tard une difficulté lorsqu'on songera à réédifier le vieux monument. Comme nous l'avons vu, M. Orceau avait une grande dévotion pour sainte Radégonde à laquelle il attribuait sa guérison dans une grave maladie. En reconnaissance il fit rebâtir la chapelle de la sainte, en 1863, et il rétablit son culte dans ce sanctuaire vénéré. C'est lui qui consigna par écrit la plupart des faveurs que nous avons relatées plus haut et il serait à souhaiter qu’une plume de chroniqueur continuât à inscrire ainsi les bienfaits de la Patronne du pays.
Les infirmités obligèrent M. Orceau à quitter le ministère paroissial. Il se retira à Palluau vers le commencement de l'année 1865. C'est là qu'il mourut. Son corps fut inhumé dans le cimetière de Beaufou qui était sa paroisse d'origine.
En 1865, M. Pierre-Armand Pérotteau succéda à M. Orceau. Il était né à Saint-Denis-la-Chevasse, le 17 novembre 1819. Ordonné prêtre le 19 décembre 1841, il avait été successivement vicaire à Bois-de-Cené et à Saint Etienne-du-Bois en 1848, puis curé de Bouillé-Courdault en 1849 et des Pineaux en 1853.
M. Pérotteau fut un prêtre d'une grande austérité, aimant sa paroisse avec passion et dont la mémoire reste encore en vénération. Sous son administration, on termina le clocher et la flèche de l'église et la sacristie s'enrichit d'un grand nombre d'ornements. Deux cloches nouvelles vinrent s'adjoindre à l'ancienne qui sonnait les offices depuis des siècles. Cette dernière porte cette inscription : S. Bartholome. o. p. nobis. − L'an : M : V : (Le reste du millésime est peu lisible ; il y a quatre lettres qui sont peut-être celles-ci : XLVI) − J. Robin : La : Boutholeau : P : M : I : Chauchet : P : V[6]. Le texte de cette légende serait à vérifier, car il peut contenir des erreurs. Les érudits se chargeront ensuite de nous dire quels sont les trois personnages dont les noms sont gravés sur l'airain.
Voici les inscriptions des deux cloches nouvelles fournies par la maison Astier, de Nantes :
"L'an du S. 1867, J’ai été faite par les soins de M. l'abbé Pérotteau, curé de la paroisse. J'ai été donnée par M. Jean Genaudeau et Philippine Favreaux, son épouse. J'ai en pour parrain M. Genaudeau, adjoint et trésorier de la fabrique, et pour marraine Philippine Favreaux. J'ai été nommée Jeanne-Philippine-Bénigne-Adélaïde."
"L'an 1867, J'ai été donnée et faite par les soins de M. l’abbé Pérotteau, curé de la paroisse. J’ai eu pour parrain M. Fernand de Moussac de la Boursière et pour marraine Mlle Marie-Antoinette de Tinguy de Beaupuy. Je me nomme Fernande-Marie-Antoinette-Elise-Agathe."
M. Pérotteau mourut accidentellement, le 18 janvier 1878, dans un champ près de la Mouzinière. Une infirmité dont il souffrait fut cause de cette mort soudaine. Il fut enterré dans le cimetière de la Genétouze et sur sa tombe on a gravé cette inscription qui résume la vie de ce bon prêtre :
"Seigneur, j'ai aimé votre maison et le lieu, où s'est manifestée votre gloire (Ps XXV, 8)".
Peu après la mort de M. Pérotteau, la Genétouze reçut comme pasteur M. Auguste Raynaud, originaire de Saint-André-Treize-Voies, précédemment vicaire des Epesses. Ce prêtre administra la Genétouze jusqu'au mois de mai 1881, époque à laquelle il reçut sa nomination pour la cure de Nesmy. Il est actuellement au Bretignolles.
Pendant son séjour à la Genétouze, M. Raynaud fit construire la maison où loge le gardien de la chapelle de sainte Radégonde, à l'entrée de la prairie.
Le 12 juin 1881, nomination à la cure de la Genétouze de M. Jean Collanget, natif de Saint-Sulpice-le-Verdon, et précédemment vicaire de Venansault et des Lucs. Le nouveau curé fit placer dans la chapelle de sainte Radégonde l'autel qu'on voit encore aujourd'hui ; cet autel en style roman est dû au ciseau de M. Morteau, sculpteur à Luçon. M. Collanget fit également reconstruire la sacristie de la chapelle pour remplacer l'ancienne qui se trouvait au nord-ouest et qui n'était pas convenable.
En 1887, une mission fut prêchée par les Pères Dexmier et Rochereau, missionnaires de Chavagnes. Une trentaine de personnes seulement refusèrent de prendre part aux pieux exercices. A cette époque, sur quatre cents personnes environ ayant l'âge de communier, on n'en comptait que quarante ou quarante-cinq ne remplissant pas leur devoir pascal.
En 1890, la croix du cimetière, placée près de la route du Poiré ayant été brisée par une tempête, fut remplacée par celle que l'on voit aujourd'hui et qui a coûté 4765 francs.
En 1891, M. Collanget enrichit d'un chemin de croix la chapelle de sainte Radégonde et il fit consolider la façade du sanctuaire en y élevant deux contreforts.
Au 1er décembre 1891, M. Collanget, dut donner sa démission de curé de la Genétouze, pour cause d’infirmités. Il se retira dans sa paroisse natale, à Saint-Sulpice-le-Verdon, où il vit encore aujourd'hui.
Il eut pour successeur M. Mars Berthier, précédemment curé de Grues, qui prit possession de la cure de la Genétouze, le 1er janvier 1892.
En choisissant le nouveau curé, Monseigneur lui avait dit qu'il aurait une église à bâtir et M. Berthier avait accepté volontiers cette mission. L'œuvre était urgente et, malgré tout le respect que méritent les choses anciennes, on ne pouvait guère songer à conserver le vieux sanctuaire délabré qui avait vu passer tant de générations. Cette humble et petite église du Xe ou XIe siècle n'était plus guère convenable avec ses murs épais et lépreux, percés de rares et étroites fenêtres qui s'évasaient à l'intérieur d'une façon démesurée. Ainsi que le disait l'auteur du procès-verbal de bénédiction du nouveau temple,
"elle n'avait pas, comme ses contemporaines, conservé quelques traces du génie de l’époque : voûtes massives aux nervures délicates, retables originaux patiemment fouillés, etc... Au lieu de voûtes, un plafond aux planches disjointes dont le badigeon décoloré essayait de donner l'illusion d'un ciel d'azur.
Rien de précieux dans l'ameublement. L'un des autels latéraux dédié à saint Barthélémy était surmonté d'une toile médiocre qui doit exister encore et qui m'avait beaucoup frappé dans ma petite enfance. Cette peinture sombre représente l'apôtre martyr avec des yeux flamboyants, une barbe hirsute et un poignard à la main. Si l'on n'était prévenu, on se demanderait vraiment si ce poignard n'est pas l’instrument de la profession du personnage, plutôt que l'emblème de son supplice[7].
La construction était flanquée d'un clocher moderne commencé par M. Orceau et terminé par M. Pérotteau".
L'assemblage était d'un goût douteux. Enfin, malgré tous les efforts des pasteurs successifs pour rendre le culte moins indigne de Dieu et plus praticable pour les fidèles, la petite église devenait de plus en plus insuffisante. Mais pour entreprendre une reconstruction immédiate il fallait auparavant grossir le chiffre des ressources disponibles. Le pasteur se mit donc au travail et après dix ans de tenace économie et de persévérantes abnégations, il crut pouvoir tenter l'entreprise.
Il confia donc à M. Joseph Libaudière, architecte à la Roche-sur-Yon, le soin de faire les plans et devis de la nouvelle église. Le dossier eut la bonne fortune de ne pas dormir dans les cartons de la Préfecture et du Ministère, puisque déposé à la Préfecture à la fin d'avril 1902, il revenait approuvé de Paris, en février 1903.
Le 4 mai suivant, on commença la démolition de la vieille église et le 26 du même mois, on entreprenait les fouilles de la nouvelle.
Les travaux confiés à M. Guignard, entrepreneur à la Roche, marchèrent rapidement et le dimanche, 12 juillet, eut lieu la bénédiction de la première pierre. Voici le compte-rendu qui a été fait de cette cérémonie, dans la Semaine Catholique du 8 août 1903 :
"Le dimanche 12 juillet a eu lieu la bénédiction de la première pierre de la nouvelle église de la Genétouze.
Sur la demande de M. le curé, Monseigneur avait délégué pour cette cérémonie M. l'abbé Chevalier, archiprêtre de Notre Dame de Fontenay, qui n'avait pas hésité à accepter l'invitation que lui avait faite un vieil ami.
Malgré la chaleur torride dont nous souffrions tous, M. l'archiprêtre a adressé quelques mots bien appropriés à la circonstance et qui ont fait le plus grand plaisir à la nombreuse assistance.
Parmi les prêtres présents on remarquait M. le doyen du Poiré-sur-Vie, M. le curé d'Aizenay, M. le curé de Bretignolles, ancien curé de la Genétouze, et M. Alphonse Grelier, vicaire à Mouilleron-en-Pareds, qui a chanté la messe.
Les membres du conseil municipal et ceux du conseil de fabrique étaient tous là, et, parmi eux. M. de Lavrignais, le sympathique conseiller général".
Au cours des travaux, il se produisit un incident qui valut au zélé pasteur de la paroisse la plus injuste condamnation. Voici comment la chose fut racontée dans le journal l’Etoile de la Vendée (n° du 5 juin 1904) :
"Le dimanche 1er mai, un des ouvriers qui travaillent à la reconstruction de l'église de la Genétouze criait en passant sur la route : "Vive la République ! Moi je n'aime pas les Jésuites !" Apercevant tout à coup M. le curé, il se tut. Jusque-là le délit était sans gravité. Mais notre homme, se rendant aussitôt dans une auberge, se vanta, devant plusieurs témoins, d'avoir bravé le curé en criant a son nez : "A bas les Jésuites !"
La provocation devenait flagrante. Le surlendemain, M. le curé réunit les ouvriers de l'église et leur demanda s'ils avaient à se plaindre lui : "Non, Monsieur le curé, répondirent-ils à l'unanimité". Il fit alors allusion à la provocation de l'avant-veille. "Qui a fait cela ? interrompit le chef de chantier, M. Sicard". − "C'est moi, répondit le coupable". − "Et bien ! reprit M. Sicard, prends tes outils et va-t-en". − "Non, reprit M. le curé, je ne demande pas son départ, je demande même qu'il continue à travailler à l'église. J'ai simplement voulu lui donner une leçon. J'espère qu'elle lui servira pour l'avenir. Vous pouvez, ajouta-t-il en s'adressant à l'ouvrier, crier vive la République, depuis cinq heures du matin jusqu'à sept heures du soir, je n'y vois pas d'inconvénient, mais je ne vous reconnais pas le droit de m'insulter en criant : "A bas les Jésuites !"
Douze témoins sont prêts à témoigner de l'exactitude des faits que nous venons de rapporter.
Là-dessus M. le curé partit, mais le chef du chantier ne retira pas sa parole et l'ouvrier fut congédié.
Quelques jours après, un commissaire de police se présentait à la Genétouze. Il dressait un rapport détaillé des faits ci-dessus, omettant à dessein d'y mentionner ces paroles de M. le curé à l'ouvrier, bien qu'elles lui eussent été répétées par l'auteur lui-même : "Criez : "Vive la République !" depuis cinq heures du matin jusqu'à sept heures du soir, cela m'est égal".
Le rapport était suivi de la suppression du traitement de M, l'abbé Berthier, et l'arrêté motivé par cette mention fausse : "A fait renvoyer un ouvrier du chantier de l'église pour avoir crié : Vive la République !"
Ajoutons que l’honorable M. Gauvrit, maire de la Genétouze, qui passait près du chantier de l'église au moment de la scène racontée plus haut et y assistait tomme simple témoin sans intervenir d'aucune sorte, vient d'être suspendu de ses fonctions pour un mois, puis révoqué, pour avoir "gravement manqué à ses devoirs et commis un abus d'autorité, en tolérant le renvoi d'un ouvrier occupé sur les chantiers communaux pour avoir crié : "Vive la République !"
"Naturellement les journaux prêtrophobes de Vendée ont raconté l'histoire à leur façon pour justifier une mesure injustifiable. Mais les honnêtes gens ne s'y laisseront pas prendre et ils trouveront que c'est un peu le monde renversé qu'un prêtre, parce que prêtre et bien que membre du conseil de fabrique, n'ait pas le droit de se plaindre d'un ouvrier qui travaille pour lui et qui l'insulte, et que pour prix des procédés charitables dont il use vis-à-vis de son insulteur, il soit privé sans forme de procès et sans assignation de terme, d'une indemnité que le débiteur n'a pas droit de retenir".
La Semaine Catholique, qui avait reproduit l'article du Journal des Sables ajoutait ces derniers détails dans son numéro du 18 juin 1904 :
"Les ouvriers qui travaillent au chantier de l'église de la Genétouze ont signé l'attestation suivante :
"Nous, soussignés, tailleurs de pierre, maçons, plâtriers, manœuvres, tous employés aux chantiers de reconstruction de l’église de la Genétouze, affirmons que M. le curé n'a pas reproché au sieur Mazery, tailleur de pierre, également employé aux travaux de l'église, d’avoir crié : "Vive la République !" Il lui a dit au contraire qu'il pouvait le crier depuis cinq heures du matin jusqu'à sept heures du soir, que cela lui était bien égal, qu'il n'y voyait pas le moindre inconvénient, mais qu’il ne lui reconnaissait pas le droit de l'insulter eu criant : "A bas les jésuites !" cri qu'il avait proféré sur son passage et dont il s'était vanté dans une auberge.
Nous affirmons de plus que M. le Curé n'a nullement exigé que l'ouvrier lui fît des excuses ; que c'est son patron qui le lui a conseillé.
Nous affirmons enfin que le maître tailleur de pierre ayant dit à son ouvrier qu'il n'avait qu'à ramasser ses outils et à f... le camp, M. le Curé est intervenu cl a demandé que Mazery ne fût pas renvoyé du chantier, mais qu'il continuât à travailler à l'église, ajoutant qu'il avait voulu lui donner une leçon et qu'il espérait bien qu'elle lui servirait à l'avenir.
Voilà ce dont nous avons été les témoins et nous sommes tous prêts à en témoigner devant n’importe qui et quand on voudra.
"Sicard, Gustave ; Albert Guihéneuf ; Victor Guihéneuf ; Alcime Giraudet ; Ferdinand Loizeau ; Bret Louis ; Loué Jean ; Trichet".
A ce témoignage si clair et si probant, conclut la Semaine Catholique, nous n'ajouterons qu'un mot. "Quand une erreur préjudiciable a été commise, il n'est pas un honnête homme qui ne sache qu'il y a obligation rigoureuse de la réparer au plus vite".
Malgré ce déboire, le curé de la Genétouze put se consoler en voyant s'élever et se terminer bientôt l'église pour laquelle il s'était donné tant de peine. Le nouveau monument était vraiment gracieux. L'architecte, en choisissant le style de transition qui ne demande pas des voûtes élevées et coûteuses, avait pu, avec des ressources limitées, faire cependant un élégant édifice. Ce choix lui avait aussi permis de faire vaste : l'église a quarante-deux mètres de long ; sa largeur dans la nef est de huit mètres et de quinze mètres dans le transept.
Le chœur, terminé au fond par trois côtés, est éclairé par cinq fenêtres romanes. Les voûtes sont supportées par six arcs se rejoignant au milieu et venant reposer, quatre sur des consoles entre les fenêtres et les deux autres sur des chapiteaux qui portent encore un plein-cintre.
Deux grandes baies permettent d'aller du chœur à l'endroit réservé pour faire plus tard des petites chapelles latérales. Cette disposition interrompant le mur du chœur qui ne va pas jusqu'au transept, on a élevé deux gros piliers sur lesquels s'appuient les cintres de ce dernier. L'idée en a été très heureuse et donne beaucoup d'élégance à cette partie de l'édifice.
Le transept est éclairé par deux grandes fenêtres romanes. A la clé de la voûte du milieu on a sculpté les armes de Mgr Catteau, évêque actuel du diocèse.
La nef se compose de quatre travées ; les arcs qui les séparent ont la forme ogivale. La quatrième travée est fermée par une arcade au-dessus de laquelle on a construit une tribune ; la chapelle des fonts se trouve dans cette dernière travée.
Dans la façade, au-dessus de la porte d'entrée, une grande fenêtre romane projette à flots la lumière dans toute la nef. De chaque côté de cette fenêtre, presqu'au niveau de la hauteur, on a placé dans le mur deux cartouches sculptés aux armes pontificales. Au-dessus de la façade s'élève la tour carrée, aérée de chaque côté par une double fenêtre romane. Cette façade et cette tour produisent un gracieux effet : la pierre blanche s'y marie heureusement avec les moellons du pays et l'enduit qui revêt le reste de l'église a été remplacé par des joints au ciment.
Enfin, terminons cette description et notons que le chemin de ronde qui s'étend autour du chœur a été utilisé d'une façon ingénieuse ; il a été transformé en passage couvert, où l'on peut déposer nombre d'objets encombrant une sacristie.
Arrivons maintenant à la cérémonie de la bénédiction. Voici ce que disait M. Goupilleau, doyen de Palluau, dans son procès-verbal de la fête :
"L'an de Notre Seigneur 1904, le dimanche vingt-troisième jour du mois d'octobre, Mgr Clovis-Joseph Catteau, évêque de Luçon, accompagné de M. l'abbé Bouchet, vicaire général, bénissait la nouvelle église de la Genétouze, en présence de M. le chanoine Morteau, doyen du Poiré, de M. le doyen de Palluau, de MM. les curés d'Aizenay, de Venansault, de Commequiers, de Chasnais, de MM. Les abbés Maire, Grelier et Fournier.
On remarquait dans l'assistance : M. de Lavrignais, le sympathique et distingué conseiller général ; M. Delaroze, l'aimable et dévoué conseiller d'arrondissement ; M. Arnaud, le jeune et vaillant maire, qui justifie si bien l'adage poétique :
Aux âmes bien nées
La valeur n'attend pas le nombre des années."
M. Libaudière, l'architecte renommé qui, dans ses travaux les plus humbles, comme dans ses œuvres les plus opulentes, laisse la trace d'un talent très personnel et très remarqué ; M. Guignard, l'entrepreneur consciencieux qui sait exécuter un plan d'une façon irréprochable ; M. Gauvrit, ancien maire révoqué, dont l'épreuve n'a fait que fortifier l'estime générale dont il jouit auprès de ces concitoyens ; M. Gautier, adjoint, dont le foyer, comme la paroisse, reste embaumé des vertus de ce prêtre aimable et disparu qui fut son fils....
"La fête de la bénédiction va commencer. Le soleil hésitant se montre tout à coup, radieux, au moment où Monseigneur descend du train, accompagné de M. l'abbé Bouchet, vicaire général. La population entière, grossie d'une foule de fidèles venus des paroisses voisines, le reçoit avec acclamation, puis au pied d'un immense feu (de genêts naturellement) le jeune et vaillant Maire, dans une improvisation toute chaude, proteste de sa fidélité et de celle de tous ses administrés à la religion et à son premier ministre avant tout.
Monseigneur, après lui avoir répondu avec ces accents délicats et paternels auxquels nous sommes habitués, prend le chemin de l'église qu'il bénit avec l'hysope et l'eau sainte. Puis le cher pasteur triomphant adresse à son chef aimé un discours, où il redit tous ses travaux, ses peines et ses espérances. Sa grandeur lui répond avec une bonté paternelle, le félicite de ses patients labeurs et exprime à toute la chrétienne population les sentiments de la plus sainte affection. Puis la messe commence, religieusement suivie par la foule, et la jeune église tressaille sous le chant vibrant du vieux Credo."
Après la cérémonie, le pasteur réunissait à sa table l'élite de ses amis autour de Monseigneur. Là, dans un toast vibrant, M. le Maire fit l'éloge mérité de son cher curé, M. le Doyen de Palluau lut le présent procès-verbal auquel il ajouta ces quelques mots, inspirés par les paroles de Sa Grandeur, à M. le Maire, le matin, pendant que flambaient les grands genêts du feu de joie :
"Monseigneur, vous nous disiez, ce matin, que vous n'êtes plus pour nous un père, mais véritablement un grand père, et vous nous expliquiez, avec délicatesse, comment l'affection s'accroît en descendant, comme on le constate chez les aïeuls pour leurs petits-enfants.
Quoi qu'il en soit, Monseigneur, de ces explications affectueuses et rassurantes, nous ne voulons cependant pas que vous cessiez d'être vraiment notre père. N'est-ce pas de vos mains que ces prêtres qui vous entourent ont reçu l'onction sainte, c'est-à-dire la vie sacerdotale ? N'est-ce pas de vous que cette jeune génération de fidèles, qui vous acclamait tout à l'heure, a reçu directement, avec le chrême du salut, cette sève de vie chrétienne dont vous contemplez le bel épanouissement ?
Pour vous, Monseigneur, nous voulons être des fils, et non des petits fils. Soyez, si vous le voulez, notre grand-père par l'affection, mais restez toujours notre père dans la Foi !
Et maintenant, Monseigneur, soyez heureux et béni d’avoir dressé un nouveau pavillon dans le camp d'Israël. Il est beau de voir, aux jours des grandes luttes, le chef défendre les remparts, réparer les brèches et construire de nouveaux bastions. Vous nous l'avez dit, Monseigneur, l'heure est sombre et la lutte aiguë, et selon toute évidence le dénouement est proche. Mais réjouissons-nous dans la tribulation, car cette issue ne saurait être douteuse. Chef vénéré, comptez sur vos lieutenants, sur vos prêtres aimants et dévoués ; et nous, prêtres, réconfortons nos fidèles, montrons-leur bien que la croix n'est plus, depuis la mort de Jésus, un instrument de souffrance résignée, mais bien un labarum de victoire, et persuadons-les bien qu'ils sont cette armée invincible dont le Christ a dit que les portes de l'enfer ne prévaudront jamais contre elle".
Deux ans après la fête que nous venons de raconter, M. l'abbé Berthier, curé de la Genétouze, quittait la paroisse où il avait si bien travaillé et se retirait, comme prêtre habitué, à la Roche-sur-Yon.
Il était remplacé, au mois de janvier 1907, par M. l'abbé Auguste Bousseau, ordonné prêtre le 23 décembre 1876 et précédemment vicaire de Cheffois. C'est le curé actuel de la Genétouze.
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PRÊTRES ORIGINAIRES DE LA GENÉTOUZE
M. Jean Aimé Gandillon
Certains ont écrit que ce prêtre remarquable était originaire d'Aizenay. C'est une erreur. Voici, en effet, son acte de baptême extrait des registres de la Genétouze :
"L'an de grâce mil sept cent quarante-sept, le 15 d'octobre, ont été par moi soussigné suppléées les cérémonies du baptême de Jean-Aimé né le jour précédent du mariage de Jean Gandillon et de Perrinne Douin, lequel a été baptisé a la maison en danger de mort par Catherine Epaud, sage-femme de la paroisse de Venansault. Le parrain a été Louis Douin et la marraine Catherine Gandillon qui ne savent signer.
Métayer, prieur-curé de la Genétouze".
Le père du futur chanoine de Luçon était un modeste ouvrier vivant au village de la Marsollerie, dans la Genétouze. A la naissance d'un autre de ses enfants, en 1755, il est fait mention qu'il exerçait la profession de chaudronnier.
La famille Gandillon n'était pas originaire de la Genétouze. D'après M. Bourloton, le père de l'abbé était venu du pays d'Auvergne.
Envoyé de bonne heure au séminaire, le jeune Jean-Aimé s'y distingua bien vite par son intelligence et il y remporta de beaux succès. Une fois ordonné prêtre il ne tarda pas à se faire remarquer par ses supérieurs.
"Mgr Gaultier d'Ancyse, dit M. Bourloton[8], le prit en amitié et l'appela près de lui comme secrétaire, fonctions que Mgr de Mercy lui conserva en y ajoutant un canonicat et la dignité de sous-doyen".
Dans les papiers de la collection de M. Dugast-Matifeux, on trouve une adresse à l'Assemblée nationale, signée de vingt-huit membres du chapitre, parmi lesquels on remarque le nom de M. Gandillon. Cette adresse rédigée en 1790 dans une séance capitulaire à Luçon se terminait ainsi :
"Nous demandons, comme citoyens et comme catholiques qu’il ne soit pas élevé autel contre autel, et qu'en laissant à tout particulier la liberté du culte privé ou domestique, l'Assemblée nationale déclare la Religion catholique, la seule religion de l'Etat et défende expressément tout autre culte public et solennel".
Celui qui signait cette énergique réclamation devait tout naturellement refuser le serment à la Constitution. Il fut, en effet, du nombre des prêtres insermentés : ce qui lui valut bientôt les honneurs de la persécution.
"Le 25 janvier 1791, dit M. Bourloton (loc. cit.), il dut apporter au directeur du district les titres son sous-décanat et des prieurés de Saint-Martin et de Sainte-Madeleine, de Saint-Laurent de Fougeré et de la chapelle des Gabards dont il était titulaire. On lui accorda un traitement proportionnel de 1333 livres 11 sols 6 deniers indépendamment de ses appointements de chanoine. Le 1er avril 1792, la municipalité de Luçon lui délivra un certificat d'une année et plus de résidence".
S'il en fut pour M. Gandillon, comme pour beaucoup d’autres prêtres, il ne dut pas toucher grand'chose du traitement promis par l'Etat. D'ailleurs, ses ennemis ne lui en laissèrent guère le temps. Sur leur dénonciation, il fut mis en surveillance à Fontenay, en compagnie d'un certain nombre de prêtres du diocèse. Bientôt, le 16 août, un décret du corps législatif, ordonna à tous les prêtres réfractaires de sortir du royaume dans la quinzaine.
Le journal d'un Fontenaisien sous la Terreur (Revue du Bas-Poitou, 1892, p. 100) nous apprend que vingt-six prêtres renfermés à Fontenay demandèrent alors qu'il leur fût permis de se rendre en Espagne, dans le cas où leur présence serait suspecte, et où l'administration départementale consentirait à leur retraite. Il semblerait que ce fut M. Gandillon qui suggéra cette demande car c'est son nom qui figure en tête de la liste.
En conséquence, l'ancien chanoine de Luçon fut embarqué, le 9 septembre 1792, sur le Jean François, avec soixante-quatorze de ses confrères, parmi lesquels se trouvait M. Paillou, le futur évêque de la Rochelle, qui devait être en Espagne le représentant de Mgr de Mercy.
D'après les notes publiées par M. Bourloton (loc. cit.) M. Gandillon suivit M. Paillou, dans ses diverses résidences jusqu’à Madrid ; mais au lieu de l'accompagner jusqu’à Astorga, il se mit à la tête de ceux qui se fixèrent à Al Puente del Arcobispo (Pont l'Archevêque).
La gêne de l’exil fut adoucie pour M. Gandillon par les secours d'un ami de France. Cet ami était M. Cadou, négociant de Nantes, qui lui fit parvenir par des banquiers espagnols les ressources les plus larges.
"Cadou, écrivait en 1796 un chef de police, est l'agent de Gandillon et de plusieurs autres prêtres déportés ; il leur envoie de l'argent ; il a même invité Gandillon à emprunter en Espagne lorsqu'il en aurait besoin, et qu'il se charge de payer. Entre autres envois faits, il en signale un de 2500 l. 15 s. 3 d. Cadou partage les opinions fanatiques de ces ennemis déclarés de la République et travaille clandestinement à les faire rentrer en France". (Arch. dép. de la Loire-Inférieure)
M. Gandillon resta à Pont-1'Archevêque jusque vers 1796. Des troubles s'étant produits dans le pays, il se vit contraint d'aller ailleurs. Il s'arrêta à Talaveyra de la Reyna.
C'est là, au mois de novembre 1800, qu'il eut la joie d'apprendre la fin de son exil. Son ami Cadou venait de lui obtenir l'autorisation officielle de rentrer en France. Il se mit aussitôt en route, mais les précautions sanitaires que l'on prenait à la frontière le retinrent à Saint-Sébastien jusqu'au 11 décembre. C'est de là qu'il écrivit à M. Cavoleau, secrétaire général de la préfecture de la Vendée, pour le remercier de sa lettre et du passeport qu'elle contenait. En même temps il lui renouvelle la promesse de fidélité qu'il a faite au gouvernement (M. Bourloton, loc. cit.).
Ce fut à la fin de janvier 1801 que M. Gandillon mit enfin le pied sur la terre de la Vendée qu'il avait quittée depuis si longtemps. Son séjour y fut autorisé par l'arrêté suivant du Préfet de la Vendée, du 31 janvier 1801 :
"Le Préfet de la Vendée, vu la lettre du ministre de la police générale de la République, en date du 23 vendémiaire dernier, par laquelle il nous prévient qu’il permet au nommé Gandillon, ex-chanoine de Luçon, de rentrer dans ses foyers, et nous autorise en conséquence à le recevoir et à le placer sous la surveillance de la municipalité de son domicile, à la charge par lui de faire la promesse de fidélité à la Constitution,
Autorise le citoyen Gandillon, attendu qu’il s’est conformément à la loi, à résider dans la commune de Coëx, arrondissement des Sables, sous surveillance du maire de cette commune" (Arch. dép. de la Vendée).
"En réalité, ajoute M. Bourloton, M. Gandillon résida le plus souvent au château de la Grouinière, chez son ami Cadou, dont le beau-frère, M. Dorion, père d'un futur curé de Saint-Gilles, avait fait ses études chez un oncle de l'abbé Gandillon, prieur d'Avrillé ; de là les liens d'amitié entre les deux familles.
M. Gandillon intervint fréquemment auprès de Cavoleau en faveur des prêtres dont le retour n'avait pas été si bien accueilli que le sien".
En vertu de l'autorisation qu'on lui avait accordée, M. Gandillon desservit la paroisse de Coëx, mais la liberté de l'exercice du culte était loin d'être complète, et il nous apprend lui-même à quelles difficultés se heurta d'abord son ministère :
"Arrivé ici, dit-il[9], on me proposa de me charger de la paroisse de Coëx ; je l'ai fait pour n'être pas oisif, et dans la persuasion que je pourrais être utile. A défaut d'église on choisit l'ancien parquet qui est à l'extrémité des halles pour servir d'oratoire. Les halles servent d'abri au peuple qui s'y assemble pour les offices. Ne doit-on pas les regarder comme lieu destiné au culte pour le temps que dure l'office les jours de dimanches et de fêtes ? Le maire de la commune me prie de vous le demander, afin que nous puissions savoir à quoi nous en tenir.
Pourrais-je descendre sous les halles sans sortir de leur enceinte pour y faire l'aspersion et toutes les autres cérémonies qui se font dans l'intérieur des temples ? ici j'ai cru devoir m'en abstenir. On a trouvé mauvais que je prêchasse du palier d'un mauvais escalier, à la porte du parquet, mais sous le couvert des halles. C'est le seul endroit d'où l'on puisse se faire entendre. Des gens, au ton de 1793, qui ne manquent pas dans les communes des environs, l'ont trouvé fort mauvais. C'est selon eux un lieu public.
J'ai cru devoir faire sonner une clochette à la porte du parquet ou sur le palier dont je vous ai parlé, pour annoncer que l'office va commencer... C'est beaucoup que notre clochette se fasse entendre du bout des halles, tant elle est petite ; elle a néanmoins blessé le tympan de certains terroristes qui sont venus ici..."
Ce fut le préfet, M Merlet, qui dicta la réponse à faire à M. Gandillon. On remarquera la décision à propos de la séditieuse clochette :
"Le son des cloches servant à annoncer la réunion des sectateurs d'un culte quelconque est interdit".
M. Merlet ajoute ensuite en ce qui concerne le lieu des offices :
"A l'égard des halles qui remplacent aujourd'hui l'église, je ne vois aucun inconvénient à cet usage, pourvu que cela ne gêne en rien les marchands et les acheteurs, et que le public ne soit pas habitué à en faire un lieu de rendez-vous pour ses affaires ou ses plaisirs ; auquel cas on ne pourrait le priver de sa jouissance. Au surplus, le maire de la commune doit être consulté sur le principal objet de cette lettre, et il devra s'expliquer si les halles sont ou non closes ; car, si elles sont ouvertes, l'exercice du culte ne pourra avoir lieu. Ce serait lui donner une publicité sujette à des inconvénients et que ne tolère pas la loi". (Arch. dép. de la Vendée).
"Cet incident, dit M. Bourloton, n'altéra pas la confiance de l'autorité en la sagesse de M. Gandillon, puisque dans le rapport que le préfet adressa au ministre en juillet suivant, le desservant de Coëx figure avec cette mention : "Gandillon, ancien chanoine de Luçon, ami du gouvernement, mœurs excellentes, instruit". (Arch. nat. F. 19, 865).
A cette époque, Mgr Paillou venait d’être nommé à l'évêché de la Rochelle. Cherchant un collaborateur pour l'aider dans l'administration de son vaste diocèse, il ne crut mieux faire que de prendre M. Gandillon, son ancien compagnon d'exil, comme vicaire général dans la Vendée. Le choix était excellent. Après avoir déjà passé treize ans au secrétariat de l’évêché de Luçon, M. Gandillon pouvait rendre plus de services au diocèse dans le haut emploi qu'on lui confiait que dans le gouvernement d'une paroisse.
Cette nomination reçut une approbation unanime, comme on peut s'en convaincre par les témoignages suivants :
"Il (M. Gandillon) réunit l'estime générale et se montre partout aussi dévoué au gouvernement qu'aux intérêts de l'Eglise" (Arch. départ, de la Vendée).
"Mgr l'évêque de la Rochelle a nommé pour son grand vicaire dans la Vendée et pour remplir la place qu'il occupait lui-même avant son épiscopat, M. l'abbé Gandillon, ancien chanoine de Luçon, et qui, depuis son retour d'Espagne, a desservi la succursale de Coëx.
On pense que ce choix d'un vendéen ne peut qu'être agréable à toute la Vendée. M. Gandillon, d'ailleurs est connu par ses rares talents en tout genre, particulièrement dans l'administration où il s'est instruit pendant treize années de secrétariat à l’école de MM. les évêques Gauthier et de Mercy" (Annonces politiques et littéraires, 15 avril 1805).
M. l'abbé Gandillon se fixa à la Grouinière, près de Saint-Gilles, et c'est là qu'il administra la partie du diocèse de Luçon, qui lui avait été confiée. Il mourut en cet endroit, en 1824, et fut regretté de tout le clergé du diocèse de Luçon.
Un éloge public du défunt, dans une Lettre pastorale du 26 novembre 1825 :
"N'est-ce pas le moment, écrivait le prélat, de marquer notre reconnaissance à la mémoire de trois prêtres vertueux que le Ciel a enlevés à la terre dans ces derniers jours : MM. Jean-Aimé Gandillon, Jacques-Sylvain Desplobein et Jacques-Clément Dugast, curé de Saint-Cyr. Après un long exil, et de glorieuses souffrances, pour la foi, ces hommes respectables ont terminé une vie édifiante, en laissant à ceux qui leur succèdent le précieux souvenir de leurs vertus et le touchant exemple de leur charité pour les jeunes élèves du sanctuaire".
M. Gandillon avait, en effet, établi le séminaire son légataire universel.
Autres prêtres originaires de la Genétouze
M. l'abbé Clément Gautier, mort vicaire de Saint-Denis-la-Chevasse, le 7 janvier 1799.
M. l'abbé Pierre Chevillon, actuellement curé d'Oulmes.
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Notes et références
[1] Une pierre tombale qui se trouvait dans la vieille église donnait encore ces renseignements sur la famille Grelier-Latouche. "Ci-gist le corps de D. Marie-Anne-Thérèse Grelier, née le 9 août 1764, de feu M. Jacques-François Latouche avocat en Parlement, sénéchal d'Aubigny".
[2] Le plus jeune n'avait guère que treize ans et ne pouvait même pas porter un fusil.
[3] Dom Chamard dans une lettre à M. Gautier, en date du 19 décembre 1892, disait qu'on ne pouvait soutenir le miracle des avoines à la Genétouze. Par contre, sainte Radégonde ayant plusieurs propriétés sur le bord de la mer en Bas-Poitou où elle était allée plusieurs fois, on pouvait supposer qu'elle avait peut-être un souvenir miraculeux dans ces parages : ce qui donnait lieu, à cette époque, à la construction d'un sanctuaire en l’honneur d’un saint.
[4] La Maunerie, corruption de l'Aumônerie, un village de la Genétouze (ou plutôt "la Mônerie", village du Poiré tout proche de la chapelle de sainte Radégonde).
[5] On offre de l'avoine dans beaucoup de sanctuaires de sainte Radégonde, à Poitiers, en Auvergne, en Normandie, sans doute en mémoire du miracle en question.
[6] Ce sont sans doute les personnages signalés dans le procès-verbal de 1533 : Boutholeau, fabriqueur. et J. Chauchet, vicaire.
[7] Cette toile et cet autel, ainsi que l'invocation gravée sur la vieille cloche, sont une preuve que la dévotion à saint Barthélémy a été de longue date en honneur dans la paroisse.
[8] Revue du Bas-Poitou, 1878, p. 270.
[9] Lettre à M. Cavoleau publiée par M. Bourloton (6 juin 1801).
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