Etat des usages de la paroisse de Cugand en 1788
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Lorsque le 24 mai 1788 Jacques Dechaille, recteur de Cugand, mourut, il y laissa entre autres choses non seulement les "observations" dont il avait annoté année après année les registres paroissiaux, mais aussi un "Etat des usages de la paroisse de Cugand". A une époque où vie profane et vie spirituelle étaient liées, celui-ci informe sur son fonctionnement avec son "Général" (assemblée de ses habitants), ses douze "délibérants" et ses deux "fabriqueurs" ; ainsi que sur ses revenus servant autant au frais de la vie paroissiale proprement dite, qu'à ceux concernant la vie sociale et plus : charité et assistance, vie scolaire... Il part, dit-on, d'un "Etat" précédent que lui avait transmis en 1760 les légataires de son prédécesseur, René Marcoux, qui venait de mourir.
On y voit aussi sur la paroisse de Cugand, les particularités de l'année liturgique qui rythmait au fil des saisons la vie de ses habitants, ainsi que les rites propres à telle et telle cérémonie. Des rythmes et des rites qui, à quelques variantes près, pouvaient se retrouver dans les autres paroisses des diocèses de Luçon, de Nantes, de Maillezais / la Rochelle.
ÉTAT DES USAGES DE LA PAROISSE DE CUGAND EN 1788
I. TEMPOREL
"La paroisse de Cugand relève pour le temporel des deux seigneurs de Clisson et de Tiffauges, à la manière des Marches communes de Poitou et de Bretagne. L'église et la cure relèvent du roi, et les affaires sont portées au présidial de Nantes."
Assemblées
- "Le corps politique du général y est composé de douze délibérants choisis, chaque année, le dernier dimanche d'avril, jour auquel sont changés les fabriqueurs en charge, qui rendent exactement leurs comptes trois mois après être sortis de charge, c'est-à-dire au mois d'août."
Rentes
- "Les rentes de la Fabrique consistent :
1° En 22 livres 10 sols de rentes foncières, pour l'entretien de la lampe, dus par les héritiers Favreau, sur la métairie dite du Petit-Village. (Archives de la paroisse)
2° 62 sols de rente constituée, due par les héritiers du sieur Joseph Vinet, notaire, pour la fondation de Marie Jaufrineau, dont il y a 40 sols au recteur, pour l'acquit de deux messes chantées au 1er d'août ; restent 22 sols à la Fabrique.
3° 3 boisseaux de froment dus par les teneurs de la Haute-Palaire, pour le pain bénit de Pâques.
4° Un boisseau de froment, pour le pain bénit de Noël, et 3 livres 12 sols, dus pour la fondation de Guillaume Girard et Perrine Pain, lesdites rentes hypothéquées sur le pré des Nouës, au village des Portes, en la Bernardière, suivant le testament du 12 octobre 1639, au rapport de Gaborieau, et l'arrentement du 7 septembre 1715, au rapport de Richard, notaire de Tiffauges et de Clisson. Les héritiers de Pierre Baron de la Chaillouère, acquéreur, payent : les trois livres sont remises au recteur, pour l'acquit de trois messes chantées de ladite fondation, et les douze sols reviennent à la Fabrique. Les messes chantées s'acquittent le 18 octobre. L'arrentement de 1715 était fait par Jacques Coutoleau et consorts à Jean Dronneau. (Archives de la paroisse.)
5° 6 pots de vin, dus à Pâques, par Baudry de la Vrignais, sur une maison située au bourg, vis-à-vis la croix du cimetière qui regarde la grand'rue. Il y avait autrefois deux barriques de vin qui ont été réduites à six pots. Il paraît que l'origine des deux rentes cy-dessus a été de fournir du pain et du vin pour soulager ceux qui avaient fait leur communion pascale. C'est peut-être encore l'origine de l'usage suivant."
Taillée de Pasques
- "On appelle taillée de Pasques l'usage où sont les fabriqueurs en charge de recevoir de chaque chef de maison la somme de deux sols six deniers, pour les besoins de l'église ; ils donnent un verre de vin à ceux qui payent ; et, probablement, on donnait anciennement un petit morceau de pain, soit pris de la rente cy-dessus, soit qu'il fût fourni par les fabriqueurs.
Cet usage est si ancien, qu'il est rapporté dans les plus anciens comptes de Fabrique ; et un recteur, pour l'autoriser davantage, s'obligea à descendre du chœur, après vespres, pour chanter à l'autel de la Sainte-Vierge l'antienne selon le temps qui termine l'office. On a refusé pour fabriqueurs des gens parce qu'ils n'avaient pas payé leur taillée de Pâques. D'autres n'ont pas voulu la payer sous prétexte que le recteur n'était pas descendu chanter l'antienne de la Vierge, le dimanche de la Passion et le dimanche des Rameaux. Il fallut leur faire entendre que, dans cette quinzaine, les images des saints étant couvertes, il ne paraissait pas que ce fût l'esprit de l'Eglise d'aller chanter cette antienne, le tableau étant couvert."
Quêtes dans l'église
- "Outre cette taillée de Pâques qui ne produit guère que huit à dix livres, il se fait encore, aux quatre fêtes annuelles, une quête dans l'église par l'un des fabriqueurs en charge, pour les besoins de l'église. Elle produit à peu près la même somme".
Oblations
- "Celle des oblations ou offrandes faites à l'autel de la Sainte-Vierge, en lard, beurre, fruits, etc... produit environ 24 livres à 30 livres. J'ai toujours fait rapporter dans les comptes que je laissais sur cet objet, mes droits de recteur, pour les besoins de l'église, et ce, afin de ne pas nuire à mes successeurs."
Lin. - "Je n'ai pas cru devoir prendre les mêmes précautions pour le fil qui se donne à la Fabrique. Cet usage est bien singulier. Tous les premiers dimanches du mois, les fabriqueurs en charge distribuent dans l'église, après la communion du prêtre, des quenouilles chargées de filasse à des femmes. Ou elles filent cette filasse et en rapportent un écheveau avec la quenouille rechargée de filasse, ou elles rendent la même quenouille et payent cinq sols aux fabriqueurs. Le fil qui revient de cet usage est ordinairement employé à faire du linge ; ou, s'il n'en est pas besoin, il est employé dans les comptes."
Pain bénit
– "On y employe aussi le produit venant des grignes de pain bénit, sous le nom de présents faits à l'église. Voici comme la chose se passe. Les fabriqueurs en charge fournissent le pain, tous les dimanches, pour être bénit et distribué par l'un d'eux, pendant la messe paroissiale. Ils donnent des grignes à différents chefs de famille ; ceux-ci payent quatre sols aux fabriqueurs. Le jour de la fête de la Conception de la Sainte-Vierge, ils commencent à donner des gâteaux, ainsi que les fêtes de Noël, la Circoncision, le jour des Rois, la Purification de la Sainte-Vierge. Alors, ils donnent des grignes de ces gâteaux aux plus considérables qui payent quinze sols par chaque grigne. Ce payement se fait le plus ordinairement dans les fêtes de Pâques, avec les grignes de pain ordinaire et la taillée de Pâques. Il revient de ces différents payements environ cinquante livres de profit à la Fabrique, le boulanger payé, et on l'employe sous le nom de présents faits à l'église par différents particuliers."
Cierges
- "Il en est ainsi des cierges que la Fabrique fournit pour les enterrements, noces et femmes relevées. Je dis femmes relevées ; car souvent elles apportent un cierge ou payent cinq sols pour le cierge que la Fabrique fournit. On paye également cinq sols pour chaque cierge fourni aux enterrements ou services, lorsque les parents n'en fournissent pas ; car, pour peu qu'ils soient à l'aise, ils fournissent des garnitures de cierges, suivant leurs moyens. J'ai toujours laissé mes droits à la Fabrique sur tous ces cierges, parce qu'on en fournit pour toutes les messes."
Cugand, paroisse des Hautes Marches communes de Bretagne et du Poitou, sur les cartes de Cassini...
- à gauche, sur la carte dite de Cassini, de Nantes (1783-1786),
- à droite, sur la carte dite de Cassini, de Mortagne (1763-1769).
(hauteur : environ 7,500 km)
Sur la carte de droite, on remarque la présence de route allant de Nantes à Poitiers,
"de 42 pieds" (soit une largeur de 13,65 m)
pas encore construite quand le levé de la carte de gauche avait été fait.
On peut aussi y repérer Toute Joye, la chapelle de Recouvrance, et St-Lazare, cités ci-dessous.
II. SPIRITUEL
– "Quant aux usages de l'église, tous les dimanches, après l'aspersion, on fait la procession autour du cimetière. On y chante l'hymne du temps après lequel (sic) on chante le Libera, sans s'arrêter, et on vient dire l'oraison des défunts devant le grand autel. Cet usage doit être très ancien, puisqu'il y a une fondation pour ce Libera. (Voyez, au registre de 1638, les observations et les fondations qui y sont rapportées.) On ne fait pas de procession, les fêtes, si ce n'est celles marquées ci-après. On n'en fait point deux dans un même jour, de sorte que, s'il y a une procession à faire après vêpres, on n'en fait point après la grand'messe ; comme on n'en fait point aussi, lorsque le Saint-Sacrement est exposé."
"Tous les premiers lundis de chaque mois, s'il n'est pas empêché, on fait une procession autour du cimetière et on y chante l'hymne d'un martyr et la messe votive à l'autel de Saint-Sébastien. (Voyez les observations à la fin du registre de 1776.)"
"Le premier jour de l'an, on annonce le nombre des enfants nés, des morts et des mariages."
"Le jour de l'Epiphanie (6 janvier), salut et bénédiction du Saint-Sacrement, en conséquence du mandement de Nos seigneurs les évêques de Bretagne pour l'institution de la fête des Saints Anges Gardiens et Protecteurs du Roy et du royaume. (Voyez les observations du registre de 1757.)"
"Le jour de la Purification de la Sainte-Vierge (2 février), salut et bénédiction du Saint-Sacrement après les Vêpres, pour la Confrérie de l'Immaculée-Conception. (Voyez son article au registre des mariages commencé en 1600)."
"Le dimanche de la Quinquagésime et les deux jours suivants (jours précédant le début du carême), prière des Quarante-Heures avec exposition du Saint-Sacrement les trois jours. Le lundi et le mardi, on chante la messe de l'exposition à huit heures, et, à trois heures, les Vêpres. C'est le sieur Mongis, vice-gérant, qui a commencé à chanter les Vêpres, ces deux jours. J'ai suivi cet usage d'autant plus volontiers qu'anciennement on chantait les premières vêpres des fêtes principales ; et, comme il n'y assistait personne, j'ai transféré les vêpres à ces deux jours. Le mardi, au soir, au salut, on chante le Te Deum, en action de grâces. Cet usage est d'autant mieux établi qu'il y a actuellement indulgence plénière à perpétuité, suivant le bref de Clément XIII, rapporté à la fin du registre de 1770. D'ailleurs, le Te Deum est d'usage en cette paroisse à la fin des exercices spirituels, comme cy-après."
"Les Pâques durent, dans cette paroisse, les quinze jours ordinaires, depuis le dimanche des Rameaux jusqu'au dimanche de Quasimodo inclusivement. Le dimanche de Pâques, salut, ainsi que le jour de l'Annonciation pour la confrairie (sic). On faisait anciennement une procession à la croix du pont, le dimanche de Pâques, après vêpres. Mais, comme il y a beaucoup de confessions, ces trois jours, j'ai transféré cette procession au dimanche de Quasimodo, après vêpres. En action de grâces, au retour, on chante le Te Deum. Comme il n'y a pas d'hymne pour le salut de Pâques, et qu'anciennement on faisait chanter par les petits choristes la prose O filii et filiæ, les trois fêtes, j'ai conservé cet usage, ainsi qu'au salut du dimanche. Ces enfants ayant chanté la prose, on y ajoute un des répons des matines, pour équivaloir aux hymnes du Saint-Sacrement qu'on chante pendant toute l'année aux saluts du S. Sacrement ; car il est d'usage de chanter les trois hymnes sans répons, si ce n'est le verset du S. Sacrement ; et, après la bénédiction, on entonne Laudate Dominum, omnes gentes, du 6e ton. Ensuite l'Angélus, non chanté, ce qui se dit régulièrement, tous les dimanches et fêtes, après vêpres et tous les autres offices qu'on peut faire l'après-midi."
"La procession de Saint-Marc (25 avril) se fait par le chemin de Gaumier, à revenir par Entiers, ensuite le chemin qui conduit à la croix de la Berce, et de là par la grande rue. Celle du lundi des Rogations est la même. Le mardi, on va à la chapelle de Saint-Lazare. C'est M. Mongis qui, le premier, a fait réflexion qu'ayant une chapelle rurale, il était convenable de la visiter dans ce jour. J'ai suivi cet usage. Et c'est aussi à cette chapelle que j'ai fait les processions ordonnées par Mgr l'évêque pour la disposition du temps ou pour les jubilés. Le mercredi, la procession passe par la rue de Belle-Noile, pour faire le tour des vignes dites des Richaudières, et, quand les mauvais chemins ne permettent pas de faire ce tour, on rentre par la barrière du milieu des Richaudières, pour sortir par celle qui donne sur le chemin du bourg ou du cimetière à la Bernardière. Ces jours de Rogations et de saint Marc, on chante la messe à l'autel de saint Sébastien, comme il est marqué à la fin du registre de 1776, à l'exception du mardi où la messe est dite à basse-voix à Saint-Lazare."
"Le jour de l'Ascension, il y a procession après vêpres à la croix du pont ; on y chante les Litanies du Saint Nom de Jésus. On fait une pause à la croix où l'on chante trois fois O crux, ave, à genoux ; mais on ne chante point le Te Deum, au retour, comme on fait le dimanche de Quasimodo, quoique à celle de ce jour on ait chanté également les litanies du Saint Nom de Jésus et fait la pause à la croix, comme cy-dessus."
"Le dimanche de la Pentecôte, salut pour la confrairie ; le lundi, procession, à la première messe, autour du cimetière, qui tient lieu de celle qu'on faisait autrefois à l'église paroissiale de Saint-Sébastien, ainsi que le faisaient une grande partie des paroisses du diocèse ; cette procession fut supprimée par M. Drouallière, vice-gérant, et on a fait celle-ci en la place avec messe à l'autel de saint Sébastien."
"Le jour de la Fête-Dieu, la procession se fait par le tour de la place, devant le cimetière dont on fait aussi le tour en dehors ; ensuite, par la grand'rue jusqu'à la croix de la Herce, où on fait un reposoir ; de là, on retourne pour aller joindre la croix de Belle-Noile, et on revient à l'église par cette rue, en entrant dans le cimetière par l'escalier qui se trouve au-devant de cette rue. Le Saint-Sacrement demeure exposé jusqu'après les vêpres ; il est aussi exposé pendant toute l'octave ; la messe de l'exposition est chantée à 7 heures, et les vêpres à 3 heures, excepté le dimanche qu'elles sont dites à 2 heures, à l'ordinaire."
"La veille de la saint Jean-Baptiste (24 juin), on allume un feu de joye dans le cimetière. On chante, en y allant, l'hymne du saint ; on bénit le feu, et, au retour, on chante le Te Deum. Saint Jean-Baptiste est le second patron de l'église."
"Le jour de saint Pierre (29 juin), salut pour la confrérie."
"Le jour de la Visitation de la sainte Vierge (2 juillet), la paroisse de la Bernardière, en revenant de la procession qu'elle fait à la Chapelle de Toutes-Joyes (sur Gétigné), entre dans notre église. On a coutume d'aller au-devant avec la croix, et, après que les prêtres ont chanté l'antienne de saint Pierre, on les reconduit à l'entrée du chemin qui mène du cimetière à leur bourg. Toutes les paroisses des environs de Clisson vont en procession à cette chapelle, soit en ce jour, soit dans celui qui leur est plus commode. Notre paroisse y va processionnellement le dimanche dans l'octave de saint Pierre, au matin. On y dit la première messe, et on en revient aussi processionnellement.
Mais, comme il s'agit de renvoyer à la grand'messe ceux qui sont restés chez eux, il n'y a guère que ceux du bourg et des environs qui reviennent jusqu'à l'église."
"Le patron ou titulaire de l'église est saint Pierre-ès-liens, premier jour d'août. Le Saint-Sacrement y est exposé tout le jour, ainsi que le premier et le dernier dimanche de ce mois qui est, dans cette paroisse, le mois d'adoration du Saint-Sacrement. Il y avait anciennement un livre pour inscrire ceux qui veulent prendre, dans le mois, une heure d'un jour fixé pour y faire leur adoration. Ce livre, qui est en partie déchiré, devait avoir le mandement de Mgr l'évêque de Nantes. Ce mandement se trouve encore au livre de la paroisse de la Bernardière, avec l'indulgence qui y est accordée. Le dernier dimanche, au salut, on chante le Te Deum, en action de grâces, comme aussi le jour de la première communion des enfants, non au salut, mais à la procession qui se fait après le salut, en y chantant les litanies de la Sainte-Vierge. Et, comme la procession va à la croix du pont, on y fait la pause ordinaire et on revient à l'autel de la Sainte-Vierge, pour recevoir dans la Confrérie de l'Immaculée-Conception les enfants qui le désirent."
"Le jour de l'Assomption de la Sainte-Vierge (15 août), après le salut et la bénédiction qui se fait pour la confrérie, on fait, à la procession, le même tour que le jour de la fête, et on porte la petite statue qui est ordinairement placée à l'exposition du grand autel. Mais le jour de la Nativité de la Sainte-Vierge (8 septembre), la procession qui se fait après le salut, ainsi que ci-dessus, va à la chapelle de Recouvrance, en Gétigné, où on chante les Complies. C'est la procession où il y a le plus de dissipation, et, tôt ou tard, elle sera supprimée. Une partie va à Gétigné, une autre reste à Entiers ; il ne revient pas à l'église le tiers de ceux qui en sont partis."
"Le jour de saint Clair (1er évêque de Nantes - 10 octobre), on chante la première messe à son autel qui est commun avec saint Sébastien, à cause de son tableau (Voyez les registres de 1770)."
"Le jour de la fête de l'Immaculée-Conception de la Sainte-Vierge (8 décembre), exposition du Saint-Sacrement tout le jour. On faisait autrefois une procession solennelle, parce que le Saint-Sacrement n'était pas exposé. Mais, depuis que Monseigneur de Nantes a accordé cette permission, j'ai remis cette procession après le salut. Elle se fait autour du cimetière, et se termine à l'autel de la Sainte-Vierge ainsi que celle de la my-aoust, pour recevoir ceux qui veulent entrer dans la pieuse confrérie. (Voyez à la fin du registre des épousailles, commencé en 1660, ce qui concerne cette confrérie.)"
"La nuit de Noël, à la messe de minuit, l'église est parfaitement éclairée. Anciennement, on ne mettait que des chandelles de suif dans les lustres qui se trouvent dans l'église ; je représentai que dans une paroisse où on aimait à brûler de la cire dans des cierges énormes, tels que ceux qui se trouvaient accolés à la muraille et qui étaient de la Confrérie, il me paraissait étonnant qu'on brûlât du suif qui pouvait gâter les ornements, lorsqu'on descendait pour l'offrande ou pour la procession du dimanche dans l'octave, parce qu'on les allumait les trois fêtes, le jour de la Circoncision, de l'Epiphanie et de la Purification ; qu'ils gâtaient également les habillements de ceux ou celles qui se trouvaient dessous. On fait une quête, le dernier dimanche de l'Avent pour ce luminaire ; j'ajoutais le surplus pour faire un fond ; ensuite, j'engageai à faire fondre bouts et égouts des cierges pour en faire des bougies, et, lorsque je supprimai les gros cierges de la Confrérie, j'achetai des plaques de fer blanc pour mettre le long des murs, de distance en distance. Il y a plus de cent lumières dans l'église, ce qui fait qu'on peut lire dans toute l'église. Je dirai un mot de l'offrande qui se fait à la messe de minuit. Les femmes y apportent assez ordinairement des fruits. Anciennement, il y avait offrande aux trois messes solennelles de Noël, le premier jour de l'an et le jour des Rois. Le prêtre célébrant descendait à la balustrade et était obligé d'attendre assez longtemps qu'il vînt quelqu'un se présenter. A peine y en venait-il une douzaine. J'ai supprimé toutes ces offrandes et je n'ai conservé que celle de la messe de minuit, comme un reste de l'usage de la primitive Eglise."
"Nos seigneurs les archevêques et évêques de la province ecclésiastique de Tours, suivant leur mandement rapporté au registre de 1780, ayant supprimé la fête patronale des paroisses pour la transférer au dimanche, je priai Monseigneur l'évêque, au mois d'avril 1781, d'accorder à ma paroisse de prendre pour fête patronale celle de saint Pierre du 29 juin, puisque c'est toujours le même saint Pierre qui était honoré comme patron sous le titre de saint Pierre-ès-liens. J'observai qu'à la fête de saint Pierre-ès-liens étaient accordées des indulgences pour les confrères de l'Immaculée-Conception ; que, selon de graves auteurs (et je citai M. Collet dans son Traité des Indulgences), lorsque les fêtes sont transférées, il n'y a pas d'indulgences le jour de la fête, puisqu'on ne fait pas l'office ; il n'y a pas non plus d'indulgence le jour où elle se trouve transférée, parce que c'est à tel jour que l'indulgence est accordée. J'eus une réponse satisfaisante que faisant l'office de saint Pierre-ès-liens dans son jour, mes paroissiens pourront gagner les indulgences attachées à ce jour-là. J'obtins aussi la permission d'exposer le Saint-Sacrement, le jour de la saint Pierre du 29 juin, comme il l'était le jour de la saint Pierre-ès-liens, 1er août, c'est-à-dire tout le jour."
Pour les "fabriqueurs" de Cugand qui furent élus entre 1758 et 1788 et leurs actions, et pour certains des renvois faits dans cet "Etat des usages de la paroisse de Cugand", on pourra se reporter à la page 1760-1788 : les "observations" du recteur Jacques Dechaille.
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