la Prunelle
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"La Prunelle", un héritage familial et la création d'un homme
Le 4 septembre 2023 a été célébré à "la Prunelle" le 140e anniversaire de l’arrivée de la famille Perrin au Poiré. Ce fut un événement mémorable. 300 à 350 invités étaient présents : famille, amis des villages voisins et de plus loin, relations d’hier et d’aujourd’hui… Tous étaient venus entourer "les Perrin" qui avaient revêtu une tenue spécialement pensée pour la journée… Des chapiteaux avaient été dressés, avec bar, grillades et mogettes, ambiance musicale… Des panneaux racontaient sur plusieurs mètres ces 140 ans de l’histoire familiale, avec photos anciennes à l’appui… Une fête qui se prolongea jusque tard dans la nuit.
Le 4 septembre 2023 à "la Prunelle" : "les Perrin" et leur patriarche
fêtant le 140e anniversaire de leur arrivée au Poiré (photo de Gilles Baron),
et deux vues du village, le 6 mars 2025..
C’est en effet en 1883, que Louis Perrin, venant de la Ferrière, est devenu métayer de l’une des fermes entourant le château voisin de "la Métairie". De père en fils, les générations de Perrin s’y sont succédé, et en 2023 ils en étaient à la sixième génération…
Louis Perrin (1826-1905)
Louis Perrin (1854-1915)
Armand Perrin (1887-1955)
René Perrin (1922-1971)
Jean-Luc Perrin (né en 1947)
Francky (né en 1978) – Thierry (né en 1980) – Sébastien (né en 1983)
Le mardi 25 mai 1976, devant l’église de Beaufou lors de leur mariage,
Jean-Luc Perrin et Marylène Brethomé,
qui allaient fonder "la Prunelle" dans les années suivantes.
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Avant "la Prunelle"
En 1883 la métairie prise à bail à mi-fruit (c’est-à-dire en métayage) par Louis Perrin appartenait à Ossian Morin d’Yvonnière (1814-1890). Celui-ci l’avait achetée en 1837 avec le château de "la Métairie" et les terres en dépendant, aux héritiers du général Travot, qui les avaient lui-même reçus en remerciement pour son œuvre de répression en Vendée en 1793 et durant les années suivantes.
Le domaine du château de "la Métairie" s’étendant sur 162 ha groupés, était constitué en plus de "la réserve" du château, de cinq métairies : celles "du logis", "du portail", "d’en haut", "d’en bas", entouraient le château, et celle "de la Brossière". La métairie prise en charge par Louis Perrin fut celle "d’en bas" qui couvrait près de 30 ha qu’elle conserva jusque dans les années 1970, quand son arrière-arrière-petit-fils Jean Luc Perrin en déplaça le siège sur des parcelles portant le nom de "la Prunelle"2.
Leurs terres étaient composées de parcelles de 1 ha en moyenne, ce qui était grand, comparées à celles des exploitations plus petites et en faire-valoir-direct des villages voisins de "la Grande Roulière" ou de "la Maumernière". Seules celles de "la Brossière" étaient en un seul tenant3.
Bien que l’actuel village de "la Prunelle" ait été créé au milieu de nulle part, son emplacement possède des vestiges venant de temps plus ou moins lointains. Ainsi vers 1955 à environ 200 mètres, au cours d’un labour le sol s’écroula sous un des bœufs, et mis au jour des traces d’un souterrain, De même en 1986 à quelque 50 mètres plus loin, un veau tomba dans un trou qui se forma sous lui1. L’existence de ces deux souterrains, peut-être liés entre eux, étant un indice de la présence d’anciens habitats en cet endroit à une ou ) des époques indéterminées.
Les alentours de "la Prunelle" sur une vue aérienne vers 1950 (environ 1,3 x 1,3 km),
et les terres de "la métairie d’en bas" du château de "la Métairie" en 1836,
et telles qu’elles étaient encore pour l’essentiel en 1971,
ainsi que la localisation des anciens moulins et des souterrains mis au jour vers 1955 et en 1986
( l’hydrographie surajoutée est celle existant en 2022 ).
Venant d’un passé moins obscur, les terres de "la Prunelle" ont conservé le souvenir de deux anciens moulins. Sur "la Jaranne", le ruisseau qui les traverse, se trouvent les vestiges ténus d’un petit moulin à eau dit "de la Métairie", avec ses goure, ebée, rava4… dont l’activité avait semble-t-il cessé dès avant la Révolution. Et tout proche des bâtiments se trouvait un moulin à vent dit aussi "de la Métairie", qui arrêta son activité en 18865. Sur les vues aériennes, il en reste une sorte d'ombre plus ou moins visible suivant l’ambiance climatique aux dates des prises de vues.
L’emplacement du moulin à vent "de la Métairie",
et sur le cadastre en 1836,
ainsi que sur des vues aériennes vers 1950 et en décembre 2006.
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"la Prunelle" de 1976-1980 à 2025
En 1965 l’exploitation de la famille Perrin abandonna le statut de "métayage" pour celui de "fermage", comme la plupart des autres exploitations agricoles du Poiré6. Et en 1970, son siège étant toujours dans le village de "la Métairie", ses presque 30 ha étaient pour 5 ha en céréales, pour 8 ha toujours en herbe, pour 14 ha en plantes ou en cultures fourragères, 1 ha en haricots, et une vigne. On y comptait 1 cheval, 40 bovins charolais, 13 porcs, 19 poules, 6 pigeons, 5 lapines7 ...
En 1971, après la mort prématurée de René Perrin, son fils Jean-Luc prit la suite, ceci à une époque où l’agriculture connaissait de profondes mutations qui, sur le Poiré et ailleurs, firent disparaître plus des trois quarts des exploitations agricoles. C’est lui qui a été à l’origine de la décision de quitter le village de "la Métairie", pour créer "la Prunelle", sur un lieu loin de toute construction, et non soumis à des contraintes foncières ou de bâtis anciens8. Ce déplacement se fit de 1976 à 1980 avec l’édification d’une nouvelle habitation et de bâtiments agricoles.
En 2003, l’arrivée de la nouvelle génération, c’est-à-dire de ses trois fils, l’exploitation fut transformée en Groupement Agricole d’Exploitation en Commun (G.A.E.C.). Progressivement elle a accru sa surface et en 2025 elle s’étendait sur près de 300 ha (pour 3 agriculteurs), dont 25 ha en faire-valoir-direct. Elle est restée dans l’élevage bovin à viande, comptant dans les 250 têtes de bétail (veaux exclus), dont une soixantaine de parthenaises venant accompagner les charolaises des origines. Seuls une vingtaine d’hectares sont en cultures autres que fourragères, dont une partie en mogettes vendéennes traditionnelles1...
"La Prunelle" le 28 février 2023 (environ 425 x 220 m), avec
ses bâtiments et leurs dates de construction,
et quelques-unes de ses pensionnaires charolaises et parthenaises, fin octobre 2023.
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Notes, sources et références
(sauf mentions contraires, illustrations et texte sont dus à M. Mignet)
1 Multiples entretiens avec Jean-Luc Perrin, fondateur de "la Prunelle", de 2016 à 2025.
2 En parler local, "la Prunelle" est prononcée "la Peurnelle"... une inversion qu'en "langage savant" on appelle "métathèse", comme c'est le cas pour la "brouette" qui y est dite "beurouette".
3 Contrairement à des amenages de tailles similaires, tels ceux de "la Millière", de "la Bouchère" ou du "Deffend", il est curieux qu’alors qu’elles constituent un bloc dépendant du même propriétaire, les terres proches du château de "la Métairie" aient été réparties de façon dispersée entre les quatre métairies l’entourant immédiatement, et ceci dès l’époque du premier cadastre, et sans doute aussi avant. Ceci, sans qu’on puisse avancer d’explications autres qu’hypothétiques.
4 C’est-à-dire ses : bassin de retenue d’eau (goure), vanne (ebée), canal de fuite (rava)…
5 Pour plus de détails sur ces deux moulins voir, d’Eugène-Marie Vincent : les Moulins du Poiré-sur-Vie (2012, inédit, p. 29 et 17).
Après avoir été acquis en juin 1798 par le meunier André Guillet, du bourg du Poiré, le moulin à vent appartenait en 1836 à Mathurin Montassier de "la Maumernière", puis en 1853 à son fils, Louis Montassier.
En 1836, le moulin à eau voisin à l’abandon, était partagé pour un quart aux Douaud, meuniers à "la Grande Roulière" et pour les trois autres quarts à Mathurin Montassier.
6 C’est à cette époque que la plupart des exploitations agricoles en métayage au Poiré passèrent au statut de fermage. La dernière à le faire fut celle d’Auguste Rocheteau, à "la Nilière", qui resta en métayage jusqu’en 1980.
7 Cf. le Recensement Général de l'Agriculture (R.G.A.) de 1970 (Arch. dép. de la Vendée : 1185 W 103-104-105).
8 Au Poiré et ailleurs, c’est l’inadaptation des bâtis anciens des villages aux nouvelles techniques de productions qui a entraîné le glissement des exploitations agricoles vers la périphérie de ceux-ci, voire qui a abouti à la création ex nihilo de nouveaux villages, comme ici ou encore comme ceux que "l’Eté" ou de "l’Orée du Bois".
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