la Gare
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"La Gare" du Poiré-sur-Vie a été inaugurée le dimanche 30 juin 1901. Elle était située sur la ligne à voie métrique allant de la Roche-sur-Yon à Legé, et qui fonctionnera jusqu’en 1939.
Le plan des 35 km de la ligne ferroviaire passant par le Poiré
et joignant la Roche-sur-Yon à Legé.
L’en-tête de l’affiche annonçant son ouverture le 30 juin 1901.
Autour de 1910, "la Gare" du Poiré vue de dos et de face,
ses trains et leurs passagers1.
Cette ligne avait été initiée en 1898 par la Compagnie des Tramways de la Vendée, dépendante des Chemins de fer de l'État1. Le conseil municipal du Poiré ne fut contacté que marginalement : pour le passage de la ligne par "la Ribotière" (le tracé prévu passait initialement près du bourg de Mouilleron-le-Captif) et l’aménagement du chemin vicinal y conduisant, pour l’emplacement de la gare et pour ceux des arrêts facultatifs2. Ces derniers, se trouvaient au "Bouchaud", à "la Durantière", ainsi que, suite à une pétition, à "l’Aubretière" à partir de 19081. La voie ferrée parcourait près de 20 km sur la commune du Poiré sur laquelle se trouvaient aussi les petites gares "de Mouilleron" et "de Beaufou", respectivement à "la Mélanière" et à "la Courolière".
Les réclamations, qui tout de suite se firent jour à propos de l’absence de contre-rails entraînant des accidents aux croisements de la voie ferrée et de routes, durent être réitérées jusqu’en 1924 avant d’être prises en compte. Par contre certaines limites techniques ne purent être corrigées ainsi, quand le train était un peu chargé, les voyageurs devaient en descendre pour qu’il puisse monter du pont de "la Carpe frite" jusqu’à "la Durantière".
Pétition de 102 habitants de "l’Aubretière", du "Beignon-Jauffrit",
de "la Petite Roulière" et de "l’Auroire" :
"Monsieur le Préfet,
Nous avons l’honneur de vous prier de vouloir bien nous accorder un arrêt facultatif
au kilomètre douze, ligne de la Roche-sur-Yon à Legé, au lieu-dit l’Aubretière,
commune du Poiré-sur-Vie, Vendée"
vue pour légalisation, le 26 janvier 1908, par le maire, Henri Dorion1.
"La Gare" du Poiré, toujours présente, était construite sur le modèle commun aux stations importantes du réseau de la Cie des Tramways de Vendée : salle d’attente, guichet, bureau et logement du chef de gare, abri et quai pour le chargement et le déchargement des marchandises…
En gare du Poiré vers 1910 : le train avec ses deux voitures de marchandises
et ses deux voitures de voyageurs.
La ligne de la Roche à Legé n’était pas en site propre mais, sauf exceptions, longeait des routes déjà existantes.
Sur Le Poiré, avant "la Ribotière" elle côtoyait la ligne à écartement normal de La Roche à Nantes. Elle contournait ensuite les villages de "Bellenoue" et du "Bouchaud", puis le bourg entre les routes de Belleville et de Palluau. Afin de réduire la pente, elle contournait aussi "Saint-Pierre", et après "la Courolière" elle continuait plein ouest à travers champs, vers Palluau. Après sa suppression, le contournement du bourg devint un chemin communément appelé "la ligne" et qui, au milieu des années 1960, fut intégré à la voirie du bourg du Poiré et nommé "Boulevard des deux moulins".
Les voies ferrées du nord-ouest de la Vendée en 19253.
A côté des voies à écartement normal,
de la Roche à Challans et Nantes,
avec son embranchement vers Saint-Gilles-Croix-de-Vie :
les lignes à écartement métrique :
celle de la Roche à Legé (puis de Legé à Nantes),
celle de Challans à Beauvoir,
et celles, longeant la côte, de Bourgneuf à Saint-Gilles puis aux Sables,
parcourues par leurs petits trains, tel en 1910,
celui testant le pont en reconstruction sur "la Vie", à "la Carpe frite".
Chaque jour, trois trains parcouraient cette ligne dans chaque sens, et un de plus les jours de la foire mensuelle de la Roche. Ils franchissaient les 15 km séparant le bourg du Poiré de la Roche en 46 min, soit à 20 km/h, une vitesse deux fois moindre que celle des trains allant de Nantes à la Roche. Cette relative lenteur fit que, bien que depuis 1893 une autre ligne joignît Legé à Nantes, elle était rarement utilisée pour aller du Poiré à cette dernière ville.
En 1912, 40 000 voyageurs empruntèrent cette voie ferrée : 109 par jour, soit environ trente-cinq passagers par train. Le trafic de marchandises fut cette même année de 6800 tonnes1.
Tarifs et horaires des trains lors de l’ouverture de la ligne en 1901
(extrait de l’affiche annonçant l’inauguration de la ligne de la Roche à Legé)1.
L’implantation de la gare entraîna, entre 1900 et 1940, la constitution d’un petit quartier qui a pris son nom, avec la construction d’une vingtaine de maisons, pour la plupart petites et abritant des familles modestes. En 2017, elles existent toujours, leur nombre s’étant étoffé depuis 1980.
En 2017, le bâtiment de l’ancienne "Gare" du Poiré
avec son quai à marchandises
et quelques-unes des petites maisons qui furent construites autour
au début du XXe siècle.
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En juin 1951, le cinquantenaire de "la Gare" du Poiré fut l’objet d’une fête commémorant son inauguration en 1901. Menés par la fanfare de la Jeanne-d’Arc, les membres de la troupe de théâtre de ce même patronage paroissial s’étaient costumés en habits 1900 pour tenir les rôles des officiels (maire, préfet, pompier, garde-champêtre…)4 sensés avoir participé à son inauguration un demi-siècle plus tôt. Mais les rails avaient disparu et le train avait dû être remplacé par une pseudo locomotive, car depuis déjà douze ans la ligne avait été supprimée et "la Gare" désaffectée5 !
La fête du cinquantenaire de "la Gare" du Poiré en juin 1951
(comme le train, l’automobile du préfet n’avait pas pu être un modèle de 1901).
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1 Dossier sur les Tramways de la Vendée – ligne de la Roche-sur-Yon à Legé (Arch. dép. de la Vendée : S 996 et S 997 ; et pour l’affiche annonçant l’inauguration de la ligne : SS 996/8).
2 Délibérations du conseil municipal du Poiré-sur-Vie du 24 juillet 1898, 8 janvier 1899, 13 août 1899 ( Arch. dép. de la Vendée : 178 D 10 - consultables en ligne, registre juin 1896-juin 1904, vues 37-38/101, 41/101, 49/101).
3 Extrait de la Nouvelle carte départementale de la Vendée, 1925 (Arch. dép. de la Vendée : 7 Fi 505).
4 Ces années-là, la troupe théâtrale de la Jeanne-d’Arc a été des premières à être mixte en Vendée. Sur cette question : Phillips (Henry), "Le théâtre catholique en Europe et au Canada : un milieu réuni dans la dispersion", Revue de littérature comparée, vol. 326, n° 2, 2008, p. 175-194.
5 Dans les années 1950, il se disait que les rails des lignes ferroviaires fermées avant 1939 (la Roche / Legé, Montaigu / Saint-Fulgent) furent utilisés dans le Mur de l’Atlantique.
Pour le bilan de ce qu’avaient été avant 1951, les "Tramways de la Vendée", cf. la Vie du rail, n°764, du 25 septembre 1960, qui le présente ainsi :
Les "Tramways de la Vendée" furent déclarés d’utilité publique le 21 novembre 1897.
Les Chemins de fer de l’Etat furent chargés de la construction et de l’exploitation des "Tramways de Vendée", par application de la loi du 9 avril 1898.
Le réseau des "Tramways de la Vendée" était exploité par par un chef de service placé sous la surveillance d’un comité sous les ordres du directeur des Chemins de fer de l’Etat.
Les "Tramways de la Vendée" exploitaient les lignes suivantes :
- Challans – Fromentine, 25 km (ouverte en 1896 et supprimée en 1950 ;
- Beauvoir – Bourgneuf-en-Retz, 18 km (1924-1950) ;
- la Barre-de-Monts – les Sables-d’Olonne, 64 km (1924-2950) ;
- les Sables-d’Olonne – Champ-Saint-Père, 29 km (1902-1950) ;
- Talmont – Luçon, 33 km (1931-1950) ;
- l’Aiguillon – Luçon, 23 km (1901-1950) ;
- Luçon – Chantonnay, 32 km (1900-1946) ;
- Chantonnay – les Quatre-Chemins-de-l’Oie, 18 km (1908-1946) ;
- les Quatre-Chemins-de-l’Oie – Montaigu, 25 km (1901-1938) ;
- la Roche-sur-Yon – les Herbiers, 42 km (1900-1938) ;
- la Roche-sur-Yon – Legé, 36 km (1901-1939).
Longueur du réseau : 366,153 km ; largeur de la voie : 1 mètre ; rail vignole : 18,26 et 30 kg ; gabarit du matériel roulant : 2,20 m ; rayon maximum des courbes : 50 m.
Parc du matériel roulant : 32 locomotives à vapeur ; 101 voitures à voyageurs ; 28 fourgons à bagages ; 416 wagons à marchandises ; 2 autorails Renault à essence 45 ch (1923) ; 2 autorails Diesel Panhard 65 ch (1933) ; 3 autorails Diesel Panhard 90 ch (1933).
Carte du tracé des voies ferrées ayant existé à un moment ou à un autre en Vendée :
à écartement standard (en gras) ou à écartement métrique (en maigre),
et incluant des lignes se dirigeant vers Nantes, non-évoquées dans la Vie du Rail :
partant de Rocheservière, 40 km (1903-1935) ; ou partant de Legé, 44 km (1893-1935).
Trois autres lignes, concédées en 1913, ne virent jamais le jour.
(sources : SNCF)
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