la Jaranne
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"La Jaranne", un affluent de "la Vie"
"La Jaranne" est un ruisseau long d’environ 8,50 km, dont une bonne partie du cours se trouve sur la commune du Poiré où elle se jette dans "la Vie" immédiatement en amont du village de "la Pallulière". Elle prend sa source près de "la Morandière", sur Belleville-sur-Vie, et antérieurement à 1850 sur Beaufou. Elle marque sur environ 4 km la limite entre cette commune et celle du Poiré, y séparant ainsi le village "la Remaudière" de celui de "la Charnière".
"La Jaranne" reçoit plusieurs ruisseaux affluents : sur sa gauche celui dit "du Cerny" (0,54 km), et sur sa droite successivement ceux dit "de la Bizière-Choquet" (3,88 km), dit "le Bizeret" (3,62 km), puis un ruisseau venant de "la Grande Roulière" (2,39 km)1.
Le sous-bassin de "la Jaranne" (vue aérienne le 28 mai 2022 - environ 6 x 5 km)
avec, en rouge, les souterrains mis au jour localement.
Et sa localisation dans le bassin hydrographique de "la Vie" (environ 45 x 27,5 km).2
Son nom ne lui est véritablement attribué qu’à partir de son entrée sur la commune du Poiré, où on l'appelait souvent localement "la Garanne"3. Dans sa partie supérieure et d’amont en aval, les cartes la nomme "ruisseau de la Morandière" puis "ruisseau de la Remaudière", du noms des villages près desquels elle naît puis passe4, et même "ruisseau du Godineau" par confusion avec le "Godiveau", ruisseau traversant le bourg de Belleville et rejoignant "la Vie" en bas du village de "la Haute Sauvagère".5
Sur les versants de la partie aval du cours de "la Jaranne" des souterrains ont été mis au jour, témoins de probables d'anciens habitats disparus.
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Le souvenir du "moulin à eau de la Métairie"
En contrebas des château et village de "la Métairie", subsistent sur "la Jaranne" des vestiges très ténus d’un modeste moulin à eau. Pour créer un dénivelé suffisant pour faire fonctionner sa roue, un canal d’amenée d’eau avait été créé, creusé par endroit dans le rocher. Il prenait l’eau à quelque 300 m en amont et la conduisait jusqu’à un petit bassin-réservoir fermé par une "ebée" (une vanne), où elle s’accumulait durant la nuit pour être utilisée le jour venu. Un court "rava" (canal de fuite) d’une dizaine de mètres la restituait ensuite à "la Jaranne". Sa conception était similaire à celle du "moulin Ragoiller" existant à la même époque, à peu de distance de là.
Proche du "moulin à eau de la Métairie" se trouvait le "moulin à vent de la Métairie" qui, pendant les mois de sécheresse estivale, palliait le manque d’eau du ruisseau. Ils ont tous les deux fait partie de "l’amenage" (le domaine) de "la Métairie" jusqu’à la fin du XVIIIe siècle.
Le "moulin à eau de la Métairie" sur le plan cadastral de 1836 et sur une vue aérienne vers 1950
(environ 370 x 260 m)
Sur la vue aérienne, le tracé de "la Jaranne" et l’emplacement du moulin sont approximatifs.
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On ignore tout de l’origine du "moulin à eau de la Métairie". Sur sa fin, le procès-verbal d’estimation en mars 1798, en tant que bien national, des biens dépendait de "la Métairie" indique en marge de ce qui se rapporte à son moulin à vent : "nous ne parlons point ici du moulin à eau parce qu’il est tout à fait rasé"6. Une destruction correspondant à celles du château et de bâtiments voisins par les troupes révolutionnaires en 1794. Bien qu’en 1836 ses restes soient devenus la propriété de meuniers ou anciens meuniers (Jean Douaud de "la Grande Roulière", Louis Douaud de "l’Ecorcerie", Mathurin Montassier de "la Maumernière"), cette destruction quarante ans plus tôt causa sa fin définitive, et ce qu’il en subsiste au XXIe siècle relève avant tout du souvenir.
Vues en 2017 de rares restes de l’’ancien "moulin à eau de la Métairie" sur "la Jaranne" :
une partie du canal d’amenée d’eau creusée dans le rocher, et des bases de mur.
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"Pont-Martin", un lieu aux passé et présent mal connus
En continuant de descendre "la Jaranne" on arive à un lieu dit "Pont-Martin"7 qui malgré son nom, ne fut qu’un gué jusqu’à la fin du XIXe siècle. C’est par là que passait le chemin multiséculaire allant de Palluau à Belleville. Par la suite, on a construit à "Pont-Martin" effectivement un pont dont les arches carrées abritent des colonies de chauves-souris l’été venu.
Le pont de "Pont-Martin" et "la Jaranne" en mars 2017, sur le cadastre de 1836,
et vers 1900 avec Ferdinand Tenailleau de "Sainte-Marie"8.
C’est près de "Pont-Martin" que le 28 décembre 1795, le général Travot intercepta un convoi de pain de Charette et y tua une quarantaine de personnes. Travot rend compte de ce combat dans sa correspondance avec son supérieur, le général Hoche, de même que le fait Pierre-François Remaud, compagnon de Charette dans le mémoire inédit qu’il rédigea fin 1796 début 1797, durant son bref exil en Angleterre. On a attribué à ce combat dit "de la Grande Roulière"9 l’origine des phénomènes étranges qui se sont produits jusqu’à une date récente dans le voisinage de "Pont-Martin", et qui n’ont pas reçu d’explications logiques et rationnelles.
"La Jaranne" à son arrivée dans "la Vie" le 15 avril 2022.
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Notes, sources et références…
(sauf mentions contraires, illustrations et texte sont dus à M. Mignet)
1 Cf. le Schéma d'Aménagement et de Gestion des Eaux (SAGE) du bassin versant de la Vie et du Jaunay, dont l’élaboration a débuté en 2004, et qui fut approuvé en 2011.
2 Service d’Administration Nationale des Données et Référentiels sur l’Eau (SANDRE) : jeux de données de référence sur la zone hydrographique de "la Vie", de sa source à "la Petite Boulogne" (N1-0150) : "ruisseau la Jaranne" (N 1004800).
3 Entretiens en 2016 avec Jean-Luc Perrin, né et ayant toujours vécu dans les villages proches de "la Jaranne", ainsi qu’avec différents anciens de ces villages.
4 Institut Géographique Nationale, cartes au 1 / 25 000 : 1225 E (Legé, Palluau) et 1226 E (le Poiré-sur-Vie, Aizenay), 2010.
5 Fresneau (François-Xavier), Monographie bellevilloise, 1975, p. 167.
6 "Estimations des biens nationaux du canton du Poiré" (Arch. dép. de la Vendée : 1 Q 212). Le général Travot, commandant de troupes occupant la Vendée, acquit le 1er mai 1798 (12 floréal an VI) l’essentiel du domaine de "la Métairie", dont l’emplacement de ce moulin à eau et ses restes qui seront revendus par la suite.
7 On dit "Pont-Martin", sans article, et non "le Pont-Martin", et on dit par exemple que l’on va "à Pont-Martin", comme on dit que l’on va "à Pont-de-Vie", "à Pont-à-Mousson", ou "à Port-Vendres"... et non "au Pont-de-Vie", etc.
8 Photo prise sur plaque de verre 1900 par Pierre Tenailleau (1871-1938), frère de Ferdinand Tenailleau qui s’y trouve représenté avec son chien (collection particulière, en ligne sur les Arch. dép. de la Vendée : 1 Num 1/300-4).
9 Le manuscrit inédit de Pierre-François Remaud a été conservé jusqu’au début des années 2000 au château de Barante dans le Puy de Dôme ; le combat dit "de la Grande Roulière" s’y trouve rapporté pages 215-217. Il l’est aussi dans la lettre du 19 janvier 1796 de Travot à Hoche (Arch. dép. de la Vendée : SHD B 5/34-39). Voir la relation de ce combat dans les pages consacrées à "la Grande Roulière".
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