la Jaranne
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"La Jaranne", un affluent de "la Vie"
"La Jaranne", longue d’environ 8,50 km, est un ruisseau affluent de droite de "la Vie" dans la-quelle elle se jette immédiatement en amont du village de "la Pallulière". Elle prend sa source près de "la Morandière", sur Belleville-sur-Vie (et antérieurement à 1850 sur Beaufou). Sur environ 4 km, elle marque la limite entre les communes du Poiré et de Beaufou, séparant ainsi le village "la Remaudière" de celui de "la Charnière". Elle reçoit plusieurs ruisseaux affluents : sur sa gauche celui dit "du Cerny" (0,54 km), et sur sa droite successivement ceux dit "de la Bizière-Choquet" (3,88 km), dit "le Bizeret" (3,62 km), puis un ruisseau venant de "la Grande Roulière" (2,39 km)1.
Le sous-bassin de "la Jaranne", dans la partie amont du bassin hydrographique de "la Vie"
d’après le Schéma d'Aménagement et de Gestion des Eaux de la Vie et du Jaunay (environ 6 x 5 km)2.
En rouge : localisations de souterrains mis au jour localement.
(vue aérienne en 2014 - environ 45 x 27,5 km)
Le nom de "la Jaranne" ne lui est véritablement attribué qu’à partir de son entrée sur la commune du Poiré (encore que localement on disait souvent "la Garanne"3). Dans sa partie supérieure, d’amont en aval on l’appelle sur les cartes : "ruisseau de la Morandière" puis "ruisseau de la Remaudière", du noms des villages près desquels elle naît puis passe4. C’est par erreur que les cartes I.G.N., lui attribue le nom de "ruisseau du Godineau", par confusion avec le "Godiveau", ruisseau traversant le bourg de Belleville et rejoignant "la Vie" en dessous du village de "la Haute Sauvagère"5.
Sur ses versants ont été mis au jour des souterrains, probables témoins d’habitats disparus.
En contre-bas des château et village de "la Métairie", subsistent sur "la Jaranne" des vestiges très ténus d’un modeste moulin à eau, qui avait été établi là bien avant la fin du XVIIIe siècle. Un petit canal latéral, d’environ 2 m d’encaissement, large d’un peu plus, et creusé en certains endroits dans le rocher, prenait l’eau à quelque 350 m en amont. Il alimentait un long et étroit réservoir grâce auquel tournait la roue du moulin. Vu le débit limité du ruisseau, ce moulin ne devait fonctionner, au plus, que six mois sur douze.
L’environnement de l’ancien moulin à eau de "la Métairie", sur "la Jaranne" avec…
- les noms donnés autrefois aux métairies de "la Métairie" et aux parcelles voisines du moulin
sur le plan cadastral de 1836 et sur une vue aérienne en 2014 ;
- des vues en 2017 de bases de mur et, près du canal d’amenée d’eau, d’un creusement dans le rocher.
Les troupes de la Révolution qui, en 1793-1794, incendièrent les château et village de "la Métairie", semblent avoir été aussi à l’origine de sa destruction6. En 1836, le cadastre ne signale plus qu’une "masure" et un "ebé" (respectivement : un bâtiment en ruine et une vanne sur le ruisseau), lesquels étaient la propriété de meuniers ou anciens meuniers : Jean Douaud de "la Grande Roulière", Louis Douaud de "l’Ecorcerie" et Mathurin Montassier de "la Maumernière", ce dernier étant aussi propriétaire d’un moulin à vent voisin dit "de la Métairie"7) ; ce qui laisse penser que l’arrêt de l’activité du moulin à eau était alors relativement récent.
En aval de cet ancien petit moulin à eau, et à 1 km avant que "la Jaranne" se jette dans "la Vie", se trouve "Pont-Martin" où passe à la fois le chemin venant du bourg du Poiré pour aller à "la Grande Roulière" puis au bourg de Beaufou, et celui qui joignait autrefois Belleville à Palluau8. Le pont actuel, avec ses quatre "arches carrées" fut édifié à la fin du XIXe siècle, remplaçant un gué et une ancienne "planche" permettant le passage des piétons. En été, il abrite des chauves-souris sous son tablier durant la journée.
"Pont-Martin" et "la Jaranne" :
- à la toute fin de l’hiver 2016-2017 ;
- et vers 1900 avec Ferdinand Tenailleau, de "Sainte-Marie", et son chien9
(sur la gauche, la 4e arche du pont est cachée par la végétation).
Dans les années 1960, l’UCAL (Union Coopérative Agricole Laitière) construisit près de "la Morandière", près de la source de "la Jaranne", une importante laiterie industrielle. Dans les décennies suivantes ses rejets nocturnes la couvrirent de mousse blanche, et détruisirent sa faune à de nombreuses reprises. Une pollution ayant cessé localement depuis3.
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Un projet de parc paysager sur les rives de "la Jaranne"
En 1837, Ossian Morin d'Yvonnière10 acheta le château de "la Métairie" et ses dépendances aux héritiers du général Travot, et en releva les ruines. Il fit aussi appel à l’architecte-paysagiste André Leroy pour aménager l’environnement du château11.
"La Jaranne", sur le projet de création d’un parc paysager autour de "la Métairie"
(en noir, la situation de départ ;
en rouge, les propositions d’aménagements).
Sur le plan du projet de parc paysager proposé par André Leroy, architecte paysagiste angevin,
imaginant de planter des lisières boisées pour accompagner le dessin de la vallée de "la Jaranne",
et compléter les rares petits massifs boisés préexistants (en noir).
En ce troisième quart du XIXe siècle le moulin à eau a disparu.
Pour comparaison, le même emplacement vers 1950 et en 2022 (environ 530 x 975 m).
Vers 1950, les boisements proposés vers 1870 n’apparaissent pas,
mais en 2022 la densification des bois sur les versants compensent plus ou moins
la disparition des haies.
(le figuré du tracé du cours de "la Jaranne" y est seulement indicatif)
Ce projet fut, au moins partiellement, réalisé, avec la création d’une nouvelle allée reliant le château à la nouvelle route allant du Poiré au Lucs qui avait été réalisée en 1839 ; celle de quelques boisements complétant où se substituant à ceux existant déjà, mais pas de tous ceux ayant été proposés ; l'introduction de quelques essences nouvelles… Il est possible que le petit parc bordant le côté sud du château provienne aussi de ce projet, avec le nom du "chemin du saut de loup"12 qui en a été conservé (à moins que celui-ci ait une origine antérieure).
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Notes, sources et références…
(sauf mentions contraires, illustrations et texte sont dus à M. Mignet)
1 Service d’Administration Nationale des Données et Référentiels sur l’Eau (Sandre) : jeux de données de référence sur la zone hydrographique de "la Vie", de sa source à "la Petite Boulogne" (N1--0150) : "ruisseau la Jaranne" (N 1004800).
2 Cf. le Schéma d'Aménagement et de Gestion des Eaux (SAGE) du bassin versant de la Vie et du Jaunay, démarré en 2004 et approuvé en 2011.
3 Entretiens en 2016 avec Jean-Luc Perrin, étant né et ayant toujours vécu dans les villages proches de "la Jaranne" : d’abord "la Métairie" puis "la Prunelle".
4 Institut Géographique Nationale, cartes au 1 / 25 000 : 1225 E (Legé, Palluau) et 1226 E (le Poiré-sur-Vie, Aizenay), 2010.
5 Fresneau (François-Xavier), Monographie bellevilloise, 1975, p. 167.
6 L’état dans lequel se trouvait les bâtiments du château et du village de "la Métairie" est décrit dans les "Estimations des biens nationaux du canton du Poiré" (Arch. dép. de la Vendée : 1 Q 212) établies en mars 1798. Deux mois plus tard, le 1er mai 1798 (12 floréal an VI), profitant de son statut de commandant de troupes occupant la Vendée, le général Travot (1767-1836) s’appropria l’ensemble aux dépens de la famille Vaz de Mello, dont les membres avaient disparus au cours des années précédentes, tués par les révolutionnaires.
7 Plans et états de sections du cadastre de 1836 du Poiré, section A, 2e feuille (Arch. dép. de la Vendée : 3 P 178).
8 C’est aussi près de "Pont-Martin" que se déroula, le 28 décembre 1795, le combat dit "de la Grande Roulière" au cours duquel Charette eut un convoi de pain intercepté par le général Travot. Un récit détaillé en a été fait en 1796-1797 par Pierre-François Remaud, dans un de ses manuscrit (p. 217) resté inédit à ce jour (en 2023).
9 Photo sur plaque de verre, prise vers 1900 par Pierre Tenailleau (1871-1938), frère de Ferdinand Tenailleau (né en 1869), collection particulière mise en ligne sur les Archives départementales de la Vendée (1 Num 1/300-4).
10 Ossian Morin d'Yvonnière (1814-1890), qui fut maire du Poiré de 1871 à 1878, et conseiller général du canton du Poiré de 1871 à 1885, est devenu propriétaire du château de "la Métairie" en 1837, et a légué celui-ci à ses descendants qui le conservèrent jusqu’à la fin du XXe siècle.
11 André Leroy (1801-1875) fait partie d’une lignée de pépiniéristes angevins. Il fut aussi un dessinateur de nombreux projets de jardins dans l’ouest de la France, dont au moins trente-neuf en Vendée. Voir, parmi les 260 plans et projets et 47 études du Fonds André Leroy, celui proposé pour "la Métairie" du Poiré (Association des Parcs et Jardins de Vendée : fiche 4.06.2004 ; Arch. dép. du Maine-et-Loire : 34 Fi 225), cité par Isabelle Lévêque dans la Vendée des jardins au fil de l’histoire, 2017, p. 180-183. Les indications accompagnant ce projet lui font attribuer une date plus tardive que celle de 1842 proposée dans la référence précédente.
12 Un "saut de loup" (ou un "ha-ha") est, en limite d’un parc ou d’un jardin d’agrément, un fossé ou un dénivelé vertical permettant d’éviter que ceux-ci soient envahis par du bétail, tout en leur conservant une vue dégagée sur le paysage extérieur.
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