Saint-Pierre
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Un nom de village venant du prénom de son fondateur
Le village de "Saint-Pierre" est né de l’acquisition en 1884 d’une partie d’une des métairies de "la Blélière" par Pierre Remaud1, qui fit édifier des bâtiments à l’endroit où la nouvelle route allant vers Palluau, créée une quarantaine d’années plus tôt, se séparait de l’ancienne. Cette dernière traversait "la Vie" un peu plus bas au "pont de la Braconnerie", constitué depuis des temps immémoriaux par un gué et une passerelle en bois pour les piétons (le "pont"), et dont le tablier a été remplacé par une dalle de béton armé. En 2019, il était envisagé de remettre en valeur cet ancien chemin qui avait en partie échappé au remembrement.
Le village de "Saint-Pierre" vers 1950 et le 1er septembre 2014
(environ 720 x 750 m).
Si le tracé de l’ancienne route d’avant 1840, du Poiré à Palluau, est toujours présent,
celui du chemin de fer à voie étroite de 1901 à 1939 (en rouge) a désormais disparu,
et le remembrement dans les années 1980 a transformé la trame du bocage,
supprimant plus de la moitié de la couverture arborée locale.
En 1901 le long de la route, on construisit un chemin de fer à voie étroite, qui relia la Roche-sur-Yon à Legé, en passant par le Poiré et Palluau. La pente étant trop importante au niveau de "Saint-Pierre", on dut créer une déviation qui, contournant le village, résolut le problème. Mais il ne fut pas possible d’en faire autant de l’autre côté de "la Vie", aussi arrivait-il que, pour que le train puisse monter la côte opposée, on demandât aux voyageurs d’en descendre pour l’allèger2. Cette petite voie ferrée fut fermée au début de l’année 1939.
Après la maison de Pierre Remaud, d’autres constructions vinrent s’ajouter, abritant une seconde exploitation agricole, des familles de maçons. Ainsi la population de "Saint-Pierre" passa de 5 habitants en 1886 à 21 en 1936. Depuis 1968, elle est d’une douzaine de personnes.
Dans les années 1980, l’activité agricole a cessé, et les bâtiments ont été repris par de nouveaux habitants et convertis en résidences. Les changements d’habitudes de vie se sont traduites dans le paysage par l’élévation de séparations entre les espaces des uns et des autres.
Le haut du village de "Saint-Pierre" et ses deux anciennes exploitations agricoles,
en 1996 sur un dessin d’Olivier Dugast3,
et, en 2019, certaines de ses façades plus ou moins transformées.
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Du "moulin de l’Arguiller" à "la croix de Saint-Pierre"
Avant que "Saint-Pierre" fût créé, Pierre Blay et ses fils avaient édifié en 1858-1859 à cent mètres au sud-ouest, un moulin à vent appelé "le moulin de l’Arguiller" ou "le moulin de la Garde" (et aussi plus tard "moulin de Saint-Pierre"). Après avoir cessé son activité en 1909, il fut démoli en 1928. On le voit représenté en arrière-plan sur un dessin de "la croix de Saint-Pierre", fait par Alfred Tallonneau dans l’Ange gardien du Poiré du 18 octobre 19264.
"La croix de Saint-Pierre" en novembre 2019 (environ 5 m de haut ; enclos 4,5 x 4,5 m),
avec sa petite niche et les cœurs décorant son fut et ses bras.
Son inscription indique qu’elle fut érigée par Pierre Remaud et sa famille en 1909.
Cette "croix de Saint-Pierre", à gauche en arrivant du Poiré, est une croix en pierre portant gravé en lettres dorées :
O Crux ave spes unica
Pierre Remaud, Marie Potier
et leurs enfants
1909.
Le texte en latin, "Salut ô Croix, notre unique espérance", est le début du 6e couplet du Vexilla Regis, cantique de la Semaine Sainte évoquant symboliquement la Passion du Christ qui apporte le Salut aux hommes. Le titre de ce cantique, et son premier vers (Vexílla Regis pródeunt), peut être traduit littéralement par : "Les étendards du Roi s’avancent…". Pour ces raisons le Vexilla Regis était chanté en 1793 par les Vendéens quand ils durent combattre les troupes envoyées pour les réprimer puis pour les exterminer. Que l’une et l’autre de ces raisons aient pu intervenir dans le choix de cette inscription est fort probable. Quant aux cœurs décorant la croix, on les trouve sur d’autres, telle que celle de "la Guilletière" voisine, érigée vers 1891.
Bénite en 1912, soit trois ans après son érection, cette croix appartenait toujours, en 2019 à la famille Remaud, fondatrice de "Saint-Pierre", et qui l’a relevée dans les années 1970 après qu’elle eut été abattue par une tempête, puis en 2004-2005 après qu’elle eut été agressée par une voiture5.
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Des indices d'un ancien village disparu
A 250 mètres au nord-est et en contrebas de "Saint-Pierre" se trouve un champ pentu descendant vers "la Vie" et, en 2019, occupé par un petit bois de sapins. Il porte le nom de "la vieille ouche", et on prétendait qu’il y existait un souterrain, une existence qui fut constaté dans les années 1970 par son exploitant d’alors6.
Par ailleurs, un gros talus situé à sa proximité immédiate contient des pierres assez importantes et nombreuses pour être susceptibles de provenir d’anciennes constructions. De plus, son nom de "ouche" est un nom qui était donné autrefois à un terrain de bonne qualité car bonifié par les effluents d’étables proches, et souvent utilisé en potager ou en petit pâturage permanent.
Ces différents éléments conduisent à penser qu’un habitat a pu exister en cet endroit, à une époque difficile à déterminer7. Ceci se retrouve en d’autres lieux où on trouve des souterrains, loin de tout village mais toujours en des endroits ayant des caractéristiques topographiques sem-blables. On citera le souterrain dit "de la Garan-ne", entre "la Grande Roulière" et "Londry", celui (ou ceux) mis au jour non loin de "la Prunelle", ou encore celui découvert le long du chemin menant à "la Tirière"…
A droite, le chemin conduisant de "Saint-Pierre"
au terrain présentant des traces de souterrain,
et à gauche, une vue de ce terrain occupé en 2019 par un bois de sapins.
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Notes, sources et références...
(sauf mentions contraires, illustrations et texte sont dus à M. Mignet)
1 Acte de vente établi le 31 octobre 1884 devant Mre Ernest Auger, notaire au Poiré (Arch. dép. de la Vendée : 3 E 24 / 112 à 147).
2 Témoignage recueilli dans les années 1960 auprès de membres de la famille Perraudeau qui habitait avant 1920 au village du "Chiron", de l’autre côté de "la Vie".
3 Dugast (Olivier), Le devenir du bâti ancien dans le Bocage de Vendée à travers l’exemple du Poiré-sur-Vie, 1996, p. 18.
4 Vincent (Eugène-Marie), les Moulins du Poiré-sur-Vie, 2012, 42 p. Etude inédite, s’appuyant sur la carte de Cassini, les documents cadastraux, les actes notariés, les registres d’impositions, et des relevés systématiques sur le terrain.
Le dessin du moulin provient de "l’Ange gardien", bulletin paroissial du Poiré à l’époque.
5 Entretiens avec un membre de cette famille Remaud, fondatrice de "Saint-Pierre", début novembre 2019
6 Cette présence d’un souterrain a été attestée en 2019 par Claude Rocheteau de "la Nilière", qui exploita cette terre jusqu’en 1980.
7 Les éléments poussant à cette conclusion sont donc : la topographie (rupture de pente en haut de versant, et donc lieu d’affleurement de source), la présence de matériaux ayant pu servir à d’anciennes constructions, l’existence d’un souterrain (qui en des temps lointains a pu être un refuge pour les habitants en période d’insécurité), un toponyme caractéristique d’un lieu proche d’habitations.
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