Jeanne-d'Arc
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La marque locale d'une héroïne nationale
Le village de "Jeanne-d’Arc" fut créé après 1912 par le dédoublement de la métairie de "la Haute Berthelière" qui s’étendait alors sur 44 ha. Quand la guerre éclata en 1914, il ne restait plus qu’à en couvrir la grange-étable ; il fallut attendre cinq ans plus tard pour que cela se fît1.
Vue aérienne en 2014 (720 x 520 m) du village de "Jeanne-d’Arc"
et de celui de "la Berthelière"
à partir duquel il fut créé à la veille de la guerre de 1914.
Sa grange-étable qui ne fut recouverte qu’après la fin de cette guerre.
La statue (hauteur = 1,25 m) installée autrefois dans l’église du Poiré,
et se trouvant désormais dans un local du presbytère.
Bien qu’on ignore comment son nom fut donné au village, cela est probablement à mettre en rapport avec la popularité croissante de la figure de Jeanne d’Arc depuis les années 1860. A cette époque, des "libres penseurs" comme Jules Michelet ou Jules Quicherat voulaient faire d’elle une sorte de "sainte laïque", afin de concurrencer l’influence de la hiérarchie catholique dont des membres avaient eu, 450 ans plus tôt, un rôle peu glorieux dans la mort de Jeanne. Face à eux, l’Eglise de France s’efforça de mettre en avant sa vie exemplaire : en 1894 Jeanne était déclarée vénérable ; quand le village fut créé elle venait d’être béatifiée en 1909 ; et en 1920 elle sera canonisée (pour l’exemplarité de sa vie spirituelle, et non "pour avoir bouté les Anglais hors de France"). Cette popularité a aussi été la conséquence de l’essor du nationalisme français durant la Révolution et que les défaites de 1814-1815 puis de 1870-1871 renforcèrent ; cet essor contribua à lui donner le statut d’héroïne nationale qui ne lui était pas reconnu par tous auparavant2. Au Poiré, une statue d’elle fut installée dans l’église après la guerre de 1914-1918.
Non seulement le nouveau village reçut le nom de "Jeanne-d’Arc" mais, en accord avec ce nom, un certain nombre de parcelles qui lui sont contiguës (YN 23 à 29 du cadastre de 2020) furent rebaptisées pour être appelées "la Pucelle".
Depuis 1914, quatre générations de Martineau se sont succédé à "Jeanne-d’Arc". Ils en sont devenus propriétaires en 1971. Progressivement la surface qu’ils exploitaient est passée de 22 ha à 60 ha, par la prise en location de terres rendues vacantes par la disparition de fermes voisines, en particulier à "la Berthelière" toute proche.
Pour cause de départ en retraite, l’année 2017 aura été la dernière de la ferme de "Jeanne-d’Arc", les terres qu’elle exploitait étant reprises par différents agriculteurs voisins.
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1850-1950 : la création des grange étables "traditionnelles"
La grange-étable de "Jeanne-d’Arc" est représentative des granges-étables traditionnelles, dont l’origine remonte au milieu du XIXe siècle, et dont la dernière à être construite localement le fut un peu avant 1960, au "moulin des Oranges".
Olivier Dugast en fait la description dans son inventaire exhaustif du bâti agricole du Poiré :
"Cette grange-étable est le bâtiment d’exploitation par excellence. Son plan est carré avec une couverture en tuile à deux pans. La partie centrale, était la grange proprement dite. On y stockait la paille, le foin, les fourrages et le matériel agricole de la ferme. Au fil du temps, sa hauteur s’est élevée avec l’accroissement de l’importance de l’élevage dans la production. De part et d’autre étaient disposées les étables, sauf pour les exploitations les plus petites qui n’en ont que d’un côté. Les murs de refend sont percés de baies pour jeter directement le foin dans les mangeoires ; dans certains cas ils s’arrêtent à 2 mètres, voire disparaissent entièrement, prolongés ou remplacés par des poteaux supportant la charpente."3
Les différents types de structures intérieures des granges-étables à nef centrale
inventoriées sur le Poiré par Olivier Dugast3
Celle de "Jeanne-d’Arc" est une grange-étable asymétrique
avec une seule étable latérale.
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Notes, sources et références...
(sauf mentions contraires, illustrations et texte sont dus à M. Mignet)
1 Anecdote rapportée dans les années 1970 par le forgeron Marcel Lorvoire (1920-2001) qui, sa vie durant, exerça son métier sur "Jeanne-d’Arc" et les autres villages de ce secteur du Poiré.
2 Pour connaître l’essentiel de la vie de Jeanne d’Arc, à qui le village doit son nom, ainsi que les prolongements innombrables et variés de son histoire post mortem, on se reportera aux notices "la Vie aventureuse de Jeanne d’Arc" et "Jeanne persiste et signe", avec leurs nombreux liens internes sur les sources de son époque, sa filmographie au grand et au petit écran, les mystères et autres énigmes créés sur sa vie, etc.
2 Pour connaître l’essentiel de la vie de Jeanne-d’Arc, à qui le village doit son nom, ainsi que les prolongements innombrables post mortem de son histoire, on se reportera aux notices "la Vie aventureuse de Jeanne d’Arc" et "Jeanne persiste et signe", mises en lignes sur le site "Montaigu-en-Vendée", avec leurs nombreux liens internes renvoyant aux sources de son époque, à sa filmographie tant au grand qu’au petit écran, aux mystères et autres énigmes qui se sont greffés sur sa vie, etc.
3 Dugast (Olivier), Le devenir du bâti ancien dans le Bocage de Vendée à travers l’exemple du Poiré-sur-Vie, 1996, p. 53-57. Voir aussi les études complémentaires faites par Geneviève Renard-Romieux : "L’Architecture rurale. Un patrimoine en constante évolution", collection Patrimoine de Poitou-Charentes, 1999, p. 167-235 ; ainsi que "La Ferme réinventée. Constructions agricoles du XIXe siècle", par Jean-Philippe Garric et Valérie Nègre, collection Patrimoine de Loire-Atlantique, 2001, 160 p. Plus généralement sur l’architecture locale, voir les voir les publications du Conseil d'Architecture, d'Urbanisme et de l'Environnement de la Vendée (CAUE 85), dont la série "Bien construire…" et pour le Poiré plus particulièrement : Bien construire entre Maine et Vie, par Patricia Jaunet (2014, 92 p.).
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