le Courtin
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Un cours d'eau au nom trop oublié
"Le Courtin" ou "Cortin" est un ruisseau qui forme la limite entre le Poiré et Aizenay. Son nom apparait dans les actes notariés anciens, dans la Chronique paroissiale du Poiré, et il est utilisé depuis toujours par les familles habitant les villages situés à sa proximité1. Cependant, les cartes, plus récentes, lui donnent successivement d’amont en aval les noms de "ruisseau de la Fosse des Brandes", de "ruisseau des Landes", de "ruisseau de la Guerlerie", de "ruisseau de la Micherie". Elles reprennent en cela les nouveaux noms inventés au début du XIXe siècle par ceux qui levèrent les plans du premier cadastre.
Le sous-bassin versant du "Courtin" (ou "ruisseau de la Micherie")
parmi les autres sous-bassins du haut cours de "la Vie"
(environ 15,70 x 13,25 km)2.
En haut, le vallon du "Courtin" en aval de "la Micherie",
et en bas, au niveau de "l’Audardière".
Il est un affluent de gauche de "la Vie" dans laquelle il se jette dans les bas de "la Micherie" et de "la Moissandière". D’une longueur d’environ 7,88 km, il prend, officiellement, sa source dans l’ancienne "Tasse aux Trois Curés" qui était le point de rencontre des paroisses du Poiré, de la Genétouze et d’Aizenay, et que le remembrement a fait disparaître.
Dans sa partie amont, son lit a été recalibré en 1995 et est localement encore bordé d’arbres.
Sa partie aval présente plus de pente et un environnement vallonné. Ses berges y ont conservé ou retrouvé un caractère ensauvagé, et ses versants, souvent boisés, sont fréquentés à l’occasion par des chevreuils et des sangliers. Il va en s’élargissant à partir de la pêcherie de l’étang de "la Mégrière".
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"Le Courtin", son SAGE et sa ZNIEFF
La vallée du "Courtin" faisant partie du bassin versant de la vallée de "la Vie" est couverte par un "Schéma d'Aménagement et de Gestion des Eaux" : le "SAGE" du bassin de la vallée de la Vie et du Jaunay, l’un des huit couvrant la totalité de la Vendée, l’île d’Yeu mise à part. Démarré en 2004, il a été approuvé en 2011. Pour la vallée du "Courtin", le but est d’y préserver la qualité de l’eau et des milieux naturels des coteaux proches du lit du ruisseau.
Les 476 ha de la Zone Naturelle d'Intérêt Écologique, Faunistique et Floristique (Z.N.I.E.F.F.)
de la vallée de "la Vie" et du "Courtin" (ou de "la Micherie")
entre la Chapelle-Palluau et le Poiré-sur-Vie.
L’Inventaire National du Patrimoine Naturel a défini dans ce secteur aval, une Zone Naturelle d'Intérêt Écologique, Faunistique et Floristique le long de la vallée du Courtin et de la partie proche de la vallée la Vie. Cette Z.N.I.E.F.F. est de type II, c’est-à-dire recouvrant "des espaces qui intègrent des ensembles naturels fonctionnels et paysagers, possédant une cohésion élevée et plus riches que les milieux alentours". Cela a abouti à un inventaire des espèces et de leurs habitats, à valeur informative.
Y a été relevée la présence de 138 espèces remarquables : 101 espèces végétales (95 plantes angiospermes, 6 fougères) et 37 espèces animales (5 mammifères, 10 insectes, 20 oiseaux, 1 poisson, 1 reptile). 35 espèces étant qualifiées "déterminantes" et 103 espèces autres, et sur la totalité, 32 à statut réglementé3.
Quelques espèces remarquables de la flore3 présentes en 2017
sur la Zone Naturelle d'Intérêt Écologique, Faunistique et Floristique
de la vallée du Courtin et de la Vie :
(de gauche à droite et de haut en bas)
Asperge officinale (Asparagus officinalis), Herbe aux aulx (Alliaria petiolata),
Herbe à Robert (Geranium robertianum), Œil-de-perdrix (Lychnis flos-cuculi),
Racine-vierge (Bryonia cretica subsp.dioica), Petite lentille d'eau (Lemna minor),
Œnanthe aquatique (Œnanthe aquatica), Lierre terrestre (Glechoma hederacea),
Linaire commune (Linaria vulgaris).
Quelques espèces remarquables de la faune3 présentes en 2017
sur la Zone Naturelle d'Intérêt Écologique, Faunistique et Floristique
de la vallée du Courtin et de la Vie :
(de gauche à droite et de haut en bas)
Bouvreuil pivoine (Pyrrhula pyrrhula), Campagnol amphibie (Arvicola sapidus),
Thècle du Bouleau (Thecla betulae), Huppe fasciée (Frangula dodonei),
Cordulie bronzée (Cordulia aenea), Genette commune (Genetta genetta),
Grand Capricorne (Cerambyx cerdo), Putois d'Europe / Furet (Mustela putorius),
Pie-grièche écorcheur (Lanius collurio).
et, en diaporama, la totalité de cet inventaire floristique et faunistique3 :
Cliquer sur l'image pour ouvrir le diaporama
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Les moulins à eau de l’Aubier et du Pré franc
En 1847-1850, Pierre Gendreau, mettant à profit la pente du "Courtin" en contrebas de son village de "la Micherie", décida d’édifier sur la rive gauche du ruisseau (c’est-à-dire sur la commune d’Aizenay). un moulin à eau connu sous le nom de "moulin de l’Aubier"4. Un barrage de 42 m de long, constitué par un "mur de garde" avec "déversoir" et "pertuis de décharge", créait un petit réservoir, et un dénivelé de 1,35 m permettant de faire tourner sa roue5. A la fin des années 1880, ce moulin et son terrain furent vendus 140 F, ce qui laisse entendre que son activité avait cessé, bien qu’il soit toujours symbolisé sur les "cartes d’état-major, améliorée" de 1950.
Localisation des moulins à eau sur le "Courtin"4
(environ 2,7 x 2 km).
Plan (environ 108 x 75 m), en 1849, du projet de "moulin de l’Aubier"
en contrebas de "la Micherie".
avec des vues en 2017 : de son emplacement sur "le Courtin",
et de quelques-uns de ses rares restes.
En 1867-1869, Baptiste Gendreau, meunier du moulin à vent de "l’Audardière", projeta lui aussi d’installer un moulin à eau sur "le Courtin", toujours sur la rive gauche, c’est-à-dire sur la commune d’Aizenay, mais à faible distance de son village. Les plans furent levés en 1867, et en janvier 1869 il était achevé5. En 1880, ce "moulin du Pré franc" connut des aménagements, et en 1893, on le trouve équipé d’une machine à vapeur. Son existence a cependant dû être brève car en 2017 la mémoire locale n’en avait conservé aucun souvenir, et au début du XXIe siècle, il n’en restait pas de traces dans le ruisseau dont le cours avait été un peu modifié.
Cependant, devant le "moulin à Elise" près du bourg du Poiré, se trouve une pierre cylindrique et trouée (diamètre 113 cm, épaisseur 47 cm), qui aurait été rapportée, dit-on, des contrebas de "la Bazerière", et qui pourrait être un élément de meule de ce moulin6.
Vue aérienne en 2014 et plan en 1867 (environ 200 x 120 m),
localisant le barrage du "moulin à eau du Pré franc"
sur "le Courtin", avec un dessin en 1867 de ses vannes et de son déversoir ;
et en 2017, une vue du ruisseau à l’emplacement du moulin.
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Notes, sources et références
(sauf mentions contraires, illustrations et texte sont dus à M. Mignet)
1 Parmi ceux qui depuis toujours par ancêtres interposés utilisaient ce nom, on se limitera à citer Marie-Josèphe Perrocheau, née Bossard en 1935 à "l’Audardière", où sa famille vivait en 2019 depuis plus de deux siècles et demi.
2 Carte provenant de "l’Etat des lieux - Documents", du Schéma d'Aménagement et de Gestion des Eaux (SAGE) de la Vie et du Jaunay, 2005.
3 Cf. la liste des 138 espèces animales et végétales particulières "déterminantes", "autres" et "à statut réglementé" inventoriées dans la Zone naturelle d'Intérêt Ecologique, Faunistique et Floristique de la vallée de "la Vie" au Poiré-sur-Vie. Exceptionnellement, les photos illustrant chacune de ces espèces, proviennent d’origines diverses et sont, a priori, libres de droits d’auteur.
4 Cf. la "carte d’état-major améliorée", en ligne sur Géoportail, le site de l’Institut Géographique National. Elle est globalement datée de 1950, mais ses mises à jour, effectuées que de loin, sont d’une fiabilité relative.
5 Demandes d’autorisations d’installations de moulins sur "le ruisseau de la Micherie" en 1849 et en 1867, dans le dossier des constructions, modifications et démolitions de moulins (Arch. dép. de la Vendée : S 1266 ; dont les plans : SS 1266/1/2/3/4/5/6).
Un des petits-fils de Pierre Gendreau, le fondateur du "moulin de l’Aubier", est resté dans les mémoires locales : Pierre-Marie Gendreau (1850-1935). Né comme ses père et grand-père à "la Micherie", il partit pour le Tonkin comme prêtre missionnaire en 1873, c’est-à-dire bien avant que la colonisation de cette région soit décidée par Jules Ferry. En 1892 il y deviendra évêque de Hanoï, ville où il mourra 43 ans plus tard… Une rue porte son nom à Aizenay, et il est représenté sur un des vitraux de l’église des Lucs.
6 La pierre se trouvant en 2019 devant l’ancien "moulin à Elise", et qui pourrait provenir de l’ancien "moulin à eau du Pré franc" près de "l’Audardière" : :
(diamètre : 113 cm ; épaisseur : 47 cm ; trou : 9 x 9 cm)
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