Saint-Etienne-du-Bois
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Saint-Etienne-du-Bois, commune du canton traditionnel de Palluau fait partie depuis 2016 de la Communauté de communes "Vie et Boulogne". La connaissance de la vie actuelle de la commune passe essentiellement par son site officiel. Les pages qui suivent et celles qui suivront s’efforceront seulement de présenter quelques éléments de son histoire.
Parmi les descriptions anciennes de Saint-Etienne, on trouve celle faite en 1780 par Jean-Baptiste Ogée (1728-1789) dans son Dictionnaire historique et géographique, de la province de Bretagne, t. 4, 1780, p. 214-215 :
SAINT-ETIENNE-DU-BOIS ; dans les Basses-Marches, à 32 lieues de Rennes. Cette paroisse, qui est dans l'Evêché de Luçon, dépend, comme toutes celles qui se trouvent dans les Marches, des Gouvernements de Poitou & de Bretagne, & fait partie du Comté de Nantes. Elle compte 2400 communiants. La Seigneurie appartient à M. d’Asnières, Seigneur de Palluau.
Le territoire, coupé de quelques ruisseaux, offre à la vue des coteaux, des vallons, différents points de vue très agréables, des terres en labeur très fertiles, de bonnes prairies, des vignes, quelques bois de peu d'étendue, & des landes en quantité. Je dois une justice aux habitants du pays, & surtout aux agriculteurs : ils ont le talent précieux de fertiliser leurs terres ; elles produisent, par leurs soins, des moissons abondantes ; mais un préjugé malheureux les empêche de se livrer aux défrichements.
Ils ne peuvent s'imaginer que ces landes immenses, qu'ils ont sous les yeux, puissent les récompenser de leurs travaux ; idée pernicieuse, qui, transmise de père en fils, détruit l'émulation la plus utile. Cette opinion leur est commune avec la plus grande partie de nos laboureurs ; mais l'expérience en a démontré le peu de fondement. Dix mille journaux de terrain, restés sans culture & sans valeur depuis sept à huit siècles, sont aujourd'hui une source de richesses pour ceux qui ont pris la peine de les cultiver. Ils ne promettaient pas cependant des avantages bien flatteurs, mais ils ont plus donné qu'on n'osait l'espérer. La nature ne fait, rien d'inutile ; elle est toujours active, & elle répond presque toujours à des soins opiniâtres & à des travaux intelligents. Ne soyons pourtant pas injustes : c'est moins au simple laboureur qu'il faut s'en prendre, qu'aux Seigneurs & aux riches particuliers propriétaires des fonds ; & si l'on doit s'étonner de quelque chose, c'est que des personnes instruites, dont une éducation sage a rectifié le jugement, qui ont des connaissances étendues, loin de s'attacher à détruire des préjugés nuisibles, contribuent à les accréditer parmi les rustiques villageois.
Nous terminerons ces réflexions par une vérité aujourd'hui généralement reconnue, c'est que les landes n'ont presque aucune valeur, & que de toutes celles qu'on a défrichées on n'en a trouvé aucune dont le sol n'ait pas répondu aux soins du cultivateur : les unes ont produit & produisent annuellement d'abondantes moissons, les autres ont fait de belles prairies, & celles qui n'ont pu remplir ces deux premiers objets d'utilité, ont été plantées en bois. Les habitants de Saint-Etienne sont assez généralement aisés. Les privilèges dont ils jouissent, la fertilité de leurs terres, un pays charmant, un air pur, rendent leur condition fortunée, & ils n'auraient rien à envier à leurs voisins, s'ils avaient le courage de défricher leurs terres incultes, & de forcer la nature à leur prodiguer ses trésors.
Le maître-autel de l'Eglise paroissiale est très beau : c'est l'ouvrage d'un excellent sculpteur, nommé le Sueur.
La Seigneurie de Rochequairie appartient à M. de Rochequairie, Seigneur de la Motte-Glain : elle a droit de banc dans l'Eglise du côté de l'Epître. Le fief noble de Bellenoue appartient à M. Savin de Bellenoue, bourgeois de l'endroit. Il se peut faire qu'il y ait dans la paroisse d'autres terres nobles que nous ne connaissons pas.
On remarquera que par "communiants", il faut entendre la population âgée de 12 ans et plus, et une douzaine d’années plus tard, le dénombrement de 1791 donne 3040 habitants à la commune (Arch. dép. de la Vendée : 1 Mi 39 et Arch. nat. : D IVbis 53).
Quant à l’appartenance de Saint-Etienne-du-Bois aux Basses Marches communes de Bretagne et de Poitou, elle fait que celui-ci n’appartenait ni à la Bretagne ni au Poitou. Ces Basses Marches communes de Bretagne et de Poitou étaient partagées en deux groupes de paroisses ou de portions de paroisses : le "climat de Machecoul" et le "climat de Legé". Ce dernier se caractérisait, à l’exception de Saint-Etienne-du-Bois, par la multitude de statuts juridiques de ses territoires. L’existence de ces Marches est attestées dès la fin du Xe siècle cependant, pour Jean Ogée, dans l’article qu’il consacre à l’histoire de Nantes dans le tome 3 de son Dictionnaire (pages 12-13), leur origine est à faire remonter aux débuts de l’indépendance de la Bretagne, au temps du semi-légendaire Conan Mériadec († 421). Pour l’histoire et les particularités des Marches de Bretagne et de Poitou, et plus spécialement des Marches communes, on se reportera aux autres pages les concernant : "843 / 844 : rivalités entre Bretons et Francs près de Montaigu", "1789 (mars/avril) - Assemblée des Marches communes du Poitou et de Bretagne", ainsi que fugitivement à "1637 - Dubuisson-Aubenay excursionne à Montaigu".
Saint-Etienne-du-Bois dans le "climat" de Legé, des Basses Marches de Bretagne et de Poitou, avant 1789
(selon Michel Pressencé, in Armorial des villes de Vendée, 1989, p. 78-79, avec l’autorisation de l’auteur).
Avec, en tireté les modifications de limites de communes, et parmi les numéros portés sur la carte :
- en 9 le Fief du Bois-Chevalier, en 10 la Guilbaudière, et en 11 la Basse Parnière
sont des enclaves nobles de la Bretagne dans les Marches communes,
- avec en 8 la Patricière, une enclave marchetonne dans le Fief du Bois-Chevalier ;
- en 12 la Peaudouère est une enclave des Marches avantagères du Poitou dans les Marches communes ;
- en 13 la Marche (commune) du Retail fit partie des Lucs-sur-Boulogne jusqu'en 1861
(avec en 14 la Sorinière alias la Maulière qui était une enclave des Marches avantagères du Poitou) ;
- en 15, 16 et 17, différentes parties de Grand'landes, réunies en 1861 ou à Touvois ou à Legé ;
- en 18, des parcelles alors de Saint-Etienne-du-Bois, faisant partie du Poitou avant 1789.
A partir des registres paroissiaux et de l'état-civil, des archives paroissiales et communales, des registres des délibérations municipales, d'inventaires divers, le fascicule "Saint-Etienne-du-Bois d'hier à aujourd'hui", écrit anonymement dans les années 1990, a proposé en 44 pages divers aspects de l'histoire de la commune.
A propos de ses origines, il évoque sur des bases et pour des interprétations incertaines...
"l'existence d'un tumulus , dont on voyait encore les vestiges en 1884, près du village de la Galerie. Ce tumulus était peut-être un tombeau. il était entouré autrefois d'un fossé large et profond [et] des découvertes faites en creusant les fouilles de la nouvelle église : celles d'un certain nombre de vases de terre à formes diverses, remplis de charbon de bois [...] les petits trous réguliers pratiqués à leur partie supérieure et le charbon qu'ils contenaient indiquant suffisamment leur destination : c'était des vases à parfum semblables à ceux placés dans les tombeaux à l'époque gallo-romaine..."
...ainsi que, dans la partie la plus rapprochée de la partie du bourg appelée "Sain Coin", des sortes de cuves rondes, au nombre de quatre, creusées dans le rocher, d'environ deux mètres de diamètre et 0,50 à 0,75 m de profondeur, avec des degrés circulaires descendant au fond... et qui sont présentées comme ayant pu dater de cette même époque gallo-romaine.
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Dans les pages qui suivent, sont (seront) présentées :
• la Chronique paroissiale de Saint Etienne-du-Bois, d’Eugène Aillery, écrite peu avant 1850
• les Seigneurs de Rochequairie depuis 1385
• le rôle social de la confrérie de la Charité autour des années 1740
• la fabrique de Saint-Etienne au XVIIIe siècle
• la Mission et le Calvaire de 1762 à Saint-Etienne-du-Bois
• les habitants de Saint-Etienne-du-Bois face aux révolutionnaires
• 1793-1794 : incendies et massacres dans les villages de Saint-Etienne, rapportés par la mémoire populaire
• Saint-Etienne-du-Bois en 1794-1795 et en 1796-1799
• 1900, la construction d'une nouvelle église à saint Etienne-du-Bois
• la population de Saint Etienne par villages en 1826, en 1926 et en 1968
• 1938 : le Bulletin paroissial de Saint-Etienne-du-Bois condamne le régime nazi
• les croix et calvaires de Saint Etienne-du-Bois
• …
Quelques vues de Saint-Etienne-du-Bois vers 1910.
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