1637 - Dubuisson-Aubenay excursionne à Montaigu
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Cette page est l'une de : Les efforts de redressement du XVIIe siècle (1598-1711), chapitre qui devrait être à terme constitué au moins des parties qui suivent, elles-mêmes susceptibles d’évoluer au fil du temps…
• 1600 : construction de la "maison de la Sénéchaussée" de Montaigu
• 1613 : les chanoines de Saint-Maurice édifient une nouvelle collégiale
• 1626-1792 : naissance et mort du couvent Notre-Dame de Saint-Sauveur, de Montaigu
• 1630-1639 : un nouveau Temple protestant est construit à Montaigu
• 1637 : Fr.-N. Dubuisson-Aubenay excursionne à Montaigu et dans les Marches du Poitou et de Bretagne
- 1667 : Gilles de La Roche Saint-André, un des deux chefs d'escadre du Royaume
- 1680-1705 : le Marquis de Crux réorganise l’enseignement à Montaigu
• 1696 : "l’Aumônerie de Montaigu" devient "Hôpital de Montaigu"
- 1711 : passage de Louis-Marie Grignion de Montfort à Montaigu
L'insertion de ces différentes parties ne se fera que progressivement. En cas d’utilisation de ces pages, y compris d’extraits, il va de soi qu'on en citera l’origine, l’auteur, et la date à laquelle elles ont été consultées. Enfin, toute remarque sur ce qu'elles contiennent (ou ne contiennent pas), sera la bienvenue (cf. "Contact").
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- 1637 (février) : François-Nicolas Dubuisson-Aubenay excursionne
à Montaigu et dans les Marches de Bretagne et du Poitou -
François-Nicolas Baudot, seigneur du Buisson et d’Ambenay, dit "Dubuisson-Aubenay" (1590-1652) fut ce qu’on appellerait aujourd’hui un haut fonctionnaire, qui servit tantôt dans les services d’intendance aux armées, tantôt dans l’administration interne du royaume, tantôt dans des missions diplomatiques, ce qui le fit beaucoup voyager en France et en Europe. A la mi-novembre 1636, il arrivait à Nantes ; il était l’un des secrétaires accompagnant Jean d'Estampes de Valençay, commissaire du Roi auprès des Etats de Bretagne qui allaient se tenir dans la ville du 17 décembre 1636 au 1er février 1637. Il profita de ce séjour pour effectuer plusieurs déplacements dans la province, dont quatre "excursions" au sud de Nantes.
En 1646-1647, il rédigea son "Itinéraire de Bretagne en 1636" à partir de ses notes, un récit des différents voyages qu’il avait fait à travers le duché, complété par des "Documents et Remarques". Ce manuscrit sera édité, pour la première fois et en deux temps, en 1898 et en 1902 dans deux numéros de la revue nantaise Archives de Bretagne, par l’archiviste Paul de Berthou, l’historien de Clisson. Une nouvelle édition, abondamment et judicieusement illustrée, en a été réalisée en 2006 : "la Bretagne d'après l'Itinéraire de Monsieur Dubuisson-Aubenay".
Lors de "l’excursion" qu’il fit, du 6 au 10 février 1637, "sur le Chemin de Nantes aux Marches de Bretagne, Poitou et Anjou", il arriva le vendredi 6 février au soir à Vieillevigne où il fit étape, le lendemain il était à Montaigu et, le soir du 8 à l’Échasserie (de la Bruffière), le 9 il arrivait à Clisson, et il était de retour à Nantes le mardi 10 février 1637 en fin de journée.
Cette "excursion" apporte une description unique de Montaigu et de ses environs à cette époque.
Itinéraire de Fr.-N. Dubuisson-Aubenay sur un extrait d’une carte du Poitou de 1626,
qui souligne l’importance des ponts sur la Sèvre et sur la Maine,
à pont Rousseau, Tiffauges et Clisson, ou autour de Montaigu.
L’extrait qui suit provient du tome 2, pages 160 à 179, de l’édition de 1902. Il commence à la 2e journée (7 février 1637) du voyage de François-Nicolas Nicolas Dubuisson-Aubenay. En raison de leur grand intérêt et malgré leur longueur, les notes et commentaires ajoutés au texte par Paul de Berthou ont été conservés1.
[…]
De Villeneuve vous passez la rivière de l’Ognon, ou à gué au-dessous de l'abbaye, ou un quart de lieue au-dessus, au Pont-Neuf2, et allez par Montbert, bourgade au sieur de Vieillevigne, à une autre bourgade qui est grosse et une fort grande paroisse et où il y a aussi une chapelle de Saint-Thomas à part3, dite Vieillevigne, je crois à cause que de tout temps cela est planté de vignobles qui portent vin blanc, le meilleur de tout le Nantais.
Un quart de lieue à côté droit, vers midi, est le château du même nom, appartenant à Gabriel de Machecoul4 qui a épousé une femme d'Avaugour Kergrois, héritière de feu sieur de Kergrois, aîné de cette maison d'Avaugour Kergrois, dont les armes sont d'argent au chef de gueules, qui est l'ancien Avaugour, à la macle d'or, qui est de Kergrois, pour brisure. Celles de Machecoul sont en Villeneuve.
Au seigneur de Villeneuve appartient, à cause de sa terre de Bougon5 là voisine, le lac de Grandlieu6 où jadis était la cité d’Herbauges, civitas Herbedilla en la vie de saint Martin de Vertou. Il a sept lieues de circuit et reçoit les rivières de la Marne7, Boulogne8 et l’Ognon, puis se décharge en Loire, à Vue, par un canal de quatre lieues, navigable9.
Ils ont quarante mille livres de rente en cette maison de Vieillevigne, et sont huguenots tenant prêche à tous les huguenots du voisinage, Bretagne et Poitou ; car ils sont sur la fin frontière.
La maison est assise en une plaine, avec basse cour et avant cour entourées de fossés à eau ; puis le logis de deux pavillons, à dessin de quatre.
A vue des fenêtres, le jardin ; puis un jeu de longue paume et, le long d'un bois de haute fûtaie, un pail mail10, au bout occidental duquel traverse le ruisseau des Erres11 qui sépare la Bretagne du Poitou. Il vient de 3 ou 4 lieues vers Orient, passer à la Grolle12, paroisse et gentilhommière à vue et ouïe de cloches, au-dessus du château de Vieillevigne, passant entre les deux et les arrosant, celle-ci de sa rive droite en Bretagne, et la Grolle de sa gauche en Poitou où ils payent la taille13. Il a son lit fort bas et enfoncé (comme il est étroit et se remplit par inondations), et enfin à Bouaine14, une lieue plus bas que le château de Vieillevigne, sans approcher davantage du bourg, influe en la rivière de Boulogne ou Boleigne qui le charrie au lac de Grandlieu.
A 3,5 km au sud-ouest du bourg de Vieillevigne en Bretagne et à la limite du Poitou,
le château où Dubuisson-Aubenay fit étape le 6 février 1637 :
sur le plan cadastral de 1822 ; environ 515 x 275 m (avec le nord à droite),
et sur une vue aérienne de 2014 de mêmes dimensions (avec le nord en haut).
Le blason est celui de ses seigneurs, les La Lande de Machecoul,
qui, en 1633, avaient acheté la baronnie de Montaigu.
De Vieillevigne à l'Abrègement, rectius et verius [ plus justement et plus vraisemblablement ] Hébergement-Entier, il y a une lieue par à travers Saint-André-des-Treize-Voyx ou Voyes, petit bourg de six maisons assemblées.
En ce lieu il y a un bureau des traites foraines, et c'est Poitou qui commence, environ à moitié chemin de Saint-André. C'est un bourg et paroisse. A une mousquetade à côté, est le château du seigneur de l'Herbergement, dit le Bois-de-Cholet, où est un étang que l'on assèche parfois et laboure, afin que le poisson en soit puis après meilleur. Et les eaux qui le nourrissent ne laissent pas de couler par fossés et rigoles qui sont à côtés du dit étang, étant nées et issues dans ce même quartier.
Ce sont les principes et premières eaux de la rivière de l’Ognon qui de là s'en va passer à demi lieue, à Saint-André-de-Treize-Voyes, et n'est qu'un ruisseau en cet endroit ; puis, à autre demi lieue, passe au bourg de Vieillevigne, et de là au-dessous de Montbert, une lieue ; puis par le Pont-Neuf qui est de bois, vient, au bout d'une lieue, passer le long de l'abbaye de Villeneuve sise sur la rive droite, et de là, une lieue plus bas, entre au lac de Grandlieu.
L'une qui passe au côté droit du bourg, vient des Herbiers, quatre lieues loin, par Bazoges et pont Lejay15, passe à côté de Saint-Georges et au-dessous, où finit le coteau, passe sous le pont de Boisseau, pont à quatre arches rondes de pierre, sans garde-fous, et, à la portée de l'arbalète au-dessous, se mêle avec l'autre Mayne16.
Celle-ci vient des Essarts, trois lieues loin, passe à Chavagnes et puis à côté gauche de Saint-Georges, et influe dans l’autre Mayne, à un moulin17 qui est un trait d'arbalète au-dessous du pont de Boisseau. Parce qu'elle passe par un tènement dit le Bouvereau, beaucoup de gens l'appellent la rivière du Bouvereau18.
Ces deux Mayne, devenues une, vont passer au Pont-Neuf, de 4 ou 5 arcades de pierre sans garde-fous, au-dessous du faubourg Saint-Jacques de Montaigu, puis au fin pied et bas du château de Montaigu planté élevé sur la rive droite, et, entre lui et le faubourg Saint-Nicolas, au pont de Saint-Nicolas, de deux grandes arches rondes de pierre et de deux autres couvertes de planches.
Entre ces deux ponts, Neuf et de Saint-Nicolas, et à l'issue du premier fossé du château, elle reçoit la petite rivière ci-après décrite, dite d'Asson, à cause d'une gentilhommière19 à deux lieues de là, dont elle vient, ou d'Ortèze20, à cause d'un tènement d'héritage dont elle vient, qui a nom ainsi.
Suivant là dessous où le fossé de la muraille australe de la ville de Montaigu, cette rivière d’Asson ou d’Ortèze passe par dessous une arche carrée de pierre, dans le côté austral des fossés du château, d'où elle ressort par dessous une chaussée de fausse braie revêtue de pierre, et tombe en Mayne qui la charrie à Remouillé et de là à Château-Thébaud, puis à Saint-Fiacre ; et, demi lieue au-dessous, influe en Sèvre, au-dessous de la gentilhommière du Coin Saint-Fiacre21, ainsi dite, ce me semble, pour être située dans le coin, in ancorre et angulo [ dans la courbure et l'angle ], c'est-à-dire en l'angle et pointe de terre entre les dites deux rivières confluentes. Cela est fort peu d'espace au-dessus de Vertou.
Mais, pour revenir à Saint-Georges, c'est un bourg avec une fort grande paroisse de Notre-Dame22, et un prieuré tout joignant, de l'ordre de Saint Benoît, qui fut bâti par saint Martin de Vertou, vers l'an 580.
La vie de ce saint ajoute qu'il y bâtit aussi un monastère de femmes, dont personne sur les lieux n'a aucune tradition. Ce pourrait bien avoir été où de présent est la paroisse susdite de Notre-Dame23.
Sa vie24, contenue en un manuscrit en parchemin grand du prieuré de Saint-Jacques-de-Pirmil de Nantes, porte ceci :
"Itaque dum pro pro lucrandîs Christo fidelium animabus diversum sollicitus abiret, Durivum venit" (aliis Durinum, Durvin et Durivuum25, ut varie varii dum loquuntur. Vide hic infra, ad finem). Hoc in loco Martinus idem duo ædificarat cœnobia, quorum unum virorum insignibant agmina, aliud sane sanctimonialium gubernabatur caterva".
[ C'est pourquoi alors que, sollicité de divers côtés, il s'en allait pour gagner au Christ des âmes de fidèles, il arriva à Durivum (pour d'autres Durin, Durinum). Là dans ce lieu Martin fonda deux monastères, dont des foules d'hommes rendaient l'un remarquable, l'autre était conduit par une troupe de religieuses. ]
Celui d'hommes, qui est encore en être, est le lieu même où ce saint mourut, l'an 589. Son corps fut emporté par les moines de Vertou, d'où puis après il a été transporté à Saint-Jouin-de-Marnes, abbaye en Poitou, près Thouars, diocèse de Poitiers, dont dépendent et le prieuré de Saint-Jean-Baptiste de Vertou, et Saint-Georges-de-Montaigu qui est une prévôté.
En notre Saint-Georges il y a deux moines seulement26, et est le prieuré en la commande de Monsieur de Bourgmoyen Phélipeaux27, conseiller de la Grande Chambre de Paris, qui en tire 2500 livres de rente ou environ, tous frais faits. L'église du prieuré n'est pas fort antique28, mais il y a tout devant, une mazure de l'ancienne église dont il reste un pignon avec le trou de la porte, qui est d'ouvrage ressemblant le romain avec des chaines ou ceintures de large et plate brique. Ils l'appellent le portail de l'Image, et ont tradition que là était l'ancien monastère qui s'étendait jusqu’à l'église paroissiale de Notre-Dame29, entre l'église moderne du prieuré ou prévôté et l'habitation ou logis des moines.
Disent de plus que le bourg était une très grande ville30 dont, en travaillant aux vignes, on trouve encore tous les jours des mazures et fondements et des médailles de cuivre, et qu'elle s'appelait Durive, ou Durin ou Durvie, comme ils disent diversement.
On dit qu’à Mauléon en Poitou, en une abbaye dont l'archevêque de Bordeaux, de la maison de Sourdis31, est abbé, il y a force beaux titres manuscrits et enseignements de saint Martin de Vertou.
En dehors de la profonde modernisation, dans les années 1750,
du "grand chemin" de Nantes à la Rochelle,
peu de choses avaient changées autour de Montaigu entre 1637 et 1783/1786,
dates de l’excursion de Fr.-N. Dubuisson-Aubenay
et de la réalisation de cette feuille n°131 de la carte de Cassini.
Montaigu est ville, châtellenie et baronnie, et fut vendue en 163332 par Monsieur de la Trémoille33 à Monsieur de Vieillevigne qui en est le chemier34 ou seigneur dominant. Le chemier fait l'hommage au suzerain et prend ou reçoit des parageurs ou part prenant ou conseigneurs qui sont séparés en 23 parts35, dont M. de Vieillevigne en a douze et demie. Il fait l’hommage au vicomte de Thouars, à présent duc et pair36, et présente aux offices qui sont : sénéchal, seul juge, de 10 mille livres d'achat ; avocat fiscal, Monsieur Gabart sieur de la Crémière, avocat du roy aussi en l'élection de Mauléon dont est Montaigu, comme par accord.
Montaigu est du présidial de Poitiers, en cas d'appel de Thouars, quoique Thouars ait de soi ailleurs droit au parlement de Paris, comme pairie.
Les ruines du Château de Montaigu après son démantèlement en 1586
(dessin de la 1re moitié du XIXe siècle).
A droite, les restes de la "tour de l’Anguille" et du "Château-Gaillard" ;
en arrière-plan, le "pont Saint-Nicolas" sur la Maine,
menant à gauche au faubourg du même nom.
Le seigneur de Vieille Vigne a encore la part de Monsieur de Rohan37, qui lui coûte cinq mille écus ; le reste, 50 mille. Et cela vaut mille écus de rente. Mais il y a forêt38 et 18 paroisses, dont il y a 5 ou 6 châtellenies qui relèvent de la dite baronnie de Montaigu, ainsi appellée à cause de la situation sur un haut terrain rocheux. C'est au diocèse de Luçon.
Il y a deux faubourgs : Saint-Jacques39, où il y a prieuré et paroisse en une seule église de Saint-Jacques, possédés par deux personnes différentes, curé ou recteur (qui est en Poitou le même) et le prieur40.
Il y a aussi une commanderie de Sainte-Croix41, dépendant de la commanderie de Launay, et l’Aumônerie42 annexée à la chantrerie43 de Montaigu.
L’autre faubourg est Saint-Nicolas44, où il y a paroisse et fort petite.
Entre ces deux faubourgs est la rivière de Mayne qui a, au-dessus de la ville, un pont de pierre à 5 ou 6 belles arches rondes, dit le Pont-Neuf, sans garde-fous ; et puis, par dessous le faubourg Saint-Jacques, vient baigner le pied du château, où elle reçoit le ruisseau de l'Ortèze, à cause d'un tènement, ou vraiment d'Asson, à cause qu'elle prend sa source en étangs de la gentilhommière d'Asson, paroisse de la Boissière, deux lieues au-dessus de Montaigu qui, passant à côté de Treize-Septiers, bourg laissé sur la main droite, et vient, le long des murs et fossés du côté austral de la ville, jusque dessous un ponceau de pierre d'arche carrée, et encore parfois inondant par sous un autre pont de bois, entrer dans les douves du château qu'elle arrose du côté austro-occidental. Et en sort par sous une fausse braie fortifiée de pierre, pour tomber en la Mayne qui la reçoit et la charie au pont de Saint-Nicolas, de pierre, sans garde-fous, à deux grandes et rondes arches de pierre et à deux carrées couvertes de deux ponts-levis.
La ville est close de muraille, fossé et fortifications fort démolies, mais de belle assiette.
Le château est démoli 1586, et tout à fait en 158845, par les Nantais, au commencement de la Ligue. Mr de Vieillevigne y fait rebâtir un corps de logis et pavillon et démolir le reste qui était bonne place [voir ci-après, le plan de ce logis alors en cours de destruction, conservé aux Archives munici-pales de Nantes], avec donjon sur motte à part.
Il y a dans le château, mazure d'une chapelle46 jadis fondée en l'honneur de Notre Seigneur, Notre-Dame, saint Maurice, saint Denis et autres martyrs, le 12e décembre 1433, par Jean de Belleville, seigneur de Montaigu47, et Jean son fils aîné, sieur de Mirebeau, en la présence de révérend père en Dieu Monsieur Jehan évêque de Luçon48, et de Messire Jehan Macaire, sénéchal de Montaigu, signé J. Moreau et Grasmouton49.
Cela est porté en une grande lettre en parchemin, qu'ils appellent le rectum [ gouvernement ] de Saint Maurice parce que c'est une pièce contenant les autres pièces de fondation insérées là-dedans. Laquelle grande lettre est un acte ou visa des dites pièces, daté du 18e décembre l'an 143850, signé Le Jay, pour copie collationnée à l'original, un paraphe et un sceau pendant à un laqs de parchemin qui est rompu.
Plan du logis du château de Montaigu,
en cours de démolition lors du passage Fr.-N. Dubuisson-Aubenay, début février 1637
(nord à droite, Archives municipales de Nantes).
Les dimensions, indiquées en pieds, donnent une longueur de 38,6 m et une largeur de 15,9 m ;
la "vieille tour", en haut à gauche sur le plan, est l’ancienne "tour Richard".
Ce logis avait été construit par les La Trémoille au-dessus de la Maine après 1588,
remplaçant l’ancien logis dit "Hôtel de Bourbon",
qui avait été détruit lors du démantèlement du château en 1586.
Lorsqu’à la fin du XIXe siècle des travaux mirent au jour des soubassements de ce logis,
ceux-ci furent confondus par Charles Dugast-Matifeux
avec de possibles restes de l’ancien donjon du Château.
Or là-dedans est insérée la primitive fondation des 4 chapelains fondés en l'église de Saint-Jean, paroisse de Montaigu, par Louise de Châteaubriant, dame de Montaigu, femme de Guy de Laval51. Et ce par le consentement de "carissimi et dilectissimi domini Guydonis domini et mariti nostri, de benignitate et complacentia reverendi in Christo patris et domini domini Guydonis52 Dei gratta Lucionensis episcopi, et etiam venerabilis patris abbatis monasterii Sancti Jovini de Marnis, ordinis Sancti Benedicti, Pictavensis diœcesis" [ très cher et très aimé seigneur Guy, notre mari, avec la bénignité et la complaisance de révérend père en Christ et seigneur Guy par la grâce de Dieu évêque de Luçon, et aussi de vénérable père l'abbé du monastère de Saint-Jouin-de-Marnes, de l'ordre de saint Benoît, au diocèse de Poitiers ] (Saint-Jouin-des-Marnes, abbaye dont dépendent les églises collégiale et paroissiale de Montaigu, le prieuré paroisse de Saint-Jacques au faubourg, etc.), pour prier Dieu pour l'âme d'elle, de son mari et de ses parents, du consentement du curé ou recteur de la dite église paroissiale de Saint-Jean ; lesquelles quatre chapellenies elle fonda l'une après l'autre, sur biens particuliers.
"Datum et actum die XXIIa junii, anno Domini 1356"
[ Donné et fait le 22 juin, l'an du Seigneur 1356 ].
Et à ces lettres sont ajoutées ensuite les lettres de décret de l'évêque "Guydonis miseratione divina Lucionensis episcopi" [ Guy par la compassion divine évêque de Luçon ], du 3 août 1356, qui est approbatif et confirmatif de la dite fondation.
Après lesquelles pièces insérées là-dedans, la susdite lettre de Jean de Belleville finit et conclu de transférer, par l'autorité du dit Jean évêque de Luçon, ces chapellenies de Saint-Jean en la chapelle de Saint-Maurice, fondée au château.
Le château ayant été ruiné tout à fait l'an 1588, les chapelains ou chanoines se retirèrent derechef en leur primitive et originaire église de Saint-Jean, dans la ville, où ils furent 24 ans et jusqu’en l'an 161253 que la dame de la Trimouille et de Montaigu54 leur permit non de se rebâtir au château, mais d'y prendre des matériaux pour bâtir dans la ville.
Ils ont fait une église à flèche, dite Saint-Maurice, où ils sont doyen55, chantre, sous-chantre qui a une grande prébende, trois autres grands prébendés de cent écus de rente, et trois autres petits de cinquante écus, avec le curé de Saint-Jean tout voisin, qui tient rang de chanoine. Le doyen et chanoine ont des cures annexées à leur dignité.
Là auprès est l'église paroissiale de la ville, Saint-Jean, et derrière est Notre-Dame56, jadis paroisse unie de présent à Saint-Jean à cause de sa petitesse, et dont l'église a été donnée à des religieuses bénédictines57 gardant clôture, mais non l'étroite observance de celles du Calvaire.
Voilà les trois églises qu'il y a dans la ville, hors laquelle il y avait, outre celles des faubourgs Saint-Jacques et Saint-Nicolas, une petite chapelle de Saint-Michel58, où de présent les religionaires ou huguenots s'enterrent par octroi ou tolérance. Ils avaient bien un temple en la ville, entre deux des églises de celle-ci ; mais de peur du scandale et sédition, il leur fut prohibé l'an 1632, par arrêt du parlement leur ordonnant d'en démolir l'édifice. Toutefois il leur fut permis de vendre au doyen de Saint-Maurice qui le possède. Leur prêche ordinaire, à cette heure, est à Vieillevigne59 où le ministre va de Montaigu ; et n'y a guère plus d'une lieue.
Ces années passées il y avait à Montaigu un bureau établi des commis des fermiers des traites foraines60. Les traites foraines sont celles dont les devoirs se payent en Poitou et en Anjou, sur les confins de la Bretagne, avant d’en sortir.
Les commis des traites foraines furent chassés de Montaigu par une querelle et escarmouche qu'ils eurent avec ceux du prochain village de Saint-Hilaire qui en tuèrent et blessèrent beaucoup. Ils se sont donc contentés de se tenir à l'Hébergement, vulgo l'Abrègement-Entier, une lieue de Montaigu, vers mer, et à la Bruffière, de l'autre côté de Montaigu, vers terre ; item à Torfou, encore une lieue plus outre, tournant en Anjou où est Torfou ; et enfin à Tuillières aussi en Anjou. Ils font de grandes exactions et concussions horribles.
De Montaigu à la Bruffière, plus d'une grande lieue. Il y a bureau des traites foraines, comme en l'une des onze paroisses qui sont en marche de Bretagne vers Poitou61.
De cette paroisse est l'Echasserie ou l'Eschacerie, gentilhommière à demi lieue petite à côté, sur le fin côté de Poitou qui commence derrière le bois de la maison qui est forte, bien environnée d'eau, avec belle cour, petit logement et imparfait, à deux pavillons. Le seigneur du lieu en porte le titre et le nom de Charbonneau ; les armes sont d'azur à dix fleurs de lys d'or, 4, 3, 2, 1, à 3 faux écussons d'argent en cœur. Il a épousé une fille du Plessis Tizon, de Saint-Donatien-lès-Nantes (voyez le faubourg Saint-Clément de Nantes), du nom de Cadaran, dont les armes sont trois cylindres (quadrans au soleil) d'or.
Les armes des Charbonneau62 et celles des Cardaran.
Cette maison est en marche avantagère63 pour Bretagne sur Poitou.
De l’Eschasserie vous passez la Crûme64, gros ruisseau pérenne, coulant par un vallon environ une lieue durant, et arrosant le côté inférieur et austral de Tiffauges, ville murée à deux paroisses, dont l'une est Notre-Dame, l'autre Saint-Nicolas65.
C'est sénéchaussée dont le procureur fiscal, Gabriel Hulin, fit, l'an 1616, un livret traitant des marches, imprimé chez Gobert à Nantes.
Plan du Château de Tiffauges, avec l’âge présumé des restes de ses constructions.
(d’après J. Boutin, in le Vieux Tiffauges de J.-B. Aubert, 1976, p.60-61 ; environ 350 x 225 m)
Au bas de la ville il y a un château de fort grand circuit, appelle le Grand Fort, environné du donjon66 qui est tout à l'entrée (et où il y a, au portail même, des vieilles murailles de 4 ou 5 cents ans), et d'une grosse tour qui est tout au bout ou bas du dit château, dite la tour de Mélusine67. Elle est de très beau grison, gris luisant ou pierre de grain qui se tire dans le château même, a un très beau mâchicoulis et une vis ou noyau très beau, percé du haut en bas, de figure plane cylindrique, avec trous d'espace en espace, par où l'on peut mettre un flambeau qui éclaire et reluit par les deux bouts, haut et bas, du dit noyau.
Dans ce château était la chapelle68, prieuré ruiné, dont le service se fait en la paroisse Saint-Nicolas et vaut mille livres de rente au sieur Charon, chanoine de Paris.
Tout le château, qui est à demi ruiné, et particulièrement le bas-côté où est la tour de Mélusine, flanque et commande sur la rivière de Sèvre qui passe le long, dans le vallon au-dessous, et reçoit le ruisseau de la Crûme, passant sous une chaussée revêtue de pierre et, à 30 pas plus bas, entrant en Sèvre. Dans cette chaussée il y a une bonde qui, quand on veut la laisser tomber fait rétention du dit ruisseau et forme un étang par conséquent, de ce côté-là de la ville. Sur la Sèvre il y a un pont de pierre de 5 ou 6 belles arches, sans garde-fous.
"Tour Ronde" et "tour du Vidame" (ou "tour Mélusine") dominant la chaussée sur la Crûme
(dessin de P.-A. Bouroux in Mauges et Bocage de M. Leclerc, 1935, p. 29).
Cela appartient à Monsieur de Raix69 qui y a 15 à 20 mille livres de rente, conjointement de Mortagne, environ trois lieues de là, et de la terre de Beaumont70 dont le manoir se voit en mazures ou mazières, comme ils parlent, à la portée du mousquet, sur le coteau opposé et de l'autre côté de la rivière de Sèvre, en Anjou. C'est nument Poitou et non point marche. Mais par-delà Sèvre c'est Anjou, et par-delà Crûme c'est Bretagne, Tiffauges, Poitou, entre deux.
De Tiffauges à Torfou, une lieue. C'est évêché de Maillezais71, marche d'Anjou et de Poitou, taille à Mirebeau, et point de gabelle ou salage, comme ils parlent. Grosse paroisse, au reste, et petit bourg le long des haies duquel passe le grand chemin de Nantes à Poitiers, lequel est fort large et ferré.
Je ne scay si ce serait point par là que passerait la voye romaine, via militaris, de la Table itinéraire, de Portu Nannetum à Lemuno, qui est de Nantes à Poitiers, sur laquel ladite Table marque Segora, éloignée de Nantes 18 milles qui sont environ 7 lieues de ce pays-là72.
Or Torfou est, dans les tiltres et escritures, appelle Saint-Martin-de-Torfou sur Ru-Chèvre, à cause d'un ru ou ruisseau73 qui, deux cens pas au-dessous de Torfou, passe dans le vallon qui vient du Plessis, et à lieue costé Torfou, influe en la rivière de Sèvre, en un lieu dit Ru-Chèvre, où l'on m'a asseuré qu'il y a très antiques mazures qui pourraient bien estre de Segora de la Table, tant à cause du Ru Chèvre que de la rivière de Sèvre où il conflue. Car cela est deux lieues de Clisson et sept de Nantes, qui sont les 18 milles d'entre Portu Nannetum et Segora, sur ledit chemin à Lemuno, lequel à la vérité je n'ay pas bien reconnu. Mais ceste conformité de noms avec les distances fait force, outre que, une lieue ou un peu plus par-delà Torfou, vers Mortagne et Poitiers, il y ha un village appelle Romagne qui romanum quiddam sonat74 [ qui sonne quelque peu romain ].
Le "Segora" de la Table (carte) de Peutinger, et quelques villes repères.
(c’est en 1598 qu’eut lieu la 1re impression de cette carte antique,
dont l’original aurait été tracé aux alentours de l’année 350)
De Torfou vous suivez les lizières et allez à Montfaucon, jadis ville, à présent bourgade de trois églises encor restantes, dont celle de Nostre-Dame75 ha un portail, vieux ouvrage de six cens ans. Les deux autres sont Saint-Jean76 et Saint-Jacques77. Il y ha encor une grosse motte où sans doute il y ha eu jadis un dongeon ou chasteau.
Les douves ou fossés de la ville qui fut, y paraissent aussy, et hors d'iceux est une rue assez serrée de maisons, qu'ils appellent le fauxbourg78, où coule un petit ruisseau dit le ruisseau de la Faye ou de Saint-Germain79. C'est nuement Anjou, taille et salage ou gabelle.
Mais avant qu'arriver à Montfaucon, venant de Torfou, vous trouvez quatre ou cinq maisons qui sont en marche80 et ne payent point de salage. Entre ces maisons et la ville ou bourg de Montfaucon qui est sur le ault, passe, au pié du costau, la rivière de Mayne81 qui sépare la marche d'avec le vray Anjou. Elle vient de 5 ou 6 lieues plus ault et de Maulévrier82 en Poitou, apartenant au duc de Rouanois83, et se va rendre en Sèvre à Clisson, deux lieues de Montfaucon, comme nous dirons cy-aprez. Elle ha un pont, pour passer du fauxbourg de la marche en la ville et fauxbourg d'Anjou84, qui est de pierre à 4 ou 5 belles arches, sans gardefous. Elle est pleine et grosse et non guéable en cest endroit-là, comme Rille au grand pont de Lyre.
De Montfaucon à Tillères, meschant bourg au sieur des Aubiers du nom Le Roux85, demeurant à une lieue et demie de là, à Orvoye86. Les armes des Roux sont : gyronné d'argent et de sable de huit pièces, avec ceste devise : Deo juvante [ avec l'aide de Dieu ].
On pourrait avoir appellé ce bourg Tuillières à cause des tuilleries qui y sont encor à présent87. C'est vrayment Anjou88, avec taille et salage, et pourtant évesché de Nantes, quoy que ce ne soit pas marche. Il y a pourtant un bureau des traites foraines.
De Tillières à Clisson89, deux lieues. Fauxbourg bien gros de la Vallée90, à cause qu'il est bas, paroice de la Trinité91.
Clisson au XVIIe siècle (nord à droite) avec :
- château des débuts du XIIIe près de la Sèvre,
- ses extensions et les nouvelles fortifications du XVe à l’ouest
- et au nord, les bastions de la fin du XVIe au sud.
(d’après Paul Berthou, Clisson et ses monuments, réédition 2010, p. 286 ;
environ 460 x 400 m).
Cordeliers92, où il n'y ha aucune marque des fondateurs anciens, mais seulement des comtes de Vertus93, qui y ont un enfeu ou charnier sans tombeau ; et ès vitres et portaus sont leurs armes : équarteléës au 1er et 4e de Bretagne, qui sont cinq ermines, 3, 2, au 2 et 3 d'Orléans ; sur le tout d'Avaugour94. Le cloistre est chétif.
En ce maisme fauxbourg est une chapelle ou prieuré Saint-Antoine95 situé à la pointe de terre entre la Sèvre et la Mayne qui confluent là. C’est de cette Mayne96, non de celle de Montaigu et bien moins de celle d’Angers, que se doibt entendre le proverbe allégué par Papyre Masson en la Mayne d’Angers :
Au lieu de Clisson
Mayne perd son nom.
Ceste Mayne est différente des Maynes de Saint-Georges-de-Montaigu cy-dessus, et vient, comme j'ay naguères dit, de Maulévrier par Monfaucon. Et arrivant au bas du fauxbourg de Vallée, elle passe, grosse comme Rille dans Rugles ; sous un pont de pierre à deux grandes arches sans gardefous, dit le pont Saint-Antoine à cause de la chapelle susdite de Saint-Antoine97 située joignant ce pont, à la pointe de terre entre Mayne et Sèvre qui confluent trente pas au-dessous de ladite chapelle et dudit pont, et vis-à-vis du fossé extérieur et de derrière le chasteau. Tellement que Sèvre, grossie de Mayne et fort large, comme Marne au pont Saint-Maur98, baigne tout le costé bas dudit chasteau, jusques à la porte de la ville99 qui joint à iceluy chasteau et à laquelle se rend le pont de pierre sans garde fous, à cinq grandes arches rondes et deux qui sont à pont levis, le tout de 80 pas de long100. Puis Sèvre arrouse tout le bas costé de la ville101, et, à une lieue de là, n'ayant plus de chaucées ni rétentions102, porte bateaus, va au port ou passage de la Ramée103, à Portillon104, à Saint-Fiacre et au Coin, gentilhommière au-dessous de laquelle (située au coin, in cuneo seu angulo inter amnes [ dans le coin ou l'angle entre les cours d'eau ]) Sèvre reçoit une autre Mayne qui vient de Montaigu et de Saint-Georges, cy-dessus descrite, et la charrie, demi lieue par devant Vertou, au pont Rousseau de Nantes (encor deux lieues), en Loire où assez loin elle garde son nom, jusques vers Rezay que l'on appelle ce bord-là de Loire, qui est le gauche, l'æstier de Sèvre.
Le chasteau de Clisson105 est dongeonné et tourrelé et retranché, ce m'ha-t-on dit. C'est au comte de Vertus106 par donation à l'auteur de son nom, le sieur d'Avaugour, du duc François II, son père naturel, qui luy donna ces seigneuries-là, auparavant confisquées pour félonnie sur la maison de Peinthièvre qui s'estoit révoltée contre le duc Jean V et l'avait maisme emprisonné à Chantoceaux.
La ville est petite et sur le penchant du costau tombant à la rive gauche de la rivière de Sèvre. Il n'y a dans l'enceinte de ses murailles qu'une seule église, nommée Nostre-Dame107, qui est et paroice avec fonts baptismaux, et collégiale de six prébendes et six demi-prébendes, six serviteurs sans le sacriste et les choristes, et par-dessus tout le doyen. Ce sont en tout plus de vingt déservans à l'église.
L'église est de médiocre grandeur. Au milieu du chœur il y ha un enfeu ou charnier, et par-dessus un cœnotaphe ou monstre de bois, comme un grand coffre quarré. C'est l'enfeu des fondateurs qui y travaillèrent vers l'an 1390 ou 1400108. C'estoit le connestable Olivier de Clisson, de Cliceio, dont les armes sont partout au lambris de l'église : de gueules à un lyon d'argent coronné d'or, avec une " M " coronnée d'or et un travail109, qu'ils appellent, qui est un trauil ou rhombe dévidoir d'argent et de sable, pour chifre et devise, comme les chanoines expliquent. Mais on pourrait dire que " M " signifie Marguerite, et le trauil ou dévidoir les armes d'une femme, et que ce sont marques de Margot de Clisson, fille de ce connestable, qui fut celle, avec son mary, qui par félonnie, comme dit est, ruina sa maison.
Dans le grand vitrail aussy, tout au bas, sont cavaliers armés priants, ayant les armes de Clisson à costé d'eux, et une dame au dessous de laquelle est escrit :
Jehanne de Clissum110.
Hors la ville, il y ha le fauxbourg de Saint-Gilles, ainsy dit à cause de l'église paroiciale de Saint-Gilles111 qui y est ; et le fauxbourg du Temple, où est l'église de la Magdelaine du Temple112, ainsy surnommé à cause d'une commanderie. Enfin il y ha aussy le fauxbourg de Saint-Jaques, où est une paroice de ce nom113.
La Madeleine et Saint-Jacques autour de 1900
(P. Berthou, Clisson et ses monuments, réédition 2010, p. 113 et 57).
De Clisson on retourne à Nantes par les charoys, par Saint-Lumine et puis par le pont d'Idreau114, à quatre arches rondes de pierre et une couverte d'un pont de planches, sous lequel passe la Mayne de Montaigu, tournant en cest endroit le long du costau sur lequel est posé le bourg d'Aigrefeuille, à deux lieues et plus de Cliçon, où se rencontre aussy le chemin de la Rochelle et de Montaigu à Nantes, sur lequel il ne se rencontre aucun vestige ou marque de chaucée romaine, si ce n'est à trois quarts de lieue de Nantes et le long du village des Sornières et de la forest, comme nous avons dit au commencement de ce voyage des marches.
Mais il y ha un autre chemin plus court115 et qui n'est que de cinq lieues, qui va passer la Sèvre au port de la Ramée116 où il y ha bac ; et encor un autre plus court, qui va passer la Sèvre bien prez de Clisson-maisme, puis laissant Saint-Fiacre et Vertou bien loin à main gauche, va rendre droit au bout de la rue de Saint-Jaques-de-Piremil. Et je ne scay si ce serait par ce chemin ou par l'autre qu'irait le chemin romain mainant de Portu Nannetum qui est Nantes, à Lemunum qui est Poitiers, qui passe aujourd’huy de Nantes par Clisson et Torfou, comme cy-dessus est dit, et sur lequel nous avons dit aussy y avoir une place appellée Segora, à 18 milles de Nantes, qui pourrait estre la mazure encor restante de Ru-Chèvre, prez de Torfou, ou la rivière de Sèvre maisme, en cest endroit éloigné de sept lieues de Nantes, qui font environ 18 mille pas. Car dans les Itinéraires ancians, souvent les rivières sont mises avec les places, comme en celuy d'Antonin Mosa, Basilia etc. Et ainsy, dans celuy de Théodose ou Table Peutingeriane [ de Peutinger ] Segora pourrait estre la rivière de Sèvre, sur le passage de laquelle les Romains auraient eu quelque fort ou garde.
Toutesfois ces Itinéraires et le mot de Segora sont plus ancians que saint Martin de Vertou qui mourut l'an 589 ou environ, auquel temps ceste rivière ne s'appelait pas encor Sèvre, que l'on ha dit depuis en latin Separis ou Sépara. Car la vie manuscripte de saint Martin de Vertou, qui est à Saint-Jaques-de-Piremil, porte que, comme il fut mort à Durivum qui est à présent Saint-Georges-de-Montagu, au monastère par luy fondé, les moynes de Vertavus qui est Vertou, par luy aussy fondés, emportèrent à la desrobée son corps et s'enfuyrent la nuit avec, estans poursuivis par ceux de Durin jusques à la rivière de Sèvre qui se sépara, comme jadis la Mer Rouge aux Israélites, afin de donner passage aux Vertavois, et se referma aussy tost, laissant les Durinois fort arrestés et estonnés, ce qui arriva au lieu dit Portillon, quasi porticellus [ comme pour petit port ] et port Atarde117, quia tarde ad portum venerunt Durinenses [ parce que les Durins vinrent tardivement au port ], et que depuis ce temps-là la rivière fut appellée Sèvre, Separis, ab eventu separationis suæ, cum antea Laudosa diceretur [ depuis qu'a eu lieu sa séparation quand auparavant elle était appelé Laudosa ].
Voilà ce que j’ai veu des marches de Bretagne et de Poitou et aussi d’Anjou, par-delà la rivière de Loire.
[…]
Le soir du mardi 10 février 1637, François-Nicolas Dubuisson-Aubenay rentrait à Nantess…
(gravure du port, de la ville et des ponts de Nantes,
chez Frédérick de Wyt, Amsterdam, 1657, musée Dobrée à Nantes).
Cette excursion dans les Marches de Bretagne et de Poitou marquait la fin du séjour de François-Nicolas Dubuisson-Aubenay en Bretagne, et, dans le chapitre suivant qui est le dernier de son journal, on le voit repartir vers sa demeure normande, par le chemin de Nantes à Laval, puis par Alençon et par Sées…
Quand dix ans plus tard il rédigera à partir de ses notes et de ses souvenirs son Itinéraire de Bretagne en 1636, François-Nicolas Dubuisson-Aubenay le complètera par des "Documents et Remarques". L’un d’eux, qu’il intitula "Des Marches et limites de Bretagne, Poictou et Anjou"118, est un bilan, court mais se voulant exhaustif, des statuts juridiques particuliers de ces "Marches séparantes de la Bretagne et du Poitou" qu’il avait visitées au début de ce mois de février 1637, alors que la tenue biannuelle de 1636-1637 des Etats de Bretagne venait de s’achever.
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Notes, sources et références...
(sauf mentions contraires, illustrations et texte sont dus à M. Mignet)
1 Les quelques traductions, insérées entre crochets, sont empruntés à la réédition de 2006.
2 Pont au nord-ouest du Bignon.
3 Le chœur de la chapelle Notre-Dame à Vieillevigne fut refait en 1687 avec des pierres de démolition de l'ancienne chapelle Saint Thomas, qui était à l'époque le temple protestant.
4 Gabriel de La Lande, dit de Machecoul (descendant de Jean de La Lande qui prit le nom de Machecoul après son mariage, vers 1430, avec Marguerite de Machecoul qui lui apporta Vieillevigne et le lac de Grand-Lieu) naquit vers la fin du XVIe siècle. Ses parents étaient René de La Lande, dit de Machecoul, et Louise de Talmont, dame de Rocheservière et de Londrière (en Saint-Mesmin), mariés à Fontenay-le-Comte, par contrat du 3 avril 1596. Gabriel perdit son père avant 1604, embrassa le parti de Soubise, fut fait prisonnier et dut payer rançon. Il épousa entre 1620 et 1630, sa cousine germaine, Renée d’Avaugour, née à Saffré, le 15 avril 1605, fille de Charles d’Avaugour, seigneur de Kergrois, et de Renée de La Chapelle, de la maison de la Roche-Giffart. Gabriel de Machecoul, dont parle Tallement des Réaux dans ses Historiettes, partagea sa sœur Françoise le 25 mai 1626. Il garda dans sa part Vieillevigne, Saint-Etienne-de-Mer-Morte, Touvois, Bougon, le lac de Grand-Lieu, Rocheservière et nombre d’autres domaines constituant une immense fortune. Le 24 octobre 1633, il acheta la baronnie de Montaigu à Henri de La Trémoille, duc de Thouars, au prix de 150 000 livres. Il fut ardent calviniste, persécuteur du clergé, et mourut à Vieillevigne le 15 octobre 1660. Sa veuve, également calviniste, mourut en 1672. Elle se qualifiait : marquise douairière de Vieillevigne, baronne de Montaigu, dame de Rocheservière, Saint-Etienne-de-Mer-Morte, Touvois, Saffré, Frossay, le Bois-Rouault, la Bastardière, etc.
5 Bougon ou la motte de Bougon est une ancienne seigneurie en Bouguenais, et tire son nom de Bégon, dux Aquitaniæ, qui y bâti un château en 843. Vers 1532, Françoise de Chasteigner l’apporta à son mari, Jean de La Lande, dit de Machecoul, seigneur de Vieillevigne. Nous ne trouvons nulle part que le lac de Grand-Lieu ait été attaché à la seigneurie de Bougon.
6 Marguerite de Machecoul (fille aînée de Gabriel et de Renée d’Avaugour) apporta, après 1660, Vieillevigne, Bougon et le lac de Grand-Lieu à son mari, Henri de La Chapelle, marquis de la Roche-Giffart, qu’elle avait épousé en 1656. Vers 1750, Vieillevigne et le lac passèrent, par héritage, aux Leclerc de Juigné.
Vieillevigne et aussi peut-être le lac de Grand-Lieu appartenaient, en 1359, à Jean Gastinel dont la fille, Jeanne, épousa Miles de Machecoul avant 1380.
7 La "rivière de la Marne" n’est autre que le Tenu (fluvius Taunuscus) qui nait près de la Marne, reçoit la Chenau, à sa sortie du lac, et, réuni à ce cours d’eau, va se jeter dans la Loire, près de Vue, par le canal ou étier de Buzay.
8 La Boulogne qui nait au-dessus de Saint-Denis-la-Chevasse, reçoit la Logne et se jette dans le lac, au-dessous de Saint-Philbert-de-Grand-Lieu.
9 Le canal ou étier de Buzay, creusé par les moines de cette célèbre abbaye. Il est formé du Tenu, grossi de la Chenau, qui sort du lac.
10 Le "pail-mail" (prononcer "paille-maille") était, comme le "jeu de longue paume", un jeu d’origine médiévale. On y utilisait une boule de bois et un maillet ("mail"), d’où son nom, et on le pratiquait sur une large allée.
11 L’Issoire nait près de Saint-Sulpice-le-Verdon.
12 La Grolle, ancienne paroisse, située aujourd’hui sur la commune de Rocheservière, non loin du château de Vieillevigne dont elle est séparée par l’Issoire.
13 La Bretagne répartissait elle-même ses impôts, du consentement de ses trois ordres dont la réunion formait les États de Bretagne.
14 Lire : Saint-Philbert-de-Bouaine.
15 Lire : Pont-Leger, village avec pont sur la Grande Maine au sud-ouest de du bourg de la Boissière-de-Montaigu. La Grande Maine y reçoit encore un ruisseau venant du bois du Drillay, près de la Gaubretière, et l’affluent de ce ruisseau, venant des Landes-Genusson.
16 Respectivement : la Grande Maine. et la Petite Maine.
17 Le moulin de Boisseau.
18 Le ruisseau de Bouvreau n’est qu’un affluent de la Petite Maine.
19 Le manoir d’Asson dont la famille Baudry porte le nom, est situé à peu près à mi-chemin de la Boissière-de-Montaigu à Treize-Septiers.
20 Dubuisson a sans doute mal compris ce nom. La forme qu’il nous donne ne se retrouve pas.
21 Le manoir du Coing est situé sur le bord de la Maine, un peu avant son embouchure dans la Sèvre Nantaise. En 1637, il appartenait aux Pantin. Vers 1561, Hardy Pantin avait épousé Isabeau du Coing.
22 Ce vocable de Notre-Dame n’est plus connu aujourd’hui ; mais il a bien existé. Nous le trouvons dans un procès-verbal de visite de l’archidiacre Marchant, en date du 6 juin 1534 : ecclesia parochialis Beatæ Mariæ de sancto-Georgio (document recueilli par M. Mignen, de Montaigu).
23 Le monastère de femmes était très probablement situé à Saint-Georges, sur l’emplacement de la maison dite le Grand-Logis. Quand le bourg fut dévasté par les huguenots, en 1562, on n’y voyait déjà plus de religieuses. Les Bénédictins qui leur avaient succédé, firent reconstruire le Grand-Logis en 1577.
24 Selon la légende, quand Saint-Félix, évêque de Nantes, ayant résolu de travailler à la conversion des païens qui habitaient le pays d'Herbauge, y envoya un nommé Martin, originaire de Nantes, dont la prédication avait été efficace chez les Saxons. Martin entreprit cette œuvre avec zèle, mais sans succès. Mais la riche ville d'Herbabilla, qui l’avait couvert d’insultes et de mépris fut punie par Dieu qui l’abîma sous les eaux formant ainsi le lac de Grandlieu. Devenu un temps ermite il vit venir à lui de nombreux disciples et reprit sa prédication, convertissant toute la partie orientale du pays d'Herbauge au christianisme. Quant à sa mort, si les uns la situent en 589 à Durivum, futur Saint-Georges-de-Montaigu, pour les autres elle eut lieu à Vertou en 601, le 24 octobre, jour où on célèbre sa fête.
25 La bonne forme parait bien être Durinum. Les autres formes sont dues à des fautes de copistes et à de mauvaises lectures.
26 Un procès-verbal de l’archidiacre Marchant, en date du 6 juin 1634, mentionne six religieux prêtres. Le nombre des prêtres était quatre (document recueilli par M. Mignen, de Montaigu). En 1562, il y avait dix prêtres au prieuré. Les dernières traces de religieux Bénédictins à Saint-Georges sont constatées en 1668. On ne sait exactement quand le prieuré devint cure ; mais en 1770, il n’y avait plus de religieux. A l’époque de Dubuisson, 1637, le monastère était à peu près abandonné.
27 Ce prieuré resta dans la même famille pendant assez longtemps. Car Louis-Balthazar Phélipeaux, évêque et seigneur de Riez, en Provence, est cité comme seigneur spirituel et temporel du prieuré, prévôté et châtellenie de Saint-Georges-de-Montaigu, de 1715 à 1751.
28 L’église du prieuré de Saint-Georges, brûlée par les huguenots en 1562, réparée ensuite, tombait en ruines au XVIIIe siècle. C’était probablement un édifice du XIVe siècle. Cette curieuse ruine a été malheureusement démolie peu après 1834.
29 Cette église paroissiale, ruinée en 1562, restaurée ensuite tant bien que mal, fut reconstruite de 1684 à 1697, brûlée en 1794, réparée et agrandie en 1854, enfin refaite à neuf de nos jours.
30 Cette tradition parait fondée. Il y avait à Durinum, sinon une ville, du moins une importante station, dont les débris se retrouvent nombreux entre Saint-Georges et Montaigu (cette dernière localité est de création postérieure et féodale). Deux voies romaines se croisaient à Saint-Georges : l’une de Rezé à Poitiers, par la forêt de Touffou, l’autre venant de l’est et se dirigeant vers Saint-Gilles, par Bressuire, les Herbiers, Bazoges-en-Paillers et Saint-Georges.
31 Henri de Sourdis, archevêque de Bordeaux, fut abbé de Mauléon (ordre de Saint-Augustin) de 1627 à 1645.
32 Gabriel de Machecoul, seigneur de Vieillevigne, acheta la baronnie de Montaigu le 24 octobre 1633.
33 Henri de La Trémoille (fils de Claude et de Charlotte-Brabantine de Nassau), duc de Thouars, pair de France en cette qualité, prince de Tarente et de Talmont, comte de Laval, né en 1598, marié en 1619 à Marie de La Tour d’Auvergne (fille du duc de Bouillon et sœur du maréchal de Turenne), décédé à Thouars le 21 janvier 1674, tenait Montaigu de son ancêtre, Louis II de La Trémoille qui avait acheté cette baronnie en 1517, de Jean IV Harpedane, seigneur de Belleville. Il hérita de Laval, par représentation de sa bisaïeule, Anne de Laval, mariée à François de La Trémoille.
Henri de La Trémoille, d’abord huguenot, abjura entre les mains du cardinal de Richelieu, pendant le siège de la Rochelle ; après quoi il reçut la charge de "mestre-de-camp de la cavalerie légère de France".
34 Le mot chemier, emprunté à la coutume du Poitou, signifie l’aîné des cohéritiers qui, par rapport à lui, se nomment parageurs. Dans un ordre religieux, le chemier représente la communauté, pour les intérêts temporels.
35 La baronnie de Montaigu comprenait 23 parts de parageurs. François 1er de La Trémoille (fils de Charles, tué à Marignan, et de Louise de Coëtivy) épousa, à Vitré, Anne de Laval (fille de Guy XVI et de Charlotte d’Aragon), le 24 février 1521, et mourut, âgé de 39 ans, le 7 janvier 1541, laissant pour enfants : 1° Louis III de La Trémoille, marié à Jeanne de Montmorency (père de Claude et de Catherine qui épousa Henri de Bourbon, prince de Condé) ; 2° François, comte de Benon ; 3° Georges, baron de Royan ; 4° Claude, baron de Noirmoutier ; 5° Louise, mariée à Philippe de Lévy ; 6° Jacqueline, mariée au comte de Sancerre ; 7° Charlotte, religieuse, etc.
Du 7 janvier 1541 au 6 novembre 1550, la succession de François Ier demeura indivise entre ses héritiers. On partagea alors ses biens, et son second fils, François II, comte de Benon, eut Montaigu dans sa part. Ce dernier mourut sans enfant en 1555, et, en vertu d’un partage rappelé dans un acte du sénéchal, en date de juin 1597, les 23 parts furent ainsi réparties entre ses héritiers : 2 parts ou 2/23 (sauf le château, hommages, collations de bénéfices, etc., réservés à Louis III, l’aîné de la famille ou chemier) à Georges, baron de Royan ; le tiers du total restant ou 7/23 ? à la comtesse de Sancerre, pour elles et ses deux filles, donataires de leur oncle François II ; les 2 autres tiers ou 14/23 à Louis III de La Trémoille et à ses cohéritiers, savoir : le tiers de ces 21/23 pour lui, et l’autre tiers pour ses cohéritiers. En 1633, ces 23 parts subsistaient toujours, mais passé en d’autres mains (en 1577, la maison de La Trémoille ne possédait que 10 des 23 parts de parageurs ou partprenans, composant la baronnie de Montaigu, et en tirait 1500 livres de revenu).
36 Thouars, Mauléon, Talmont, etc. étaient entrés dans la maison de La Trémoille, en 1466, par le mariage de Marguerite d’Amboise (fille de louis d’Amboise, vicomte de Thouars, et sœur de Françoise, duchesse de Bretagne) avec Louis Ier de La Trémoille. La vicomté de Thouars fut érigée en duché-pairie en 1563, pour Louis III de La Trémoille (1521-1577).
37 Lire : M. de Royan. Il s’agit de Philippe de La Trémoille, 2e marquis de Royan, né en 1596, décédé en 1670, marié en 1662 à Madeleine de Champront. Il était fils aîné de Gilbert de La Trémoille, créé marquis de Royan par Henri IV en 1592, décédé en 1603, et d’Anne Hurault. Or Gilbert était fils de Georges de La Trémoille, baron de Royan, marié en 1563 à Madeleine de Luxembourg, décédé en 1584, et fils lui-même de François Ier de La Trémoille et d’Anne de Laval.
38 La forêt de Montaigu était déjà défrichée en 1597, selon un procès-verbal du sénéchal Jacques Thibaudeau (notes de M. Mignen). Il y avait dans la baronnie une autre forêt, encore existante, dite forêt de Gralas.
39 La paroisse Saint-Jacques qui était celle du château, était probablement la plus ancienne paroisse de Montaigu. L’église fermée en 1792, fut brûlée l’année suivante, et ses derniers débris disparurent en 1837. Elle occupait un petit espace du cimetière Saint-Jacques, devenu en 1790 celui de la paroisse Saint-Jean, et l’unique cimetière de Montaigu.
40 Les titres de fondation du prieuré de Saint-Jacques ont été détruits par l’incendie accidentel des archives de Niort, au commencement du XIXe siècle. Ce prieuré remontait sans doute aux Xe et XIe siècles et devait être au moins aussi ancien que la paroisse du même nom. D’abord prieuré-cure, il devint prieuré simple dès avant 1535, le prieur se déchargeant du soin des âmes sur un vicaire perpétuel à portion congrue. Tous deux demeurèrent longtemps dans le même manoir curial. Le temporel consistait dans la métairie dite du Prieuré, en la Guyonnière, en diverses rentes en nature et quelques droits féodaux, le tout d’un revenu de 700 livres, en 1745. En 1639, le prieur s’appelait Pierre Poitevin.
41 L’église et la maison de la commanderie de Sainte-Croix (réunie dès le XVIe siècle à celle de Launay, en la paroisse de Sainte-Cécile) tombait déjà en ruines en 1564. Leur revenu consistait en quelques rentes sur le village de l’Hospitau de la Vrignaye (il y a une métairie de la Vrignaye en Saint-Hilaire-de-Loulay).
42 L’Aumônerie fut fondée en 1182, par Maurice de Belleville, seigneur de Montaigu. Elle a été transformée en hôpital en 1696.
43 C’est-à-dire à la dignité de de chantre du chapitre collégial de Montaigu, primitivement établi dans la chapelle du château, et dont il sera question plus loin. Le chantre du chapitre était l’aumônier de l’hôpital.
44 L’église Saint-Nicolas a été incendiée et détruite en 1793, et il n’en reste plus rien aujourd’hui. La route de Montaigu à la Roche-sur-Yon passe sur son emplacement.
45 En vertu d’une des clauses du traité du Fleix, en Périgord (26 novembre 1580), le château de Montaigu fut livré par le roi de Navarre à François de Valois, duc d’Anjou, frère d’Henri III. La démolition, commencée l’année suivante, fut effectuée en grande partie aux frais de la ville de Nantes. Elle fut interrompue et reprise à différentes dates, ainsi qu’il appert par l’état des dépenses faites à cette occasion, en date du 10 décembre 1588 et 13 janvier 1589 (Archives municipales de Nantes, EE 207).
46 La collégiale de Saint-Maurice.
47 Jean III Harpedane, dit de Belleville, seigneur de Montaigu, fonda cette collégiale en 1438, selon l’opinion généralement admise. Il était le petit-fils de Jean Ier Harpedane, fondateur de la seconde maison de Belleville, et de Jeanne de Clisson, sœur du connétable Olivier de Clisson. Il avait épousé Marguerite de Valois, fille légitimée du roi Charles VI et d’Odette de Champdivers. En secondes noces, il épousa Jeanne de Bretagne.
48 Jean Fleury, évêque de Luçon, décédé en 1441.
49 Grasmouton est une seigneurie en Château-Thébaud, appartenant au XVe siècle à une famille de ce nom, puis aux Souvaing, seigneurs du Pallet, et aux Pantin depuis la fin du XVe siècle jusqu’à la fin du XVIIe siècle, enfin aux Cailleteau et aux Le Lou.
50 Cette pièce a disparu aujourd’hui. Il faut avouer que si Dubuisson n’a pas mal lu sa date, la fondation de la collégiale de Saint-Maurice doit être antérieure à 1438.
51 M. Mignen qui a étudié soigneusement toutes les chapellenies desservies en Saint-Jean, ne parle point de cette fondation : c’est qu’elle fut ensuite transportée ailleurs. Il s’agit de Louise de Châteaubriant, fille de Geoffroi VII et de Jeanne de Belleville (cette dernière épousa en secondes noces Olivier de Clisson et fut mère du connétable). Louise hérita de la baronnie de Châteaubriant en 1347, après la mort de son frère Geoffroi VIII, épousa en 1348 Guy XII de Laval, et mourut le 27 novembre 1383, laissant Châteaubriant à son petit-neveu, Charles de Dinan, petit-fils de Thomasse de Châteaubriant.
52 Guy, évêque de Luçon le 19 mars 1357, peut-être un peu auparavant.
53 On ne trouve nulle part ailleurs que les chanoines de Saint-Maurice aient desservi pendant 24 ans l’église paroissiale Saint-Jean, et il est à croire que la chapelle du château fut épargnée en 1588 ; mais, vers le début du XVIIe siècle, pour se soustraire aux vexations du seigneur protestant, Henri de La Trémoille, les chanoines transportèrent leur collégiale au centre de Montaigu, sur un emplacement dépendant de la paroisse de Notre-Dame (cette paroisse n’existait plus que de nom depuis 1569), tout près de l’église paroissiale de Saint-Jean. Cette nouvelle collégiale Saint-Maurice était terminée en 1613, ainsi qu’en témoigne cette inscription gravée sur une poutre de sa charpente : Anno Domini 1613 Renatus Chardonneau decanus dixit cum psalmus 25 : Domine dilexi decorem domus tuæ et locum habitationis tuæ [L’an du Seigneur 1613, Réné Chardonneau, doyen dit avec le psaume 25 : "J’aime la splendeur de ta maison, Seigneur, et le lieu où tu résides !"], citation qui était traditionnellement récitée lors de la consécration d’un édifice religieux. Transformée en grange, elle existe encore aujourd’hui, avec son ancienne charpente ; mais son sol a été déblayé et on n’y trouve plus les tombeaux qu’elle renfermait, notamment celui d’Armand-Gabriel de Crux, petit-fils de Jacques-Antoine, ce dernier ayant été gendre de Gabriel de Machecoul.
Quant à la chapelle du château, ancienne collégiale, il est à croire que les chanoines continuèrent à y célébrer les messes auxquelles les obligeaient d’anciennes fondations ; mais s’étant opposés à la construc-tion d’un temple protestant que Gabriel de Machecoul voulait faire élever près de la nouvelle collégiale, ce seigneur, en représailles, fit enlever la toiture et commencer la démolition de la première collégiale qui faisait partie de son château. De 1825 à 1829, l’esplanade du château ayant été vendue et déblayée, on découvrit la crypte de l’ancienne chapelle, dont les sculptures étaient dignes de remarque. Une pierre tombale portant le seul nom d’Odette, fit croire à M. Dugast-Matifeux qu’il s’agissait d’Odette de Champ-divers, mère de Marguerite de Valois, dame de Montaigu, épouse de Jean III Harpedane, dit de Belleville ; mais M. Prével a combattu cette opinion dans l’Écho du Bocage Vendéen, tome II, VIe et VIIe années.
54 Sans doute Charlotte-Barbantine de Nassau, veuve de Claude de La Trémoille depuis 1604, décédée en 1631, mère d’Henri qui vendit Montaigu en 1633.
55 En 1640 et sans doute depuis quelques années, le doyen de Saint-Maurice était François Chesneau, bachelier en théologie de la Faculté de Paris, conseiller et aumônier du roi. Un registre de Saint-Léonard de Nantes le cite comme parrain le 24 juin 1664. Cette même année, il fut remplacé par Jean de Monbrisson-Dubos (notes de M. Mignen).
56 Cette église a été détruite tant par les huguenots en 1568, que par le siège de 1569 ; la paroisse Notre-Dame a été réunie à celle de Saint-Jean en 1627.
57 Les Bénédictines, conduites par Paule et Charlotte de Fiesque, du couvent de la Regrippière en Vallet, furent installées en 1626, par l’évêque de Luçon, Aimery de Bragelongue, dans le territoire alors désert de la paroisse Notre-Dame, et on restaura pour elles l’église de ce nom, ruinée depuis le siège de 1569. La maison, dite de "Notre-Dame de Saint-Sauveur", fut annexée à celle de Fontevrault en 1642. Ces religieuses furent dispersées en 1792. Aujourd’hui la maison et la propriété de Mlles Martineau occupent l’emplacement de leur chapelle et de leur enclos.
58 La chapelle Saint-Michel, dont il ne reste plus de traces, devait se trouver près du cimetière de ce nom, qui servit à l’inhumation des huguenots et qui fut donné à l’hôpital de Montaigu, après la révocation de l’édit de Nantes, puis vendue en décembre 1697 aux religieuses Fontevristes et réunie à leur enclos. Ce cimetière était au nord de la prairie où coule le ruisseau d’Asson qui jadis retenu par une digue, formait en cet endroit un étang de défense, dit l’étang Saint-Michel, un peu au sud du couvent des religieuses (notes de M. Mignen).
59 Le seigneur de Vieillevigne, Gabriel de Machecoul, était protestant.
60 La traite foraine se percevait sur toutes marchandises ; la traite domaniale était une augmentation d’impôt sur le blé, le vin, la toile et le pastel. Toutefois ces expressions ont pu recevoir une autre signification.
61 Voir le "Traité de la nature et usage des marches séparantes les provinces de Poictou, Bretagne et Anjou, Par M. Gabriel Hullin, licencié ès droicts, procureur fiscal à Tiffauges. A Nantes, par la veuve de Luc Gobert, imprimeur et libraire, MDCXVI" ; Dom Lobineau, "Histoire de la Bretagne", p. 471, 612, 630, 681 ; - "Des Marches de Bretagne", par divers (Association Bretonne, 1845) ; "les Marches de Bretagne, du Ve siècle au VIe siècles", par le vicomte de Bréhier (Association Bretonne, Pontivy, 1886) ; - "les Marches séparantes d’Anjou, Bretagne et Poitou", par M. Emile Chénon, professeur à la faculté de droit de Rennes (Nouvelle revue historique de droit français et étranger, Paris, Larose et Forcel, rue Soufflot, janvier-février et mars-avril 1892, avec carte).
62 Gabriel Charbonneau, seigneur de l’Échasserie de l’Echasserie et de la Piltière, est encore mentionné en 1664, dans le "Rapport sur l’état du Poitou", par Colbert du Croissy. Il avait épousé à Nantes, en 1628, François de Cadaran (fille de François et de Louise alias Françoise de Vaucouleurs) dont il eut plusieurs enfants.
63 La marche avantagère à la Bretagne était celle où l’indivision n’avait lieu qu’au point de vue des droits de fief, tandis qu’au point de vue de la juridiction, elle ne dépendait que d’un seul seigneur justicier Breton. Elle était soumise aux impôts de la Bretagne. Mais la Bruffière était dans le groupe des Hautes marches communes de Bretagne et Poitou, avec Cugand, Gétigné et Boussay. Les marches avantagères à la Bretagne sur le Poitou comprenaient les sept paroisses se Saint-André-Treize-Voies, Vieillevigne, Montbert, Aigrefeuille, Saint-Lumine-de-Clisson, Saint-Hilaire-du-Bois et la Bernardière.
64 La Crûme prend sa source dans la paroisse de la Gaubretière, et avant d’arriver à Tiffauges, reçoit un affluent venant de la paroisse de Chambretaud.
65 Saint-Nicolas est un monument du XIIe siècle.
66 Le château de Tiffauges présente des parties d’époques très différentes et pourrait servir de thème à un cours d’architecture militaire. Son donjon rectangulaire, massif, à contreforts arrondis est un beau type de donjon du XIIe siècle.
67 Cette tour, située à l’extrémité nord de l’enceinte, sur la vallée de la Crûme porte aussi le nom de tour du Vidame. C’est un monument de l’art militaire de la fin du XVe siècle, à son plus haut point de perfection. On l’attribue généralement à Louis Vendôme, vidame de Chartres (1501-1526). Toutefois, elle a bien pu être commencée par le père (Jacques de Vendôme) ou le grand-père de ce dernier, Jean III de Vendôme, vidame de Chartres (fils de Catherine de Thouars, veuve de Gilles de Rais, et de Jean II de Vendôme, vidame de Chartres), qui, en 1457, hérita de Tiffauges, à la mort de Marie, fille de Gilles de Rais.
68 [1] La chapelle romane dont les ruines subsistent dans l’enceinte de ce château, non loin du donjon, est d’un grand intérêt. On y remarque une belle crypte de la fin du XIIe siècle.
69 Henri de Gondi, duc de Rais et de Beaupreau, pair de France, marquis de Belle-Isle, né en 1590, marié à Jeanne de Scépeaux, décédé à Princé le 12 août 1659. Il était le fils de Charles et d’Antoinette d’Orléans.
70 Beaumont est un village de Torfou.
71 L’évêché de Maillezais a été transféré à la Rochelle en 1648.
72 Nous avons déjà dit que la station Segora de la table de Peutinger doit être placée à la Ségourie dans la paroisse du Fief-Sauvin, bien au-dessus de Torfou. Les chiffres de cette Table désignent des lieues gauloises et non pas des miles romains.
73 Il s’agit sans doute du ruisseau dit de Torfou ou du Bon-Débit, grossi de celui de la Métière, qui passe près de Torfou. Le mot ru, en vieux français, signifie bien ruisseau. Quant à l’expression de ru Chèvre, nous croyons l’expliquer par le nom mal entendu des moulins Chauvreau, situé à l’endroit où le ruisseau de Torfou joue dans la Sèvre.
74 La Romagne tire son nom de saint Romain, patron de l’église du lieu.
75 Les ruines de l’église Notre-Dame ont disparu en 1813.
76 L’église Saint-Jean existe encore. C’était la paroisse du faubourg, hors l’enceinte. Le chœur du XIIe siècle est transformé en chapelle ; la nef du XIIIe siècle, sans voûtes, sert de grange.
77 L’église Saint-Jacques sert encore au culte.
78 Le faubourg Saint-Jean.
79 Le ruisseau d’Aiguefoux, affluent de la Moine, et qui passe près de Montfaucon, nait près du bourg de Saint-Germain, non loin d’un mamoir avec moulin dit la Foye.
80 C’est-à-dire en Marche d’Anjou et Poitou.
81 On dit aujourd’hui : la Moine.
82 Maulévrier en Anjou et non pas en Poitou.
83 Henri Gouffier, duc de Rouanois (dont le chef-lieu était Roanne dans le Bas-Forez), pair de France, marquis de Poisy, comte Maulévrier, seigneur d’Oiron,, né en 1605, tué au combat d’Iberquerque, le 24 août 1639, épousa Marie Hennequin. Son fils, Artus, mort en 1696, se fit prètre et vendit le duché de Rousnois à François d’Aubusson, comte de la Feuillaie. Henri Gouffier descendait de Guillaume, baron de Rosnois, décédé en 1495. La baronnie de Maulévrier, érigée en comté en 1542, fut vendue en 1664 par Charles Gouffier à Edmond-François Colbert, 3e frère du ministre, qui épousa en 1668 Madeleine de Bautru.
84 Montfaucon, avec Saint-Crépin, Tilliers et la Renaudière, composait les Hautes Marches des Mauges. Le pont conduisait de l’autre côté de la Moine, dans les Marches d’Anjou et Poitou. Voir Chénon, p. 29, 32 et carte des Marches.
85 Emmanuel Le Roux de la Roche des Aubiers, époux d’Elisabeth de Thoroise, premier écuyer du prince de Condé, cité en 1629 et 1633, était, en 1624, seigneur de Tilliers. Les Aubiers sont un manoir de Blos, près de Longué, d’abord à la maison des Aubiers puis aux Le Roux, au XVIIe siècle.
86 Lire : Orvoire, village en Tilliers.
87 Tilliers se trouve au XIIIe siècle sous la forme de Teillières. Nous croyons que ce mot vient de tiliaria, endroit planté de tilleuls.
88 Nous avons déjà dit que Tilliers faisait partie des Hautes Marches des Mauges.
89 On a beaucoup écrit sur les monuments de Clisson dont le site pittoresque est célèbre et où Nicolas Poussin vint faire des croquis et des études qui se retrouvent dans ses tableaux. Nous citerons seulement : Voyage pittoresque dans le Bocage de la Vendée, ou vues de Clisson et de ses environs, dessinées d’après nature et publiées par C. Thiénon, peintre ; gravées à l’aqua-tinte par Piringor (Paris, Didot, 1817, 1 vol.in-4° de 118 p., avec frontiscipe et 30 planches) ; - Voyage en Bretagne, par Nodier, Taylor et Ad. de Cailleux (Firmin-Didot, 1846, avec magnifiques lithographies par Dagnan, 1829) ; - "le Château de Clisson", avec gravure par Augustin Douillard ( Echo du Bocage Vendéen, I ) ; - Guide de Clisson, par Auguste Amaury ; - Travers, I, notes de Savagner, p. 472-498 ; II, p. 5, 136, 160 ; III, p. 18, 38, 39, 44, 45 ; - "Grandes seigneuries de Haute-Bretagne : Clisson, sa châtellenie", par M. Guillotin de Corson ( Société archéologique de Nantes, 1895 ), et Rennes, Pilhon et Hervé, III) ; - "Topographie de la ville de Clisson et des communes environnantes, par le dr Michel Du Boueix", par Dugast-Matifeux ( Société académique de Nantes, 1868 ) ; - généalogie des seigneurs de Clisson dans le P. Anselme, VI, dans la Bio-bibliographie bretonne de M. de Kervillers et dans le Dictionnaire des familles de l’ancien Poitou par MM. Beauchet-Filleau, 2e édition ; - Clisson et ses monuments, par Paul Berthou.
La ville de Clisson fut complètement détruite et réduite à un monceau de ruine pendant la guerre de la Vendée. Au début du XIXe siècle, les frères Pierre et François Cacault (ce dernier avait été ambassadeur à Rome et à Florence en 1793 et 1796) et le sculpteur Lemot, revenant tous trois d’Italie, contribuèrent grandement à sa reconstruction et y apportèrent le style de la campagne romaine que présentent la plupart de ses maisons et qui lui ajoute un grand attrait. Le baron Lemot acheta, pour les conserver, les ruines du château, la chapelle de la Madeleine du Temple et la garenne des seigneurs de Clisson où s’élève aujourd’hui la belle habitation à l’italienne bâtie par son fils. Ces diverses propriétés sont toujours aux mains de ses descendants. Voir la "Notice sur le baron Lemot, 1773-1827", à la suite du Voyage à Clisson par E. Richer, édition in-12, 1828 ; - "Souvenirs du statuaire Lemot et de Clisson", par Ch. Marionneau ( Société archéologique de Nantes, 1896 ).
90 A Clisson, le faubourg en forme de large rue, descendant le coteau de la rive droite de la Sèvre, au-dessous de la Trinité, et conduisant au pont de la ville, en face le château, s’appelle la Vallée.
91 La Trinité est une église paroissiale, jadis prieuré bénédictin dépendant de saint-Jouin-de-Marnes, cité dès 1105, occupé par des religieuses du même ordre depuis, depuis le 2 juin 1645.
C’est un monument de la fin du XIIe siècle, malheureusement fort mal restauré en 1867, avec quelques arceaux du XIe siècle contre le flanc nord du chœur, une tour de transept du XIIIe siècle et un chœur avec sacristie et beau retable du XVIIe siècle. Voir Travers, I, p. 235 ; III, p. 329 ; - Archives de la Loire-inférieure, H 175 ; - "Etudes archéologiques dans la Loire-inférieure", par M. Orieux ( Société académique de Nantes, 1864 ) ; - description détaillée de la Trinité dans Clisson et ses monuments.
92 Il ne reste plus aujourd’hui que quelques débris de la façade de l’église des Cordeliers, et ils ne paraissent pas antérieurs au XVIe siècle. Voir Archives de la Loire-inférieure, H 282 ; - dans Clisson et ses monuments.
93 Le comte de Vertus, en Champagne fut donné en dot, vers 1433, à Marguerite d’Orléans, femme de Richard de Bretagne, comte d’Etampes (frère du duc Jean V). Leur fils, le duc François II, en hérita, en 1466, à la mort de sa mère, et, en 1485, le donna à son fils naturel, François de Bretagne, baron d’Avaugour depuis 1480, seigneur de Clisson depuis 1481, dont la descendance le posséda jusqu’en 1791. Clisson avait été confisqué en 1420 par Jean V sur les Penthièvre, et donné par lui à son frère, Richard comte d’Etampes. Le duc François II le donna en 1481 à son fils naturel, François. Voir "Seigneuries des ducs de Bretagne hors de Bretagne", par M. le président J. Trévédy ( Revue de Bretagne et de Vendée, 1896 ) ; - Grandes seigneuries de Haute-Bretagne, III : Clisson, châtellenie, par M. Guillotin de Corson ; - Bio-bibliographie bretonne, article Avaugour.
93 C’est-à-dire : d’argent au chef de gueules.
94 L’emplacement de ce prieuré-aumônerie, fondé en 1433, par Richard comte d’Etampes, seigneur de Clisson, est aujourd’hui occupé par l’hôpital. Voir Archives de la Loire-inférieure, H 479.
95 Lire : la Moine.
97 Le pont Saint-Antoine, jeté sur la Moine et conduisant du faubourg de la Vallée à l’hôpital Saint-Antoine, existe encore. Composé de deux arches en arc brisé, de grandeur inégale, et d’une remarquable élégance. Il peut remonter à la fin du XVe siècle.
98 Saint-Maur est un bourg près de Paris, à l’entrée de la boucle de la Marne. Le pont de Saint-Maur sur cette rivière, donne accès à une route qui traverse le bois Vincennes du sud au nord et conduit au château de Vincennes.
99 Cette porte à pont-levis entre deux tours carrées, à l’extrémité (rive gauche) du pont de la ville, sur la Sèvre, se voit sur une ancienne peinture, reproduite dans Clisson et ses monuments. Voir le même ouvrage sur les remparts de Clisson dont une partie, bordant la Sèvre, remontait au Moyen Age, et dont l’autre partie, composée de bastions bas, aigus et à oreilles arrondies, datait de l’époque de la Ligue. Quelques-uns de ces bastions existent encore.
100 Le pont de la ville qui subsite encore, conduit des faubourgs de la Vallée et de saint-Antoine au pied du château. C’est un beau modèle de pont du Moyen Age, à 6 arches (y comprit celle remplaçant le pont-levis de la porte de la ville) de largeur différente et dont plusieurs fort basses, avec éperons sur chaque pile, du côté amont. Deux passerelles de bois qui le coupaient à ses extrémités, ont été remplacées par deux arches de pierre. Voir Clisson et ses monuments, 1910.
101 Voir les trois anciennes vues reproduites dans Clisson et ses monuments, 1910.
102 La Sèvre est navigable de son embouchure jusqu’à hauteur environ du bourg de Monnières. De Monnières à Clisson, elle est coupée de cinq anciennes chaussées garnies de moulins.
103 La Ramée est un village de Saint-Fiacre, avec ancien gué (aujourd’hui pont) pour le passage de la route de ce bourg à Vertou.
104 Portillon est un village de Vertou, sur la Sèvre, en dessous de l’embouchure de la Maine dans cette rivière.
105 Le château de Clisson présente seulement quelques fragments du milieu du XIIIe siècle. Trois de ses tours semblent remonter à la fin du XIIIe s. ; la plupart de ses bâtiments et le donjon carré du XIVe s., avec de nombreux remaniements des XVe, XVIe, et XVIIe siècles, ce qui en rend l’étude fort difficile. A ce château a été accolée du côté nord-ouest, par le duc François II et postérieurement à 1466, une grande enceinte flanquée de tours, second château séparé du premier par un fossé intérieur et un ouvrage fortifié. Voir la description détaillée de ce château dans Clisson et ses monuments, 1910, avec plan par M. Clément Josso.
106 Claude d’Avaugour, gouverneur de Rennes, Saint-Malo et Vannes, décédé à Paris le 6 août 1637. Son fils Louis, décédé en 1669, fit de Clisson sarésidence habituelle et restaura le château. Voir Bio-bibliographie bretonne, article Avaugour ; - Grandes seigneuries de Haute Bretagne, III : Clisson, châtellenie.
107 L’église Notre-Dame de Clisson a été érigée en collégiale, en exécution du testament du connétable Olivier, en 1412. Elle contenait l’enfeu des seigneurs de Clisson. Brulée pendant la guerre de la Vendée, elle fut rébâtie au début du XIXe siècle, dans le style italien qui caractérise les constructions de cette époque à Clisson, et remplacée dans ces dernières années par une église du même goût, à clocher carré et d’un style roman très bien choisi, qui ne change rien à l’aspect italien devenu classique que présente le coteau de la ville de Clisson. Voir Archives de la Loire-inférieure, G 345 et 379 ; - "Excursion archéologique à Clisson et à Tiffauges", par Ch. Livet ( Association bretonne, 1852 ) ; - "la Collégiale Notre-Dame de Clisson", par M. Grégoire ( Revue historique de l’Ouest, 1886 ) ; - Alain Bouchard, édition des Bibliophiles bretons, folio 172 ; - Travers, I, p. 472 ; - Dom Morice, Preuves, II, coll. 375.
108 Le connétable avait préparé la fondation de la collégiale en 1390 ; mais elle ne fut définitivement érigée qu’en 1412, par sa fille Margot.
109 Dans le pays, on appelle travouil le dévidoir des fileuses.
110 Peut-être était-ce Jeanne de Belleville, seconde femme d’Olivier IV de Clisson et mère du connétable ; peut-être Jeanne de Clisson, fille de cette dernière, qui épousa Jean Harpedane et fonda ainsi la deuxième maison de Belleville.
111 Saint-Gilles était une petite paroisse comprenant un faubourg de Clisson, hors de la ville, vers le sud. L’emplacement de l’église, brûlée pendant la guerre de la Vendée, est aujourd’hui exactement occupée par le tombeau monumental, de style grec, du baron Lémot, qui domine la rive gauche de la Sèvre, non loin xdu château, et en face la célèbre garenne tant admirée, depuis près d’un siècle, par les artistes et voyageurs qui visitent Clisson. Le cimetière Saint-Gilles sert aujourd’hui de cimetière à la paroisse Notre-Dame. Dans Clisson et ses monuments, on verra la reproduction de deux anciennes peintures dans lesquelles la petite église Saint-Gilles se trouve représentée.
112 Le faubourg du Temple, situé un peu au sud de celui de Saint-Gilles et non loin de la Sèvre, tire son nom de la commanderie de la Madeleine du Temple dont l’église existe encore, assez bien conservée. C’est un très précieux monument roman, voûté avec chœur, abside et remarquable façade, le tout de la seconde moitié du XIIe siècle, d’un style sobre et sévère. Contre la façade romane, une avant-nef a été ajoutée au XVe siècle. On trouvera la description détaillée de la Madeleine dans Clisson et ses monuments, 1910. Une ancienne peinture, reproduite dans le même ouvrage, donne la vue lointaine de la templerie ou maison du commandeur, ormée de tourelles, qui touchait à l’église, mais qui a disparu. Voir "les Commanderies du comté Nantais : le Temple de Clisson", étude historique très complète par M. Guillotin de Corson (Association bretonne, 1899) ; - "la Madeleine de Clisson", par Auguste Amaury, eau forte d’Augustin Douillard ( Echo du Bocage Vendéen, I ) ; - lithographie exécutée vers 1820, signée : Thiénon ; - lithographie de C. de Lasteyrie représentant l’église de la Madeleine.
113 Le faubourg Saint-Jacques, hors la ville, vers le nord-ouest, tire son nom d’un ancien prieuré bénédictin, dépendant de St-Jouin-des-Marnes, dont la chapelle existe encore. C’est un petit bâtiment rectangulaire gtrès simple, sans voûtes, de la fin du XIe siècle, avec charpente portant la date de 1384. Le chœur et l’abside qui étaient voûtés, ont malheureusement disparu. La nef sert aujourd’hui de magasin de chiffons. Voir description détaillée de Saint-Jacques dans Clisson et ses monuments, 1910 ; - "Etudes archéologiques dans la Loire-inférieure", par M. Orieux ( Société académique de Nantes, 1884 ).
114 Lire : le Pont-Guidreau.
115 C’est la grande route de Clisson à Nantes par le Pallet. Elle passe par la Trinité de Clisson (rive droite de la Sèvre), et vient de Torfou.
116 Sur la Sèvre aux pieds de Saint-Fiacre.
117 Ce lieu ne se retrouve point sur les bords de la Sèvre, près de Vertou. Il doit être identifié, sans doute, avec un lieu Nommé Terdus au XIe siècle (dont on a fait Tertre), près de Lavau, sur la Loire, et où saint Martin aborda pour se rendre à Savenay. Un biographe ignorant, utilisant pour la composition de sa légende, des matériaux authentiques qu’il ne comprenait pas, l’a placé sur les bords de la Sèvre, en lui donnant une étymologie tirée de son imagination. Voir "les Villes disparues", II, p. 176-178.
118 Voir, cette analyse des statuts juridiques des Marches, seizième de ces "Documents et Remarques", dans les Archives de Bretagne, 1902, p. 238 à 241. Une transcription, annotée et illustrée d’une carte, en a été faite en 2016 dans le n° 14 de la revue Le Marcheton, p. 8 à 12.
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