le Vivier
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"Le Vivier", du Poiré et de Belleville
Depuis toujours, le village du "Vivier" s’est trouvé faire partie de la paroisse du Poiré. En 1743, un acte le dit constitué par "une métairie dépendant du domaine des Princes de la Roche-sur-Yon", tandis qu’un autre du 28 mai 1789 parle de "métairie de la seigneurie du Vivier"1. Cette métairie était alors une des plus grandes du Poiré, ce qui, joint à sa proximité de Belleville, peut expliquer qu’elle ait été aussi de celles ayant le plus contribué par ses fournitures à soutenir l’armée de Charette durant l’insurrection vendéenne2. En 1836 elle s’étendait sur 60 ha, dont 20 ha de landes.
"Le Vivier" en 1836 sur le plan cadastral du Poiré, et sur une vue aérienne en 2014 (1450 x 760 m),
avec les limites entre le Poiré et Belleville, avant puis après 1850,
ainsi que l’emplacement de l’ancien "moulin des Vignes".
Le blason de la principauté de la Roche-sur-Yon sur une pierre qui, près de "Lande blanche",
bornait celle-ci à la fin du XVe siècle,
En 2019, le "Vivier" de Belleville, vu à partir du "Vivier" du Poiré.
Lorsqu’en 1850 la limite entre le Poiré et Belleville fut déplacée, au détriment du premier et au bénéfice de la seconde, les bâtiments du "Vivier" se retrouvèrent sur Belleville, et les terres à cheval sur les deux communes. Quelques décennies plus tard cette métairie fut divisée. De nouvelles constructions furent élevées sur des parcelles situées sur le Poiré. Elles sont, parfois et à tort, considérées comme faisant partie de "l’Arnaudière" voisine, village qui fut créé à cette même époque.
Fin octobre 2019, au "Vivier" côté du Poiré : l’habitation en cours de rénovation,
et dans une niche en haut du pignon de la grange-étable,
saint Christophe veillant sur le village.
Au fond, une des maisons de "l’Arnaudière".
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Des agriculteurs modernes et humanistes
Ces deux exploitations de la fin du XIXe siècle conservèrent leur structure générale jusque dans les années 2000.
La ferme du "Vivier" du Poiré3 a cessé définitivement son activité un peu avant 2010. Son agriculteur et son agricultrice, qui s’y étaient établis en 1970, ont été représentatifs des engagements et des profondes mutations que leur profession a connu à cette époque, et qui sont pour une bonne part dans la suite des évolutions antérieures. C’est ainsi que la surface de l’exploitation fut doublée passant de 27 à 44 ha, et que celle-ci s’associa en 1976 avec trois autres de "la Davissière", pour former le GAEC (Groupement Agricole d'Exploitation en Commun) "le Parasol". Dès son départ celui-ci adopta un système de circuits courts de commercialisation avec vente de lait cru à domicile sur la Roche-sur-Yon voisine, tout en optant sur "le Vivier" pour un troupeau de blondes d’Aquitaine, inscrit à l’Organisation de sélection de cette race, et maintes fois primé… Cette systématisation du travail en commun leur permit de prendre des vacances, notion jusqu’alors inconnue dans le mode agricole.
Dans le même temps et inexorablement, l’agriculture locale voyait son nombre d’actifs divisé par huit en un demi-siècle, et celui de ses exploitations diminuer plus encore.
Quelques-uns des nombreux trophées, coupes et prix
remportés dans différents concours
par la ferme du "Vivier" du Poiré, avant et après l’an 2000.
Les troupeaux de vaches allaitantes des deux exploitations, en cette même année 2000……
- des blondes d’Aquitaine sur "le Vivier" du Poiré,
- des charolaises sur "le Vivier" de Belleville.
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Les derniers vestiges du "moulin des Vignes"
Depuis des siècles et jusqu’à la guerre de 1914-1918, sur une zone autrefois en landes à 600 mètres au sud-est du "Vivier", se trouvait "le moulin des Vignes", avec à ses côtés, la maison de son meunier. Ce moulin (ou un prédécesseur) était déjà présent en 1768 sur la carte de Cassini4. A la fin du XIXe siècle et au début du XXe on voit son meunier avoir un rôle important dans la vie paroissiale et communale de Belleville5. Mais en 2020 son moulin avait depuis longtemps disparu. Il n’en subsistait plus alors que quelques vestiges perdus dans l’épaisseur d’une large haie : des restes de murs ayant au plus 2 mètres de haut, quelques tuiles, son puits…
"Le moulin des Vignes" sur la carte de Cassini en 1768, sur le cadastre du Poiré en 1836,
et l’emplacement en mars 2020
des vestiges couverts de lierre de la petite maison de son meunier.
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L'ancien logis du "Petit Beaulieu"
A 800 mètres à l’est du "Vivier" se trouve "le Petit Beaulieu", village qui est dit dans d’anciens textes "Beaulieu-lez-Belleville" (c’est-à-dire "...près de Belleville")6 et qui a la réputation d’avoir vu passer "le roi de France" dans ses murs. Un bâtiments y existant encore en 2017, présentait alors des caractéristiques architecturales ayant toutes les chances de remonter au moins au XVe siècle.
Cette réputation semble bien correspondre à une réalité. Louis XI, qui régna sur la France de 1461 à 1483, est bien venu dans la région, voulant alors mettre fin à l’indépendance bretonne. Quand le 8 décembre 1472 il signa à Poitiers, une trêve d’un an avec le Duc François II de Bretagne, il entretenait déjà une troupe de plus de 120 hommes dans le château et la ville fortifiée de Montaigu7, située en bordure immédiate des Marches du Poitou et de la Bretagne, et faisant face au château et à la ville fortifiée de Clisson dépendant des Ducs.. Le Roi se rendit ensuite à Montaigu, pour d’une part s’assurer de son intérêt stratégique, et pour d’autre part en négocier l’acquisition auprès de son seigneur, Louis de Belleville-Harpedane (av.1428-ap.1475). Ce que, moyennant finances et compensations, le seigneur de Montaigu consentit. Comme son nom l’indique, celui-ci était aussi seigneur de Belleville8, et c’est ainsi que Louis XI serait venu entre le 1er et le 5 janvier 14739 au "Petit Beaulieu" pour chasser sur les terres voisines qui, à l’époque, étaient en bonne partie couvertes de landes et par "la forêt de la Roche-sur-Yon", les unes et l’autre ayant aujourd’hui disparu.
En 2017 au "Petit Beaulieu" : le dernier des bâtiments contemporains de Louis XI,
avant sa transformation deux ans plus tard.
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Notes, sources et références...
(sauf mentions contraires, illustrations et texte sont dus à M. Mignet)
1 Selon un acte à dater autour de 1743 (Archives de Fonteclose : fond Mauclerc, 217) ; acte de l’étude notariale de Julien François Danyau (Arch. dép. de la Vendée : 3 E 24-33).
2 Cahier des réquisitions de l’armée catholique et royale dans la paroisse du Poiré (Méd. mun. de La Roche-sur-Yon : ms 019) : réquisitions au Vivier.
3 L’essentiel des informations sur "le Vivier" contemporain proviennent d’entretiens en 2019 avec Denis et Chantal Bourcier, anciens agriculteurs du "Vivier" et y habitant.
4 Carte de Cassini, feuille 132 – les Sables, 1768-1770.
5 Fréneau (François-Xavier), Monographie bellevilloise, 1975, p. 173-177.
6 Cf. une lettre de René, "roy de Jherusalem et de Sicille, duc d'Anjou, per de France, duc de Bar, conte de Prouvence, de Forcalquier et de Pimont" datée de "Beaulieu-lez-Belleville" le 9 novembre 1456, citée par Paul Marchegay dans l’Annuaire de la Société d'émulation de la Vendée, 1857, p. 220 sq.
7 Cf. les mandements royaux de Louis XI du 13 mars et du 7 avril 1465 dans : Vaesen (Joseph), "Catalogue du fonds Bourré à la Bibliothèque nationale", Bibliothèque de l’école des Chartes, tome XLIV, 1883, p. 302-303.
8 Un traité définitif de cession de Montaigu au roi de France fut signé le 4 août 1473 à Sablé par Marguerite de Culant, épouse de Louis de Belleville-Harpedane, et ratifié par celui-ci le 26 décembre suivant (Paul Guérin, Archives historiques du Poitou, vol. 38, p. 395-400).
9 Le calendrier de l’époque faisant débuter l’année en France et jusqu’en 1564 à partir du jour de Pâques (soit pour 1473, le dimanche 18 avril), ce "1er au 5 janvier 1473" étaient alors le "1er au 5 janvier 1472"..
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