la Maison Neuve
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Bien qu’existant déjà au XVIIIe siècle, le village de "la Maison Neuve" n’apparaît pas sur les cartes de ce siècle et du suivant, à l’exception des plans cadastraux de 1836. Jusqu’en 1973, il se réduisait à seulement une métairie composée de son habitation et de ses bâtiments annexes, et il n’a jamais abrité que plus ou moins une dizaine de personnes1.
"La Maison Neuve", présente sur le plan cadastral de 1836
(environ 340 x 175 m),
mais absente sur la carte dite "d’état-major" levée dans les mêmes années
(environ 2000 x 1250 m),
et en août 2025, vue en allant à "l’Idonnière" et en en revenant.
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Un village de l’amenage de "Pont-de-Vie"
Avant la Révolution, la métairie de "la Maison Neuve" était exploitée par André Faveroul et sa famille2. Avec "le Moulin", "la Nilière", "le Puy Chabot" et "la Faucherie", elle faisait partie de l’amenage de "Pont-de-Vie", c’est-à-dire des terres et métairies en constituant le domaine. Elle appartenait alors aux La Sayette qui, ayant émigré, eurent leurs biens séquestrés comme bien national. En tant que tel, le 21 novembre 1798 "la Maison Neuve" fut l’objet d’un procès-verbal d’estimation3 qui la décrit ainsi :
"La maison consistant en deux chambres basses, un toit à cochon et un autre petit toit, le tout se joignant, longueur soixante-dix pieds de largeur trente pieds, et de hauteur vingt pieds, tenant de toute part aux terres de la métairie, tout en partie brûlé les dits bâtiments.
- plus une grange, le toit des bestiaux et celui des brebis se joignant, de longueur soixante-dix pieds, de largeur de largeur soixante pieds, et de hauteur vingt pieds au pignon, tenant de toute part aux terres de la métairie, les dits toiteries sont toutes brûlées.
- plus une aire entre les maisons et les toiteries, contenant trois quart de boisselée."
...avec ensuite l’inventaire des terres constituant la métairie :
- quatre minuscules vergers ou affiages,
- le champ et la pièce de la Vigne,
- la pièce de l’Ouche,
- la pièce du Grand Douet,
- le Pré de bas,
- le Grand pré,
- les grands et les petits Epina,
- la pièce du Remigieux,
- le petit pré et la pièce du Pâty aux rats,
- le grand Pâty,
- la petite et la grande Poirière,
- les trois champs des Landes,
- le petit et le grand champ Chart,
- les pièces du grand et du petit moulin Ché,
- le pré de la Noue,
- l’ouche du Borné,
- le pré de la Couarde,
- le pré de la Châtaigneraye,
- la pièce de la Vielle ouche,
- le pré Buniteau,
- la pièce du pas l’Ane,
- le taillis de la Maison Neuve."3
Le tout s’étendant sur 156,75 boisselées, soit environ 17,7 ha. Les mêmes terres se retrouvent sur le cadastre de 18364 mais elles y sont mesurées 25,60 ha.
En 1799, la métairie de "la Maison Neuve" fut adjugée en tant que bien national à Joseph Philippe Tireau (1753-1815), qui acquis dans le même temps le château et la métairie de "Pont de Vie". Plus tard, ses trois fils et sa fille vendront le tout en 1857 à Louis Gendreau dans la famille duquel il se trouvait au début du XXIe siècle.
Du XVIIIe à la fin du XXe siècle, "la Maison Neuve" fut tenue par les Faveroul, Arnaud, Buton, Rocheteau, Piveteau, Guibert, puis par Edmond Gauvrit (1935-2022), qui y exploita 34 ha jusqu’en 1981. Didier Guillet lui succéda alors, y créant en 1995 un élevage hors-sol de canards, ses terres étant reprises pour la plus grande partie par l’exploitation de "Londry", et le reste par celle de "la Pônière"5.
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"La Maison Neuve" et son petit patrimoine
Ce n’est qu’après qu’ils eurent été acquis par Joseph Tireau que les bâtiments de "la Maison Neuve", incendiés par les troupes républicaines, purent être reconstruits à commencer par ceux servant de granges ou de toits pour les animaux. Les parties ruinées du "château de Pont-de-Vie" et de ses annexes furent mis à contribution. Des encadrements d’ouvertures rapportés puis déplacés, et la présence de blocs de pierre sculptés insérés dans les murs de "la Maison Neuve" en témoignent encore plus de deux siècles plus tard.
La date de 1866 est gravée sur le linteau de la porte de la maison, allongée par la suite. La charpente de sa grange-étable porte celle de 1895, ainsi que les noms des charpentiers Henri Bousseau et Louis Moinardeau, établis alors au "Bourdaisy" voisin
A quelque 150 m, le long de la route du Poiré aux Lucs, à la tournée du chemin menant à "la Maison Neuve", s’élève une croix portant inscrit "DOUAUD R. M.J. MARTINAUD. 1844". René Douaud, né en 1768 et marié en 1798 avec Jeanne Martineau, née en 1773, faisait partie d’une lignée de meuniers déjà présents à "la Grande Roulière" au XVIIe siècle. Selon la Chronique paroissiale du Poiré, cette croix aurait été appelée autrefois "croix de la Tourette", faisant face au chemin dit "de la Tour". Toujours sur son emplacement d’origine, elle est la plus ancienne des 50 à 60 croix ou monuments assimilables se trouvant au Poiré en 2025, abstraction faites de celles du parvis de l’église et du cimetière. On relève sur le cadastre de 1836 la présence de croix antérieures mais qui ont été depuis soit déplacées, soit remplacées, soit ont disparu6.
La croix de "la Maison Neuve" le 2 juin 2017,
et, en août 2025, quelques-uns de ses témoins d’un passé plus ou moins lointain :
- une pierre sculptée insérée dans un mur (longueur : 1,15 m),
- la charpente de la grange-étable portant les noms de ses charpentiers
(L. Moinardeau – 1895 – H. Bousseau),
- l’encadrement rapporté d’une porte de cette même grange..
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Notes, sources et références...
(sauf mentions contraires, illustrations et texte sont dus à M. Mignet)
1 Le Poiré-sur-vie : listes nominatives des dénombrements et recensements de 1797 à 1968 (Arch. dép. de la Vendée : L 288, 6 M 280-281-282, 497 W).
2 Voir "les Réquisitions de l’armée catholique et royale dans la paroisse du Poiré" effectuées entre 1793 et 1795 effectuées entre 1793 et 1795 (Médiathèques municipales de la Roche-sur-Yon : ms 019)... Voir aussi de Lorvoire (Jean-Claude), "les Réquisitions de l’armée catholique et royale dans la paroisse du Poiré-sur-Vie", in Recherches vendéennes, n° 3, 1996, p. 257-299.
3 Procès-verbal d’estimation de la métairie de "la Maison Neuve", du 21 novembre 1798 (Arch. dép. de la Vendée : 1 Q 212).
Le pied équivalait à une longueur de 32,5 cm et une boisselée correspondait localement à 0,114 ha (soit 1 hectare = 8,77 boisselées).
4 Plans états de sections et matrices des propriétaires, du cadastre du Poiré de 1836 (Arch. dép. de la Vendée : 3 P 178, 3 P 2039...).
5 Entretiens en août 2025 avec avec Didier Guillet, vivant à "la Maison Neuve", et qui en a été le dernier agriculteur.
6 Boutin (Hippolyte), la Chronique paroissiale du Poiré, vers 1900, pages 19 à 22 ; et vérifications sur le terrain.
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