la "Chronique paroissiale de Cugand" par H. Boutin (1895)
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La "Chronique paroissiale de Cugand" fait partie d'un ensemble initié par Eugène Aillery (1806-1869) qui, devenu "prêtre habitué" (c’est-à-dire "prêtre retraité et résidant…") à Fontenay-le-Comte, se consacra à des recherches sur l’histoire religieuse du diocèse de Luçon. En 1860 il publia le Pouillé de l’évêché de Luçon (200 p.), et à sa mort il laissa un ensemble de manuscrits traitant de l’histoire des différentes paroisses du diocèse. Vingt ans plus tard, en 1889, l’évêché de Luçon décida de les actualiser de les faire paraître sous forme de cahiers mensuels d’une vingtaine de pages distribués à des abonnés, sous le titre de "Chroniques paroissiales". Jusqu’en 1895, les premiers cantons (ou "doyennés" dans la terminologie religieuse de l’époque) dont les "chroniques" furent publiées furent ceux de la Roche-sur-Yon, Chantonnay, les Essarts, Saint-Fulgent, les Herbiers et Mareuil, chacune de leurs paroisses y étant traitée en quelques pages. A partir de cette date, la prise en main de la publication par Hippolyte Boutin (1851-1901) leur donna plus d’ampleur, la part des textes dus à Eugène Aillery y devenant marginale, et leur contenu prenant un intérêt certain. Les "chroniques" des paroisses des cantons de Montaigu, de Mortagne et le début de celles du canton du Poiré (le Poiré, Aizenay, Beaufou), furent alors publiées. Puis, sous la direction de Julien Huet (1857-1925) et jusqu’en 1918, ce seront la fin de celles du canton du Poiré (Belleville, Saint-Denis, la Genétouze, les Lucs, Saligny), puis celles des cantons de Maillezais, de Rocheservière (celles de ce dernier rédigées essentiellement par Alain de Goué, 1879-1918) et de Fontenay-le-Comte. Après une interruption, la publication fut reprise, dans les années 1930, par Adolphe Poirier (1878-1957) pour le canton de Beauvoir, et elle se termina dans les années 1950 avec celles du canton de Pouzauges par Auguste Billaud. Soit 14 cantons sur les 30 que comptait la Vendée à cette époque, en plus des autres ébauches de "Chroniques" réalisées en son temps par Eugène Aillery pour la plupart des autres paroisses du diocèse de Luçon.
La "Chronique paroissiale de Cugand" a bénéficié des apports d'Hippolyte Boutin. Mise à part l'identification des changements des limites de la paroisse et de la commune au milieu du XIXe siècle qui y est plus qu'approximative, elle est le résultat d’un important travail d’enquêtes, partant des faits, recourant systématiquement aux documents originaux, vérifiant et recoupant les sources… Comme pour les autres "chroniques paroissiales", on y trouve un "État nominatif des curés (et vicaires) de la paroisse" dont la succession et les activités constituent a priori l’objet principal de chacune d’elles, et qui est ici longuement développée, avec aussi l'état des usages liturgiques de la paroisse en 1788 et qui se sont perpétués presque tels quels jusque dans le troisième quart du XXe siècle. S'y ajoute les activités liées aux moulins sur la Sèvre, qui étaient en passe de devenir industrielles dès la fin du XVIIIe siècles.
Son contenu est partiellement utilisé dans certains des autres chapitres concernant Cugand.
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La "Chronique paroissiale de Cugand" suit le plan suivant :
Cugand
Cugand, cure du doyenné de Clisson et de l'archidiaconé de Nantes
Etat nominatif des curés et vicaires Belleville, dont...
- l'état des usages de la paroisse de Cugand en 1788
Annexes
- chapelle Saint-Lazare
- Antière et sa papeterie
- Hucheloup et sa filature de laine cardée
- hauts faits des colonnes infernales
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CUGAND
( Cugandavum )
Cette paroisse était autrefois du diocèse de Nantes. Cure de Saint-Pierre-ès-liens de Cugand ; l'évêque de Nantes ; revenu 1,500 livres.
Chapelle de Saint-Lazare, fondée par les seigneurs de Clisson ; revenu, 100 livres, 1 messe par semaine.
Confrérie de la Conception ; recteur messire B. Doudard :
Fabrique : blé, argent et oblations.
(Visite d'Antoine Binet, archidiacre, abbé de Melleraye, en 1683, aux archives de la Préfecture de Nantes.)
- Cure de Cugand ; patron, autrefois le roi, à présent le pape et l'évêque, alternis mensibus ; revenu 1,500 livres ; recteur M. Marcoux.
(Pouillé, manuscrit du commencement du XVIIIe siècle.)
- Ecclesia Sancti Petri ad vincula de Cugant.
Cure. Patron, le pape et l'évêque alternent ; antérieure à 1287.
Revenu. 1500 livres.
Titulaire. Jacques Lebastard, né à Héric, ord. 1758, vicaire de Saint-Père-en-Retz - 3 octobre 1788.
Vicaire. Guillaume Veillard, né à Saint-Nicolas ord. 1789.
Eglise sans architecture ni caractère.
Chapelle paroissiale de Saint-Lazare, en mauvais état ; autrefois interdite ; procession.
Confrérie de la Conception de la B. V. M. ; messe le samedi.
Chapellenies : Saint-Lazare, Saint-Michel ou les Nicoleau, les Nerrière, les Uzureau, la Mothe, Saint-Jacques et Saint-Michel, les Loiret.
(Etat du diocèse de Nantes en 1790, par l'abbé Grégoire.)
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CUGAND
CURE DU DOYENNÉ DE CLISSON ET DE L'ARCHIDIACONÉ DE NANTES
1. Cure à la nomination du Pape et de l'évêque alternis mensibus.
Jacques Lebastard, né à Héric, vicaire de Saint-Père-en-Retz, ayant reçu sa bulle du Souverain-Pontife et son visa de l'évêque, prend possession de la cure et bénéfice de Cugand, en présence et au rapport de Duboueix, notaire de la châtellenie de Clisson, le 31 octobre 1788.
2. Bénéfices secondaires :
- 1° Chapellenie de Saint-Lazare, fondée et desservie dans la chapelle du nom, - d'une messe basse par semaine.
8 mai 1776. Bénéficier titulaire : Jacques Bureau, chanoine de la collégiale de Clisson.
Présentateur et patron : le prince de Soubize. Collateur : l'évêque de Nantes.
- 2° Chapellenie des Usureau, fondée et desservie dans l'église paroissiale, à l'autel de la T. S. Vierge.
16 mars 1783. Bénéficier titulaire : Joseph Durand, diacre, originaire de Cugand et y demeurant. Présentateur, patron et collateur : l'évêque.
- 3° Chapellenie de la Mothe, desservie à l'autel de la T. S. Vierge.
5 juin 1778. Bénéficier et titulaire : Pierre Richard, recteur et vicaire perpétuel de la Trinité de Clisson, docteur en Droit Canon.
Patron et présentateur : le sieur de la Grenotière. Collateur : l'ordinaire.
- 4° Chapellenie de Saint-Michel, dans l'église - d'une messe par semaine.
11 novembre 1771. Bénéficier Brillaud, vicaire de Saint-Julien (de Concelles), originaire de Cugand.
Présentateur, patron et collateur : l'évêque.
- Cette chapellenie est aussi appelée "des Nicoleau,", desservie à l'autel de la T. S. Vierge.
(Extrait des Insinuations ecclésiastiques : archives de l'évêché de Nantes).
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L'origine de Cugand remonte à l'invasion romaine dans les Gaules. La position de cette localité parut si importante aux vainqueurs de l'univers qu'ils y établirent une station romaine pour dominer le pays qu'ils n'avaient pu entièrement dompter[1].
Cugand, la Bruffière, etc., faisant partie des dix-sept paroisses du Poitou et de la Bretagne appelées les Marches, jouissaient, à ce titre, de plusieurs exemptions de droits et impôts. Les Marches, dit Ducange, étaient synonymes de limite ; elles formaient, depuis l'Ile-de-Bouin jusqu'à Tiffauges, une grande lisière de terrain large d'une demi-lieue et quelques fois d'une lieue entière, sur quinze à dix-huit de longueur. Ces privilèges avaient attiré dans ces contrées une population industrielle qui contrastait d'un manière frappante avec la misère des pays limitrophes. Les Marches sont encore les parties les mieux cultivées des deux départements de la Vendée et de la Loire-Inférieure entre lesquels elles se trouvaient placées.
François Ier voulut soumettre ces Marches aux mêmes droits et redevances que les autres provinces du royaume ; les employés du roi osèrent franchir les rives de la Sèvre et réclamer des impôts et des hommes d'armes : soudain la guerre se déclare dans toute la contrée ; mais les soldats du vainqueur de Marignan furent partout repoussés. Cette guerre que les historiens du temps ont appelée la guerre du sel, traîna en longueur et ne se termina que sous le règne de Henri II qui reconnut et approuva de nouveau les vieilles franchises des Marches. Cette indépendance fut acquise jusqu'au moment où la monarchie de Clovis et de Charlemagne fut détruite dans les flammes de 1793.
Cugand est encore un des points du département où l'industrie manufacturière est le plus en activité. On y compte quatre mécaniques dont trois à filatures pour la laine et le coton, et la dernière pour le papier. A l'exposition de 1844, les comptes rendus des produits de l'industrie nationale signalèrent avec éloges les castorines et les serges de MM. Chéguillaume, Mouillé et Bonnin, de Cugand, tant sous le rapport de la bonne qualité que sous celui du bon marché.
La plupart, en effet, des habitants de Cugand sont fabricants d'étoffe de laine et de coton. C'est surtout cette dernière branche d'industrie qui fait vivre la basse classe, dont la position est cependant des plus malheureuses, et on le comprendra aisément, lorsqu'on saura que l'ouvrier n'a que huit francs pour confectionner cent-dix mètres de coton : et il faut un bon ouvrier pour faire ce nombre en huit jours de travail. Si la stagnation du commerce vient à condamner ces bras à l'inaction, alors la misère devient à son comble.[2]
La Sèvre nantaise passe à Cugand ; elle coule de l'est à l'ouest et fait mouvoir la plupart des mécaniques et un très grand nombre d'autres usines. Les bords de la rivière offrent des points de vue magnifiques. On y admire surtout d'énormes masses de rochers qui semblent se détacher des collines pour se précipiter dans la Sèvre.
On conçoit que la civilisation importée par l'industrie doit être plus avancée dans Cugand que dans aucun autre bourg de la Vendée. Malheureusement, entée sur une petite échelle, elle ne paraît souvent que sous son mauvais côté : les mauvais livres répandus dans la classe ouvrière détruisent souvent la simplicité de la foi chrétienne et y répandent le germe des mauvaises passions.
Le terroir est un peu argileux et faible, néanmoins les blés y viennent assez bien. Les récoltes sont un peu de vin, du froment et du seigle.
L'église de Cugand a pour patron Saint Pierre-aux-liens et forme une croix. Un clocher carré, bénédictin, un chœur lambrissé, une nef qui laisse apercevoir la charpente soutenue par quatre tirants nus et sans ornement : voilà l'apparence qu'offre ce monument[3]. Une chapelle est dédiée à la Sainte-Vierge ; l'autre à saint Sébastien, possédant un bon tableau. Une petite chapelle rurale s'élève en l'honneur de saint Lazare.
Le curé et le vicaire reçoivent de la paroisse un supplément de pension par semestre ; il est perçu par un homme chargé d'office, qui parcourt la paroisse avec une liste signée du conseil municipal, et où est marqué ce que chacun doit donner.
Le presbytère appartient à la commune et n'a que deux jardins de moyenne grandeur pour toute dépendance.
La fabrique n'a d'autre revenu que le produit de ses bancs, de ses chaises, et celui des quêtes faites à l'église tous les dimanches. Pourtant, il existe un usage qui lui procure un petit avantage, qui est de porter, au commencement de chaque année, des gâteaux ou des grignes de pain bénit dans les maisons les plus aisées de la paroisse, et chacun paie, à sa générosité, le don qui lui a été fait. Ce sont quatre marguilliers d'honneur qui sont chargés de cette distribution et perception.
Aillery.
"Une des traces les plus curieuses qui soient restées, à Cugand, de l'ère féodale est, à coup sûr, l'usage que l'on sut tirer des chaussées de la Sèvre. Les ponts, sur son long parcours, étaient d'une rareté remarquable ; on en comptait cinq à six environ, et, dans ces temps reculés, le commerce devait en être considérablement gêné. C'est ce qui donna l'idée de faire de nos chaussées de véritables ponts à péage. Dans ce temps surtout, les relations étaient singulièrement difficiles ; nos routes étaient infestées de brigands qui se recrutaient, à la suite de chaque guerre, parmi les soldats licenciés... Beaucoup de cadets désœuvrés, à qui la paix faisait des loisirs, trouvèrent naturellement l'occasion de se tailler quelques fiefs improvisés pour la répression de ces brigandages. On vit ces chevaliers interposer leur rôle protecteur et former une sorte de douane intérieure dans les passages difficiles et dangereux où ils formaient une escorte aux commerçants et aux voyageurs réunis en caravanes. Ceux-ci se soumettaient volontiers à cet impôt qu'ils considéraient comme une prime pour leurs marchandises et leurs existences.
Sur le territoire de Cugand, nous connaissons, en particulier, deux postes semblables dont les traces et le souvenir sont restés dans la mémoire de nos pères. Au hameau de Fradet existe encore une ancienne habitation portant tous les caractères d'un noble manoir, à l'entrée de la chaussée ; des armoiries y sont gravées sur les poutres ; la tourelle de l'escalier, défendue par des meurtrières, constate sa destination. C'était bien le poste d'un cadet de famille.[4] Au hameau de la Doussinière, ces caractères étaient accusés d'une façon plus précise encore. La chaussée n'offrant pas une viabilité constante, on y avait adjoint parallèlement une sorte de pont fort primitif, portant le nom de Pont-Chevalier ; et de fait, le hameau construit sur l'autre rive a conservé le même nom. La tradition populaire a gardé le souvenir de la famille noble à qui appartenait ce poste avant la Révolution, et dans les veillées on raconte encore certaines légendes qui s'y rapportent[5]"
M. Lamprière. (Echos du bocage vendéen, Ve année, n° 2.)
Aux souvenirs du moyen-âge, rappelés par les lignes qui précèdent, il faut joindre celui qu'évoquent encore aux yeux du touriste les ruines considérables qui se dressent sur la gauche, non loin de la grand'route qui mène de Clisson à Cugand. C'est l'antique fief du Grand-Pin-Sauvage.
D'après une charte de l'année 1235, ayant pour titre : "Accord fait devant Etienne, évêque de Nantes, entre Guillaume-le-Vieux, seigneur de Clisson, et les frères de la milice du Temple", nous savons que cette demeure féodale existait dès cette époque. Elle devint, plus tard, la possession des Templiers de la Madeleine de Clisson.
La charte dit, en effet, expressément "que Guillaume Sauvage fit des dons considérables aux Templiers ; que Catherine, sa femme, que Raginard et Sebile, ses fils, y joignirent leurs bienfaits particuliers." (Cartulaire de la Madeleine-du-Temple, Clisson.)
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ÉTAT NOMINATIF
DES CURÉS, VICAIRES ET AUTRES PRÊTRES
de Cugand
avec notes et particularités des registres paroissiaux et des papiers de la Fabrique.
Les notes qui suivent sont extraites, en majeure partie, de la Chronique paroissiale rédigée par M. Grelier, ancien curé de Cugand, aujourd'hui chanoine titulaire de la cathédrale de Luçon.
Le bourg se trouve à peu près au centre de la paroisse, à quatre kilomètres environ des villages les plus éloignés, à l'Est et à l'Ouest.
Voici les noms des villages avec leur population, en 1853 :
| Haute paroisse | Basse paroisse | |||
| 1. - le bourg | 638 h. | 18. - la Brangerais | 16 h. | |
| 2. - Bel-Air d'Entiers | 4 | 19. - Haute et Basse-Palaire | 90 | |
| 3. - Mont-Galien | 4 | 20. - le Beau-Laurier | 10 | |
| 4. - Entiers | 80 | 21. - l'Aubépin | 21 | |
| 5. - la Hinoire | 14 | 22. - la Caillerie | 9 | |
| 6. - la Gaieté | 4 | 23. - la Grange | 36 | |
| 7. - Fradet | 78 | 24. - le Petit et le Grand-Coubrenier | 42 | |
| 8. - Haut et Bas-Noyer | 73 | 25. - l'Ambanière | 18 | |
| 9. - Hucheloup | 222 | 26. - la Patouillerie | 8 | |
| 10. - le Port | 25 | 27. - la Collarderie | 18 | |
| 11. - l'Aubrais | 10 | 28. - Bel-Air (sur la route) | 6 | |
| 12. - la Doucinière | 101 | 29. - la Marche | 76 | |
| 13. - la Pouzinière | 18 | 30. - la Feuillée | 30 | |
| 14. - la Vrignais | 31 | 31. - Plessard | 12 | |
| 15. - la Pénissière | 10 | 32. - Fouques | 334 | |
| 16. - Coulonge | 21 | 33. - la Grenotière | 17 | |
| 17. - le Mortier | 14 | 34. - la Grand'Maison | 15 | |
| 35. - la Chaunière | 6 | |||
| 36. - le Bordage | 32 | |||
| 37. - Fromaget | 43 | |||
| 38. - Gaumier | 60 | |||
| 1347 h. | 899 h. |
...soit en 1853 une population totale de 2246 habitants[6].
D'après une note qui se trouve dans le registre de 1667, la paroisse de Cugand existait bien avant le douzième siècle. Cette note concerne un acte de donation écrit en latin et mis en dépôt à la Chambre des Comptes de Nantes. Par cet acte, Geoffroy, duc de Bretagne et comte de Nantes, donne à Geoffroy Patoil, chapelain de Saint-Pierre de Cugand, du diocèse de Nantes, tout le domaine et la juridiction qu'il a dans le bourg et ses fiefs situés dans la paroisse de Cugand.[7]
Il y eut deux Geoffroy, ducs de Bretagne : le 1er de 992 à 1008 ; le second, de 1156 à 1196.
Après Geoffroy Patoil, on ne connaît aucun nom de prêtre ayant desservi la paroisse avant 1474.
1474. - Jean Jouénin est maintenu à la chancellerie du duc de Bretagne, comme recteur de Cugand. (Registre de 1667.)
1501. - Maldent, recteur. (Ibid.)
Le 15 juin, Guillaume Maldent, recteur, rend aveu à la Chambre des Comptes, par lequel il connaît et confesse tenir du roi le bourg de Cugand, avec ses appartenances et dépendances… Par raison desquelles choses est due, à la mutation de chaque recteur, au roi et reine une maille d'or de Florence.
1556. - Gilles Hamon, recteur. (Ibid.)
1563. - Jean Biré, recteur. (Ibid.)
1595. - François Usureau, recteur.
L'acte le plus ancien des registres paroissiaux est du 13 avril 1595. Il est signé : Usureau, recteur. Le 1er vicaire connu fut Nayrière, que remplaça Lemot.
Dans les premiers mois de 1596, jusqu'au 23 mai 1598, on trouve un certain nombre d'actes signés : Brunelière, prêtre.
Le 1er octobre de l'année 1596, le registre paroissial porte le visa en latin de Mathurin Robin, chanoine, grand archidiacre de l'église de Nantes, qui visita, à cette date, la paroisse de Cugand.
Il existait alors dans la paroisse de Cugand une confrérie en l'honneur de l'Immaculée-Conception. (Voir le registre de 1638.)[8]
1619. - Mathurin Lemot, recteur, neveu. du précédent.
Le dernier jour de mai de l'an 1626, fut ensépulturé, dans l'église paroissiale de Cugand, vénérable et discret messire François Usureau, prêtre.
1635. - Le seizième jour de janvier, fut enterré vénérable et discret messire Mathurin Perraud, vicaire de Cugand.
1637. - Le mardi, troisième jour de Pâques, 14e jour d'avril, décéda, sur une heure d'après minuit, vénérable et discret messire Mathurin Lemot, prêtre, ci-devant recteur de cette paroisse de Saint-Pierre de Cugand ...... et fut inhumé et ensépulturé dans le chœur de ladite église, au milieu d'iceluy, proche le balustre du grand autel paroissial. Signé : Rousselot, vicaire, Dumont, recteur.
1636. - François Dumont, recteur.
Il eut pour vicaire messire René Rousselot. Le 3 novembre 1647, il acheta une petite maison joignant les murailles de l'enclos du presbytère.
1638. - Le huitième jour de novembre, décéda messire Etienne Nayrière, prêtre en cette paroisse, et, le lendemain, fut inhumé ensépulturé au bas du chœur de cette église.
1651. - Le mercredi, quatrième férie de la Pentecôte, est décédé vénérable et discret messire François Dumont, recteur curé de cette église de Cugand, dernier jour de mai, et, le lendemain, premier jour de juin, a été inhumé au chœur de cette église, au-dessous le balustre, et au milieu d'iceluy, le corps du dit défunt. - Rousselot, vicaire.
1651. - François Huet, recteur.
E. Rousselot, vicaire. Le 2 novembre 1660, M. François Huet fonda une messe, le vendredi de chaque semaine. (Registre de 1667.) Il mourut, le 16 janvier 1661, dans la paroisse de Notre-Dame de Nantes. Après la mort de messire Huet, messire Rousselot ne signe plus que quelques actes sans autre qualificatif que celui de prêtre.
1662. - Allain Jégou, sieur de Brissilion, recteur.
Chenam, vicaire.
Le 22 mai 1668, fut inhumé en notre église, Dlle Elenie Prévost, fille de messire Charles Prévost et de Mlle Marie Richard, seigneur et dame de la Mothe ; laquelle était religieuse, professe dans le couvent de Montaigu, de l'ordre de Fontevrault ; décédée au Pin, ayant son obédience. - Signé : Chenam, vicaire.
1664. - Bonaventure Doudard, recteur.
Gaborieau, vicaire.
1669 - Le sixième jour du mois de juin a été inhumé, dans cette église de Cugand, le corps de vénérable et discret messire Mathurin Nayrière, prêtre de cette paroisse. L'enterrement fut fait par le recteur de Boussay.
1670. - Le 5 juillet, l'Adoration perpétuelle du Saint-Sacrement fut instituée dans le diocèse de Nantes et, par suite, à Cugand, par Mgr GiIles-de-la-Baume-le-Blanc-de-la-Vallière. évêque de Nantes.
1674. - Le 20 novembre, eut lieu dans la chapelle de Saint-Lazare, le mariage de Nicolas Dupoiron et de Jeanne Rousseau, célébré par le recteur de Cugand.
21 mai 1680. - Dernière signature de Mathurin Gaborieau, prêtre vicaire. - Depuis novembre 1683, messire Bonaventure Doudard ne signe plus.
1685. - Le 16 may, messire Jean Marcoux, vicaire, fut commis par messire Antoine Binet, abbé de Melleray, et grand archidiacre, pour recevoir, et a reçu les comptes de Georges Martin, laboureur, du village de la Doucinière, et de Jacques Guibert, charpentier, du village de la Pallaire, prévôts de la confrérie de Notre-Dame de la Conception, pendant les années 1683, 1684.
1689. - Le 30 avril, les sieurs Pierre Gouraud et Pierre Joguet, prévôts de la Confrérie de la Sainte-Vierge sous le titre de la Conception, pendant les deux années précédentes, et sortis de charge à la fête dernière de la Conception. rendent leur compte devant Mgr l'évêque de Nantes, dans le cours de sa visite faite dans cette église, les jour et an que dessus, et déclarent avoir employé la somme de 75 livres, du consentement des confrères, pour contribuer au paiement du tabernacle.
1690. - Le seizième octobre, est décédé dans sa maison presbytérale, noble et discret messire Bonaventure Doudard, recteur de Cugand, lequel était âgé de 68 ans et 6 mois, et, le lendemain, son corps a été enterré dans le cimetière, en présence des soussignés :
Doucet, prêtre ; Couronne prêtre, vicaire ; J. Marcoux, prêtre.
16 octobre, messire Claude-Marie de Lesrat, grand archidiacre de Nantes, fait la visite de la paroisse.
1690. - Jean Marcoux, recteur.
Les vicaires qui se succédèrent dans la paroisse sous messire Marcoux, furent : J. Dousset, Fouré, Jacques Guisne, Vincent Legendre.
En l'année 1691, fut fait le tabernacle.
1695. - Le 16 juillet, messire Pierre Despinose, abbé de Rillé, grand archidiacre et vicaire général de Nantes, fait la visite de la paroisse, et le brevet de visite lui est présenté par Jean Marcoux, recteur.
1697. - Le 5 octobre, a été inhumé au cimetière le corps de défunt messire Pierre Pavageau, prêtre, décédé du jour précédent, en présence d'Etienne Foulonneau, Mathurin Jaufrineau, Julien Vachon, ses parents, qui ne signent. - Signé : Jean Marcoux, prêtre.
1710. - Le 5 septembre, a été inhumé dans le cimetière le corps de messire Jean Marcoux, recteur de Cugand, par moy soussigné, en présence de MM. les recteurs de la Trinité, de Monnière, de Saint-Lumine, de Saint-Hilaire, de Saint-Jacques et de plusieurs autres. Signé : Jean Clénet, prêtre ; Jean Vinet, prêtre ; René Marcoux, prêtre ; Vincent Legendre, prêtre vicaire.
Cette année 1710 fut appelée l'année des grandes eaux, parce qu'il y eut une inondation des plus considérables. L'année précédente, 1709, avait été appelée l'année du grand hiver, parce qu'il fut le plus rude qu'on eût encore éprouvé, de mémoire d'homme. Les vignes gelèrent jusqu'à la racine ; les blés gelèrent également, et ceux-là seulement eurent une récolte qui ensemencèrent après la gelée. Le froid commença le 6 janvier, à l'heure des vêpres.
1710. - René Marcoux, recteur, bachelier en théologie.
Il signe son premier acte, comme recteur, le 17 septembre.
Les vicaires qui se succédèrent sous messire René Marcoux furent, croit-on, les suivants : Jamet, 1711 ; J. Vinet, 1711 ; B. Jousseaume, 1720 ; F. Gourdon, 1724 ; C. Plumtôt, 1725 ; Leroux, 1728 ; E. Méchineaud, 1729 (ce dernier était originaire de la paroisse de Cugand, comme le prouve une délibération du 9 juillet 1730) ; G. André, 1733 ; J. Sestre, 1736 ; Ulin, 1738.
Dans l'année 1729, fut faite une bannière double de velours cramoisi, ornée de ligures ; d'un crucifix et d'un saint Pierre-ès-liens attaché à une colonne, parsemée de fleurs de lis et d'hermines.
Le 16 décembre 1736, l'assemblée du Conseil de fabrique vote à l'unanimité qu'on fera des réparations à l'église "et aussi pour le montant et bras de la grosse cloche, ferrures pour yceux, échelle à monter au clocher, siège pour le sonneur de cloches, lorsqu'il monte au haut pour les sonner".
Le travail mis à l'adjudication fut pris par Etienne Boursier, maître charpentier, du bourg de Cugand.
Le dernier acte de messire René Marcoux, recteur de Cugand, est du 26 juillet 1741. Ce prêtre, janséniste orgueilleux et insoumis, comme tous ceux de la secte, fut exilé de sa cure, à cause de ses sentiments opposés à la bulle Unigenitus, après une visite du Seigneur Evesque à Clisson où la paroisse de Cugand avait été convoquée. M. Marcoux remit à une personne fidèle un petit coffre rempli de papiers concernant les droits de sa cure. C'est d'après ces papiers que M. Dechaille rédigea plus tard ses notes.
Après le départ de René Marcoux, l'autorité supérieure envoya dans la paroisse un vice-gérant, Jacques Legris, prêtre, docteur en théologie. Son premier acte est du 1er octobre 1741.
M. Etienne Fonteneau succéda à M. Legris, comme vice-gérant, le 4 juin 1743.
Le 30 août 1745, il fut remplacé par M. Corbel dans ses titres et qualité.
M. Drouallière arriva ensuite comme vice-gérant, le 23 mai 1747.
Pendant ces quatre vice-gérances, les vicaires de Cugand furent : E. Méchineaud et L. Vérel.
Le 31 décembre 1748, Clémenceau, vicaire.[9]
Le 24 décembre 1750, P. Bossis, vicaire. - 11 janvier 1754.
Le 14 avril 1753, est décédé dans cette paroisse messire Etienne Méchineaud, prêtre, originaire de Cugand, a esté inhumé le lendemain, quinze du même mois, en présence des soussignés : Jousseaume, recteur de Saint-Hilaire-du-Bois ; Bouet, recteur de Saint-Gilles (paroisse de Clisson) ; F. Dobigeon, vice-gérant de Gétigné ; M. Loir, prêtre vicaire (de la Bruffière) ; Brillaud, prêtre ; J.-J. Gauvain, prêtre ; Richard, prêtre ; Simon, prêtre ; P. Bossis, prêtre ; Drouallière, vice-gérant ; J. Vanderuckey ; P. Hulin, vicaire de la Bernardière.
Le 15 janvier 1754. M. Pierre Mongis, vice-gérant de Cugand.
Vicaires, M. Chesnin (du 27 janvier 1754 au 14 décembre 1755) ; - M. T. André (du 3 janvier 1756 au 12 juin 1759).
"Le quatorzième jour de may 1758, jour de la Pentecôte, a été bénie (sic) solennellement par M. Mongis, vice-gérant, la croix de la Herse, donnée par demoiselle Françoise Allard, veuve Guiheneuf ; Monseigneur l'évesque ayant accordé quarante jours d'indulgences à ceux qui iraient faire leurs prières devant cette croix."
Dans l'année 1759 a esté acheté la croix d'argent pour les processions et l'ancienne vendue.
Monitoire publié, le 26 août 1759, dans l'église de Cugand[10] :
"Jean Olivier Berthou de Querverzio, prêtre, docteur en théologie, abbé commendataire de l'abbaye de Sainte-Marie de Pornic, chantre en dignité de l'église-cathédrale, vicaire général et official de Nantes, à tous recteurs, vicaires, prêtres ou notaires royaux apostoliques de ce diocèse, salut.
Savoir faisons que lettres monitoriales auraient été par nous décernées, le 20 juillet 1759, à l'instance et complainte de maître Charles Bureau de la Robinière, procureur fiscal de la cour et juridiction de la châtellenie de Clisson, procédant de son office, demandeur et accusateur, tendant à la preuve des causes de la mort d'un particulier inconnu, dont le cadavre a été trouvé noyé en la rivière de Sèvre, entre la chaussée de Persimon et celle de Plessart, du côté de la garenne de Clisson, le 10 de ce mois de juillet.
Lequel monitoire a été publié par trois jours de dimanches consécutifs, au prône des grandes messes de Cugand et suivant le certificat du Sieur Mongis, vice-gérant, qui a averti et admonesté tous ceux qui ont connaissance des faits dudit monitoire, d'en donner leur déclaration à la justice, huitaine après la dernière publication, faute de quoi ils encourront la peine d'excommunication ; et, comme il peut y avoir quelqu'un de ceux qui ont connaissance desdits faits et ne sont pas venus à révélation et ont, au contraire, méprisé lesdites monitions, nous avons, à la complainte dudit sieur procureur fiscal, et en vertu de l'ordonnance rendue par Monsieur le Sénéchal de ladite juridiction, le 16 de ce mois, au pied de la remontrance représentée et rendue, averti et admonesté tous ceux qui ont connaissance des faits dudit monitoire, d'en donner leur déclaration à la justice, au plus tard dans trois jours après la publication des présentes, à faute de quoi les déclarons contumaces, désobéissants et rebelles aux monitoires ecclésiastiques et, comme tels, nous les excommunions. Vous mandons que, de notre autorité, vous les déclariez et dénonciez excommuniés en la forme usitée et ordinaire.
Donné à Nantes, sous notre seing et scel ecclésiastique, le vingtième août mil sept cent cinquante-neuf.
Signé : Berthou de Querverzio, officiaI.
Publié au prône de notre grande messe paroissiale, ce 26 août 1759.
Signé : Mongis, vice-gérant de Cugand."
Au mois de janvier 1760, le sieur René Marcoux, recteur de cette paroisse, mourut à Avessac (canton de Saint-Nicolas-de-Redon). Il y avait dix-huit ans et cinq mois qu'il estoit éloigné de sa paroisse par lettres de cachet, à cause de ses sentiments opposés à la bulle Unigenitus. Il a fait un testament par lequel il se réfère à la profession de foi qu'il avait faite à son évesque et qui est celle pour laquelle il fut exilé. Il y dit qu'il ne veut point acheter indignement les sacrements au dépens de la vérité; et si, à cause de la faiblesse d'esprit que cause si ordinairement la violence de la maladie, on extorquait ; par importunité, quelques paroles ou signes, ou aveux contraires à sa foi présente et actuelle, il les déclare nuls, involontaires et sans effets.
Il avait possédé la cure une cinquantaine d'années, y compris le temps de son exil.
1760-1788. Jacques Dechailles, recteur.
M. Dechailles, docteur en théologie, obtint la cure au concours, le 6 juin.
1759-1781. Baufreton, vicaire.
Après la mort de René Marcoux, un de ses exécuteurs testamentaires remit à messire Dechaille le petit coffre contenant les papiers qui regardaient la paroisse.
En 1762, la grosse cloche est fondue ; elle est bénite, le 2 avril, par messire Simon, recteur de la Bernardière.
Fin de 1763, démolition de l'ancienne cure et reconstruction d'une nouvelle sur les plans de M. Ceynerai, ingénieur-architecte de M. le duc d'Aiguillon. M. le curé en prend possession en mai 1765.
En 1764, fut faite l'horloge, qui sonna, pour la première fois, à minuit, la nuit de Noël. Elle coûta deux cents livres.
"En 1766, l'hiver a esté très rude et a commencé dans sa force, comme en 1709, la nuit du cinquième au sixième janvier. Les vignes ont été gelées, la plus grande partie, jusqu'à la racine et ont été plus de six ans sans pouvoir se reprendre."
C'est dans l'année 1768 que furent faites les deux chapelles. Le trente octobre dix-sept cent soixante-dix, on plaça l'autel des saints Sébastien et Clair. Le tableau de saint Clair était placé à l'ancien autel de saint Sébastien, sous le titre de saint Mathurin ; "mais, comme on ne connaît point de saint Mathurin évesque, dit M. Dechaille, j'en ai changé le titre pour honorer saint Clair, premier évesque de Nantes".
Dans cette année, la misère fut tout à fait grande. "Je faisais bouillir, dit M. Dechaille, six livres de riz avec dix-huit livres de pain froment, dont je faisais une bouillie qui nourrissait quatre-vingts personnes, tout leur content."
La nuit du 25 au 26 novembre, après une pluie continuelle qui avait duré près de deux fois vingt-quatre heures. les eaux de la rivière de Sèvre se précipitèrent avec une impétuosité qui ruina presque tous les riverains. L'eau monta, dans cette paroisse, à Vingt-sept pieds de hauteur (au-dessus du niveau ordinaire) ; les dommages furent estimés à 24.490 livres.[11]
Le 22 septembre 1770, fut ordonné prêtre Charles Brillaud, né au Bordage, de cette paroisse, le 30 avril 1745. - Jean Brillaud, son frère, fut ordonné prêtre le 1er juin 1776.
"Le quatre février dix-sept cent soixante-et-onze, l'autel de la Sainte-Vierge a esté placé. Le tableau de la Sainte-Vierge est semblable à celui de la cathédrale de Nantes, et on le dit tiré sur celui de Sainte-Marie-Majeure de Rome, sur le portrait qu'en a fait saint Luc. Le retable est tout neuf ; le haut est seulement composé des ornements de l'ancien autel de la Sainte-Vierge ; la statue du haut est ancienne. - Le huit avril de la même année, les autels et chapelles ont esté bénits."
Le 8 octobre 1771, mariage de Mathurin Brillaud, du Bordage, et de Marie Fonteneau, bénit par Charles Brillaud, prêtre, vicaire de Saint-JuIien-de-Concelles, dans la chapelle de Saint-Lazare. Signent : messire de Vieux, seigneur du château du Pin-Sauvage, en cette paroisse, et messire Belorde, propriétaire de la Grenotière.
1772. -
"Le sieur Charles Hallouin, chanoine de Clisson et titulaire du bénéfice de Saint-Lazare, en cette paroisse, a obtenu de M. le prince de Soubise, seigneur de Clisson et patron de la chapelle, et de Mgr l'évesque de Nantes, la permission de démolir la chapelle de Saint-Lazare et d'en rétablir une autre beaucoup plus petite. Il est trouvé dans les décombres, vers la porte, beaucoup d'ossements de morts, ce qui fait présumer que c'était anciennement une maladrerie.
Cette église avait 22 pieds de largeur et 45 pieds de longueur ; elle avait deux autels : le maître-autel dédié à saint Lazare, et le second à saint Symphorien. Ce fut en 1740 qu'un titulaire y fit placer la statue de ce saint, ce qui a occasionné une espèce d'assemblée abusive et pleine d'inconvénients fâcheux, le dimanche le plus près de la fête de ce saint, qui est le 22 août."
"Le 16 août 1775, la chapelle de Saint-Lazare fut bénite par M. Charles Hallouin, titulaire de ce bénéfice et doyen du chapitre collégial de Clisson."
1773. - 32 décès, 41 baptêmes, 7 mariages.
1774. - 41 décès, 47 baptêmes, 9 mariages.
1775. - 32 décès, 44 baptêmes, 15 mariages.
Au mois d'avril 1775, le sieur Jean Frérot a entrepris une forge à fer. Il a commencé par faire nettoyer la chaussée et creuser les fondations des moulins. Cette chaussée est celle qui est au-dessous du village de Fouques. (Les forges à fer de la chaussée de Fouques furent allumées le 5 octobre 1776.)
1776. - Messire René Belorde, originaire de cette paroisse, et député du clergé à la Chambre ecclésiastique, s'étant démis, par résignation, de sa cure d'Aigrefeuille, se trouva perdre sa députation à la chambre. L'élection de son successeur fut faite à Notre-Dame de Clisson, dans l'église, sous la présidence du seigneur Evesque. Ce fut le sieur Richard du Plessis, recteur de Haute-Goulaine, qui fut élu.
Même année, 25 juin, Mgr Jean-Augustin de Frétat de Sarra, évêque de Nantes, visite la paroisse de Cugand. Cette paroisse n'avait pas eu l'avantage de recevoir d'évêque depuis le 10 septembre 1699, époque à laquelle Mgr Gilles de Beauveau fit sa visite et reçut les comptes de la Confrérie de la Conception.
Le lendemain, 26, le seigneur évêque alla coucher à la Bernardière.
1777. - 23 décès, 46 baptêmes, 17 mariages.
1778. - Mort de messire René Belorde, ex-recteur d'Aigrefeuille, âgé de 70 ans, décédé à la Grenotière, inhumé le 8 avril.
1779. - Achat d'une chasuble de gros de Tours broché, avec des dalmatiques pareilles ornées de petits galons d'or brodés en paillettes d'or.
Epidémie de petite vérole qui emporte la septième partie des enfants attaqués, depuis le mois d'août 1778 jusqu'au même mois de cette année.
A cette maladie, a succédé la dysenterie, qui n'a pas été si cruelle en cette paroisse qu'en plusieurs autres.
1779. - 54 décès, 48 baptêmes, 15 mariages.
1781. - 70 décès, 54 baptêmes, 20 mariages.
Dans ces 70 décès, figurent nombre de victimes de la dysenterie qui sévit cruellement en cette année.
Même année, 9 décembre, M. Dechaille bénit la deuxième cloche. Cette cloche n'a pas eu de parrain ; elle pèse 751 livres. Elle a été nommée Marie de la Conception.
Visite de Mgr l'évêque.
Vicaires : MM. Jean-Chrysostome Braud (15 mai 1781 - 8 août 1781) ; René Guérin (24 décembre 1781 - 9 janvier 1783).
1782. - Récolte très abondante ; moissons contrariées par les pluies qui commencèrent dès les premiers jours de mai.
Le 23 novembre 1782, le sieur Frérot, maître et directeur de la forge de Fouques, la vend à Ecuyer-René-Julien d'Acosta, négociant à Nantes, pour la somme de soixante mille livres.
1782. - 47 décès, 60 baptêmes.
1783. - 49 décès, 70 baptêmes, 6 mariages.
Vicaires : MM. Dugast (1783) ; Bureau (24 février 1784 - 2 juin 1785) ; J.-J. Saillant (6 juin 1785).
1785. - 82 décès, 64 baptêmes, 26 mariages.
1786. - 55 décès, 64 baptêmes, 26 mariages.
1788. - Le 24 mai 1788, après midi, a été inhumé dans le cimetière de cette paroisse le corps de messire Jacques Dechaille, docteur en théologie, recteur de cette paroisse, après l'avoir gouvernée l'espace de 28 ans. La sépulture fut faite en présence des soussignés : P. Gautret, recteur de Boussay ; Brillaud, vicaire de Boussay ; Richard, recteur de la Trinité de Clisson ; F. Dobigeon, prêtre ; Beaufreton, chanoine semi-prébendé de Clisson ; Jullien, ancien recteur de Saint-Jean de Montfaucon ; Simon, recteur de la Bernardière.
L'écrit suivant, rédigé par M. Dechaille, nous fait connaître quels étaient les anciens usages de la paroisse de Cugand avant la Révolution. L'importance historique et l'intérêt de cette pièce n'échapperont à personne.
ÉTAT DES USAGES DE LA PAROISSE DE CUGAND, EN 1788.
I. TEMPOREL. - "La paroisse de Cugand relève pour le temporel des deux seigneurs de Clisson et de Tiffauges, à la manière des Marches communes de Poitou et de Bretagne. L'église et la cure relèvent du roi, et les affaires sont portées au présidial de Nantes."
Assemblées. - "Le corps politique du général y est composé de douze délibérants choisis, chaque année, le dernier dimanche d'avril, jour auquel sont changés les fabriqueurs en charge, qui rendent exactement leurs comptes trois mois après être sortis de charge, c'est-à-dire au mois d'août."
Rentes. - "Les rentes de la Fabrique consistent : 1° En 22 livres 10 sols de rentes foncières, pour l'entretien de la lampe, dus par les héritiers Favreau, sur la métairie dite du Petit-Village. (Archives de la paroisse) - 2° 62 sols de rente constituée, due par les héritiers du sieur Joseph Vinet, notaire, pour la fondation de Marie Jaufrineau, dont il y a 40 sols au recteur, pour l'acquit de deux messes chantées au 1er d'août ; restent 22 sols à la Fabrique. - 3° 3 boisseaux de froment dus par les teneurs de la Haute-Palaire, pour le pain bénit de Pâques. - 4° Un boisseau de froment, pour le pain bénit de Noël, et 3 livres 12 sols, dus pour la fondation de Guillaume Girard et Perrine Pain, lesdites rentes hypothéquées sur le pré des Nouës, au village des Portes, en la Bernardière, suivant le testament du 12 octobre 1639, au rapport de Gaborieau, et l'arrentement du 7 septembre 1715, au rapport de Richard, notaire de Tiffauges et de Clisson. Les héritiers de Pierre Baron de la Chaillouère, acquéreur, payent : les trois livres sont remises au recteur, pour l'acquit de trois messes chantées de ladite fondation, et les douze sols reviennent à la Fabrique. Les messes chantées s'acquittent le 18 octobre. L'arrentement de 1715 était fait par Jacques Coutoleau et consorts à Jean Dronneau. (Archives de la paroisse.) - 5° 6 pots de vin, dus à Pâques, par Baudry de la Vrignais, sur une maison située au bourg, vis-à-vis la croix du cimetière qui regarde la grand'rue. Il y avait autrefois deux barriques de vin qui ont été réduites à six pots. Il paraît que l'origine des deux rentes cy-dessus a été de fournir du pain et du vin pour soulager ceux qui avaient fait leur communion pascale. C'est peut-être encore l'origine de l'usage suivant."
Taillée de Pasques. - "On appelle taillée de Pasques l'usage où sont les fabriqueurs en charge de recevoir de chaque chef de maison la somme de deux sols six deniers, pour les besoins de l'église ; ils donnent un verre de vin à ceux qui payent ; et, probablement, on donnait anciennement un petit morceau de pain, soit pris de la rente cy-dessus, soit qu'il fût fourni par les fabriqueurs.
Cet usage est si ancien, qu'il est rapporté dans les plus anciens comptes de Fabrique ; et un recteur, pour l'autoriser davantage, s'obligea à descendre du chœur, après vespres, pour chanter à l'autel de la Sainte-Vierge l'antienne selon le temps qui termine l'office. On a refusé pour fabriqueurs des gens parce qu'ils n'avaient pas payé leur taillée de Pâques. D'autres n'ont pas voulu la payer sous prétexte que le recteur n'était pas descendu chanter l'antienne de la Vierge, le dimanche de la Passion et le dimanche des Rameaux. Il fallut leur faire entendre que, dans cette quinzaine, les images des saints étant couvertes, il ne paraissait pas que ce fût l'esprit de l'Eglise d'aller chanter cette antienne, le tableau étant couvert."
Quêtes dans l'église - "Outre cette taillée de Pâques qui ne produit guère que huit à dix livres, il se fait encore, aux quatre fêtes annuelles, une quête dans l'église par l'un des fabriqueurs en charge, pour les besoins de l'église. Elle produit à peu près la même somme".
Oblations. - "Celle des oblations ou offrandes faites à l'autel de la Sainte-Vierge, en lard, beurre, fruits, etc... produit environ 24 livres à 30 livres. J'ai toujours fait rapporter dans les comptes que je laissais sur cet objet, mes droits de recteur, pour les besoins de l'église, et ce, afin de ne pas nuire à mes successeurs."
Lin. - "Je n'ai pas cru devoir prendre les mêmes précautions pour le fil qui se donne à la Fabrique. Cet usage est bien singulier. Tous les premiers dimanches du mois, les fabriqueurs en charge distribuent dans l'église, après la communion du prêtre, des quenouilles chargées de filasse à des femmes. Ou elles filent cette filasse et en rapportent un écheveau avec la quenouille rechargée de filasse, ou elles rendent la même quenouille et payent cinq sols aux fabriqueurs. Le fil qui revient de cet usage est ordinairement employé à faire du linge ; ou, s'il n'en est pas besoin, il est employé dans les comptes."
Pain bénit. – "On y employe aussi le produit venant des grignes de pain bénit, sous le nom de présents faits à l'église. Voici comme la chose se passe. Les fabriqueurs en charge fournissent le pain, tous les dimanches, pour être bénit et distribué par l'un d'eux, pendant la messe paroissiale. Ils donnent des grignes à différents chefs de famille ; ceux-ci payent quatre sols aux fabriqueurs. Le jour de la fête de la Conception de la Sainte-Vierge, ils commencent à donner des gâteaux, ainsi que les fêtes de Noël, la Circoncision, le jour des Rois, la Purification de la Sainte-Vierge. Alors, ils donnent des grignes de ces gâteaux aux plus considérables qui payent quinze sols par chaque grigne. Ce payement se fait le plus ordinairement dans les fêtes de Pâques, avec les grignes de pain ordinaire et la taillée de Pâques. Il revient de ces différents payements environ cinquante livres de profit à la Fabrique, le boulanger payé, et on l'employe sous le nom de présents faits à l'église par différents particuliers."
Cierges. - "Il en est ainsi des cierges que la Fabrique fournit pour les enterrements, noces et femmes relevées. Je dis femmes relevées ; car souvent elles apportent un cierge ou payent cinq sols pour le cierge que la Fabrique fournit. On paye également cinq sols pour chaque cierge fourni aux enterrements ou services, lorsque les parents n'en fournissent pas ; car, pour peu qu'ils soient à l'aise, ils fournissent des garnitures de cierges, suivant leurs moyens. J'ai toujours laissé mes droits à la Fabrique sur tous ces cierges, parce qu'on en fournit pour toutes les messes."
II. SPIRITUEL. – "Quant aux usages de l'église, tous les dimanches, après l'aspersion, on fait la procession autour du cimetière. On y chante l'hymne du temps après lequel (sic) on chante le Libera, sans s'arrêter, et on vient dire l'oraison des défunts devant le grand autel. Cet usage doit être très ancien, puisqu'il y a une fondation pour ce Libera. (Voyez, au registre de 1638, les observations et les fondations qui y sont rapportées.) On ne fait pas de procession, les fêtes, si ce n'est celles marquées ci-après. On n'en fait point deux dans un même jour, de sorte que, s'il y a une procession à faire après vêpres, on n'en fait point après la grand'messe ; comme on n'en fait point aussi, lorsque le Saint-Sacrement est exposé."
"Tous les premiers lundis de chaque mois, s'il n'est pas empêché, on fait une procession autour du cimetière et on y chante l'hymne d'un martyr et la messe votive à l'autel de Saint-Sébastien. (Voyez les observations à la fin du registre de 1776.)"
"Le premier jour de l'an, on annonce le nombre des enfants nés, des morts et des mariages."
"Le jour de l'Epiphanie, salut et bénédiction du Saint-Sacrement, en conséquence du mandement de Nos seigneurs les évêques de Bretagne pour l'institution de la fête des Saints Anges Gardiens et Protecteurs du Roy et du royaume. (Voyez les observations du registre de 1757.)"
"Le jour de la Purification de la Sainte-Vierge, salut et bénédiction du Saint-Sacrement après les Vêpres, pour la Confrérie de l'Immaculée-Conception. (Voyez son article au registre des mariages commencé en 1600)."
"Le dimanche de la Quinquagésime et les deux jours suivants, prière des Quarante-Heures avec exposition du Saint-Sacrement les trois jours. Le lundi et le mardi, on chante la messe de l'exposition à huit heures, et, à trois heures, les Vêpres. C'est le sieur Mongis, vice-gérant, qui a commencé à chanter les Vêpres, ces deux jours. J'ai suivi cet usage d'autant plus volontiers qu'anciennement on chantait les premières vêpres des fêtes principales ; et, comme il n'y assistait personne, j'ai transféré les vêpres à ces deux jours. Le mardi, au soir, au salut, on chante le Te Deum, en action de grâces. Cet usage est d'autant mieux établi qu'il y a actuellement indulgence plénière à perpétuité, suivant le bref de Clément XIII, rapporté à la fin du registre de 1770. D'ailleurs, le Te Deum est d'usage en cette paroisse à la fin des exercices spirituels, comme cy-après."
"Les Pâques durent, dans cette paroisse, les quinze jours ordinaires, depuis le dimanche des Rameaux jusqu'au dimanche de Quasimodo inclusivement. Le dimanche de Pâques, salut, ainsi que le jour de l'Annonciation pour la confrairie (sic). On faisait anciennement une procession à la croix du pont, le dimanche de Pâques, après vêpres. Mais, comme il y a beaucoup de confessions, ces trois jours, j'ai transféré cette procession au dimanche de Quasimodo, après vêpres. En action de grâces, au retour, on chante le Te Deum. Comme il n'y a pas d'hymne pour le salut de Pâques, et qu'anciennement on faisait chanter par les petits choristes la prose O filii et filiæ, les trois fêtes, j'ai conservé cet usage, ainsi qu'au salut du dimanche. Ces enfants ayant chanté la prose, on y ajoute un des répons des matines, pour équivaloir aux hymnes du Saint-Sacrement qu'on chante pendant toute l'année aux saluts du S. Sacrement ; car il est d'usage de chanter les trois hymnes sans répons, si ce n'est le verset du S. Sacrement ; et, après la bénédiction, on entonne Laudate Dominum, omnes gentes, du 6e ton. Ensuite l'Angélus, non chanté, ce qui se dit régulièrement, tous les dimanches et fêtes, après vêpres et tous les autres offices qu'on peut faire l'après-midi."
"La procession de Saint-Marc se fait par le chemin de Gaumier, à revenir par Entiers, ensuite le chemin qui conduit à la croix de la Berce, et de là par la grande rue. Celle du lundi des Rogations est la même. Le mardi, on va à la chapelle de Saint-Lazare. C'est M. Mongis qui, le premier, a fait réflexion qu'ayant une chapelle rurale, il était convenable de la visiter dans ce jour. J'ai suivi cet usage. Et c'est aussi à cette chapelle que j'ai fait les processions ordonnées par Mgr l'évêque pour la disposition du temps ou pour les jubilés. Le mercredi, la procession passe par la rue de Belle-Noüe, pour faire le tour des vignes dites des Richaudières, et, quand les mauvais chemins ne permettent pas de faire ce tour, on rentre par la barrière du milieu des Richaudières, pour sortir par celle qui donne sur le chemin du bourg ou du cimetière à la Bernardière. Ces jours de Rogations et de saint Marc, on chante la messe à l'autel de saint Sébastien, comme il est marqué à la fin du registre de 1776, à l'exception du mardi où la messe est dite à basse-voix à Saint-Lazare."
"Le jour de l'Ascension, il y a procession après vêpres à la croix du pont ; on y chante les Litanies du Saint Nom de Jésus. On fait une pause à la croix où l'on chante trois fois O crux, ave, à genoux ; mais on ne chante point le Te Deum, au retour, comme on fait le dimanche de Quasimodo, quoique à celle de ce jour on ait chanté également les litanies du Saint Nom de Jésus et fait la pause à la croix, comme cy-dessus."
"Le dimanche de la Pentecôte, salut pour la confrairie ; le lundi, procession, à la première messe, autour du cimetière, qui tient lieu de celle qu'on faisait autrefois à l'église paroissiale de Saint-Sébastien, ainsi que le faisaient une grande partie des paroisses du diocèse ; cette procession fut supprimée par M. Drouallière, vice-gérant, et on a fait celle-ci en la place avec messe à l'autel de saint Sébastien."
"Le jour de la Fête-Dieu, la procession se fait par le tour de la place, devant le cimetière dont on fait aussi le tour en dehors ; ensuite, par la grand'rue jusqu'à la croix de la Herce, où on fait un reposoir ; de là, on retourne pour aller joindre la croix de Belle-Noile, et on revient à l'église par cette rue, en entrant dans le cimetière par l'escalier qui se trouve au-devant de cette rue. Le Saint-Sacrement demeure exposé jusqu'après les vêpres ; il est aussi exposé pendant toute l'octave ; la messe de l'exposition est chantée à 7 heures, et les vêpres à 3 heures, excepté le dimanche qu'elles sont dites à 2 heures, à l'ordinaire."
"La veille de la saint Jean-Baptiste, on allume un feu de joye dans le cimetière. On chante, en y allant, l'hymne du saint ; on bénit le feu, et, au retour, on chante le Te Deum. Saint Jean-Baptiste est le second patron de l'église."
"Le jour de saint Pierre, salut pour la confrérie."
"Le jour de la Visitation de la sainte Vierge, la paroisse de la Bernardière, en revenant de la procession qu'elle fait à la Chapelle de Toutes-Joyes, entre dans notre église. On a coutume d'aller au-devant avec la croix, et, après que les prêtres ont chanté l'antienne de saint Pierre, on les reconduit à l'entrée du chemin qui mène du cimetière à leur bourg. Toutes les paroisses des environs de Clisson vont en procession à cette chapelle, soit en ce jour, soit dans celui qui leur est plus commode. Notre paroisse y va processionnellement le dimanche dans l'octave de saint Pierre, au matin. On y dit la première messe, et on en revient aussi processionnellement.
Mais, comme il s'agit de renvoyer à la grand'messe ceux qui sont restés chez eux, il n'y a guère que ceux du bourg et des environs qui reviennent jusqu'à l'église."
"Le patron ou titulaire de l'église est saint Pierre-ès-liens, premier jour d'août. Le Saint-Sacrement y est exposé tout le jour, ainsi que le premier et le dernier dimanche de ce mois qui est, dans cette paroisse, le mois d'adoration du Saint-Sacrement. Il y avait anciennement un livre pour inscrire ceux qui veulent prendre, dans le mois, une heure d'un jour fixé pour y faire leur adoration. Ce livre, qui est en partie déchiré, devait avoir le mandement de Mgr l'évêque de Nantes. Ce mandement se trouve encore au livre de la paroisse de la Bernardière, avec l'indulgence qui y est accordée. Le dernier dimanche, au salut, on chante le Te Deum, en action de grâces, comme aussi le jour de la première communion des enfants, non au salut, mais à la procession qui se fait après le salut, en y chantant les litanies de la Sainte-Vierge. Et, comme la procession va à la croix du pont, on y fait la pause ordinaire et on revient à l'autel de la Sainte-Vierge, pour recevoir dans la Confrérie de l'Immaculée-Conception les enfants qui le désirent."
"Le jour de l'Assomption de la Sainte-Vierge, après le salut et la bénédiction qui se fait pour la confrérie, on fait, à la procession, le même tour que le jour de la fête, et on porte la petite statue qui est ordinairement placée à l'exposition du grand autel. Mais le jour de la Nativité de la Sainte-Vierge, la procession qui se fait après le salut, ainsi que ci-dessus, va à la chapelle de Recouvrance, en Gétigné, où on chante les Complies. C'est la procession où il y a le plus de dissipation, et, tôt ou tard, elle sera supprimée. Une partie va à Gétigné, une autre reste à Entiers ; il ne revient pas à l'église le tiers de ceux qui en sont partis."
"Le jour de saint Clair, on chante la première messe à son autel qui est commun avec saint Sébastien, à cause de son tableau (Voyez les registres de 1770)."
"Le jour de la fête de l'Immaculée-Conception de la Sainte-Vierge, exposition du Saint-Sacrement tout le jour. On faisait autrefois une procession solennelle, parce que le Saint-Sacrement n'était pas exposé. Mais, depuis que Monseigneur de Nantes a accordé cette permission, j'ai remis cette procession après le salut. Elle se fait autour du cimetière, et se termine à l'autel de la Sainte-Vierge ainsi que celle de la my-aoust, pour recevoir ceux qui veulent entrer dans la pieuse confrérie. (Voyez à la fin du registre des épousailles, commencé en 1660, ce qui concerne cette confrérie.)"
"La nuit de Noël, à la messe de minuit, l'église est parfaitement éclairée. Anciennement, on ne mettait que des chandelles de suif dans les lustres qui se trouvent dans l'église ; je représentai que dans une paroisse où on aimait à brûler de la cire dans des cierges énormes, tels que ceux qui se trouvaient accolés à la muraille et qui étaient de la Confrérie, il me paraissait étonnant qu'on brûlât du suif qui pouvait gâter les ornements, lorsqu'on descendait pour l'offrande ou pour la procession du dimanche dans l'octave, parce qu'on les allumait les trois fêtes, le jour de la Circoncision, de l'Epiphanie et de la Purification ; qu'ils gâtaient également les habillements de ceux ou celles qui se trouvaient dessous. On fait une quête, le dernier dimanche de l'Avent pour ce luminaire ; j'ajoutais le surplus pour faire un fond ; ensuite, j'engageai à faire fondre bouts et égouts des cierges pour en faire des bougies, et, lorsque je supprimai les gros cierges de la Confrérie, j'achetai des plaques de fer blanc pour mettre le long des murs, de distance en distance. Il y a plus de cent lumières dans l'église, ce qui fait qu'on peut lire dans toute l'église. Je dirai un mot de l'offrande qui se fait à la messe de minuit. Les femmes y apportent assez ordinairement des fruits. Anciennement, il y avait offrande aux trois messes solennelles de Noël, le premier jour de l'an et le jour des Rois. Le prêtre célébrant descendait à la balustrade et était obligé d'attendre assez longtemps qu'il vînt quelqu'un se présenter. A peine y en venait-il une douzaine. J'ai supprimé toutes ces offrandes et je n'ai conservé que celle de la messe de minuit, comme un reste de l'usage de la primitive Eglise."
"Nos seigneurs les archevêques et évêques de la province ecclésiastique de Tours, suivant leur mandement rapporté au registre de 1780, ayant supprimé la fête patronale des paroisses pour la transférer au dimanche, je priai Monseigneur l'évêque, au mois d'avril 1781, d'accorder à ma paroisse de prendre pour fête patronale celle de saint Pierre du 29 juin, puisque c'est toujours le même saint Pierre qui était honoré comme patron sous le titre de saint Pierre-ès-liens. J'observai qu'à la fête de saint Pierre-ès-liens étaient accordées des indulgences pour les confrères de l'Immaculée-Conception ; que, selon de graves auteurs (et je citai M. Collet dans son Traité des Indulgences), lorsque les fêtes sont transférées, il n'y a pas d'indulgences le jour de la fête, puisqu'on ne fait pas l'office ; il n'y a pas non plus d'indulgence le jour où elle se trouve transférée, parce que c'est à tel jour que l'indulgence est accordée. J'eus une réponse satisfaisante que faisant l'office de saint Pierre-ès-liens dans son jour, mes paroissiens pourront gagner les indulgences attachées à ce jour-là. J'obtins aussi la permission d'exposer le Saint-Sacrement, le jour de la saint Pierre du 29 juin, comme il l'était le jour de la saint Pierre-ès-liens, 1er août, c'est-à-dire tout le jour."
Après la mort de M. Dechaille, J.-J. Saillant, son vicaire, prit le titre de vice-gérant ; il en fit les fonctions jusqu'à l'arrivée de M. Le Bastard.
1788 (3 octobre). M. Le Bastard, recteur.
Le premier acte de M. Le Bastard est du 31 octobre 1788. Son vicaire fut M. Veillard qui signe pour la première fois au registre, le 14 juin 1789.
Le dimanche, 4 octobre 1789, a été établie dans l'église de Cugand la confrérie du Saint-Rosaire, d'après une demande de M. Le Bastard à Mgr de la Laurencie, évêque de Nantes.
Ici comme dans la plupart des registres paroissiaux et des chroniques, il existe dans notre manuscrit une lacune regrettable et difficile à combler ; car la tradition qu'on a pas eu la précaution de recueillir à temps s'est aujourd'hui en grande partie effacée. Les notes qui suivent n'en sont que de précieux restes. Elles ont été recueillies de ci de là et complétées par divers enseignements écrits. Quelque incomplètes qu'elles soient, elles n'en sont pas moins intéressantes, et méritent d'être conservées. "Colligite fragmenta ne pereant".
M. Jacques Le Bastard naquit à Héric (paroisse du diocèse de Nantes), le 29 mai 1751. Il était propriétaire dans cette paroisse. Ordonné prêtre, il fut d'abord nommé vicaire à Saint-Père-en-Retz, puis curé de Cugand, le 3 octobre 1788. Il obtint cette cure au concours, comme il le dit lui-même dans l'acte de prise de possession. "Le trente-et-un octobre, je soussigné, Jacques Le Bastard, prêtre, natif de la paroisse de Héric, j'ai pris possession de la cure de Cugand à laquelle je fus nommé par le concours du onze septembre précédent, de l'an mil sept cent quatre-vingt-huit.
Signé : Le Bastard, recteur de Cugand."
M. Le Bastard, d'après divers rapports, était de bonne taille, d'une constitution robuste, d'un caractère un peu dur et surtout très vif. Comme son frère, Olivier, vicaire de Héric, sa paroisse natale, il refusa de prêter serment à la Constitution civile du clergé[12].
Pour éviter les peines rigoureuses portées contre les prêtres réfractaires, il fut obligé de se cacher. Le vaillant pasteur ne voulut point laisser son troupeau à la merci des loups de la Révolution[13] ; il passa les jours de la Terreur dans sa paroisse, déguisé tantôt sous un costume, tantôt sous un autre, mais, le plus souvent, en paysan, afin de dépister ses persécuteurs. Il changeait également de gîte, presque chaque nuit, parfaitement accueilli par tous ses paroissiens, quelles que fussent d'ailleurs leurs opinions politiques. Souvent même, dit-on, il affectait de demander l'hospitalité à des gens qui avaient donné dans les idées révolutionnaires ; et il ne fut jamais trahi par eux[14]. Lorsque le digne prêtre célébrait les saints mystères dans les maisons, dans les granges, ou même dans les étables, d'après le rapport du Père Pineau, de la Basse-Palaire, qui l'avait conduit souvent, il entrait toujours le dernier dans l'endroit, et il en sortait toujours le premier. C'était une mesure de précaution.
Portant les secours de son ministère à tous ceux qui les réclamaient, il ne craignit pas pour cela d'exposer sa vie en diverses rencontres. Mais, gardé par la Providence, il parvenait toujours, alors, par quelque moyen ou coup d'audace, à échapper aux poursuites des soldats de la Révolution. Nous ferons remarquer que le voisinage de la petite ville de Clisson où se trouvait alors un cantonnement assez considérable de troupes républicaines, lesquelles faisaient de fréquentes patrouilles aux alentours, exposaient le saint prêtre à des dangers continuels. Néanmoins, quand le devoir l'appelait, semblable crainte ne pouvait l'arrêter.
C'est ainsi qu'un jour il alla, dit la tradition locale, administrer les derniers sacrements à un malade jusque dans l'intérieur de la ville même de Clisson, et que, à l'aller ou au retour, il ne craignit pas de se jeter à l'eau, dans les environs de la Marche, pour traverser la Sèvre.
Une autre fois, à Cugand même, il traversa le bourg, au milieu des soldats qui le cherchaient, en portant une rote (lien de fagot) sur l'épaule, comme un paysan qui va cueillir un fagot de choux. Aucun d'eux ne le reconnut.
Une nuit, ils croient bien le surprendre dans son presbytère ; mais le pauvre proscrit a pu s'échapper à temps par la porte du jardin. Arrivé dans la rue, il trouve un homme que des besoins naturels avaient fait sortir, à cette heure, de sa maison ; il se précipite chez lui par la porte entr'ouverte et se cache dans la venelle du lit où était couchée sa femme. L'individu continue ses opérations sans s'émouvoir et dépiste la patrouille par son sang-froid et l'habileté de ses réponses. Et les soldats passent devant sa porte sans entrer... Cette fois encore, le prêtre était sauvé.
Sur la fin de la Révolution. M. Le Bastard dut cependant, quelque temps du moins, céder devant l'orage et chercher un refuge plus sûr où il fût à l'abri des perquisitions incessantes dont il était l'objet. Un document officiel nous apprend, en effet, que le 21 prairial an X (9 juin 1802) il était à Nantes, où il déclara qu'il demeurait alors, mais désirant profiter de l'amnistie pour fixer son domicile à Cugand. La déposition de Françoise Mouillé, sœur des défunts abbés Mouillé, confirme ce qui précède. Elle affirme que sa mère est née en 1799, et qu'à ce moment, les prêtres se tenaient encore cachés, qu'on ne savait où prendre le curé pour faire le baptême... On finit enfin par le trouver.
M. Le Bastard fut maintenu dans sa cure, au Concordat. Chapelain de la Chevallerais, en 1806, il fonda, en ce lieu, une école ecclésiastique dont il fut le premier supérieur. Nous le retrouvons supérieur du collège de Guérande, en 1811 ; chapelain de Saillé, en 18I2 ; et, enfin, en 1815, curé de Sainte-Luce, où il mourut pieusement dans son presbytère, le 17 décembre 1827.
Son vicaire, M. Yves-Guillaume Veillard, n'eut pas une vie moins mouvementée, ni moins méritante, pendant la période révolutionnaire. Né à Nantes, le 13 avril 1764, prêtre le 6 juin 1789, M. Veillard fut nommé, aussitôt après vicaire de Cugand. Lui aussi, il resta dans la région, se dévouant au salut des âmes, au péril de sa propre vie. On le signala comme se tenant presque toujours dans le canton de Vertou (Registre des réquisitions, 18 fructidor an VI). Ordre fut donné aux commissaires de Vertou et de Cambon "d'employer tous les moyens pour s'assurer de la personne de ce scélérat." (Lettre du commissaire près de l'administration centrale du département de la Loire-Inférieure du 17 fructidor an VI). Vicaire au Bignon, en 1803 ; curé de Saint-Etienne-de-Corcoué, en 1805 ; il démissionna la même année, devint diacre d'office à la cathédrale de Nantes, et mourut dans cette ville, le 10 août 1825. (A. Lallié. Le diocèse de Nantes pendant la Révolution).
Le 8 vendémiaire an V (29 septembre 1797), vente de la cure par les administrateurs du département de la Vendée. Elle est achetée par MM. Jacques Blanchard, Louis Coudrin et Jean Guérin, habitants de Cugand, qui, par un acte du 28 ventôse an XI, sous signatures privées, non enregistré, l'ont cédée à la commune, ayant reconnu que cette acquisition n'a existé que pour la forme, parce qu'elle était requise par la loi. (L'acte mentionné ci-dessus se trouve à la mairie de Cugand.)
Notons ici, en terminant ces notes sur la Révolution à Cugand, que, par une exception digne d'être remarquée, l'église du lieu ne fut point brûlée par les bandes révolutionnaires qui sillonnèrent bien souvent son territoire, comme le furent la plupart des églises du voisinage. Sa pauvre apparence la protégea peut-être contre leur vandalisme et leur impiété. D'aucuns disent qu'il faut chercher la raison de cette préservation dans l'adhésion publique de la communauté (on dirait aujourd'hui la municipalité) à la République et aux principes de 1789. Une note conservée à la mairie le donne à entendre.
1806. - Mathurin Crabil, recteur.
M. Crabil était originaire de la paroisse de Saint-Crespin, diocèse d'Angers. Il y avait deux mois que la cure était vacante, quand il en prit possession. Dans ce temps, vivaient les deux MM. Brillaud, prêtres, natifs de la paroisse.
Le 7 février 1811, a été inhumé le corps de Marie-Louise Lafite, religieuse franciscaine de Savenay, décédée hier, dans ce bourg, âgée de 71 ans, fille des défunts sieur François Lafite et dame Marie Graton.
Le 12 mars 1818, bénédiction, par M. Crabil, de la première pierre du clocher.
Janvier 1819. - M. Babin, vicaire. - Le 13 du même mois, le Conseil de Fabrique adresse une supplique au gouvernement pour obtenir le traitement d'un vicaire.
En juillet, même année, départ de M. Babin. (Il est mort curé de Vairé.)
1819. - M. Crabil quitte la paroisse au mois d'octobre, forcé, dit-on, par les désagréments que lui suscita la construction du clocher. M. Bureau, prêtre, originaire de la paroisse et retiré dans sa famille, la desservit pendant la vacance qui dura jusqu'au mois de mars 1820. Il prend quelquefois dans les actes le titre de desservant.
1820 (mars-octobre 1820).- M. Chauveau, desservant.
M. Chauveau était originaire de Saint-Hilaire-de-Loulay.
Depuis son départ, jusqu'à l'arrivée de son successeur, le 14 mars 1821, la paroisse fut administrée par les prêtres de la Bernardière et de Gétigné. Vivait alors M. Baudry, natif de Cugand.
1821 (14 mars). - M. Julien Haigron, desservant.
M. Julien Haigron était né à Montaigu.
Le 19 juin 1821, est décédé dans ce bourg M. Claude-Bonaventure Bureau, âgé de 68 ans, prêtre, né dans cette paroisse, fils du défunt François-Amand Bureau et de Anne Braud.
1824. - Le 19 mai, visite de Mgr René-François-Soyer à Cugand.
1826. - A la fin d'octobre, érection du Chemin de la Croix dans l'église de Cugand, par M. Julien Haigron. desservant, autorisé à cet effet, par Mgr l'évêque de Luçon, par une lettre du 26 octobre 1826.
1829, 12 février. - Etablissement de la confrérie du Saint-Sacrement par Mgr Soyer.
Le 3 mai, réorganisation du Conseil de Fabrique.
"Le 31 mai, j'ai bénit la croix dite de la Hinoire. Cette croix a été relevée par la veuve Mouillé du Bas-Noyer ; et la bénédiction a été faite en présence de 400 personnes environ." - Julien Haigron.
Au mois d'août, confirmation par Mgr Soyer. Il y eut 183 confirmés.
1829 (13 juin), est ordonné prêtre M. Gabriel Gouraud, né le 22 décembre 1803. D'abord professeur aux Sables, il est nommé directeur au grand séminaire de Luçon en 1829 ; - supérieur du séminaire des Sables-d'Olonne, le 16 janvier 1842 ; - curé de la Chapelle-Palluau en août 1854 ; - supérieur du grand séminaire et vicaire général honoraire en décembre 1870 ; chanoine titulaire en octobre 1860. - Décédé le 8 février 1885.
1830.- Au mois de septembre, retraite pour les femmes et les filles de la paroisse. Au mois d'octobre, mêmes exercices pour les hommes.
1832 (21 avril), est ordonné prêtre M. Pierre-Clément Guitton, né le 16 septembre 1807. - Vicaire aux Essarts en 1832 ; - curé de Maillé en 1834 ; - de Sérigné en 1842 ; - des Lucs en 1843 ; - d'Evrunes en 1856 ; se retira en 1870 à Cugand, où il mourut en 1875.
1833. - "Le 5 juillet 1833, en vertu des pouvoirs qui nous ont été accordés par Mgr l'évêque de Luçon, nous soussignés, avons fait la cérémonie de la bénédiction d'une cloche, fondue la même année. M. Paul Dagret et Mlle Pauline Chéguillaume lui ont imposé les noms de Félicité-Victoire. Ont signé : Pauline Chéguillaume ; Dagret, femme Chéguillaume ; Godet ; Joseph Chéguillaume ; Cointrelle ; J. Vénéri, prêtre ; Chizeau, prêtre ; Guillaumé (ce dernier était natif de Cugand ; il est mort curé de Vendrennes, en 1861) ; Girard, prêtre ; Durand, prêtre ; Julien. Haigron, prêtre".
Septembre 1833. - M. Clénet, vicaire. En juin 1834, le même fut nommé vicaire des Sables, puis curé de Martinet où il est mort, en 1890.
1834.- Au mois d'août, M. Brémaud, vicaire. (M. Brémaud mourut à Cugand au mois de novembre de la même année, âgé de 28 ans. Il était né à Ardelay.)
Au mois de novembre 1834, M. Haigron, détesté de ses paroissiens, dut quitter la paroisse. Il fut nommé aux Clouzeaux.
1834. - M. Augustin Gouraud, desservant.
23 novembre 1834.
M. Augustin Gouraud, natif de Saint-Hilaire-de-Loulay, desservit la paroisse de Cugand pendant cinq ans environ. Il eut pour vicaire M. Jacques Proud, qui lui succéda comme curé.
1835. - Jacques Proud, vicaire (17 juillet).
1837. - 20 août, bénédiction des croix du pont, de la Palaire et du Bordage par M. Gouraud, vicaire général et supérieur du grand séminaire de Luçon. La première avait été érigée par M. Forget, la seconde, par M. Coudrin, la troisième, par M. Brillaud du Bordage.
1838 (7 juin), est ordonné prêtre M. Pierre Baudry, né le 13 juin 1812. - Vicaire aux Brouzils, le 10 juin 1838 ; - aumônier des religieuses des SS. CC. aux Brouzils, le 1er janvier 1870 ; - curé de Belleville-sur-Vie, le 6 janvier 1878. - Décédé le 4 février 1879.
1839. - 10 novembre. Par un arrêté de M. le Préfet de la Vendée, défense est portée de faire, à dater de ce jour, aucune inhumation dans le cimetière existant alors au milieu du bourg, au nord de l'église.
Le dimanche de la Dédicace, bénédiction d'un nouveau cimetière par M. Augustin Gouraud, desservant de Cugand, délégué à cet effet par Mgr l'évêque de Luçon. "A l'issue de la grand'messe, M. le curé, accompagné de son vicaire, M. Jacques Proud, et suivi d'un concours prodigieux d'habitants, est allé processionnellement au nouveau cimetière où il a bénit, suivant la formule du rituel de ce diocèse, d'abord une croix en pierre placée au milieu du cimetière, puis le cimetière lui-même, à la réserve d'environ treize pieds dans le coin du bas, du côté du levant, pour l'inhumation des infidèles ou des dissidents. Mgr l'évêque a attaché à la croix du cimetière 40 jours d'indulgence applicable aux défunts, pour toutes les personnes qui y réciteront quelques prières à leur intention."
Pendant la desservance de M. Gouraud, une maison de Religieuses institutrices est établie dans la paroisse.
A la fin de décembre 1839, M. Gouraud quitte volontairement sa paroisse, avec l'agrément de son évêque, et se retire chez les Missionnaires de Saint-Laurent. Il fut généralement regretté de ses paroissiens. Son vicaire le remplaça.
1839. - 61 baptêmes, 35 sépultures, 24 mariages.
1839. - Jacques Proud, curé
M. Jacques Proud, né à Vairé, près les Sables-d'Olonne, signe son premier acte comme desservant de Cugand, le 28 décembre. Il eut pour vicaire M. Eugène Pinet, prêtre de la dernière ordination, qui arriva à Cugand au mois de janvier 1840.
1840. - 69 baptêmes, 36 sépultures, 9 mariages.
1840 (9 février), est ordonné prêtre et nommé vicaire de Saint-Jean-de-Monts M. Mathurin Baudry, né le 19 novembre 1813. - Vicaire au Bourg-sous-Napoléon en 1843 ; - curé de Belleville le 25 octobre 1844. - Décédé le 20 décembre 1877.
1841. - Le 23 mai, 80 garçons et 105 filles reçoivent le sacrement de confirmation.
1841. - 61 baptêmes, 67 sépultures, 13 mariages.
1841 (18 décembre), est ordonné prêtre et nommé vicaire de Saint-Jean-de-Fontenay M. Thomas Nerrière, né le 2 août 1816. - Curé de Vouillé-les-Marais en 1845 ; de Saint-Hilaire-de-Loulay, le 17 février 1847. - Il entre dans la Compagnie de Marie à Saint-Laurent-sur-Sèvre en 1853. - Est décédé en Haïti, le 12 octobre 1877.
1842. - 72 baptêmes, 61 sépultures, 6 mariages. 1843. - M. Eugène Pinet est nommé vicaire de Fontenay, au commencement de janvier ; il est remplacé par M. Louis Grélier ; originaire de Beauvoir, prêtre de l'ordination de Noël précédent.
1843. - 63 baptêmes, 46 sépultures, 21 mariages.
1844. - 4 juin, sépulture de M. Philippe Coudrin, clerc tonsuré, âgé de 20 ans, décédé à la Palaire.
Dans la dernière quinzaine de novembre de cette année, une retraite de quinze jours fut donnée à la paroisse par quatre missionnaires de Mouilleron. A la suite de cette retraite, le 2 décembre, on planta la croix du calvaire, en souvenir ; et le calvaire lui-même fut fait, l'année suivante, d'après le plan dressé par M. Méchineau, architecte à Clisson.
Nous relevons les signatures suivantes au procès-verbal de la cérémonie : Félix Coumailleau, directeur de la retraite ; - Ferdinand Baudry, missionnaire ; - Henri-Martial Collineau, missionnaire ; - Jean Vincent, missionnaire ; - Auguste Vidie, prêtre de Saint-Sulpice, curé de Clisson ; - Pierre Rihet, curé de la Bruffière ; - Etienne Denéchaud, curé de la Bernardière ; - Hippolyte Letaconné, vicaire. de Boussay ; - Jean-Baptiste Martin, vicaire de Gétigné ; - Louis Grélier, vicaire de Cugand ; - Jacques Proud, curé de Cugand.
1844. - 75 baptêmes, 41 sépultures, 20 mariages.
Le dernier dimanche de cette année 1844, M. Jacques Proud, après avoir célébré la première messe, est parti, à l'insu de toute sa paroisse, pour la trappe de Meilleraye. Il fut vivement regretté, et avec raison, par la plus grande partie de ses paroissiens. Un an auparavant, il s'était décidé à suivre cette vocation, pendant une retraite qu'il avait faite dans ce monastère ; depuis lors, il n'avait cessé de demander à son évêque la permission de se retirer. Monseigneur avait promis de faire droit à sa demande, mais retardait toujours le moment. C'est alors, que lassé d'attendre la permission demandée, M. Proud partit sans son agrément. La paroisse demeura sans curé jusqu'au mois de février 1845.
1845. - M. Louis Grelier, curé
Le 4 février 1845, M. Louis Grelier, vicaire de Cugand, est nommé curé de cette même paroisse. Né à Beauvoir-sur-Mer, M. Grelier avait été trois ans professeur au petit séminaire de Chavagnes, avant de venir à Cugand.
Le 2 mars, M. Pierre Chauvet, professeur à la Solitude, près les Sables (la Bauduère), est nommé vicaire de Cugand.
1845. - 79 baptêmes, 42 sépultures, 24 mariages.
1845 (29 juin), est ordonné prêtre et nommé vicaire de Sallertaine, M. François-Marie Perraud, né le 7 décembre 1818. - Curé du Givre en 1848 ; - aumônier de l'hospice des aliénés en 1862 ; - curé de Châteauneuf, le 10 février 1877. - Décédé le 11 mars 1889.
1846. - Vers la fin de janvier, M. Chauvet est nommé vicaire de Chantonnay ; il est remplacé par M. Pierre Pavageau, prêtre de la dernière ordination.
1846. - 43 baptêmes, 32 sépultures, 13 mariages.
1847. - Le 25 avril, visite pastorale de Mgr Baillès, évêque de Luçon, à Cugand. Réception magnifique et enthousiaste : 9 feux de joie ; au milieu du bourg, deux petites filles de quatre à cinq ans présentent à Monseigneur un petit agneau et une jolie corbeille pleine d'oranges... Monseigneur confirme 157 garçons et 147 filles.
1847. - 56 baptêmes, 42 sépultures, 9 mariages.
1848. - 17 avril. Sépulture de Pauline Gaborieau, en religion sœur saint Siméon, religieuse des Sacrés Cœurs de Jésus et de Marie, originaire de la paroisse.
1848. - 70 baptêmes, 52 sépultures, 8 mariages.
1848. - Ordination sacerdotale de M. Jean Jouineau, né le 23 mai 1823. Professeur aux Sables en 1847, vicaire à Saint-Christophe-du-Ligneron en 1857 ; curé de Saint-Denis-du-Payré en 1860 ; de Bretignolles, 18 octobre 1863 ; décédé le 17 janvier 1886.
1849. - Mois d'août. M. Pierre Pavageau est nommé curé du Puybelliard ; il est remplacé, au mois de novembre suivant, par M. Alexis Michaud.
1849. - 57 baptêmes, 40 sépultures, 15 mariages.
1849 (18 novembre), est ordonné prêtre et nommé vicaire à Mouchamps, M. Augustin-Marie Mouillé, né le 13 décembre 1825. Vicaire à la Bruffière en 1853 ; curé de Saint-Juire la même année ; de la Bernardière, 24 février 1857 ; décédé le 5 mai 1888.
1850. - 10 mars, visite pastorale de Mgr l'évêque à Cugand. 69 garçons et 84 filles reçoivent la confirmation.
1850. - 67 baptêmes, 40 sépultures, 15 mariages.
Le 6 octobre de cette année 1850, première délibération du Conseil de Fabrique relative à la reconstruction de l'église sur les plans et devis de M. Méchineau, architecte à Clisson.
Au mois de septembre suivant, M. le curé parcourt la paroisse pour recueillir les souscriptions des habitants en faveur de l'église.
Le 7 septembre, un samedi soir, arrive à Cugand le R.P. Marie Eutrope, trappiste, prieur de Gethsémani, dans le Kentucky (Etats-Unis d'Amérique), ancien curé de cette paroisse, qu'il avait quittée six ans auparavant. Le lendemain dimanche, jour de la Nativité, il monte en chaire avec son habit religieux, et raconte à la foule nombreuse accourue pour l'entendre, les péripéties de son long voyage. Il parle de son départ de Meilleraye, de son arrivée en Amérique et des espérances qu'il a d'y faire le bien. Le besoin l'a forcé de quitter le Kentucky, depuis dix-huit mois, pour revenir en France implorer la charité publique en faveur de son monastère. Auparavant, il est allé à Rome traiter avec le Souverain-Pontife des affaires de sa communauté.
Le P. Marie-Eutrope partit de Cugand, le 13 septembre, y laissant, en souvenir de son passage, cinq petits reliquaires contenant des reliques de saint Pierre et de saint Sébastien ; de saint Barnabé et de saint Luc ; de saint Martin et de saint Vincent ; de saint Paul et de saint Jacques, apôtres ; de saint Jacques et de sainte Catherine de Sienne.[15]
Le 13 septembre, au soir, Monseigneur, venant de Treize-Septiers, est arrivé à Cugand où il a passé la nuit. Le lendemain, il a dit sa messe à l'église, communié une centaine de personnes et a adressé à l'assistance quelques mots sur l'œuvre de la Propagation de la Foi et l'œuvre de la Sainte-Enfance. Sa grandeur visita, dans la journée, la filature à laine de Fouques et la filature à coton de la Feuillée, la fabrique de Hucheloup. Dans ce dernier village il dîna chez M. Péquin, protestant, chef de la filature. M. Péquin et Mme Lacroix, sa sœur, ont fait un sympathique accueil à Sa Grandeur, qui a quitté leur maison, en emportant les meilleures espérances sur leur retour à la foi catholique et romaine. Dans ces différentes visites, Monseigneur a adressé un mot d'édification et d'encouragement aux ouvriers.
Sur les quatre heures du soir, après avoir récité l'itinéraire à l'église, Sa Grandeur prenait le chemin de la Bruffière.
1851. - Le 5 octobre, sépulture de Sophie Biret, sœur Saint-Alphonse, religieuse des Sacrés-Cœurs, originaire de Chauché, en résidence à Cugand.
1851. - 63 baptêmes, 57 sépultures, 6 mariages.
1852. - 8 février. Exercices du Jubilé. Les RR. PP. Blin et Esnard, missionnaires de Saint-Laurent, en étaient les prédicateurs. Pour entendre les confessions, ils étaient aidés par les prêtres de la paroisse, M. Letourneux, curé de Saint-Hilaire-du-Bois, et M. Mortier, curé de la Trinité de Clisson. 1500 personnes environ ont gagné l'indulgence du jubilé.
Le 30 juin de la même année, M. Péquin, protestant, atteint d'aliénation mentale depuis un an, meurt dans son hérésie à Hucheloup, après avoir avalé une certaine quantité de chaux vive. Sa famille, contre les intentions du défunt, qui, durant sa vie, avait exprimé bien des fois le désir d'être enterré dans ses coteaux, entreprend de le faire inhumer dans le cimetière catholique. Ne trouvant pas convenable l'emplacement réservé dans le cimetière, en cas semblables, elle obtient de l'autorité civile l'une des places les plus honorables, dans le terrain bénit. Le convoi funèbre, présidé par un ministre protestant venu de Nantes, est un véritable scandale. Le maire, oubliant son devoir de chrétien, par faiblesse, introduit le cortège dans le cimetière où une foule ignorante et curieuse se précipite pour voir la cérémonie protestante, entendre le discours du ministre. Conclusion : distribution de livres protestants à tous ceux qui en veulent accepter, profanation complète du cimetière[16].
Cependant M. le curé avait mis tout en œuvre et inutilement pour s'opposer à cette profanation sacrilège. Il avait fait un voyage à Luçon afin de mettre l'autorité ecclésiastique au courant de ce qui se passait dans sa paroisse. Le cas était grave et demandait une sévère répression.
Le dimanche suivant, fête de saint Pierre et de saint Paul, il n'y eut à Cugand qu'une messe basse, à 10 heures, et, à la place des vêpres, exercice du Chemin de la Croix. A la messe, on notifia à la paroisse l'interdiction du cimetière et des offices solennels par la lecture de la lettre suivante :
JACQUES-MARIE-JOSEPH,
PAR LA GRACE DE DIEU ET DU SAINT-SIÈGE APOSTOLIQUE,
Evêque de Luçon,
Aux fidèles de la paroisse de Cugand,
Salut et bénédiction en Notre-Seigneur Jésus-Christ.
Votre tendre et religieux respect pour les cendres de vos pères vient d'être mis à une épreuve bien sensible. L'hérésie, cette fille de l'enfer, au mépris des lois canoniques et même des lois civiles, a osé fouler aux pieds la terre bénite où reposent les ossements des saints, et rouvrir même pour y placer, à côté des corps qui doivent, un jour, ressusciter glorieux, celui d'un homme qui a vécu et qui est mort dans des erreurs justement condamnées par l'Eglise.
Vous versez, Nos très chers frères, des larmes amères sur cette profanation impie et sacrilège ; et Nous, qui souffrons de vos propres maux, surtout lorsqu'ils prennent leur source dans la haine et le mépris de notre sainte religion, Nous pleurons avec vous.
Mais, Nos très chers frères, Dieu qui nous a mis en main des armes pour la défense des droits méconnus de l'Eglise, serait peu touché de nos larmes, si, sentinelle vigilante, Nous ne nous en servions, lorsque la gloire de Dieu l'exige, et que votre tendre piété pour les morts a reçu les sacrilèges outrages que nous déplorons avec vous.
Aussi, n'avons-nous pas hésité à jeter l'interdit sur votre cimetière où désormais les prières de l'Eglise n'accompagneront vos morts que lorsqu'on nous aura suffisamment rendu justice.
Dans votre attachement à nos saintes pratiques, vous gémirez, sans doute, d'être privés de vos solennités du dimanche ; car, nous savons le pieux empressement avec lequel vous vous rendez, au jour du Seigneur, dans sa sainte Maison ; mais ici, Nos très chers Frères, comme dans l'interdit du cimetière, Nous n'avons pas voulu punir les pieux fidèles de la paroisse de Cugand ; c'est par amour pour eux et dans leurs intérêts les plus chers, que nous avons eu recours à ces premières mesures de rigueur. Vous redoublerez de zèle pour la gloire de Dieu, et, par la ferveur de vos prières, vous obtiendrez de sa bonté paternelle que l'opprobre soit enlevé du milieu de vous. Toutefois, nous ne voyons pas, dans ces mesures, seulement le mal présent qui, il est vrai, eût suffi pour nous les faire adopter ; mais nous pensons à de plus grands maux encore qui, infailliblement, viendraient fondre sur l'Eglise, si nous n'élevions pas la voix pour arrêter les audacieux projets de ses ennemis. C'est à votre foi, jusqu'à ce jour ferme et inébranlable, qu'ils en veulent. Eux, ils ne croient plus à rien, pas même à leur doctrine, et, cependant, des catholiques, faisant pour un instant, comme s'il n'était pas toujours dangereux de s'exposer au péril, le sacrifice de leur foi, n'ont pas craint d'écouter la parole d'un ministre protestant, après avoir eu la faiblesse de l'accompagner dans la sépulture qu'il a faite. C'est là surtout ce qui nous afflige ; aussi, nous vous en conjurons, élevez vos mains suppliantes vers le ciel, pour ceux de vos frères qui se sont égarés.
Nous le savons, Nos Très Chers Frères, le ministre protestant a voulu signaler son passage dans votre catholique bocage en y semant des livres dont la lecture ne pourrait que porter atteinte à la pureté de notre foi. Rejetez loin de vous et de vos familles ces productions où vous suceriez le poison le plus dangereux, pour ainsi dire, sans vous en apercevoir, tant les hérétiques sont habiles à se déguiser sous toutes les formes. Vous y entendriez parler avec respect de l'Ecriture comme l'unique dépôt de la foi, mais pour se croire seuls en droit de l'interpréter au gré de leurs intérêts, mais pour la corrompre, en infectant cette salutaire doctrine par un alliage impur, comme s'ils étaient les seuls sages au monde, et que la vérité eût attendu pour se révéler aux hommes les décisions de ces oracles nouveaux. Unis seulement dans leur commune haine contre nos traditions saintes, ils ne savent bâtir que sur un sol mouvant : ce que l'un avait établi, un autre vient le détruire, et ce que lui-même affirmait la veille, demain il le combat. Et pourrait-il en être autrement ? puisqu'il n'y a qu'une seule pierre, un seul fondement, un seul édifice hors duquel on ne rencontre que des ruines qui entraînent dans leur chute et celui qui l'élève et celui qui vient y chercher un asile.
Vous les rejetterez donc, Nos Très Chers Frères, loin de vous, ces productions où, à chaque page, vous liriez la plus audacieuse révolte contre l'Eglise, l'épouse du divin Sauveur. Ecoutez la voix de votre évêque, de votre père qui vous aime trop en Jésus-Christ pour souffrir un seul instant que le loup s'introduise dans la bergerie, et qui, à l'exemple de son divin Maître, doit courir après la brebis qui s'égare afin de la ramener au bercail. "Si perdiderit unam ex ovibus, pastor vadit ad illam donec inveniat eam." (Luc. 15.)
Nous conjurons la divine Marie de nous aider à ramener au bercail les brebis qui s'en seraient éloignées, afin qu'aucune ne périsse ; et pour vous, Nos Très Chers Frères, qui n'avez pas chancelé dans votre foi, nous lui demandons ce zèle pour votre salut qui toujours combat, prie et espère.
Donné à Luçon, en notre palais épiscopal, sous notre seing et le sceau de nos armes et sous le contre-seing de notre secrétaire, le 7 juillet de l'an de grâce 1852.
Jac.-Mar.-Jos., Ev. de Luçon.
Par Mandement de Monseigneur, Morin, ch. hon. sec.
Pendant un mois, à dater de ce jour, M. Michaud, le vicaire, reste seul dans la paroisse. Par ordre de Monseigneur, voulant ainsi punir les habitants, M. le curé s'en était éloigné et n'y rentra que dans les premiers jours d'août. Et encore, M. Michaud ayant été nommé, à cette époque, à la cure de Saint-Martin-de-Fraigneau, ne fut remplacé qu'à la Dédicace. M. Jouineau, prêtre de la paroisse, professeur à la Solitude de la Bauduère, remplit les fonctions de vicaire, pendant ses vacances, jusqu'à l'arrivée de M. Jean Poirou, prêtre de la Bernardière, ex-curé de Charzais, qui resta à Cugand trois semaines environ.
Enfin, le 22 octobre 1852, Monseigneur rend la solennité des offices à la paroisse, au grand contentement de tous les paroissiens ; mais il maintient l'interdiction du cimetière qui ne fut levée que deux ans après. Durant tout ce temps, le prêtre n'accompagna aucun mort au cimetière.
Cette décision épiscopale fut notifiée à la paroisse par la lettre suivante :
JACQUES-MARIE-JOSEPH,
PAR LA GRACE DE DIEU ET DU SAINT SIÈGE APOSTOLIQUE,
Evêque de Luçon,
Aux fidèles de la paroisse de Saint-Pierre de Cugand,
Salut et bénédiction en N.-S. J.-C.
La justice, N. T. C. F., que nous n'avons cessé de réclamer, depuis le 3 juillet, par des dépêches multipliées, où nous exposions les motifs les plus forts et les plus déterminants, ne nous a pas été rendue. Nous avons écrit, réclamé, élevé la voix, nous avons écrit encore, réclamé de nouveau, protesté à plusieurs reprises, et cependant la religion catholique est restée dépourvue de la protection que lui garantissent les lois. et nous avons été abandonnés sans défense aux insultes de l'hérésie. Le résultat de toutes nos démarches s'est réduit à ce mot accablant : L'autorité administrative a usé de son droit.
Notre silence, N. T. C. F., dans une circonstance où les droits de l'Eglise ont été si indignement méconnus eût été, de notre part, une lâche prévarication. Le Seigneur nous a soutenu dans cette lutte pour la défense de ses droits qui sont imprescriptibles. Nous sommes donc pleinement justifié vis-à-vis de Dieu, vis-à-vis de l'Eglise, du diocèse et de la France entière.
Cette force ne nous a pas abandonné un seul instant ; vous nous l'avez obtenue, pieux fidèles de Saint-Pierre de Cugand, par les prières ferventes que vous avez adressées à Celui de qui vient tout don parfait, et par votre soumission et votre respect pour les ordres que l'hérésie nous a mis dans la triste nécessité de donner. Vous avez appris à la France et à toute la chrétienté que la fidèle et religieuse Vendée est toujours prête à tout souffrir, pour conserver pure et sans tache cette religion divine que lui léguèrent ses pieux et héroïques ancêtres.
Il était temps de mettre un terme à vos souffrances et de consoler votre digne curé qui a si bien compris, qui a si bien défendu les droits sacrés de ses pieux et fidèles paroissiens ; aussi, n'avons-nous pas cru que nous dussions plus longtemps vous priver de la pompe de nos pieuses solennités. Car, si nous n'avons pas obtenu ce que nous étions en droit de réclamer, nous avons, du moins, protesté, comme nous le devions, contre l'oppression qu'on a fait peser sur nous.
Remerciez le Seigneur, N. T. C. F., d'avoir soutenu votre courage au milieu de vos épreuves, et tournez sans cesse vos regards vers celle que son divin Fils a établie la Consolatrice des âmes affligées, afin qu'elle change, un jour, vos gémissements en une joie solide et véritable.
Et sera notre présente ordonnance lue et publiée au prône de la messe paroissiale, le dimanche qui suivra sa réception, et ensuite transcrite sur les registres, et déposée dans les archives de la paroisse.
Donné à Luçon, en notre palais épiscopal, sous notre seing, le sceau de nos armes et sous le contre-seing de notre secrétaire, le 22 octobre de l'an de grâce 1852[17].
Jac.-Mar.-Jos. Ev. de Luçon.
Par Mandement de Monseigneur, P. Guibert.
1852. - Au mois de novembre, M. Carré est nommé vicaire de Cugand.
- 52 baptêmes, 40 sépultures, 14 mariages.
1853, 8 mars. - Visite épiscopale de Monseigneur l'évêque.
A l'église Mgr a parlé de la profanation du cimetière, en termes émus, et des empiètements du protestantisme ; il a terminé par la prière du soir. Le lendemain, confirmation, et bénédiction de la croix de la Herce, relevée par Mlle Esther Bousseau sur un terrain donné par Mme Poisson[18].
L'année 1853 a été une année très pluvieuse On récolta très peu de grain ; aussi devint-il très cher. A Noël, le prix du froment était de 56 francs le setier, c'est-à-dire, les huit doubles-décalitres.
71 baptêmes, 41 sépultures, 14 mariages.
1853, le 17 décembre. - Ordination sacerdotale de M. Ferdinand Mouillé, né en 1828. - Professeur aux Sables en 1852. - Aumônier des Frères de Saint-Gabriel, octobre 1862. Décédé le 21 décembre 1889.
1854 - Le prix du blé monte à 60 francs le setier. Grande misère. Une souscription pour les pauvres produit 1800 francs, somme qui leur est donnée en bons de pain, ou autrement.
Aux vêpres du dimanche de la Passion, étrenne d'un beau reliquaire de la Vraie Croix, du prix de 160 francs, donné à l'église de Cugand par Mlle Esther Bousseau.
Au mois de septembre, M. Carré est nommé curé de Sainte-Gemme-Ia-Plaine. M. l'abbé Brillouet, de Mortagne, est désigné pour le remplacer.
Mais celui-ci tardant à venir occuper le poste et, d'autre part, M. Carré ne pouvant s'accoutumer à Sainte-Gemme, ce dernier demanda et obtint la permission de reprendre ses fonctions de vicaire à Cugand, où il revint, le 18 septembre, après avoir été curé dix jours environ.
Le jour de la Dédicace, après la grand'messe, le cimetière interdit, comme on l'a vu plus haut, par Mgr Baillès, est réconcilié par M. le curé, avec l'autorisation de Monseigneur. Le procès-verbal de cette réconciliation, signé des principaux notables de la paroisse, se trouve dans le registre des délibérations de la Fabrique.
Le 24e dimanche après la Pentecôte (19 novembre), exercices du Jubilé. Ils sont prêchés par le P. Chasserieau, missionnaire de Saint-Laurent.
1854. - 52 baptêmes, 56 sépultures, 16 mariages.
1854 (10 juin). Ordination sacerdotale de M. Philippe Perraud, né le 12 février 1831.- Professeur à Chavagnes (1853). - Vicaire à Saint-André-Treize-Voies en 1855 ; - à Bournezeau en 1856. - Curé de Poiroux, 29 novembre 1856. - Décédé le 21 avril 1889.
1855. - Au mois d'août, meurt, à Saint-Laurent-sur-Sèvre, M. Auguste Gouraud, missionnaire, ancien curé de Cugand. Un service solennel est célébré à son intention, dans son ancienne église.
1855. - 48 baptêmes, 47 sépultures, 8 mariages.
1856, 17 février. - M. Carré est nommé curé d'Ardelay ; il est remplacé provisoirement par M. Tougeron, missionnaire de Mouilleron.
17 avril. Pose de la première pierre de la nouvelle église.
3 juin. Bénédiction de cette première pierre par M. Gabriel Gouraud, originaire de Cugand, ancien supérieur du petit séminaire des Sables et alors curé de la Chapelle-Palluau. Voici, dans sa teneur, le procès-verbal de la cérémonie :
"Ad majorem Dei gloriam, immaculatæ Virginis Mariæ Deiparæ necnon beati Petri apostoli honorem, anno Domini 1856, die vera mensis junii 3a, Sanctissimo DD. Nostro Pio papâ nono feliciter regnante, Illustrissimo ac Reverendissimo in Christo patre DD. Jacobo Mariâ Joseph Baillès Lucionensem ecclesiam administrante, cives et incolæ parochiæ vulgo Cugand zelo domûs Dei succensi, suæ parochialis ecclesiæ communi omnium operâ sumptuque ædificandæ atque Beato Petra-ad-Vincula dicandæ, hic fundamenta magno cum deri et fidelium concursu, jecerunt ; primariumque hunc lapidem solemniter ac ritibus sacris benedixit necnon posuit D. Gabriel Gouraud, canonicus ad honores, ex supradictâ parochiâ oriundus, et parochiæ vulgo la Chapelle-Palluau rector."
"Curam animarum habebat D. Ludovicus Grelier, municipium autem Petrus Guilé."
"Maria Mater gratiæ,
Dulcis parens clementiæ
Tu nos ab hoste protege
Et horâ mortis suscipe.
Sancte Petre, ora pro no bis .
Ædificabat Paulus Méchineau, architectus."
Suivent les signatures : G. Gouraud, prêtre ; - J.-B. Coumailleau, prêtre miss. ; - Paul Méchineau, architecte ; - Courgeon, curé de Notre-Dame de Clisson ; Douillard, vicaire de Montaigu ; - C. Cousseau, vicaire de la Bruffière ; - A. Vincendeau, vic. de la Boissière ; - Botton, vicaire de la Bruffière ; - C. Amiot, curé de la Guyonnière ; - Mérel, curé de Boussay ; - Citeau, curé de Gorges ; Carré, curé d'Ardelay ; - Jousseaume, vic. des Lucs ; - J.-B. Birot, vic. de Gorges ; - Bretaudeau, prêtre, économe du collège des Couëts, près Nantes ; - Denéchaud, curé de la Bernardière ; - J. Raballand, curé de Saint-Hilaire-de-Loulay ; - P. Charrier, curé de la Bruffière ; - Edouard Bouin, aumônier des Frères de Saint-Laurent ; - Barillaud, diacre, économe du séminaire de Chavagnes ; - Lehuédé, vicaire de la Trinité de Clisson ; - Landais, vicaire de Boussay ; - Barreau, curé de Treize-Septiers ; C. Guitton, curé des Lucs ; - P. Baron, vic. d'Ardelay ; - Mortier, curé de la Trinité ; - Andouard, prof. à Nantes ; - N. Testaud, curé de la Boissière ; - Gustave Say, propriétaire à Nantes ; - J. Poiron, prêtre à la Bernardière ; - Rousseau, curé de Boufféré ; - L. Grelier, curé de Cugand ; - Ch. Tougeron, vicaire de Cugand ; - Aug. Mouillé, curé de Saint-Juire.
1er juillet, M. Tougeron est nommé curé d'Antigny.
1856. - 60 baptêmes, 27 sépultures, 13 mariages.
1856 - (20 décembre), est ordonné prêtre et nommé vicaire à Mortagne-sur-Sèvre, M. J.-B. Ferdinand Poisson, né le 12 septembre 1832. - Curé de la Tranche, 9 octobre 1864 ; - de Saint-Denys-la-Chevasse, 10 septembre 1865 ; - de Mortagne-sur-Sèvre, 4 janvier 1873. - Aumônier des Ursulines à Luçon, 4 décembre 1884. - Chanoine honoraire, 7 janvier 1890. - Chanoine titulaire, 17 octobre 1890.
1857. - 13 janvier. M. Eugène Sacré est nommé vicaire de Cugand.
Le 14 mai, 168 confirmands de Cugand vont recevoir la confirmation dans l'église de la Bruffière.
Le jour de l'Assomption, la messe est célébrée dans la nouvelle église.
Le 6 décembre, entrée définitive dans la nouvelle église, à la grande satisfaction de tous les paroissiens.
1857. - 53 baptêmes, 60 sépultures, 18 mariages.
1858. - 7 février, dimanche de la Sexagésime, érection du chemin de la croix dans la nouvelle église. Prix des 14 tableaux, 240 fr.
Le 17 mai, M. le curé de Cugand adresse à Monseigneur l'évêque une supplique pour obtenir de changer sa fête patronale saint Pierre-ès-liens, du 1er août, en celle des saint Pierre et saint Paul, du 29 juin. Sa Grandeur répond :
"Vu qu'il ne s'agit pas de changer le patron, mais d'adopter sa plus grande fête, pour l'édification des pieux habitants de Cugand, j'accorde bien volontiers l'autorisation sollicitée.
Salut très affectueux,
20 mai 1858. François-Augustin, év. de Luçon".
- 29 mai, ordination sacerdotale de M. Pierre-François Hupé, né le 16 janvier 1835. - Professeur à Chavagnes en 1857. - Vicaire à Saint-Christophe-du-Ligneron en 1859 ; - aux Sables en 1863. - Curé de Saligny, le 29 novembre 1868 ; de Sainte-Hermine, le 7 mai 1871 ; - de Noirmoutier, le 8 novembre 1885. - Chanoine honoraire, le 5 mai 1892 et curé-archiprêtre de N.-D. de Fontenay-le-Comte, le 8 mai 1892.
29 août. - Bénédiction de l'église - "L'an de Notre-Seigneur mil huit cent cinquante-huit, et le dimanche, vingt-neuvième jour du mois d'août, fête du Cœur très pur de la Bienheureuse Vierge Marie, cette église de Saint-Pierre de Cugand a été solennellement bénite par M. Gabriel Gouraud, vicaire général. supérieur du Grand Séminaire de Luçon, en présence d'un nombreux clergé et de la paroisse entière accourue pour témoigner de sa vive sympathie à l'œuvre du rétablissement de ladite église".
Suivent les signatures : G. Gouraud, vicaire général ; P. Méchineau ; Barbotin, curé de Montaigu ; Auguste Blaise, curé du Tablier ; P. Brechoteau. clerc minoré ; L Cousseau, clerc minoré ; Amand Gouraud, sous-diacre ; Cailleton, vicaire de Saint-Georges-de-Montaigu ; A. Boisseau, diacre sulpicien ; C. Cousseau, vicaire de la Bruffière ; F. Patarin, vicaire de la Verrie ; Courgeon, curé de Clisson ; P. Charrier, curé de la Bruffière ; Levicomte, clerc minoré ; S. Plessis, sous-diacre ; P. Hupé, prêtre, professeur ; J.-H. Ouvrard, sous-diacre ; H. Langevin, diacre ; L. Hupé, sous-diacre ; Jean-Baptiste David, élève de rhétorique ; Ferdinand Poisson, vicaire de Mortagne ; L. Bailleux, clerc minoré ; Ferdinand Mouillé, professeur aux Sables ; L.-M. Tenaud. professeur aux Sables ; F.-J. Lévêque ; J. Poiron, prêtre à la Bernadière ; Rihet, prêtre ; P. Chauvet, curé de Nieul-le-Dolent ; T. Bretesché, vicaire de Boussay ; L. Grelier, curé de Cugand ; Eugène Sacré, vicaire de Cugand.
1859. - 52 baptêmes, 49 sépultures, 15 mariages.
1859. - 10 juin, ordination sacerdotale de M. Amand Gouraud, né le 29 septembre 1835. - Professeur aux Sables en 1856. - Vicaire à l'Hermenault en 1859 ; - à Challans en 1862. - Curé du Poiré-sous-Velluire, le 20 septembre 1868 ; de Saint-Georges-de-Montaigu, le 4 janvier 1874.
1860. - Don, fait à l'église, d'un tableau, représentant Notre-Dame-du-Pilier. Il a été placé à l'église, dans le mois de septembre. Les donataires, M. Valentin Massicot et M. Pusterte, son gendre, exigent en retour une messe basse, annoncée, pendant trente ans.[19]
1860. - 54 baptêmes, 31 sépultures, 10 mariages.
1860. - 2 juin, ordination sacerdotale de M. Stanislas Plessis, né le 10 mai 1837. - Professeur à Chavagnes en 1859. - Vicaire à la Bruffière, le 1er janvier 1867 ; - entre chez les Eudistes, le 21 septembre 1870. - Professeur à Richelieu, le 1er octobre 1878. - Curé de Bazoges-en-Pareds, le 1er octobre 1881 ; - de Beaufou, le 7 octobre 1888 ; - de la Flocellière, le 13 septembre 1891.
1860. - 22 décembre, est ordonné prêtre et nommé vicaire de Saint-Hilaire-de-Loulay, M. Louis Cousseau, né le 24 juin 1835. - Curé de Champagné, le 5 juin 1870 ; - des Lucs, le 23 juillet 1876 ; de Saint-Hilaire-de-Loulay, le 16 novembre 1890.
1860. - 22 décembre, est ordonné prêtre et nommé vicaire de la Flocellière, M. Louis-Marie Hupé, né le 12 janvier 1837. - Vicaire à Luçon en 1863. - Curé à Saint-Christophe-du-Ligneron, le 4 juillet 1869. - Décédé le 15 janvier 1877.
1861. - Le R. P. Quérard, missionnaire de Saint-Laurent, prêche le Carême. Il établit l'usage de réciter publiquement le rosaire en entier, chaque dimanche et fête de l'année.
Fête du saint Scapulaire, étrenne d'une nouvelle bannière paroissiale, don de plusieurs personnes. Elle a coûté 1100 francs.
1861. - 46 baptêmes, 34 sépultures, 15 mariages.
1862. - Le lundi 24 février, M. Bérard, maître plâtrier, entrepreneur à Montfaucon, commence les voûtes de l'église. Le marché passé avec lui s'élève à la somme de 12 500 fr. M. Ouvré, sculpteur de Nantes, fait en même temps les sculptures de l'église.
Le dimanche 18 mai, visite pastorale de Mgr Colet à Cugand. Il était accompagné de M. l'abbé de Lespinay, vicaire général, qui célébra la messe de confirmation. Il y avait 247 confirmands. Monseigneur fut complimenté par M. Léon Péquin, maire, à son arrivée dans la paroisse. Monseigneur lui fit visite le lendemain, à Hucheloup, en se rendant de Cugand à Tiffauges.
1862. - 46 baptêmes, 38 sépultures, 12 mariages.
1863. - Consécration de l'église.
"L'an mil huit cent soixante-trois. le dix-sept septembre, par Nous, Charles-Théodore Colet, évêque de Luçon, a été consacrée avec les cérémonies prescrites par le Pontifical la nouvelle église de Cugand, doyenné de Montaigu.
Cette église, construite sous la direction de M. l'abbé Grelier, curé de la paroisse, et sur les plans dressés par M. Méchineau, architecte à Clisson, est un monument remarquable, tant par l'ampleur de la conception du projet que par la perfection de son exécution. Le maître-autel, monument de la générosité des prêtres nés à Cugand, est un morceau remarquable.
Nous sommes heureux de féliciter la paroisse de Cugand de la foi dont elle a fait preuve, dans l'accomplissement de cette œuvre qui rappelle les plus beaux jours de l'Eglise, puisque ce magnifique édifice a été construit presque entièrement au moyen des offrandes des fidèles.
Nous aimons à rendre hommage au zèle déployé en cette circonstance, non seulement par M. le curé, mais encore par l'administration municipale et par le conseil de Fabrique.
Nous remercions tous ceux qui ont contribué à ce beau résultat, et demandons à Dieu de les bénir en retour de leurs sacrifices.
L'église a été consacrée sous le vocable de saint Pierre apôtre ; et les, reliques que nous avons placées dans le maître-autel sont des saints martyrs Auctus et Gaudentius.
Nous étions assisté, dans cette cérémonie, par M. l'abbé Gouraud, vicaire général, chanoine et supérieur du grand séminaire, natif de Cugand, et par un grand nombre d'autres ecclésiastiques, lesquels ont signé avec Nous, ainsi que les membres du conseil municipal et du conseil de Fabrique, le présent procès-verbal."
Charles, év. de Luçon.
B. Gouraud vic. gén., prêtre de la Compagnie de Marie ; Jh. Chéguillaume ; Léon Péquin, maire ; G. Gouraud, vic. gén. ; A. Arnaud, prêtre ; Michaud, curé du Champ-Saint-Père ; Cointrelle ; Citeau, Georges ; Piveteau, vic. de Treize-Vents ; P. Remaud, curé de Saint-Georges-de-Montaigu ; Mortier, curé de la Trinité (de Clisson) ; P. de Suyrot, curé des Herbiers ; Brillouet, prêtre ; A. Braud, sup. de la Psallette à Nantes ; Gandouin, curé des Essarts ; Mérand ; Durand ; G. Say, adjoint ; Douaud ; Sionneau ; Bourgouin, curé des Brouzils ; Goguyer, vic. de Saint-Hilaire ; P. Bretaudeau ; Dixneuf, curé de Sainte-Florence ; Loban ; Carré, prêtre ; Ch. Allain ; Gendron, curé de Saint-Hilaire-de-Loulay ; Rihet, prêtre ; Guilé ; Hervouet ; Eug. Sacré, vic. de Cugand ; Isid. Petit, diacre ; Rousseau, curé de Boufféré ; Ferd. Duguy, prêtre vic. ; Deluen, vic. de Saint-Lumine ; Mérel, curé de Boussay ; Courgeon, curé de Clisson ; Poiron ; A. Gaillard, prêtre S. S. ; J. Pagot ; A. Fort ; P. Méchineau ; Liard ; J. Amiot, curé de la Guyonnière ; P. Charrier, curé de la Bruffière ; P. Baudry, curé de Belleville ; L. Hupé, vic. de Luçon ; L. Rortbays, économe du Grand-Séminaire ; L. Grélier, curé ; Perraud, prêtre ; R. Guilé, cl. m. ; Brillouet, instituteur ; C. Cousseau, curé de Péault ; L. Botton, vic. ; H. Augereau, cl. m. ; J. B. Poiraud. d. ; J. Murzeau, s. d. ; A Soulet, curé de Beauvoir ; Armand Salles, vic. de la Bernardière ; Louis Cousseau, vic. de Saint-Hilaire-de-Loulay ; Mouillé, curé de la Bernardière ; J. B. David ; Remaud, prêtre, sup. de Chavagnes ; S. Plessis, prêtre ; A. Gandouin, curé de Saint-Pierre-du-Chemin ; P. Hupé. vic. des Sables ; Corgniet, vic. de Gétigné ; R. Michaud, cl. t. ; P. Angevin, tonsuré ; P. Pavageau, curé du Puybelliard ; H. Villain, curé de Barbâtre ; Chauvet, curé de Nieul-le-Dolent ; Hébert, curé de Saint-Prouant ; J. M. Jouineau, curé de Saint-Denis-du-Payré ; C. Coudrin.
Inscription gravée sur l'autel, à la perpétuelle mémoire des donateurs.
Anno Dni M DCCC LXlIl, die autem XVIIa mensis septembris, Pio nono gloriose regnante, Revssimus ac Illusssimus D. D. in Xo Pater Carolus Colet eppus Lucionensis, Deo optimo maximo sub invocatione Sancti Petri dicabat et consecrabrat hoc majus altare delineatum a Do Méchineau, architecto, confectum et ornatum a Do Ouvré, sculptore, impensis Dni Gouraud, vicarii gen. necnon canonici titularis ecclesiæ Lucionensis, et superioris majoris Seminarii, et DD. P. Guitton, M. Baudry, P. Baudry, F. Nerriere, F. Perraud, A. Mouillé, F. Mouillé, F. Poisson, A. Gouraud, P. Hupé, S. Plessis, L. Hupé, L. Cousseau sacerdotum, et R. Guilé accolyti qui omnes ex hac parochia sunt oriundi, atque conditum curis Dni L. Grélier, hujus ecclesiæ parochi.
M. Grélier a écrit, dans sa Chronique paroissiale, une relation détaillée de cette fête, l'une des plus belles qu'ait jamais vues la paroisse de Cugand. La longueur de cette relation ne nous permet pas de l'insérer. Nous la résumons en trois mots, en disant que rien n'y manquait du côté des décorations, de la beauté des cérémonies et de l'assistance, nombreuse et recueillie, où figurait en première ligne une magnifique couronne de prêtres.
Citons, pourtant, quelques lignes de la fin : "Je ne puis m'empêcher, écrit M. Grélier, de dire ici combien MM. Jean Jouineau, Stanislas Plessis, P. Hupé, L. Hupé, Louis Cousseau, tous prêtres de cette paroisse, et M. René Guilé, acolyte, ont mérité mon affection et ma reconnaissance, pour m'avoir aidé dans les préparatifs de cette fête M. le vicaire de la paroisse a aussi montré beaucoup de bonne volonté."
Le dimanche 20 septembre, après les vêpres, M. Gabriel Gouraud bénit la croix de Fradet, élevée par M. Guilé, propriétaire du village.
21 Novembre, fête de la Présentation de la Sainte-Vierge, messe célébrée à l'autel de la Sainte Vierge, devant une charmante réunion de petits enfants dont un grand nombre sont accompagnés de leurs mères, M. le curé leur adresse ensuite un petit discours en rapport avec la fête, et à la portée de leur âge ; puis il les présente et les consacre au Seigneur, à l'exemple de Marie, par une touchante prière, et, pour finir, leur donne sa bénédiction, avec la formule ad hoc qui se trouve dans l'ancien rituel de Luçon.
Le 30 novembre de cette année, M. le curé commence une neuvaine publique, préparatoire à la fête de l'Immaculée-Conception, consistant en un cantique, une pieuse lecture et le chant des litanies.
1863. - 47 baptêmes, 50 sépultures, 11 mariages.
1864 (19 décembre), est ordonné prêtre et nommé vicaire de Sainte-Florence, M. Marie-François Helmling, né le 25 août 1836 ; vicaire de Saint-Florent-des-Bois, le 3 septembre 1871 ; - curé de Saint-Martin-de-Fraigneau, le 3 janvier 1875 ; - du Sableau, le 4 janvier 1894.
1864. - Le 9 mai, Mgr de la Hailandière, évêque de Vincennes (Etats-Unis), en tournée de confirmation pour Mgr l'évêque de Nantes, empêché par la maladie, passe à Cugand, en allant de Saint-Hilaire-du-Bois à Boussay. Il est salué, au passage, par M. le curé et M. Léon Péquin, maire de Cugand. Deux jeunes époux, mariés le jour même, Stanislas Nerrière et Angèle Guitton, viennent solliciter, à deux genoux, la bénédiction de Sa Grandeur. Deux autres jeunes mariés également du même jour (François Durand) lui demandent aussi sa bénédiction et l'invitent à allumer le feu de joie dressé sur la place, près de l'église. Monseigneur entre ensuite à l'église et au presbytère, charmé du bon accueil qui lui est fait dans cette excellente paroisse vendéenne.
Le mardi 27 septembre, Monseigneur de Luçon et Monseigneur de Poitiers sont passés par Cugand, en se rendant à Torfou. Les deux prélats ont visité l'église et sont entrés un instant au presbytère.
1864. - 43 baptêmes, 41 sépultures, 15 mariages.
1865. - Exercices du jubilé accordé par Sa Sainteté Pie IX, commencés le 19 mars, 3e dimanche de Carême, et terminés le saint jour de Pâques.
Dans les premiers jours du mois d'août, M. Sacré est nommé curé de Saint-Hilaire-du-Bois, et est remplacé, le 9 août, par M. Marie Piveteau.
1865. - 46 baptêmes, 33 sépultures, 13 mariages.
1865 (23 décembre), est ordonné prêtre et nommé vicaire du Boupère, M. René Guilé, né le 18 septembre 1839 ; - vicaire de Saint-Jean de Fontenay, le 10 janvier 1874 ; - aumônier des Ursulines, à Fontenay, le 18 avril 1875 ; - curé de Saint-Pierre-du-Chemin, le 15 mai 1881 ; - de Mortagne-sur-Sèvre, le 1er février 1885.
1866. - Le carême est prêché par le R.P. Henri, missionnaire de Saint-Laurent-sur-Sèvre.
27 avril. - Visite pastorale de Mgr l'évêque de Luçon à Cugand. Mgr Colet était accompagné de M. l'abbé Jeannet, vicaire-général. 172 confirmands. Visite à la filature de Hucheloup, à M. Say et à la papeterie d'Entiers.
12 mai. - A la requête de M. le curé, Mgr accorde la permission de faire, chaque année, le jour de la fête de Saint-Pierre, une procession solennelle avec les reliques du saint Patron. La permission est signée : De Lespinay, vicaire-général.
1866. - 57 baptêmes, 42 sépultures, 19 mariages.
1867. - En cette année, M. le curé fait un pèlerinage à Rome.
A son retour, le samedi 13 juillet, on lui fait une réception magnifique avec discours et feux de joie.
Même année, Monseigneur établit dans la paroisse l'Archiconfrérie du Cœur Immaculé de Marie. (Voir le registre de ladite confrérie.) Elle est affiliée à celle de Notre-Dame-des-Victoires, de Paris.
Au mois d'août, M. l'abbé Guitton quitte sa cure d'Evrunes et vient se fixer dans le bourg de Cugand.
1867. - 42 baptêmes, 33 sépultures, 16 mariages.
1868. - 30 baptêmes, 32 sépultures, 10 mariages.
1869. - 55 baptêmes, 55 sépultures, 16 mariages.
1870. - Les exercices du jubilé, accordé par le Souverain Pontife, sont prêchés par les RR. PP. Guyot et Deslandes, missionnaires de Saint-Laurent-sur-Sèvre ; ils commencent le 2e dimanche de Carême pour finir à Pâques.
13 juin. - M. l'abbé Piveteau est nommé curé de Lairoux ; il est remplacé, à Cugand, par M. l'abbé Boizieau, le 18 du même mois.
7 août. - M. Gabriel Gouraud, de cette paroisse, supérieur du grand séminaire de Luçon, bénit l'usine d'Entiers, appartenant à son frère M. Armand Gouraud. Il est assisté, dans cette cérémonie, par M. l'abbé Dubois, chanoine titulaire de la cathédrale de Nantes, de M. l'abbé Guitton, chanoine, professeur au grand séminaire de Luçon, et du clergé du lieu. M. le Supérieur a adressé un petit discours tout de circonstance aux ouvriers et aux membres de la famille de son frère réunis dans le jardin anglais attenant à la maison. Puis, la cérémonie s'est terminée par la bénédiction papale donnée à l'assistance, faveur octroyée par Sa Sainteté en reconnaissance d'une quantité assez considérable de papier dont M. Gouraud lui avait fait hommage.
Ce même jour, au soir, est arrivé le R.P. Eutrope, ancien curé de cette paroisse, abbé de Saint-Paul-au-Trois-Fontaines, près Rome. Il était venu en France pour assister au chapitre général de son ordre qui devait avoir lieu dans le mois de septembre à la Grande-Trappe de Mortagne (Orne). Il est resté à se reposer au milieu de nous, la semaine entière ; puis, il est parti pour Vairé afin d'y faire visite à sa famille qu'il n'avait pas vue depuis 15 ans.
Dans la fin de cette année, la petite vérole a fait plusieurs victimes dans la paroisse. Cette année 1870 a été sous divers rapports, tout à fait désastreuse. Au fléau de la guerre sont venus s'adjoindre un froid excessif et une grande mortalité parmi les bestiaux qui manquaient de nourriture.
1870. - 38 baptêmes, 43 sépultures, 12 mariages.
Même année. Don d'une belle chasuble en drap d'armure, brodée or fin, fait à l'église de sa paroisse natale par M. l'abbé L. Cousseau, vicaire de Saint-Hilaire-de-Loulay.
1871. - L'épidémie de la petite vérole continue.
19 juin. - Visite pastorale de Mgr l'évêque de Luçon, confirmation précédée de la première communion. - 241 confirmands. Confirmation, à domicile, de deux petits pauvres malades auxquels Monseigneur, en se retirant, a laissé une généreuse aumône. - Visite à M. le Maire, M. Blanchard, à M. Gouraud, papetier à Entiers.
Cette année, il a fait une sécheresse extraordinaire ; il y a eu peu de foin. Pendant l'hiver, beaucoup de froment a gelé ; mais, néanmoins, la récolte n'a pas été trop mauvaise.
1871. - 36 baptêmes, 56 sépultures, 11 mariages. (Ne figurent pas dans ces chiffres une dizaine de jeunes gens morts à l'armée).
1872. - 43 baptêmes, 40 sépultures, 20 mariages.
1873. - Construction du beffroi pour loger les cloches et de la flèche qui le surmonte, d'après les plans de M. Méchineau, architecte. Le travail a commencé dans les premiers jours de juin.
Le 23 janvier de cette année, est décédé dans le bourg François Esseau, simple ouvrier menuisier. Après avoir passé sa vie entière dans l'isolement, peu considéré des jeunes gens et des hommes de son âge, et avoir accumulé ses économies avec une parcimonie dont Dieu seul avait le secret, François Esseau a légué à la Fabrique plus de 70.000 francs pour diverses bonnes œuvres ; en particulier, 30 000 fr. pour l'ornementation intérieure de l'église, à charge de faire, chaque année, quelques prières pour le repos de son âme. Des difficultés nombreuses retardèrent naturellement ce legs fait à une Fabrique, et ce ne fut que le 8 mars 1875, qu'un décret de M. le Président de la République, autorisant cette donation, mit M. le curé de Cugand en possession du legs et lui permit d'embellir encore sa belle église.
12 août. - Le R.P. Eutrope, trappiste, abbé de Saint-Paul-aux-Trois-Fontaines. vient visiter de nouveau son ancienne paroisse, avant d'aller assister au chapitre général à la Grande Trappe de Mortagne.
18 août. - Bénédiction de la croix de la flèche, en présence de M. Boizieau, vicaire, de M. l'abbé Plessis qui adressa une allocution, sur la croix, à l'assistance groupée autour de la porte de l'église, de M. le maire, Gustave Say, et de plusieurs membres du conseil municipal.
19 octobre. - Un service funèbre est célébré dans l'église de Cugand, pour le repos de l'âme de M. Proud, en religion frère Marie-Eutrope, abbé de Saint-Paul-aux-Trois-Fontaines, décédé en son abbaye, le 17 septembre précédent. Tout le clergé du doyenné et un grand nombre de fidèles y assistent.
1874. - 41 baptêmes, 42 sépultures, 20 mariages.
1875. - Le jour de Pâques, étrenne d'une belle chasuble brodée, genre tapisserie, offerte par Mme Armand Gouraud, propriétaire à Entiers et auteur du travail, et d'une riche écharpe de bénédiction, don de Mlle Alexandrine Poisson.
Le 30 mars, est décédé M. l'abbé Guitton, prêtre originaire de cette paroisse qu'il habitait depuis le mois d'août 1866. Une vingtaine de prêtres assistent à sa sépulture.
Le 30 avril, M. Théophile Boizieau est nommé vicaire à la cathédrale ; il est remplacé par M. l'abbé Célestin Freland, le 1er mai.
Cette année, le feu de joie de la veille de la saint Jean a été placé, suivant l'ancien usage, au milieu du bourg, près des marches du chemin de ronde de l'église, et non à la croix de la Herce, sur la route de la Bruffière, comme les années précédentes. M. le curé demande que cette place soit maintenue à l'avenir.
Le 18 octobre, 70 personnes de Cugand prennent part au pèlerinage régional de Sainte-Anne-d'Auray, présidé par M. l'abbé de Suyrot, missionnaire apostolique et chanoine honoraire de Luçon. - Un cœur en vermeil, renfermant les noms de tous les pèlerins, a été déposé dans la basilique de Sainte-Anne.
8 décembre. - Ouverture des exercices du Jubilé prêchés par M. l'abbé de Suyrot, et clôturés le jour de Noël.
1875. - 47 baptêmes, 61 sépultures, 19 mariages.
1876. - Le 9 mars, on a commencé à polychromer les clefs de voûtes de l'église. Coût du travail : 450 fr.
5 mai. - Visite pastorale de Mgr Lecoq, évêque de Luçon. Il confirme 157 enfants. Il est accompagné de M. Garreau, son vicaire général. Dans la soirée, visite à M. Péquin, filateur à Hucheloup, et à M. Gouraud, papetier à Entiers. Dans ces deux visites, Sa Grandeur a eu un petit mot d'encouragement au travail chrétien pour les ouvriers que les propriétaires de ces manufactures lui ont présentés.
Au mois d'octobre, les embellissements et ornementations du chœur de l'église sont terminés. Vingt mille francs provenant du legs Esseau ont été dépensés dans les boiseries, dans les vitraux et le carrelage. Les boiseries ont été exécutées dans les ateliers de MM. Moisseron et Ruault, d'Angers, et les vitraux dans les ateliers de M. Ely, de Nantes. - Le carrelage vient de Maubeuge (Nord).
1876. - 47 baptêmes, 48 sépultures, 21 mariages.
1877. - La semaine d'avant la Septuagésime, inauguration dans l'église d'une belle statue du Sacré Cœur de Jésus, don de Pierre Dabin et de Rosalie Lesimple, son épouse, de la Palaire. Sermon par M. l'abbé de Suyrot.
2e dimanche après Pâques, fête de la Sainte-Enfance.
21 août. - Bénédiction des cloches.
"L'an 1877, et le 21 du mois d'août, sous le pontificat de Pie IX et sous l'épiscopat de Mgr Jules-François Lecoq, M. Louis Grelier, curé de la paroisse, Célestin Freland, vicaire, M. Say, maire, a eu lieu, dans cette église de Saint-Pierre de Cugand, la bénédiction de quatre cloches. La première donnant le mi, du poids de 850 kilos, a été nommée Pierre-Jean-Marie-Gabriel, par M. Cyprien Gouraud, son parrain, et Mlle Flavie Guilé, sa marraine ; la seconde, donnant le sol dièse, du poids de 466 kilos, a été nommée Pauline-Alexandrine-Marie, par M. Paul Chéguillaume, son parrain, et Mlle Alexandrine Poisson, sa marraine ; la troisième, donnant le si, du poids de 266 kilos, a été nommée Lucie-Marie-Louise, par M. Louis Grelier, curé, son parrain et donateur, et Mlle Lucie Say, sa marraine ; la quatrième, donnant le mi d'en haut, du poids de 103 kilos, a été nommée Alphonsine-Séraphie-Joséphine, par Pierre Dabin, son parrain, et Séraphie Dabin, sa marraine, l'un et l'autre ses donateurs.
Cette bénédiction a été donnée, en présence d'un nombreux clergé et de nombreux assistants, par M. l'abbé Gabriel Gouraud, doyen du Chapitre et vicaire-général, délégué par Monseigneur, qui, ayant été nommé évêque de Nantes, n'a pu venir et faire lui-même cette bénédiction. Et que Dieu soit loué...
Et le présent procès-verbal a été signé par : G. Gouraud, vicaire-général ; Barbotin, curé de Montaigu ; Lucie Say, marraine ; L. C..., chanoine honoraire, curé de N -D. de Clisson ; F. Barreau, curé de Treize-Septiers ; F. Mérand ; Michaud, curé de Champ-Saint-Père ; L. Raballand, curé de la Boissière ; H. Mouillé ; Ferdinand Poisson, curé de Mortagne ; A. Gouraud, prêtre, curé ; E. Say, maire ; Ferdinand Mouillé, aumônier des Frères de Saint-Gabriel ; A. Poisson, marraine ; Séraphie Dabin, marraine ; René Guilé, prêtre ; F. Dabin ; Flavie Guilé, marraine ; Goillandeau, curé de Gétigné ; Lointier, curé de Saint-Hilaire-du-Bois (Loire-Inférieure) ; A.-M. Mouillé, curé de la Bernardière ; Frère Martinien, instituteur à la Bernardière ; Baptiste Viaud, vicaire de Gétigné ; P. Clavier, prêtre ; Goguyer, prêtre ; G. Bouchet, curé de Boufféré ; P. Charrier, curé de la Bruffière ; E. Charrieau, chapelain de Saint-Symphorien ; L. Berthomé, prêtre, curé ; Th. Boizieau, vicaire de Luçon ; C. Gouraud ; P. Méchineau ; Paul Chéguillaume ; F. Michaud, curé de la Trinité (de Clisson) ; A. Richard, prêtre ; Charles Pavageau, vicaire de Saint-Hilaire-du-Bois ; Armand Olivier, vicaire de Saint-Hilaire-de-Chaléons ; Constant Poupeau, vicaire ; A. Gouraud ; Grélier, curé ; A Rayneau, prêtre, vicaire ; D Nivault, prêtre ; J.-M. Jouineau, curé de Bretignolles ; L. Cousseau, curé des Lucs ; S. Plessis, prêtre-eudiste ; S. Girard, prêtre ; Em. Sureau, vicaire de Treize-Septiers ; J. Garnier, curé de LandevieilIe ; C. Bouliau, curé de Givrand ; P. Rautureau ; A. Verdon, prêtre ; Gouraud, ancien curé de Sallertaine ; C. Freland, prêtre, vicaire."
La Semaine catholique a rendu compte de la cérémonie dans son numéro du 9 septembre 1877.
Nous mentionnerons seulement ici les cadeaux des parrains et des marraines.
1° Six chandeliers avec leurs torches, offerts par Mlle Alexandrine Poisson ;
2° Deux candélabres, pour bénédiction du S. S., offerts par M. Cyprien Gouraud ;
3° Une petite bannière de la Sainte-Enfance offerte par Pierre et Séraphie Dabin ;
4° Une chasuble rouge offerte par Mlle Flavie Guilé ;
5° Une dalmatique et une tunique, en drap d'or, offertes par M. Paul Chéguillaume ;
6° Un grand tapis pour le marchepied de l'autel offert par Mlle Lucie Say.
La décoration de l'église, d'un goût remarquable, était due au zèle et à la générosité de Mlle Esther Bousseau, qui avait été habilement secondée par M. l'abbé Plessis et M. l'abbé Freland. Ce dernier avait, en outre, composé deux chants de circonstance qui ont été fort bien exécutés. - Le coût des cloches, non compris les accessoires, a été de 5.999 fr. 40 c. - Elles ont été fondues, le 1er août, par M. Astier, fondeur à Nantes.
25 août. - M. Freland est nommé curé de Saint-Maurice-des-Noues ; il est remplacé par M. Théophile Bouteau, précédemment professeur au petit séminaire des Sables.
28 octobre. - M. l'abbé de Suyrot bénit la statue de saint Sébastien, placée sur son autel, dans l'église.
Les travaux de peinture des deux petits autels exécutés par M. Doizé, de Nantes, ont été achevés au commencement du mois d'octobre. Ces travaux ont coûté 1160 fr.
1877. - 52 baptêmes, 40 sépultures, 19 mariages.
1878. – 2e dimanche après Pâques, cérémonie de la Sainte-Enfance.
Dans la semaine de l'Immaculée-Conception, il est tombé une quantité considérable de neige, pendant un jour et demi. Huit hommes ont été employés à nettoyer sur les voûtes de l'église la neige qui s'y était introduite par la couverture.
1878. - 46 baptêmes, 47 sépultures, 15 mariages.
1879. - Le 15 février, le pape Léon XIII publie un Jubilé, à l'occasion de son exaltation au trône pontifical. Il est ouvert solennellement le 1er dimanche de carême dans la paroisse de Cugand.
28 février. - M. Bouteau est nommé vicaire de Beauvoir et est remplacé par M. Anatole Albert.
A Pâques, étrenne d'un beau chandelier pour cierge pascal, sculpté et polychromé par son donateur, M l'abbé S. Plessis, professeur au collège Richelieu, à Luçon.
11 mai. - Visite pastorale de Mgr Catteau. - 114 confirmands. - Visite à M. Gustave Say, maire de la commune, et à M. l'abbé Poisson, que la mort de sa mère avait amené à Cugand ce jour-là. Monseigneur a prié un instant devant le cercueil de la défunte et est allé de là à Hucheloup, visiter M. Péquin, filateur, qui l'avait invité avec beaucoup de courtoisie, et, à Entiers, M. Gouraud. Le lendemain, Monseigneur est allé faire un pèlerinage à la Chapelle de Toutes-Joies en passant par Gétigné et Clisson.
Le dimanche de la Fête-Dieu, étrenne d'un bel ostensoir en vermeil, du prix de 2000 fr., dont 1600 ont été offerts par deux jeunes sœurs, à leur entrée en religion dans la communauté de Mormaison, Alphonsine et Marie Ménard de la Vrignais. Le reste de la somme a été fourni par une tierce personne qui a voulu que son offrande ne fût connue que de Dieu seul.
1879. - 50 baptêmes, 32 sépultures, 18 mariages.
1880. - La station de carême est prêchée par le R.P. Gillaizeau, missionnaire de Saint-Laurent.
1880. - 45 baptêmes, 47 sépultures, 21 mariages.
1881. - Dans la deuxième semaine de janvier, un nouveau chemin de croix, de la maison Cabanne, de Paris, a été placé dans l'église. C'est en partie, un don de Mlle Gouraud, née Pauline Bousseau, originaire de Cugand, mais habitant Clisson, à la charge d'une messe chantée par an, célébrée à son intention et à celle des défunts de sa famille.
Le 23 janvier, Monseigneur a érigé les stations du chemin de Croix dans l'église de Cugand. Il a assisté au trône à tous les offices du jour et a fait la prédication.
Le 30 juin, M. l'abbé Albert est nommé vicaire de Sainte-Cécile, après quelques jours de repos dans sa famille ; il est remplacé par M. l'abbé Siraudeau, le 1er juillet.
15 octobre. - Le jubilé extraordinaire accordé par le Souverain-Pontife est prêché par le R.P. Dexmier, missionnaire de Chavagnes.
1881. - 57 baptêmes, 31 sépultures, 16 mariages.
1882. - Le 25 septembre, 44 personnes de Cugand ont pris part au pèlerinage du canton de Montaigu à Sainte-Anne d'Auray.
1882. - 72 baptêmes, 38 sépultures, 24 mariages.
1883. - Le R. P. Branchereau, missionnaire de Chavagnes, prêche le carême.
Le 21 avril. - Visite pastorale de Mgr l'évêque. 121 enfants reçoivent la confirmation.
Le 28 juin de cette année a eu lieu l'adjudication de la reprise de la charpente de l'église. La première, qui ne datait que de 1856, était entièrement rongée par les vers. Le devis se montait à 12 000 fr. L'Etat a accordé un secours de 4000 fr.- Le travail, commencé le 27 août, a été achevé dans la première semaine d'octobre.
1883. - 36 baptêmes, 55 sépultures, 8 mariages.
1884. - Le 30 décembre 1883, s'ouvre une grande mission prêchée par deux pères capucins de la résidence de Fontenay, les RR. PP. Ladislas et Fidèle.
Le jour de l'Epiphanie, à une réunion d'enfants (à laquelle assistaient la plupart des parents), les missionnaires ont cédé leur place à des petits enfants, garçons et filles, qui, à l'imitation de ce qui se fait à Rome, ont prêché des sermonetti al presepio. Les orateurs ont été très goûtés et ont fait couler les larmes de l'assistance.
Etablissement du Tiers-Ordre de Saint-François ; de la Confrérie des Mères chrétiennes, - distribution de plus de sept cents crucifix. - Clôture le 28 janvier par des communions générales et une belle procession.
A Pâques, don d'une garniture de bouquets par Mlle Agathe Pichon.
14 septembre. - Bénédiction par Mgr l'évêque du Calvaire élevé en souvenir de la mission.
"L'an de N. S. mil huit cent quatre-vingt-quatre, et le 14 septembre, dans la fête de l'Exaltation de la Sainte Croix, Nous, Clovis-Nicolas-Joseph Catteau, évêque de Luçon, avons procédé à la bénédiction solennelle du calvaire de Cugand, conformément à toutes les prescriptions du Rituel romain. Ce calvaire dont la base est en granit et la croix en pierre de Charente, est sorti des ateliers de M. Pierre Renaud-Bizet, de Luçon, et de M. Libaud, de Chavagnes-en-Paillers. Il a été érigé en souvenir de la mission donnée dans la paroisse par les RR. PP. Capucins, au mois de janvier 1884. Nous sommes heureux de rendre un témoignage public au concours qu'ont bien voulu apporter tous les fidèles de la paroisse à l'érection de ce monument, et nous félicitons en particulier les familles Poisson et Guilé de leur pieuse générosité.
Etaient présents : MM. Gouraud, vicaire général ; F. Poisson, doyen de Mortagne ; Hupé, doyen de Sainte-Hermine ; Guilé, curé de Saint-Pierre-du-Chemin ; Cousseau, curé des Lucs ; Mouillé, curé de la Bernardière ; Mouillé, aumônier des Frères de Saint-Gabriel, tous enfants de la paroisse de Cugand ; M. l'abbé de Suyrot, missionnaire apostolique ; Giraud, secrétaire général de l'évêché, et un grand nombre d'ecclésiastiques du canton de Montaigu et des paroisses voisines de la Loire-inférieure.
En foi de quoi nous avons dressé et signé le présent procès-verbal. (40 jours d'indulgences ont été accordés par Monseigneur à la récitation d'un pater au pied de la croix)."
Clov. Jh, év. de Luçon ;
Ch. Giraud, chanoine honoraire, secrétaire ; L. Grélier, curé ; Frère Ladislas F. M. capucin ; Hupé, curé de Sainte-Hermine ; L. Cousseau, curé ; R. Guilé, prêtre.
Une notice composée par M. l'abbé Ferdinand Poisson, chanoine, et imprimée chez M. Bideaux, en 1886, expose d'une façon pieuse et savante l'historique et le symbolisme de ce calvaire monumental. Nous y renvoyons le lecteur désireux de le connaître et de l'apprécier.
21 septembre. - M. l'abbé Siraudeau est nommé professeur aux Sables, selon le désir qu'il en avait exprimé à Monseigneur ; il est remplacé par M. l'abbé P. Denis.
1884. - 53 baptêmes, 46 sépultures, 12 mariages.
1885. - Le 12 février, sépulture, dans le cimetière de cette paroisse, de M. l'abbé Gouraud, vicaire-général honoraire. 50 prêtres assistent à la cérémonie présidée par M. le curé. M. l'abbé Jeannet, vicaire-général, chante la messe et M. l'abbé Simon fait l'absoute et la conduite au cimetière. Le chapitre de la cathédrale est représenté par M. l'abbé Simon et M. l'abbé Barbotin, ancien doyen de Montaigu.
M. l'abbé Gouraud, né à Cugand, le 21 décembre 1803, est mort à Luçon, le 8 février 1885.
Il a légué à l'église de sa paroisse deux ornements, l'un blanc, l'autre rouge ; deux aubes et son calice très précieux, avec la clause que son neveu M. A. Gouraud, curé de Saint-Georges, aura le droit de s'en servir, sa vie durant.
Le jour de la Saint-Jean, visite de M. Harmel à la filature de Hucheloup, sur une invitation de M. Péquin, qui était allé l'entendre à la Roche, où le grand industriel avait donné, la veille, une conférence.
Le 3e dimanche d'octobre, pèlerinage des paroisses de Cugand, de la Bruffière et de la Bernardière réunies, à l'ancienne chapelle de Toutes-Joies, en Gétigné. Procession magnifique d'entrain et de piété.
1885. - 45 baptêmes, 34 sépultures, 10 mariages.
1886. - Le R.P. Chicotteau, missionnaire de Saint-Laurent, prêche la station de carême.
Le même prêche la 1re communion, le dimanche de la Trinité.
Le 12 octobre, Mgr Richard, archevêque de Paris, passe à Cugand, en se rendant à son château de l'Echasserie, en la paroisse de la Bruffière, et daigne s'arrêter un instant pour visiter l'église où il récite publiquement, avec l'assistance qui l'avait suivi, un pater et un ave pour Mgr l'évêque de Luçon et pour tous les habitants de la paroisse. Son passage fut salué par le son de toutes les cloches.
Agrandissement du cimetière, bénédiction de la partie annexée le 3e dimanche de l'Avent.
1886. - 36 baptêmes, 36 sépultures, 15 mariages.
1887. - Le 20 janvier, service funèbre d'octave, pour le repos de l'âme de Très Chère Sœur Saint-Thomas d'Aquin, supérieure générale des Religieuses des Sacrés Cœurs, de Mormaison, présidé par M. l'abbé Jeannet, vicaire-général et supérieur de la Congrégation. (La Très Chère Sœur Saint. Thomas d'Aquin était une demoiselle Hupé, de cette paroisse.)
Le 29 mars, inauguration dans l'église d'une statue de N.-D. de Lourdes offerte pour faire pendant à la statue du Sacré Cœur.
Le 1er mai, visite pastorale de Mgr l'évêque. Monseigneur préside la cérémonie de la première communion et donne ensuite la confirmation à 154 enfants. Sa Grandeur bénit la statue de Notre-Dame de Lourdes, récemment installée dans l'église.
Veille de la saint Jean-Baptiste, procession ordinaire au feu de joie planté à la croix de la Herce.
1887. - 43 baptêmes, 32 sépultures, 15 mariages.
1888. - M. l'abbé Huet remplace M. Denis.
Le 10 septembre, 32 personnes de Cugand prennent part à un pèlerinage du doyenné de Montaigu à Sainte-Anne-d'Auray.
1888. - 47 baptêmes, 37 sépultures, 18 mariages.
1889. - Le lundi de la Pentecôte, plus de 100 personnes de la paroisse prennent part à un. pèlerinage du doyenné de Montaigu au tombeau du Bienheureux Montfort, à Saint-Laurent-sur-Sèvre.
A l'ordination de Noël, M. Liboire Gouraud, de cette paroisse, a été ordonné prêtre. Il a célébré les offices du jour de Noël dans l'église de Cugand. - Né en 1866 ; vicaire de Bournezeau, en 1889 ; de la Roche-sur-Yon, en 1892.
1889. - 50 baptêmes, 39 sépultures, 14 mariages.
1890. - Au commencement de cette année, M. l'abbé Ferdinand, Poisson, ancien curé de Mortagne, aumônier des religieuses Ursulines de Luçon, est nommé chanoine honoraire.
Don fait à l'église d'une statue de saint Pierre, patron de la paroisse. Cette statue, moulée par la maison Pelissi, de Nantes, a été placée sur une colonne, à l'entrée du sanctuaire, du côté de l'épître. La statue a coûté 150 francs.
Don d'un thabor fait à l'église par la famille Dabin, de la Palaire, à l'occasion du mariage de leur fille, Séraphie Dabin, avec M. Briaud, médecin à Noirmoutier.
1890. - 36 baptêmes, 42 sépultures, 19 mariages.
1891, 26 avril. - Visite pastorale de Mgr l'évêque à Cugand. Monseigneur a présidé la première communion et a confirmé ensuite 160 enfants. Les enfants avaient été préparés par le R.P. Benoît, missionnaire de Saint-Laurent. Sa Grandeur est allée à Hucheloup visiter la famille Péquin. Monseigneur a également visité une petite chapelle élevée au même lieu par M. Francis Bousseau.
Au commencement du mois de mars, des Sœurs garde-malades, de la communauté de Mormaison, ont été installées à Cugand, grâce à la générosité de M. Armand Gouraud, d'Entiers, et de Mlle Esther Bousseau, pour visiter les malades à domicile et leur donner des soins gratuitement.
Dans la nuit du 21 juin, le magasin de la fabrique d'Entiers devient la proie des flammes. Les pompiers de Clisson, appelés à temps, sont accourus et ont pu préserver les autres locaux de l'établissement. Le travail a repris dès le lendemain.
16 août, - Erection du Chemin de la croix, dans la chapelle de Hucheloup, par M. l'abbé de Suyrot, spécialement délégué par Mgr l'évêque de Luçon, en présence de M. le curé, de M. le vicaire de Cugand et d'une nombreuse assistance[20].
Le 21 septembre, Monseigneur consacre les deux petits autels de l'église. Les reliques renfermées dans les sépulcres de ces autels sont celles des saints martyrs Aurélius et Fortunius. Etaient présents à la cérémonie : MM. Giraud, vicaire général ; Ferdinand Poisson, chanoine ; Suaudeau, curé de Montaigu ; P. de Suyrot, chanoine, missionnaire apostolique ; L. Grélier, curé ; A. Gouraud, curé de Saint-Georges ; Gagnier, curé de Treize-Septiers ; L. Cousseau , curé ; Aug. Bonnin, curé de la Bernardière ; Em. Aoustin, vicaire de Notre-Dame de Clisson ; Ménager, professeur à Ancenis ; M. Piveteau, chapelain de Saint-Symphorien ; A. Arnaud, prêtre ; A. Dalibon, prêtre ; J. Martineau, vicaire de la Bruffière ; P. Mornet, vicaire de la Boissière ; Lib. Gouraud, prêtre, vicaire ; L. Bosques, curé de Saint-Hilaire-des-Bois ; Dumas, vicaire de Saint-Georges-de-Montaigu ; comte de Rorthays, ancien préfet ; Julien Huet, vicaire de Cugand ; F. Lebœuf, J.-B. Chaigneau, J. Bousseau, J. Picot, Limouzin, A. Durand, séminaristes.
Le 2e dimanche après la Toussaint, à la demande de M. Léon Péquin, M. Flornoy, de Nantes, a fait une conférence aux ouvriers de Cugand. Le sujet était : Le pape et les ouvriers.
1891. - 45 baptêmes, 43 sépultures, 12 mariages.
1892. - La station de carême a été prêchée parle R.P. Baud, missionnaire de Chavagnes.
Le 25 août a été célébré, par anticipation, le jubilé sacerdotal de M. le curé. (M. Grélier a été ordonné prêtre par Mgr Soyer, le 17 décembre 1842.) Nul jour ne convenait mieux, pour cette célébration, que le jour de sa fête, la saint Louis. Les préparatifs avaient été faits par les prêtres enfants de la paroisse, enfants aussi du vénérable jubilaire. A la messe solennelle, la majeure partie de la population remplissait la nef, heureuse de témoigner à son pasteur son fidèle attachement, et de lui redire, - au pied des autels, le souhait de l'église à ses pontifes : Ad multos annos ! Un dîner de cent vingt couverts groupa autour de M. le curé un grand nombre de ses enfants et de ses amis, accourus de tous les points du diocèse. Des toasts y furent prononcés en prose et en vers par MM. Poisson, chanoine ; Fuziller, curé de Vairé ; ChaiIlou, vicaire de Saint-Jean-de-Monts ; Sacré, curé Saint-Hilaire-du-Bois ; Moreau, curé de la Chapelle-Heulin (diocèse de Nantes) ; Albert, curé de MoreiIles ; Freland, curé de la Bruffière ; le R.P. Trotin, supérieur général des missionnaires de Chavagnes, qui joignit à ses compliments un précieux cadeau dont l'offrande a été très agréable au jubilaire... La plus grande cordialité a présidé à ces noces d'or. Les pauvres de la paroisse n'ont pas été oubliés. Après la messe, une grande distribution de pain leur a été faite au nom de M. le curé.
7 avril. - M. l'abbé Hupé, nommé curé-archiprêtre de Notre-Dame de Fontenay-le-Comte, est en même temps nommé chanoine honoraire de la cathédrale.
30 novembre. - Sépulture d'un jeune séminariste, M. Auguste Plessis, de Gaumier. Son directeur du grand séminaire, et plusieurs de ses condisciples, tant du grand que du petit séminaire, assistent à la cérémonie funèbre.
21 décembre. - M. Grelier, curé de Cugand, est nommé chanoine titulaire de la cathédrale.
1893. - Dans la première semaine de janvier, M. l'abbé Mouneron, curé de Puymaufrais, est nommé curé de Cugand.

...dans l'église de Cugand.
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CHAPELLE DE SAINT-LAZARE
La paroisse de Cugand possédait encore, il y a quelques années, une chapelle rurale fort ancienne, placée sous le vocable de Saint-Lazare. Cette chapelle n'existe plus ; raison de plus pour en conserver au moins le souvenir. Quelle en était l'origine ? Il est bien difficile de le savoir aujourd'hui. Elle fut fondée et dotée, croit-on, par un seigneur de Clisson. Le fait est que ledit seigneur de Clisson était présentateur au bénéfice ou chapellenie fondée dans la chapelle. Elle devait être, pour le moins, aussi ancienne que les manufactures des bords de la Sèvre, que les papeteries d'Entiers et de la Feuillée, en particulier[21].
Le bénéfice dont était dotée la chapelle de Saint-Lazare, de Cugand, était chargé d'une messe par semaine, à jour non déterminé. Le fond consistait dans une pièce de terre joignant ladite chapelle, un pré, situé au village de la Begnaudière, en Saint-Hilaire-du-Bois (Loire-Inférieure), deux setiers de froment, deux de seigle, de rente, quelques poules et argent dus sur le village de Chez-Pineau (?) et de la Verdrie, paroisse de Treize-Septiers, le tout estimé, en 1691, cent livres de revenu.
Un mariage y fut célébré en 1674.
Jadis, on y allait en procession, le mardi des Rogations, et l'on y célébrait la messe de la station.
Plus tard cette chapelle fut vendue à des particuliers qui l'ont restaurée. Jusque vers 1860, on y disait encore la messe de temps en temps, c'était un lieu de pèlerinage, mais de moins en moins fréquenté. Aujourd'hui elle est entièrement démolie.
Pour compléter la Chronique paroissiale de Cugand, il nous reste à ajouter quelques lignes sur les usines ou manufactures de la Sèvre, Nous n'avons pu nous procurer aucun renseignement historique sur deux d'entre elles, la filature à laine, de Fouques, où avait été installée anciennement une forge à fer, et la filature à coton, de la Feuillée, ancienne papeterie à la main, les deux appartenant aujourd'hui à M. Chéguillaume, Mais le lecteur parcourra avec intérêt les lignes suivantes consacrées à la papeterie d'Antière et à la filature de Hucheloup.
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ANTIÈRE ET SA PAPETERIE
Antière, qu'on écrivait jadis Antier, Entier est le nom d'un village de la paroisse de Cugand, renommé à cause de sa papeterie. Il tire évidemment son nom du fondateur de l'établissement. Aussi bien, ce nom se retrouve assez souvent dans les vieilles chartes des seigneurs du Bas-Poitou. Il fut porté notamment par les seigneurs de l'Herbergement (Herbergamentum), de la mouvance de Montaigu[22]. On disait l'Herbergement-Entier, pour ne pas confondre cette seigneurie avec l'Herbergement-Ydreau (Sainte-Florence), autre seigneurie du Bas-Poitou. S'il faut en croire les traditions du pays, cette vieille famille se serait éteinte pendant le siège de Clisson par Henri IV. Comme vassal du châtelain d'alors, le dernier descendant des Entiers serait allé s'enfermer dans cette citadelle…. et ne revint plus dans ses propriétés.
Importée en France à l'époque des Croisades, l'industrie de la fabrication du papier fut essayée d'abord en Auvergne[23]. C'est de là qu'elle fut importée jusque sur les bords de la Sèvre-Nantaise, dans la première moitié du XVe siècle. En 1789, cette rivière faisait fonctionner les machines de quatorze papeteries très florissantes.
La papeterie principale d'Antière fut installée sur la partie appelée "l'Ile" qui est toujours désignée de la sorte. Un peu plus loin, à l'extrémité méridionale, furent construites deux autres fabriques parfaitement distinctes, celle du haut et celle du bas. Dans les vieux titres, l'usine de l'Ile est nommée le moulin suzerain, et, pour bien faire preuve de son privilège seigneurial, le propriétaire avait placé sur le faite une girouette de banneret, écartelée aux quatre fleurs de lis.
En 1793, l'incendie respecta la vieille girouette qui fut transportée sur les bâtiments restaurés en 1815. Cette relique des premiers essais de l'industrie bas-poitevine, sur la Sèvre, se voit encore aujourd'hui, fixée sur le pignon des constructions nouvelles.
En 1869, dit M. Lamprière, (pseudonyme de M. A. Gouraud) dans une intéressante étude sur Antière[24], tout ce qui restait de l'usine du bas fut détruit pour les agrandissements récents de la manufacture. Cette partie fut alors fouillée assez profondément, pour arriver au solide : les couches supérieures enlevées laissèrent apercevoir les bases d'un escalier tournant et des débris de meurtrières ogivales rappelant évidemment l'époque du XVe siècle. Près de là, gisait une pierre de granit sur laquelle avaient été tracées des armoiries, dont les différentes pièces, à moitié effacées, ont pu néanmoins être déchiffrées comme suit : "d'azur à un arc-en-ciel posé en fasce, au chef de gueule orné de trois croix ancrées, et au croissant posé en abîme". La légende portait les trois mots latins : Crux, Lux, Dux. Ce blason, au lieu de rappeler les premiers propriétaires de la fabrique, pourrait bien n'être qu'un souvenir allégorique de l'introduction de la papeterie en France, signalée plus haut, en note.
L'incendie des moulins, en 1793, dit encore l'auteur, que nous suivons, n'avait pas atteint la vieille habitation des maîtres. Au milieu du hameau d'Antière, on peut voir encore, de nos jours, les restes bien conservés du manoir de ces gentilshommes papetiers ; on l'appelle toujours "le Vieux logis". Une porte d'entrée, avec sa forme ogivale, qui a été transformée depuis longtemps déjà, prouve que l'habitation devait avoir la même date que la fabrique elle-même. Sur la voûte du vieux portail, s'appuie le traditionnel colombier féodal. Ce pavillon carré porte sur son pignon la girouette aux quatre fleurs de lis que nous avons déjà signalée sur le moulin suzerain. A côté du perron de l'entrée, on aperçoit aussi, sortant de la muraille, une pierre proéminente à laquelle la tradition a laissé le nom de pierre de juridiction. D'autres pierres semblables se voient dans diverses localités de la Vendée ; mais leur destination n'a jamais reçu, croyons-nous, une explication bien claire. On suppose avec raison qu'elle doit marquer un privilège ou un droit de justice quelconque.
A défaut des noms des différentes familles qui exploitèrent la papeterie d'Antière depuis sa fondation, nous ne pouvons ne pas mentionner ici une illustration cugandaise, qui a été célèbre sous le premier Empire et les années qui l'ont suivi. Nous voulons parler de Gabriel Ouvrard, le munitionnaire général. Il naquit aux Moulins-d'Antière, comme en fait foi l'acte de baptême suivant, rédigé par M. Baufreton, vicaire-gérant de Cugand, acte qui se trouve actuellement aux archives de la mairie : "Gabriel-Julien Ouvrard, fils d'Olivier et de Françoise Chardonneau, sa femme, né ce jour, à Antière, a été baptisé ce 6 novembre 1770. A été parrain Gabriel Gouraud, et marraine Jeanne Hilléreau, cousine de l'enfant. Signé : Jeanne Hilléreau ; Gabriel Gouraud ; Marie Aubin ; Beaufreton, vicaire de Cugand."
Ce nouveau-né arrivait, septième enfant, dans la famille du papetier Ouvrard, et, comme ses six frères aînés, on le vouait naturellement d'avance à la profession paternelle. La providence en disposa autrement en donnant à l'enfant une aptitude singulière pour les mathématiques, et un goût prononcé pour la finance. Ses débuts dans une grande maison de commerce de Nantes, entrepôt de denrées coloniales, révélèrent sa destinée, Dès ce moment, il donna la mesure de sa capacité, Prévoyant, à la veille de notre grande Révolution, que le mouvement social allait entraîner à une consommation énorme de papier, le jeune Ouvrard risqua une spéculation qui réussit au-delà de ses espérances : il se rendit à Angoulême et acheta, dans plusieurs usines, tout le papier fabriqué ou à fabriquer dans un laps de temps déterminé. A son arrivée à Paris, notre habile acheteur céda son marché à une importante maison, avec un bénéfice net de 300 000 francs, somme considérable pour ce temps. Ce fut le commencement de son immense fortune, qui subit dans la suite des variations si diverses.[25]
"Ouvrard fut, pendant trente ans, le banquier de l'Etat, dit M. Lamprière, et c'est lui qui a négocié les emprunts contractés sous l'Empire et au début de la Restauration ; ces négociations atteignent le chiffre de plusieurs milliards ; il a été le fournisseur attitré, le grand munitionnaire des armées de la République, de l'Empire et de la Restauration[26]".
En sa qualité de financier hors pair, il fut en relation avec la plupart des cours de l'Europe, qui réclamaient ses conseils dans leurs projets ou leurs embarras d'Etat.
Tout en travaillant à la fortune des autres, Ouvrard était loin d'oublier la sienne propre. C'est ainsi que, le commerce étant insuffisant pour occuper cette nature exubérante, en vue de satisfaire ses premiers instincts industriels, il fit l'acquisition des châteaux et domaines de Preuilly, en Touraine, avec sa forêt de 3500 hectares, pour y fonder des hauts-fourneaux et des forges de fer ; du château et des terres du marquisat de Jumillac, en Périgord, où se trouvaient des carrières de kaolin, qu'il voulait faire exploiter pour l'usage des porcelaines de Limoges. Il acheta également, à Paris, le magnifique hôtel de la rue de Provence, et, pour sa résidence à la campagne, les châteaux de Louveciennes et du Raincy, où il déploya des magnificences quasi royales.
Peu de temps après son arrivée à Paris, il épousa une demoiselle Tébaud, d'une famille royaliste de Nantes, incarcérée, sous la Terreur, à la prison de l'Abbaye, et qu'il sauva de l'échafaud par ses habiles démarches auprès de Robespierre et de Fouquier-Tinville.
Notre cadre et notre but ne nous permettent pas d'entrer ici dans le détail de toutes les négociations du célèbre financier cugandais. Disons toutefois que la fortune, même la plus heureuse, ne va guère sans déceptions et sans revers. Celle d'Ouvrard n'échappa point à ces caprices ; mais il fut assez habile pour y parer. L'un de ses triomphes financiers fut assurément sa mission ou ses négociations à la cour d'Espagne, pour le paiement de 72 millions de subsides dus par ce royaume à la France pour sa coopération au blocus continental. "Si j'avais trouvé à Madrid un ministre de taille à réaliser mon plan de réformes, disait-il fièrement, j'aurais ressuscité l'empire de Charles-Quint !"
Charles IV, qui ne régnait guère que de nom, témoigna d'une étrange façon sa reconnaissance à cet étranger, qui lui offrait un moyen sûr et prompt de refaire sa liste particulière criblée de dettes, et de relever son royaume à demi-ruiné. Ce moyen n'engageait d'ailleurs que sa prérogative royale. Un soir, dans l'intimité du palais de l'Escurial, le roi d'Espagne signa avec Ouvrard un traité de commerce qui les liait sous la raison sociale : Gabriel Ouvrard et Cie, dont Ouvrard était seul gérant. On trouverait peut-être difficilement dans l'histoire un exemple semblable d'un traité conclu entre un particulier et un roi.
Dans cette circonstance, Ouvrard ménagea habilement les intérêts de la France ; mais Napoléon ne lui en garda aucune reconnaissance. Ses négociations en Espagne le rendirent même suspect, et ce fut l'origine de ses démêlés avec le grand empereur. Obligé de déposer son bilan, il fut arrêté, en juin 1809, et détenu longtemps à Sainte-Pélagie. En 1823, à la suite des marchés qu'il avait passés avec le Trésor. comme fournisseur général de l'armée d'Espagne, on commença contre lui des poursuites qu'il eut le bonheur de faire arrêter. Mais l'insuccès de diverses spéculations le fit emprisonner de nouveau.
Le célèbre munitionnaire général mourut à Londres, en octobre 1846.
La famille des Ouvrard est éteinte à Cugand ; car Gabriel, en quittant cette commune pour suivre sa brillante carrière, entraîna bientôt à sa suite tous ses frères[27]. Par une bizarrerie du sort, et par suite d'acquisition, c'est le petit-fils de son parrain qui est aujourd'hui le propriétaire du moulin d'Antière.
Cet établissement a été agrandi et perfectionné, depuis un certain nombre d'années, par les soins intelligents de MM. Blanchard, Chéneau et Gouraud, et peut soutenir aujourd'hui la concurrence avec ce qui se fait de mieux en France pour cette partie. M. Cyprien Gouraud, maire de Cugand, en est, aujourd'hui, seul propriétaire.
Le personnel de la papeterie se compose actuellement de 246 ouvriers et ouvrières ; la force motrice de la machine principale est de 1200 chevaux ; et la fabrication du papier se chiffre, en moyenne, à 20 000 kilos par jour.
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HUCHELOUP
ET SA FILATURE DE LAINE CARDÉE
Hucheloup, village industriel, est un des coins les plus pittoresques de la commune de Cugand. La Sèvre-Nantaise, qui coule à ses pieds en tortueux sillons, les chutes d'eaux très rapprochées et qui ressemblent à autant de gracieuses cascades, les maisons bâties à flanc de coteau et qui paraissent construites les unes sur les autres, tout contribue à en faire un très riant et très plaisant pays.
Hucheloup n'a rien de l'aspect lugubre de ces cités industrielles qui, avec leurs noires cheminées d'usine toujours allumées, vous donnent la sensation de l'enfer.
Accueillante et serviable, la population de fileurs et de tisserands qui habitent là est douce comme les moutons dont elle file la laine ; elle n'est point rongée par l'alcoolisme.
Les rapports entre les patrons et les ouvriers sont empreints d'une véritable cordialité.
Hucheloup était autrefois habité par une population de tisserands, qui a aujourd'hui à peu près complètement disparu. Ceux-ci fabriquaient des tissus qu'ils vendaient dans la contrée. Il ne reste plus que deux fabriquants dont l'industrie est en pleine voie de prospérité.
Une chamoiserie a été exploitée aussi avec succès jusqu'en 1840.
Il y avait également de nombreux moulins à fouler les étoffes dont il reste encore quelques vestiges.
C'est en 1825 que l'usine de Hucheloup, qui comprend la filature en cardé, le foulage et l'apprêt des tissus, a été fondée. La filature, éclairée à la lumière électrique, est actionnée par la rivière, la Sèvre-Nantaise, et par deux machines à vapeur.
Longtemps cette industrie ne s'est pas développée, les machines de filature étant encore imparfaites, et les fils ne pouvant s'écouler que dans la région. Les moyens de communication étaient difficiles ; tous les services de l'usine devaient se faire à dos de cheval.
Mais, vers 1850, l'industrie de la filature en cardé fit de grands progrès ; des mécaniciens intelligents trouvèrent le moyen d'arriver à une grande production et à un grand perfectionnement dans le travail. Hucheloup ne resta pas en arrière, son outillage fut modifié et, depuis cette époque, la filature n'a cessé de se développer.
Les chemins de fer, se répandant partout, lui permirent d'étendre ses relations et d'arriver à une production très importante.
Aujourd'hui, la filature d'Hucheloup est la plus importante de l'Ouest.
M. Léon Péquin, l'auteur de ces notes intéressantes sur Hucheloup, n'a oublié qu'un point, c'est de nous dire que les améliorations, agrandissements et succès de la filature sont dus en grande partie à son intelligente initiative et à sa remarquable entente dans cette branche industrielle. Tout en réparant cet oubli voulu par sa modestie, nous le remercions des lignes qu'il a eu la bonté d'écrire pour les archives diocésaines, à la gloire de la belle paroisse de Cugand. (N. D. L. R.)
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ADDITION A LA CHRONIQUE DE CUGAND
PENDANT LA RÉVOLUTION
Hauts faits des colonnes infernales.
Babeuf raconte le trait suivant sur les faits et gestes de Lusignan à Cugand :
"Lusignan était allé au village de la Pallère, près des forges de Cugan, avec trente cavaliers.
Rencontrant les femmes de ce village, il leur demanda où étaient leurs maris ; elles répondirent qu'ils étaient chez eux, à faire des étoffes. Lusignan leur dit de les faire venir. Les hommes vinrent sur-le-champ avec leurs tabliers de travail ; il leur commanda de le suivre : ils obéissent, et, arrivés à Clisson, au nombre de dix-huit, tous, moins un, sont fusillés."
(Les Représentants du peuple en mission, par H. Wallon, - Babeuf, p, 125.)
- Noms de quelques habitants de Cugand, morts à Savenay, en décembre 1793 :
François Caillé ; Jean Durand, 25 ans ; Jean Gémidon ; Jean Gaborieau ; Mathurin Hérault ; Pierre Nerrière, 32 ans ; Jean Nerrière ; Jean Pacquier, 26 ans.
- Le 22 brumaire, an IV, l'adjudant-général Watrin écrit aux habitants de Cugand :
"Ne balancez pas dans le choix que vous avez à faire et ne me réduisez pas à la dure nécessité de sévir contre vous. Apportez-moi vos armes dans les vingt-quatre heures, et je vous jure, sur ma parole d'honneur, que tout ce que le général en chef vous annonce dans sa proclamation sera exécuté. Vous adorerez Dieu tranquillement et personne ne vous troublera."
Le 13, il écrit à Hoche :
"Depuis deux jours je fais faire un enlèvement considérable sur la commune de la Bernardière. Les habitants viennent enfin de se décider à remettre les armes et vont me les apporter toutes aujourd'hui, ainsi que ceux de la paroisse de Cugand."
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Notes et références
[1] Au hameau du Bas-Noyer, quand l'étang de Fradet est desséché, pour la réparation des moulins, on peut voir encore, au fond du lit de la Sèvre, les restes de deux piles d'un pont que traversait une voie romaine, allant de Durinum à Angers. (N. D. L. R.)
[2] Qu'on n'oublie pas que ceci a été écrit il y a un demi-siècle environ.
[3] L'église a été reconstruite, comme on le verra plus loin dans la Chronique.
[4] C'est la maison paternelle de l'honorable famille Guilé, qui l'habitait longtemps avant la Révolution.
[5] Cette famille s'appelait des Belliars ; elle émigra dès le commencement de la Révolution de 1789.
[6] D'après le dernier recensement, le chiffre de la population est actuellement de 2129 habitants.
[7] Don fait par Geoffroy, duc de Bretagne, comte de Nantes, du droit de juridiction dans le bourg de Cugand à Messire Geoffroy Patoil, son secrétaire, chapelain de Saint-Pierre de Cugand. (Aveu du domaine de Nantes. N° 1102.)
[8] Le souvenir de cette confrérie fut renouvelé, après la Révolution, par M. Haigron (1821), qui mit l'autel de la sainte Vierge, précédemment dédié à N.-D. du très saint Rosaire, sous le vocable de l'Immaculée-Conception. Mais la confrérie elle-même n'existe plus. Ce serait une œuvre à ressusciter.
[9] Le 2 octobre 1750, Mgr l'évêque de Nantes. Pierre Mauclerc, faisant sa tournée pastorale dans la contrée, ne voulut pas aller à Cugand, dont le recteur M. Marcoux avait été exilé de sa paroisse, par ordre du roi, à cause de sa révolte contre les décisions de l'Eglise. La paroisse fut convoquée à la Bernardiére, où elle fut conduite par le vice-gérant, M. Droualliére.
[10] En droit canonique, le monitoire est une monition ou avertissement que l'Eglise fait aux fidèles de révéler, sous peine d'excommunication, ce qu'ils savent sur certains faits spécifiés et dont elle a de justes raisons d'être instruite.
On croit communément que les monitoires sont en usage, dans l'Eglise, depuis que le pape Alexandre III, vers l'an 1170, décida qu'on pouvait contraindre par censure ceux qui refusaient de porter témoignage dans une affaire, (C. 1, 2 de Testibus cogendis). Dans l'origine, il n'était permis de procéder par voie de censures ou de monitoires que pour les affaires civiles. Bientôt après, on usa de monitoires dans les affaires criminelles.
[11] Le rédacteur de la Chronique que nous transcrivons ajoute : "Cette inondation a fait faire les observations suivantes :
Dans l'année 1740, il y a trente ans, l'inondation commença à la fin de novembre ou au commencement de décembre ; trente ans auparavant, c'est-à-dire en 1710, pareille inondation ; et on assure qu'on a remarqué dans les archives du château de Clisson qu'en 1680, ce qui fait encore trente ans auparavant, il y eut encore une inondation considérable. Enfin, ce qu'il y a de plus singulier, c'est que le P. Petau, jésuite, dans son Histoire universelle, prétend, par son calcul, que le déluge commença le 25 novembre de l'année 1656 de la création du monde." (?...)
[12] Pour ce refus, son frère Olivier Le Bastard fut massacré dans le bourg même de Héric, en décembre 1793. (Lallié. - Le diocèse de Nantes pendant la Révolution.)
[13] Au témoignage de M. Barreteau, ancien chantre de Notre-Dame-de-Monts, qui l'hébergea quelques jours, pendant la Révolution, M. Le Bastard aurait cependant tenté de passer dans l'île de Noirmoutier, dans l'espoir d'y être plus en sûreté ; mais M. Barreteau l'en ayant dissuadé, il revint à Cugand.
[14] Ses retraites les plus ordinaires étaient, nous dit-on, Hucheloup, dans la famille Caillé, et le Grand Coubrenier, dans la famille Augereau, aujourd'hui éteinte (ce dernier endroit, solitude à peu près inabordable, en ce temps-là, offrait au pasteur de la paroisse un asile des plus sûrs) ; le Bas-Noyer, chez la grand'mère des défunts abbés Augustin et Ferdinand Mouillé, où il célébra la messe plusieurs fois ; le pâtis de la Hinoire, où un nommé Housseau, de Hucheloup, a fait sa première communion, d'après le témoignage de son fils encore vivant (1894) et âgé d'environ 80 ans ; (l'autel avait été dressé sous trois grands chênes...) Fradet, chez deux vieilles filles Mérand (de la famille Mérand, de la Doucinière). Elles avaient un vieux coffre qui servait d'autel pour la sainte messe. M. Le Bastard passait quelquefois la Sèvre à la nage pour administrer les sacrements de l'autre côté. (Communication de Mlle Alexandrine Poisson.)
[15] Plus tard, en 1868, le P. Marie Eutrope fut envoyé avec le titre d'Abbé à la Trappe de Saint-Paul-aux-trois-Fontaines, dans la campagne romaine, où il est mort le 17 septembre 1874. On sait comment les trappistes sont parvenus à assainir ces lieux malsains et à combattre la malaria engendrée par les miasmes qui s'en exhalaient, par des plantations d'eucalyptus. Cet arbre leur a fourni aussi la matière d'une excellente liqueur hygiénique connue sous le nom d'eucalyptine.
[16] Avant de poursuivre le récit de cette regrettable affaire que notre devoir d'historien nous oblige d'enregistrer dans cette Chronique, nous tenons à prévenir le lecteur que le protestantisme n'a plus, aujourd'hui, aucun adepte dans l'honorable famille Péquin de Hucheloup. M. Léon Péquin, propriétaire et directeur actuel de la Filature, est un bon catholique, donnant à sa nombreuse famille ouvrière, dont il est le bienfaiteur et le père, l'exemple de la pratique religieuse. Des conférences spéciales données, par ses soins, aux ouvriers, un oratoire domestique dédié à la Très Sainte-Vierge dans sa maison même, etc. prouvent suffisamment que, à Hucheloup, on est bien loin des temps dont il est parlé plus haut. Et Mgr Baillès, reparaissant parmi nous, redirait, pour sûr, à cette honorable famille quelque chose de la lettre de saint Paul aux Corinthiens : "Encore que je vous aie attristés par mes lettres, néanmoins, je n'en suis point fâché... Maintenant, j'ai de la joie non de ce que vous avez eu de la tristesse, mais de ce que votre tristesse a été selon Dieu et a produit des fruits de salut." (II Cor. VII, 8, 9, 10.)
[17] Mgr Baillès ne se contenta pas d'adresser aux fidèles de Cugand les deux lettres inédites qui précèdent, il fit de cette affaire une affaire diocésaine et envoya, à cette occasion, un mandement que l'on peut lire à la fin du tome II, p. 597 et ss. des Actes de l'Eglise de Luçon (sous l'épiscopat de Mgr Baillès). Sa Grandeur y résume tout ce qui précède.
[18] Notre manuscrit donne, à cette place, les noms des croix qui existaient alors dans la paroisse :
1° la croix du calvaire (1844) ;
2° la croix du cimetière (1839) ;
3° la croix de la Herce, élevée primitivement par dame Françoise Allard, veuve Guiheneuf, en 1758, et relevée en 1853 ;
4° la croix de Fradet ;
5° la croix de la Hinoire ;
6° la croix de Gaumier ;
7° la croix du pont, placée près du pont qui se trouve sur la route de Clisson ;
8° la croix Brillaud, élevée par la famille de ce nom ;
9° la croix de la Caillerie ;
10° la croix de la Palaire ;
11° la croix Pichon, ou de Belle-Noue.
[19] A propos de tableau, nous signalons au visiteur de l'église de Cugand une toile qui n'est pas sans mérite, représentant le baptême de Notre-Seigneur, placée dans les fonts-baptismaux. C'est une copie d'un des bons tableaux du musée de Nantes et la première œuvre en ce genre, d'un peintre cugandais, M. Brillaud.
[20] Aux mois de mai et juin de chaque année, les exercices de piété qui se font, tous les soirs, dans cette chapelle, en l'honneur de la Très Sainte Vierge et du Sacré Cœur, y réunissent toute la population ouvrière du village. Le saint sacrifice de la messe y est offert aussi, une fois l'an, pendant le mois de mai.
Hucheloup possède encore, depuis 1893, un nouvel oratoire dédié à la Très Sainte Vierge, dans la propriété même de M. Léon Péquin.
[21] Le nom qu'elle porte fait supposer que le lieu où elle s'élève était autrefois une léproserie. Or, l'état de chiffonnier était l'une des quatre ou cinq professions permises aux lépreux, au moyen âge, et, par suite d'une mesure d'hygiène qui s'imposait, une loi sévèrement exécutée tenait à l'écart, en dehors des centres habités, les lépreux-chiffonniers qui manipulaient le chiffon pour la fabrication du papier. Tout seigneur était tenu d'établir, à l'entrée des villes de sa juridiction, une léproserie complètement séparée de la population agglomérée. Ces maladreries étaient presque toutes sous le patronage de Saint-Lazare, de Sainte-Madeleine ou de Saint-Gilles. Saint Gilles était considéré jadis comme l'un des saints les plus secourables ; c'est pourquoi il fut pris très souvent pour patron des léproseries. Dans le Bas-Poitou, Palluau et Loge-Fougereuse, qui ont saint Gilles pour patron, avaient des maladreries ; Mareuil possédait aussi une maladrerie et une chapelle sous l'invocation de saint Gilles. Les églises ou chapelles sous le vocable de la Madeleine sont encore plus nombreuses. Non loin de la léproserie de Saint-Lazare, de Cugand, Clisson, parmi ses cinq églises, en avait une dédiée à saint Gilles et une autre à la Madeleine. Cette dernière est un des plus curieux spécimens qui nous restent de cette époque, avec son avant-corps destiné à séparer la population contaminée de celle qui était saine où qui était guérie. Mortagne, qui eut jadis des établissements comme ceux d'Entiers, avait aussi son prieuré de Saint-Lazare. Le faubourg et la chapelle de Saint-Lazare (anciennement Saint-Ladre), sont encore bien connus à Tiffauges, etc., etc.
On croit que l'industrie du papier sur la Sèvre date du XVe siècle.
[22] Voir, entre autres, la charte tirée du Cartulaire de Sainte-Croix de Talmond (Archives de la Vendée, fol. 18, n°21), publiée par M, Marchegay dans l'Annuaire de la Société d'Emulation (année 1861, p. 205 ).
[23] Trois gentilshommes croisés : Mongolfier, Malmenayde et Falguerole, faits prisonniers à la bataille de Mansourah. surprirent, dit-on, chez leurs vainqueurs, le secret et la méthode de cette industrie. La corporation des papetiers garda, jusqu'à la Révolution de 1789, le souvenir de son origine dans sa bannière, qui était un étendard vert, orné d'une croix d'argent, et dans sa fête patronale, l'Invention de la Sainte-Croix, le 3 mai.
[24] Echos du bocage vendéen.
[25] Statistique ou description générale du département de la Vendée, par Cavoleau. (Note de M. de la Fontenelle de Vaudoré, p. 641.)
[26] Echos du bocage vendéen. (Ve année, nos 5 et 6.) Voir aussi Dareste, Histoire de France, tome VIII, p. 311.
[27] Le munitionnaire général Ouvrard a laissé un souvenir peu honorable dans la mémoire de ses compatriotes : avec son immense fortune il a toujours passé, à leurs yeux, pour un Harpagon et un homme peu charitable. Voici une anecdote que nous avons recueillie, à Cugand même, à son sujet et qui est un des échos de la tradition locale.
Etant à l'apogée de sa gloire, le financier millionnaire revint, un jour, dans son pays natal. Sa vieille nourrice, une pauvre femme, vivant dans la plus extrême indigence, en profita pour lui tendre la main ; Ouvrard la reconnut et lui donna devinez quoi... - son pain de rente pour le reste de ses jours ?... – Nullement ; il lui donna... une pièce de 20 ou de 50 centimes, et la renvoya à ses pénates. (!!)
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