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la "Chronique paroissiale de Saligny" par Hippolyte Boutin

rappel : avant toute utilisation d'extraits ou d'illustrations de ces pages, vous devez en demander l'autorisation à leur auteur.

 

La "Chronique paroissiale de Saligny" fait partie d'un ensemble initié par Eugène Aillery (1806-1869) qui, devenu "prêtre habitué" (c’est-à-dire "prêtre retraité et résidant…") à Fontenay-le-Comte, se consacra à des recherches sur l’histoire religieuse du diocèse de Luçon. En 1860 il publia le Pouillé de l’évêché de Luçon (200 p.), et à sa mort il laissa un ensemble de manuscrits traitant de l’histoire des différentes paroisses du diocèse. Vingt ans plus tard, en 1889, l’évêché de Luçon décida de les actualiser de les faire paraître sous forme de cahiers mensuels d’une vingtaine de pages distribués à des abonnés, sous le titre de "Chroniques paroissiales". Jusqu’en 1895, les premiers cantons (ou "doyennés" dans la terminologie religieuse de l’époque) dont les "chroniques" furent publiées furent ceux de la Roche-sur-Yon, Chantonnay, les Essarts, Saint-Fulgent, les Herbiers et Mareuil, chacune de leurs paroisses y étant traitée en quelques pages. A partir de cette date, la prise en main de la publication par Hippolyte Boutin (1851-1901) leur donna plus d’ampleur, la part des textes dus à Eugène Aillery y devenant marginale, et leur contenu prenant un intérêt certain. Les "chroniques" des paroisses des cantons de Montaigu, de Mortagne et le début de celles du canton du Poiré (le Poiré, Aizenay, Beaufou), furent alors publiées. Puis, sous la direction de Julien Huet (1857-1925) et jusqu’en 1918, ce seront la fin de celles du canton du Poiré (Belleville, Saint-Denis, la Genétouze, les Lucs, Saligny), puis celles des cantons de Maillezais, de Rocheservière (celles de ce dernier rédigées essentiellement par Alain de Goué, 1879-1918) et de Fontenay-le-Comte. Après une interruption, la publication fut reprise, dans les années 1930, par Adolphe Poirier (1878-1957) pour le canton de Beauvoir, et elle se termina dans les années 1950 avec celles du canton de Pouzauges par Auguste Billaud. Soit 14 cantons sur les 30 que comptait la Vendée à cette époque, en plus des autres ébauches de "Chroniques" réalisées en son temps par Eugène Aillery pour la plupart des autres paroisses du diocèse de Luçon.

La "Chronique paroissiale de Saligny" a bénéficié des apports d'Hippolyte Boutin et, même si parfois elle s'apparente un peu à de la compilation, elle est avant tout le résultat d’un important travail d’enquêtes, partant des faits, recourant par principe aux documents originaux, vérifiant et recoupant les sources… Elle aborde principalement l'histoire légendaire de la chapelle du Recrédy, la construction de le nouvelle église de Saligny et, comme pour les autres "chroniques paroissiales", "l'État nominatif des curés (et vicaires) de la paroisse" dont la succession et les activités constituent a priori l’objet principal de chacune d’elles.


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La "Chronique paroissiale de Saligny suit le plan suivant :

L'histoire ancienne   
Pendant la Révolution    
Le Recrédy et chapelles diverses    
      - la chapelle du Recrédy    
      - la chapelle de la Jarrie
      - le Prieuré de Salligné    
État nominatif des curés et vicaires de Saligny   
      - la consécration de l'église de Saligny
      - les prêtres originaires des Lucs   


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Saligny ou Saligné, comme on disait autrefois, est un bourg coquettement assis sur une petite élévation, au bord du chemin vicinal venant de Dompierre, et non loin de la belle route départementale de Luçon à Montaigu. L'église, bâtie sur le roc et enserrée de sa balustrade, apparaît svelte et élégante sur le sommet de la butte, sans aucun obstacle qui la dérobe à la vue. Il semble que les curés bâtisseurs de ce monument de granit aient voulu s'inspirer, mais dans de modestes et bien humbles proportions, de l'aspect que présente la basilique de Notre-Dame à Lourdes. C'est sans doute pour mieux rappeler ce souvenir que l'on a creusé au bas de la butte une grotte dans l’imitation de celle des roches de Massabielle.

L'église autrefois sous le vocable de Saint-Sauveur, est aujourd'hui sous celui de Notre-Dame, comme nous l'expliquerons plus loin.

 

L'histoire ancienne de Saligny est presque entièrement ensevelie dans l'oubli, et toutes nos recherches ont été infructueuses.

On sait cependant qu'il y avait dans cette paroisse l’hostel noble et maison forte de la Jarrie, importante châtellenie unie à la Merlatière et relevant des Essarts. Il en est question dans les notes sur les seigneurs de Saint-Fulgent.
On trouve également dans le Chartrier de Thouars un acte de saisie des bâtiments de la Jarrie, en 1676, et on y dit que ces bâtiments, et surtout la chapelle, étaient alors entièrement détruits.

Près du bourg, en face de l'église et sur le versant opposé, s'élève une vieille maison, la Mortayère, ancienne seigneurie, qui fut, vers 1650, la propriété de Paul Durcot, écuyer, seigneur du Plessis.

Au village de la Rochette, et aussi tout près du bourg, on remarque une tour ronde percée de meurtrières, qui reste là pour témoigner qu'un manoir s'élevait en ce lieu, sans qu'on puisse savoir quelle famille habitait cette noble maison.

En 1641, la taxe du curé était de 3 livres, ce qui ne suppose pas un gros revenu.

 

Pendant la Révolution, la paroisse de Saligny, touchant celle de Belleville où Charette avait établi son camp, dut être sillonnée plus d'une fois par les troupes des deux partis. On ne voit pas cependant qu'elle ait été le théâtre d'importants combats.
C'est à Saligny qu'au mois de janvier 1794 Charette apprit la prise de Noirmoutier, que vint lui annoncer un de ses officiers qui s'était échappé de l'île à travers mille dangers.
C'est à Saligny qu'expira le brave Prudent de la Robrie, rapporté mourant du combat de la Thibaudière, au mois de décembre 1795.
Lors du passage des colonnes infernales, Saligny ne fut pas plus épargné que les paroisses voisines Le 18 juillet 1794, une de ces bandes d'assassins, partie de Montaigu, sous les ordres du général Huché, traversa Rocheservière, Legé et les landes du Grand-Luc, puis se porta sur Saligny, où elle ne trouva personne. Elle se rendit de là aux landes des Jouinaux et elle incendia un village près de Saligny.
Les atrocités commises par ces bandits furent telles qu'elles excitèrent l'horreur des républicains qui crurent devoir les dénoncer en haut lieu. Chassin, dans sa Vendée Patriote (tome IV, p. 533), nous donne un extrait de ces dénonciations :

"Du moment où la colonne, d'abord conduite par le général Ferrand, l'a été par le général Huché, le pillage et le massacre commencèrent. Rien ne fut épargné. Vieillards, femmes et enfants, les hommes sans armes, occupés à travailler dans les champs ou dans les maisons, furent immolés impitoyablement. Le général Ferrand voulant, par ses observations, empêcher de semblables atrocités, le général Huché lui répondit : "Je le veux, moi !" Partout où passa cette colonne du général Huché, depuis Montaigu jusqu'à Palluau, tout a été pillé d'une manière horrible, et le bétail a été totalement enlevé[1]".

Vers cette époque, le 2 prairial an VI, la cure fut vendue nationalement. Nous verrons plus loin le massacre du curé. M. Péraudeau.
Parmi les braves Vendéens qui se signalèrent dans les combats, l'abbé Deniau mentionne spécialement deux habitants de la Gaubretière, Pierre Rangeard et Mathurin Girardeau, qui prirent part à une bataille, sur le territoire de Saligny (tome VI, p. 762).
Dans la liste des victimes arrêtées par le Comité révolutionnaire de Cholet, le 23 février 1794, nous relevons le nom d'un homme originaire de Saligny, Jean Petit, âgé de quarante-cinq ans, et exerçant le métier de maçon, à Cholet. (Vendée Historique, 4e année, p. 271.) Il fut ensuite dirigé sur Angers avec vingt-quatre autres prisonniers pour y subir un interrogatoire.

Aujourd'hui, la paroisse de Saligny compte mille deux cent six habitants ; c'est une augmentation d'un tiers depuis soixante ans. En 1844, d'après la statistique de Cavoleau (p. 755), la population n'était que de huit cent vingt habitants ; il y avait cent quatre-vingts maisons et cinq moulins.

Le cadastre donne à Saligny une superficie de deux mille trois cent soixante-quinze hectares.


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LE RECRÉDY
et chapelles diverses

Cette ancienne gentilhommière est sise à quelque distance du bourg de Saligny et sur le bord de la ligne de la Roche à Nantes. Elle n'est plus aussi importante depuis une transformation qui a été faite dans les bâtiments. La partie la plus ancienne est habitée par le métayer ; celle occupée par le propriétaire actuel, M. Jaunet de Lépinay, est de construction moderne.
La propriété du Recrédy s'étend aujourd'hui sur Saligny avec extension en Belleville et Beaufou.

On ne sait rien sur les premiers maîtres de cette gentilhommière. Ce n'est qu'en 1748 que nous trouvons quelques notes. Le Recrédy était alors la propriété de Marie-Louise Fayau, veuve de François-Aymé Pierres, écuyer, seigneur de Pont-de-Vie. Le 13 février de cette année, par acte passé devant Joussemet et Naullot, notaire à la Roche-sur-Yon, Mme Fayau vendit sa maison du Recrédy et ses dépenses, ainsi que celle de la Ménardière, à Louis Buor, chevalier, seigneur de l'Eraudière. (Beauchet-Filleau, art. Fayau et Buor.)

Pendant trois générations, le Recrédy fut possédé par la famille Buor, dont nous donnons la généalogie, d'après MM. Beauchet-Filleau :

1. Buor (Louis), chevalier, seigneur de l'Eraudière, de la Ménardière et du Recrédy, fils puîné d'Alexandre-Louis et de Madeleine-Louise Gazeau de la Boissière, avait épousé sa cousine, Marie-Louise Buor, fille de François-André, chevalier, seigneur de la Chanollière, et de Marie-Françoise Marchand.
Ils eurent pour enfants : 1° Louis, qui suit ; 2° Pierre-Charles, curé de Montaigu, décédé le 26 mars 1818, âgé de soixante-cinq ans ; 3° Auguste-Hyacinthe curé de la paroisse du Poiré-sur-Vie, de 1803 à 1820.

2. Buor (Louis), seigneur de la Ménardière et du Recrédy, épousa, le 8 juin 1779, Armande de Susannet, fille de N..., chevalier, seigneur de la Chardière, capitaine de vaisseau, chevalier de Saint Louis, dont il eut :
1° Auguste-Armand, qui suit ; 2° Marie-Stéphanie, née en 1780, mariée : 1° à Augustin Buor, écuyer, seigneur du Rozay, son cousin ; 2° en 1804, à Benjamin de Tinguy du Pouët de la Clavelière.

3. Buor de Puissec (Auguste-Armand), né le 27 mars 1784 servit dans les gardes d'honneur sous le premier Empire. Il épousa, le 22 novembre 1821, Aimée de Sapinaud, fille de N..., comte de Sapinaud, lieutenant-général, et d'une cousine du général de Charette.

Auguste Buor et Aimée de Sapinaud habitèrent le Recrédy et le vendirent, le 9 juin 1844, à M. Garnier, député au corps législatif, lequel le revendit, le 21 août 1857, à M. Charles Le Page du Boischevalier, habitant le château du Boischevalier, en la paroisse de Legé (Loire-Inférieure).
Après la mort de ce dernier, le Recrédy échut à la plus jeune de ses filles, Mlle Mathilde, et elle vint s'y fixer, en 1871, avec M. Charles Jaunet de Lépinay, son mari, le sympathique maire de Saligny.

La chapelle du Recrédy

Dans le Pouillé de l’abbé Aillery, cette chapelle est ainsi mentionnée : "Chapelle de Notre-Dame des Recredys ; fameuse dévotion".

Il est certain que cette chapelle, qui n'existe plus aujourd'hui, fut autrefois un lieu de pèlerinage très fréquenté, comme le prouve une délibération du conseil municipal de 1845, que nous citerons plus loin. Mais quelle fut l’origine de ce sanctuaire ? Il n'existe aucun document pour nous l'apprendre et nous n'avons trouvé qu'une légende sortie peut être tout entière de l'imagination populaire, légende gracieuse comme on en lit souvent dans les histoires des vieux sanctuaires de la sainte Vierge.

D'après quelques anciens, la chapelle du Recrédy érigée sous le vocable de Notre-Dame de la Bonne-Rencontre, et à ce sujet on raconte, pour expliquer cette appellation, la touchante histoire qui suit :

Une mère qui n'avait qu'un fils en était séparée depuis longtemps. Un jour cet enfant était parti pour la guerre, laissant sa mère dans la plus grande angoisse. Depuis, les semaines, les mois, et peut-être les années se succédaient, et jamais la pauvre dame ne recevait de nouvelles de celui dont elle pleurait le départ. N'y tenant plus, elle quitte à son tour sa demeure et s'en va à la recherche de son fils qu'elle veut à tout prix retrouver. Son cœur maternel lui sert seul de guide et lui indique la route à suivre. Et en effet, au moment où elle arrive au Poiré, elle rencontre un messager qui lui annonce le retour de son fils qu'elle va bientôt revoir A cette nouvelle, l'heureuse mère précipite encore davantage ses pas et, le lendemain, elle rencontrait son fils qu'elle couvrait de ses larmes et de ses baisers. En reconnaissance, la dame, qui possédait une grande fortune, aurait élevé deux chapelles, la première dans le lieu où elle avait appris la bonne nouvelle, et la seconde dans celui où elle avait rencontré son fils. C'est à cause de cela que la chapelle du Poiré était dédiée à Notre-Dame de la Bonne-Nouvelle et celle du Recrédy (à l'endroit de la réunion du fils et de la mère) à Notre-Dame de la Bonne-Rencontre.

Il paraîtrait que la dame dont il est question dans cette légende aurait été de la famille de Montaudoin, laquelle aurait possédé le Recrédy, ainsi que de nombreuses propriétés, dans les paroisses de Saligny, de Saint-Denis-la-Chevasse et de la Rabatelière.
Sans doute, des prêtres durent être attachés au service de la chapelle du Recrédy. Le registre de l'archidiacre Marchand cite huit prêtres en 1534, lors de la visite de la paroisse de Saligny ; il est bien probable que l'un d'eux devait être chapelain de Notre-Dame du Recrédy. Nous n'avons trouvé d'antre nomination que celle de M. Gibotteau, le même, sans doute qui était curé de Belleville. (Insinuations ecclésiastiques de 1719 à 1724)
Il est à croire que la chapelle avait une certaine importance, car, d'après la tradition des anciens, on y voyait tradition des anciens, on y voyait trois passées (nefs) et il y avait trois cloches qui furent emportées par les gens de Belleville, au sortir de la Révolution, et qui furent retournées à Saligny, sous la Restauration.

La Révolution ne fut guère favorable à la chapelle du Recrédy. On raconte qu'un membre du district vint avec des soldats et fit abattre la toiture, sinon entièrement, du moins en partie. Elle servit cependant à M. Audureau pour y célébrer les offices divins, et les actes de 1796 et 1797 mentionnent plusieurs fois des cérémonies de fiançailles ou de mariage faites par lui dans cette chapelle. Plus tard, M. Buor fit démolir les murs qui restaient encore debout.

Comme dans beaucoup d'autres sanctuaires fréquentés par des foules, le pèlerinage de Notre-Dame du Recrédy, qui avait lieu surtout à la date du 15 août, dégénéra bientôt en assemblée profane. Cette circonstance donna lieu, en 1843, à un piquant démêlé entre les communes de Saligny et de Belleville. Cette dernière ayant réussi à faire déplacer le lieu de l'assemblée en attirant chez elle les gens du préveil, il y eut aussitôt une vive réclamation de la part des habitants de Saligny ; une lettre, signée par les principaux membres du conseil municipal, fut adressée au préfet pour obtenir l'ancien état de choses, le 30 juillet 1843.
Quoique cette lettre contienne des passages écrits dans un style héroï-comique, elle renferme cependant de précieux détails pour l'histoire de Notre-Dame du Recrédy. En voici la copie :

                  Monsieur le Préfet,

Après mûr examen, le conseil de Saligny a reconnu et établi en fait à l'unanimité, qu'avant 1793, il existait au Recrédy, commune de Saligny, une chapelle consacrée dont la sainte avait, dit-on, la vertu d'opérer des cures et des guérisons merveilleuses. Cette chapelle, en partie détruite en 1794, tombait en ruines en 1815, époque à laquelle elle fut vendue à M. de Tinguy, gendre de M. de Buor, maire de Saligny, et cela par l'entremise de M. Tireau, juge de paix du Poiré.
Après la pacification de la Vendée, en 1796 et les années suivantes, l'assemblée avait encore un but religieux ; elle suivait M. Audureau, curé de Saligny, officiant au Recrédy pour la guérison des infirmes qui faisaient le pèlerinage à la chapelle de Notre-Dame. En 1802, un acte de vandalisme de la part des habitants de Belleville, qui sont allés durant la nuit piller la chapelle et en enlever les ornements, les vieillards, qui avaient conservé l'antique foi de leurs pères, venaient à Saligny pour prier, et les jeunes gens, qui abusent de tout, y venaient pour danser. Depuis ce temps l'assemblée n'a pas cessé d'exister à Saligny, à l'exclusion de Belleville.
Vers 1814, il est vrai, l'assemblée de Saligny, qui avait encore un but essentiellement religieux, se transporta deux fois à Belleville, parce que des circonstances forcèrent M. Audureau, curé de Saligny, d'y aller dire la messe, mais elle est revenue au lieu de sa création qu'elle n'a plus quitté.
Belleville, avant et depuis 1793, n'a jamais offert le but de sa réunion ; la chapelle du Recrédy et ses dépendances ont toujours existé en dehors de son territoire ; les cartes de Cassini, traçant les délimitations des communes, ainsi que le cadastre, démontrent victorieusement que l'assemblée est née et qu'elle a vécu sur le sol de la commune de Saligny, puisque la chapelle est une partie intégrante de la maison de Buor.
Belleville, depuis 1793, n'a jamais vu de prêtres habiter sa commune, si ce n'est en 1835, 1836 et 1837, époque à laquelle un prêtre interdit fut autorisé à y dire la messe sous la surveillance du curé de Saligny. Alors on tenta une concurrence, ce que l'on tente encore aujourd’hui qu'un nouveau prêtre exerce à Belleville sous la direction du curé de Saligny, mais alors comme aujourd'hui Saligny n'a jamais cessé de posséder l’assemblée, et il défie Belleville d'articuler un seul fait d'assemblée remontant à 1796.
Le conseil de Saligny se voit avec peine insulté par le maire de Belleville. Personne dans ce conseil n'est susceptible de se laisser conduire. La vérité n'est qu'une, c'est à elle seule que le conseil obéit. Les administrateurs désintéressés qui ont constaté le fait d'assemblée à Saligny par un certificat collectif ont bien plus de force de vérité, de caractère et de désintéressement que M. Noguez, et comme hommes publics ils n'ont point taché le manteau de pureté qui couvre leurs actes. Ces administrateurs habitent le canton depuis plus de soixante ans ; ils connaissent mieux les faits que M. Noguez, étranger au pays, ainsi qu'une partie de son conseil municipal ; eh bien ! ces hommes honorables affirment que Saligny, depuis un temps immémorial, possède l'assemblée du 15 août, à l'exclusion de Belleville. Le conseil a compulsé les circulaires et les recueils administratifs de M. le préfet pour l'année 1837, il n'a rien trouvé de relatif aux assemblées-gageries. M. le maire de Saligny d'alors, moins lettré, mais au moins aussi juste que M. le maire de Belleville, a affirmé, il y a peu de jours, qu'il n'avait rien reçu à cet égard.
Ainsi, M. le maire de Belleville n'a pu créer une assemblée à sa commune par sa seule déclaration et par cela aussi que, par les causes déduites, l'assemblée de Saligny s'y serait transportée circonstanciellement.
Au reste, qu'importait la déclaration quand le fait contraire existait à Saligny en 1837, malgré l'appel fait par le son des cloches de Belleville pour tromper le peuple et abuser les marchands ? On voulait créer une assemblée, on sonnait les cloches, on annonçait une messe et il n'y avait pas de prêtre pour la célébrer (le curé étant mort en février). Après de tels faits, il sied mal de parler de désintéressement. M. le maire de Belleville a oublié la lettre de M. le préfet du 2 décembre 1839, enjoignant la restitution de la cloche soustraite à Saligny ; il a oublié ses démarches de 1840 tendant à la jonction, conséquemment à l'anéantissement de la commune de Saligny dont la sienne n'est qu'une annexe comme paroisse, voulant ainsi faire du principal l'accessoire ; il a oublié ou il ignore le pillage de la chapelle par ses administrés...

Cette pièce, que nous abrégeons, est signée par les membres du conseil de Saligny : Robert, Fréneau, Coutaud, Pèchereau et Chaigneau. Nous y voyons pourquoi l'abbé Aillery appelle Notre-Dame du Recrédy une fameuse dévotion, et combien cette chapelle était populaire dans le pays ; nous y apprenons aussi comment elle disparut au sortir de la Révolution.

La chapelle de la Jarrie

Cette chapelle est désignée dans le Pouillé de Luçon de la manière suivante : "Chapelle de Sainte-Catherine de la Jarrie ; le seigneur de la Rabastelière, 200 livres, deux messes. C’est la même que Sainte-Catherine de Challans".

Nous avons trouvé les noms de quatre prêtres desservant cette chapelle :

Christophe Marchant, en 1534, cité plus loin dans le procès-verbal du manuscrit de Luçon ;
Isaac Touzelin, décédé avant le commencement de l'année 1720 ;
Charles-Hardy Surineau, nommé par François de Lescure, vicaire général de Luçon, le 27 janvier 1720,
et Henry Morisson de la Naulière, dont le nom nous est donné par les Insinuations ecclésiastiques de 1746 à 1753.

Dans le procès-verbal de nomination de M. Surineau, il est dit que la chapellenie ou stipendie de Sainte-Catherine de la Jarrie avait été fondée autrefois dans la chapelle de la maison noble de la Jarrie, dans les limites (intra metas) de l'église paroissiale de Salligné. La présentation était faite à tour de rôle par les seigneurs de la Jarrie et par Jacques-Pierre Guerry, écuyer, seigneur de Beauregard, la Merlatière, Rallière, les Gats.

Le Prieuré de Salligné

Ce prieuré est indiqué dans le Grand-Gauthier, le Pouillé d'Alliot de 1648, le Pouillé latin tiré du Livre rouge, et le Pouillé extrait de dom Fonteneau, avec ces notes diverses :

Prioratus de Sallignes, non solvens, − Prieurés de Saiut-Denis-la-Chevasse et de Salligné ; sont prébendes de Luçon, l'évêque. − Prioratus de Saligne, non solvens procurationem (jura 10 libr.) − Prieuré, au chapitre de Luçon.


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Etat nominatif des curés et des prêtres de Saligny

Ainsi que nous l'apprend le Pouillé extrait de dom Fonteneau, la cure de Saligny était à la nomination de l’évêque de Luçon et elle valait 300 livres. Elle existait au moins dès le commencement du XIVe siècle, car l'église de Saligny se trouve dans la liste donnée par le Grand-Gauthier.
C'est le manuscrit de l'archidiacre Marchant, qui nous fournit les noms les plus anciens que nous connaissions sur le clergé de Saligny.

Voici le procès-verbal de visite qu'on y trouve (fol. 139 et 140) :

De Saligneyo

Apud supradictum locmn Sti Dionisii, die et anno prædictis (mardi 2 juin 1534), accessit Dus Antonius Taupier, pbr vicarius ecclie prolis Beate Marie de Saligneyo, qui exhibuit q. stitutiones (constitutiones) provinciales et synodales, regrum baptisatorum.
                                    Nomina pbrorum
      M. Johannes Debon, prior.
      M. Johannes Delorme, rector absens,
      Dictus Taupier, vicarius.
      D. Guillelmus Buet.
      D. Nycolaus Cantin.
      D. Petrus Crespeau.
      D. Ludovicus Caillaud.
      D. Johannes Papon.

Pns administrator Jacobus Gorbeit, qui exhibuitt inventarium mobilium dicte fabrice.
Precedens Franciscus Brenereau qui exhibuit quictam per quam q.stat constat) reddidisse, smam octuaginta quatuor liibras que fuit reposita in thesauro dicti ecclie ; ideo fuit remissus.
Citabitur Petrus Papon, alius precedens administrator dicte fabrice, prævicarius, ad diem XVIIIam presentis mensis Juuii, apud Luconn, edocturus de redditions suorum compotorum ut al.s et de quictam, prout sibi fuerat antea sibi iniunctum in vetrina visilatione et super hoc q. questi (conquisiti) sunt Paronironi dicti loci eo quod sunt tres anni elapsi quod finivit suam administratiom.
Est capellania fundata per desfunctum Dum Jacobum Trutet, pbrum de una missa qualibet ebdomada, cujus est capnus et deservit præsn dictas Taupier, ad pntacioem p.timioris heredis dicti jundatoris. (Serait-ce la chapelle du Recrédy ?)
Alia ad pntacioem Dni de la Jarrye, quam tenet magister Xhristophorus Marchant et deservit Dus Nycolaus Cantin de duabus missis qualibet ebdomada.

Dans une pièce de la collection de dom Fonteneau, nous trouvons ensuite, à la date du 7 mars 1620, René Tulleau cité comme curé de Saligny (tome XIV, p. 205), qui eut probablement pour successeur :

Mathurin Bertaud, décédé avant le 4 décembre 1665 et remplacé, comme nous l'apprend à cette date un procès-verbal des collations de Mgr de Colbert, par Pierre Brodu, prêtre du diocèse, nommé par Antoine Froment, vicaire général.

Percelles est curé de Saligny vers 1710 (Insin. eccl. 4e reg. nos 87 et 104). Il quitte la paroisse de Saligny pour celle de Péaulx (Id. 5e rég.).

L. Guillet lui succède vers 1716 (Id. 5e reg, nos 198-199). C'est le premier nom fourni par les actes de catholicité qui nous restent. Ce prêtre resta près de trente-deux ans à la tête de la paroisse de Saligny. Il est remplacé par :

André de Putiers de la Treille qui signe son premier acte le 8 décembre 1748. En même temps que le titre de curé de Saligny, M. de Peutiers avait aussi celui de chapelain de la chapelle de Saint-Laurent de la Bignonière, en Saint-Denis-la-Chevasse. Il mourut le 7 février 1766 et fut inhumé à Saligny. Sa sépulture fut présidée par M. Mady, curé de Saint-Denis, et elle se fit en présence de MM. Blanchard, curé de la Copechagnière ; Joubert, curé de Beaufou ; Raimbert, curé, des Lucs ; Delabarre, vicaire du Poiré ; Servant, prieur-curé de Belleville ; Delaborde, prieur de Boulogne.

Bourasseau est curé depuis 1766 jusqu'à 1779. Le 8 janvier 1770, il est nommé au poste de l'Herbergement-Entier.

Pierre-Denis Marie-Louis Villeneau arrive à Saligny le 28 février 1779 et en part le 6 octobre de la même année pour aller prendre possession de la cure de Vairé. C’est là qu’il était au moment de la Révolution qui ne tarda pas à le persécuter. Le 30 mars 1792, le Directoire le dénonça au juge de paix du canton de Saint-Gilles pour avoir exercé certaines fonctions de son ministère ; le 30 avril, il fut décrété de prise de corps ; enfin le 10 septembre, il fut embarqué pour l’Espagne, sur la barque l’Heureux Hasard avec trente-huit autres prêtres arrêté comme lui (Chassin, Prépar. à la Guerre, t. II, p. 400 et 423, t. III, p. 94).

P. D. Guillet de la Brosse signe pour la première fois le 14 novembre 1779.

J. Malié, signe pour la première fois le 3 juin 1782.

Thomas O’Kelly est curé de Saligny depuis le 19 juin 1784 jusqu’au mois d’octobre 1786. Ce prêtre venait du Canada et était sans doute f’origine irlandaise. A cette époque, plusieurs prêtres irlandais fuyant la persécution anglaise s’étaient réfugiés dans le diocèse de Luçon.

Vient ensuite Gaspard-Pierre Guédon, curé depuis le 13 octobre 1786 jusqu'au mois de mai 1790. Le 28 janvier 1788, le bureau de la chambre ecclésiastique lui fait remise des arriérages de décimes dus par son prédécesseur, parce qu’il ne jouissait que de la portion congrue à peine suffisante (Procès-verbaux de cette Chambre).

Payraudeau prend possession de la cure le 3 mai 1790. Ce prêtre était natif des Brouzils. Obligé de quitter son poste en 1791, par suite de son refus du   serment, il essaya de passer la Révolution en se cachant chez ses paroissiens. On cite encore le village de la Villatière, où il s'abritait sous un pressoir. On dit aussi qu'il faisait le catéchisme aux enfants et qu'il administrait les sacrements. Ce ministère clandestin ne pouvait manquer d’exciter la susceptibilité et les recherches des révolutionnaires. Poursuivi avec un de ses parents et amis, M. Jagueneau, vicaire au Petit-Bourg-sous-la-Roche, il chercha un asile dans la forêt de Grala.

Voici comment M. Bourloton raconte la mort de ces deux courageux prêtres dans ses notes sur le Clergé vendéen pendant la Révolution.

"MM. Payraudeau et Jagueneau s'étaient réfugiés, avec les vieillards, les femmes et les enfants, dans la forêt de Grala, pendant que les hommes valides combattaient sous les ordres de Charette. Bien que cette retraite passât pour très sûre, ils furent surpris un jour par les Bleus et conduits près du Poiré où on les massacra. La tradition locale rapporte que le massacre eut lieu sur la paroisse de Saligny, dans un bas-fond où coule le ruisseau de la Mangeoire, au lieu-dit le Pont Caillou, près le cimetière actuel".
(Revue du Bas-Poitou, t. XII, p. 323).

Ce fut en 1794 que M. Payraudeau fut massacré. Quelques mois passèrent sans qu’un curé vînt remplacer le courageux M. Payraudeau. La paroisse de Saligny ne fut cependant pas totalement dépourvue de prêtre. Un M. Goguay, vicaire de Rohan, au pays de Retz, diocèse de Nantes, s’était réfugié au Recrédy et en présence nous est révélée par le baptême d'un enfant Maquais, le 24 septembre 1795.
D’un autre côté, les prêtres de Saint-Denis-la-Chevasse n'avaient pas quitté la contrée et il est à croire qu'ils durent plus d'une fois exercer leur ministère dans la paroisse voisine de Saligny. Ce fut même l'un d'eux, le vicaire, M. Jean-François Audureau, qui prit la succession de M. Payraudeau, le 25 juillet 1796

A cette époque la Vendée épuisée avait cessé sa lutte de géants et l'un de ses derniers chefs, l'héroïque Charette, était tombé sous la vengeance de ses ennemis. Les survivants de tant de massacres contemplaient en pleurant leurs maisons en ruines et leur pays dépeuplé. On peut se faire une idée de la triste situation que trouvait M. Audureau en arrivant dans la paroisse qui lui était confiée.
Dans l'église, c'était le désarroi le plus complet : tout manquait pour les fonctions religieuses, à tel point que pour les premiers baptêmes, il déclare dans ses actes qu'il les fait à la maison sans solennité, ni cérémonie, faute d'eau baptismale et de saintes huiles. Quant aux mariages, ils se célèbrent tantôt à la chapelle du Recrédy, tantôt à l'église de Saligny et ils sont si nombreux qu'un jour M. Audureau en bénit jusqu'à douze à la fois, ce qui n'a pas lieu de surprendre, lorsqu'on songe que depuis plusieurs années la guerre avait interrompu tant de choses dans les familles. De plus, ce n'était pas seulement dans les paroisses de Saligny et de Belleville que M. Audureau exerçait son ministère, mais encore de temps en temps jusque dans celles du Poiré, de Dompierre, des Lucs et de Beaufou.

En lisant les actes, depuis le 25 juillet 1796 jusqu'au 12 septembre 1797, on remarque que la cérémonie des fiançailles précédait toujours celle du mariage, et qu'elle se célébrait à l'église.
Dans beaucoup de ces actes, la signature de M. Audureau est digne de remarque : Audureau, prêtre catholique romain. On y voit aussi que M. de la Colinière est appelé vicaire général des fidèles de Jésus-Christ[2].
Le 28 avril 1805, on constituait à Saligny le conseil de fabrique. Les fabriciens nommés en cette circonstance furent : Charles Le Lou, Jean Baptiste Caillé, Jean Faverou ; puis plus tard Pierre Herbert, Victor-Léon Payraudeau.
M. Audureau administra les paroisses de Belleville et de Saligny jusqu'à sa mort, qui arriva en 1835.

Il fut remplacé par :
M. Augustin Faverou. Comme son prédécesseur, il eut jusqu'en 1842 la charge des deux paroisses. A cette date, Belleville fut définitivement distrait de Saligny par Mgr Soyer.
M. Faverou était né à Saint-Georges-de-Montaigu le 15 août 1789. Il fut ordonné prêtre à la Flocellière, le 19 septembre 1818. Il avait été curé de Dompierre et il fut appelé à Saligny par M. Audureau, dont il était le neveu, afin de lui servir d'auxiliaire. Il ne l'abandonna pas jusqu'à la mort, et il prit alors sa succession comme curé des deux paroisses.
En 1854, il quitta la cure de Saligny et se retira à Saint-Georges de-Montaigu, où il vécut comme prêtre habitué jusqu'à sa mort, le 16 août 1860.

Il eut pour successeur à Saligny :
M. François Charrier, né en 1823 et ordonné prêtre en 1847. Comme nous le verrons plus loin, c'est ce dernier qui commença les premiers travaux de reconstruction de l'église actuelle.
Au mois de novembre 1868, M. Charrier quitta la paroisse de Saligny pour celle de Bazoges-en-Pareds. Il est aujourd'hui retiré du saint ministère à Landevieille, et il porte encore allègrement le poids de ses quatre-vingt-quatre ans.

M. Pierre Hupé succéda à M. Charrier le 29 novembre 1868. Né à Cugand en 1835 et ordonné prêtre en 1858, M. Hupé devint plus tard archiprêtre de Notre-Dame do Fontenay et il mourut chanoine titulaire de la cathédrale de Luçon le 19 juin 1904.
Son court séjour à Saligny (du 29 novembre 1868 au 7 mai 1871) a cependant laissé des traces profondes, et on garde encore le souvenir de ce prêtre si distingué par son amabilité et ses vertus sacerdotales.

Il fut remplacé par :
M. Eugène Coutauceau, né en 1837 et ordonné prêtre en 1860. On ne peut mieux donner le détail des œuvres de ce vénérable prêtre à Saligny qu'en reproduisant la pièce suivante due à la plume de M. l'abbé Remaud, curé de Thiré...


Procès-verbal de la consécration de l'église de Saligny

L’an de Nôtre-Seigneur mil neuf cent un et le jeudi douzième jour de septembre, Sa Grandeur Monseigneur Catteau, évêque de Luçon, a solennellement consacré l’église de Saligny, sous le vocable de Notre-Dame.

Commencée en 1859 par le vénérable M. Charrier, que la vieillesse retient aujourd'hui loin d'une place qui lui est toute marquée ici, cette église, pendant les dix ans du ministère de ce prêtre, s'est élevée lentement jusqu'à ses voûtes avec le sou de l'économie du pauvre, la bienveillance du maire, M. Payraudeau, et le zèle infatigable du jeune pasteur qui, plus d'une fois, travailla la pierre de sa main et tourmenta par la mine un roc qui laissait péniblement germer ces colonnes que la piété a si délicatement couronnées aujourd'hui. Un rocher lui servit d'assises et en mesura l'étendue qu'il fit beaucoup trop petit pour les fidèles qui chaque dimanche, accoudés aux murs, semblent leur demander, en cherchant leur aise entre deux dizaines de chapelet, d’entrouvrir leurs flancs. Ils la trouvent cependant comme une petite cathédrale, eux, les vieillards de soixante ans, qui se rappellent avoir vu à cette même place, une masure à une seule nef de vingt-quatre mètres de longueur sur sept de largeur, dont l’espace était rétréci des deux tiers par quatre énormes piliers et par feux rangées de bancs pouvant contenir deux cents personnes environ ; d'énormes contreforts la soutenaient du côté nord et ils étaient eux-mêmes protégés par un mur d'enclos dont les pieds reposaient l'hiver dans la boue, et l'été dans la lande.
Aucune route n'arrivait à Saligny avant 1855, et quand, à travers les buissons d'aubépines qui formaient son horizon, les fidèles avaient trouvé l'église, ils pouvaient croire, en en fermant la porte, que les portes du monde se refermaient sur eux et qu'ils avaient trouvé le ciel. Ne disent-ils pas aussi ces vieillards que pendant la guerre de la petite chouannerie, les Bleus, venant des Lucs, ne purent trouver le commandant des chouans qui habitait ici, et que, s'égarant à travers nos chemins creux, ils allèrent se faire battre à un kilomètre d'ici, dans les landes des Jouineaux.
Trente ans plus tôt, un prêtre dont je n'ai pu déchiffrer le nom avait été tué à la Vilatière, petit village à quelques pas du bourg.

Combien se rappellent avoir vu faire, sous le porche de la vieille église, la levée de corps, le cercueil reposant sur les épaules des porteurs, parce qu'on ne pouvait le déposer à terre, tant il y avait de boue ?
Pauvre M. Charrier, comme il a dû souvent monter et descendre toute la gamme des rhumes, dans sa cure qui ne fut longtemps fermée aux coups de de vents que par la base. Vieilles ruines ! Je m'adresse à ce vieux bourg, à cette vieille église, à cette vieille cure, − tressaillez d'aise ; aujourd'hui se tire le dernier pan du manteau usé qui vous couvrait, et ce coin ignoré, il y a trois quarts de siècle, des brigands et de bien d'autres qui ne l'étaient pas, est devenu ce petit bourg tout propret dont les maisons s'en vont gaiement à la file, le long d’une grande route, pour arriver à une église, sans style bien défini, il est vrai, mais pieuse, au pied de laquelle une prairie toujours verte déroule son tapis. Cloches, qui sonniez en 1864 et qui jetiez à travers nos landes et nos villages perdus le carillon timide de votre baptême, laissez aujourd’hui s’en aller à plein vol, au-dessus de nos champs fertiles, l’Alleluia d’une résurrection complète.
Mais cette résurrection, qui fait la joie de tous aujourd’hui, de quels labeurs n'a-t-elle pas été précédée ! Depuis M. Charrier, qui connut vraiment l'âge de pierre en remuant le roc, jusqu’à M. Coutanceau qui abandonnait, il y a dix-huit mois, après vingt-neuf ans de ministère, une paroisse qu’il avait aimée comme ses yeux, et qu'il ne quittait qu’avec eux, que de luttes pour arriver au triomphe du 12 septembre 1901. Pendant les dix années de son ministère paroissial, M. Charrier avait fait construire les voûtes, poser le dallage, monter les cloches, cela s’était fait sans doute avec de beaux écus sonnants, mais quand vint, en 1869, M. Hupé, aujourd'hui archiprêtre de Fontenay-le-Comte, les écus, je crois, ne sonnaient plus, et il ne fallut rien moins que sa sagesse et son amabilité, devenue proverbiale à Saligny, pour combler les vides et on peut dire que les deux années de 1870 et de 1871 qu'il passa ici ont été des années d'or.
En 1871, vint de Pouillé M. l'abbé Coutanceau. Les trois nefs de notre église, sans donner au bon Dieu une demeure digne de lui, lui faisaient cependant un asile dont bien des paroisses devaient être jalouses à cette époque. Avec sa science de l'économie et de la finance, avec le revenu augmenté par suite de la construction nouvelle, le nouveau curé continua la sagesse de son prédécesseur. Il restait encore tant à faire ! Vous qui voyez aujourd'hui le soleil du matin dorer le chœur de notre église, à travers les treillis légers que fait l'ombre de la dentelle de pierre jetée sur la sacristie, vous ne vous doutez pas de ce qu'il dorait, il y a quinze ans : de la mousse sur de gros murs verdis. De gros murs ! Oui, des murs si gros qu'il fallut la mine pour les jeter à bas.
M. l’abbé Coutanceau mit donc à notre église un nouveau chœur. Il y apporta comme en toutes choses, sa sagesse et son intelligence. Combien de fois l’avons-nous vu discuter avec les maçons la pose d'une assise ou la taille d'une pierre. Sans doute, les forts en architecture, les raffinés du goût diront que plus d'élan donné aux voûtes du chœur eût donné à l'œil plus d'illusion de voir monter la prière ; mais il fallait aussi de l'ensemble dans la construction entière et les voûtes écrasées de nos trois nefs eussent, de la porte d'entrée, masqué les voûtes trop élevées du chœur.
Parlerai-je de l'autel tout humide encore de l'eau sainte et de l'huile de la consécration ? Que n'avait-on plus d'or en caisse quand on en fit l'achat ? Chef-d'œuvre cependant, si je le compare à celui qu'il a remplacé, vrai repaire, malgré toutes les précautions, de bouts de cierges torturés par les rats affamés au milieu des souricières en détresse. Un mot seulement pour dire que les boiseries et la chaire sont l'œuvre des ouvriers de M. le curé des Magnils.
Une partie, qui compte cependant dans l'ensemble de la construction de cette église et dont on me voudrait de ne pas parler, est cette excavation creusée dans le roc où repose la Très Sainte-Vierge. Cette grotte, que caressent les premiers feux du matin, fut creusée en 1872 et solennellement bénite le 28 octobre 1874. Un ruisseau qui ressemble dans les grands hivers à un petit gave, coule près d'elle dans la sauge et la menthe, mêlant la voix de ses caprices sur les cailloux à la prière recueillie de l'âme chrétienne qui vient donner sa prière à Marie pour qu'Elle la donne à Dieu. Par une attention vraiment digne de lui, M. Coutanceau avait appuyé le Fils sur la Mère, combinant pour son peuple ces deux puissances qui avaient fait sa force à lui-même. Monseigneur lui avait promis pour cette année la consécration de cette église et comme un homme qui se presse parce que les ombres de la nuit grandissent sur ses pas, il se hâtait ; mais la nuit vint vite et, le 1er janvier 1899, il cédait sa place à M. l’abbé Paul-Emile Rautureau, qui venait de la Chapelle-Thémer.
Si jamais selon l'expression de nos saints Livres, la sagesse se montre avec un visage riant, c'était bien la sagesse qui nous arrivait tout au moins sur les lèvres de M. Paul-Emile Rautureau. Son prédécesseur lui parla du projet de consécration et il sourit à l'ouvrage comme un enfant sourit à la tâche que lui impose un bon père.
Placer les vitraux des nefs, refaire le dallage, renouveler les bancs, telles ont été, depuis dix-huit mois, ses œuvres apparentes dans l'église ; il s’en promet bien d’autres, et nous pouvons le croire, puisqu'il nous a promis de blanchir au sein de cette paroisse ; ceux qui le connaissent devinent si le Temps aura fort à faire.
Nous avons vu, depuis 1859, à l'œuvre de l'église de Saligny, ses quatre pasteurs : MM. Charrier, Hupé, Coutanceau, Rautureau ; mais leur œuvre, vous le devinez, a été secondée généreusement et intelligemment par les autorités locales toujours bienveillantes. Les MM. Payraudeau, pendant vingt ans maires de Saligny, signèrent toutes les autorisations de construction et d'aménagement. Depuis vingt-huit ans, M. de Lépinay a été à Saligny, comme maire, le bras droit de son curé, et je suis sûr de me faire l'interprète de ses sentiments et de ceux de cette paroisse en assurant que sa présence ici apporte à Sa Grandeur plus encore un cœur de chrétien et d’ami qu'une officielle approbation de ce qui se passe. Il n'est du reste dans cette voie que le premier de ceux qui le suivent au conseil municipal et au conseil de fabrique. Il a, d'ailleurs, un droit tout spécial à la fête d'aujourd'hui. Le Recrédy, gentilhommière qu'il habite sous l’ombre des grands bois, à un kilomètre du bourg, possédait il y a un siècle, une chapelle consacrée à Notre-Dame ; quand cette chapelle eut été détruite par la Révolution, l’église de Saligny, jusqu'à ce moment sous le vocable de Saint-Sauveur, prit le vocable de Notre-Dame. Loin d’être offensé par ce pieux larcin, M. de Lépinay ne fait qu'en remercier le bon Dieu qui semble se mettre de sa famille en en prenant les titres.
A la bienveillance des autorités locales je joindrai les sentiments religieux et la docilité du troupeau. Les entrepreneurs de l'église de Saligny n'ont jamais été que les maçons, menuisiers et charpentiers de la commune ; ils y ont travaillé, j'en suis sûr, avec leur intelligence et leur foi, et quelques notes de leur travail, recueillies çà et là, nous disent bien que, travaillant pour le bon Dieu, ils ne se faisaient pas payer cher par les hommes pour l'être dans l'éternité bien plus et bien mieux par Lui. Que de charrois pénibles dans ce Saligny d'il y a un demi-siècle ont été récompensés par le bon Dieu !
La docilité du troupeau ! mais aux joyeuses envolées des cloches, ce matin, sans en rechercher profondément la cause, uniquement parce que Monseigneur devait venir consacrer leur maison de famille, chacun se sentit saisi d'une invincible émotion. On se rappellera longtemps cette chevauchée matinale de vingt cavaliers allant, par un soleil tout tiède, saluer Sa Grandeur, entrant avec elle dans le bourg sous un véritable dais de dentelles et de fleurs, au son de nos trois cloches Ils se rappelleront surtout, nos bons paysans, que la maison de leurs souvenirs et de leurs espérances est plus que jamais la maison de Dieu. Ils viendront près de l'autel enrichi des reliques des martyrs Théodore et Valentin appendre le prix de la souffrance et se convaincre que Dieu seul panse bien un cœur qui saigne ; elles vont se faire plus belles encore dans leurs âmes, cette foi et cette charité, ces deux perles que je détache pieusement pour finir du mot Saligny sal et ignis le sel et le feu, la foi et l'amour".

Ce procès-verbal porte la signature de Monseigneur l'Evêque de Luçon, d'une vingtaine de prêtres des environs et des membres du Conseil de fabrique.


Donnons maintenant une description de cette église.

Elle est à trois nefs avec transept et si elle ne présente rien de nouveau dans son ensemble et dans ses détails elle a du moins le mérite de n'offrir aucune partie choquante et de satisfaire le visiteur.
Le chœur est éclairé de cinq fenêtres dont le sommet se termine par des arcs en tiers-point. Chaque fenêtre renferme un vitrail dont les scènes ont été exécutées par la maison Meignen-Clamens-Bordereau d'Angers. Au fond, l'Assomption de la Sainte-Vierge, avec les armes du Recrédv, et de chaque côté la Nativité de Notre-Seigneur et l'Annonciation, puis dans les deux autres vitraux le Sacré-Cœur de Jésus et le Saint-Cœur de Marie.
Par une heureuse disposition, conduit une arcade du chœur dans les chapelles latérales. On remarque l'autel de saint Blaise, un saint populaire dans le pays, comme en témoignent les ex-voto suspendus aux murs de la chapelle. A cet autel on voit un tableau, genre mosaïque, qui représente sans doute la scène de la vraie croix découverte par sainte Hélène et guérissant un malade. La statue de saint Blaise accuse une certaine antiquité et vraisemblablement depuis plusieurs générations on vient prier à ses pieds.
Dans bien des églises du diocèse on retrouve le souvenir de saint Blaise, mais ceux qui passent devant sa statue ne se doutent guère de l'importance de son culte au moyen-âge. Il était alors rangé parmi les saints secourables et un ancien martyrologe l'appelait le faiseur de miracles, patrator miraculorum (voir sa vie dans les hagiographes). On l'invoquait surtout contre le mal de gorge et aujourd'hui encore, dans l’église qui lui est dédiée à Rome, les mères, au jour de sa fête, viennent faire toucher la gorge de leurs enfants à l'anneau du saint évêque.
Il est donc intéressant de voir des églises où les pieuses dévotions de nos pères ne sont pas complètement oubliées.
Dans l'autre chapelle latérale qui est polychromée, un bas-relief représente la sainte Vierge révélant la dévotion du Rosaire à saint Dominique.
Le grand autel de style gothique est en pierre blanche ornée d'incrustations de marbre ; dans la partie antérieure apparaît un bas-relief où l'on voit le sujet de la Cène. Au-dessus du tabernacle huit colonnettes supportent une élégante exposition.
La grande nef, un peu restreinte dans sa longueur, se compose de trois travées éclairées en haut par des quatre feuilles.
Dans les bas-côtés, les fenêtres ogivales sont ornées de vitraux qui représentent saint Clément, saint Isidore, sainte Germaine Cousin, saint Laurent, sainte Jeanne et Jeanne d'Arc.
Dans l'ameublement de l'église, on remarque une belle chaire en chêne avec le bon Pasteur sur le panneau du fond et divers sujets sculptés, des boiseries également en chêne autour du chœur, une sainte table en pierre avec colonnes en marbre et porte en chêne, un chemin de croix peinture sur métal avec cadre quatre feuilles, les statues de saint François d'Assise, de saint Antoine, du Sacré-Cœur, de sainte Anne, de saint Joseph et du B. Montfort, dans le transept, et celles de saint Pierre et de saint Benoit au fond de l'église. Ces deux dernières sont de date ancienne. Enfin à l'autel de la sainte Vierge, il y a la statue de Notre-Dame du Sacré-Cœur.
Aux sujets déjà énumérés dans les vitraux ajoutons encore ceux de saint Joseph et de Notre Dame de la Salette dans les fenêtres ogivales du transept.
L'ameublement est complet et soigné ; il témoigne du zèle et du goût du vénérable prêtre qui n'épargna rien pour faire une belle demeure au Dieu de l'Eucharistie. Le maître-autel, la sainte table et la chaire sont surtout dignes d'attention et unissent la richesse à la beauté.
De l'ancienne église on n'a guère conservé que les piliers du transept. Sous le nom de restauration, c’est donc une reconstruction presque complète que l'on a faite avec les années.
A l'extérieur, l'église présente un bel aspect surtout de deux côtés. Au-dessus de la grotte, elle se dresse svelte et élégante sur le coteau taillé à pic ; les fenêtres du chœur encastrées entre les contreforts, la galerie de pierre qui court sur la sacristie éclairée de trois fenêtres accolées ensemble, les pans coupés de la chapelle de saint Blaise, offrent la vue d'un monument heureusement agencé.
La façade est également bien réussie avec ses contreforts et ses arcs de granit. Bâtie sur le roc, elle résistera pendant des siècles aux efforts du temps.
Plus haut, dans la tour surmontée d'une flèche, se balancent les trois cloches qui sonnent depuis quarante-quatre ans. Elles portent les inscriptions suivantes :

La première. − J'ai été fondue l'an de Notre-Seigneur 1864, aux frais de la fabrique de Saligny et par les soins de M. Charrier, curé de la paroisse. − J'ai eu pour parrain M. C. du Boischevalier et pour marraine, Mme Marie-Anne de Montclerc, qui m'ont nommée Marie.
La deuxième. − J'ai eu pour parrain M. Pierre Caillé, trésorier de la fabrique, et pour marraine Mme Lucie-Judith Buet. qui m'ont nommée Blaise.
La troisième. − J'ai eu pour parrain M. Auguste Delaunay et pour marraine Mme Antoinette Payraudeau-Payraudeau, quii m'ont nommée Joseph. Fondue par M. Astier, à Nantes.

Il nous faut maintenant revenir un peu en arrière pour résumer quelques faits de l'histoire paroissiale sous le ministère de M. Coutanceau.

1881. Le 27 mai, visite pastorale de Mgr Catteau ; confirmation de soixante-huit enfants. Le procès-verbal constate que les dettes pour la reconstruction de l'église sont éteintes, et qu'on va économiser pour rebâtir le sanctuaire.
1883. Le 28 avril, deuxième visite pastorale de Mgr Catteau ; confirmation de cinquante-quatre enfants. On économise toujours afin d'agrandir l'église par son chevet.
1891. Le 28 avril, troisième visite de Mgr Catteau, confirmation d'une centaine d'enfants. Le projet d'agrandissement de l'église a été exécuté et on a fait une abside, deux absidioles et une vaste sacristie. La dépense, s'élevant à 22 000 francs, a été complètement soldée et la fabrique n'est grevée d'aucune dette.
1895. Le dimanche de la Passion, 7 avril, M. Coutanceau, curé de la paroisse, bénit solennellement, après les vêpres, les quatorze stations du chemin de la Croix en peinture sur cuivre, imitation d'émail, avec cadres et croix en chêne sculpté.
Le 26 avril de la même année, quatrième visite de Mgr Catteau. Le maire de Saligny, M. de Lépinay, entouré de son conseil municipal, souhaite la bienvenue au vénérable prélat. Deux feux de joie et des arcs de triomphe sont dressés en l'honneur de Sa Grandeur. La cérémonie de la confirmation, à laquelle prennent part quatre-vingt-dix enfants, se fait au nouvel autel qui vient d'être inauguré.
1899. Le 9 mai, cinquième visite de Mgr Catteau. Le maire et son conseil assistent à la réception de Sa Grandeur, et la procession parcourt une voie richement ornée ; quatre-vingt-dix-sept enfants reçoivent la confirmation. Depuis la dernière visite, l'église s'est enrichie d'une nouvelle chaire et de nouveaux bancs.
1900. Au mois de janvier, M. Coutanceau, le zélé pasteur qui a si bien embelli la maison de Dieu, est obligé d'abandonner à un autre le gouvernement d'une paroisse qu'il dirigeait depuis près de trente ans ; ses yeux se ferment à la lumière du jour et ne verront plus rien sur la terre. Toutefois, il reste au milieu de ses chers paroissiens pour les édifier jusqu'à la mort. Il est remplacé par : M. Paul-Emile Rautureau. Ordonné prêtre le 17 décembre 1887, dans la chapelle de l'Institution Richelieu, le nouveau curé avait été précédemment professeur à l'Institution Saint-Joseph, vicaire de Saint-Gervais et curé de la Chapelle-Thémer.
1903. Le 28 mars, sixième visite de Mgr Catteau. Il est reçu avec la pompe accoutumée ; quatre feux de joie sont allumés sur le parcours, et le sacrement de confirmation est administré à quatre-vingt-deux enfants.
Au mois de mai 1906, M. Rautureau est remplacé par le curé actuel, M. René Caillé, originaire de la Bernardière, où il est né en 1871. Ce dernier a été ordonné prêtre le 22 décembre 1894, et il a été successivement vicaire de Saint-Etienne-du-Bois et de la Flocellière et curé de Saint-Benoît-sur-Mer et de Saligny.


Prêtres originaires de Saligny

Dans un procès-verbal d'ordination de Noël 1719, nous trouvons parmi les tonsurés :

Charles Girard, fils de Jacques Girard et de Charlotte Arrivé, de la paroisse de Salligné.

Dans un autre procès-verbal d'ordination de la Pentecôte 1724, nous relevons encore parmi les tonsurés le nom suivant :

François David, fils de Pierre David, seigneur de la Blaizière, et de dlle Françoise Vezien, de la paroisse de de Salligné. Nous ignorons si ce clerc arriva jusqu'au sacerdoce.

La généalogie des Buor du Recrédy reproduite plus haut nous donne ensuite :

Pierre-Charles Buor, décédé curé de Montaigu, le 26 mars 1818, et Auguste-Hyacinthe Buor, curé du Poiré-sur-Vie, de 1803 à 1820.

Enfin, parmi les noms actuels du clergé du diocèse de Luçon, nous trouvons quatre prêtres fournis par la paroisse de Saligny :

1. Henri Payraudeau, né le 23 juillet 1859, ordonné prêtre le 23 décembre 1883, professeur à Richelieu (octobre 1883 à octobre 1884), vicaire à Saint-Georges-de-Montaigu (1884 à 1890), et à la Châtaigneraie (1890 à 1892) ; curé à Charzais (1893 à 1897), et depuis lors curé de la Tardière.
2. Aimé Lunard, né en 1865, ordonné prêtre en 1888, et depuis, vicaire à Bois-de-Cené et à Bouin, puis curé de Sainte-Radégonde-des-Noyers, et actuellement d'Avrillé.
3. Léon Remaud, né en 1869, ordonné prêtre en 1893, professeur à Richelieu, vicaire à Saint-Michel-en-l'Herm, à Beauvoir, à Vix, à Saint-Martin-des-Noyers ; curé de Thiré depuis 1904.
4. Jean Fournier, né en 1878, ordonné prêtre en 1902, professeur à l'Institution Saint-Joseph, et actuellement vicaire de Notre-Dame de Fontenay.


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Notes, sources et références…

[1] Note anonyme, aux Archives Nationales, AF II, 269. Elle a été citée par M. H. Wallon dans son livre Les Représentants en mission, t. I, p. 476.

[2] 1799. Le 22 du mois de messidor, nomination du premier maire de Saligny, Louis Buor.

 


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