la Métairie
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p a g e e n c o u r s d e r é a l i s a t i o n
(sans date d'échéance prévue)
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Le village de "la Métairie" fait tout un avec le "château de la Métairie" auquel il est étroitement lié. En 2001, Pierre Parois (1927-2006) proposait une brève histoire de ce dernier, qui peut être transcrite comme il suit21…
Le château de la Métairie
Le "château de la Métairie" a été construit sur une croupe de terrain entourée par le ruisseau de "la Jaranne". Au bout de l’avenue qui y mène, on trouve d’abord un grand porche en pierres de taille comprenant une porte charretière avec, de chaque côté, des portes piétonnes. Le château forme deux corps de bâtiments en équerre avec, dans l’angle intérieur, une tour ronde servant d’escalier et dont la haute toiture d’ardoises est surmontée d’une élégante lanterne. Les ouvertures sont de simples fenêtres à petits carreaux, sans la moindre moulure, seule une échauguette à l’angle extérieur du bâtiment principal décore cette façade. L’autre façade, au sud, est flanquée de tours rondes aux toits pointus d’ardoises. Le château a été brûlé pendant la Révolution.
Après sa "vente" comme bien national au général Travot, le château n’a plus été habité, et cela pendant 39 ans. Quand les Morin d’Yvonnière l’achètent en 1837, ils ne trouvent pratiquement que des ruines, seuls restent encore en état les deux tours du sud et celle dans laquelle se trouve l’escalier, ainsi que la partie du bâtiment sud, entre la tour d’escalier et la tour est. Le salon et toute l’aile ouest sont considérés comme ruines sur le plan cadastral de 1836. Ils sont réparés dans leur état ancien, peut-être les murs étaient-ils encore debout et les ouvertures en état. Au-dessus de la porte d’entrée on a ajouté un écusson mais la pierre est restée brute. Par contre l’aile ouest a été reconstruite près qu’entièrement, seule la base du mur du côté de la cour a été conservée, on y retrouve la trace d’ouvertures qui existaient certainement dans l’ancienne construction.
Aux tours, on a ajoute des bretèches dont l’état du granit montre qu’elles sont relativement récentes, on a allonge le bâtiment sud pour y installer une ancienne échauguette qui, malheureusement, regarde vers la cour et non vers l’ennemi.
Quant à la cour, de forme rectangulaire, elle était entourée de bâtiments de service. Aux angles il y avait des tours, celle de l’est existant encore en 1836. Le portail d’entrée était situé plus au nord, celui existant actuellement ayant été reconstruit ou amené d’ailleurs. Au-delà des murs se trouvaient des douves, leurs traces sont encore visibles. Dans la vallée il y avait un étang et un moulin à eau.
Les possesseurs successifs du château de la Métairie
En 1343 il est question d’un Jean de la Métairie.
On trouve ensuite la famille Merleau.
Anne Merleau, dame de la Métairie, fille de Louis Merleau, seigneur de la Métairie, épouse en 1470, Jean Marchand.
Leur fils, Louis Marchand, épousera en 1494 Jeanne de Saligné, dont :
Jacques Marchand, seigneur de la Métairie. En 1530 il épousa Françoise Bérard. Leur fils Claude se maria en 1550 avec Antoinette de Barro, originaire de la région de Thouars. Ils auront une fille Catherine qui épousera en 1580 Jérôme Gendrot, seigneur de la Bilazais, puis en 1600 Alexandre de Granges. Elle n’aura pas d’enfants de ses deux mariages. Une partie de sa succession, dont "la Métairie", passera vers 1648 à Jeanne du Ponceau, sa cousine qui avait épousé en 1626 Alphonse Vaz de Mello, issu d’une famille portugaise fixée à Nantes et médecin de la Reine Marie de Médicis.
Alphonse Vaz de Mello et Jeanne du Ponceau sont les parents de :
André Vaz de Mello, seigneur de la Métairie, né à Nantes le 3 novembre 1622, épouse Jeanne Pré-vost, dont il a un fils :
André, qui épousera vers 1723 Marie Louise Buor de la Jousselinière. Ils auront neuf enfants dont :
André Alexandre Vaz de Mello, seigneur de la Métairie qui s’unira le 24 novembre 1760 à Marie Marguerite Charette de la Verrière. Ils sont parents de sept enfants :
- Gabrielle, née le 13 novembre 1762 au Poiré, tuée à Nantes le 19 décembre 1793.
- Marguerite, née le 22 octobre 1764 et tuée avec sa sœur à Nantes le même jour.
- Claire, née le 2 novembre 1765 et tuée à Nantes avec ses deux sœurs.
- Elisabeth, née en 1767 et morte au Poiré le 15 mai 1775
- Alexandre, né le 28 juillet 1769, tué en Hollande le 26 avril 1794.
- Césaire, né le 27 août 1771, fusillé à Quiberon le 2 août 1795.
- Olympe, baptisée le 17 décembre 1776, et tuée à Nantes le 19 décembre 1793 en même temps que ses trois sœurs aînées.
Le martyre des demoiselles de la Métairie a fait l’objet de plusieurs récits et de tableaux. Le propriétaire de la Métairie et ses héritiers directs étaient tous morts.
La propriété avait été séquestrée par la Nation et le 1er mai 1798 elle fut adjugée au général Travot. Jean Pierre Travot, né en 1767, sera lieutenant-colonel en 1791 et en 1794 il est en Vendée aux armées de l’Ouest. En 1796 il participa à la pacification de la Vendée, le 23 mars il captura le général Charette. Il resta en Vendée, résidant principalement aux Sables. C’est pendant son séjour aux Sables qu’il "achèta" la Métairie. En 1815, pendant les Cent-Jours, il sera de retour en Vendée et sera au combat des Mattes où fut tué Louis de La Rochejacquelein. Au retour des Bourbons, il fut mis en jugement, et condamné à mort, mais la sentence sera commuée en vingt ans de détention. Il sera enfermé au Fort de Ham (Somme), et y sombra dans la folie. Il mourut à Paris dans une maison de santé le 6 janvier 1836, il avait soixante-dix ans. Travot a pu passer à "la Métairie" durant ses séjours en Vendée, mais n’y résida pratiquement jamais.
Après son décès, ses héritiers vendront en 1837 la Métairie à Ossian Morin d’Yvonnière, originaire de Champtoceaux. Le 5 septembre 1842 celui-ci épousait Joséphine Pélagie Mercier, fille d’Olivier Mercier, maire des Lucs. Ce sont eux qui entreprendront des travaux importants au château.
Leur fille, Berthe épousera Miguel Allard et aura une fille, Yvonne, née à Nantes en 1870. Elle épousera Louis Hamon de La Thébeaudière.
C’est leur fils, Yves Hamon de La Thébeaudière, qui leur a succèdé, et au début du XXIe siècle, si les enfants de celui ne possèdent plus le "château de la Métairie", ils ont conservé les terres qui en dépendaient.
Pierre PAROIS
Cette introduction par Pierre Parois à l’histoire du "château de la Métairie" est destinée à n’être que provisoire. Elle sera progressivement remplacée par une présentation illustrée et sourcée qui abordera successivement les aspects suivants…
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Le village de "la Métairie" fait tout un avec le "château de la Métairie" auquel il est étroitement lié. Malgré sa situation difficile au début du XXIe siècle, le château fait partie de la douzaine de lieux ou monuments emblématiques de la commune du Poiré.
Le site du château et du village de "la Métairie" en 1836 sur le plan cadastral du Poiré,
et en 1849 sur le projet d’aménagement proposé par le paysagiste André Leroy
(environ 450 x 480 mètres).
En 2025 le château vu de l’est, et sa façade sud dans les années 1970 (carte postale Ed. Gauvrit).
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"La Métairie", une châtellenie en marge et aux origines obscures
Bien que dominant d’une dizaine de mètres le vallon de "la Jaranne", le site de "la Métairie" n’est pas plus favorable que d’autres lieux pour une implantation défensive, et l’évocation de la présence de souterrains semble y relever de la rumeur, même si des fouilles effectuées au XIXe siècle en avant de la façade sud de l’actuel château, auraient "permis de reconnaître des substructions et des souterrains, appartenait probablement à un castel antérieur"11.
Les sources les plus anciennes sur "la Métairie" sont surtout généalogiques, remontant au mieux au XIVe siècle où on trouve, mais de façon incertaine 1343 un Jean de la Métairie, tandis que d’hypothétiques Chabot auraient pu le précéder12. A partir de la fin du XVe siècle, succédant par mariage aux Merleau, y apparaissent les Marchand qui, au milieu du XVIIe siècle et toujours par mariage, laisseront la place aux Vaz de Mello, lesquels seront exterminés sous la Révolution13…
Louis MERLEAU (avant 1475)
Jean MARCHAND épouse Anne Merleau (vers 1470)
Louis MARCHAND épouse Jeanne de Saligné (vers 1494)
Jacques MARCHAND épouse Françoise Bérard (vers 1530)
Claude MARCHAND épouse Antoinette de Barrot
Jean MARCHAND († 1594) puis à sa sœur Catherine, tous deux sans descendance,
la Métairie passant après 1648 à leur parente Jeanne de Pontceau
qui s’était mariée en 1626 avec Alphonse Vaz de Mello.
La succession des possesseurs du "château de la Métairie",
de la fin du XVe siècle au milieu du XVIIe siècle.
Les Marchand étaient seigneurs de "la Métairie" au moment de la Réforme protestante. C’était à une époque où le pouvoir royal s’efforçait d’accroître son autorité aux dépens des pouvoirs seigneuriaux. Alors que les Marchand restèrent catholiques, les autres familles nobles du Poiré, les Bonnevin de "la Rételière", les Guinebaud de "la Millière", les Nicolleau du "Fief", les Buor de "l’Eraudiere", les Aunis de "Pont-de-Vie"... rejoignirent le camp protestant, participant aux ravages commis dans la région entre 1562 et 159814. Cela valut à Jean Marchand, de "la Métairie", d’être tué le 21 juillet 1594 dans un combat par les Protestants. On rencontre de nombreux membres de sa famille dans le clergé ou comme religieux dans ces années-là, On dit aussi que cela entraîna pour la famille des difficultés pour trouver des partis pour ses filles.
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La présence du blason de la famille Marchand...
- sur une clé de voûte dans la tour centrale du château de "la Métairie" (photo E-M Vincent),
- sur un bénitier venant de ce château et en 2022 chez P. Br. à Mareuil-sur-Lay (diamètre : 39 cm),
- sur une pierre tombale inséré en bas du mur de l'église du Poiré, le long du parvis ,
- et, peu lisible, au dos du fût de la croix du parvis de cette église.
C'est aux Marchand qu'on attribue la construction de l'actuel "château de "la Métairie", ne serait-ce qu’en raison de l’existence d’une clé de voûte à leurs armes en bas de sa tour centrale.
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Les destinées tragiques des Vaz de Mello
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"La Métairie", un bénéfice pour un général républicain aux ordres
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La création d’un parc paysager à "la Métairie"
Après qu’il eut acheté "la Métairie" et ses dépendances en 1837, Ossian Morin d'Yvonnière41 entreprit de restaurer le château incendié par les troupes révolutionnaires plus de quarante ans plus tôt. Le général Travot l’avait laissé dans son état de ruine, étant avant tout préoccupé par ce que pouvaient rapporter les métairies de son amenage.
Il fit aussi appel à l’architecte-paysagiste André Leroy pour aménager ses alentours en parc paysager, suivant les tendances de l’époque42. Le projet proposé se concrétisa d’abord par un plan où est figurée la nouvelle route du Poiré aux Lucs, créée en 1839, et titré "Propriété au Poiré à Mr Morin près de Napoléon", ce qui le fait dater de 1849 / 1850.
Ci-dessous, pour comparaison entre les boisements proposés en 1850 et ceux existant 100 ans puis 175 ans plus tard,
le même emplacement vers 1950 et en 2022 (environ 1100 x 800 mètres).
L’hydrographie qui y est figurée est celle de 2022, et n’a qu’une valeur indicative.
Ce projet fut réalisé, avec quelques modifications. C’est ainsi qu’une allée fut tracée, rejoignant la nouvelle route des Lucs où, comme on le voit sur le plan, fut créée un accès en demi-lune, bordé de bornes liées par des chaines. On construisit en face un pavillon couvert d’ardoises qui, abandonné depuis près d’un siècle, est désormais en ruine.
Le nom du "chemin du saut de loup" en dessous de la prairie au sud du château43 est sans doute un reste des aménagements paysagers. Tout comme la présence de plusieurs séquoias émergeant aujourd’hui au dessus des boisements envisagés pour venir compléter ceux existant déjà sur les versants, mais qui ne furent réalisés qu’en partie. Une pièce d’eau fut même un temps établi sur le cours de "la Jaranne".
Une partie des dépendances et métairies du château furent reconstruites en style clissonnais avec ses ouvertures en plein-cintre et aux entourages en brique. Un style se retrouvant dans d’autres constructions de la même époque au Poiré, telles que celles du parc de "la Gibretière"44. A la fin du XXe siècle, elles sont pour la plupart en ruine, et la chapelle qui avait été construite alors a complètement disparu.
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Le renouveau du château de "la Métairie"
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La vie peu banale d’un membre du C.I.O.
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Au début au XXIe siècle, l’avenir à la dérive de "la Métairie"
Le 27 juillet 1988, le "château de la Métairie" a été "inscrit" au titre des monuments historiques, les éléments protégés sont : "les façades et toitures ; les cheminées intérieures et le portail d'entrée".
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Notes, sources et références
(sauf mentions contraires, illustrations et texte sont dus à M. Mignet)
00 Cette courte histoire du "château de la Métairie", provient du Fonds Pierre Parois, consulté en 2017 aux Archives municipales de Bouaine, où il avait été déposé en 2006, après la mort de son créateur.
11 Boutin (Hippolyte), la Chronique paroissiale du Poiré, 1900, p. 117-126.
12 Les seuls éléments qui au Poiré se rapportent aux Chabot, sont le blason à leurs armes sur une des deux clefs de voûte du chœur de "l’église Saint-Pierre", datée du début du XIIIe siècle, et le nom du village du "Puy Chabot".
13 Outre les actes généalogiques ou notariés, et la Chronique paroissiale du Poiré, les sources sur "la Métairie" sont De Châteaux en Logis - Vendée, par Guy de Raigniac (1992, t. IV, p. 85-87). Les tragiques destinées des Vaz de Mello ont, par ailleurs, suscité des écrits d’inspiration historique, tels que Ouragan sur la Vendée (1982, 288 p.) d’Elie Fournier, ou encore le projet de son et lumière de Paul Tallonneau.
14 Les écrits et chroniques de l’époque évoquent ces combats, pillages, profanations, meurtres et incendies, perpétrés par les bandes armées huguenotes aux alentours du Poiré ou ailleurs. Ainsi en 1564 aux Lucs et à Beaufou ; en mars 1568 à Legé ; en avril de la même année à Rocheservière, Beaufou, Saint-Denis-la-Chevasse et Aizenay... Voir aussi, à titre d’exemple : "Montaigu dans les violences et calculs des Guerres de Religion (1563, 1569, 1575, 1579-1580, 1588)".
41 Ossian Morin d'Yvonnière (1814-1890) a été maire du Poiré de 1871 à 1878, et conseiller général de son canton de 1871 à 1885.
42 André Leroy (1801-1875) fait partie d’une dynastie de pépiniéristes et jardiniers angevins. Il fut aussi un dessinateur de nombreux projets de jardins dans tout l’ouest de la France. Parmi les 260 plans et projets et 47 études conservés dans le Fonds André Leroy au moins 39 concernent la Vendée, dont celui proposé pour "la Métairie" du Poiré (Arch. dép. du Maine-et-Loire : 34 Fi 225), cité par Isabelle Lévêque dans La Vendée des jardins au fil de l’histoire, 2017, p. 180-183.
43 Un "saut-de-loup" (ou un "ha-ha") est un fossé ou un dénivelé vertical, établi en limite d’un parc ou d’un jardin d’agrément, afin d’éviter que ceux-ci soient envahis par du bétail, tout en leur conservant une vue dégagée sur le paysage extérieur.
44 A cette époque Armand Landois qui, de la famille Tireau, avait hérité dans le bourg du Poiré de la demeure de "la Gibretière", y faisait aménager un parc où il faisait aussi planter des séquoias, creuser une pièce d'eau et bâtir des dépendances en style clissonnais, les uns et les autres existant toujours en 2025.
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