la Chapelle-Palluau
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L'histoire de la Chapelle-Palluau a laissé peu de traces, à part celles de la répression qu'elle subit lors de la Révolution. Seules quelques lignes ont été écrites sur des vestiges préhistoriques ou médiévaux : mégalithes à "la Brunière", souterrain à "Piquerand"... Leur fiabilité et celle à accorder à ce qui a pu être écrit d'autre sur la Chapelle-Palluau, à propos des invasions normandes ou des "invasions anglaises", et provenant "d'érudits locaux" tels qu'un Marcel Baudouin (1860-1941) ou un Charles Dugast-Matifeux (1812-1894), ne dépassent pas la fiabilité présentée par les écrits de ces inspirateurs.
Cependant un peu avant 1850, Eugène Aillery (1806-1869) a laissé sur la commune trois pages manuscrites1, oubliées depuis et d'un intérêt relatif. Il y parle essentiellement des monuments religieux de la paroisse, dont de l'église d'alors qui sera remplacée par l'actuelle une trentaine d'années plus tard, entre 1876 et 1881...
"Capella Paludelli (visite de 1533),
prieuré dépendant de l’abbaye de Talmont (Pouillé du diocèse de Luçon, 1648)"
"La Chapelle-Palluau à une demi-lieue de Palluau dont elle fut détachée sous Mgr Barillon, évêque de Luçon, conserve encore dans sa dénomination une preuve de son ancienne dépendance. Depuis cette époque, un curé y a toujours résidé, et avant la Révolution on y voyait souvent un vicaire.
L’église, rapporte la tradition, fut bâtie par des marins qui, après avoir été jetés par la tempête sur la côte des Sables d’Olonne, firent le vœu de construire une chapelle dans la plus belle position entre les Sables et Nantes. Elle fut depuis érigée en prieuré, et dans la liste donnée par le Pouillé des bénéfices de France, elle paraît comme dépendant de l’abbaye de Saint-Michel-en-l’Herm et d’un revenu de 500 livres*. Sa forme est celle d’une croix latine ; une petite flèche haute de cinq mètres environ s’élève au-dessus du bras gauche. On remarque du côté du Midi, une petite porte qui est un chef-d’œuvre. Le portique qui la précède s’élève de trois mètres au-dessus de l’entrée ; l’entablement est soutenu par deux élégantes colonnes ; plusieurs figures fantastiques d’hommes et d’animaux désignent le caractère de cette architecture. Parmi les pierres qui forment le dallage, on distingue quelques tombes ornées de croix de Malte, ou même d’une simple croix latine, ces dernières, suivant la tradition, couvriraient la dépouille de quelques moines qui habitaient le prieuré et qui y résidaient jusqu’au commencement du 17e siècle. Deux petits autels sont consacrés à la Sainte Vierge, le premier fut élevé en 1819, le second n’est connu que sous le nom de N.-D. de la Charité ; quelques toiles représentent saint Pierre-es-liens, la Sainte Vierge, Notre Seigneur au jardin des Oliviers ; au maître autel sont les statues de saint Pierre, de saint Vincent de Paul et de saint François-Xavier.
Un monument qui mérite une description plus détaillée est le calvaire et sa chapelle. Placé près du bourg sur la grande route, il fut érigé à la suite d’une mission donnée par les prêtres de Saint-Laurent en 1764. La construction de la chapelle est antérieure et doit, dit-on, son origine à une guérison miraculeuse opérée sur une femme dont le sein était rongé par un cancer. Le tableau qui décore l’autel de cette chapelle en conserve encore le souvenir. Placé sur un terrain élevé, on monte au pied du calvaire par un vingtaine de marches circulaires ; des piliers règnent de distance en distance. Au fond d’une grotte, la Sainte Vierge est représentée tenant son fils sur ses genoux, l’expression de la douleur la plus vive règne sur ses traits et a bien été rendue par l’artiste.
L’aspect du lieu est charmant, le coup d’œil est riant et pittoresque. Du pied du calvaire, la vue s’étend jusqu’à 5 kilomètres du côté de la Chapelle-Hermier et Coëx, ainsi que sur la commune du Poiré. C’est sans doute cette situation qui, lorsqu’en 1791 tous les noms de saints furent abolis, fit doner à la paroisse de la Chapelle le nom de Belair.
Le presbytère de la Chapelle-Palluau est très logeable avec des servitudes les plus nécessaires. N’oublions pas de dire que cette localité revendique l’honneur d’avoir donné naissance à Mgr Couperie, mort évêque de Babylone et consul de France à Bagdad.
Au sud, la Vie coule vers la mer, arrose de verdoyantes prairies, et sépare cette paroisse de celle d’Aizenay. Toutes les apparences indiquent que cette rivière pourrait être rendue navigable jusqu’à la Chapelle-Palluau, alors elle ouvrirait une source de prospérité à toute cette partie occidentale du Bocage qui trouverait un débouché facile pour toutes les céréales qu’elle cultive."
Ce qu'il fait suivre par le relevé de quelques statistiques indiquant :
- les diverses occupations des terres telles qu'indiquées sur le cadastre de 1833,
- la population (1033 habitants dont 700 communiants),
- le montant des revenus de la fabrique (550 fr.) et des impôts de la commune (8500 fr.),
- le nombre des élèves de l'école des garçons (30) et de celle des filles (30),
- celui des naissances (30) et des décès (25),
- et la présence d'une sage-femme.
Depuis le début du XXIe siècle plusieurs ouvrages, de qualité et portant sur le patrimoine local, évoquent celui de la Chapelle-Palluau2.
Quelques vues de la Chapelle-Palluau vers 1900-1910 :
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1 Une reproduction de ce texte, conservé aux Archives diocésaines de Luçon, est consultable aux Archives départementales de la Vendée. Le nombre d'habitants indiqué dans le relevé statistique final, est celui du recensement de 1841. Les propos d'Eugène Aillery sur la navigabilité de "la Vie" jusqu'à la Chapelle-Palluau n'engagent, au mieux, que leur auteur.
Henri de Barillon (1639-1699) fut évêque de Luçon de 1671 à 1699.
2 Cf. collectif, Le Patrimoine des Communes de la Vendée, éd. Flohic, 2001, tome 2, p. 702 à 704 ; Charrier (Laurent), Les chapelles de notre campagne, canton de Palluau, 2016, 355 p. ; ...
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