1760-1788 : les "observations" du recteur Jacques Dechaille
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Entre 1760 et 1788, on trouve de façon systématique sur les registres de la paroisse de Cugand, des "observations" portées par son recteur à la fin de chaque année (à l'exception des années 1760, 1780, 1785, 1787 et 1788). Celui-ci, nommé Jacques Dechaille, docteur en Théologie, était arrivé à Cugand en mai 1760, date à laquelle apparaît sa première signature en bas d’un acte de baptême, et il reste en place jusqu’en mai 1788, date de son décès, soit pendant 28 ans.
Jacques Rivière, qui a transcrit en totalité ces "observations" en 2004, fait remarquer qu’à plusieurs reprises il y est écrit que ceci est "noté pour la postérité", et les faits rapportés concernent aussi bien la vie (mouvementée) de sa paroisse que celle plus large de son Évêché voire du Royaume. Ils ont surtout trait à des événements climatiques exceptionnels (inondations, très grand froid ou sécheresse) ou à des catastrophes sanitaires (épidémies). Mais aussi à d’autres plus originaux, tels que l’établissement en 1775-1777 des "forges à fer de la chaussée de Fouques [qui] ont été allumées le 5 octobre, et on y fait des barres de fer. On y a aussi bâti un fourneau à réverbère pour préparer de petites barres de fer pour passer à des cylindres et ensuite à des filières pour travailler des fils de fer, ce qu’on appelle tréfilerie et on a commencé à faire ces fils de fer le 1er février 1777. On y a aussi fait un tour à tourner le fer". Des forges qui ne survivront pas au passage des troupes révolutionnaires.
A la lecture de différents actes, il est souvent précisé que tel acte ou telle lettre est joint à la fin du registre. Malheureusement, les registres que nous possédons ne sont que la copie des originaux, et les pièces dites jointes ne sont donc jamais dans les registres qui ont pu être consultés. Peut-être ont-elles été détruites avec les originaux ou bien conservées aux Archives de l’Evêché de Nantes. Enfin, le "Général", dont il est question dans le texte, est le nom de l'assemblée des habitants de la paroisse ou, par extension, de leurs représentants ; c'est lui qui prend les décisions concernant la communauté paroissiale, quel que soit le domaine, religieux ou non.
Ci-dessus, la dernière page du registre de Cugand de 1784,
une des dernières années à contenir des "observations" de Jacques Dechaille.
(le registre paroissial le plus ancien de Cugand date de 1595)
Voici le contenu de ces transcriptions :
"OBSERVATIONS"
Année 1760
Rien.
Année 1761
Il s’est tenu cette année quatre assemblées capitulaires, au sujet des réparations de la cure, dont la copie attachée à ces registres, par la première il couste que le Général ne déterminant rien au sujet des réparations, le recteur fut obligé d’assigner le Général et persista dans les propositions de faire faire un procès verbal de visite à l’amiable. Par la deuxième assemblée il fut enjoint à Pierre Perraud et Etienne Mechineau, fabriqueurs en charge de contraindre les héritiers du défunt recteur à satisfaire à leurs obligations. Par la 3e, M. Chauvin procureur fiscal de Peillac, neveu du précèdent recteur, réalisa deux mille trois cents livres pour parvenir à faire faire les réparations. Par la 4e, le Sr Bureau fermier de la cure paya ce qu’il devait de la ferme et le recteur remit au Général ce qui lui était dû depuis sa prise de possession jusqu’à la fin du mois, ce qui faisait environ cinquante livres. Au mois de novembre il fut vaqué au procès verbal et devis estimatif des réparations qui se montèrent à cinq mille quarante-sept livres. Le recteur paya son expert suivant ses offres, et le Général paya le sien. Au mois de décembre le recteur proposa un projet dans une assemblée capitulaire, pour faire les réparations urgentes et nécessaires dans l’état où étaient les choses en se servant de la somme de deux mille cinq cent trente-neuf livres dix sols que le Général avait entre les mains tant de celle qu’il avait reçue des héritiers du Sr Marcoux que de celle de la vacance. Le recteur offrit de faire vendre la terre de son jardin joignant la cure pour le prix en être affecté aux dites réparations, il consentit à la suppression d’une grande partie des logements et à la suppression d’une grande partie d’autres réparations. Le recteur offrit de donner tous les ans au Général une somme pour achever peu à peu les réparations, cette somme était de quatre-vingt livres par chaque an et pour telles réparations dont le Général conviendrait et que s’il ne jugeait pas à propos de faire les réparations qui seraient alors proposées le Général recevrait du dit recteur la somme convenue pour tenir lieu des réparations qui pourraient survenir dans la suite, le recteur demandait qu’au moyen de cette somme il ne serait pas chargé en cas de changement ou ses héritiers en cas de mort, des grosses réparations, et il s’assujettissait aux réparations auxquelles sont sujets les usufruitiers ; qu’enfin le Général se joindrait au recteur pour obtenir de concert un arrêt domologation du parlement de Bretagne, le Général n’eut aucun égard à ce projet.
Le blé-seigle a valu dix-sept, dix-huit et dix-neuf sols le boisseau, le froment vingt-deux sols. Il y a eu 80 barriques de vin y comprises onze barriques qu’ont produit les vignes du Tail, il a valu six livres la barrique au temps des vendanges et je l’ai vendu quinze livres la barrique après le soutirage.
Le parlement de Paris donne un arrêt qui ordonne aux jésuites de déposer au greffe de la cour leurs constitutions et leur défend d’enseigner. Les autres parlements du Royaume suivent l’exemple du parlement de Paris.
Année 1762
Le 21 février le Général s’assembla au sujet des réparations. Mrs les Gentilhommes et autres propriétaires considérables y furent invités. Mr de Vieux seigneur de Pin Sauvage en cette paroisse, de Blossac seigneur de Coulonge, de Louhil seigneur de la Grand-Maison, Prévost seigneur de la Caillerie s’y trouvèrent ; j’y proposai le projet référé au registre de l’an dernier. Mr Prévost offrit en son nom quatre-vingt livres par an aux clauses et conditions y portées, tous les Messieurs Gentilhommes y adhérèrent et les délibarans ne voulurent pas l’accepter. Le 14 Mars le Général délibéra de faire faire les réparations à bail à rabais. Le 20 Juin le Général me chargea de modifier pour la somme de quatre mille trois cents livres, j’acceptai pour avoir la paix. Copie de la délibération est attachée à ce registre, ainsi que la requête présentée au parlement de Bretagne et l’arrêt domologation en conséquence.
Dans une assemblée capitulaire tenue au mois de Novembre, j’engageai le Général à nommer en chapitre des prévôts ou bâtonniers de la confrérie de la Conception, jusqu’alors les prévôts sortant nommaient à leur gré deux autres prévôts. J’y proposai de supprimer dix-huit gros cierges ou torches du poids de quinze livres environ que les prévôts de la Confrérie font refaire tous les deux ans et qui coûtent au moins quarante écus. On me donna quelque espérance, et dans cette confiance j’en écrivis à Mr l’abbé de Juré grand vicaire de Monseigneur l’Evêque de Nantes pour obtenir l’exposition du St Sacrement au jour de la fête de la conception de la Ste Vierge, et des saluts après les vêpres de l’Assomption de l’Annonciation, de la fête de St Pierre le 29 juin, des quatre fêtes annuelles Pâques, la Pentecôte, la Toussaint et Noël. J’en eus une réponse par laquelle en conséquence de mon projet, qu’il communiqua au Seigneur Evêque et qui fut jugé utile et raisonnable, on accorda les permissions que je demandais ; la lettre est attachée au registre. Dans une autre assemblée où je proposai d’exécuter le projet l’attachement opiniâtre à ces gros cierges le fit échouer. Ainsi voyant qu’on préférait une dévotion mal entendue à une dévotion solide j’interrompis les saluts du St Sacrement.
La Grosse cloche a été fondue par la libéralité des paroissiens ; elle a été bénite le deuxième avril par M. Simon, recteur de la Bernardière ; voyez l’acte dans ce registre au second jour d’avril.
Le blé-seigle a valu dix-sept, 18 et 19 sols le boisseau, le froment 1 et 2 sols ; il y a eu 42 barriques de vin, je l’ai vendu soutiré 25 livres la barrique.
Il y avait anciennement à l’église une petite porte qui donnait dans ma cour. Je représentai au Général assemblé que j’étais dans l’intention de boucher cette porte et d’ouvrir du coté du cimetière, je demandai s’ils croyaient avoir droit de passer par ma cour, j’ajoutai que ce serait plus commode pour les paroissiens, moins gênant pour moi, plus décent ; le Général parut y consentir mais verbalement à son ordinaire, je dis encore qu’en ouvrant de l’autre coté j’ouvrais sur mon terrain et dans l’endroit le moins gênant, j’agis en conséquence ; mais cette nouveauté déplut beaucoup à plusieurs qui consultèrent même pour s’opposer s’ils avoient pu. J’avais une porte de mes celliers qui donnait par derrière l’église du coté du cimetière, je fus donc obligé de faire ouvrir du coté du cimetière au lieu de l’église, d’y placer la même porte qui donnait donc dans ma cour, d’ouvrir le mur du cimetière, d’y mettre une porte, et pour me renfermer de faire encore une porte vis à vis celle qui était à mes celliers pour me renfermer entièrement.
Les Etats de Bretagne ont obtenu du Roi les domaines, contrôle et timbre de la Province.
Le parlement de Paris dissout par un arrêt le Régime de la Société des Jésuites et condamne plusieurs livres et mentions prises des livres des Jésuites.
Année 1763
Le Général s’assembla le 16 Janvier pour obtenir un arrêt de levée de la somme de 1763 livres pour achever le payement des sommes nécessaires pour les réparations du presbytère et présenta à cet effet une requête à Monseigneur le Comte de Blossac intendant de Poitiers, qui sur le vû d’un arrêt du conseil du 23 Août donna son ordonnance pour lever la dite somme de 1769 livres soit 30 livres pour frais de l’arrêt domologation du parlement de Bretagne et attribua six deniers pour livrer aux collecteurs. Le Sieur de Jemonville subdélégué à Montaigu envoya le modèle du rôle de répartition de 1993 livres y compris les frais de sollicitation. Toutes pièces sont attachées au registre. Le 30 Octobre le Général nomma pour collecteur de cette somme Joseph Guibert, Mathurin Serit auxquels M.Bellouard de Jemonville joignit d’office René Bousseau. On commença à démolir l’ancienne cure sur la fin du mois de Janvier et le 17 Mars la première pierre de la nouvelle cure fut posée, la terre du jardin fut vendue à différents métayers pour aider aux réparations, il fut enlevé un pied et demi de terre du jardin près la cure, il y en eut de vendu pour 509 livres. Le recteur y consentit pour le bien de la chose, celui qui donna le plan de la cure est M.Ceyneray ingénieur architecte de M. le Duc d’Aiguillon commandant dans la province de Bretagne, et celui qui a bâti la chambre des comptes de Nantes.
Le blé seigle a valu 16, 17 et 18 sols le boisseau, le froment 23 sols. Il y a eu 26 barriques de vin, je l’ai vendu 25 livres la barrique après le soutirage.
La première pierre du bâtiment de la cure a été posée à l’angle du coté de l’orient.
M. De Fitz-James Evêque de Soissons donne une instruction pastorale au sujet des assertions condamnées par le parlement de Paris, le Pape la condamne et le parlement supprime le décret du Pape.
M.Christophe de Beaumont, archevêque de Paris donne une instruction pastorale au sujet des jésuites, le parlement la fait brûler, le Roi exile l’archevêque, le parlement bannit les jésuites du Royaume parce qu’ils refusent de faire le serment requis par le parlement, le pape écrit un bref à l’archevêque de Paris, le parlement le supprime ; voyez 1764.
Année 1764
Dans le rôle qui fut fait pour les réparations du presbytère le procureur fiscal de Clisson nommé Bureau de la Robinière prenant fait et cause pour le Prince de Soubise qui devait être imposé et qui le fut pour ce qu’il possède en Cugand, prétendit que le recteur devait être imposé pour les domaines de son pourpris et des rentes dépendantes de la cure, le recteur le consulta, rapporta au Général assemblé ses consultations, le Général assemblé le 11 mars déclara de vive voix aux Egailleurs qu’il consentait que le recteur ne fut pas imposé eu égard à ses consultations, elles se réduisaient à dire que l’édit de 1695 portant article 22 que "les habitants des paroisses seront tenus pareillement d’entretenir et réparer la nef des Eglises, la clôture des cimetières et de fournir aux curés un logement convenable, voulons à cet effet que les procès verbaux de visite soient envoyés et qu’il soit permis aux habitants d’emprunter les sommes dont il sera besoin". 2° que le Général avait reconnu cette loi en transigeant avec le recteur et s’obligeant de lui payer la somme de 4300 livres. Il aurait fallu que le recteur eût pris de sa bourse pour acquitter l’obligation du Général envers lui et se fut payé de son argent, ce n’eût plus été la somme fixée, le recteur ne fut pas imposé.
Le 25 novembre, le Général s’assembla pour nommer des prévots de la confrérie de l’Immaculée Conception de la Ste Vierge. J’y lus un mémoire cy-attaché au registre et j’y fis les représentations suivantes,
1° Qu’on eut à nommer des prévôts ou bâtonniers de la dite confrérie suivant la délibération du mois de novembre 1762.
2° que les 18 gros cierges ou torches de la dite confrérie fussent supprimés.
3° que si on les supprimait le recteur consentait à acquitter gratis les messes de la confrérie.
4° que en ce cas le recteur consentait à donner l’emplacement des deux chapelles sur le terrain de la cure, soit du coté du jardin et de la cour, soit du coté du cimetière, à condition néanmoins que comme fondateur il y placerait un banc avec accoudoir pouvant contenir quatre personnes et que ce banc serait affecté aux recteurs et dépendant de la cure.
On ne voulut pas inscrire sur le registre les représentations du recteur, on ne voulut pas supprimer les gros cierges et on nomma seulement des prévots.
Le blé-seigle a valu 17, 18 et 19 sols le boisseau, le froment 20 sols et 22 sols. Il y a eu 43 barriques de vin. Je le vendis soutiré 24 et 25 livres la barrique soutirée.
C’est en cette année que fut faite l’horloge qui sonna pour la première fois la nuit de Noël, elle a coûté 200 livres.
M. Christophe de Beaumont du Repaire, archevêque de Paris donne une instruction pastorale contre la dissolution faite par les parlements du régime et des vœux des jésuites. Le parlement la fait brûler. Les parlements bannissent les jésuites du Royaume parce qu’ils refusent de faire le serment requis par le parlement d’abjurer le régime de la société. Le Pape écrit un Bref à l’archevêque de Paris, le parlement le supprime.
Le Roi donne un édit pour assurer l’état civil aux jésuites comme Ecclésiastiques séculiers.
Année 1765
La Cure se trouva en état de me loger au mois de mai, ainsi j’y entrai le 25 mai.
Le Blé-seigle a valu aux métives vingt et un sols et a monté jusqu’à trente-huit sols, le froment a valu depuis vingt-huit sols jusqu’à quarante-deux sols le boisseau. Il y a eu trente-trois barriques de vin, je l’ai vendu 27 livres la barrique soutiré.
Je fis faire les commodités, il y a deux fosses qui donnent l’une dans l’autre en un touc qui va par dessous la porte de l’angard nommé la chaufferie jusque dans la rue, je n’y ai eu aucune opposition et comme l’égout du jardin y donne le tout se vide peu à peu dans les grandes pluyes. J’ai fait aussi la boulangerie et la buanderie et recouvrir le four. Je fis arranger aussi le poulailler.
Monseigneur l’Evêque de Nantes écrivit une lettre circulaire datée du 1er mars à tous les recteurs du climat de Clisson, cette lettre est attachée à la fin du registre, il s’agissait de nommer deux députés à la chambre Ecclésiastique. Presque tous les recteurs de ce climat s’assemblèrent chez les R.P. Cordeliers d’où on partit processionnellement vêtus de surplis et étoles, ayant pour commissaire nommé par l’archevêque le Sr abbé de Hercé, grand vicaire, depuis Evêque de Dol, vêtu de camail , rochet et étole. On alla à l’Eglise de la Trinité ou le dit Sr abbé célébra la messe à l’autel des religieuses .On y chanta le Veni Créator, ensuite on procéda à la nomination des députés qui furent les Sr René Belorde originaire de cette paroisse et recteur d’Aigrefeuille, et Guillon originaire de Mouzillon recteur de la Renaudière .Après la cérémonie on revint processionnellement aux Cordeliers et on dîna dans leur réfectoire.
Monseigneur notre Evêque fit mettre dans l’ordo de cette année un décret de la congrégation des indulgences par lequel N.S.P le pape Clément XIII approuve le désir de la congrégation qui lui demandait que dans les fêtes où il y a des indulgences à gagner et que la confession est prescrite, la confession qui se fait la veille put servir pour gagner l’indulgence le jour de la fête, et par le même décret il est porté que le St Père accorde en faveur des personnes qui vont à confesse toutes les semaines pourront gagner toutes les indulgences qui peuvent se trouver dans la semaine même sans s’être confessé précisément pour les gagner. Ce décret se trouve à la fin du registre.
L’assemblée du clergé de France envoya ses actes à tous les évêques qui les communiquèrent à leur clergé.
Le premier titre est une condamnation de plusieurs livres contre la religion savoir l’analyse de Bayle , le seul titre de ce livre annonce son impiété ; le livre de l’esprit, qu’on aurait pu intituler plutôt le livre de la matière puisque le pur matérialisme y est enseigné, le dictionnaire encyclopédique plein de définitions impies, les ouvrages de Jean-Jacques Rousseau qui sont son Emile ou de l’Éducation de la jeunesse où l’auteur dit qu’on doit enseigner la religion à la jeunesse que lorsqu’elle est en état de l’approfondir c’est à dire de 18 à 20 ans au plutôt, et les ouvrages faits pour sa défense, son Contrat social , et ses lettres de la Montagne, l’Essai sur l’histoire générale qu’on attribue à Voltaire ainsi que le Dictionnaire philosophique où les livres de l’Écriture Ste sont traités indignement, la Philosophie de l’histoire et le Despotisme oriental où les souverains sont traités de tyrans. Tous ces livres sont condamnés comme contenants des principes respectivement faux, injurieux à Dieu et a ses augustes attributs, favorisant l’athéisme, plein du poison du matérialisme , anéantissant la règle des mœurs, introduisant la confusion des vices et des vertus, capables d’altérer la paix des familles, d’éteindre les sentiments qui les unissent, autorisant toutes les passions et les désordres de toute espèce, destructifs de la Révélation, tendant à inspirer du mépris pour les livres saints, à renverser leur autorité, à dépouiller l’Eglise du pouvoir qu’elle a reçu de J.-Ch. et à décrier ses ministres, propres à révolter les sujets contre leur souverain, à fomenter les séditions et les troubles, scandaleux, téméraires, impies, blasphématoires, et aussi offensants pour la Majesté Divine que nuisibles au bien des empires et des sociétés.
Le 2e titre est une exposition sur les droits de la puissance spirituelle qu’on distingue de la puissance temporelle des princes et on y dit que chacune est souveraine, indépendante, absolue dans ce qui la concerne... Elles se doivent une assistance mutuelle, mais par voie de concert, de correspondance et non par voie de subordination et de dépendance.
Le 3e titre est une déclaration sur la constitution Unigenitus, on la reconnaît comme un jugement dogmatique de l’Église universelle, ou ce qui revient au même, un jugement irréformable de cette même Église en matière de Doctrine et qu’elle exige une soumission sincère de Cœur et d’Esprit. On y a inséré la lettre encyclique du souverain pontife Benoît XIV de 1756 sur l’administration des sacrements. On y a ajouté deux réclamations du clergé en 1760 et 1762, par lesquelles on proteste contre tous arrêts, jugements, sentences et procédures des Tribunaux séculiers sur des causes concernant la Doctrine et l’administration des Sacrements, comme nuls de plein droit et incomplètement rendus.
Toutes ces pièces sont attachées à la fin du registre.
Le parlement de Paris supprima ces actes par deux arrêts des 4 et 5 septembre mais le Roy cassa et annula ces deux arrêts par son arrêt du conseil du 15 Septembre. Le Roi se resservait par cet arrêt de faire connaître ses intentions d’une manière plus expresse mais sa Majesté n’en n’a pas eu besoin. L’impression et communication de ces actes de l’assemblée du clergé ont porté le dernier coup au jansénisme et la communication du Bref de Benoît XIV a fixé la manière de se comporter dans l’administration des Sacrements. Voyez l’arrêt du conseil de 1766 à la fin du registre de 1766.
Année 1766
Cette année l’hiver a été très rude et a commencé dans sa force, comme en 1709, la nuit du cinquième au 6e janvier, les vignes en ont gelé jusqu’à la racine pour la plus grande partie et ont été plus de 6 ans sans pouvoir se reprendre, le blé ne gela pas, il valut aux métives vingt sols et vingt et un sols, diminua jusqu’à 17 sols et remonta jusqu’à vingt-quatre sols. J’eus 36 barriques de vin, je le vendis sur sa lie vingt-six livres et vingt-six livres dix sols.
J’ai fait arranger le toit à vache, fait faire un toit à porc, réparer les fondements de l’écurie.
Monseigneur l’Evêque de Nantes nous donna dans l’ordre du Diocèse une lettre de Mrs les agents généraux du clergé avec un extrait du procès-verbal de l’assemblée pour l’établissement de la Dévotion et de l’office du Sacré Cœur de Jésus que l’on avait demandé à M. l’archevêque de Rheims président de l’assemblée. Le Sgnr Evêque de Nantes y ajouta un mandement pour fixer au vendredi lendemain de l’octave de la fête du Très St Sacrement , il donna encore un avis pour annoncer que Nos Seigneurs les Evêques de Bretagne désiraient adopter un office uniforme pour toute la province .Toutes ces pièces se trouvent à la fin du registre.
Le Roi donne des arrêts dans son conseil relatifs aux actes du clergé de 1765. Ils sont à la fin du registre.
Le Roi donne le 13 août une Déclaration qui accorde l’exemption de Dixmes pendant quinze ans à ceux qui défricheront des terres incultes .Elle se trouve à la fin du registre et a été enregistrée au parlement de Paris.
Le Roi nomme Mr de la Roche Aimon cardinal archevêque de Rheims, de Jumilhac archevêque d’Arles Phelipeaux archevêque de Bourges, Dillon archevêque de Narbonne, de Brienne archevêque de Toulouse, et Mrs d’Aguesseau, Gilbert de Voisins, d’Ormesson, Joly de Fleury, Bourgeois de Boisnes, conseillers d’État, commissaires pour réformer les abus des communautés religieuses .
Année 1767
Cette année les vignes gelèrent au printemps si vivement que le vin manqua partout, je n’en eu qu’une barrique et demi et si mauvais qu’on ne put en boire, il se conserva cependant jusqu’aux métives où je le donnai aux batteurs, le blé ne gela pas et valut aux métives depuis dix-sept sols jusqu’à vingt et un sols, j’ai fait faire cette année la cuisine, la première pierre en fut posée le 13 mai.
Quoique l’hiver ne fut pas si rude que l’année précédente, il fut néanmoins si sec qu’il n’y avait point d’eau sur les chaussées au mois de février 1768.
C’est en cette année qu’on fit marché pour bâtir les chapelles collatérales.
Le Roi donne un arrêt du conseil qui ordonne à tous les supérieurs majeurs des différents ordres religieux d’envoyer dans l’espace de trois mois aux commissaires nommés pour l’examen des abus introduits dans les ordres religieux, des mémoires sur les moyens propres de constater l’état actuel des constitutions et statuts de chaque ordre. Un autre arrêt du conseil ordonne qu’il soit procédé à l’extinction et union de 27 monastères de la congrégation des Maurs Bénédictins où il n’y a pas une nombre suffisant de religieux pour y entretenir une conventualité de 10 religieux au moins.
La nuit du 31 mars au 1er avril tous les jésuites d’Espagne à Madrid et la nuit du 2e au 3e avril tous les jésuites du reste de l’Espagne sont arrêtés et conduits au port le plus voisin pour être transportés en Italie, et par un édit nommé Pragmatique Sanction, le Roi d’Espagne les bannit de son royaume avec défense d’y rentrer. Il leur accorde 100 piastres de pension à prendre sur tous les biens saisis de la Compagnie à condition qu’aucun de la Société n'écrira pour la justification sous peine de perdre la pension pour tous les autres. M l’abbé Chauvelin conseiller clerc en la Grand-chambre du parlement de Paris dénonce au parlement toutes les pièces de l’expulsion des jésuites d’Espagne, arrêt du parlement de Paris du 9 mai qui bannit du royaume tous ceux qui étaient dans la Société au 6 août 1761, défend aux archevêques et évêques de les employer dans les fonctions du St Ministère, supplie le Roi d’employer ses offices vers N.S.P. le pape pour la dissolution entière de la Société. Le 27 novembre les jésuites sont expulsés de Naples et envoyés dans les pays du pape, a peu près de la même manière que ceux d’Espagne.
Année 1768
C’est en cette année qu’ont été faites les chapelles collatérales de l’Eglise, la première pierre en fut posée le deux mai et bénite par Mre Pierre Mongis cy-devant vice-gérant de cette paroisse puis chanoine et syndic du chapitre et collégiale de Clisson. Il y en avait à l’endroit où est à peu prés l’arcade du milieu une arcade ou voûte dont les piliers avançaient dans l’église et deux autels y étaient accollés. Savoir l’autel de la Ste Vierge en bois et qui est à peu prés celui qu’on a mis à la chapelle de St Clair et St Sébastien, et l’autre autel était dédié à St Sébastien .La première pierre est placée dans l’angle situé à l’occident ;le 6 août on posa la première pierre du coté du cimetière elle est placée à l’angle du coté de l’orient.
Le 8e septembre, jour de la Nativité, il fit une pluie depuis trois heures de l’après midi jusqu’au lendemain à midi qui ne discontinua point et qui fit déborder la rivière. Il y eut quelques mois après deux autres débordements considérables et en 6 mois la rivière quitta son lit jusqu’à sept fois. Cependant les dommages ne furent pas considérables. Les vignes gelèrent au printemps. Il y eut vingt barriques de vin, je le vendis soutiré vingt et une livres, le seigle valut aux métives 22 et 23 sols, jusqu’à 33 sols. Les pluies furent si abondantes qu’on ne put ensemencer les terres, il en resta la plus part ce qui fit monter le seigle de cette année sur l’arrière saison jusqu’à 45 sols le boisseau, le froment depuis 35 sols jusqu’à 50, et même jusqu’à trois livres.
J’écrivis à Monseigneur l’Evêque de Nantes pour lui donner avis du dessein du Général d’accroître son église, il me fit l’honneur d’y donner son consentement par la lettre attachée à ce registre.
Dés que les chapelles furent finies, je représentai au Général assemblé que j’allais placer un banc dans une des chapelles, et je leur demandai s’ils croyaient avoir droit de s’y opposer. J’ajoutai que ma cure ayant été dotée par les bienfaits des Ducs de Bretagne, l’Eglise et ma cure relevant du Roi et n’y ayant aucune personne qui put prétendre avoir droit de banc, j’avais droit de me regarder comme fondateur, puisque l’Eglise se trouve renfermée dans les domaines et dépendances de la cure, qu’en effet les murs de l’Eglise d’un coté sont dans ma cour et jardin et que de l’autre j’ai des greniers, celliers, caves accollés à l’Eglise et même du terrain au delà de l’Eglise, qu’ainsi l’inspection des lieux prouve que l’Eglise est bâtie sur le fonds de la cure, que malgré ce droit de fondateur, je n’avais pas voulu en user tant que l’église s’était trouvée trop petite pour contenir les paroissiens; mais que les chapelles ayant été bâties, l’Eglise par cet accroissement se trouvait assez grande , qu’ayant donné de mes celliers, cour, jardin et terrain pour bâtir ces chapelles, on ne pouvait au moins m’en disputer la qualité de fondateur et qu’en fin je ferais placer un banc qui serait réputé banc de la cure et qui y serait attaché. On parut convenir de mon droit mais on ne transcrivit rien sur le registre à l’ordinaire. Je mis donc un banc sous l’arcade de la chapelle St Clair et St Sébastien le long du mur. Il n’y fut formé aucune opposition.
Au mois de mai, le Roi donna un édit pour augmenter les portions congrues. On trouvera cet édit attaché au registre. Les portions congrues y sont fixées pour les curés et vicaires perpétuels à 25 septiers de bled froment mesure de Paris, ou en argent à cinq cent livres, et pour les vicaires à dix-sept septiers ou en argent à deux cent livres. Les curés et vicaires perpétuels jouiront outre la portion congrue des maisons et bâtiments composant le presbytère, cours, jardins et dépendances, des oblations casuels, des fonds et rentes donnés pour obits et fondations, les gros décimateurs peuvent abandonner à la cure les dixmes pour se décharger de la portion congrue. Les curés primitifs sont obligés, outre les dixmes qu’ils abandonneraient, d’abandonner encore tous les biens qui composaient l’ancien patrimoine de la cure, ensemble le titre et les droits de curé primitif. Les curés et vicaires perpétuels auront en tous temps la liberté d’opter la portion congrue en abandonnant tous les fonds, dixmes même les novales, les abandons des décimateurs ou curés primitifs seront irrévocables ainsi les options des curés ou vicaires perpétuels lorsqu’elles auront été homologuées. Ceux qui n’opteront point continueront de jouir de ce qu’ils possèdent. Il n’y aura plus de distinction entre dixmes anciennes et novales. Néanmoins ceux qui n’opteront point jouiront des novales dont ils sont en possession. Dans le cas des abandons cy-dessus, si les revenus se trouvaient au dessous des 500 livres pour obvier à ce qu’il est dit que les décimateurs, ecclésiastiques ou inféodés, même les corps et communautés seront tenus de fournir le supplément S.M. exhorte les évêques et leur enjoint d’y pourvoir par union de bénéfices cures ou non cures.
En conséquence de cet édit, il convient de transmettre à la postérité ce qui s’est passé à Clisson. .Mrs les chanoines et chapitre de la Collégiale ont voulu se délivrer de la portion congrue qu’ils sont dans le cas de payer au recteur de N.-Dame. Pour y parvenir ils se sont adressés à Monseigneur l’Evêque de Nantes et lui ont présenté requête pour unir les paroisses de N.-Dame, la Trinité, St Gilles, St Jacques et la Madeleine pour ne faire qu’une paroisse et rendre le curé assez riche pour se passer de portion congrue. La cure de la Trinité étant en présentation de l’abbé de St Jouin et ayant un prieur-curé primitif ne fut pas comprise dans le procès-verbal qui fut ordonné non plus que la cure de la Madeleine qui dépend de l’ordre de Malte, il ne fut donc plus question que des trois autres. Le projet des chanoines dans cette réunion était encore de demeurer maîtres et possesseurs de l’église de N.-Dame et de réunir tous les paroissiens à l’église de St Jacques. Mgr députa M. l’abbé de Ramaceul, docteur en Théologie de la faculté de Nantes grand vicaire et vice-official avec M. Forget, chanoine de Nantes, aussi docteur en Théologie, recteur de Ste Radégonde de Nantes, syndic du clergé et promoteur pour rapporter procès verbal de commodo et incommodo. Les raisons des chanoines étaient que ces curés n’avoient pas de quoi vivre et que, par la réunion, ils auraient un sort plus gracieux, que les paroissiens de N.-Dame troublaient les chanoines dans leur office, qu’ils se plaçaient dans leurs stalles, et d’autres plaintes semblables. Les paroissiens de N.-Dame alléguèrent pour leurs raisons que leur paroisse existait plus de 350 ans avant le chapitre, que lorsqu’ils avoient été établis par le Seigneur de Clisson, n’ayant point d’église ils avoient prié les paroissiens de les admettre, que pour engager le recteur à y consentir, ils l’avoient fait doyen, mais qu’à sa mort ils mirent un curé à portion congrue, que les paroissiens avoient soufferts cela sans l’approuver. Le chapitre fit signifier les principales personnes de la ville et les curés voisins pour dire leur avis sur le commodo et incommodo. Tous se réunirent à dire que les chanoines seraient mieux à St Jacques et que si on voulait réunir il convenait de mettre le centre dans la ville. Les paroissiens de St Gilles dirent qu’ils avoient une confrérie de St Jean dans leur église qui possédait plusieurs bénéfices, qu’il fallait les réunir à la cure, ce qui serait plus avantageux ; les paroissiens de St Jacques dirent qu’ils avoient un prieuré dans la paroisse qui avait été possédé par un curé de St Jacques et qu’on pouvait l’y réunir pour mettre leur curé plus à son aise ; ceux de S.Gilles ajoutèrent qu’ils avoient à leur fabrique quelques menues rentes qu’on pourrait céder au curé, outre deux septiers de blé dont Messieurs du chapitre s’étaient emparés. Les paroissiens de N.-Dame dirent encore que Mrs du chapitre s’étaient emparés des fonds de la cure et nommément de la Métairie de Lambanière située dans la paroisse de Cugand. Ces paroissiens de N.-Dame défendirent leurs droits avec tant de chaleur qu’ils couvrirent d’invectives les chanoines, il se forma contre eux une espèce de sédition dans la ville où on craignit un peu de temps pour la vie de quelques uns. Messieurs les official et promoteur voyant une si grande opposition conseillèrent eux mêmes aux chanoines d’aller à St Jacques et dirent qu’ils ne s’attendaient pas à des troubles semblables quoiqu’ils eussent dit à Mrs du chapitre avant de partir de Nantes qu’ils croyaient bien qu’il y aurait opposition de la part des paroissiens mais qu’ils passeraient outre et feraient réussir l’affaire malgré toutes les oppositions. On remarqua néanmoins que de la manière qu’ils faisaient les interrogations à Mrs les curés et personnes considérables, ils semblaient incliner pour envoyer le chapitre à St Jacques .Le tout étant rapporté à sa Grandeur, le Sgnr Evêque ne fit pas la réunion mais deux ou trois ans après il réunit seulement la cure de St Gilles à St Jacques au dernier vivant des recteurs et N.-Dame est restée au curé qui a toujours perçu sa portion congrue au terme du dernier Edit.
J’ai marqué au registre de l’an passé que l’hiver avait été fort sec, que les chaussées étaient découvertes jusqu’au mois de février de cette année, mais je crois devoir transmettre à la postérité que de mémoire d’homme on n’en n’a pas vu de si pluvieuse. La pluie ne commença que dans le mois de mai, ou sur la fin avril, dès le 9 Avril le Seigneur Evêque donna un mandement pour faire une procession générale, ordonner des prières de 40 heures pour obtenir une pluie convenable aux biens de la terre, mais elle devint si fréquente que Mrs les grands vicaires en donnèrent un du 8 juillet, pour obtenir la sérénité de l’air. Ils réitérèrent un second mandement le 5 août pour obtenir des jours sereins afin de recueillir les moissons, le blé effectivement germait sur bout, des gerbes de blé couchées germèrent tellement qu’on avait peine à les arracher étant prises à la terre, comme les métayers eurent soin de mes gerbes de dixmes, j’eus beaucoup moins de pertes, ils me les amenèrent et je les faisais sécher dès les premiers rayons de soleil qui paraissaient, j’en posai aussi mon grain au soleil, au four même, ainsi je fus moins maltraité, d’ailleurs je faisais battre à mesure qu’on amassait et je ne fis point de gerbiers parce que ayant commencé à métiver dès le 21 juillet on fut en état de battre dès le 23. Le 27 on recommença et comme j’avais un moulin à vanner je le fis vanner tout de suite. On recommença encore à battre le 6 août et je fis battre le 27. Je fus le seul des environs qui eut le blé si bien conditionné. Les pluies recommencèrent bientôt après et les grands vicaires envoyèrent une lettre circulaire pour renouveler les prières publiques, elle est datée du 14 septembre .Ils en écrivirent une autre le 24 septembre sur la représentation des maires et échevins pour permettre de battre le blé dans les chapelles de campagne et même dans les églises principales des paroisses. Comme c’est un cas si extraordinaire. On trouvera cette lettre attachée à la fin du registre.(en marge : ce mandement se trouve contraire au n° VII du chapitre XIV des statuts du Diocèse). Je n’ai pas eu connaissance qu’on eut usé de cette permission .On battit en grange, dans les maisons ,sur des barriques défoncées. L’Evêque donna encore un mandement le 2 décembre par lequel il ordonna des prières de 40 heures pendant lesquelles on ferait la procession du St Sacrement dans l’intérieur des églises, nous fumes en état de suivre son intention, nos chapelles se trouvant bâties et n’y ayant point encore de bancs. L’Evêque exhorta aussi à jeûner un jour qu’il fixa sans néanmoins en faire une loi.
La déclaration du Roi pour les défrichements fut enregistrée au parlement de Bretagne, il y a quelques changements de celle enregistrée au parlement de Paris. Elle est attachée à la fin du registre avec des lettres patentes et arrêts du conseil en explication dont voici le dispositif. Elles sont du 11 mai 1769, enregistrées au parlement de Bretagne, et datées du 8 avril précèdent.
Louis XV. art .1er. Notre Déclaration du 6 juin 1768 concernant les défrichement et dessèchements des terres incultes ou inondées en Bretagne sera exécutée selon sa forme et teneur, ce faisant tous ceux qui dans la dite province auraient commencé des défrichements ou dessèchements depuis le 11 février 1758 et qui n’auraient pas fait les déclarations et publications ordonnées par les articles III et IV de notre dite Déclaration, dans le délai de trois mois, mentionnés dans l’article V, pourront faire les dites déclarations et publications dans un nouveau délai de trois mois que nous leur accordons à cet effet.
art II. Le nouveau délai de trois mois mentionné dans l’article précèdent ne commencera à courir dans chaque paroisse qu’à compter du jour de la publication de l’arrêt de ce jour et des présentes, par les recteurs ou curés, à la messe paroissiale du dimanche, et seront tenus les dits recteurs ou curés d’envoyer dans la quinzaine un certificat de la dite publication au Greffe Royal des lieux où il sera reçu et déposé sans frais.
art III.Tous ceux qui auront fait les déclarations et publications dans le délai prescrit par l’article I de l’arrêt de ce jour et des présentes, en conformité de notre Déclaration du 6 juin, jouiront des mêmes exemptions et privilèges qui ont été accordés par celles faites dans le premier délai fixé par l’article V de notre dite Déclaration, et ce, à commencer après l’entier accomplissement des dites formalités.
art IV. Les déclarations qui auraient pu être faites vers la fin du premier délai et dont les publications n’auraient pas été faites avant l’échéance du dit délai seront valides et auront leur effet, pourvu que les susdites publications soient faites en conformité de notre dite déclaration, et avant l’échéance du nouveau délai accordé par l’article premier de l’arrêt de ce jour.
Année 1769
Les terres n’ayant pu être ensemencées l’année dernière je n’ai eu que 500 boisseaux de seigle rasés, il a valu depuis 30 sols jusqu’à 45 sols et le froment 50 sols. J’eus 25 barriques de vin, je l’ai vendu depuis 30 livres jusqu’à 40 livres soutiré.
Le 17 décembre, le Général assemblé observa que l’accroissement étant fait à l’église par les chapelles qu’on avait bâties il restait à construire et à orner des autels dans les chapelles pour les mettre en état de recevoir la bénédiction de l’Eglise. On fut d’avis
1° d’accorder qu’il serait placé pour les particuliers qui le désireraient des bancs simples, sans accoudoir, à l’exception du premier qui aura son accoudoir et le dernier qui aura son dossier, lesquels bancs seront tous de la même grandeur savoir de quatre pieds et demi de long sur un pied et demi de large, y compris le marchepied, que les particuliers qui voudront les placer les feront faire eux mêmes et fourniront du bois.
2° chacun payera pour l’emplacement des bancs, à l’encan, au plus offrant et dernier enchérisseur, suivant la distribution des places.
3° on payera par chacun an 24 sols par banc.
En conséquence de la Déclaration du Roi pour les défrichements, Mathurin Augereau du Coubernier déclara le 23 octobre au Greffe du Présidial de Nantes trois cantons,
le premier contenant trente boisselées situé dans la lande de la Chequivière défriché dit-il depuis 10 ans, borné d’un bout au chemin de Clisson à Montaigu, d’autre bout aux terres du petit Coubernier, d’un coté les landes de Lemerière, d’autre coté aux terres du Coubernier.
2° un autre canton défriché depuis neuf ans, contenant trente boisselées situé dans la pièce appelée les Landes Rouges, borné d’un coté au chemin de Montaigu, d’autre coté aux pièces du Cloux , d’un bout à chemin, d’autre bout à la ville du Coubernier.
3° un autre canton de terre en landes de terres immémorial et inculte depuis plus de 40 ans situé dans les landes appelées les Brézièreaux borné d’un coté aux pièces de Lambanière, d’autre coté au pré de la Noue, d’un bout au chemin qui conduit à Cugand, d’autre bout aux Landes Rouges. .Copie de la déclaration est à la fin du registre.
Les trois princes de la maison Bourbon, savoir les Rois de France, d’Espagne, et de Naples, demandent par des mémoires présentés au pape par leurs ambassadeurs, la destruction et la suppression totale de la Société de Jésuites. Le pape meurt subitement la nuit du 2 au 3 février il avait indiqué un consistoire pour proposer aux cardinaux le 3 février d’acquiescer aux désirs des souverains.
Année 1770
On présenta requête au parlement de Bretagne pour l’homologation de la délibération du 17 décembre dernier, qualifiée dans la requête du 23 janvier de cette année parce que c’est le jour qu’elle fut transcrite et certifiée par René Bousseau et Pierre Pineau, nommés commissaires par le Général pour faire et recevoir les enchères des bancs. La requête porte que les bancs que l’on placera ne gêneront ni le service Divin, comme l’a reconnu le dit Evêque de Nantes en donnant son consentement à l’exécution de la délibération du Général, ni les paroissiens qui n’auront pas de bancs, parce qu’on n'en mettra que le long des murs dans les chapelles et en rang de chaque côté dans la nef .La lettre du Sr Douaud, chanoine, marque qu’il a lu à M. l’Evêque de Nantes l’acte capitulaire, qu’il n’y voit aucun inconvénient, supposant que les bancs n’occupent pas une espace considérable et ne gênent pas le service Divin. L’arrêt d’omologation fut accordé le 3 février, en conséquence furent placés les bancs, les emplacements en furent criés par trois dimanches au plus offrant, un grand nombre en prirent. En tout ceci il ne fut nullement question du banc que j’avais placé, on ne me demanda ni l’emplacement ni la rente de 24 sols que payent ceux qui en ont pris.
Liste des Bancs avec le pris de l’emplacement, depuis l’arcade du côté de la chaire.
1° René Brochard, teinturier, du bourg, 8 livres
2° Jacques Mouillé, de Bel Air, serger, 8 livres
3° Jean Coudrin, du bourg, serger, 4 livres
4° François Pichon, poeslier, du bourg, 6 livres
5° René Baudry, métayer, du bourg, 6 livres
6° René Bousseau, teinturier, du bourg, 12 livres
7° Jean Guillaumé, métayer, de la Brangerais, 12 livres
8° Gabriel Caillé, meunier, de Fradet, 12 livres
9° Augereau, métayer, du Coubernier, 13 livres
10° Pierre Perraud, foulon, d’Hucheloup, 7 livres
11° Pierre Caillé, serger, du bourg, 7 livres
12° François Bousseau, métayer de la Hinoire, 6 livres
13° Pierre Baudry, de la Vrignais, 6 livres
14° Vve René Brochard, serger, du bourg, 6 livres
15° Pierre Loiret, du Mortier, 6 livres
16° le banc a été donné gratis à Marie Perraud et celles qui ont soin des autels.
17° Joseph Perraud, du Port, 6 livres
18° Mr Vinet, notaire, de ce bourg, 4 livres
19° Julien Augereau, du Noyer, l’aîné, 4 livres
20° Pierre Guerin, métayer, de l’Aubrais, 4 livres
21° François Brochard, de la Palaire, 3 livres
Bancs du côté de la chaire.
22° Mathurin Brillaud, de la Colarderie, 4 livres
23° Jean Guillaumé, métayer de la Brangerais, 3 livres
24° La Vve Julien Brochard, 4 livres
25° René Raffegeau, 4 livres
26° La femme de Raffegeau, de Lambenière, a pris la chaise, 1 livre 8 sols.
Bancs depuis l’arcade du côté de la cure.
1° Pierre Baudry, de la Vrignais, 25 livres
2° Pierre Lefort, tailleur d’habits, 6 livres
3° Mathurin Coudrin, serger, de la Palèr, 6 livres
4° Jean Caillé, foulon, d’Hucheloup, et Pierre Durand, foulon, de Gaumier, 6 livres
5° Dlles Aubin, 6 livres
6° Julien Ogereau, serger, du Noyer, 6 livres
7° Les Raffegeau, de Lambanière et du Coubernier, 6 livres
Bancs du côté de la cure depuis l’arcade.
8° Dlle Guerin, de Bel Air, 6 livres
9°Jean Joffrineau, foulon, d’Hucheloup, 6 livres
10° Le Sr Ouvrard, fabricant de papier, d’Antier, 6 livres
11° La Vve Girardeau, boulangère du bourg, 6 livres
12° F. Plessis, de Gaumier, foulon, 6 livres
13° François Cosset faiseur d’écarts à carder la laine, 6 livres 5 sols
14°Jean Gouraud, du bourg, 4 livres 10 sols
15° Marie Caillé et Françoise Caillé, 6 livres
16° Etienne Gouraud, du bourg, 6 livres
17° Louis Guerry, papetier, 6 livres 5 sols
18°Gabriel Limousin, farinier, de Fradet, 6 livres
19° François Coudrin, serger, de la Palère, 4 livres
20°La Dlle Mesnard, 4 livres
21° Mathurin Batard, laboureur, de Fradet, 4 livres
22° Jean Coudrin, serger, du bourg, 3 livres
23° Guérin, du bourg, 4 livres
24°Durand, papetier, et Vve Fouloneau ont pris un banc, 4 livres
25° La Vve Hery une chaise , Durand, charpentier, a pris un banc, 4 livres
26° La Vve Foulonneau une chaise Jean Roux de Fradet a pris un banc 4 livres
La Vve Voix, sous les cloches, une chaise, 1 livre
Bancs dans la chapelle de la Ste vierge des autres parts.
1° La Vve Braud, 25 livres
2° Pierre Pineau, du bourg, 8 livres
3° Jean Pavageau, métayer, de l’Aubrais, 6 livres 5 sols
4° Louis Richard, serger, d’Hucheloup, 4 livres 10 sols
5° Mathurin Douillard et Jacques Henry, derrière le tambour, 7 livres
Le Sr Vantouroust a placé une chaise
Bancs dans la chapelle St Clair et St Sébastien
1° Le banc affecté à la cure de droit
2° Dlle Vve Blanchard, d’un grand banc partagé en deux de 9 pieds le long, 36 livres
3° Un petit banc d’une seule place sans accoudoir près le confessionnal de Mr le recteur à Julien Héraud, 2 livres 8 sols
4°Pierre Guérin, de l’Aubrais, 7 livres
5° Mathurin Perraud, une place, 2 livres
6° Pierre Lévêque, papetier, d’Antier, 5 livres
7° Batard, de Fradet, Mouillé, de la Pénissière, 5 livres
8° Joseph Pabœuf, du bourg, 5 livres 10 sols
9°François Pabœuf et Joseph Bretaud, 7 livres et 10 sols
Bancs près la Ste Table des autres parts
François Bousseau, métayer de la Hinoire, du côté du cimetière, 16 livres 6 sols
François Plessis, serger et foulon, de Gaumier, 16 livres 6 sols
Total ; 468 livres et 5 sols
Il est à remarquer que François Bousseau ayant demandé aux commissaires un banc régnant le long du mur près la balustrade sur les marches et du côté du cimetière, les commissaires me vinrent trouver pour me demander mon agrément. J’y consentis à condition que ce ne serait qu’un petit banc tel qu’il existait avant que les chapelles fussent bâties, c’est à dire d’une seule planche sans accoudoir. .Bousseau fit faire un banc ridicule haut et bas selon la forme des marches avec un accoudoir aussi et plus ridicule. Il s’associa François Plessis et firent trois places dont l’une descendait au bas des marches et débordait l’arcade. Je leur représentai tout ce que je pus pour leur faire sentir le ridicule de leur conduite , il y avait à la balustrade une porte du côté de l’épître que j’avais fait fermer et j’avais fait ôter des balustres qui régnaient depuis la balustrade jusqu’à la porte de la sacristie du côté de l’épître, il y avait une planche ou banc le long du mur où s’asseyaient les fabriqueurs en charge le sacristain et plusieurs autres, ce qui gênait beaucoup, plusieurs mêmes remplissaient la sacristie. J’avais souffert tout cela jusqu’alors parce que l’église était trop petite pour contenir les paroissiens. Je me rendis maître de la porte de la sacristie qui donne dans le jardin de la cure en ôtant un ressort à la serrure qui la faisait ouvrir en dedans, je congédiai tout ce qui venait à la sacristie, j’élargis le sanctuaire, j’en ôtai le banc qui régnait le long du mur .Ayant donc fermé cette porte de la balustrade je proposai à Bousseau et à Plessis de supprimer la dernière place de ce banc ridicule et par trop de complaisance je leur offris deux places de l’autre côté vis à vis du banc adjugé à Bousseau, ils ne voulurent point y consentir. Je le fis faire mal à propos, je supprimai cette dernière place du banc de Bousseau, je fis arranger ces deux bancs d’une manière moins désagréable, enfin ils l’acceptèrent. Ils se consultèrent cependant auparavant, mais le Général n’y ayant nullement consenti ils comprirent qu’ils ne réussiraient pas à me tracasser.
Lorsqu’on proposa de placer des bancs dans l’église je me chargeai de la part du Général d’en offrir à M. Devieux, Seigneur du château du Pin Sauvage en cette paroisse, il parut d’abord l’accepter. Le Général en fit offrir une place à M. Belorde propriétaire de la Grenotière qui parut aussi l’accepter mais bientôt après les Mrs refusèrent. M.Devieux n’était pas content du Général avec lequel il avait procédé au présidial de Poitiers pour un banc qu’il avait fait placer de son autorité prétendant y avoir droit et payait quelque redevance à la fabrique. Il avait perdu son procès et c’est ce qui l’indisposait. M. de la Grenotière prétendait aussi avoir droit de banc sur une pierre tombale qu’il prétend avoir dans l’église .On offrait à chacun de ces Mrs un emplacement qu’ils payeraient au même prix que ceux qui seraient auprès d’eux et la même redevance ils refusèrent constamment.
Il y eut à Nantes sur la fin d’avril une inquiétude qui répandit l’alarme. Nantes se trouva sans grains et sans attente d’en recevoir bientôt. Le parlement de Bretagne rendit un arrêt que j’ai mis à la fin du registre par lequel la cour autorisa les Généraux des paroisses à prendre dans leur coffre fort telles sommes qu’ils jugeraient nécessaires et au cas qu’il ne se trouva aucune somme permit aux dits généraux d’emprunter, même à titre de constitution, la somme dont ils croiront avoir besoin pourvu qu’elle n’excédât pas 600 livres, pour subvenir aux besoins les plus pressants des pauvres des dites paroisses jusqu’à la récolte prochaine, en conséquence il s’ouvrit des souscriptions à Nantes pour acheter et faire venir des grains. La maison de ville ne voulut soulager que les pauvres de la ville. Les négociants et le commerce firent leur souscription en faveur des pauvres de la campagne. J’eus pour ma paroisse quatre septiers de seigle, une personne inconnue m’envoya de Nantes 30 livres de riz. Le Général s’assembla en conséquence de l’arrêt et des ordres de Mrs les Procureurs du Roi de Nantes et fiscal de Clisson. Le Général délibéra de répondre à M. le procureur du Roi de Nantes pour le prier de faire au nom du Général à Nos Sgnrs du parlement de très humbles remerciements du soulagement qu’il voulait bien accorder aux malheureux, de faire savoir à M. le Pr du Roi de Nantes et Pr fiscal de Clisson qu’il n’y a aucun denier dans le coffre de cette paroisse, que la dite paroisse n’a pour sa fabrique ni pour ses besoins aucun fonds, revenus, rentes ni deniers à l’exception de 4 boisseaux de froment pour être distribué en pain béni aux fêtes de Pâques et de Noël, et 22 livres 10 sols pour l’entretien d’une lampe ardente, qu’il y a une grande quantité de pauvres dans la paroisse, qu’il n’y a aucun grenier dans tout le canton où on puisse acheter du grain, que la voie d’emprunt proposée par la cour aux corps et Généraux des paroisses de la province parait onéreuse aux délibérants, vu qu’on n’a aucun revenu pour en payer l’intérêt, que la voie de souscription proposée par la dite cour aux corps particuliers des villes de la province a paru au dit Général plus convenable à l’état actuel de la dite paroisse, parce que la plus grande partie des habitants sont peu accommodés des biens de la fortune et que ceux qui sont ou peuvent être un peu plus a leur aise seront invités à faire de nouveaux efforts pour remplir les vues de la cour. Le 12 mai la cour rendit un autre arrêt pour permettre des quêtes dans les paroisses une fois par mois jusqu’au mois d’août. On s’en tint dans cette paroisse à ce dernier moyen. On ne fit qu’une quête qui ne produisit que 23 livres 11 sols. J’eus d’autres secours de personnes inconnues et de Pierre Baudry, propriétaire de la Vrignais, qui après avoir donné chez lui tout ce qu’il pouvait, me remit deux septiers à distribuer. Je faisais bouillir six livres de riz avec 18 livres de pain froment dont je faisais une bouillie qui nourrissait quatre-vingt personnes tout leur content. Ainsi dans le moment le plus critique, la Divine providence pourvut aux besoins des pauvres d’une manière au dessus de ce qu’on pouvait attendre. M. l’intendant de Bretagne forma un projet pour subvenir à la misère des pauvres par des travaux publics, mais il fut sans effet. M. le premier président et deux conseillers du parlement de Bretagne écrivirent le 9 juin à Mrs les recteurs pour les exhorter à prévenir leurs paroissiens que les blés coupés avant leur maturité et que l’on faisait sécher au soleil et au four, loin de fournir une nourriture salutaire exposeraient aux maladies les plus graves et les plus dangereuses. On suivit dans la paroisse cet avis et il n’y eut pas de maladies contagieuses.
Quoique l’année fut assez abondante (j’eus douze cent boisseaux de seigle rasés) et que le blé diminua au temps des métives, néanmoins le blé augmenta avant Noël à cause des pluies qui empêchèrent encore d’ensemencer de sorte que le seigle qui ne valait à la métive que 23 sols le boisseau monta à plus de 40 sols. Je n’eus que 14 barriques de vin.
La nuit du 25 au 26 novembre après une pluie continuelle qui avait duré près de deux fois vingt-quatre heures, les eaux de la rivière de Sèvre se débordèrent avec une impétuosité qui ruina presque tous ses riverains, l’eau monta dans cette paroisse à 27 pieds de hauteur. Depuis sa source jusqu’à Nantes elle fit des ravages étonnants. Chatillon et Mortagne ont souffert beaucoup de dommages; le Sr Bureau, fabriquant de papier de St-Hilaire-de-Mortagne, y a perdu environ 16 à 18 mille livres, ses moulins ayant été emportés, sa maison renversée et ses effets perdus. La Vallée de Tiffauges fut aussi renversée. Il y a eu dans cette paroisse pour 24 490 livres de dommages suivant le procès-verbal qui en fut fait pour envoyer au conseil et aux états de la province de Bretagne. La multitude de requêtes et de demandes en pareil cas empêcha qu’on put rien obtenir. L’extrait du procès-verbal est à la fin du registre. Toute la vallée de Clisson fut inondée, les ponts emportés. On a évalué la perte de Clisson à 300 000 livres. Les ponts de Pont-Rousseau à Nantes furent emportés; cette inondation a fait faire les observations suivantes : dans l’année 1740, il y 30 ans, l’inondation commença à la fin de novembre ou au commencement de décembre. Trente ans auparavant, pareille inondation, c’est à dire en 1710, et on assure qu’on a remarqué dans les archives du château de Clisson qu’en 1680, ce qui fait encore 30 ans auparavant, il y eut encore une inondation considérable. Enfin et ce qu’il y a de plus singulier, c’est que le père Peteau, jésuite, dans son histoire universelle, prétend par son calcul que le Déluge commença le 25 Novembre de l’an 1656 de la création du monde.
On avait commencé à travailler aux autels des chapelles le 20 septembre et le 30 octobre on plaça l’autel de St Sébastien et de S t Clair. Le tableau de S t Clair était placé à l’ancien autel de S t Sébastien sous le titre de S.Mathurin mais comme on ne connaît pas de S.Mathurin Evêque j’en ai changé le titre pour honorer S t Clair premier évêque de Nantes. La statue de S t Sébastien est aussi la même et le retable de l’autel est le même qui était à l’ancien autel de la Ste Vierge. On l’a accommodé d’une manière plus convenable.
Monseigneur l’évêque de Nantes a fait mettre dans l’ordo l’extrait d’une lettre de Rome avec un décret de la congrégation des indulgences par lesquels l’indulgence plénière est accordée de droit dans les églises où les prières de 40 heures sont établies avec exposition du S t Sacrement, soit dans la semaine de la Septuagésime, Sexagésime, Quinquagésime, pendant les trois jours, soit même au seul jeudi de la Sexagésime. Le tout se trouve attaché à la fin du registre.
J’ai fait en cette année refaire la couverture du pressoir et le pilier de pierre pour la soutenir.
Le pape Clément XIV ayant accordé un jubilé universel à son exaltation, au lieu de l’adresser à son nonce en France, il adressa la Bulle et la Lettre Encyclique pour les évêques au Roi lui-même. Le Roi fit venir M. de Beaumont archevêque de Paris pour le consulter sur ce qu’il y avait à faire, il fut décidé que la Bulle et la lettre seraient envoyées par le Roi aux évêques, le parlement de Paris veut qu’elle soit enregistrée au parlement, en conséquence des arrêts de parlement de 1768 qui avoient ordonné que tous récrits de Rome seraient enregistrés. L’archevêque s’y oppose comme une nouveauté. La publication en est différée jusqu’au 8 avril. M. Notre Evêque la fit publier le 1er avril, le parlement de Rennes lui fit savoir son mécontentement.
Le pape omet la lecture de la Bulle In Cœna Domini de Pie V.
Année 1771
Le 4e février l’autel de la Ste Vierge a été placé. Le retable est tout neuf, le haut est seulement composé des ornements de l’ancien autel de la Ste Vierge, la statue du haut est ancienne, le tableau de la Ste Vierge est aussi ancien , il est semblable à celui de la cathédrale de Nantes et on le dit tiré sur celui de Ste Marie-Majeure de Rome sur le portrait qu’en a fait St Luc. La main de l’ouvrier pour la sculpture, peinture, dorure des deux autels des chapelles, ainsi que la peinture rafraîchie du grand autel et de tous les tableaux a coûté deux cents livres. J’ai nourri les ouvriers. L’or, la peinture, drogues, huile, avec l’ouvrage du menuisier pour les marchepieds, balustrades et les fonds renfermés, le tout a coûté aussi deux cent livres. Le 8 avril les autels et chapelles se trouvèrent en état de recevoir la bénédiction, ainsi qu’il est marqué dans le corps du registre avec ceux qui y ont assistés.
J’ai fait placer cette année la poutre de dessous du pressoir. J’ai fait refaire les greniers et placer deux poutres aux celliers. Le blé-seigle a valu quarante sols le boisseau, j’ai eu 15 barriques de vin, j’ai vendu sur lie quarante-deux livres la barrique, le froment a valu cinquante sols.
Année 1772
Le Blé-seigle a valu depuis 38 sols jusqu’à 45, mesure de Clisson, et le froment depuis 45 jusqu’à 55 sols. J’ai eu 27 barriques de vin, je l’ai vendu sur sa lie 22 livres la barrique, et soutiré 25 livres.
Le 23 août le Général étant assemblé pour la redition des comptes de Jean Coudrin et Jean Guillaumé fabriqueurs sortis de charge, je rendis mes comptes de l’argent que j’avais reçu pour les chapelles, il se trouva 14 livres restantes que le Général me permit d’employer à acheter un missel qui a coûté 18 livres. Le compte des fabriqueurs étant accepté et le reliquat payé, un d’eux représenta que les fabriqueurs rendaient bien leurs comptes, mais que les prévôts de la confrérie n’en rendaient point, que cet abus venait de la dépense énorme des gros cierges qui absorbait tout ce qui se perçoit d’argent dans la confrérie, on convint qu’il serait à propos de les supprimer. On alla aux voix, il s’en trouva 8 pour la suppression contre 4 qui sortirent. On représenta à ceux qui sortaient que la délibération n’étant pas close puisqu’un grand nombre n’avait point signé, ils devaient signer leurs avis contraires. Il fut donc délibéré de supprimer les 14 gros cierges de la confrérie, de laisser les 4 restants pour les morts et de faire faire 4 flambeaux de cire blanche pour être portés par 4 enfants vêtus en aube aux saluts du St Sacrement. La délibération fut signée de six qui savaient signer, les deux fabriqueurs sortis de charge qui venaient de rendre leur compte et qui avaient payé le reliquat, un des délibérants nommé Jean Jauffrineau était prévôt actuel de la confrérie et signa comme les autres, il pria seulement l’assemblée qu’ils fussent allumés le jour de la Nativité de la Ste Vierge pour la dernière fois ce qui lui fut accordé verbalement ; ils ne le furent cependant pas parce que Pierre Caillé autre prévôt ne voulut pas les allumer, il chargea quelqu’un d’acheter de la cire à la foire du Marillais pour les refaire malgré la suppression qu’en avait fait le Général. Voyant que cet abus aurait continué et que d’ailleurs on ne les avait pas allumé le 8 septembre, le lendemain 9 septembre je les fis ôter avec les planches qui les soutenaient.
Le 24 août j’écrivis à Mr Douaud chanoine commensal de Monseigneur l’évêque de Nantes pour prévenir le dit Seigneur de la délibération du 23, et pour le prier d’obtenir la confirmation des expositions et saluts qu’il avait accordé en 1762, en y ajoutant le salut aux fêtes de la purification et de la Nativité de la Ste Vierge et le jour de la première communion des enfants, ce qui me fut accordé suivant la lettre du Sr Douaud du 25 septembre. Copie de ma lettre et la lettre de M. Douaud sont attachées à la fin du registre.
Le 26 septembre, à requête de Pierre Caillé un des prévôt de la confrérie a lui joint, Jean Perraud, et François Bousseau demeurant à la Hinoire ancien prévôt et confrère, faisant tant pour eux que autres consorts fut dénoncé à Jean Jauffrineau aussi prévot en charge qu’il eut incessamment et de jour à autre à rétablir et placer les 14 gros cierges et chandeliers appartenant à la dite confrérie, qui furent ôtés le neuf du présent mois par son ordre et son consentement par les domestiques de M. le recteur, protestant que faute à lui de les replacer dans la dite église au lieu où ils étaient, ils se pourvoiront contre lui et tous autres pour les y faire contraindre, et sera le dit Jauffrineau en cas d’insistance condamné aux dépens.
Sur cette sommation le prévôt sommé reporta au Général assemblé le 4 octobre sa sommation. Les trois auteurs de la sommation firent avant l’assemblée des menaces à plusieurs des délibérants d’un procès qu’ils feraient tomber sur eux. Ils se présentèrent eux mêmes à l’assemblée. On leur demanda à chacun s’ils avaient quelque chose à ajouter à leur sommation ou quelque représentation à faire. Ils répondirent négativement. Le Général leur dit de se retirer, ce qu’ils firent avec peine, et l’un d’eux frappa à trois reprises à la porte de la sacristie qui donne dans le sanctuaire et a dit depuis insolemment qu’il avait bien frappé du tambour et qu’il était fâché de n’avoir pas cassé un des panneaux de la porte. Les délibérants intimidés ne voulurent pas délibérer dans la crainte d’un procès et laissèrent par là subsister la délibération du 23 août dans toute sa force.
Le Sr Belorde, avocat au parlement de Paris et président des Traites à Clisson, m’écrivit le 5 octobre qu’il était chargé de mettre une requête contre Jauffrineau et que j’y serais compliqué, j’allai le trouver je lui expliquai le fait et lui rapportai la délibération qu’il avait ordonné et qu’on lui avait celée, malgré cela il fit la requête qui fut signée le même jour par Caillé, Perraud et Bousseau. Dans cette requête on y traite de voie de fait l’enlèvement des cierges, on défigure l’assemblée du 4 octobre, on dit un mot du retable de la cure, on parle de tableaux dont on prétend que j’ai disposé, du banc que j’ai placé dans l’église, on y traite d’abus la présence des recteurs dans les assemblées parce qu’on prétend qu’elle gêne les suffrages. Cette requête fut adressée à M. le procureur Général du parlement de Bretagne, on le prie de se faire rendre de l’exposé par M. le procureur fiscal de Clisson et on y conclut à enjoindre Jauffrineau de remettre les cierges et chandeliers, à faire défense au Recteur de se trouver aux assemblées, en tous cas de forcer et contraindre les voix et suffrages encore moins de faire passer la porte à d’anciens délibérants. Copie de cette requête est attachée à la fin du registre.
Cette copie de la requête m’ayant été envoyée de Rennes, on me demanda un mémoire justificatif. J’exposai les faits depuis 1762. J’envoyai copie de la Délibération du 23 août qui détruisait la prétendue voie de fait, j’expliquai la délibération du 4 octobre où j’avais offert le retable de ma cure, je fis connaître le ridicule de ces prétendus tableaux qui n’étaient des estampes enluminées de figures diaboliques et d’animaux diabolisés qui entraient dans un cœur ou en soutient pour représenter d’une manière hideuse les différents états de l’âme dans le péché ou dans la grâce, ils ne servaient quand j’arrivai dans la paroisse qu’à mettre le long d’un mur au dessous des gros cierges au reposoir du jeudi St, je les avais fait serrer dès la première année dans une armoire dont ils n’étaient pas sortis jusqu’au 2 août de cette année, parce qu’ayant procuré de magnifiques bouquets d’autel je voulu les serrer dans cette armoire, j’y trouvai ces cartons d’images qui gênaient, je les abandonnai à la bonne dévote qui avait soin des autels et elle les distribua à sa volonté. Je représentai mon droit de fondateur pour le banc que j’avais placé. Je réfutai la calomnie qu’on m’imputait de contraindre et de forcer les voix dans les assemblées. Je représentai que mon dessein en entrant dans cette paroisse avait été de ne me mêler aucunement des affaires temporelles du Général. Mes paroissiens me supplièrent de ne pas les abandonner à eux-mêmes, n’y ayant personne en état non seulement de rédiger une délibération mais même de prendre un parti juste dans une affaire. Les recteurs voisins m’engagèrent à me prêter aux vues de mes paroissiens. J’y acquiesçai avec peine, et jamais je n’ai voulu ouvrir mon avis, j’ai toujours laissé un chacun dire le sien et lorsque j’ai été obligé de parler j’ai fait sentir les avantages qu’il pouvait y avoir ou les inconvénients, laissant les délibérants maître de choisir celui qu’ils jugeaient à propos, et la seule chose à quoi je me suis attaché c’est de rédiger les délibérations de manière qu’on ne put attaquer les délibérants. Quelque déférence que les délibérants ont eu de me laisser le choix des nouveaux fabriqueurs, je n’ai jamais voulu en user, je ne demandais nulle conclusion dans mon mémoire et j’ajoutais que je ne voulais pas être le délateur de mes paroissiens, je suppliais seulement M. le procureur Général de laisser subsister la confrérie, d’interposer son autorité pour imposer silence à ces hommes qui s’embarrassaient peu de la confrérie, ni qu’elle fut supprimée, mais qui désiraient en faire tomber l’odieux sur moi pour me rendre moi-même odieux à mes paroissiens. Je m’en rapportais à la justice et à la religion de M. le procureur général.
Le 29 Novembre le Général s’assembla pour nommer de nouveaux prévots , René Bousseau fils et Jean Pavageau furent nommés à la pluralité des voix .Je lus à l’assemblée mon mémoire et je demandai si on y trouvoit quelque inexactitude , personne n’y trouva à redire.
Le 23 décembre, je reçu une lettre de M. Bureau, Sénéchal de Clisson, que j’avais demandé pour la vérification des faits de mon mémoire, en la place de M. le procureur fiscal, parent du Sr Belorde qui avait dressé la requête. M. le Sénéchal me marquait qu’il avait reçu des nouvelles de Rennes concernant mon affaire. J’allai le saluer et il me dit que M. le substitut de M. le procureur général lui avait marqué qu’il avait mis les pièces sous les yeux de M. le procureur général et que le magistrat lui ordonnait de faire imposer silence aux auteurs de la requête, sans quoi on serait obligé de supprimer la confrérie. M le Sénéchal intima les ordres aux entêtés, qui répondirent qu’il en arriverait de la confrérie ce qui pourrait mais qu’ils voulaient poursuivre pour avoir leurs cierges, et en conséquence ils allèrent trouver M. Badereau procureur du Roi au présidial de Nantes. Je reçus une lettre de ce Monsieur qui m’annonçait les plaintes que plusieurs confrères lui avoient portées sur ce que un d’eux avait dû par mes ordres ôter de l’église les 14 cierges. J’en écrivis à Rennes on me répondit que M. le substitut avait approuvé ma conduite dans toutes les circonstances et on m’exhortait à continuer pour le bien et pour la paix de mes paroissiens, que je pouvais marquer à M. le procureur du Roi de Nantes un précis de mon affaire intentée par l’humeur de quelques uns de mes paroissiens qui m’avaient traduit devant M. le procureur général par une requête présentée contre moi et de laquelle ils se réservait la connaissance, qu’au reste M. Badereau était un ange de paix qui ne demandait qu’à faire le bien.
Dans cette année Gabriel Caillé, meunier de Fradet, a fait faire un moulin à vent dans le bief clos de vignes appelé les Giraudelles, sur le chemin du bourg à la Bernardière. Il fut achevé à la fin de novembre. Il a obtenu l’agrément des deux Seigneurs, M. le prince de Soubise seigneur de Clisson et M. le marquis de la Bretesche seigneur de Tiffauges, à qui il paye deux chapons par an. Le 6 décembre la partie de ce moulin du côté du sud-ouest jusqu’au nord-ouest s’écroula après une pluie qui dura près de vingt-quatre heures. Il n’était bâti qu’à terre.
Le Sr Charles Hallouin chanoine de Clisson et titulaire du bénéfice de St Lazare, en cette paroisse, a obtenu de M. le prince de Soubise seigneur de Clisson et patron de la chapelle, et de M l’évêque de Nantes, la permission de démolir la chapelle de St Lazare et d’en rebâtir une autre beaucoup plus petite. Il s’est trouvé dans les décombres vers la porte beaucoup d’ossements de morts, ce qui fait présumer que c’était anciennement une maladrerie. Cette église avait 22 pieds de largeur et 46 pieds de longueur. Elle avait deux autels, le maître autel dédié à St Lazare et le second à St Symphorien. Ce fut en 1740 qu’un titulaire y fit placer une statue de ce St, ce qui a occasionné une espèce d’assemblée abusive et pleine d’inconvénients fâcheux le dimanche le plus près de la fête de ce St, qui est le 22 août.
Le Roi donne un arrêt dans son conseil revêtu de lettres patentes pour suspendre l’arrêt du parlement de Paris de 1768 qui défendait à tous archevêques, évêques , officiaux et autres, ainsi qu’à tous et chacun de quelque qualité ou rang qu’il pût être, de faire lire, publier et imprimer ou autrement exécuter aucunes Bulles, Brefs, récrits, décrets, mandements, provisions, signatures servant comme des provisions ou autres expéditions de la cour de Rome, a l’exception de tous Brefs de pénitence pour le tribunal de la conscience, sans avoir été remis, lus et examinés à la cour, à peine de nullité. Mais sur les représentations du Roi d’Espagne et de Sicile et du Prime de Parme, le Roi laissa l’arrêt dans son état parce que ces princes déclarèrent que le parlement de Paris ne l’avait rendu que de concert avec leurs cours.
Année 1773
Le blé-seigle a valu 26, 27 et 28 sols le boisseau, mesure de Clisson, et le boisseau de froment 34 à 35 sols. J’ai eu 23 barriques de vin, j’en ai vendu 30 livres la barrique sur lie.
Le 9 janvier, Pierre Caillé, François Bousseau et Jean Perraud signèrent une nouvelle requête qu’ils envoyèrent à M. le procureur général. M. Belorde leur avocat qui l’avait dressé n’avait fait que copier celle du mois d’octobre 1772. Il y avait ajouté quelques autres faits aussi faux que les premiers, entre autres il y faisait mention de quatorze chandeliers enlevés avec les cierges, quoiqu’ils ne fussent appuyés que sur deux planches, ainsi que je l’avais représenté par mon mémoire. Ces trois chefs de faction dressèrent un acte d’adhésion à leur requête qu’ils firent signer à 29 personnes, dont la plupart n’avaient été ni fabriqueurs, ni prévôts de la confrérie, ils firent signer jusqu’à des enfants de 14 ans pour grossir le nombre, cet acte fut fait et signé en plus grande partie de nuit, ils allaient dans les maisons solliciter les signatures et voulurent faire lever pour signer quelqu’un qui était déjà couché.
Le 19 janvier, je reçus une lettre de M. Badereau procureur du Roi au présidial de Nantes, par laquelle il me marquait qu’il avait reçu de M. le procureur général le mémoire qui lui avait été adressé. J’allais à Nantes le trouver et après m’être expliqué, le Mr proposa un projet d’accommodement, savoir que les quatre flambeaux pour les saluts, réglés par la délibération du 23 août subsisteraient, ainsi que les 4 gros cierges pour les morts que la délibération conservait, qu’il serait fait 6 moules de fer blanc enduits de cire blanche et à ressort pour y insérer une bougie, tels qu’ils s’introduisaient à Nantes en plusieurs églises et notamment en la paroisse de Ste Croix dans laquelle il demeurait. J’y acquiesçai, je représentai seulement que j’aurais de la peine à faire recevoir ce projet par mes paroissiens, mais que je ferais ce qui dépenderait de moy, que ces cierges seraient placés sur l’autel de la Ste Vierge. M. Badereau me promit de m’en écrire pour en parler au Général assemblé. Par sa lettre du 13 février, il marque "que l’abus qui existe dans la confrérie est la dépense qu’occasionnent les cierges énormes que l’on met dans notre église. Il est tout simple d’y remédier en y plaçant le même nombre tels que ceux qui sont dans les paroisses de Ste Croix et de St Nicolas dont le gros bout est de fer blanc enduit de cire, qui seront achetés du produit de la vente de ceux qui existaient avant ce moment et dont le surplus sera remis aux mains des prévôts pour l’entretien des dits cierges, dont six seront placés devant l’autel où se dessert cette confrérie, quatre seront employés pour les services et enterrements et l’on aura quatre flambeaux destinés pour les bénédictions." Je répondis à M. Badereau que je le priais de se ressouvenir qu’il avait été question de six de ces gros cierges et non pas dix, qu’il était convenu que ces cierges seraient placés à l’autel de la Ste Vierge et non pas devant, que le Général ne souffrirait pas qu’ils fussent placés le long d’un mur, mais seulement sur l’autel pour la décoration. M. Badereau se trouva offensé de ma représentation, il alla trouver Monseigneur l’évêque de Nantes dont je reçus une lettre du 11 mars qui m’exhortait à m’en tenir au projet de M. le procureur du Roi comme propre à satisfaire les deux partis. Je répondis à sa grandeur que la contestation mue dans ma paroisse eut été bientôt terminée si M. Badereau s’en fut tenu aux termes de l’accommodement qu’il m’avoit proposé. J’écrivis le tout à Rennes et on me répondit de renvoyer un mémoire succinct de l’état des choses, ce que je fis. Sur la fin d’avril j’appris que M. le procureur du Roi comptait venir à Cugand pour consommer son projet à l’assemblée qui devait se tenir le dernier dimanche du mois pour la nomination de nouveaux fabriqueurs, je demandai à Rennes la conduite que je devais tenir à cette assemblée, M. le Pr. de Roi écrivit le 30 avril aux fabriqueurs pour convoquer une assemblée des délibérants au dimanche 9 mai pour délibérer sur des affaires qui regardent la paroisse. Il s’y transporta en effet, les trois chefs de parti avaient fait entrer dans l’assemblée tous leurs adhérents. M le procureur de Roi me demanda quels étaient les délibérants, je les lui nommai. Il fit sortir tous les autres, demanda copie de la délibération qui regarde mes réparations. Il la fit copier et pendant ce temps, il vint à la cure, il eut la bonté de me dire qu’il ne venait pas pour me faire de la peine, me parla de son projet, et convint que des dix cierges de fer blanc enduits de cire seraient placés au jour de fêtes de la confrérie savoir six au grand autel et quatre à l’autel de la Ste Vierge et me chargea de retourner à l’assemblée proposer ce projet, ce ne fut que confusion dans l’assemblée, les uns voulaient qu’on rendit les gros cierges, d’autres qu’on plaça ces dix cierges le long du mur devant l’autel de la Vierge, d’autres n’en voulaient que six au grand autel. Je vins rapporter le résultat à M. Badereau et le priai de s’y transporter lui même. Il voulut bien y condescendre. Il fut plus d’une demi heure à réussir, enfin il me chargea de rédiger l’assemblée et l’approuva. Il eut la complaisance de les exhorter à la paix et dit que s’il arrivait quelques contestations dans la suite, que je pouvais lui en écrire et qu’il obtiendrait une sentence du présidial pour exclure des assemblées ceux qui chercheraient à brouiller. Il me chargea d’acheter ces cierges. Ils ont coûté 80 livres. Je proposai à l’assemblée d’acheter un encensoir d’argent et que je remettrais mes honoraires de l’acquit des messes de la confrérie. On le refusa. Ces cierges ont été allumés pour la première fois le jour de la fête Dieu.
J’ai fait placer cette année deux poutres à l’écurie, elles sont sorties d’un seul arbre qui avait plus de cinquante pieds de haut. J’ai fait refaire et réparer les murs de la cour et murs de clôture du jardin pour la plus grande partie.
Le 4 août, le moulin que Gabriel Caillé a fait bâtir aux Giraudelles ayant été rétabli il a fait farine.
Le 16 août la chapelle de St Lazare fut bénite par M.Charles Hallouin, titulaire de ce bénéfice et doyen du chapitre collégial de Clisson.
Copie d’une déclaration de François Bousseau pour défrichements sur la terre de la Hinoire.
"Le 19 mars, devant Nous Nicolas Moricet notaire du Roi et greffier en chef du siège présidial de Nantes, a comparu François Bousseau demeurant à la métairie de la Hinoire paroisse de Cugand, lequel pour satisfaire à la Déclaration du Roi du 6 juin 1768 a déclaré avoir fini de défricher de la semaine dernière une pièce de terre cy-devant inculte de mémoire d’hommes, appelée la pièce de Landes, contenant trente-huit boisselées sur les dépendances de sa susdite métairie en la même paroisse, bornée d’un côté René Bousseau, d’autre coté des deux bouts autres pièces de la dite métairie, de tout quoi il a requis acte et expédition en forme et a signé le registre et est signé François Bousseau."
Le 21 juillet, le pape supprime la Société de Jésus par une Bulle qui est à la fin du registre. Pour parler avec équité de cette Société il faut, dit M. De Caraccioli dans sa vie de Clément XIV, ni adopter le langage de ceux qui les préconisent trop, ni l’opinion de ceux qui les ont supposés comme des hommes dangereux, on leur reprocherait moins de tout, s’ils avaient eu moins de talents et s’ils eussent occupé des postes moins brillants.
Année 1774
Le blé-seigle a communément valu trente sols le boisseau, mesure de Clisson, et le froment trente-huit. J’ai quarante-deux barriques de vin.
J’ai fait réparer le reste des murs du jardin et relever de fond en comble le mur de l’hangar qui est au bout du jardin.
J’ai enfin obtenu du Général une chape neuve, d’une étoffe brochée nommée Dauphine, et les orfroyes d’une étoffe à fleurs or gros détour broché avec galons et frange or. L’étoffe nommée Dauphine était de rencontre, et a coûté 34 livres, et le gros détours qui était de deux aunes à coûté vingt-cinq livres l’aune, ce qui fait cinquante livres, huit onces de galons or à neuf livres, et quatre onces frange or à dix livres dix sols, deux agrafes d’argent huit livres ; en tout, y comprises les fournitures, deux cent quatre livres. J’ai fait teindre en noir la vieille chape. Il en a coûté quatre livres pour la teindre à Rennes. J’ai aussi obtenu du Général un encensoir d’argent qui a coûté trois cent cinquante-trois livres.
Le 17 janvier 1774, le pape annonça au sacré collège que les maisons de Bourbon faisaient au St Siege la restitution d’Avignon et du comté Venaissin, de Brenevent et Monte Corvo dont ils s’étaient emparés pendant les troubles du dernier pontificat.
Le 22 septembre le pape meurt d’une maladie inconnue qui lui a desséché les intestins et gangrené le bas ventre. Il avait donné et fait publier le jour de l’ascension une Bulle pour le jubilé de l’année sainte dont l’ouverture se fit à Rome la veille de Noël, mais les portes saintes ne furent ouvertes que par son successeur Pie VI qui fut élu le 15 février 1775.
Année 1775
Le 1er avril mourut Mgnr Pierre Mauclerd de la Muzanchère, évêque de Nantes. Il a fait la dédicace de l’église nouvellement bâtie de St Martin de Chantenay près Nantes, a présidé deux fois aux états tenus à Nantes, il a été très zélé pour le maintien de la foi, de la discipline ecclésiastique, pour les pauvres qu’il a soulagé abondamment et leur a légué ses meubles. Mandement à la fin du registre. Le 9 avril Mgnr Jean Augustin de Frétat de Sarra a été nommé par le Roi, il avait été grand vicaire du Puy en Velay sous Mgnr de Pompignan qui a été depuis archevêque de Vienne. Il est né au château de Sarra, diocèse de Clermont en Auvergne. Il fut nommé en 1773 à l’évêché de Tréguier en Bretagne, qu’il n’accepta qu’après en avoir été pressé par M. de Pompignan, qui lui fit connaître que n’ayant eu aucune part à sa nomination, il devait la regarder comme un ordre de la providence. Il l’accepta. Quand il a été nommé à l’évêché de Nantes, son clergé, sa noblesse, ses diocésains se sont jetés à ses pieds pour le prier de ne les pas abandonner. Le chapitre de Nantes, les différents corps, lui ont écrit pour lui marquer le désir qu’ils avaient de posséder un si digne pasteur. Il a répondu au chapitre de Nantes qu’il avait envoyé ses remerciements au Roi et qu’il n’accepterait pas. M de la Roche Aimon grand aumônier de France, archevêque de Rheims chargé de la feuille des bénéfices, l’a engagé à accepter de la part du Roi, ce qu’il a fait, il a assisté au sacre de Louis XVI à Rheims le 11 juin, a pris possession par procureur, le 30 octobre, et venu le 10 novembre. Voyez la fin des registres suivants ;il était de St Flour en Auvergne.
Défrichements : le 14 octobre, François Caillé a déclaré au Greffe du présidial de Nantes qu’il se proposait de défricher sur le tènement du Port deux pièces de terres en landes nommées les Landes et Basses Landes contenant environ vingt boisselées joignant d’un côté le dit Caillé, d’autre Vve Pichon, d’un bout terre de la métairie de la Hinoire, d’autre bout Vve Fonteneau, plus une autre pièce située sur le dit lieu, nommé le Pâtis Serman, contenant dix boisselées bornée d’un côté la métairie du Port, d’autre coté chemin de servitude, des deux bouts la Vve Fonteneau.
Le 1er avril, le Sr Pierre Marie Dardel, avoué de Clisson, faisant pour Pierre Guérin, laboureur demeurant à la métairie de l’Aubraye, a déclaré au Greffe du présidial de Nantes que le dit Guérin, en qualité de fermier de la dite métairie dont est propriétaire dame Sébastienne de Malsalve, épouse du Sieur Claude Antoine Pralon avocat, vient de défricher au mois de février dernier sur la dite métairie un champ contenant quinze boisselées borné d’un côté le chemin qui va de la ville de Clisson à la Bruffière, d’autre côté landes dépendantes de la dite métairie, haye entre deux d’un bout terre du village de Port, d’autre bout autre terre de l’Aubraye.
L’assemblée du clergé de France a donné un avertissement contre l’incrédulité et qui est ouvrage de M de Pompignan archevêque de Vienne, il est à la fin du registre.
Le blé-seigle a valu depuis 25 sols jusqu’à 30, le froment depuis 34 jusqu’à 39 sols le boisseau, mesure de Clisson. 22 barriques de vin.
La Forge : au mois d’avril le Sr Jean Frerot a entrepris une forge à fer. Il a arrenté du Sr Claude Belorde de la Grenotière la chaussée et rochers qui en dépendent pour 42 boisseaux de blé-seigle, mesure de Clisson, et pour dédommager le dit Sr Frerot des frais immenses de cette entreprise, le Sr Belorde consent qu’il n’en payera pas la rente dans les dix premières années. Le Sr Frerot a commencé par faire nettoyer la chaussée et creuser les fondations des moulins. Cette chaussée est celle qui est au dessous du village de Fouques.
Le P. Laurent Ricci, général des jésuites, renfermé au château St Ange à Rome, fit un acte de protestation avant sa mort arrivée le 24 novembre, par laquelle il déclare et proteste. 1° que la compagnie de Jésus actuellement éteinte n’a donné aucun sujet à sa suppression et il le déclare avec toute la certitude que peut moralement avoir un supérieur bien informé de ce qui se passe dans sa religion. 2° qu’il n’a pas donné lui-même la moindre occasion à son emprisonnement.
Année 1776
Le blé seigle a valu à la récolte trente sols le boisseau, mesure de Clisson, et a diminué depuis jusqu’à 26 sols, le froment a valu 36 sols par proportion. Il y a eu 13 barriques de vin.
Le Sr Belorde originaire de cette paroisse et député du clergé à la chambre ecclésiastique s’étant démis par résignation de sa cure d’Aigrefeuille se trouva perdre sa députation à la chambre, en conséquence de ce qui avait été arrêté dans les précédentes calendes ou assemblées des curés en 1765. Mgnr l’évêque de Nantes écrivit une lettre circulaire aux recteurs de ce climat, ou canton, pour convoquer les calendes à Clisson. La lettre est du 10 avril et la convocation fut au deuxième mai. Le Seigneur évêque honora l’assemblée de sa présence, il logea à la cure de la Trinité de Clisson, presque tous les recteurs du climat allèrent processionnellement chercher l’évêque à la cure de la Trinité tous vêtus de surplis et étoles et l’évêque, vêtu de son rochet camail et étole. Il entonna le Veni Creator et on vint processionnellement à l’église collégiale de N.-Dame où l’évêque célébra la messe, y fit un petit discours analogue à la cérémonie, recueillit les voix et ce fut le Sieur Richard Duplessis, recteur de Haute-Goulaine originaire de Nantes qui fut élu. Après l’élection l’Evêque entonna le Te Deum et on le conduisit processionnellement au château où on dîna. La lettre circulaire est à la fin du registre.
(en marge : Calendes, ce mot tire son origine du verbe grec κάλαν qui signifie assembler ; les Romains assemblaient le peuple au Capitole les premiers jours de chaque mois pour déclarer au peuple ce qu’il y avait à observer dans le mois et c’est de là que le premier jour de chaque mois est appelé les Calendes ou jour d’assemblées. C’est de là qu’est formé le mot calendrier.)
Visite : le 6 mai, Monseigneur l’évêque de Nantes donna un mandement pour annoncer la visite de son diocèse, en commençant par ce canton. Il y mit à la fin l’ordre des visites en commençant le 7 juin par Vertou où il coucha, et le 8 visita Vertou, le 10 mai il écrivit à tous les recteurs dont ils visiterait les paroisses une lettre circulaire pour les engager à éviter toute dépense extraordinaire, toute compagnie nombreuse, il y rappelait les motifs, les conciles. Il était convaincu disait-il que ces motifs feraient sur nous impression et souhaitait qu’on le reçut plutôt comme serviteur et ami que comme évêque. Sa lettre et son mandement sont à la fin du registre et prouvent la bonté de son cœur, sa modestie, son zèle pour la discipline ecclésiastique ; il a fait toutes ses visites à pied, accompagné de Mr l’abbé de Hercé, son grand vicaire, d’un secrétaire, de deux laquais, d’un palefrenier qui conduisait deux chevaux un de selle et un de charge, il a visité en personne toutes les églises sans convoquer. Il se rendit à Cugand le 25 juin et y coucha. Il venait de Gétigné. La paroisse de Cugand n’avait pas eu le bonheur de voir l’évêque depuis le 10 septembre 1699, où Gilles de Beauveau fit sa visite, et reçut les comptes de la confrérie de la Conception. Le Seigneur évêque en arrivant examina l’église, la sacristie, les ornements. Le lendemain 26 commença la visite dans l’ordre que j’ai marqué à la fin du Brevet de visite présenté à Monseigneur, dont j’ai retenu copie, et qui se trouve aux archives de la cure dans la liasse B. Il alla coucher à la Bernardière, il a mis son vu sur le registre. Son ordonnance de visite est aux archives de la cure avec le brevet.
Communauté St Clément. Le 1er août le Sr Bodiguel, recteur de la Chapelle-sur-Erdre se transporta à Cugand pour engager les recteurs et autres ecclésiastiques à adhérer à une requête qu’il devait présenter à Monseigneur l’évêque de Nantes pour réclamer la communauté de St Clément ; il communiqua les pièces au soutien mais comme on ne put y voir la fondation de cette maison ni le droit du clergé qui prouva qu’elle lui appartenait, aucun des ecclésiastiques qui se trouvaient pour célébrer le fête de Notre Saint patron ne fut d’avis d’y adhérer. Nous pouvions être environ 25. Je fus fort surpris de recevoir par la poste quelques jours après une lettre totalement imprimée jusqu’à la signature du Sr Bodiguel au nom, disait-il, de plus de (illisible) recteurs, par laquelle il annonçait que la requête (illisible) pouvait en prendre lecture chez le Sr Vatur imprimeur. Cette lettre prescrivait un (illisible) d’adhésion. Cette lettre qui a fait impression dans quelques cantons du Diocèse n’en n’a fait aucune dans celui-ci à l’exception de trois jeunes recteurs qui ont adhéré. J’ai cru devoir donner l’histoire abrégée de cette communauté de St Clément pour en marquer l’issue dans son temps.
(suivent 6 pages sur l’histoire de la communauté)
Défrichements : le 3 août fut déposée au greffe du présidial de Nantes la publication de la déclaration du Roi du 6 juin 1768, au sujet des défrichements, et lettres patentes de 1769 en explication de la déclaration. Le certificat est attaché à la fin du registre. Le 28 septembre le Sr Prévost a déclaré qu’il a fait défricher une pièce de terre nommé le Pâtis à la Haute-Palaire contenant dix boisselées, plus deux petites pièces appelées les Noues contenant 12 boisselées, bornées d’un bout à chemin, d’autre bout terre de la Grange, d’un côté terre de la Basse-Palaire, d’autre côté terre de la Haute. 2 boisselées dans le milieu des pâtis de la Basse-Palaire ; affiché le 10 novembre par Monnier Huissier Royal.
Le 22 novembre dans une assemblée capitulaire, il fut représenté par Louis Foulonneau l’un des témoins synodaux à la visite qu’il avait demandé à M l’abbé de Hercé grand vicaire qui accompagnait M. l’évêque de Nantes, la permission de continuer à faire la quête dans l’église pour les messes à l’autel de St Sebastien, sur ce le Général pria le recteur de continuer cette messe. Il répondit qu’en entrant dans cette paroisse il avait vu qu’on faisait une quête tous les premiers dimanches du mois dans l’église pour chanter des messes à l’autel de St Sébastien. 2° qu’à l’ouverture du tronc on acquittait ces messes. 3° que dans des temps où l’on craignait des maladies épidémiques quelques particuliers faisaient chanter des messes à cet autel et demandaient une procession autour du cimetière. 4° que pour assurer davantage l’acquit de ces messes et pour reprendre la pratique de ces processions particulières... (illisible) plus convenable de fixer aux .... mois la célébration de ces messes à l’autel de St Sébastien avec une procession qu’il faisait gratis. 5° que quelques uns y ayant trouvé à redire il avait interrompu le tout, le grand vicaire lui avait dit qu’il remettrait ceci avec prudence. 7° que le dit recteur acquittait de plus lorsque la quête produisait plus de 12 livres une messe chantée le jour de St Sébastien, une le jour de St Clair y ayant un tableau de ce St à l’autel de StSebastien, une le lundi de la Pentecôte au lieu et place de la procession qu’on faisait anciennement à l’église de St Sébastien près Nantes, et dans d’autres circonstances lorqu’il se trouvait de l’argent suffisamment. 8° qu’il voulait bien condescendre à la piété de ses paroissiens dans une Dévotion qu’il avait lui-même mis dans un meilleur ordre, mais qu’il requerrait que le tout fut inscrit sur les registres des délibérations et signé des notables. Ce qui fut fait et signé par Jean Perraud, François Bousseau, René Baudry, Pierre Nerriere, Pierre Perraud, Mathurin Coudrin, Mathurin Mouillé, Julien Thibaud, Jean Pavageau, Pierre Baudry, Louis Foulonneau, Pierre Pineau présents et consentants, Joseph Pabœuf, René Rafflegeau, François Ouvrard et Jacques Jouineau qui ne savent signer. V. la fin du registre des morts de 1650.
Forges : les forges à fer de la chaussée de Fouques ont été allumées le 5 octobre, et on y fait des barres de fer. On y a aussi bâti un fourneau à réverbère pour préparer de petites barres de fer pour passer à des cylindres et ensuite à des filières pour travailler des fils de fer, ce qu’on appelle tréfilerie et on a commencé à faire ces fils de fer le 1er février 1777. On y a aussi fait un tour à tourner le fer.
Année 1777
Le Blé a valu 24 sols à la métive et a diminué jusqu’à 21 et a commencé à augmenter vers la mi-février 1778 où il valait vingt-deux sols 6 deniers le boisseau, mesure de Clisson, le froment a valu 36 sols vers la récolte et a augmenté jusqu’à 39 sols le boisseau. 6 barriques de vin.
Mgr l’évêque de Nantes a envoyé une lettre et circulaire aux recteurs de ce canton pour convoquer l’assemblée des calendes, il s’agissait d’élire un député à la chambre ecclésiastique dans la place de M.Guillon recteur de la Renaudière décédé, on s’assembla le 12 mai, jour fixé, dans l’église de la Trinité où M. l’abbé de Hercé, grand vicaire de Monseigneur, s’était rendu sans cérémonie. Mgnr en fit autant à Ancenis où il était allé tenir les calendes ; on se revêtit de surplis et d’étole. M de Hercé y dit la messe du St Esprit. L’élection se fit par scrutin. Mr Etienne Fonteneau, recteur de Tilliers, fut élu et eut les deux tiers des voix. On entonna le Te deum et on vint processionnellement à l’église des Cordeliers où on chanta le Regina Cæli, l’oraison de la vierge, le Benidicamus Domino et on dîna au réfectoire des RRPP.
M. le Comte d’ Artois frère du Roi fit son entrée à Nantes le 23 mai et logea au château. Tous les corps le complimentèrent et voici la réponse qu’il fit au recteur de l’université : "Je reçois avec plaisir les hommages que me rend l’Université, elle peut compter sur ma protection."
La Chapelle de Bonsecours de Nantes a été démolie en octobre 1776. On y a trouvé les inscriptions dont copie est à la fin du registre. Les premières pierres ont été posées par Monseigneur l’évêque, Mr de la Tullaye fondateur et Dame Vve Douairière de la Tullaye le 28 janvier.
Défrichement : Jean Baudry , René Rafflegeau, François Coudrin, Pierre Richard, Pierre Dobigeon et Louis Ouvrard ont déclaré un canton en lande et inculte contenant 38 boisselées ou environ situé sur le tènement de la Palaire, borné d’un coté ruisseau, d’autre coté terre de la commanderie,d’un bout le nommé Chateigner, d’autre bout terres de la Basse-Palaire. Du 24 octobre, quoiqu’il ne soit pas marqué dans l’affiche qui a été faite à la porte de l’église que Jean Lévêque ait déclaré cependant son nom se trouve dans le délivré de père huissier et dans celui du greffier du présidial avec le nom de François Brochard, qui prétend avoir déclaré tant en son nom que au nom de Rineau de la Brandière de Gétigné, mais cela n’est point marqué dans les délivrés.
Année 1778
Le blé seigle a valu vingt sols à la métive et a diminué jusqu’à 18 le boisseau mesure de Clisson , le froment 31 sols a diminué jusqu’à 29 sols .Il y a eu 30 barriques de vin.
Défrichement : Le 4 Avril 1778, la Vve Jean Fonteneau, du Port, a fait déclarer au greffe du présidial qu’elle avait fait défricher une pièce de terre nommée les Hautes Landes, situées sur la tenure du Port, contenant 33 boisselées et demie, bornée d’un coté les pièces de l’Aubrais, d’autre coté et d’un bout la dite métairie du Port, d’autre bout chemin Gaudon.
(suivent 2 pages sur la communauté St Clément de Nantes)
Université de Nantes. M. l'évêque de Nantes étant aux états de Rennes eut connaissance que M. de Caradeuc de la Chalottais, procureur général au parlement de Bretagne dont M. le Garde des Sceaux avait demandé l’avis sur la confirmation des privilèges de l’université de Nantes, avait déclaré qu’il avait opiné à la translation de l’université à Rennes. M l’évêque de Nantes comme chancelier de l’Université lui en donna avis. L’université présenta un mémoire à M. le Garde des Sceaux et à MM. du Conseil du Roi, contenant les motifs pour obtenir la confirmation de ses privilèges et les moyens qu’elle opposait au projet de la translation à Rennes. Elle y disait que l’Université de Nantes par la Bulle de Pie II du 4 avril 1460, et par les lettres de François II, Duc de Bretagne, du 22 avril 1461, avec tous les privilèges, droits et prérogatives des universités de Paris, Boulogne, Avignon, Vienne et Angers. M. le Garde des Sceaux a répondu à M. Bonami, médecin recteur de l’Université, qu’elle n’avait rien à craindre.
Année 1779
Le blé a valu 19 sols le boisseau mesure de Clisson à la métive, et a diminué jusqu’à 17 sols, le froment 25 sols à la moisson, et a augmenté jusqu’à 30 sols, il y a eu à la cure 81 barriques de vin.
Ornements : on a acheté un chasuble de gros détours broché avec des dalmatiques pareils, avec des petits galons d’or brodés en paillette d’or.
J’ai fait bâtir un petit caveau derrière la sacristie.
Petite vérole : il est péri environ la septième partie des enfants qui ont été attaqués de la petite vérole depuis le mois d’août 1778 jusqu’au même mois de cette année. Ceux qu’on avait préparé en leur ôtant la viande et le vin, en les nourrissant de laitage, de légumes et de fruits l’ont eu plus bénigne, et ceux qu’on a baigné une huitaine de jours ont éprouvé une éruption plus facile. A cette maladie a succédé la dysenterie qui n’a pas été si meurtrière en cette paroisse qu’en plusieurs autres. Il n’en est mort ici que cinq personnes.
(Le recteur Dechaille a fait mettre en marge des actes de sépultures des enfants morts de la petite vérole un numéro, on recense donc ainsi 23 décès dus à cette maladie)
Année 1780
Rien. Les dernières pages de décembre sont très abîmées, peut être que les observations étaient totalement déchirées.
Année 1781
Il y eut 54 enfants nés dont 29 garçons et 25 filles, 20 mariages, 80 morts dont 44 grands et 36 petits ; il en est mort 41 depuis le mois de septembre dont 14 de la dysenterie, il y avait eu plus de 80 d’attaqués de cette cruelle maladie et il n’y avait pas eu de si grande mortalité depuis 1739 où cette épidémie fut très cruelle, il y avait eu depuis le mois de septembre jusqu’à la fin de décembre 80 morts.
La deuxième cloche a été bénite. Voyez au 9 décembre. (à cette date : Le dimanche neuvième jour de décembre 1781, a été bénite la petite cloche ; elle pèse 351 livres et ses couettes ou crapaudines 7 livres et demie, a trente sols font cinq cent vingt-six livres quinze sols ; sur quoi la vieille qui pesait deux cent quatre-vingt livres a été reprise par le fondeur sur le pied de vingt sols la livre ; restent deux cent quarante-six livres dix sols ; le Sr Bazin qui l'a fondue à Nantes, a ajouté à la matière de la vieille cloche soixante et onze livres de métal à trente sols, ainsi la vieille matière a été fondue à dix sols la livre ; le mouton, ferrure et battant quatre vingt-six livres. L’inscription est "J’ai été bénite par Mr Jacques Dechaille recteur de cette paroisse, fabriqueurs Esprit Brochard et Nicolas Thibaud". Elle n’a point eu de parrain et a été nommée Marie de la Conception.
Le blé a valu depuis 25 sols jusqu’à 30, et le froment depuis 32 jusqu’à 40, il y a à la cure 87 barriques de vin.
Il y a eu une visite de Monseigneur l’évêque de Nantes le 9 juillet, son mandement pour l’annoncer était daté du 6 mai, l’ordre de la visite a été de commencer par Bouaye le 15 juin, par Machecoul, Vieillevigne jusqu’à Boussay, revenir par Cugand et s’en retourner par St-Lumine.
Année 1782
Cette année eut été très abondante sans les pluies qui sont survenues dans le temps de la récolte, on a commencé à métiver le 20 juillet mais la pluie continuant toujours on était obligé de lever presqu’aussitôt qu’on pouvait couper. Ce fut vers le commencement de mai que la pluie devint si continuelle, dès le 24 mai le Seigneur évêque donna un mandement pour des prières publiques, il arriva ce qui s’était vu en 1768, le blé germait sur bout et des gerbes couchées germèrent tellement qu’on avait peine à les arracher tant elles étaient prises à la terre. Les métayers n’amenaient plus les dixmes depuis quelques années parce que je m’étais aperçu qu’ils n’avoient plus le même soin des gerbes ; quelques uns ne se contentaient pas des avantages que je leur faisais en leur laissant les pailles des gros grains et les navets ; il y eut même quelques discours répandus dans la paroisse que bientôt ils refuseraient de payer en gerbes les gros grains regardant comme une coutume de les battre chez eux et de payer au boisseau, souvent même on ne se souvenait plus dans leurs maisons le nombre des boisseaux qu’ils avaient eus ; le même bruit se répandit à l’occasion de la dixme des navets ; ce qui pouvait avoir donné occasion à tous ces bruits est que les paroissiens de Tillers refusèrent de payer en gerbes les gros grains et le recteur perdit son procès au présidial d’Anjou. Pour éviter donc toutes ces tracasseries, je pris le parti de recueillir tout sur le champ. Malgré la circonstance d’être obligé de faire amasser par des dixmiers à la journée, j’ai eu le bonheur d’être si bien servi que j’en ai pas perdu la valeur de deux ou trois gerbes, tandis que dans les paroisses voisines il y a eu jusqu’à cinq et six cent gerbes totalement perdues, tant à La Bruffière dont le curé mourut le 9 juillet, qu’en celle de Gétigné. Je ne fis point de gerbiers dehors, je serrai partout où je pus et dès que la pluie cessait j’étendais les gerbes sur des draps dans mon jardin et je n’en serrai pas une à demeure qu’elle ne fut bien sèche, je déliai toutes celles qui en avoient besoin de sorte que tous les jours mon jardin en était plein. Je fis la même chose pour mon grain battu, je l’exposai à l’air dans ma salle ou dans le jardin quand il faisait quelques rayons de soleil, et par ces précautions je fus moins maltraité que bien d’autres. Le 6 août il fit un assez beau jour ; j’en profitai pour faire couper ma pièce Haute du Chêne qui était en froment, je la fis lever dans le jour et ceux qui tardèrent eurent le tiers ou même moitié perte. Le 18 août Monseigneur notre évêque donna un mandement pour des prières publiques, on ne put commencer à battre à la cure que le 27 août et on reprit le 30, qu’on continua jusqu’au 13 septembre, on cessa encore et on ne finissait que le 28 septembre ; mon blé se trouva néanmoins de la meilleure qualité qu’il y eut aux environs. Je le vendis trente-quatre sols le boisseau de seigle et il a continué son prix toute l’année suivant la qualité. Le raisin n’a pas pu mûrir comme il faut, il vint des gelées vers la mi-octobre qui firent hâter les vendanges, le vin s’est trouvé extrêmement vert sans qu’on ait pu en tirer de l’eau de vie, même à la troisième chaude, j’en ai eu 20 barriques. Malgré toutes ces pluies il n’y a pas eu de crue en rivière. Le froment a valu 40 sols et le seigle 32 et 34.
Le 23 novembre le Sr Frerot, maître et directeur de la forge de Cugand, l’a vendue à écuyer René Julien d’Acosta, négociant à Nantes, pour la somme de soixante mille livres, savoir les fonds cinquante mille livres et les ustensiles dix mille livres.
Année 1783
Cette année a été médiocre en grains ; le seigle a valu à la métive 36 sols le boisseau mesure de Clisson, et a diminué à la Toussaint jusqu’à Noël où il ne valu que 31 à 32 sols ; le froment de 42 sols à 40. Le 9 mai il fit une gelée si considérable que nos vignes gelèrent depuis Vallet, Mouzillon, Clisson, jusqu’au Poitou presque généralement. Monnières ne gela pas beaucoup depuis les vignes situées au delà des murs du château de la Galissonniere. Pour Cugand elles gelèrent entièrement, on n’en eut point dans les vignes au temps des vendanges ; il n’y restait rien.
Le droit d’étole : sur la fin de l’épiscopat de Monseigneur de Sanzay il s’éleva une contestation entre les chanoines de la cathédrale et les curés du diocèse. Le Chapitre fit faire sommation aux recteurs de la ville de ne pas paraître dans les processions générales avec l’étole, ni même à l’église de St Pierre, ni en aucune circonstance où le chapitre en corps se trouverait comme au Te Deum. Le procès n’a fini qu’en 1763 par un arrêt du parlement en faveur des chanoines ; les curés se retirèrent des processions, ne parurent plus à aucune cérémonie générale. Les choses en sont restées là jusqu’au mois de juin dernier où Monseigneur de Sarra engagea le chapitre a se désister de cet arrêt ; le 8 juin le chapitre dans sa délibération se désista au profit de cet arrêt et voulut que les recteurs de la campagne pussent jouir du même avantage ; cette clause déplut fort aux curés de la ville et sollicitèrent le seigneur Evêque de faire une ordonnance pour que les curés de la ville eussent le pas sur ceux de la campagne. Monseigneur pour le bien de la paix fit une ordonnance adressée aux seuls recteurs de la ville, on n’en imprima que le nombre suffisant pour eux et on l’intitula comme il s’ensuit :
Ordonnance de Mgnr l’évêque de Nantes concernant les processions générales dans la dite ville . Jean Augustin Frétat de Sarra aux recteurs et ecclésiastiques des paroisses de la ville de Nantes.
Constamment animés du désir de maintenir dans toute sa pureté et dans toute sa vigueur la discipline ecclésiastique dans notre diocèse et d’y faire observer toutes les règles que nous y avons trouvées établies, nous ne pouvons vous dissimuler plus longtemps N.T.C.F la peine que nous ressentons de plus en plus de voir les processions qui se font dans cette ville quasi abandonnées par le clergé des paroisses au grand préjudice de l’édification publique et de la loi expresse consignée dans nos statuts synodaux ; nous présumons assez bien de votre piété et de votre docilité pour nous flatter qu’il suffira de remettre sous vos yeux les ordonnances de nos prédécesseurs et de les confirmer en tant que besoin de notre autorité pour vous engager à vous y conformer exactement. Conséquemment
article I
Nous enjoignons à tous les ecclésiastiques des paroisses de la ville de Nantes d’assister à l’avenir fidèlement aux processions générales tant des premiers dimanches des mois qu’à toutes autres qui ont lieu et peuvent avoir lieu dans le cour de l’année conformément aux statuts synodaux chap. 2, article 1 ; et nous les exhortons à y assister avec cette décence, ce recueillement cette piété qui conviennent si fort à ces saints exercices.
article II
Nous exhortons messieurs les recteurs de la dite ville avec d’autant plus de plaisir et de confiance à assister eux-mêmes aux dites processions lorsque l’exercice de leur ministère pourra le leur permettre, que le vénérable chapitre de notre église cathédrale, par sa délibération du 8 du mois présent, dont copie nous a été délivrée, s’étant désisté avec un désintéressement que nous ne saurions trop louer au profit de l’arrêt du 17 août 1763 qui interdisait aux dits recteurs l’usage de l’étole, ils pourront y paraître à l’avenir sans craindre d’aucun trouble avec cet ornement devenu comme la marque distinctive de leur ministère pastoral et par leur présence contribuer à la solennité des dites processions et à y maintenir le bon ordre dans le clergé de leurs paroisses respectives.
article III
Nous recommandons très expressément aux dits sieurs recteurs de veiller et de tenir la main à l’exécution du premier article de notre présente ordonnance, d’obliger tous les ecclésiastiques de leurs paroisses respectives sans exception qui ne se trouveront pas empêchés par des fonctions nécessaires et indispensables, de se trouver exactement à toutes les processions générales, pour quelques causes qu’elles puissent avoir lieu et de nous donner avis de la négligence qui pourrait s’introduire à cet égard parmi eux afin que nous puissions prendre des mesures convenables pour les ramener à la pratique de ce devoir.
article IV
Dans le cas que messieurs les recteurs de la campagne qui pourront aussi porter l’étole dans l’église cathédrale conformément à la délibération cy-dessus mentionnée, seraient convoqués dans la dite église, pour quelque cérémonie que ce puisse être, messieurs les recteurs de la ville, les seuls convoqués de droit ordinaire, et selon l’usage généralement établi, auront la préséance sur les premiers et il ne pourra y avoir à ce sujet ni difficulté ni contestation.
Et copie présente et ordonnance sera expédiée à chacun des recteurs de la ville pour être par eux lue et communiquée à leurs clergés respectifs afin qu’aucun d’eux n’en puisse prétendre cause d’ignorance.
Donné à Nantes en notre palais épiscopal sous notre seing, le contre-seing de notre secrétaire et le sceau de nos armes, ce 11 juin 1783.
A la procession de la fête Dieu suivante qui arriva le 18 juin les recteurs de la ville y assistèrent avec leur étole, il ne s’y trouva pas de recteurs de la campagne.
Le 20 septembre mourut Monseigneur Jean-Augustin de Frétat de Sarra, évêque de Nantes, le chapitre de la cathédrale dans son mandement pour l’administration du diocèse s’exprime ainsi.
"Nous ne savons N.T.C.F quelles expressions donner à notre douleur en vous apprenant la mort de ( ? ). La maladie qui l’avait forcé d’interrompre le cours de ses visites bien loin de nous préparer à une perte aussi sensible semblait au contraire nous faire espérer que nous aurions bientôt le bonheur de le revoir au milieu de nous. Hier nous étions tranquilles sur son sort et le notre, aujourd’hui nos oreilles ont été frappées tout à coup du bruit de sa mort et la consternation s’est répandue avec tout l’effroi d’une calamité publique. Le premier diocèse où il avait fait éclater ses vertus nous enviait le bonheur de le posséder. Nous avons eu plusieurs fois occasion de craindre que la réputation dont il jouissait dans toute la France ne le fit appeler au gouvernement d’une église plus importante. Nous avions lieu de nous glorifier jusque dans nos inquiétudes. Il fit son unique occupation de connaître le diocèse, d’y retracer les vertus des premiers Apôtres de l’Evangile. Sa modestie et sa simplicité écartèrent l’éclat imposant de la grandeur.
Son zèle lui fit parcourir toutes les églises de son diocèse pour y entretenir la discipline ecclésiastique, réformer les abus, confirmer les fidèles dans la foi et leur annoncer les vérités éternelles qu’il méditait tous les jours. Sa charité et sa bienfaisance rependirent sur toutes les classes des citoyens, des consolations dans leurs peines, des secours abondants dans leur indigence, des soulagements dans leurs besoins. Il eut toujours une tendresse particulière pour les pauvres. Il ne cessa de les regarder comme des enfants qu’il était chargé de nourrir ; ses aumônes vous sont connues depuis longtemps."
Cet éloge n’est point exagéré, on le verra par les détails suivants, voyez les registres de 1775, 1776 et 1781, il présida lui-même aux calendes de Clisson et c’est là où ce canton a eu le bonheur de le connaître plus particulièrement ; c’est aussi celui qu’il commença à visiter dès sa première année. Il continua ses visites tous les ans dans les différents cantons, et on peut dire qu’il est mort dans l’exercice même de cette pénible fonction. Il faisait régulièrement ses visites à pied d’une paroisse à l’autre, il y disait toujours la Ste messe, y donnait ensuite la confirmation, et ne mangeait qu’au dîner. Quoiqu’il eût toujours prêché lui-même, il me demanda dans sa visite de 1776 qu’elle était la foi de mes paroissiens, je pensais que cette demande était occasionnée par l’exil de mon prédécesseur à cause de son opposition à la constitution Unigenitus. Je lui répondis que leur foi était saine et orthodoxe, en effet mon prédécesseur ayant été exilé vingt ans, ce qui avoient pu entrer de ses sentiments étaient morts, et lorsque je suis entré dans cette paroisse, j’ai eu la consolation de ne trouver aucune personne attachée à ces dogmes pervers. Sa dernière visite fut au mois de septembre dans le canton de Savenay, il eut à Prinquiau un accès de fièvre qui se déclara quarte d’abord et devint double tierce ou quotidienne. Les médecins n’ont point connu la cause de sa mort, qui fut vraiment subite quoiqu’il ait été plusieurs jours malade : il est exactement vrai qu’on fut extrêmement frappé de cette mort tant dans la ville que dans les campagnes. Il fut question de lui à la mort de M de Beaumont archevêque de Paris pour le remplacer ; il était affable aux petits comme aux grands, voici un extrait de sa charité et de sa bienveillance connu de la ville de Nantes. Un seigneur des plus qualifiés et occupant une des premières places de la ville acheta sous le fief des Reguires et devait pour six mille livres de lots et ventes, il vint demander au seigneur évêque une diminution, celui-ci lui représenta qu’un seigneur riche comme il l’était n’était pas dans le cas de priver les pauvres de ces sortes d’aumônes puisqu’il n’ignorait pas l’emploi qu’il faisait de ces sortes de carnets, il lui fit néanmoins une diminution de cinq cent livres à condition qu’il fit remettre les 5500 livres dans une maison d’un gentilhomme qui en avait absolument besoin, ce seigneur riche plein d’admiration du désintéressement et de la charité du prélat fit remettre les 6000 livres au gentilhomme. Dans ses visites il donnait d’abondantes aumônes, il diminua les droits du secrétariat considérablement en faisant une pression à son secrétaire, et il marquait dans les dispenses de parenté que les parties eussent à payer les aumônes fixées dans la dispense aux recteurs des paroisses pour être distribuées sur le champ aux pauvres des paroisses, il disait qu’il était plus naturel que ces aumônes fussent employées à soulager les pauvres du lieu que ceux mêmes des hôpitaux. A sa mort on trouva dans son cabinet l’état de ses aumônes annuelles qui se montait à soixante mille livres, il donnait chaque année deux mille quelques cent livres au séminaire pour payer des places à de pauvres sujets qui se disposaient aux Saints ordres. Il faisait des pensions à des pauvres ecclésiastiques où leur donnait des marques de sa bienfaisance, il a donné des sommes pour le nouvel établissement des enfants trouvés, il a établi l’hôpital des incurables, en a acheté tout ce qui était nécessaire pour en faire un établissement solide. Il a eu part à tout ce qui s’est fait de bonnes oeuvres de piété, il a donné un soleil très beau à sa cathédrale et qui a coûté 6000 livres, il était très simplement vêtu, n’avait qu’une douzaine de chemises et son maître d’hôtel lui ayant représenté qu’elles étaient fort usées il lui permit d’en acheter six, celui-ci en acheta douze et fut blâmé. A peine les a-t-il portées, sa garde robe n’a été estimée à son inventaire que soixante et quelques livres. Il s’était démis des abbayes de Bonnefontaine et Ferrières. Tous les corps de la ville ont assisté à ses obsèques en grand nombre de leurs membres respectifs, les recteurs de la ville y étaient avec leur étole. Il s’y trouva huit recteurs aussi avec l’étole et qui étaient de la campagne.
Année 1784
L’année a été assez bonne en grains, il a valu au temps de la métive trente-cinq sols le boisseau mesure de Clisson et a diminué depuis cette époque jusqu’au mois de mai où il a augmenté. Le froment depuis 40 sols jusqu’à 48 sols à proportion. Il y a eu 39 barriques de vin.
La première quinzaine de janvier a été belle, mais le 18 la neige a commencé à tomber et elle a couvert la terre jusqu’au 20 février. L’église paroissiale de St Saturnin de Nantes a écroulé, il n’est resté que le sanctuaire, cet accident est arrivé le 21 juillet.
Madame de Lestang, propriétaire de la Brangerais, a déclaré au greffe du présidial qu’elle a fait défricher une pièce de terre cy-devant en lande, appellée la pièce des cendres, contenant sept à huit boisselées, bornée de toutes parts de sa métairie de la Brangerais. La déclaration a été affichée le 7 mars.
Année 1785
Rien.
Année 1786
L’année a été assez bonne, le blé seigle a valu de vingt-neuf à trente trois sols le boisseau, les autres grains à proportion. J’ai eu soixante et une barrique de vin, je l’ai vendu sur sa lie de douze à dix-huit livres.
Année 1787
Rien.
Année 1788
24 mai 1788 : Décès de Messire Jacques Dechaille, docteur en Théologie, recteur de cette paroisse, après l’avoir gouvernée l’espace de vingt-huit ans.
Acte de décès de M. Jacques Dechaille, le 24 mai 1788.
Non seulement Jacques Dechaille s’astreignit tout au long de ses années de ministère à Cugand à consigner ses "observations", mais il fut aussi amené à en faire sur les registres paroissiaux des années précédant sa venue, de 1746 à 1759. Ces années correspondaient à la fin du ministère long et perturbé de son prédécesseur, le recteur René Marcoux qui fut exilé de sa paroisse en 1741 pour son adhésion au jansénisme, doctrine condamnée par l’Eglise. Entre cette date et la mort de ce dernier en 1760, la paroisse de Cugand avait été confiée à cinq "vice-gérants" successifs, avant de recevoir enfin un nouveau recteur : Jacques Dechaille.
Avant 1745, ce n’est qu’exceptionnellement que l’on trouve des ajouts dans les registres paroissiaux de Cugand, comme en 1697 où est insérée la copie d'un Edit du Roi concernant les formalités qui doivent être observées dans les mariages, ou en 1667 où une note indique que la paroisse de Cugand existait bien avant le XIIe siècle, ainsi qu’en témoignait un acte de donation écrit en latin et mis en dépôt à la Chambre des Comptes de Nantes, acte par lequel Geoffroy, duc de Bretagne et comte de Nantes, donnait à Geoffroy Patoil, chapelain de Saint-Pierre de Cugand, du diocèse de Nantes, tout le domaine et la juridiction qu'il avait dans le bourg et ses fiefs situés dans la paroisse de Cugand.
Après la mort de Jacques Dechaille, puis après la Révolution, ces "observations" ne furent reprises ni par ses successeurs, ni dans les registres d'état-civil qui succédèrent aux registres paroissiaux.
Les deux "fabriqueurs" et les douze "délibérants" que dans ces registres on voit élus chaque année par le "Général" de la paroisse où chaque foyer avait une voix, furent deux ans plus tard remplacés par un "maire" et un "conseil" élus par ceux des citoyens de la commune payant plus d'impôts que les autres et donc considérés comme devant avoir plus de droits ; peu après le "maire" sera nommé par les pouvoirs en place..
A suivre, la transcription des "observations" concernant les années 1746 à 1759 :
Année 1746
Le 29 mars mourut M. Christophe Turpin de Crissé de Sanzay, évêque de Nantes. Il avait été transféré de l’évéché de Rennes à celui de Nantes au mois d’octobre 1723. C’est lui qui donna son séminaire aux Sulpiciens, il était auparavant gouverné par des prêtres du diocèse qui s’étaient laissé entraîner dans les erreurs du jansénisme, ainsi que les prêtres qui gouvernaient la Communauté de St-Clément. Le chapitre de la cathédrale donna son mandement qu’on trouvera à la fin du registre.
M. Pierre Mauclerc de la Muzanchère, doyen et grand vicaire de Luçon fut nommé le 21 avril et sacré le 9 octobre dans la maison professe des jésuites à Paris.
(copie de la bulle de Benoît XIV qui accorde des indulgences pour l’oraison mentale)
Année 1747
N. S. P. le pape Benoît XIV donna la Bulle Pia Mater qui explique l’indulgence à l’article de la mort. Voyez le registre de 1752, le mandement du Seigneur évêque de Nantes, le Bref qu’il obtint du pape pour cette indulgence et la formule que prescrit le Souverain pontife pour accorder cette indulgence.
Arrêt du Conseil en faveur de la Bulle Unigenitus à la fin du registre.
Année 1748
Rien
Année 1749
Le Roi a donné au mois d’août un Edit pour défendre aux gens de main-morte de faire de nouvelles acquisitions Cet édit se trouve à la fin du registre, avec une déclaration en interprétation de 1762.
Le 24 novembre 1775, arrêt du Conseil qui en déclarant exemptes du droit d’amortissement les rentes constituées sur le Clergé et les diocèses particuliers, soit qu’elles soient données pour cause de fondation, ou qu’elles soient délivrées par les héritiers des fondateurs en payement des legs, autorise les gens de mainmorte à placer en rentes de même nature, les deniers qu’ils recevront pour l’acquit des fondations, sans être sujets à l’amortissement, pourvu que cet emploi soit fait dans les six mois de la délivrance des sommes léguées.
Année 1750
Le 5 mai le parlement de Bretagne rendit un arrêt contradictoire entre le Sr Macroux recteur, et les propriétaires de Coulonge pour la dixme de cette métairie, qui fut ajugé au Recteur, faute aux dits propriétaires d’avoir communiqué un abonnement régulier. L’arrêt est aux archives de la cure. Il y a à la fin du registre un mémoire de la procédure. On payait auparavant trois ou quatre boisseaux de blé seigle, mesure de Clisson, pour droit de dixmes.
Année 1751
La nuit du 15 au 16 mars, il fit un ouragan des plus violents qui déracina plusieurs arbres.
Jean Martin de Prades, prêtre du diocèse de Montauban, composa une thèse impiepour sa majeure ordinaire dans la faculté de Théologie de Paris. Il eut l’adresse de faire occuper les trois Docteurs qui la signèrent sans avoir le temps de la lire, il eut la témérité de la soutenir en Sorbonne le 18 novembre. La faculté en eut horreur, nomma des commissaires et la censura, l’archevêque de paris la condamna, ainsi que le parlement. Le pape la condamna aussi. De Prades se rétracta. Le tout a été attaché à la fin du registre.
Monseigneur l’évêque de Nantes donna son mandement pour annoncer le jubilé le 26 septembre il commença le 31 octobre et dura 6 mois. La bulle et le mandement sont à la fin du registre.
Année 1752
Le 1er février, la faculté de Théologie de Nantes condamna quatre propositions d’un professeur de philosophie oratorien. La copie est attachée à la fin du registre. La faculté des arts y a répondu. Le syndic et chef de la faculté de Théologie fit des remontrances sur cette réponse, et fut ordonné de les imprimer avec les lettres d’adhésion de plusieurs facultés de Théologie du Royaume.
Monseigneur a donné une lettre pastorale pour annoncer l’indulgence plénière que N S le pape lui donne pouvoir d’accorder par lui ou par d’autres à l’article de la mort. Cette lettre est à la fin du registre avec le Bref de Benoît 14 et la manière d’appliquer l’indulgence.
Le Roi donne au mois d’avril un arrêt de son Conseil, par lequel il est ordonné que la Constitution Unigenitus soit observée comme loi de l’Eglise et du Royaume. Cet arrêt est à la fin du registre et fut donné à l’occasion du refus des Sacrements pour cause de résistance à la dite Constitution.
(extrait de la Bulle de Benoît XIV sur l’indulgence à l’article de la mort)
C’est en cette année qu’a été faite la boiserie du grand autel, peinte et dorée.
Année 1753
Monseigneur l’Evêque de Nantes condamna un livre intitulé : Défense de l’autorité et des décisions des Merveilles que Dieu cesse point de faire en France depuis un grand nombre d’années. Ce mandement est attaché à la fin du registre.
Les parlements donnent différents arrêts contre le refus des Sacrements. Le Roi donne dans son Conseil des arrêts qui cassent les arrêts des parlements à ce sujet. Ce refus des sacrements était pour l’opposition à la Bulle Unigenitus.
Année 1754
Le parlement de Paris fait un arrêté pour cesser de rendre la justice, le Roi par une déclaration du 4 septembre lui ordonne de reprendre ses fonctions et néanmoins déclare que toutes les poursuites et procédures, à l’occasion des derniers troubles demeurent sans aucune suite et sans aucun effet. il s’agissait du refus des sacrements. Cette déclaration est à la fin du registre.
Année 1755
L’assemblée du Clergé de France consulta le Souverain pontife Benoît XIV sur la manière de se conduire dans l’administration des sacrements aux malades réfractaires à la Constitution Unigenitus. Le Souverain pontife répondit par un Bref que le Clergé a fait imprimer dans les actes de l’Assemblée de 1765. Voyez aux registres de 1765 ce Bref s’y trouve. Le Roy donna une déclaration relative à ce Bref, elle est à la fin de de ce registre, et le Roy tint pour cet effet son lit de justice, le 13 décembre 1756.
Lettre de M. Even, avocat du parlement de Bretagne, aux recteurs de Nantes sur l’arrêt rendu le six août au sujet du denier de St Pierre que lève le chapitre de Nantes sur les cures su diocèse qui y sont sujettes, à la fin du registre avec le dispositif de l’arrêt. Cette cure y est imposée à trois sols par an.
Année 1756
Jean Perraud du Bourg et Jean Fonteneau de Fouques nommés fabriqueurs au mois de mai, ont fait faire la commode de la sacristie qui a coûté quarante-huit livres.
Notre Saint Père le pape Benoît XIV a accordé des indulgences à ceux qui réciteront les actes des vertus théologales. Le Bref est attaché à la fin du registre.
Année 1757
Le Roy fut blessé le 5 janvier au soir en montant en son carrosse à Versailles pour se rendre à Trianon, par un malheureux nommé Robert Damien laquais originaire d’Arras.
Le 7 à dix heures du soir, les Etats de Bretagne assemblés en apprirent la nouvelle et députèrent en Cour. Un extrait de la délibération des Etats est attaché à la fin du registre avec le mandement des évêques de la province qui instituèrent une fête en l’honneur des Saints Anges Gardiens protecteurs du Roy et du Royaume.
Année 1758
Joseph Pabœuf et François Bousseau furent élus fabriqueurs. Ils ont changé la croix d’argent.
Sur le désistement de M. De Miannes syndic des Marches, à cause de sa mauvaise santé, et de son avis le Sieur Prévost fut élu syndic des dites Marches.
Année 1759
Joseph Perraud du Port et François Mechineau de l’Ebaupin furent élus fabriqueurs.
En cette année fut faite et achetée la croix d’argent pour les processions et l’ancienne vendue.
M. Prévost s’étant désisté du syndicat des Marches, Monsieur de Jemonville sénéchal de Montaigu, assesseur de la maréchaussée, procureur du Roi des traites et sub-délégué de l’intendant de Poitiers, fut élu syndic des dites Marches.
En cette année N.S.P. le pape Clément XIII donna un bref cy-attaché avec le mandement de M. l’Evêque de Nantes pour chanter la préface de la Ste Trinité tous les dimanches où il ne s’en trouverait pas de propres.
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