le Moulin Guérin
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Des moulins Guérin au "Moulin Guérin"
Autrefois, le village du "Moulin Guérin" était parfois appelé "les Moulins Guérin", car s’y trouvaient deux moulins que l’on voit représentés sur la carte de Cassini au milieu du XVIIIe siècle, et qu’on retrouve, probablement reconstruits après la Révolution, sur le cadastre du Poiré de 1836. Le plus proche de la route y est appelé "le Grand Moulin Guérin" (mais est dit "le Gros Moulin Guérin" sur tous les actes notariés ou autres), et l’autre, situé un peu en retrait, y est appelé "le Petit Moulin Guérin".
Les "Moulins Guérin" vers 1760 sur la carte de Cassini (environ 5,1 x 2 km) avec…
"Bugnon" pour "le Beignon-Jauffrit",
"la Crécoisière" pour "la Turquoisière",
"la Chicaillère" pour "la Jucaillère",
"l’Auraire" pour "l’Auroire",
la chapelle "Notre-Dame de Bonne Nouvelle"…
et les positionnements incertains des moulins à eau et à vent
du "Fief" (le Fay), "Ragoiller" et des "Cordinières".
En 1836, le premier des deux appartenait, pour un tiers chacun, aux meuniers Pierre Renelleau et Jean Michaud du bourg, et François Ballanger du "Beignon-Jauffrit", qui pouvaient posséder aussi des parts dans d’autres moulins. Cette pratique fréquente permettait de limiter les conséquences de problèmes pouvant survenir à l’un ou à l’autre de ceux-ci. Il fut démoli en 18601.
Le second fut démoli en 1915, mais son cerne resta visible jusque vers 19891. Il appartenait à la famille de Pierre Raynard de "la Turquoisière", "farinier" de son métier. Souvent appelé "Maître Pierre Raynard", il fut très engagé dans l’insurrection vendéenne, étant élu en 1793 un des quinze membres du "Comité de la paroisse" du Poiré où il est dit "administrateur", et soutenant Charette jusqu’en 17962. Il survécut aux massacres perpétrés par les armées révolutionnaires, mais resta comme ses voisins surveillé de près dans les années suivantes, étant l’objet de visites domiciliaires et de perquisitions répétées de la part des troupes occupant la région3. En 2020, des restes en ruine de sa maison existaient toujours à "la Turquoisière", tandis qu’un de ses descendants habitait à trois pas du "Moulin Guérin".
Le "Moulin Guérin d’en haut" et le "Moulin Guérin d’en bas"
(environ 330 x 247 m)
sur le plan cadastral du Poiré de 1836,
et sur des vues aériennes vers 1950 et vers 2016
(et le déplacement de la croix du Jardinier).
La Chronique paroissiale du Poiré, indique que la croix en granit s’élevant à l’embranchement de la route de "la Ribotière", tout proche du "Moulin Guérin", porte inscrit de part et d’autre de son socle "Croix du jardinier", "Fr. Maignan", et la date de "1838" à la base de son fût4. Pour des questions d’aménagements de voierie, elle a été déplacée d’une trentaine de mètres autour de 1980.
La "Croix du jardinier" (hauteur : environ 3 m),
le 29 octobre 2020.
Au milieu du XIXe siècle, la petite maison s’élevant à côté des moulins du "Moulin Guérin", était habitée par la famille d’un "cantonnier", c’est-à-dire d’un homme chargé de l’entretien d’un "canton" (une portion) de route. Celui vivant au "Moulin Guérin" étant très probablement en charge de la route allant vers Belleville, comme l’était, à "la Providence", le "cantonnier" Louis Lachaize en charge de celle allant vers Aizenay5.
Dans les années 1870-1880, deux métairies, de 25 hectares chacune, furent établies au "Moulin Guérin". On les distinguait par les noms "…d’en haut" et "…d’en bas". Leur proximité du bourg du Poiré fit qu’elles vendaient une partie de leur production de lait à la maison de retraite de l’époque, et aux familles du quartier le plus proche, les enfants de celles-ci venant le chercher chaque matin quelle que soit la saison.
En 1995, la ferme du "Moulin Guérin d’en bas" en cours de démolition.
Tandis que vers 1965, Marie-Louise Cougnaud (1886-1968) y fait cuire dans la cheminée des pommes de terre
pour les cochons d’Eugène Rocher (1913-2003), son neveu et filleul, chez qui elle est venue habiter ;
avec, à gauche dans leur grand pot, les mogettes en train de mijoter,
et à côté le café maintenu au chaud dans le plus petit
(photos J. Dannenhoffer).
Dans le dernier quart du XXe siècle, les mutations de l’agriculture et la proximité du bourg du Poiré où les municipalités s’efforçaient de susciter de nouvelles activités et de nouveaux logements, firent disparaître les deux exploitations agricoles du "Moulin Guérin". Les bâtiments de celle "…d’en bas" cédèrent la place à un office notarial puis à un cabinet de kinés, et ceux de celle "…d’en haut", furent restaurés pour devenir une simple maison d’habitation.
La maison de l’ancienne ferme du "Moulin Guérin d’en haut",
le 29 octobre 2020.
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La Zone d’Activités du "Moulin Guérin" et ses extensions
De 1901 à 1939, la route menant du bourg du Poiré à "la Ribotière" fut bordée par la ligne de chemin de fer à voie métrique joignant la Roche à Legé. A partir du "Moulin Guérin d’en bas", elle continuait en site propre jusqu’à "la Gare" puis vers la route menant à Palluau. Après sa suppression et durant vingt-cinq ans, ce tronçon devint un chemin étroit et rectiligne appelé communément "la ligne", avant qu’il soit élargi en ce qui est l’actuel "boulevard des deux moulins".
Après la petite "Zone industrielle de la Colonne" créée autour de 1970, c’est le long de cet axe et de part et d’autre du "Moulin Guérin", que se sont étendues les "Zones d’Activités" proches du bourg du Poiré6 : la "Zone d’Activités des Deux Moulins" décidée à la fin des années 1980, puis celle de "la Croix des Chaumes-1" à la fin des années 1990, celle de "la Gendronnière" au milieu des années 2000, celle de "la Croix des Chaumes-2" au milieu des années 2010... Ceci accompagné de créations de lotissements pavillonnaires et de dessertes routières.
En 2022 : "la Zone d’Activité du Moulin Guérin" et ses extensions.
( mairie du Poiré-sur-Vie )
En 2023, les autres "Zones d’Activités" de la commune du Poiré étaient celles de "la Ribotière", créée dès 1980, celle du "Séjour", celle de "la Loge" créée en 2001, et celles de "l'Actipôle 85 ouest-1" ("la Flotterie") et de "l'Actipôle 85 ouest-2" ("la Poirière") ; ces deux derniers faisant partie des "Vendéopôles" de 1re génération, décidés dans les années 1990 par le Conseil départemental de la Vendée, et créés : le premier en 2005, le second en 2012.
"Le Moulin Guérin" et son voisinage vers 2020.
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Notes, sources et références...
(sauf mentions contraires, illustrations et texte sont dus à M. Mignet)
1 Vincent (Eugène-Marie), les Moulins du Poiré-sur-Vie, 2012, 42 p. Etude exhaustive mais inédite, s’appuyant sur la carte de Cassini, les documents cadastraux, les actes notariés, les registres d’impositions, et des relevés systématiques sur le terrain.
2 Reprenant les coutumes d’avant 1790, les membres des "comités de paroisse" étaient élus par tous les foyers ; elles remplacèrent de 1793 à 1796 les "municipalités" qui avaient été élues après 1790 au suffrage censitaire, c’est-à-dire réservé aux hommes plus aisés. Pour la place et le rôle tenus par Pierre Raynard (1760-1847) : voir le Cahier des réquisitions de l’armée catholique et royale dans la paroisse du Poiré (Méd. mun. de La Roche-sur-Yon : ms 019), ainsi que la communication de Lorvoire (Jean-Claude), "les Réquisitions de l’armée catholique et royale dans la paroisse du Poiré-sur-Vie", in Recherches vendéennes, n° 3, 1996, p. 257 à 299.
3 Délibérations du conseil de la municipalité cantonale du Poiré, 7 thermidor an 6 / 25 juillet 1798 (Arch. dép. de la Vendée : L 1238).
4 Boutin (Hippolyte), Chronique paroissiale du Poiré, 1900, p. 20 sq.
5 Dénombrements et recensements du Poiré de 1797 à 1946 (Arch- dép. de la Vendée : L 288, 6 M 280 à 282, 497 W).
6 Voir "les Zones économiques du Poiré, de l’artisanat à l’industrie", dans Poiré Mag de janvier 2020, p. 7 à 9. Voir aussi le site de Vendée Expansion, agence de services aux collectivités locales de Vendée créée en 1966 à l’initiative du Conseil départemental de la Vendée, qui en est l’actionnaire de référence.
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