le Cerny
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Un village dont le passé restera inconnu
"Le Cerny" a perdu de son importance passée, au temps où on l’appelait "le Grand Cerny" (par opposition au "Petit Cerny" constitué par une métairie située à quelque 200 mètres plus au nord). De plus, le village voisin de "la Blézière" était alors couramment nommé "la Blézière du Cerny".
"Le Cerny" sur une vue aérienne en 2017 (environ 720 x 508 m),
et sur le plan cadastral de 1836 (section B, 2e feuille).
L’emplacement de "la planche du Cerny"
et le chemin vers le "Grand Cerny", fin septembre 2019.
La tradition orale locale rapportait qu’autrefois "le Cerny" se trouvait sur la limite du Poiré, sans pouvoir préciser jusqu’à quelle époque mais disant que c’est cela qui expliquait que ses maisons (sauf la métairie du "Petit Cerny" un peu à l’écart) étaient construites d’un seul côté du chemin constituant l’axe du village1.Au-delà, avec les terres et le village de "la Remaudière", on étaient alors sur ce qui était appelé la Haute paroisse de Beaufou, allant de "la Caunière" à "l’Ardouinière" et "la Morandière". Cette tradition orale est confirmée par une pièce d’archives de 1615 inventoriant les Biens et rentes de la cure de Beaufou, parmi lesquels une redevance versée par "la Remaudière"2.
Un souterrain, dont l’existence était connue de toujours, fut remis accidentellement au jour en 2001. Il atteste de l’existence du village depuis au moins le XIIe siècle, sinon déjà au Xe siècle3.
Au milieu du "Grand Cerny" se trouve une croix de pierre d’une hauteur d’environ 3,25 m, et précédée de deux petites marches. Elle ne porte aucune inscription mais sa forme pourrait la faire dater de la fin du XIXe siècle4.
Jusque dans la seconde moitié du XXe siècle, les habitants du "Cerny" étaient des agriculteurs, exploitant des fermes allant d’à peine 2 hectares à une dizaine d’hectares, dont ils étaient le plus souvent propriétaires. Seule exception, l’exploitation du "Petit Cerny", longtemps en métayage et qui s’étendait sur plus de 30 ha de terres groupées5. Au fil des recensements on voit aussi habiter au "Cerny" : un meunier, des journaliers, quelques maçons ; et même, dans la maison édifiée à la fin du XIXe siècle le long de la route allant du bourg du Poiré à "la Remaudière", et refaite peu avant, une épicière qui à l’occasion devenait cafetière6.
"Le Grand-Cerny", fin septembre 2019 :
la rue du "Grand-Cerny" avec ses maisons bâties d’un seul côté de sa rue
et sa croix en pierre,
et, en bas à droite, l’ancienne épicerie-café du "Cerny"
e long de la route menant à "la Remaudière".
De 1793 à 1796, les habitants du "Cerny", comme la plupart de ceux du Poiré et des communes environnantes, prirent part à l’insurrection, et apportèrent leur soutien à Charette, en particulier en lui fournissant aide matérielle et ravitaillement7.
La population du "Cerny" était de 26 personnes en 1836, et elle a ensuite oscillé autour de 40 personnes de 1866 à 19685. Mais la brusque disparition de toute activité agricole dans les années 1980 a pratiquement vidé le village. Les maisons trouvèrent cependant de nouveaux propriétaires qui, occupant la place de la population originelle, restaurèrent la plupart d’entre elles.
Le "Petit-Cerny", le 26 septembre 2019,
avec ses constructions qui pourraient dater des alentours de 1900,
avec quelques détails architecturaux dont, au fond,
un bâtiment plus ancien à la toiture d’ardoise fortement pentue.
Ainsi, en 2019, le "Cerny" (Grand et Petit) comptait 31 habitants et était devenu un village essentiellement résidentiel. A l’exception d’une maison bâtie à la fin des années 1960 le long de la route conduisant à "la Gobinière", il n’était constitué que de constructions anciennes.
Sur la route allant à "la Gobinière", la dernière maison
à avoir été construite au "Cerny", un peu avant 1970,
par le maçon Raphaël Robreteau
dont la famille, en 2020, était la seule à être originaire du village
et à toujours y habiter
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Une clandestinité trop efficace ?
On dit que durant la Seconde Guerre mondiale, des réfugiés juifs furent recueillis par les habitants du "Cerny", ainsi que ce fut aussi le cas sur le Poiré dans les villages de "la Pampinière" et du "Chemin"8. Cependant, ces accueils s’étant faits ici et là-bas de façons confidentielles, les "on-dit" sur ce sujet restent quelque soixante-quinze ans plus tard incertains. Et les bouleversements que l’activité agricole a connus à la fin du XXe siècle ayant entraîné le départ de la population originelle du village, leur vérification est désormais devenu quasi impossible.
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Notes, sources et références
(sauf mentions contraires, illustrations et texte sont dus à M. Mignet)
1 Tradition orale recueillie au "Cerny" à la toute fin des années 1960. On remarquera la fiabilité de cette mémoire locale à plusieurs siècles de distance ; une fiabilité que l’on retrouve dans bien d’autres cas, ainsi à "l’Aubonnière", à "l’Aumère", au "Champ d’avant"…
2 Documents cité par Hippolyte Boutin autour de 1905 dans la Chronique paroissiale de Beaufou, et conservés alors dans les Archives de la fabrique de Beaufou.
3 Sur les souterrains que l’on trouve un peu partout en Vendée et sur leur datation, voir l’ouvrage de Jérôme et Laurent Triolet faisant autorité sur la question : "Les Souterrains de Vendée", 2013, 168 p. Au "Cerny", on remarquera la proximité immédiate de ce souterrain avec la vieille fontaine du village…
4 Bien que cette "croix du Cerny" ne soit pas répertoriée dans "la Chronique paroissial du Poiré", écrite autour de 1901 par Hyppolite Boutin, ses caractéristiques peuvent difficilement lui donner une date postérieure à la publication de celle-ci.
5 Cette métairie du "Petit Cerny" est citée le 26 octobre 1722 dans la succession des "de l’Ecorce" (Arch. dép. de la Vendée : 8 J, fonds de Raigniac), et le 14 décembre 1828, dans le "bail d’une métairie au Petit Cerny au Poiré et Beaufou par M. Benjamin Félicité Guiberteau, domicilié à Beaufou, à S. Gratton" (Arch. dép. de la Vendée : étude de François-Théodore Gautier, notaire au Poiré).
6 Recensements du Poiré (Arch. dép. de la Vendée : 6 M 280, 6 M 282, 497 W).
7 Cahier des réquisitions de l’armée catholique et royale dans la paroisse du Poiré (Méd. mun. de La Roche-sur-Yon : ms 019), réquisitions au Cerny ; voir aussi de Lorvoire (Jean-Claude), "les Réquisitions de l’armée catholique et royale dans la paroisse du Poiré-sur-Vie", in Recherches vendéennes, n° 3, 1996, p. 257-299.
8 Ceux qui en Vendée ont hébergé des personnes considérées comme juives entre 1940 et 1944 ayant tenu à rester dans l’ombre, on connait peu de choses sur ces dernières. On pourra cependant lire sur cette question La traque : le destin des juifs de Vendée pendant la Seconde Guerre mondiale, de Louis Gouraud, 2015, 260 p., ou mieux, bien que plus local mais plus exhaustif, Des enfants juifs en Vendée, Chavagnes 1942-1944, de Jean Rousseau, 216 p., sujet du film "Les enfants du secret", 2001, 52 min. Des réfugiés belges furent aussi accueillis au Poiré en 1914 à "la Maumernière", et en 1940 à "la Grande Roulière" ; ainsi que des réfugiés venant des Ardennes, entre 1939 et 1945.
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