l'Ébrière
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Un village rayé de la carte
Le nom du village de "l’Ébrière" se disait autrefois "l’Ébrayère", si l’on en croit des textes d’avant 18001.
Contrairement aux villages voisins, "l’Ébrière" ne se relèvera pas des destructions causées par le passage des troupes républicaines qui entre fin 1793 et début 1796 ravagèrent la contrée et dont la mémoire locale avait gardé le souvenir. Ainsi en 2016 Marie-Josèphe Perrocheau, née Bossard en 1935 à "l’Audardière", où ses ancêtres vivaient déjà à cette époque, rapportait de son grand-père que "on s’est battu au Grand Brégeon" (un champ au coude du chemin allant de "l’Audardière" à "l’Ébrière")2.
L’ancien village de "l’Ebrière" (ou "l’Ebrayère") sur le cadastre de 1836 (environ 205 x 140 m)3 :
en rose, les bâtiments imposables car étant utilisables,
en jaune les "masures", bâtiments non-imposables car étant en ruine ;
ainsi que la localisation de ses derniers vestiges4.
La situaion de "l’Ebrière" sur des vues aériennes vers 1950 et en 2022,
avant et après les regroupements parcellaires des années 1980 (environ 1500 x 1500 m). .
En 1836, sur les 22 bâtiments qui alors y subsistaient, 18 étaient en ruine3, et seules y vivaient deux sœurs, journalières, Louise et Jeanne Cantin, avec Jean le tout jeune fils de cette dernière. Elle continua dans les années suivantes à ne plus abriter que d’autres modestes journaliers, et elle fut définitivement abandonnée entre 1861 et 18665.
En 2019, les derniers restes de la partie haute de "l’Ébrière", y compris les traces de son ancien parcellaire, avaient quasiment disparu depuis une trentaine d’années. Ceux de la partie basse étaient quant à eux recouverts par une abondante végétation sous laquelle se devinaient des vestiges de bases de murs, et l’entrée comblée d’un souterrain dont l’existence était restée dans les mémoires4-6. Le village était longé par un petit ruisseau, "le Duchet"7, prenant sa source dans une petite mare pérenne voisine et rejoignant "le Courtin" à un kilomètres de là. En 1963, un étang d’une cinquantaine de mètres de long a été créé sur son cours ; les années passant et la végétation croissant, il se trouve désormais au milieu d’un agréable cadre arboré4.
En octobre 1994, à gauche : l’emplacement de la partie basse du village de "l’Ebrière",
et localisation de quelques-uns des derniers vestiges de bases de murs ;
à droite : la mare d’où sort "le Duchet", ruisseau bordant l’ancienne "Ebrière",
et l’entrée bouchée de son ancien souterrain2.
Entre 1793 et 1795, Pierre Potier, qui était métayer à "l’Ébrière", avait soutenu activement l’insurrection, en lui fournissant en mai 1793, en décembre 1794, puis en janvier et février 1795, deux bœufs, un mouton, une charretée de foin et une de paille, contre des "bons", sorte de reconnaissances de dettes qui ne pourront jamais lui être remboursées1.
Non loin de cet ancien village, le "Bas Boulat", a la réputation localement d’avoir pu être habité anciennement, les labours y faisant remonter en surface des pierres d’aspects inhabituels6.
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Notes, sources et références...
(sauf mentions contraires, illustrations et texte sont dus à M. Mignet)
1 Cahier des réquisitions de l’armée catholique et royale dans la paroisse du Poiré (Méd. mun. de la Roche-sur-Yon : ms 019 : réquisitions à "l’Ebrière") ; voir aussi de Lorvoire (Jean-Claude), "les Réquisitions de l’armée catholique et royale dans la paroisse du Poiré-sur-Vie", in Recherches vendéennes, n° 3, 1996, p. 257-299.
2 Sur les ravages et massacres causés par les troupes républicaines sur le Poiré, voir les Manuscrits de Collinet (1788-1804), éd. du C.V.R.H., 2003, p. 183 (23-11-1793), p. 197 (03-01-1794), p. 210 (09 et 12-02-1794), p. 291 (16-08-1794)… ainsi que l’état de la commune, dressé, le 5 floréal de l’an V (24-04-1797), par la municipalité cantonale nommée à l’époque pour "le Poiré-sous-la Roche" (Arch. dép. de la Vendée : L 1238) ; et aussi, de Boutin (Hippolyte), Chronique paroissiale d’Aizenay, 1901-1905, p. 288 à 294.
Quant au "Grand Brégeon", nommé aussi "la Grande Brégeonnée", c’est la parcelle H 1698 du cadastre de 1836 du Poiré (46° 45' 45" N, 1° 33' 48" O). Un "brégeon", ou "bergeon", étant le nom donné à un champ de forme irrégulière, faisant que les sillons y sont de tailles inégales.
3 Extrait du plan cadastral de 1836 du Poiré-sur-Vie (Arch. dép. de la Vendée : 3P 178 CE 028).
4 Relevés effectués sur le terrain au début des années 1990.
5 Listes nominatives des recensements de 1836 (Arch. dép. de la Vendée : 6 M 280, année 1836, vue 13), et 1841, 1846, 1851, 1856, 1861, 1866.
6 Témoignage de Moïse Cailleteau (ayant vécu jusqu’au milieu des années 1960 à "la Micherie"), recueilli vers 1984 par Eugène-Marie Vincent ; témoignage de Luc Perrocheau (né en 1957 à "l’Audardière"), recueilli en 2016 ; témoignage de Paul Blé (né en 1948, et agriculteur à "la Blanchère"), recueilli en 2017 ; etc.
7 Ou "le Duché", nom que les habitants des villages proches lui donnent depuis toujours, et peut-être emprunté à celui des terres longeant le bas de son cours (parcelles H 988 à 993 et 1445 à 1447 du cadastre de 1836 du Poiré) ; entretiens en 2023 avec Marie-Thérèse Praud, ayant vécu tout comme ses ancêtres à "la Moissandière" voisine.
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