la Nilière
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Un village de l'amenage de "Pont-de-Vie"
Le village de "la Nilière" est parfois nommé "la Grange Nilière" sur certaines cartes ou plans anciens.
"La Nilière", en 2019 : la ligne des bâtiments d’habitation
avec à droite le chemin menant à "Pont-de-Vie",
et le petit étang multiséculaire vers l’extrémité duquel fut trouvé un "trésor" en 1978 ;
Et ses agriculteurs dans les années 1950 :
Eugène Rocheteau (né en 1888) devant son journal
et Marie-Rose Praud (née en 1887), son épouse, tricotant une chaussette.
Avant la Révolution, "la Nilière" était exploitée par Jacques Buton et sa famille1. Avec "le Moulin", "la Maison Neuve", "le Puy Chabot" et "la Faucherie"2, elle faisait partie de l’amenage de "Pont-de-Vie", c’est-à-dire des terres et métairies en constituant le domaine. Elle appartenait alors aux La Sayette3 qui, ayant émigré, eurent leurs biens séquestrés comme bien national. En tant que tel, le 21 novembre 1798 "la Nilière" fut l’objet d’un procès-verbal d’estimation qui en donne la description suivante...
"La maison principale consistant en une chambre basse, une boulangerie, un toit à brebis, un toit à cochon et une cave, le tout se joignant, longueur cent pieds, de largeur vingt pieds, et de hauteur huit pieds, tenant de toute part aux ruages et terres de la métairie, les dits bâtiments en partie brûlés.
- plus les toits à bestiaux, la grange et au bout une chambre basse avec un grenier le tout se joignant, de longueur soixante-six pieds, de largeur quarante-six pieds et de hauteur huit pieds, les dits bâtiments brûlés excepté la chambre qui a été rétablie."
...suit l’inventaire de ses terres, qui s’étendaient sur 195 boisselées (environ 22,2 ha)2...
Le 9 septembre 1799 elle fut vendue aux frères Louis, Mathurin et Antoine Crucy, architectes et urbanistes nantais4, par le gouvernement révolutionnaire qui, a-t-on dit, était en dette avec eux. Moins de dix ans plus tard, sous l’Empire, ils la revendirent à Joseph Tireau qui, entre autres biens nationaux, avait déjà acheté en 1799 le château voisin de "Pont-de-Vie". Dans les années 1860, celui-ci puis "la Nilière" devinrent la propriété de Louis Gendreau, et pour cette dernière fut conservée par ses descendants jusqu’en 1980.
Cette dépendance et cette proximité "Pont-de-Vie" firent qu’on trouve dans les constructions (ou reconstructions) de "la Nilière", des réemplois d’éléments de charpente pouvant provenir d’anciens bâtiments ou annexes du château.
Autour de 1885, "la Nilière" fut divisée en deux fermes, exploitées à partir des années 1920 par des familles Rocheteau. L’une d’elle fut la dernière à conserver le statut de métayage au Poiré. Auguste Rocheteau (1920-2004), son métayer, étant peu enclin aux changements et vivant en bonne entente avec son propriétaire et de plus compagnon de chasse, conserva ce statut jusqu’à sa cessation d’activité en 19805.
Autour de 1885, "la Nilière" fut divisée en deux fermes, exploitées à partir des années 1920 par des familles Rocheteau. L’une d’elle fut la dernière à conserver le statut de métayage au Poiré. Auguste Rocheteau (1920-2004), son métayer, peu enclin au changement et vivant en bonne entente avec son propriétaire et compagnon de chasse, conserva ce statut jusqu’à sa cessation d’activité en 19805.
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Un "trésor" de quelques grammes
En bordure est de "la Nilière", sur des parcelles dépendant de "Pont-de-Vie" et appelées "parc de l’étang", coule un ruisseau encaissé formant une petite et ancienne pièce d’eau. A son amont se trouvaient un lavoir et son abri, tous deux disparus aujourd’hui. C’est près d’eux que, défrichant une haie en 1978, Eugène Rocheteau (né en 1920) trouva un sceau en or. Etant sourd-muet, il n’a rien dit de précis sur l’endroit où il découvrit ce "trésor".
Les terres de "la Nilière" en 1790 et sur une vue aérienne (environ 1,2 x 1 km) le 27 juillet 1950.
Le sceau en or trouvé en 1978, et l’emplacement de sa découverte.
Ce sceau (ou au sens strict, cette "matrice de sceau") était de petite taille : 15,7 mm de hauteur, 10,6 mm dans sa plus grande largeur, et pesant 4 g. De part et d’autre de son tenon qui se termine en feuille de trèfle étaient gravés : "amor meus" et "perennis" ("mon amour éternel"). Son empreinte mêlait les lettres "F", "A" et "M", se rapportant probablement à des seigneurs ayant vécu à "Pont-de-Vie" au XVIe siècle : Charles d’Aulnis et son épouse Renée de Montauzier6.
En dépit de la faible valeur de cet objet, et du fait qu’il ne pouvait qu’avoir été perdu (et non caché) en cet endroit, cette trouvaille relança la rumeur courant autour de l’existence, pourtant improbable, d’un mythique et fabuleux "trésor" près du château voisin de "Pont-de-Vie"7.
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Notes, sources et références...
(sauf mentions contraires, illustrations et texte sont dus à M. Mignet)
1 Voir "les Réquisitions de l’armée catholique et royale dans la paroisse du Poiré" effectuées entre 1793 et 1795 auprès des habitants de "la Nilière".
2 Procès-verbal d’estimation de la métairie de "la Nilière", du 21 novembre 1798 (Arch. dép. de la Vendée : 1 Q 212). Le pied équivalait à une longueur de 32,5 cm et une boisselée correspondait localement à 0,114 ha (soit 1 hectare = 8,77 boisselées). Cependant, la surface de ces terres, telle qu’elle fut estimée alors par Henri-Jean Caillé (1753-1804) et André-Philippe Danyau (1762-1813), est mesurée un peu plus de 26 ha sur le cadastre de 1836.
3 Raigniac (Guy de), De châteaux en logis itinéraires des familles de la Vendée, t. IV, 1992, p. 90 sq.
4 Procès-verbaux d’adjudication des biens nationaux du Poiré (Arch. dép. de la Vendée 1 Q 250...). Selon Yves Cossé (La famille Crucy, 1993, 157 p.), les frères Crucy achetèrent entre autres en Vendée "dix métairies dans les cantons de Belleville et des Essarts"… ainsi que la métairie de "la Nilière" dans le canton du Poiré...
5 Entretiens en 2018 et en 2019 à "la Nilière" avec Claude Rocheteau, qui y est né en 1952 et qui aux côtés de son père en a été le dernier agriculteur.
6 Recherches et enquêtes sur ce sceau réalisées à cette époque par l’auteur des photos, Eugène-Marie Vincent, en particulier auprès de Guy de Raigniac.
7 Dans les années 1960, Auguste Gendreau, de "Pont-de-Vie", séduit par ces rumeurs finit par faire des recherches pour trouver ce "mythique trésor" qui, disaient-elles, se serait trouvé sur ses terres. Elles n’aboutirent qu’à devoir boucher des trous creusés en pure perte, et qu’à le laisser un peu mortifié d’avoir pris ces racontars pour la réalité.
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