la Tasse aux 3 curés
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L'importance d'une petite mare aujourd’hui disparue
"La Tasse aux 3 Curés" ou "Fosse des brandes" n’était autrefois qu’une simple mare d’où sortait "le Courtin" (ou "le Cortin"), ruisseau qui, en cet endroit n’est constitué que d’un filet d’eau.
En 2016, "la Tasse aux 3 Curés" : au point de rencontre
des limites des trois communes du Poiré, d’Aizenay et de la Genétouze ;
et en 1975 sur les cartes de l’IGN,
où elle est nommée pléonastiquement "la Fosse de la Tasse aux Trois Curés".
Depuis des siècles, c’est aussi là que se trouve le point de rencontre des limites des trois paroisses1, puis communes, du Poiré, de la Genétouze et d’Aizenay, d’où son nom.
Dans les années 1980, les travaux de remembrement ont fait perdre dans cette partie de son cours tout caractère naturel au ruisseau. Et la mare dite "la Tasse aux Trois Curés" n’est désormais plus qu’un souvenir.
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La paroisse du Poiré et ses voisines dans l’ancienne organisation religieuse
"Curé" est le titre donné au prêtre responsable d’une "paroisse". Il peut être assisté, ou non, d’un ou de plusieurs autres prêtres, ses "vicaires".
C’est en tant que "paroisses" que le Poiré, la Genétouze et Aizenay sont le plus anciennement mentionnés (autour de l’an Mil). A leur origine, elles faisaient partie du "diocèse" de Poitiers, à l’existence remontant au IVe siècle. Lui-même étant partagé en "doyennés", dont ceux d’Aizenay, de Mareuil (pour les paroisses du Poiré et de la Genétouze), de Talmont, de Pareds, de Montaigu, qui en 1317 furent inclus dans le diocèse de Luçon lors de sa création2. L’importance de ces "doyennés" déclina au fil du temps, et finit par être un titre honorifique pour leurs "doyens".
Ces subdivisions et ses regroupements avaient une fonction avant tout administrative. Au début du XVIIe siècle – à une époque où la Réforme protestante qui, bien que localement très minoritaire, avait fait des adeptes dans les milieux aristocratique et bourgeois – les évêques de Luçon s’efforcèrent d’améliorer le niveau intellectuel et les activités pastorales, spirituelles et liturgiques de leur clergé. Ceci aboutit à créer en 1668 des "conférences", réunissant chaque mois les prêtres de paroisses voisines pour une journée de discussion sur un sujet prévu et préparé à l’avance. En d’autres temps, on aurait parlé de "formation continue". La "conférence du Poiré" réunissait les prêtres du Poiré, la Genétouze, Aizenay, ainsi que ceux de Dompierre, Mouilleron, Venansault, Saint-André-d’Ornay, et de l’abbaye des Fontenelles3.
Après l’échec de la tentative de création d’une "Eglise constitutionnelle" sous la Révolution, le Concordat de 1801 réorganisa les institutions religieuses. Les "paroisses" correspondirent aux "communes", et les "cantons" reçurent au niveau religieux le nom de "doyennés". Le curé de la paroisse principale de chaque arrondissement reçut le titre d’"archiprêtre". Les "conférences" perdurèrent, mais avec d’autres appellations.
En bas à gauche, les trois paroisses constituant entre 1997 et 2020 un fugitif nouveau "Doyenné d’Aizenay"4,
avec les communes faisant partie de chacune d’elles.
En haut, les paroisses de l’évêché de Luçon proches du Poiré, en 1317, avec à l’époque2 :
le "Doyenné d’Aizenay" (Decanatus Asyani) et son voisin, le "Doyenné de Mareuil" (Decanatus Marolii),
et entourées de rouge, les sept paroisses et l’abbaye des Fontenelles
qui, à partir de 1668, constituaient la "Conférence du Poiré" (Petra-super-Rocam)3.
On y remarque l’ancienne commanderie du Temple de Lande blanche (Landa blancha domus templi),
remontant au XIIe siècle et située sur la paroisse du Poiré d’alors.
En 1997 puis en 2020, l’organisation territoriale du diocèse de Luçon a été modifiée, avec la création de 29 "nouvelles paroisses" basées sur les bassins de vie et constituant 7 "doyennés". Les anciennes paroisses du Poiré et de la Genétouze ont été regroupées avec celles de Beaufou, Belleville, les Lucs, Saint-Denis, Saligny. Celle d’Aizenay a été réunie à sept des neuf anciennes paroisses du canton de Palluau. Ces deux "nouvelles paroisses" font partie du "nouveau doyenné" de la Roche-sur-Yon5. Le titre d’archiprêtre est tombé quant à lui en désuétude.
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La Vendée de 1790 et les diocèses de Luçon et de la Rochelle jusqu'à cette date
Les limites des institutions sous l’Ancien Régime étaient compliquées. Celles de l’organisation religieuse, aux origines millénaires, l’étaient aussi. En 1790, la création des départements, sur lesquels les nouveaux diocèses avaient à se calquer, allait les simplifier. Le diocèse de Luçon, maintenu, conserva, à 2 exceptions près, les paroisses de l’ancien, et hérita de paroisses venant de l’ancien diocèse de la Rochelle, ainsi que de 5 paroisses venant de celui de Nantes.
En 1790, les limites des anciens diocèses de Luçon et de la Rochelle, et celles de leurs "conférences",
sur la carte du département de la Vendée, qui venait d’être créé ;
et dans leurs limites, celles des doyennés millénaires d’Aizenay, Mareuil, Montaigu, Pareds, Talmont ;
ainsi que de ceux d’Ardin, Bressuire, Fontenay, Saint-Laurent-sur-Sèvre.
Bouin, St-André-13-Voies, la Bernardière, Cugand et la Bruffière venant du diocèse de Nantes,
furent ajoutés à celui de Luçon, qui lui céda Legé et St-Etienne-de Corcoué.
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Notes, sources et références...
(sauf mentions contraires, illustrations et texte sont dus à M. Mignet)
1 Boutin (Hippolyte), Chronique paroissiale du Poiré-sur-Vie, 1907.
2 Sur "l’évêché" de Luçon, voir le Pouillé de l'évêché de Luçon, d’Eugène Aillery (1860, 200 p., 2 cartes hors-texte). Initialement le christianisme a calqué son organisation territoriale sur celle de l’empire romain, d’où le nom de "diocèse" pour le territoire à la charge d’un "évêque". Vers le IXe siècle, celui de Poitiers, créé au IVe siècle, fut subdivisé en 3 "archidiaconés" qui, au XIIe siècle, réunissaient 31 "doyennés" ou "archiprêtrés". La création en 1317 de l’évêché de Luçon et de celui de Maillezais ("de la Rochelle" en 1648) a fait disparaître les "archidiaconés", tandis que les "doyennés" ou "archiprêtrés" se perpétuaient. Mais la réalité de ceux-ci varia par la suite, les "paroisses" les composant prenant plus d’importance.
3 Chaille (Yves), "les Divisions ecclésiastiques de la Vendée en 1789", in la Revue du Bas-Poitou, 1967, p. 235-243.
4 Loizeau (Pauline) et Phelipot (Geneviève), Rendez-vous place de l’église, 2007, p. 10-11 et p. 297-313.
5 Cf. ci-dessous la carte des paroisses et doyennés du diocèse de Luçon, en 2023 (site de "l’Eglise catholique en Vendée")
6 Le "doyen" le plus anciennement connu est "Pierre", doyen de Talmont en l’an 1009 ; pour Aizenay, c’est "Guillot", doyen en 1203… (cf. Eugène Aillery, Pouillé de l'évêché de Luçon, 1860, p. 108 et p. 6).
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