la Guilletière
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Sur l'emplacement de délaissés de chemins
Le village de "la Guilletière" est d’origine relativement récente, n’apparaissant dans les recensements de la population qu’à partir de 19111. Il fut créé par Jean-Marie Cougnaud (né le 25 mars 1872 à "la Plumetière" de Falleron, de parents journaliers) et sa famille. Il avait fait son apprentissage de forgeron à Grand’Landes où son père était devenu cantonnier, puis, marié, il s’était installé à "la Tenaillère" du Poiré. Devenu veuf, il s’était remarié en 1906, avec Isabelle Guillet de Coëx... C’est du nom de celle-ci que viendra celui de "la Guilletière".
"La Guilletière" sur une vue aérienne en 1950 (environ 1000 x 600 m),
et en 2017 (environ 240 x 185 m).
Photos en 2017 : de la forge créée en 1907, désormais désaffectée et muséifiée ;
et de la maison construite en 1933 par le maçon Eugène Gauvrit.
L’année suivante il construisit sa forge2, sur des terres appelées "les Écuets", sur un délaissé de chemin restant de la construction, sans doute autour de 1840, de la nouvelle route reliant le Poiré à Palluau.
A son tour en 1933, Eugène Gauvrit3, artisan maçon, vint s’établir sur un autre délaissé voisin. Puis d’autres habitations furent progressivement édifiées, les deux dernières le long de la petite route menant au village proche du "Chiron". En 2019 on en comptait huit au total, tant récentes que plus anciennes4.
Face au détour du chemin vers le "Chiron", et donc au centre de "la Guilletière", se trouve une croix de pierre, antérieure à la création du village. Elle fut élevée dans le dernier quart du XIXe siècle (1891 ?), par le meunier du moulin à vent de "la Marinière", Pierre Renaud (né en 1853), et par Marie-Anne Tenailleau (née en 1856), son épouse dont les ancêtres, déjà présents dans ce dernier village bien avant la Révolution1, y possédaient une partie de ce moulin..
L’année suivante, près de terres appelées "les Écuets", il construisit sa forge2 sur un délaissé de chemin restant de la construction, sans doute autour de 1840, de la nouvelle route reliant le Poiré à Palluau.
A son tour en 1933, Eugène Gauvrit3, artisan maçon, vint s’établir sur un autre délaissé voisin. Puis d’autres habitations furent édifiées à leur tour, les deux dernières le long de la petite route menant au village proche du "Chiron". En 2019 on comptait au total huit maisons, tant récentes que plus anciennes4.
Faisant face au détour du chemin menant au "Chiron", et donc au centre de "la Guilletière", se trouve une croix de pierre, antérieure à la création du village. Elle fut élevée vers 1891, par le meunier du moulin à vent de "la Marinière", Pierre Renaud (né en 1853), et par Marie-Anne Tenailleau (née en 1856), son épouse, dont les ancêtres vivaient déjà dans ce dernier village bien avant la Révolution1, et étaient un des possesseurs de ce moulin.
La croix de "la Guilletière" (hauteur : environ 4 m),
dite précédemment "croix de la tournée du Chiron".
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Yves Cougnaud, le forgeron bâtisseur
En 2021 "la Guilletière" était surtout connue pour être le berceau de l’actuelle entreprise "Cougnaud", issue de la forge fondée en 1907 par Jean-Marie Cougnaud (1872-1947) et à qui ont succédé son fils Yves (1908-1981), puis son petit-fils Yves (1936-2021), puis en 2001 les quatre fils de ce dernier : Éric, Patrice, Jean-Yves et Christophe2.
Yves Cougnaud présentant l’histoire de sa famille et son ancienne forge
pour la télévision
( France 2 : Journal de 13 heures du dimanche 5 février 2017 :
"Les Cougnaud : un savoir fer familial" ).
En 1911, l’ancêtre Jean-Marie ne travaillait à "la Guilletière" qu’avec un seul compagnon. Autour de 1930 ils étaient quatre, ses fils Yves et Jean les ayant rejoints. En 1950, à treize ans et demi, le petit-fils, Yves, vint y commencer son apprentissage. Mais dans les années 1960 à 1980, les bouleversements de l’agriculture mirent en difficulté les forges des villages et du bourg du Poiré, qui durent alors, soit se tourner vers d’autres activités, soit disparaître.
Dans les années 1960, l’entreprise de la famille Cougnaud se mit à la fabrication ou la vente de remorques, bineuses, planteuses, semoirs et autres matériels agricoles, jusqu’au jour où elle eut l’occasion de faire deux roulottes de chantier pour un maçon et pour un charpentier du Poiré5. Pour la forge familiale, ce fut le début d’une nouvelle activité, et un nouveau départ qui la fit changer de statut et prendre une dimension industrielle avec la construction près du bourg, d’un atelier de 800 m² en 1973, devenus 2200 m² fin 1977, les employés passant dans le même temps de 6 à 40. La production quant à elle passa des abris mobiles, aux "bungalows" de chantier, puis aux constructions à structures modulaires de plusieurs centaines de mètres carrés. Ceci tout en s’ouvrant à l’exportation, d’abord vers la Suisse ou la Belgique. Puis ce fut la fabrication de "bases-vie" dans des pays du sud de la Méditerranée, et du Moyen-Orient : de l’Algérie à l’Iran…
Quelque 45 ans plus tard, la production se faisait sur plus de 80 000 m² d’unités industrielles se déployant sur 4 sites, et se tournant vers les constructions à autonomie d’énergie. En 1977 l’entreprise devint "Ouest abri", en 1987 "Yves Cougnaud S.A." et "Cougnaud" en 2018. L’entreprise ayant déplacé ses activités à Mouilleron, sur la zone d’activités dite de "Beaupuy", les quatre fils d’Yves ayant succédé à leur père2, et le nombre de collaborateurs étant passé à 1350.
Yves Cougnaud eut par ailleurs au Poiré des actions déterminantes tant patrimoniales pour la restauration de "l’église Saint-Pierre" ou du site de "la Jamonière", que sociales pour la création de l’EHPAD, du parc sportif, du restaurant scolaire du Puy Chabot, ou encore à Haïti pour la reconstruction d’écoles après le séisme en 2010.
Quatre générations d’une famille de forgerons :
- l’ancêtre, Jean-Marie Cougnaud, statufié dans l’entreprise de 2019…
- le fils, Yves, à "la Guilletière" en 1951,
- le petit-fils Yves, qui a donné son essor à l’entreprise, en 1937, 1951 et 2012,
- les quatre arrière-petits-fils : Éric, Patrice, Jean-Yves, et Christophe,
entourant leur père en 20126.
Yves Cougnaud est décédé le 29 décembre 2021, il avait 85 ans. La cérémonie de sa sépulture eut lieu dans l’église du Poiré où il avait toujours vécu. Elle fut accompagnée des hommages d’un grand nombre de ses compatriotes ainsi que la presse l’a rapporté7.
Le lundi 4 janvier 2022, la cérémonie de sépulture d’Yves Cougnaud,
dans "l’église Saint-Pierre" du Poiré,
et celui-ci devant la statue représentant son grand-père, Jean-Marie Cougnaud.
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La constitution d’un lieu de mémoire à "la Guilletière"
Lors des journées européennes du patrimoine de septembre 2024, tout un chacun a pu visiter la forge qui avait été créée en 1907 à "la Guilletière", et qui depuis quelques décennies déjà est devenue un lieu de mémoire un brin nostalgique. Ce fut aussi l’occasion de rappeler le souvenir d’Yves Cougnaud, dont la personnalité n’était pas limitée à celle d’un chef d’entreprise.
Visite de la forge créée en 1907 à "la Guilletière" et devenue un lieu de mémoire du Poiré,
lors de journées européennes du patrimoine, le 21 septembre 2024,
avec un ancien de la forge, Pierre Chaillot, en démonstration.
( photos par Jean-Michel Archambaud )
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Pour ceux qui n’ont pas eu l’occasion de le rencontrer et d'échanger avec lui sur la vie qui passe, sur les convictions et sur les vicissitudes de la vie quotidienne2, ils sauront à défaut lire entre les lignes le Forgeron bâtisseur, dont en particulier les passages où il évoque quand il fut envoyé en Algérie. Ils sauront aussi se rappeler ses engagements, entre autres ceux pour venir en aide à Haïti après le séisme de 20108 ; ses actions dans la sauvegarde du patrimoine du Poiré, ainsi que ses réalisations au Poiré aux niveaux tant sociaux, civiques que scolaires…
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Notes, sources et références...
(sauf mentions contraires, illustrations et texte sont dus à M. Mignet)
1 Cf. les recensements de la population du Poiré, de 1797 à 1975 (Arch. dép. de la Vendée : L 288, 6 M 280, 6 M 282) ; ainsi que les registres d’état civil.
2 Divers entretiens avec Yves Cougnaud, en 2019 ; voir aussi le Forgeron bâtisseur (2000, 143 p.), dans lequel Yves Cougnaud présente ce qu’a été son parcours tant personnel que professionnel.
3 Eugène Gauvrit (1909-1985) était le fils de Louis Gauvrit (1873-1950), tisserand habitant à "la Carpe frite" voisine, et bien connu pour ses talents à soigner et guérir de nombreux problèmes de santé grâce aux plantes qu’il ramassait de ci de là. Il était aussi le frère de Pierre Gauvrit (1904-1979) qui fut, sous le nom de "Frère Gabriel-Marie", Supérieur Général de 1953 à 1965 de l’importante Congrégation des Frères de Saint-Gabriel.
4 Entretiens en 2019 avec Pierre-Marie Gauvrit de "la Guilletière", fils d’Eugène Gauvrit. .
5 Les entreprises de Marcel Minaud, maçon, et entreprise d’Yves Fournier, charpentier en bois lamellé-collé.
6 Cf. l’article de Stéphanie Hourdeau dans Le Journal du Pays yonnais du 5 octobre 2020.
7 Voir les articles de Ouest-France, le Journal du Pays yonnais, le Reporter sablais, l’Echo de l’Ouest… du 30 décembre 2021 au 7 janvier 2022, ainsi que les journaux de France-Bleu, ou de TV-Vendée de la même période.
8 Après le séisme de janvier 2010 en Haïti, Yves Cougnaud entra en relation avec les congrégations montfortaines qui s’y trouvaient, pour aider à la reconstruction de nombreux bâtiments. Cependant la mise en œuvre ne fut pas simple, car les autorités locales réclamaient que toutes ces aides leurs soient adressées avant qu’elles les reversent (ou peut-être pas) à ceux auxquels elles étaient destinées… "Tout comme en France, la confiance dans les membres des administrations même officielles a ses limites !", ce qui l’entraîna à aller sur place et à donner de sa personne en février 2010.
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