la Tenaillère
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e n C O N S T R U C T I O N
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Le toponyme "la Tenaillère" et le patronyme "Tenailleau"
"La Tenaillère" fait partie des 70 villages ou quartiers, sur les environ 150 de la commune du Poiré dans ses limites d'avant 1850, ayant un nom se terminant en "ière", et dont 43 ont une existence antérieures à 1800. Bien que certains de ces noms tels que ceux de "la Tailleferrière", "la Turquoisière", ou des noms de lieux non-bâtis possédant cette même terminaison aient des origines autres, liées aux règnes animal ou végétal, aux activités humaines... il y a souvent un lien entre leur nom et celui d’un patronyme ayant été porté autrefois sur la commune. C'est le cas pour "la Tenaillère".
Au XVIIIe siècle, la moitié de ses quelque 70 habitants, était constituée par les différentes familles de Charles, François, Jean, Pierre, Michel, Jacques "Tenailleau", des prénoms qui s'y répétaient de génération en génération. Comme autre famille de ce nom on ne trouvait guère alors sur le Poiré que celle de Jean Tenailleau à "la Marinière".
On ignore depuis quand le nom "Tenailleau" existe et s’il avait une signification particulière, ni s’il vient du nom du village ou si à l’inverse celui-ci a été à l’origine du patronyme. On sait seulement que le dernier du nom à "la Tenaillère" fut François Tenailleau, qui y est né le 27 juillet 1850 et qui y est mort le 29 juillet 1928.
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"La Tenaillère" et son voisinage, vus du village de "Barrot", fin août 2023,
et sur une vue aérienne le 30 mai 2022 (environ : 600 x 390 m).
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Le souvenir de Richard Cœur de Lion et des ducs d'Aquitaine
Les linguistes s’accordent pour dater de l’époque médiévale les noms de lieux formés sur ce schéma : "patronyme" + "ière"... mais qu’il s’en est créé jusqu’à l’époque contemporaine1. La situation et le site géographiques de "la Tenaillère" et son importance iraient dans le sens d’une ancienneté remontant au moins au XIIe siècle, époque de forte croissance démographique, sinon avant. D’autre part, les terres bordant le sud du village sont connues au XVIIIe siècle sous le nom de "fief mouvant du Lieu-Dieu"2, ce qui évoque le village du même nom, situé sur la Genétouze et aux origines multiséculaires.
La première fois qu’apparaît ce "Lieu-Dieu", c’est dans une charte de fondation faite le 5 mai 1190 par Richard Cœur de Lion (1159-1199) qui, l’année précédente avait succédé à son père comme duc d’Aquitaine, comte du Poitou, etc. Dans cette charte il décide de l’installation d’une abbaye de prémontrés "dans la forêt de la Roche", lui donnant le nom de "Locus Dei". Il y autorise les chanoines réguliers de la nouvelle abbaye à utiliser la partie du bois de la Roche qui se trouve sur leurs terres pour la "construction de leurs maisons, pour le chauffage ou pour toutes autres choses nécessaires, ou encore le pâturage de leurs animaux"3. S’y ajoute "des achats de terres que nous avons faits au bénéfice de la dite abbaye, à savoir, la terre appelée Tornekaillère, la terre de la Bitohière, et les terres de Gundebou que nous avons achetées avec le bois […]". Pour la subsistance des moines , il prévoit aussi des rentes en vin sur la Roche et en blé sur le Poiré3. Mais par une nouvelle charte, du 4 novembre 1196, Richard Cœur de Lion fit déplacer cette abbaye du "Lieu-Dieu", à Jard, tout en lui conservant cependant les ressources qu’il lui avait attribuées précédemment.
La chapelle du "Lieu-Dieu", reste de la fugitive abbaye fondée en 1190 à la Genétouze par Richard Cœur de Lion.
En arrière-plan la maison construite autour de 1900 par Gabriel Gendreau.
Ce n’est que de là que peut provenir le nom de "fief mouvant du Lieu-Dieu" de "la Tenaillère", ou de là encore qu’un rapprochement peut être fait entre le nom de celle-ci et "la terre de la Tornekaillère" citée dans la charte de fondation du "Lieu-Dieu" à la Genétouze en 1190.
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Du "devoir d’insurrection" au retour à celui "de sujétion"
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Un nouveau village d’agriculture raisonnable et de néo-ruraux
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Notes, sources et références...
(sauf mentions contraires, illustrations et texte sont dus à M. Mignet)
1 Cf. A. Dauzat, Ch. Rostaing, E. Nègre, A. Nouvel… ou le Dictionnaire des noms de lieux de Vendée de J.-L. Le Quellec, ou encore Les stratifications toponymiques de M. Grosclaude.
2 Actes notariés du Poiré (Arch. -dép. de la Vendée : 2 E 24 / …). D’autres lieux sur le Poiré y sont dits "fief mouvant du Lieu-Dieu".
3 Cf. le "Recueil des documents concernant le Poitou contenus dans les registres de la chancellerie de France", in Archives historiques du Poitou, t. XI, 1881, p. 408 et 410 (transcription du manuscrit JJ 66, n°1138-1139, fol. 489 v°, des Archives nationales), cité par Mathieu Cosson in Richard Cœur de Lion, comte de Poitou, duc d’Aquitaine, 2017, 298 p. Le terme "fondation(s)" est à prendre dans son sens de l’époque, c’est-à-dire de "donations" faites pour assurer le fonctionnement matériel de l’établissement considéré, qu’il soit religieux, d’éducation, de santé (aumônerie)…
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