1613 - une nouvelle collégiale Saint-Maurice
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Cette page est l'une de : Les efforts de redressement du XVIIe siècle (1598-1711), chapitre qui devrait être à terme constitué au moins des parties qui suivent, elles-mêmes susceptibles d’évoluer au fil du temps…
• 1600 : construction de la "maison de la Sénéchaussée" de Montaigu
• 1613 : les chanoines de Saint-Maurice édifient une nouvelle collégiale
• 1626-1792 : naissance et mort du couvent Notre-Dame de Saint-Sauveur, de Montaigu
• 1630-1639 : un nouveau Temple protestant est construit à Montaigu
• 1637 : Fr.-N. Dubuisson-Aubenay excursionne à Montaigu et dans les Marches du Poitou et de Bretagne
- 1667 : Gilles de La Roche Saint-André, un des deux chefs d'escadre du Royaume
- 1680-1705 : le Marquis de Crux réorganise l’enseignement à Montaigu
• 1696 : "l’Aumônerie de Montaigu" devient "Hôpital de Montaigu"
- 1711 : passage de Louis-Marie Grignion de Montfort à Montaigu
L'insertion de ces différentes parties ne se fera que progressivement. En cas d’utilisation de ces pages, y compris d’extraits, il va de soi qu'on en citera l’origine, l’auteur, et la date à laquelle elles ont été consultées. Enfin, toute remarque sur ce qu'elles contiennent (ou ne contiennent pas), sera la bienvenue (cf. "Contact").
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- 1613 : les chanoines de Saint-Maurice édifient une nouvelle collégiale -
(version provisoire)
Lors des guerres de Religion, Montaigu fut à diverses reprises saccagé par des bandes de huguenots, en particulier en 1563 et en 1568, et fut plusieurs fois assiégée par les troupes royales. En 1586 son château avait été démantelé, ce qui avait entraîné la ruine de sa chapelle, siège depuis sa fondation en 1438 par Jean III Harpedane, de "la collégiale Saint-Maurice" et ses chanoines séculiers. De plus, les La Trémoille, seigneurs de Montaigu, étaient passés vers 1585 au calvinisme, ce qui entraînait des problèmes de cohabitation. Toutes ces raisons obligèrent les chanoines de la collégiale à quitter le château pour s’établir en ville où ils finirent par édifier une nouvelle église-collégiale dont on pouvait encore voir en 2020 les restes le long de l’actuelle "rue de Tiffauges".
Le côté nord de "la collégiale Saint-Maurice" dans son état de 2016 :
avec deux de ses baies extérieurement en ogives.
Sa consécration eut lieu en 1613, ainsi que l’indique l’inscription gravée sur un entrait de sa charpente par René Chardonneau, le doyen du chapitre :
"ANNO DNI 1613 RENATVS CHARDONNEAV DECANVS DIXIT CVM PSAL 25
DNE DILEXI DECOREM DOMVS TVÆ ET LOCVM HABITATIONIS TVÆ. C. IV"
("l’année du seigneur 1613, René Chardonneau doyen proclame avec le psaume 251 :
J’aime la splendeur de ta maison, Seigneur, et le lieu où tu résides !").
C’était une formule rituelle lors de la consécration d’un édifice religieux. Elle modifiait cle verset du psaume 25, remplaçant le "…et le lieu où réside ta gloire", c’est-à-dire l’univers entier, par "… et le lieu où tu résides", ce qui soulignait la dimension sacrée qui était ici donnée spécifiquement au bâtiment de la collégiale : sa consécration en faisant un lieu réservé à la louange de Dieu.
Ce déplacement du chapitre collégial Saint-Maurice de Montaigu du château à la ville, fut un tournant dans son histoire. Ce tournant sera rendu irréversible quelques années plus tard par les seigneurs du lieu. En effet, si les La Trémoille revinrent en 1628 à la religion catholique qu’ils avaient abjurée quelque quarante-cinq ans plus tôt, ils vendirent en 1633 leur baronnie de Montaigu à Gabriel de La Lande de Machecoul, seigneur de Vieillevigne et fervent calviniste. Une des premières décisions de celui-ci fut de raser dans le château ce qui restait de la première collégiale Saint-Maurice, n’en laissant subsister que la crypte, qui sera détruite vers 1850 par le maire de Montaigu, Armand Trastour. Ses chanoines vécurent dès lors en ville, jusqu’à ce qu’en 1792-1793 la Révolution séquestre leurs biens, et les condamne à une clandestinité où six d’entre-eux, sur huit, perdront la vie..
Au début du XXIe siècle, le bâtiment de 1613 de la collégiale est, avec le calvaire de fer de l’esplanade des Olivettes, le seul monument religieux de Montaigu datant d’avant la Révolution. Il mesure environ 30 m sur 9 m. Il se caractérisait à l’origine par une voûte en bois peinte en bleu ciel émaillé d’étoiles dorées (ou d’argent), par un clocher lui aussi en bois et couvert d’ardoises, par un dallage fait des pierres tombales des familles qui s’y faisaient enterrer, par une petite terrasse le précédant le long de la rue, par une décoration intérieure dans le style du XVIIe siècle, par des baies extérieurement ogivales mais intérieurement en plein cintre2. Il était proche des lieux où logeaient ses chanoines, dont le doyenné immédiatement contigu qui, ruiné en 1793, ne fut pas relevé par la suite.
Plan schématique de "la collégiale Saint-Maurice" de Montaigu
(Conservation dép. des Musées de Vendée, 2008).
La collégiale fut saccagée et pillée par les troupes républicaines, puis acquise à bas prix par les profiteurs du moment, et transformée en grange et écurie. Elle y perdit son clocher, sa voûte, son dallage, sa petite terrasse, ses vitraux, son mobilier… Plus de deux siècles plus tard, il en subsiste intérieurement, sur les murs, des éléments notables de sa décoration d’origine, et sa charpente. Cette dernière est considérée comme exemplaire de "l’art de la charpente bas-poitevine" au XVIIe siècle, et a été l’objet d’une exposition départementale en 19953.
La charpente et le côté nord de "la collégiale Saint-Maurice" en 2015,
avec une des ouvertures intérieurement en plein cintre
et des éléments de moulures murales ou de contours de baie, et de corniches.
Dans le cadre de la préservation du patrimoine de Montaigu et dans la perspective d’une mise en valeur future des potentialités présentées par le bâtiment de la collégiale, celui-ci a été acquis par la commune en 2004, puis est devenu propriété du Conseil général de la Vendée en 2008.
En 2001, la collégiale Saint-Maurice de Montaigu et ses chanoines ont été l’objet d’une étude de l’historien Florent Brochard ayant fait date. Cette étude présente ses origines, et la vie et la place de ses membres dans la ville de la fin du XVIIe siècle à la disparition de leur chapitre en 1792-17934.
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Notes, sources et références...
(sauf mentions contraires, illustrations et texte sont dus à M. Mignet)
1 La Bible (édition polyglotte : hébreu, grec, latin, français), livre des Psaumes, p. 61.
2 Cette différence laisse à penser que cette décoration intérieure a pu être réalisée dans un second temps.
3 Lévesque (Richard), Théâtre de l’art de charpenterie en Bas-Poitou, 1995, p. 56-57 et 72-73 ; et le catalogue de l’exposition "Fenêtres et Combles", au logis de la Chabotterie, 22 juin / 11 octobre 1995.
4 Brochard (Florent), le Chapitre collégial Saint-Maurice de Montaigu au XVIIIe siècle, 2001, 163 p.
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