1517 - les La Trémouille barons de Montaigu
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Cette page est l'une de : Des prémices de la Renaissance aux Guerres de Religion (1463-1598), chapitre qui devrait être à terme constitué au moins des parties qui suivent, elles-mêmes susceptibles d’évoluer au fil du temps…
• 1473-1491 : Louis XI (puis Charles VIII), Montaigu, et la fin de l’indépendance bretonne
• 1517 : les La Trémoille deviennent barons de Montaigu
• 1563-1588 : Montaigu dans les violences et les calculs des Guerres de Religion
• 1586 : le Démantèlement de Montaigu et de son château
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- 1517 : les La Trémoille deviennent barons de Montaigu -
Quand en 1517, la "seigneurie" de Montaigu passa aux La Trémoille, cela faisait environ un demi-siècle qu’elle était appelée "baronnie" de Montaigu. Ce nouveau titre paraît dans une lettre du roi de France Louis XI du 4 août 1473, lorsqu’il l’acquit temporairement, et dans une lettre de janvier 1479, lorsqu’il y établit tout aussi momentanément un "Siège royal". Il est possible que ce soit au temps de Jean III de Belleville-Harpedane (1408-1462), que ce titre lui a été donné par le roi Charles VII († 1461). On ne sait rien par contre des raisons pour lesquelles Jean IV de Belleville-Harpedane, petit-fils de Jean III, la vendit en 1517 à Louis II de La Trémoille, contre la somme de 80 000 livres.
Louis II de La Trémoille (1460-1525)1, faisait partie de la famille de Thouars, dont les plus anciens membres connus vivaient autour de l’an Mil, et dont certains apparaissent à Montaigu au début du XIIIe siècle, Marguerite de Montaigu († 1241) ayant épousé en 1203 un Hugues de Thouars († 1229). Louis II était un des petits-fils de Georges Ier de la Trémoille (1384-1446) qui vécut au temps de Jean III Harpedane, lequel fut, dit-on, un compagnon de Jeanne d’Arc. Ce Georges Ier, proche conseiller de Charles VII, est cependant connu, lui, pour l’inimitié qu’il nourrissait à l’égard de "la Pucelle"2.
Très tôt Louis II de La Trémoille avait été à la tête des armées du roi de France. Il avait eu un rôle essentiel de 1488 à 1491 dans la conquête de la Bretagne, puis durant les guerres d’Italie en 1494-1495 sous Charles VIII, puis en 1500, 1503, 1509, 1512-1513 sous Louis XII ; et de même en 1515 aux côtés de François Ier à Marignan. Il y avait accumulé les victoires (Saint-Aubin-du-Cormier en 1488, Fornoue en 1495, Novare en 1500, Agnadel en 1509, Dijon en 1513), et parfois aussi connu la défaite (Novare en 1513). Au cours de ces multiples combats il avait acquis le titre de "chevalier sans reproche", mais en 1515 son fils unique, Charles, avait été tué à Marignan.
Louis II de La Trémoille (1460-1525), vicomte de Thouars… et baron de Montaigu :
- à gauche, peinture sur bois (17 x 11 cm), 1485-1486,
attribuée à Benedetto Ghirlandaio (musée Condé de Chantilly) ;
- à droite, extrait (95 x 64 cm) d’une tapisserie commémorant le siège de Dijon par les Suisses en 1513,
et commandée juste après l’événement (musée des Beaux-Arts de Dijon).
À Montaigu, "l’hôtel de Bourbon" qui a existé dans le château jusqu’à son démantèlement en 1586, serait à mettre en rapport avec la prise de possession de la seigneurie par Louis II de La Trémoille et sa première épouse… En 1484, la régente Anne de Beaujeu qui tenait à attacher ce dernier au service du jeune roi Charles VIII, avait décidé de le marier avec une de ses parentes, Gabrielle de Bourbon-Montpensier. Le "fiancé" pouvait difficilement refuser ce genre de proposition, mais craignait qu’on veuille lui imposer un laideron (il y avait eu des précédents) et pour savoir à quoi s’en tenir, il se rendit incognito à la demeure de la demoiselle. Les craintes qu’il avait sur ses qualités physiques et intellectuelles s’évanouirent immédiatement lorsqu’il la vit, et il l’épousa le 9 juillet 1485.
Mais trente ans et quelques mois plus tard, quand Louis II de La Trémoille acquit le château de Montaigu, son épouse Gabrielle de Bourbon venait de mourir. Et c’est en son souvenir qu’il donna le nom de "hôtel de Bourbon" au logis qu’il y fit construire où restaurer.
Gabrielle de Bourbon-Montpensier († 1516), duchesse de la Trémoille
(peinture sur bois, 1486-1487 ; Château de Serrant) ;
et, sur une vue aérienne de 2014 du château de Montaigu,
l’emplacement présumé de "l’hôtel de Bourbon", détruit en 1586.
Neuf ans après Marignan, et malgré ses soixante-quatre ans, Louis II de La Trémoille fut entraîné en 1524 dans un nouveau conflit en Italie, aux côtés de François Ier. Mais le roi ne suivit pas ses conseils lorsqu’il affronta ses adversaires le 24 février suivant devant Pavie. La bataille tourna au désastre et Louis II de La Trémoille y trouva la mort.
La baronnie de Montaigu échut alors à son petit-fils François Ier de La Trémoille (1505-1541), puis au fils de celui-ci, François II de La Trémoille. Ce dernier n’ayant pas eu d’enfants, Montaigu passa en 1555 à son frère aîné, Louis III de La Trémoille (1521-1577)3.
Sept ans plus tard les guerres de Religion commençaient. Localement la majeure partie de la population resta attachée à la religion catholique, tandis qu’une partie de la bourgeoisie et la majorité de la noblesse, suivant leurs intérêts matériels et politiques, et leurs convictions idéologiques, rejoignirent le camp huguenot et entrèrent en conflit avec le pouvoir en place.
Les La Trémoille, dans un premier temps, restèrent fidèles au pouvoir royal. Cela valut en 1563 le titre de "Duc de Thouars" à Louis III. Mais après 1585 son fils, Claude de la Trémoille (1566-1604), passa dans le camp réformé, auquel la famille resta fidèle pendant quarante ans, et à côté de ses églises, Montaigu eut son temple protestant. Puis en 1628, au moment du siège de la Rochelle, par Henri III (1598-1674), fils de Claude, les La Trémoille revinrent à la religion catholique.
Les guerres de Religion (1562-1598) avaient ruiné le château et la ville de Montaigu, qui furent pris par des troupes protestantes ou repris par celles du roi au moins huit fois au cours de cette période. En 1586-1588, il fut démantelé. Puis en 1633, ses seigneurs, qui avaient entrepris sa reconstruction, finirent par le vendre avec sa baronnie au seigneur de Vieillevigne, le très protestant Gabriel de La Lande de Machecoul.
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Notes, sources et références...
(sauf mentions contraires, illustrations et texte sont dus à M. Mignet)
1 Sur Louis II de La Trémoille, plus que le Les La Trémoille pendant cinq siècles (1343-1839), de L.-Ch. de La Trémoille, voir : de Laurent Vissière : ‘Sans poinct sortir hors de l’ornière’ : Louis II de La Trémoille (1460-1525), 2008, 613 p. ; ou encore "Les signes et le visage. Étude sur les représentations de Louis II de la Trémoille", dans le Journal des savants, n°2, 2009, p. 211-282.
2 Georges Ier de La Trémoille aurait été responsable de l’abandon et donc de l’échec, du siège de Paris le 8 septembre 1429, ainsi que de la totale inaction de Charles VII lors de la capture, de l’emprisonnement et du procès de Jeanne d’Arc, qui aboutirent à la fin dramatique que l’on connaît. Ce comportement serait à l’origine de la rumeur disant que le dernier des La Trémoille périrait de la même manière que leur ancêtre avait laissé périr Jeanne d’Arc… une "malédiction" qui se réalisa le 9 décembre 1933 quant le dernier d’entre eux mourut dans l’étrange incendie d’un manoir anglais.
3 Voir dans les pages 1630-1639 : un nouveau Temple protestant est construit à Montaigu, l'extrait d'arbre généalogique des seigneurs de Montaigu au XVIe siècle.
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