1473-1491 - Montaigu, pion de Louis XI contre la Bretagne
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• 1473-1491 : Louis XI (puis Charles VIII), Montaigu, et la fin de l’indépendance bretonne
• 1517 : les La Trémoille deviennent barons de Montaigu
• 1563-1588 : Montaigu dans les violences et les calculs des Guerres de Religion
• 1586 : le Démantèlement de Montaigu et de son château
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- 1473-1491 : Louis XI (puis Charles VIII), Montaigu, et la fin de l’indépendance bretonne -
Sous le règne de Louis XI (1461-1483) et le début de celui de son fils Charles VIII, Montaigu fut directement concerné par la politique des rois de France qui visait à consolider et étendre leurs pouvoirs, d’une part à l’intérieur de leur royaume, et d’autre part au-delà de ses frontières.
Régionalement, il s’agissait pour Louis XI, de mettre fin à l’indépendance de la Bretagne du duc François II. C’est poursuivant cet objectif que le 4 août 1473 il acquit, de Louis Belleville-Harpedane, les ville et forteresse frontalières de Montaigu échangées contre le comté de Dreux et autres biens, puis qu’il entreprit d’en renforcer l’importance militaire en modernisant ses défenses, et l’importance administrative en créant "un Siège royal à Montagu en Poictou", indépendant des sénéchaussées de Thouars et de Poitiers.
1473 : Louis XI acquiert château, ville et baronnie de Montaigu
Les ducs de Bretagne ont toujours revendiqué une indépendance millénaire, qui remonte au plus ou moins mythique règne de Conan Mériadec († 421). Cependant sept siècles plus tard, au XIIe siècle, les rois de France, se présentant comme les héritiers de Charlemagne, revendiquèrent de façon récurrente un droit de souveraineté sur cette région qui aurait fait partie de l’empire carolingien en son temps. A partir du milieu du XVe siècle, avec la fin de la guerre de Cent ans, ils s’efforcèrent de concrétiser leurs prétentions.
Au cours des règnes de Jean V (1399-1442), de François Ier (1442-1450), de Pierre II (1450-1457), d’Arthur III (1457-1458), les ducs de Bretagne s’étaient appliqués à organiser leur duché en État souverain, et avaient poursuivi une politique de neutralité et d’indépendance, dans l’alliance française. Il n’était pas pour autant question pour les rois de France d’abandonner leur objectif de conquête du duché, et Louis XI dès 1461 (et après 1483 Charles VIII) saisit tous les prétextes pour arriver à ses fins. Le nouveau duc, François II, alterna les vaines tentatives de réconciliations et les tentatives d’alliances de revers avec les nombreux adversaires du roi, qu’ils soient des opposants internes au royaume (grands feudataires et concurrents dynastiques) ou externes (roi d’Aragon, duc de Bourgogne, roi d’Angleterre, Empereur…). Cette lutte continuera après sa mort en 1488, durant le début du règne de sa fille, la duchesse Anne1.
Les protagonistes de la fin de l’indépendance de la Bretagne :
- d’une part François II, duc de Bretagne de 1458 à 1488
(tombeau dans la cathédrale de Nantes, par Jean Perréal et Michel Colombe, 1502),
puis sa fille Anne, duchesse de Bretagne de 1488 à 1514
(enluminure de Jean Bourdichon dans les Grandes Heures d’Anne de Bretagne, 1508) ;
- d’autre part Louis XI, roi de France de 1461 à 1483 (portrait anonyme du XVe siècle),
puis son fils Charles VIII, roi de France de 1483 à 1498 (tempera sur bois par Jean Perréal, v.1495).
Les uns et les autres semblent avoir été diversement gâtés par la nature,
ce qui est confirmé par l’ensemble des témoignages et des chroniqueurs de l’époque.
Au sud de la Loire, face à la Bretagne, et plus spécialement face à la forteresse de Clisson Montaigu constituait une position clé. Tout au long des années 1360, au début de son règne, Louis XI s’appuya sur Louis de Belleville-Harpedane, seigneur de Montaigu, dans la ville et le château duquel il entretint une garnison qui devait s’élever à plus de 120 hommes, ainsi que la correspondance royale en témoigne2 :
13 mars 1465. Thouars.
— Mandement de Louis XI à Antoine Raguier3, lui ordonnant de payer Audibert Chaveroche et les soixante francs-archers sous ses ordres, en garnison à Montaigu, à raison de 15 1ivres tournois pour ledit Chaveroche, et de 4 1ivres tournois pour chaque franc-archer4. N 10.
13 mars 1465. Thouars.
— Mandement de Louis XI à Antoine Raguier, ordonnant le payement de 20 lances et de 40 archers en garnison à Montaigu, sous les ordres de Jacques de Beaumont5, à raison de 10 1ivres tournois par lance et de 4 1ivres tournois par franc-archer, pour un mois, à partir de la montre.
7 avril 1465. Saumur.
— Mandement de Louis XI à Antoine Raguier, lui prescrivant de payer à Audibert Chaveroche, capitaine des francs archers du Poitou, 200 1ivres tournois pour l'entretien des 120 francs archers de la garnison de Montaigu.
Venant de signer le 8 décembre 1472 avec le duc de Bretagne François II, la prolongation d’une trêve pour un an6[5], le roi Louis XI s’en vint à Montaigu du 1er au 5 janvier 1473 (n. st.)7. Il semble y avoir été convaincu par l’intérêt stratégique que la ville de Montaigu et son château pouvaient présenter pour lui. Pour éviter d’être dépendant d’une plus ou moins bonne volonté du seigneur du lieu, il tint à en devenir le propriétaire. Le 28 juillet 1473 à Montsoreau il obtint l’engagement verbal de Louis de Belleville-Harpedane de les lui céder moyennant des compensations. Le 4 août 1473 Marguerite de Culant, la femme de celui-ci, signait à Sablé8 un traité de cession définitive qui fut ratifié le 26 décembre suivant par son époux :
Loys, par la grâce de Dieu roy de France.
Savoir faisons à tous, présens et à venir, comme puis naguères nostre amé et féal cousin, conseiller et chambellan, Loys seigneur de Belleville, nous ait baillé et laissé, pour nous et noz successeurs perpétuellement et à tous jours, les ville, chastel, baronnie, terre et seigneurie de Montagu en Poictou, avec ses appartenances, appendances et déppendances quelxconques, moyennant et parmy ce que, pour et en récompense de ce, nous lui ayons, entre autres choses, promis et accordé lui donner, bailler, céder, quicter, transporter et délaisser, pour lui, ses hoirs et ayans cause à tousjours mès, nostre droit de traicte que avons acoustumé d’avoir, prandre, cueillir et lever au port de Caunac9, et de les en faire joir paisiblement ; pour quoy nous, ces choses considerées, voulans acomplir nostre dicte promesse, ainsi que raison est, avons pour ces causes, de nostre certaine science, grace espécial, plaine puissance et auctorité royal, donné, cédé, quicté, transporté et délaissé, donnons, cédons, quictons, transportons et délaissons, par ces présentes, à nostredit cousin, le seigneur de Belleville, pour lui, ses hoirs, successeurs et ayans cause perpétuelment et à tousjours, par manière et pour partie de sa récompense desdites ville, chastel, baronnie, terre et seigneurie de Montagu, qu’il nous a naguères baillées et délaissées, comme dit est, nostre dit droit de traicte que avons acoustumé d’avoir, prandre, cueillir et lever audit port de Caunac, avec toutes ses appartenances, appendences et déppendences quelxconques, sans aucune chose en réserver à nous ne à noz successeurs, pour icellui droit de traicte avoir, tenir et exploicter et en joir et user par nostre dit cousin le seigneur de Belleville, sesdiz hoirs, successeurs et ayans cause dorésenavant perpétuelment et à tousjours, comme dit est, et autrement en faire et disposer à leur bon plaisir et volenté, comme de leur propre chose et héritage, en faisant et paiant les droiz et devoirs anciens et acoustumez où et ainsi qu’il appartiendra. Si donnons en mandement, par cesdictes présentes, à noz amez et féaulx conseillers les gens de nostre court de Parlement, de noz Comptes et trésoriers à Paris, au séneschal de Xaintonge et à tous noz autres justiciers et officiers, ou à leurs lieuxtenans, présens et avenir, et à chacun d’eulx, si comme à lui appartiendra, que de noz présens don, cession, quictance et transport et délaissement ilz facent, seuffrent et laissent nostredit cousin, le sire de Belleville et sesdiz hoirs, successeurs et ayans cause joir et user plainement et paisiblement, en lui baillant ou faisant bailler et délivrer, ou à son procureur ou commis quant à ce, la possession réelle et joyssance planière dudit droit de traicte et ses déppendances, sans lui faire, mettre ou donner, ne souffrir estre fait, mis ou donné aucun destourbier ou empeschement au contraire, et ces présentes facent lire, publier et enregistrer par tous les lieux où mestier sera. Car ainsi nous plaist il estre fait, nonobstant que ledit droit de traicte soit de nostre ancien dommaine, que d’icellui ne doyons aucune chose aliéner ne transporter, que la valleur d’icelluy ne soit ycy aucunement déclarée ne spéciffiée, que d’icelle valleur ne soit levée descharge par le changeur de nostre trésor, et quelxconques ordonnances, mandemens ou déffences à ce contraires. Et afin que ce soit chose ferme, etc., Sauf, etc.
Donné à Sablé, ou moys d’aoust l’an de grâce mil cccc soixante treize, et de nostre règne le treizeiesme.
Ainsi signé : Loys. — Par le roy, Tilhart. visa.
Aux compensations contenues dans ce traité s’ajouta la promesse de la cession du comté de Dreux dès que celui-ci serait disponible… ce qui ne fut pas immédiatement le cas. Entre temps et peu après que cela eut été ratifié, Louis de Belleville-Harpedane était décédé. Ces nouvelles compensations furent alors contestées par sa veuve, qui représentait leurs enfants mineurs, Louis, Catherine, Renée et Marguerite. A cela s’ajoutèrent des revendications contradictoires des frères et sœur du défunt Louis de Belleville-Harpedane, Jean, Antoine, Jacques, Gilles et Marie10. L’esprit chicanier de Jean III et Jean II Harpedane, leurs père et grand-père, refaisait surface et des négociations longues et embrouillées s’en suivirent. Il semble qu’ils en demandèrent trop et que l’accord qu’ils finirent par obtenir en 1479 leur ait été moins favorable que les propositions initiales. De plus, un mémoire de 1478, relatif à cette cession de Montaigu signale, mais sans en dire plus, que Jacques de Belleville était cette année-là détenu à la Conciergerie et passible de confiscations sur ses biens.
1473-1481 : Louis XI renforce et modernise les défenses de Montaigu
Ce traité d’acquisition de Montaigu n’était pas encore finalisé, que Louis XI donnait déjà des ordres pour en renforcer la garnison. Il y nommait comme capitaine de Montaigu et gouverneur Blanchefort, puis un peu plus tard Jean Bourré (1424-1506), un de ses compagnons des mauvais jours au temps où il n’était encore que dauphin et en conflit ouvert avec son père, le roi Charles VII.
Une part importante de la correspondance de Louis XI concerne de près ou de loin Montaigu, son acquisition, sa garnison et, à partir de 1481, les travaux faits à ses fortifications, dont à "sa Digue".
Ci-après, l’inventaire de ces lettres avec un résumé de leur contenu, et le contenu de certaines, dans leur français de l’époque :
Sablé, 2 août 1473. — au seigneur de Bressuire
Négociation avec Mme de Belleville de la cession de Montaigu et choix de Blanchefort pour prendre possession de cette place ; nécessité de lui envoyer quarante gentilshommes bien armés et d'une fidélité éprouvée.
Monseigneur de Bressuire, j'ay appoincté avec madame de Belleville de la place de Montagu, et y va Blanchefort pour en prendre la possession pour moy. Et, pour ce que, comme vous savez, il est besoing d'y mettre des gens dedans jusques à ce que j'y aye pourveu, qui sera bien brief, je vous prie, qu'incontinent ces lettres receues, en toute diligence vous luy envoyiez audit lieu de Montagu trente ou quarante gentilzhommes bien seurs, et qu'ilz y soient sabmedy prochain, bien habillez et en poinct, et que chascun d'eux ayt une bonne arbaleste, mais qu'ilz ne fassent point de bruit, et, quant ilz approcheront dudit Montagu, qu'ilz envoyent dedans ledit Blanchefort pour leur faire sçavoir leur venue.
Monseigneur de Bressuire, mon amy, vous sçavez que cecy me touche fort; je vous prie qu'y faictes si bonne diligence qu'il n'y ait point de faulte, qu'ilz n'y soient audit jour, et que ce soient gens de qui vous tenez seurté, et qui ne soient point seigneurs de quoy on ne se puisse bien ayder. Escript à Sablé, ce troisiesme jour d'août.
Loys. — Tilhart.
Louis XI présidant un des chapitre de de l’Ordre de saint Michel qu’il avait fondé à Amboise le 1er août 1469,
et ses chevaliers portants le manteau de damas blanc et rouge, le chaperon et le collier de l'ordre.
Au fond : l’archange saint Michel combattant le dragon.
(enluminure de Jean Fouquet, 1470, Statuts de l'ordre de Saint-Michel,
Bibliothèque nationale de France, département des Manuscrits, Français 19819, f°1)
Tous les visages sont des portraits et on peut reconnaître chacun des personnages représentés :
Jean Bourré, qui était le trésorier de l’Ordre, est au fond, le deuxième à droite du roi.
Louis XI, étant devenu peu après seigneur de Montaigu, certains émettent l’hypothèse que la fondation de cet Ordre,
pourrait être à Montaigu à l’origine des noms de l’ancienne "chapelle Saint-Michel", aujourd’hui disparue,
et de "l’étang Saint-Michel" voisin sur l’Asson,
bien que la création de ce dernier semble remonter à la fin du XIIe siècle.
11 septembre [1474 ?]. Montaigu.
— Lettre des sénéchal, procureur et châtelain de Montaigu à Bourré, "conseiller et maistre des comptes du roy, nostre sire, et gouverneur de Montaigu pour ledit seigneur", sur la négligence des seigneurs à se rendre vers eux, et sur la surveillance exercée dans la place.
19 septembre. Montaigu.
— Lettre de Thomas Voisin à Bourré, trésorier de France, gouverneur de Montaigu, pour se justifier de n'avoir pas reçu dans son aumônerie une enfant trouvée de six mois, qui était morte par suite de cet abandon, et lui exposer la diminution des revenus de ladite aumônerie.
Tours, 3 octobre 1474. — de Bourré à Louis XI
Envoi de la sûreté autrefois délivrée par le duc de Bourgogne à Louis XI avant le voyage de celui-ci à Péronne ; protestation de fidélité de Bourré à propos du bail de la traite d'Anjou ordonné par le roi ; revenus de ladite traite ; retard de trois mois apporté au payement des mortes-payes11 de Montaigu ; nécessité d'instructions du roi pour maintenir ou supprimer, augmenter ou diminuer ladite garnison. (Bibliothèque nationale, Fr. 20489, fol. 90)
Sire, je me recommande à vostre bonne grace tant et si très humblement comme je puis; et vous plaise savoir, Sire, que je vous envoye par ce porteur, mon serviteur, la seureté que monseigneur de Bourgongne vous envoya, escripte et signée de sa main, pour aller à Péronne, ainsi qu'il vous a pleu me mander ; laquelle suis venu quérir en ceste ville de Tours, où l'avoye laissée avec d'autres lettres que j'ay de vous. Et si j'eusse voulu croyre ung homme que bien congnoissez, il y a grant temps que je ne l'eusse pas.
Sire, par avant m'aviez envoié commission pour bailler la traicte du Pont-de-Sé et escript que vous cognoistriez bien comment je vous y serviroye. Sire, dès le premier jour que je vins à vous, je me déliberé de vous servir loyalement et de n'avoir point deux maistres, et en ce propox ay toujours esté ; et, maintenant que je suis viel, je seroie plus que foul, si je vouloye faire le contraire. Je ne trouveroye en pièce ung maistre qui me feist les biens que m'avez faict et faictes. Je prie à Dieu que, quant je vous feré faulte scientement pour qui que ce soit, que le col me puissé je rompre.
En effect, j'ay baillé ladicte traicte; et est demourée pour ceste année, commencée le premier de ce moys, à XXIIII mil Vc livres tournois, qui est vm mil Vc livres plus que l'année passée, et pourra encores plus valoir, car les tercemens et doublemens sont à escheoir.
Sire, je prie à Dieu qu'il vous doint très bonne vie et longue, et victoyre sur voz ennemis à vostre désir. Escript à Tours, le IIIe jour d'octobre.
Par ung autre, je vous avoye pieçà escript pour les mortespayes de Montagu, que vous fistes l'année passée assigner sur le domaine et oster de dessus le tresorier des guerres, où premier ilz avoient esté apointez ; mès vostre plaisir n'a pas esté faire expédier la cédulle qui estoit sur ledit domaine, comme l'année passée, et a troys moys entiers que lesdictes mortes-payes n'eurent denier. Vous savez mieulx que autre, veu les nouvelles que devez de ceste heure avoir eues de Bretaigne, s'il y en fault ou non; se vous voulez qu'il n'en y ait pas tant, ordonnez y en tel nombre qu'il vous playra, et faictes apoincter à vostre bon plaisir de leur paiement. Aussi, se vous voulez qu'il n'en y ait poinct, s'il vous plait, mandez le moy ; et à tout le moins qu'ilz puissent estre paiez du temps qu'ilz ont servy, afin qu'ilz puissent paier ce qu'ilz doyvent.
7 janvier [1475]. Montaigu.
— Lettre d'Adam de Vasouy à Bourré , trésorier de France, sur une descente imminente des Anglais.
7 janvier [1475]. Montaigu.
— Lettre de Jean Chauvin à Bourré, relativement à la préparation de l'artillerie du roi et à l'arrivée des Anglais à Bourgneuf.
15 janvier 1475. Paris.
— Mandement de Louis XI aux maire et échevins de Tours de faire livrer par les armuriers de leur ville soixante salades d'archers à Bourré pour l'armement de la garnison de Montaigu, dont il est capitaine. (Bibliothèque nationale, Ms. fr. 20497, fol. 42)
Paris, 21 avril 1475. — à Bourré, dit "du Plessis"
Accusé de réception de sa lettre ; impossibilité où le roi s'est trouvé de faire assigner sur ses finances les mortes-paies de Montaigu ; ordre de les appointer en Languedoc, en Guyenne ou ailleurs; de faire faire bon guet et de munir la place d'artillerie et de vivres ; appointement sur le trésorier des guerres de la pension de Guillaume de Melle, qui ne devra pas quitter ladite place de Montaigu. (Bibliothèque nationale, Fr. 6602, fol. 61 ; et Fr. 20427, fol. 72)
Monseigneur du Plessis, j'ay receu les lettres que m'avez escriptes; et, au regard de l'assignacion des mortes-paies de Montagu, dont vous m'escripvez, je ne les ay peu faire assigner sur mes finances, pour les grans charges que j'ay eues; mais je vueil que vous les appoinctez vous mesmes, soit en Languedoc, en Guienne ou ailleurs, en ce quartier là ; car je vueil que soiez trésorier esdictes marches, et que autre que vous n'en face l'estat; et vous trouverez bien façon de les appoincter. Et surtout faites faire si bon guet et sans bruit, qu'il n'en viengne aucun inconvenient, et vous fournissez d'artillerie et de vivres au mieulx que vous pourrez.
Au regard de la pension de Guillaume du Mesle, dont vous m'avez escript, je l'en ay fait appoincter sur le trésorier des guerres, et est l'argent de ladicte pension tout content; et, pour ce, ditez lui qu'il ne se bouge de ladicte place. Je vous prie que me faites tousjours savoir ce qui surviendra. Escript à Paris, le XXIe jour d'avril.
Loys. — Tilhart.
A nostre amé et féal conseillier et maistre de noz comptes maistre Jehan Bourré, tresorier de France.
12 septembre [1475 ?]. Montaigu.
— Lettre de Bourré à Louis XI pour lui annoncer le départ de Jean (Guillaume ?) de Melle, malgré tout ce qu'il a pu faire pour le retenir. (Le 21 avril 1475, on trouve pour la première fois une assignation de paiement dudit Jean de Melle, lieutenant de Bourré à Montaigu, sur les fonds du trésorier des guerres. (Bibliothèque nationale ; ms. franc. 20427, f° 64).
— Lettre de Bourré à Nicolle, secrétaire du roi, au sujet du départ de Guillaume de Melle, lequel ne veut rentrer à Montaigu que pour y commander en chef et non en qualité de lieutenant.
Au-dessus de la Maine et du moulin de Saint-Nicolas et sa chaussée :
les restes de la nouvelle "tour du Moulin" ;
sa forme polygonale, sa maçonnerie "à sable et à chaux", ses embrasures pour une petite artillerie,
sont la marque, des transformations apportées par Louis XI à l’angle nord-ouest du Château de Montaigu.
Cette modernisation des fortifications remplaçait des défenses préexistantes,
et à l’époque les embrasures, aujourd’hui presque enterrées étaient plus dégagées
et dominaient la rivière qui côtoyait alors le bas de l’escarpement.
Arras, 25 avril 1477 (— à Bourré)
Invitation au duc de Bretagne à cesser ses entreprises sur les marches de Bretagne, et accord pour ne pas forcer les habitants de Gesté à contribuer aux réparations de Montaigu. — (Arch. de la Loire-Atlantique).
De par le roy.
Nostre amé et féal, notre très cher et très amé neveu et cousin le duc de Bretaigne nous a fait remonstrer que puis naguères l'on a voulu et veult contraindre la parroisse de Gesté en Anjo, qui li apartient à cause de sa seigneurie de Cliçon à la fortificacion de Montagu, jaçoit ce que de tout temps ses prédécesseurs seigneurs de Cliçon l'aient tenue en franchise de toutes tailles, subcides, de guet, garde et autres subjections audit chasteau de Montagu. Et par ce nous a fait requérir […] attendu mesmement que ladicte parroisse de Gesté est, come il dit, de très petite estandue et y a petite quantité de héritages, nous l'en veillons faire tenir exempté. Par quoy nous voulans garder à notredit neveu ses droiz en bonne réson et justice, voulons et vous mandons que ce ladicte parroisse de Gesté n'est de la chastellenie et ressort ou apartenance de Montagu, et qu'ilz n'aient acoustumé de contribuer ès dictes fortificacions, vous les faictes et lesser jouir de l'exempcion telle que résonablement ilz doivent joir, car ainsi nous lui avons octroyé. Donné à Arras, le XXVe jour d'avril.
Loys.
samedi 2 août [1477]. Nantes.
— Lettre d'Odet d'Aydie à Bourré pour lui annoncer son arrivée à Montaigu.
28 février 1478. Plessis-du-Parc.
— Lettres de Louis XI, transportant à Montaigu les assises de Fontenay-le-Comte.
— Requête de Philippe Chevalier et des moines de Saint-Jouin près Marne, des habitants de Saint-Georges et du procureur du roi à Montaigu, pour obtenir que ledit lieu de Saint-George, qui relevait de Chinon, puis de Fontenay, relève désormais de Montaigu.
[1478.]
— Mémoire relatif à la cession de Montaigu en Poitou à Louis XI par Marguerite de Culant, veuve de feu Loys de Belleville, au nom de son fils aîné et d'Antoine, Jacques et Gille de Belleville, ses beaux-frères, contre les compensations à eux attribuées par arrêt du Parlement, savoir, à ladite dame, Montmorillon et la traite de Cosnat ; à Antoine de Belleville une somme de 600 à 700 fr. ; à Jacques de Belleville, comme détenu à la Conciergerie et passible de confiscation, rien ; à Gilles de Belleville, un château près Laon, jusqu'à concurrence de 600 1ivres tournois de revenu, plus une soulte, en cas d'un revenu moindre.
[1478.]
— Consultation donnée au roi Louis XI par les conseillers de la Chambre des comptes, appelés avec eux les avocats et procureurs du roi. Ils sont d'avis que le roi remette à MM. de Belleville la place de Montaigu, jusqu'à ce qu'il ait pu leur en livrer une autre d'égale valeur.
[1478.]
— Provision de Vc 1ivres tournois (500 livres) de pension, et paiement de la somme de IIIm VIc XI écus (3611 écus) due par Mme de Belleville à Gaudin et de Beaune, faits par le roi à la décharge de ladite dame, en attendant le règlement définitif de l’échange de Montaigu, pour lequel elle viendra à Paris, avec procuration de ses enfants et de ses beaux-frères, le 12 janvier suivant.
19 février 1480. Paris.
— Lettre de Louis XI, mandant au premier huissier sur ce requis d'ajourner, nonobstant appel, Guy Chenu, seigneur de l'Estang, qui prétendait s'opposer à l'exécution de certaines lettres du sénéchal de Montaigu.
2 juillet [1481].
— Lettre de ….. à Mgr du Plessis Bourré, trésorier de France, sur les fortifications de Montaigu, et sur des questions d'impôt. Le 3 février de cette même année, on trouve un mandement de 1200 1ivres tournois, signé par Louis XI, sur les 2000 affectées aux dites fortifications. (Archives nationales, K 72, n° 52).
7 septembre [1481]. Montaigu.
— Lettre de Guillaume Le Bigot à Bourré sur les fortifications de Montaigu, et en réponse à une demande de chiens courants faite par le roi.
— Lettre d'Adam de Vasouy à Bourré, "conseiller et maistre des comptes, trésorier de France et capitaine de Montaigu", relative à l'envoi de Guion Lehot, pour surveiller les travaux de fortification de ladite place de Montaigu.
A propos de cette lettre du 7 septembre 1481, l’historien montacutain Gustave Mignen raconte dans une conférence donnée le dimanche 13 mars 1910 à Montaigu :
Une belle tour le termine la pointe Sud du château. Cette tour, démantelée comme toutes les autres, avait une si large circonférence, que les ouvriers du pays se déclarèrent incapable de faire le devis de la charpente en poivrière qui devait la couronner. C'est alors (1481) que Guillaume Le Bigot, lieutenant du château, écrivit à M. du Plessis-Bourré, ministre des finances du roi et son gouverneur au château de Montaigu :
"Le chastelain, le procureur Gillet et moy, avons fait carchier et mandé à tous les charpentiers de par deçà pour leur cuidés baillés à faire la charpenterie de la Tour neuve ; mès nous n'en avons pas trouvé ung qui la vousist prendre à pris fait, ne comme on baille les besoingnes du Roy, ny aultrement. Et ainsi j'ay esté advisé d'ung oupvrier nommé Pierre Hardouin, que vous cognaissez bien, ainsi qu'il m'a dit, lequel besoigne à Beauprau, à la maison que monsr le bailly de Rouen faisait faire, et l'ay envoyé quérir jusque là. Et voullentiers est venu cyens, et lui avons monstré la besoigne, et l'a visité tout à son aise, et nous a respondu que voullentiers prendra ola besoigne à faire, si c'est votre plaisir de luy donner pris raisonnable, et qu'il est tout votre serviteur à faire tout ce qu'il vous plaira luy commander. J'ay voullu sçavoir le pris qu'il en voulloit bien aver ; il m'a dit que vous scavez bien que telles chauses vallent, et sur ce point a fait et jetté deux formes sur deux fuelles de papier lesquelles je vous envoie pour voir […]. Il m'a dit que pour bien faire la besoigne il en échet bien 66 francs, tous fois, il dit bien que quand vous avez monstré son tret aux mestres de par delà qu'ils diront bien (ce) que la besoigne puet bien valloir…"
Vestiges, après leur démantèlement en 1586,
de travaux de modernisation des fortifications de Montaigu ordonnés par Louis XI en 1476
(dessin d’Augustin Douillard, Echo du du Bocage Vendéen, 1884) :
- au fond à gauche, les vestiges de la "tour Richard",
- au premier plan à droite, ceux du "Château-Gaillard" (photo en janvier 2016).
1479 : Louis XI établit un "Siège royal" à Montaigu en Poitou
Au Moyen Age, juridictions seigneuriales et juridictions royales se superposaient, se concurrençaient et se complétaient. Au fil du temps, les rois de France, étendant leur autorité, multiplièrent les "Baillages" et "Sénéchaussées" ainsi que les "Sièges royaux", sénéchaussées secondaires. Ceci avec parfois des retours en arrière. En 1436, Charles VII avait établi à Poitiers une sénéchaussée royale relevant du Parlement de Paris et étendant sa juridiction sur tout le Poitou. L’étendue de cette juridiction fut par la suite restreinte par la création de sénéchaussées secondaires ("sièges royaux"). Celle de Civray, fut érigée en deux temps : créé en 1526, supprimée en 1533, rétablie en 1541. Celle de Saint-Maixent fut érigée en 1541. Celle de Fontenay-le-Comte en novembre 1544, par un édit de François Ier. Pour celles de Vouvant et de Thouars ce ne sera que plus tard. Toutes étaient sous la juridiction du Parlement de Paris. A partir de 1551, les Présidiaux, dont celui de Poitiers, constituèrent un échelon intermédiaire entre ces sénéchaussées secondaires et le Parlement de Paris.
L’institution, par une ordonnance prise en janvier 1479 à Plessis-lès-Tours, d’un "Siège royal" à Montaigu (aux dépens de Fontenay-le-Comte qui l’espérait) donna une grande importance à la ville. Elle devenait un ressort juridique, et une circonscription administrative, le sénéchal (royal) ayant aussi des fonctions de représentation politique : quand cela était nécessaire il était chargé de réunir les possesseurs de fiefs (ban et arrière-ban) et il présidait les assemblées des trois ordres de sa circonscription pour les élections des députés aux états généraux ; il était aussi chargé de la police, publiant les ordonnances royales et s’occupant des foires et des marchés. Judiciairement, le tribunal d’une sénéchaussée (et donc du nouveau "siège royal" de Montaigu) traitait, en première instance les causes civiles et criminelles, et en appel les décisions des justices seigneuriales et des prévôtés, jouant ainsi le rôle d’intermédiaire entre les juges locaux et le Parlement de Paris.
Ci-dessous, l’ordonnance de Louis XI établissant un "Siège royal à Montaigu en Poitou" (dans le style redondant caractéristique de ce genre de texte, mais avec une orthographe actualisée) :
Louis XI, au Plessis du Parc-lès-Tours, janvier 1479.
Loys, par la grâce de Dieu, Roy de France ; faisons savoir à tous présents et à venir que, tant pour le bien, l’accroissement et l’augmentation de nous et de la chose publique de notre royaume, et pour la garde et la sûreté de notre pays de Poictou et des fins, bordures et limites du dit pays, par l'avis et déliberation des gens de notre sang et grand conseil, nous, par grands moyens et conduites, avons attiré et appliqué à nous et au domaine de la couronne de France les château, ville, baronnie et seigneurie de Montagu en notre dit pays de Poictou, avec leurs ressorts, appartenances et dépendances quelconques, et en quelque part et lieux qu'elles soient et se puissent étendre, et avons commis au dit lieu de Montagu châtelain et procureur et autres officiers, comme en un des lieux de nos sièges principaux du dit pays de Poictou, et par ce moyen soit la dite ville, château, baronnie et seigneurie de Montagu affranchie et exempte de foi et de hommage, et de toute reconnaissance qui pouvait ou avait l’habitude d’être due d'ancienneté au vicomte de Thouars, avant que les dites ville, château, baronnie et seigneurie de Montagu fussent appliqués à nous et à la dite couronne ; pour cela, semblablement doit être affranchie et exempte la dite baronnie, seigneurie et ressorts, et les sujets de ceux-ci, nobles et autres, de quelque état qu'ils soient, de tout droit de suzeraineté et ressort, aux lieux où ils avaient coûtume de ressortir, soit à Poictiers, à Thouars ou ailleurs, en dehors de notre cour de parlement, ainsi que ressortent nos dits sièges principaux de Poictiers et de Thouars ; en préjudice desquelles choses nous avons été avertis que nos officiers des dits lieux de Poictiers et de Thouars se sont efforcés et s’efforcent d’entreprendre la connaissance, par forme de ressort et autrement, de la plupart des causes de nos sujets du dit lieu, baronnie et seigneurie de Montagu, en évoquant ou voulant évoquer plusieurs causes et procès introduits et commencés par devant nos dits juges au dit lieu de Montagu, tant à instance de notre procureur au dit lieu, qu’à la requête d'aucunes parties, soit en matière de nouveautés, plaintes, requêtes de lettres, cautions ou autres causes simples, et autres qu’on dit ou veut dire par ce moyen que notre dit procureur de Montagu est tenu et sujet à demander et requérir le renvoi ou l’obéissance aux dits sièges de Poictiers ou de Thouars, dont nos dits sujets de notre baronnie et seigneurie de Montagu sont très fort pressés et travaillés pour la distance des lieux, abolitions, pertes, dommages et autrement, et les causes de notre dit procureur grandement retardées, et de plus pourrait être prévu n'était sur ce par nous donnée. Pour cela nous, voulant préserver et entretenir en état dû et convenable la dite ville, château, baronnie et seigneurie de Montagu, située et assise aux fins et extrémités de notre dit pays de Poictou et sur les marches du pays de Bretagne, en autorité telle qu'il appartient comme l'un des sièges principaux de notre dit pays de Poictou, et en ce lieu avoir et entretenir bon et notable conseil pour la garde de nos droits et du fait et état des dites marches, sur lesquelles plusieurs surprises ont été faites et efforcées de faire précédemment, pour ces causes et d’autres venant à nous, de notre propre mouvement, en pleine puissance et autorité royale, avons créé, érigé et établi, créons, érigeons et établissons pour nous et nos successeurs Roys de France, au dit lieu, baronnie et seigneurie de Montagu, ses appartenances et dépendances, et par tout le ressort et bailliage de ceux-ci, cour et juridicion perpétuelle et ordinaire, et avons affranchi et exempté, affranchissons et exemptons nos dites ville, château, baronnie, seigneurie et bailliage, et ses ressorts et les sujets de ceux-ci, quels qu'ils soient, avec le bailliage qui en dépend et peut dépendre, des dits ressort, obéissance et de toute suzeraineté des dits lieux de Poictiers et de Thouars, en dehors seulement de notre dite cour de parlement, sans ce qu’à jamais les hommes, manants et sujets de cette seigneurie de Montagu, bailliage et ressort, soient tenus de ressortir ni obéir par lettres ou mandements des sénéchaux ou juges de Poictiers ou de Thouars à aucune court, juridicion et congnoissance, fors dudict lieu de Montagu et des juges qui par nous y sont ou seront commis, ores ou pour l'advenir, et avons voulu et voulons que toutes les causes et procès meuz et encommencés entre les subgects de nostredicte baronnie et seigneurie de Montagu, ès assises et juridicions de Poictiers et de Thouars, non contestées, soient renvoyées et évoquées, et lesquelles nous renvoyons et evocquons par ces présentes audict lieu, court et juridicion dudict lieu de Montagu, soit en grandes ou petites assises, et interdisons et défendons à nosdits seneschaulx de Poictiers et de Thouars, et à leurs lieutenants, toute cour, juridiction et connaissance des dites causes et matières, et des droits qui en dépendent ou peuvent dépendre, sans en retenir aucune, et, en leur défaut ou delai de les renvoyer, mandons en premier notre sergent sur ce requis, si besoin était, d'en faire le renvoi, lequel nous autorisons par ces dites présentes, quant à cela. Donnons ici en mandement à nos aimés et féaux conseillers les gens tenant notre cour de parlement, que de notre présente grâce, loi, décret, ordonnance et volonté ils fassent jouir et user paisiblement nos dits officiers, hommes et sujets de la dite baronnie, seigneurie et bailliage de Montagu et des ressorts, leurs appartenances et dépendances, maintenant et pour le temps à venir, et par la forme et manière dites ci-dessus, sans y faire aucune infraction, oubli ou dérogement en rien qui soit ou puisse être, et qu’ils fassent enregistrer et publier cette dite ordonnance en la dite cour et ailleurs où il appartiendra, car ainsi nous plait-il et le voulons être fait, nonobstant oppositions ou appellations quelconques faites ou à faire, mandements, défenses, constitutions et établissements vieux et nouveaux faits par ci-devant ou autrement touchant les droits de nouvelles seigneuries accrues ou attribuées à notre royaume, par lesquelles nous ne voulons être fait aucun préjudice à l'effet et teneur de ces présentes, auxquelles, afin que ce soit chose ferme et stable à toujours, nous avons fait mettre notre sceau, sauf en autres choses notre droit et l'autrui en toutes. Donné au Plessis du Parc-lès-Tours, au mois de janvier, l'an de grâce mil CCCC soixante-dix-neuf, et de notre règne le dix-neuvième.
Sic signatum : Par le Roy, les sires du Lude, du Bouchage et autres présents.
Le Mareschal. visa.
Lecta, publicata et registrata, présente procuratore Régis et non contradicente. Actum in Parlamento, decimâ die Junii, anno m.°cccc.°ixxx. Collatio facta est cum originali.
1491 : le retour provisoire de Montaigu aux Belleville-Harpedane
En 1483, Louis XI mourut. Anne de Beaujeu, sa fille aînée et régente du royaume durant la minorité de Charles VIII, poursuivit sa politique. En juillet 1488 les troupes de François II, duc de Bretagne, furent vaincues à Saint-Aubin-du-Cormier, et lui-même mourut deux mois plus tard. La situation du duché était intenable, et en 1491 la duchesse Anne de Bretagne en fut réduite à épouser Charles VIII. L’objectif des rois de rattacher la Bretagne à la France pouvait être considéré comme atteint.
Montaigu fut rétrocédé en 1491 à Louis II de Belleville-Harpedane († 1492), fils de Louis Ier, puis passa à son neveu Jean IV, fils de Gilles. Cela fit disparaître le "Siège royal à Montagu en Poictou". L’importance de la ville reprit des dimensions plus modestes, et la justice y fut de nouveau assurée par un simple tribunal seigneurial, dont le "sénéchal" de nouveau ne fut plus que "seigneurial", et non plus "royal" comme il l’avait été pendant une douzaine d’années seulement.
Ce retour sera de brève durée : en 1517, Jean IV vendra sa seigneurie de Montaigu à Louis II de La Trémoille, mettant un terme au lien existant depuis cinq siècles entre Montaigu et les seigneurs de ses origines.
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Notes, sources et références...
(sauf mentions contraires, illustrations et texte sont dus à M. Mignet)
1 Monnier (Jean-Jacques), l’État breton (1341-1532), 1987, p. 207-224.
2 Vaesen (Joseph), Catalogue du fonds Bourré à la Bibliothèque nationale, Bibliothèque de l’école des Chartes, tome XLIV, 1883, p. 302-303.
3 Antoine Raguier, trésorier des guerres du roi au moins dès 1443, apparaît, à ce titre, dans la correspondance de Louis XI en 1468.
4 Créés en 1448, les francs-archers étaient des roturiers dispensés du paiement de la taille (d’où leur nom) en échange de leur engagement en tant qu'archer dans l'armée royale quand la situation militaire l'exigeait. Ils étaient encadrés par des capitaines permanents qui avaient pour mission de les passer en revue plusieurs fois par an (montre) en temps de paix et de les mener au combat en temps de guerre. Ils devaient s'entraîner chaque dimanche au tir à l'arc, coutume qui se prolongea jusqu’au XVIIIe siècle à Montaigu, bien après que leur institution eut été abolie en raison de sa faible efficacité.
5 Jacques de Beaumont, seigneur de Bressuire, de la Mothe-Sainte-Héray, fils d'André de Beaumont et de Jeanne de Torsay, marié à Jeanne de Rochechouart ; nommé vers 1469 lieutenant général du roi en Poitou, Saintonge et Aunis, sénéchal de Poitou en 1491, en remplacement d'Yvon du Fou. Il mourut le 15 avril 1492, âgé d'environ soixante-dix ans, dans son château de la Mothe-Sainte-Héray.
6 Dom Lobineau (Guy-Alexis), Histoire de Bretagne, tome Ier, p. 720.
7 Vaesen (Joseph) et Charavay (Etienne), Lettres de Louis XI, roi de France…, tome XI, p. 125. En France et jusqu’en 1564, l’année débutait avec le jour de Pâques (fête célébrée cette année 1473, le 18 avril), le séjour de Louis XI à Montaigu eut lieu du 1er au 5 janvier "1472" (vieux style) ou "1473" (nouveau style).
8 Guérin (Paul), Archives historiques du Poitou, vol. 38, p. 395-400.
9 Saint-Thomas-de-Conac, en Saintonge (Charente-maritime), sur l’estuaire de la Gironde.
10 Vaesen (Joseph) et Charavay (Etienne), Lettres de Louis XI, roi de France…, tome V, 1895, p. 350-354 ; tome VI, p. 336 ; tome VII, p. 197-199 ; tome IX, p. 190-191.
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