1884-1890 : "Echos du Bocage vendéen"
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Cette page est l'une de : Le règne des bourgeois républicains (1837–1935), chapitre qui devrait être à terme constitué au moins des parties qui suivent, elles-mêmes susceptibles d’évoluer au fil du temps…
- 1845 : Charles Dugast-Matifeux crée une deuxième histoire de Montaigu
- 1866-1956 : Montaigu, le chemin de fer et l’industrie
- 1870 : le maire Armand Trastour contraint à la démission
• 1884-1890 : début et fin de la revue montacutaine, "Echos du Bocage vendéen"
• 1900 (avril) : mort du Montacutain Georges Villebois-Mareuil
• 1906 (sept.) : voyage officiel à Montaigu du ministre de l’intérieur, Georges Clemenceau
• 1910 : Gustave Mignen ébauche une nouvelle histoire de Montaigu
- 1925-1934 : élection de Joseph Chapelain et fin du règne des Gaillard-Trastour
L'insertion de ces différentes parties ne se fera que progressivement. En cas d’utilisation de ces pages, y compris d’extraits, il va de soi qu'on en citera l’origine, l’auteur, et la date à laquelle elles ont été consultées. Enfin, toute remarque sur ce qu'elles contiennent (ou ne contiennent pas), sera la bienvenue (cf. "Contact").
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- 1884-1890 : début et fin de la revue montacutaine, "Échos du Bocage vendéen" -
Fin février 1884, paraissait le premier numéro de la revue montacutaine "Echos du Bocage vendéen"1. Une courte préface en exposait les objectifs : une publication "instructive et moralisatrice", se voulant une "topographie historique, scientifique, industrielle, artistique et littéraire". Au rythme d’une livraison tous les deux mois, elle paraîtra jusqu’en février 1890 inclusivement. Chaque numéro comptait 32 pages, plus des illustrations en encarts, soit un peu plus de 200 pages sur un an. Son siège était à Montaigu, où se trouvaient domiciliés son fondateur, Charles Dugast-Matifeux (1812-1896), et Augustin Douillard (1813-1869) dont proviennent les principales illustrations.
Couvertures des premier et dernier numéros de la revue "Echos du Bocage vendéen"
(Bibliothèque municipale de la Roche-sur-Yon)
La revue compte près de 300 articles2, non signés pour un petit tiers. Soixante de ceux qui sont signés le sont par Charles Dugast-Matifeux, directeur de la publication. Dix contributeurs signent 5 articles ou plus, et ils habitent, pour leur quasi-totalité, dans les environs de Montaigu, avec une forte proportion de médecins. On note la contribution à 2 reprises du fontenaisien René Valette, et à 4 reprises de son compatriote, "l’érudit" Benjamin Fillon, ami personnel de Charles Dugast-Matifeux.
Le contenu de la revue est à comparer avec ceux des revues du même type qui fleurissaient à l’époque, telles en Vendée le Bulletin de la Société d’Émulation de la Vendée (1854-2011) fondée par Henri de Puiberneau à la Roche, la Vendée historique (de 1897 à 1914) d’Henri Bougeois, ou encore la Revue de la Société littéraire, artistique et archéologique de la Vendée (de 1881 à 1887) et, prenant sa suite, la Revue du Bas-Poitou (et des provinces de l’Ouest) (de 1888 à 1972) créée par René Valette (1854-1939) à Fontenay et qui fut longtemps une référence, tant par son volume que par son contenu. Pour ce qui est de la qualité de celui de la revue "Echos du Bocage vendéen", à l’exception de certains articles dont l’apport factuel est plus consistant, la forme a tendance à primer sur le fond. Parmi ceux-ci : les transcriptions de documents extraits sélectivement de la collection de Dugast-Matifeux, la transcription des "Lettres de Broussais" (sept.-oct. 1793)3, les "Statistique du revenu de la propriété foncière, à Mouchamps et Saint-Georges de Montaigu, en 1735"4, les articles de Gustave Mignen sur le château de Tiffauges5, ou ceux sur Chavagnes-en-Paillers6… Les articles portant sur la période révolutionnaire et les sujets en dérivant sont la raison d’être de la revue, l’objectif de Dugast-Matifeux étant d’y condamner sans appel la révolte vendéenne et de justifier tout aussi inconditionnellement les activités répressives des gouvernements d’alors, auxquelles sa famille devait la plus grande part de sa situation économique, politique et sociale de nouveaux privilégiés.
Comme pour les autres revues citées, celle de Montaigu ne contient pas d’éditoriaux en dehors des préfaces du n°1 de 1884 et du n°1 de 1885. Cependant, trente de ses numéros se terminent par un "Carnet du philosophe", qui est généralement composé de citations de contemporains, par lesquelles Dugast-Matifeux fait part, indirectement, de sa vision des choses et du monde. On y retrouve les idées de celui qui avait été son maître à penser dans les années 1840 et dont il fut un temps le secrétaire, Philippe Buchez7, considéré plus tard comme un des pères du christianisme social. Ces "Carnet du philosophe" donnent à la revue un côté assez sentencieux ; l’aspect "social" y est fait de considérations théoriques n’allant surtout pas jusqu’à mettre en question le statut de bourgeois nantis de leur(s) auteur(s), et l’aspect "christianisme" y a des dimensions spirituelles limitées s’apparentant à un déisme voltairien.
Certaines des gravures illustrant la revue sont des documents uniques et elles ont été abondamment réutilisées par la suite. Elles proviennent d’Augustin Douillard, et représentent entre autres sujets le Montaigu qui a disparu au cours du XIXe siècle, telles l’ancienne église Saint-Jean, l’ancienne cure Saint-Jean (antérieurement maison de la Sénéchaussée), l’allée de l’Anglais, etc.
Une gravure d’Augustin Douillard, peintre à Montaigu
( "Echos du Bocage vendéen", mai-juin 1886 )
Le 37e numéro de la revue, en janvier-février 1890, en sera le dernier. Il n’est accompagné d’aucun message explicatif d’une fin de publication, à l’intention de ses "lecteurs et amis". Cela laisse penser que cette cessation de parution n’avait pas été prévue. La forte identification de la revue à son fondateur et directeur de publication, qui allait avoir 78 ans cette année-là et se trouvait assez esseulé, pourrait expliquer cette fin brutale.
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Notes, sources et références...
(sauf mentions contraires, illustrations et texte sont dus à M. Mignet)
1 La revue "Echos du Bocage vendéen" est consultable en ligne sur le site des Archives départementales de la Vendée, ainsi qu’à la Bibliothèque municipale de la Roche-sur-Yon.
2 Consulter ici l’inventaire des articles de la revue "Echos du Bocage vendéen".
3 "Echos du Bocage vendéen", mars-avril 1886, p. 247-252 ; mai-juin 1887, p. 69-73.
4 "Echos du Bocage vendéen", juillet-août 1884, p. 126-128.
5 "Echos du Bocage vendéen", mars-avril 1884, p. 33-40 ; mai-juin 1884, 75-79 ; sept.-oct. 1884, p. 139-143.
6 "Echos du Bocage vendéen", juillet-août 1886, p. 314-318 ; sept-oct. 1886, p. 346-347 ; janv.-févr. 1887, p. 13-15 ; mars-avril 1887, p. 59-60 ; mai-juin 1887, p. 92-95 ; sept.-oct. 1887, p. 147-148 ; mai-juin 1889, p. 95.
7 Pour les idées de Philippe Buchez (1796-1865), qui passa de la charbonnerie au saint-simonisme puis au christianisme social, voir son Traité de politique et de science sociale, 1866, tome 1 et tome 2.
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