1696 - "l’Aumônerie de Montaigu" devient "Hôpital"
rappel : avant toute utilisation d'extraits ou d'illustrations de ces pages, vous devez en demander l'autorisation à leur auteur.
Cette page est l'une de : Les efforts de redressement du XVIIe siècle (1598-1711), chapitre qui devrait être à terme constitué au moins des parties qui suivent, elles-mêmes susceptibles d’évoluer au fil du temps…
• 1600 : construction de la "maison de la Sénéchaussée" de Montaigu
• 1613 : les chanoines de Saint-Maurice édifient une nouvelle collégiale
• 1626-1792 : naissance et mort du couvent Notre-Dame de Saint-Sauveur, de Montaigu
• 1630-1639 : un nouveau Temple protestant est construit à Montaigu
• 1637 : Fr.-N. Dubuisson-Aubenay excursionne à Montaigu et dans les Marches du Poitou et de Bretagne
- 1667 : Gilles de La Roche Saint-André, un des deux chefs d'escadre du Royaume
- 1680-1705 : le Marquis de Crux réorganise l’enseignement à Montaigu
• 1696 : "l’Aumônerie de Montaigu" devient "Hôpital de Montaigu"
- 1711 : passage de Louis-Marie Grignion de Montfort à Montaigu
L'insertion de ces différentes parties ne se fera que progressivement. En cas d’utilisation de ces pages, y compris d’extraits, il va de soi qu'on en citera l’origine, l’auteur, et la date à laquelle elles ont été consultées. Enfin, toute remarque sur ce qu'elles contiennent (ou ne contiennent pas), sera la bienvenue (cf. "Contact").
----------------------
- 1696 : "l’Aumônerie de Montaigu" devient "Hôpital de Montaigu" -
L’histoire de l’hôpital de Montaigu est connue par les copies de cinq chartes de fondations (c’est-à-dire de donations) visant à organiser le fonctionnement et les moyens d’existence de ce qui était alors appelé "maison hospitalière" ou "aumônerie". Datées de 1174 à 1241, et longtemps conservées dans les archives municipales de Montaigu, elles ont été transcrites et commentées en 1904 par Gustave Mignen1. Cette histoire a aussi été évoquée en 1742 par François-Frédéric Bellouard de Jémonville dans ses Anecdotes sur la ville de Montaigu en Poitou, et en 1786 par le médecin Louis Richard de la Vergne dans sa Topographie médicale de la ville de Montaigu en Poitou.
La plus ancienne des chartes de fondations, celle de 1174, a été faite par Maurice de Montaigu († 1202). Elle laisse entendre que les origines de cet hôpital sont plus anciennes, et François-Frédéric Bellouard de Jémonville les attribuent à Brient de Commequiers et de Montaigu († 1174), et à son épouse Agathe, qui vécurent dans la première moitié du XIIe siècle.
Le seul reste en 2015 de l’aumônerie-hôpital médiévale :
le porche de sa "chapelle Saint-Léonard", érigée en 1215 par Marguerite de Montaigu,
intégré à l’hôpital de 1696, intégré dans son successeur en 1906,
récupéré dans les années 1980 lors de la destruction de celui-ci,
et remonté en 1990 dans l’enceinte du Château de Montaigu.
Au premier plan : quatre pierres tombales provenant de son ancien petit cimetière.
Ces chartes inventorient les différentes redevances destinées à faire vivre l’hôpital, et pesant sur les vassaux des seigneurs successifs de Montaigu. Elles furent remises en cause dans la deuxième moitié du XVIe siècle, à l’occasion des Guerres de Religion. A l’époque, la montée du pouvoir de l’État restreignant les droits et les revenus seigneuriaux fut une des raisons qui poussa la noblesse de la région à se ranger très majoritairement dans le camp protestant. Considérant l’hôpital comme une institution du clergé catholique, elle se dispensa de ces obligations, ce qui le mit dans une situation matérielle difficile. Sa réorganisation était devenue nécessaire.
Celle-ci fut réalisée en 1696 quand sous Louis XIV la politique de réorganisation des établissements de santé atteignit Montaigu. Des "Lettres Patentes pour l'Établissement de l'Hôpital de Montaigu en Poitou, et l'Union de Maladeries" en précisèrent le fonctionnement et firent mettre de l’ordre dans ses sources de revenus. En voici la transcription faite en 1904 par Gustave Mignen1 :
LOUIS, par la Grâce de Dieu Roy de France et de Navarre, à tous présents et à venir, salut ;
Ayant, par nos Lettres et déclarations des mois de mars, avril et août mille six cent quatre-vingt-treize, entre autres choses ordonné : que les biens et revenus désunis de l'ordre de Saint-Lazare, qui avaient été unis en conséquence de nos Édits des mois de décembre mille six cent soixante-douze et déclarations des vingt-quatre mars mille six cent soixante-quatorze, avril mille six cent soixante-quinze, et septembre mille six cent quatre-vingt-deux, seraient unis à d'autres hôpitaux ou Hôtels-Dieu lorsqu'ils ne seraient pas suffisants pour y établir un hôpital ; et que ceux dont les revenus seraient assez considérables, il en serait établi des hôpitaux, sur les avis des Srs Archevêques, Evêques et Intendants, pour être les revenus employés à la nourriture et entretien des pauvres malades, à la charge de satisfaire aux prières et services de fondation dont les dits biens et revenus pourraient être tenus ; et que les seigneurs particuliers et autres qui auraient été maintenus au droit de fondation et patronage des hôpitaux, maladeries et autres lieux pieux où l'hospitalité sera établie, pourront nommer des administrateurs laïques des mêmes hôpitaux, sans néanmoins qu'ils en puissent nommer d'autres que de la qualité portée par nos ordonnances ; et, que lorsqu'il se trouvera un titre de bénéfice bien établi, et un hôpital ou maladerie dépendants l'un de l'autre et séparée dans l'origine, mais dont les revenus auront dans la suite été confondus, ordonné qu'ils seraient séparés.
En conséquence desquels Édits et déclarations, les Commissaires par Nous à ce députés, sur l'avis de notre aimé et féal Conseiller en nos Conseils le Sr Evêque de Luçon, et du Sr Intendant de la dite Province, ayant par arrêt du trentième juillet mille six cent quatre-vingt-quatorze maintenu et gardé le Sr de Crux-Vieillevigne2, en qualité de propriétaire de la Baronnie de Montaigu, et les Nobles Vassaux de la dite Baronnie en la possession et jouissance des droits et facultés à eux attribués comme Fondateurs et Patrons de l'Aumônerie de Montaigu, pour en jouir conformément à notre déclaration du mois d'août mille six cent quatre-vingt-treize ; et, par autre arrêt du vingt-un janvier dernier, ordonné qu'il serait établi un hôpital dans la dite ville de Montaigu, auquel les biens de l'Aumônerie de la dite ville seraient unis pour être employés à la nourriture et entretien des pauvres malades qui seraient reçus au dit hôpital, à la charge de satisfaire aux prières et services de fondation dont ils peuvent être tenus, et que le dit hôpital sera régi et gouverné par des administrateurs de la qualité portée par nos ordonnances, et suivant les statuts et règlements qui seront faits, et qu'à cet effet toutes Lettres à ce nécessaires seraient expédiées ; et, voulant pourvoir au dit établissement et procurer à nos sujets le soulagement que la plus part des infirmes peuvent trouver à leurs maux.
Savoir faisons que Nous, pour ces causes et autres à ce nous mouvant, de l'avis de Notre Conseil qui a vu les dits Edits et arrêts des dits jours trente juillet mille six cent quatre-vingt-quatorze et vingt-unième janvier dernier, cy attachés sous le contre-sceau de Notre Chancellerie, et de notre Grâce spéciale, pleine Puissance et Autorité Royale, Avons par ces présentes, signées de notre main, dit, déclaré et ordonné, disons, déclarons et ordonnons, voulons et nous plait que les dits arrêts soient exécutés selon leur forme et teneur, et en conséquence qu'il soit incessamment établi un hôpital dans la dite ville de Montaigu, auquel Nous avons joint et uni les biens et revenus de l'Aumônerie de la dite ville, pour y loger, nourrir et entretenir et médicamenter les pauvres malades de la dite ville, à la charge de satisfaire aux prières et services de fondations dont peut être tenue la dite Aumônerie ; et qu'à cet effet tous les titres et papiers concernant la dite Aumônerie, biens et revenus en dépendant, qui peuvent être en la possession de Me Jean Baptiste Macé cy devant greffier de la Chambre Royale, aux Archives de l'ordre de Saint-Lazare, et entre les mains des Commis préposés par le Sr Intendant et Commissaire départi en Poitou, même en celles des Chevaliers du dit ordre, leurs agents, commis et fermiers, et autres qui jouissent des dits biens avant notre Edit du mois de mars mille six cent quatre-vingt-treize, seront délivrés aux dits administrateurs, à ce faire les dépositaires contraints par toutes voies, ce faisant ils en demeureront bien et valablement déchargés ; que ceux qui auront l'administration du dit hôpital, ainsi qu'il sera expliqué cy après, puissent accepter tous dons, legs et gratifications, soit par testament, donation à cause de mort, donation entre vifs ou par quelqu'autre acte que ce soit, acquérir, tenir et posséder tous biens de quelque nature qu'ils soient au profit du dit hôpital, en disposer par vente ou échange selon qu'il sera estimé par eux le plus avantageux pour le bien de celui-ci ; et, afin que cet établissement se puisse faire autre sureté, Nous avons ordonné que le dit hôpital sera conduit et gouverné par quatre administrateurs demeurant dans la dite Ville, de la qualité portée par nos ordonnances, dont le premier sera nommé par le Sr Evêque de Luçon ou en son absence par ses Grands Vicaires, le second par le Sr Baron de Montaigu et ses successeurs propriétaires de la dite baronnie, le troisième par les Nobles Vassaux de la dite baronnie, et le quatrième par le Chapitre de l'Eglise Collégiale du dit lieu, lesquels quatre administrateurs choisiront à la pluralité des voix un Receveur qui sera estimé le plus propre pour en faire les fonctions, et qui sera tenu de rendre compte à la fin de chacune année de sa recette et dépense pour être clos et arrêté par les dits administrateurs.
L'administrateur nommé par le Sr Evêque aura seul la conduite du spirituel du dit hôpital, et en son absence celui qui sera nommé par le Chapitre. Les assemblées se feront un jour de la semaine dans une des salles du dit hôpital pour y traiter et délibérer sur toutes les affaires qui regarderont le bien de celui-ci, à toutes lesquelles assemblées celui des administrateurs nommé par le dit Sr Evêque assistera et y présidera ; lesquels administrateurs et Receveurs demeureront en charge pendant trois ans, au bout desquels ils seront changés, ou pourront être continués pendant trois autres années par ceux qui les ont nommés, s'ils le jugent nécessaire pour le bien et avantage du dit hôpital. Outre les assemblées qui seront tenues en la forme cy-dessus, on tiendra une assemblée générale par chacune année, où le doyen et un député du Chapitre, ensemble les officiers de la justice du lieu auront entrée, séance et voix délibérative, le tout suivant le rang que chacun doit avoir, pour être fait dans la dite assemblée une déduction sommaire de l'état des affaires du dit hôpital, afin que les compagnies soient portées à secourir les pauvres par la connaissance qu'elles auront du besoin de celui-ci, auxquelles assemblées l'administrateur nommé par le dit sieur Evêque présidera toujours ; pourront les dits administrateurs, dans leurs assemblées, faire les Règlements qui seront nécessaires pour la reddition des comptes du Trésorier, pour la conduite, police et gouvernement du dit hôpital, non contraires à ces présentes, pour être les dits Règlements, s'il y échet, autorisés par nos Lettres Patentes ; Voulons que tous les procès et différents concernans le dit hôpital, tant en demandant qu'en défendant, soient portés et jugés en première instance par devant le Juge Royal duquel relève la dite ville, et Gens tenant le siège au dit lieu, et par appel en notre Parlement de Paris, auxquels nous attribuons pour raison de cela toute Cour, Jurisdiction et connaissance, et celle-ci interdisons et défendons à tous autres Juges, Et, d'autant que nous ne voulons rien omettre de ce qui peut dépendre de Nous pour le bien du dit hôpital, Nous avons amorti et amortissons par ces présentes le lieu où sera établi le dit hôpital, ensemble les bâtiments qui pourraient y être ajoutés pour composer les bâtiments, enclos et jardins du dit hôpital, sans que pour raison de cela, Nous, ni nos successeurs Rois, puissions prétendre aucune finance, de laquelle à quelque somme qu'elle puisse monter nous avons fait et faisons don au dit hôpital, à la charge toutefois de payer l'indemnité aux Seigneurs desquels les dits lieux, maisons, enclos et jardins pourront être mouvants.
Si donnons en Mandement à nos aimés et féaux Conseillers, les Gens tenant Notre Cour de Parlement de Paris, que ces présentes Ils fassent registrer, et de leur contenu jouir et user les dits administrateurs et ceux qui leur succéderont au dit hôpital, pleinement, paisiblement et perpétuellement, cessant et faisant cesser tous troubles et empêchements, et ce nonobstant toutes choses à ce contraire auxquelles Nous avons dérogé et dérogeons par les dites présentes, Car tel est notre plaisir. Et afin que ce soit chose ferme et stable à toujours, Nous avons fait mettre notre sceau à ces dites présentes.
Donné à Versailles, au mois de février l'an de grâce mille six cent quatre-vingt-seize, et de notre règne cinquante-troisième.
Louis.
par le Roy : Phelippeau
Registrées, ouï le Procureur gral du Roy pour jouir par les Impétrants de leur effet et contenu, et être exécutées selon leur forme et teneur suivant l'arrêt de ce jour, à Paris en Parlement le quatorze mai M VIe quatre-vingt-seize.
M. Teillet.
Visa Beucherat :
pour Lettres portant Etablissement d'un hôpital à Montaigu et union de l'aumônerie du dit lieu au dit hôpital.
"Lettres Patentes pour l'Établissement de l'Hôpital de Montaigu en Poitou,
et union de l'aumônerie", de Louis XIV, en février 1696.
Après avoir rappelé les textes législatifs antérieurs, ces Lettres patentes (c’est-à-dire ces "décrets") définissent leur objet – la réorganisation de "l’Aumônerie" de Montaigu – puis se penchent sur ses ressources, sur son administration et son contrôle, et sur les aménagements à venir.
Ce fut suivi d’effet : dans les années qui suivirent, de nouveaux bâtiments furent construits, intégrant la "chapelle Saint-Léonard" de "l’Aumônerie" médiévale. Ces bâtiments, qui subsisteront jusqu’au début du XXe siècle, ont été décrits en 1786 par Louis Richard de la Vergne (1763-1844), dans sa Topographie médicale de la ville de Montaigu en Poitou3 :
"De l’hôpital :
La situation de l’hôpital à l’extrémité méridionale du faubourg Saint-Jacques, sur un coteau exposé au sud-ouest, dont la rivière baigne le pied, est heureuse et salubre. L’édifice est irrégulier et accompagné d’une grande cour et de jardins potagers ; il y a deux salles, l’une pour les hommes et l’autre pour les femmes. La salle pour les hommes est au rez-de-chaussée. Elle est belle, élevée, percée de six grandes fenêtres, trois de chaque côtés et exposée au nord-est et au sud-ouest. Elle contient seize lits. La salle des femmes est au premier étage, percée de trois fenêtres au nord-ouest, et au nord-est. Elle contient huit lits. Il y a en outre plusieurs appartements commodes pour la cuisine, la pharmacie. Cet hôpital a été créé en 1696 par lettres patentes de Louis quatorze et doté des revenus d’une aumônerie fondée en 1174 par un seigneur de Montaigu. Il est gouverné par quatre administrateurs : l’évêque de Luçon nomme le premier, le seigneur marquis de Montaigu le second, les ligérieurs ou vassaux nobles du marquisat le troisième, et le chapitre de Montaigu le dernier. Il y a trois ou quatre sœurs4 avec plusieurs domestiques, un receveur, un aumônier, un médecin et un chirurgien. On n’y reçoit que les habitants de la ville et des faubourgs, et les militaires pour lesquels le Roi paye5. On en exclut mal à propos les femmes en couches."
L’hôpital de Montaigu issu des Lettres patentes de 1696, tel qu’il se présentait au XIXe siècle :
- la localisation de l’hôpital de Montaigu à la sortie du "faubourg Saint-Jacques",
sur le plan cadastral de 1814 ;
- la façade de l’hôpital de Montaigu une fin d’après-midi de septembre vers 1900,
le porche de la "chapelle Saint-Léonard" de 1215
y est intégré dans les bâtiments construits au tournant des XVIIe et XVIIIe siècles
et on peut lire la date de 1701 au-dessus de la porte de droite.
Durant la Révolution, selon Charles Dugast-Matifeux6, l’hôpital, contrairement au reste de la ville, aurait été préservé par les troupes républicaines qui y auraient fait soigner des malades et blessés des deux bords… Une affirmation contredite par dix actes de notoriété établis par la Justice de paix de Montaigu en novembre 1801, dans lesquels autant de témoins relatent son pillage par l’armée révolutionnaire en septembre 1793.
Voici le premier de ce actes de notoriété…
"Jeanne Drouin, fille majeure âgée d’environ trente-six ans, demeurant au chef-lieu de la com-mune d’Hilaire-Loulay déclare qu’elle a parfaite connaissance qu’au mois de septembre 1793 (v. s.) de l’an 1er, l’armée de la République dite de Mayence, commandée par les généraux Canclaux et Besser enleva de l’hospice civil de Montaigu dix à onze voitures chargées de lits, linge, pharmacie et autres effets, qu’ayant en même temps emmené les sœurs de l’hospice, les dits effets furent déposés dans un entrepôt des hospices militaires de Nantes et principalement dans celui de la rue dont elle ne se rappelle pas le nom, près la place Saint-Pierre, où elle en a vu une grande partie, y étant allée pour réclamer quelques effets qui avaient aussi été enlevés à la citoyenne Julie Poit de vin (Poitevin), sa maîtresse, qu’elle ne put obtenir.
Lecture faite de sa déclaration, y a persisté, et déclaré ne savoir signer."7.
Au cours du XIXe siècle l’activité de l’hôpital sera réduite en raison d’une réputation durable de mouroir auprès de la population locale :
"L’hospice de Montaigu peut recevoir quarante malades ; mais il n’est jamais rempli. Sa dotation consiste en 1000 fr. de revenu foncier, 500 fr. de revenu en argent et quinze hectolitres de rentes en grains. Il est confié à deux dames qui n’appartiennent à aucune congrégation.
Dans le bocage vendéen, les gens du peuple ont une grande répugnance pour entrer à l’hôpital. Beaucoup s’imaginent même qu’ils sont destinés à devenir la matière d’expériences ayant pour but l’amélioration de l’art médical, et quelques-uns même vont jusqu’à croire qu’entrer dans un pareil établissement c’est presque se vouer à une prompte mort. Il résulte de cet état de chose que les lits de l’hospice de Montaigu ne sont presque jamais occupés en entier, et que même les administrateurs font des économies qui, converties en rentes sur l’État, viennent augmenter la dotation primitive."8.
Cette réputation était peut-être renforcée par le peu d’intérêt que les médecins de Montaigu, à commencer par le maire Armand Trastour, portaient alors à l’hôpital, comme en témoigne le terme d’ "hospice" qu’ils utilisaient à son sujet.
Sa modernisation était indispensable. Elle se fit au début du XXe siècle sur le même emplacement, et en septembre 1906, le ministre de l’intérieur d’alors, Georges Clemenceau, vint en inaugurer les nouveaux bâtiments au cours d’un voyage politicien en Vendée.
Sur des cartes postales des années 1950, les bâtiments de l’hôpital de Montaigu de 1906,
et les terres grâce auxquelles il pouvait s’auto-approvisionner, et sur lesquelles,
un demi-siècle plus tard, ont été implantés de nouveaux services médicaux et paramédicaux.
Cependant, soixante-quinze ans plus tard, l’existence même de cet hôpital qui est près de neuf fois centenaire et le plus ancien de Vendée, fut remise en cause. Cette menace de fermeture prit fin avec la création en 2003 du Centre Hospitalier Départemental multipolaire, réunissant à l’hôpital de Montaigu ceux de Luçon et de la Roche-sur-Yon. Ce fut l’occasion d’une réorganisation se traduisant par le remplacement des constructions du début du XXe siècle, par des agrandissements et de nouvelles constructions, et par une adaptation des services aux besoins locaux.
---------------------
Notes, sources et références...
(sauf mentions contraires, illustrations et texte sont dus à M. Mignet)
1 Mignen (Gustave), Chartes de Fondations pour l'Aumônerie-Hôpital de Montaigu (Bas-Poitou), 1904. Les lettres patentes de Louis XIV, de 1696, y sont transcrites pages 33 à 37. Rédigées sur parchemin (0,68 m de largeur sur 0,50 m de hauteur) et scellé du grand sceau, ces lettres patentes, sont passées des archives de l’hôpital aux archives municipales, avant d’être confiées en 1926 aux archives départementales (Arch, dép. de la Vendée : H dépôt 6).
2 Gabriel-Antoine de Crux, marquis de Crux, baron (et peu après élevé au rang de marquis) de Montaigu, seigneur de Vieillevigne, Touvois, le Bois-Rouault, le Plessis-la-Gaisne. Rocheservière, Grand-Lieu, etc. était fils de Jacques-Antoine de Crux et de Louise La Lande de Machecoul. En 1684, il avait épousé Françoise de Saint-Martin. Il décéda à Vieillevigne le 26 septembre 1713, et fut inhumé le lendemain dans le chœur de l'église de la "collégiale Saint-Maurice".
3 Dans sa livraison de juin 1787, p. 1094, le Journal des sçavants, dont la mission était de rapporter "tout ce qui est susceptible d'intéresser les gens de lettres ou les sçavans, autrement dit toutes les personnes cultivées", signalait le "Mémoire" de Louis Richard de la Vergne, précisant qu’il était de ceux qui avaient été gratifiés des éloges de la Société Royale de Médecine. Ce mémoire s’inscrivait dans le projet que cette société avait "d’après les ordres du Roi, de dresser un Tableau topographique et médical de toute la France".
4 Les religieuses qui avaient alors la charge de l’hôpital étaient dites de l’Union chrétienne, comme celles de "l’école de la Propagation" établies dans la ville de Montaigu et étant elles aussi sous la responsabilité la mère supérieure de l’hôpital.
5 Les registres de sépultures de l’hôpital de 1762 à 1784 montrent que sur 213 décès relevés, seulement 13 % proviennent de Montaigu. Les autres sont des malades des paroisses voisines ainsi que des personnes venant de tout le royaume, voire d’autres pays. Ainsi, le 19 octobre 1762 fut enterré "Jean-Baptiste Favre, gantier, originaire de la paroisse de Turrin en Piémont" et le 1er décembre de la même année "Félix Veuvit, originaire de Savoie" ; le 27 juin 1767 est inhumé "Jean Spinola du royaume d’Espagne"… La plupart des décédés extérieurs à la région sont des militaires. (Arch. dép. de la Vendée, 5 Mi 873).
6 Erudit local aux ambitions d’historien, Charles Dugast-Matifeux (1812-1894) est le fils de Charles-Louis (1752-1831) qui avait utilisé la Révolution comme moyen de faire fortune. Il s’est efforcé de créer une histoire de Montaigu avant tout républicaine et occultant les zones d’ombre du passé de sa famille.
7 Greffe du tribunal de Justice de paix de Montaigu, 19 brumaire An X (Arch. dép. de la Vendée : 4 U 14/5).
8 Cavoleau (Jean-Alexandre) et La Fontenelle de Vaudoré (Armand-Désiré), Statistiques ou description générale du département de la Vendée, 1844, t. 3, p. 852-853. Le second paragraphe est de Vaudoré (1784-1847) et s’ajoute au premier, écrit par Cavoleau (1754-1839) dans l’édition de 1818.
Après la tourmente révolutionnaire, la succession des "dames de l’hôpital" fut assurée pendant presque deux siècles par les "Ursulines de Jésus", fondées dès 1802 à Chavagnes-en-Paillers, par le montacutain Louis-Marie Baudouin (1765-1835). Elles quittèrent l’hôpital de Montaigu en 1980-1981.
retour à
Histoire de Montaigu
◄ page précédente : Les efforts de redressement du XVIIe siècle (1598-1711) Haut ▲ page suivante : Le XVIIIe siècle : Montaigu et le temps des physiocrates (1712-1789) ►