l'église Notre-Dame de l'Assomption de Rocheservière
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L'actuelle église Notre-Dame de l'Assomption reprend le nom d'une des anciennes églises de Rocheservière ayant été détruite durant la Révolution. Elle fut une des premières églises en style néo-gothique1 du département, et elle a connu une construction mouvementée. Son projet fut lancé le 2 janvier 1848, mais la première pierre ne fut bénie que le 29 juin 1853, et la consécration n'eut lieu que le 21 septembre 1884. Entre les augmentations de devis, les retards dans les travaux, et les conflits illustrés par les procès opposant les paroissiens aux architectes ou aux entrepreneurs, il fallut trente-six ans pour en voir l'achèvement.
L'église Notre-Dame de l'Assomption de Rocheservière en 2010,
avec son clocher qui a la particularité, pour une église vendéenne de l'époque,
d'être inspiré des "clochers à jour" de Basse Bretagne.
Les différents aménagements intérieurs et mobiliers furent réalisés dans les mêmes années et dans le même style que l'église. Certains, tels les autels ou les vitraux des bas-côtés, ont été changés depuis.
Le chemin de croix2 a été érigé le 24 février 1889. Il reproduit, peints sur cuivre, les éternels dessins de la maison Cabanes de Paris (près de Saint-Sulpice). Il est curieusement composé de seize stations, au lieu de quatorze, les stations supplémentaires - "Jésus au jardin des oliviers" et "la Résurrection de Jésus" - s'ajoutant l'une au début et l'autre à la fin.
La chaire en bois sculpté est décorée de cinq intéressants bas-reliefs représentant le Christ entouré par les symboles des quatre évangélistes (taureau, lion, homme/ange, aigle).
Sculptés sur la chaire et entourant le Christ, les quatre évangélistes
Luc, Marc, (le Christ), Matthieu, Jean
Parmi les 20 vitraux (sur les 56 que compte l'église) exécutés et posés en avril-mai 1954 par le maître-verrier Roger Degas3, de Mortagne, 9 sont consacrés à des épisodes emblématiques bien connus des guerres de Vendée, et aux incendies, destructions et massacres qui marquèrent en de nombreux lieux de l'actuel Rocheservière, le passage des soldats républicains en 1793 et en 1794. Ainsi, le 27 février 1794 dans le bourg de la Grolle où ils tuèrent une quarantaine d'habitants âgés de 4 à 77 ans. Ces vitraux furent bénis solennellement le dimanche 13 juin 19544.
Ces massacres ont longtemps été l'objet de polémiques visant, à défaut de pouvoir les ignorer, à les minimiser et à les réduire à des actions n'ayant duré au plus que quelques mois. Ainsi, dans un de ses ouvrages un certain M. Martin, professeur d'histoire, s'efforce d'en disculper les dirigeants révolutionnaires, ne les attribuant qu'à la seule responsabilité de "républicains [affectés] à ces emplois obligés, qui, sauf exceptions, ne furent tenus - faut-il le rappeler - que par des terroristes urbains dans l'hiver 1793-1794 et par les colonnes infernales dans le printemps 1794"5.
Les neuf "vitraux historiques" de l'église Notre-Dame de Rocheservière,
précédés d'un 10e reliant les événements d'autrefois
à ceux ayant touché la France dans la 1re moitié du XXe siècle
(les Vendéens prennent les armes pour défendre la liberté de croire,
prient avant et après les combats, refusent la vengeance et acceptent le martyre)...
...et ces vitraux, agrandis, dans le diaporama ci-dessous :
Cliquer sur l'image pour ouvrir le diaporama
vitrail 2 : "pour la Foi, la Vendée se lève" - Rocheservière le 17 mars 1793 ;
vitrail 3 : "le serment de Fidélité" ;
vitrail 4 : "Si j'avance suivez-moi" (rappel de la citation d'Henri de La Rochejaquelein) ;
vitrail 5 : "O Crux ave" ;
vitrail 6 : "Rends-toi - Rends-moi mon Dieu !" (évocation de la mort de Paul Barillon, et d'André Ripoche) ;
vitrail 7 : "...et nos dimittimus" (comme) nous pardonnons aussi (évocation du pardon de Bonchamps à St-Florent-le-Vieil) ;
vitrail 8 : "Introibo in ad altare Dei" j'irai vers l'autel de Dieu : exécution de Noël Pinot à Angers le 21 février 1794 ;
vitrail 9 : "la Messe dans les bois" (évocation des messes clandestines, telle celle de minuit le 25 déc. 1793 à Beaufou) ;
vitrail 10 : "la Vendée Martyre" - Rocheservière, 27 février 1794 (évocation du massacre de la Grolle à cette date) ;
(on reconnaitra l'église Saint-Sauveur sur le 2e vitrail, et le vieux pont de Rocheservière sur le 10e).
En 1999-2000, à l'initiative de Paul Soulard et de l'association "Jeux d'orgues et Chœurs de lutins", un orgue de vingt jeux de caractère, conçu par le facteur Yves Fossaert, a été installé dans le transept. Sa création a aussi été faite dans la perspective de manifestations avec des chœurs ou chorales. Son buffet a été traité en style néo-gothique afin de l'harmoniser au style de l'église.
L'orgue Yves Fossaert de l'église Notre-Dame de Rocheservière
(photo : concert William Chevillon - 29 janvier 2018).
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1 Les premières églises édifiées dans le style néogothique, comme celles de Rocheservière ou de Montaigu, présentent des baies étroites, tandis que celles construites quarante à cinquante ans plus tard, telles celles des Lucs ou d'Aizenay, en auront de beaucoup plus larges en particulier dans leurs parties hautes.
2 Pour les cérémonies autour des "Chemins de Croix", voir la notice en ligne le Chemin de Croix, avec des illustrations dans le même "style saint-sulpicien" que celui de Rocheservière.
3 L'étude la plus intéressante sur les "vitraux historiques vendéens" demeure à ce jour (en 2021) : Vitralii despre războiul din Vendée, 2011, 42 p. ; bien qu'écrites en roumain, la compréhension de ces pages est assez aisée. Sur Roger Degas, voir de J.-Chr. Ménard : "Un atelier d'artiste", in Guerre de Vendée - la mémoire du vitrail, 2021, p. 166 à 178.
4 La Vie paroissiale à Notre-Dame de Rocheservière (Arch. dép. de la Vendée : 4 Num 26 23 - 1954).
5 Martin (Jean-Clément), Vitrail et Guerre de Vendée, 1994, p. 11. De cet auteur à la démarche historique assez datée, et par ailleurs robespierriste inconditionnel, on retiendra cependant Un détail inutile ? Le dossier des peaux tannées : Vendée, 1794 (2013, 154 p.), où il confirme la véracité de faits de la Guerre de Vendée longtemps niés par l'Histoire officielle. Un pas vers la reconnaissance de l'existence d'autres faits du même genre.
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