le Faubourg Saint-Nicolas de Montaigu
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Le "faubourg Saint-Nicolas" se situe à la sortie de Montaigu, au-delà du "pont Saint-Nicolas" sur "la Maine". Il s'alignait le long du "chemin de Vieillevigne" (devenu "rue de Vieillevigne"), puis s'est dédoublé quand fut tracée, après 1810, la nouvelle route joignant la Roche-sur-Yon à Montaigu, "la rue Saint-Nicolas". Son existence remonte au moins au milieu du XIIe siècle, étant alors cité dans une charte de fondations (de donations) de "l'Aumônerie-Hôpital"1 de Montaigu. Il constituait dès cette époque une petite paroisse dont le saint patron était saint Nicolas de Myre, en Lycie (en actuelle Turquie ; v.270-345). Ce saint était autrefois très populaire et son hagiographie était particulièrement fournie. Pour avoir sauvé des matelots lors d’une tempête2, il était invoqué, entre autres, par les navigateurs et par les mariniers, et son nom a été souvent donné à des paroisses de villes portuaires ou situées le long de fleuves ou de rivières.
En dépit de la modestie de son cours et de son débit, "la Maine" est probablement à l’origine du vocable de cette paroisse dont l’église, détruite par les troupes révolutionnaires, avait été érigée en bordure immédiate des prairies inondables qui la longent.
A la fin du XVIIIe siècle, le "faubourg Saint-Nicolas" ne comptait que dans les 200 habitants, ne comprenant pas "la Gaudine" voisine qui relevait de la paroisse de Boufféré, mais incluant depuis 1726 la "chapelle Saint-Lazare"3. Fin septembre et début octobre 1793, il fut incendié par les troupes de Beysser puis de Kléber4, et il en resta à peine trois maisons utilisables. Vingt ans plus tard une partie des constructions avait disparu et sur le cadastre de 1814, la moitié de celles qui subsistaient étaient toujours en ruines5. La construction en 1811 d’une route vers la Roche-sur-Yon, depuis peu nouvelle préfecture de la Vendée, fit disparaître les restes incendiés de son église, située tout près du pont franchissant "la Maine".
Le "faubourg Saint-Nicolas" sur le plan cadastral de 1814,
les constructions en jaune sont non-imposables car toujours en ruines après leur incendie vingt et un an plus tôt,
tandis que les constructions en rose sont imposables.
Vue aérienne correspondante en 2009 (environ 485 x 245 m).
Fortement réduite suite à la Révolution, la population du "faubourg Saint-Nicolas" a longtemps été composée d’artisans et d'ouvriers, encore plus modestes que ceux du "faubourg Saint-Jacques". Cela se traduisait dans l’habitat, tout particulièrement le long de l’ancien "chemin de Vieillevigne", et aussi dans les options religieuses et politiques de ses habitants6. Ainsi érigèrent-ils autour de 1820 un calvaire, prédécesseur de celui qui sera élevé un peu plus loin un siècle plus tard. Quant à leurs opinions politiques elles tranchaient avec celles du reste de la ville dont la population avait été en grande partie renouvelée par les actions des troupes républicaines de fin 1793 à 1796. Il en reste encore des traces aujourd’hui, même si, depuis la fin des années 1980, la forte urbanisation y a globalement modifié la composition professionnelle, les niveaux de vie, et les sociabilités.
"Vue de la cascade de Montaigu, prise du pré derrière le calvaire"
en bordure du "faubourg Saint-Nicolas",
près de l'endroit où le tanneur voisin faisait macérer ses peaux.
(lithographie de Gibert, imprimée à Nantes chez Charpentier père,
le 15 janvier 1844)
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1 Mignen (Gustave), Chartes de Fondations pour l'Aumônerie-Hôpital de Montaigu (Bas-Poitou), 1904, p. 16.
2 Voragine (Jacques de), la Légende dorée, 1261/1266, chap. III – 6 décembre.
3 Mignen (Gustave), Paroisses, églises et cures de Montaigu "Bas-Poitou", 1900, p. 171 sq.
4 Kléber (Jean-Baptiste), Mémoires politiques et militaires, édition 1989.
5 Plan, état de sections et matrice du cadastre de 1814 (Arch. dép. de la Vendée : 3 P 146).
6 Entretiens en 2012 avec Denise Favreau (1920-2015), née et ayant toujours vécu à Montaigu, et avec d’autres habitants anciens de ce faubourg.
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l'Église, la cure et le cimetière Saint-Nicolas
L'existence de la paroisse et donc d'une "église Saint-Nicolas", est attestée dès l'an 1182, dans la deuxième charte de fondations (de donations) de "l'Aumônerie-Hôpital" de Montaigu.
En 1568, elle fut incendiée par les protestants.
Le clocher de bois de cette très petite église avait été remplacé par un clocher de pierre en 1782, et comme le reste du "faubourg Saint-Nicolas"1, elle fut incendiée autour du 1er octobre 1793 sur ordre de Kléber. Ses ruines furent vendues en 1798 (thermidor An VI) à un certain Gillaizeau2, actif spéculateur et "maçon" nantais sur les biens nationaux dans toute la région : plus de deux douzaines de métairies et borderies rien que dans le secteur de Montaigu, ainsi que des châteaux et logis tels celui de "Bois Corbeau", sur Saint-Hilaire-de-Loulay, ou celui des "Bouillères" sur Boufféré, dont il fit sa résidence. Il fut alors promu de ce fait, membre de l’administration municipale du canton de Montaigu de l’époque3.
Début octobre 1793, Charles Poulain, curé de Saint-Nicolas, arrêté à la Bruffière fut fusillé par les "Bleus" sur "le pont Saint-Nicolas". Son corps, jeté dans la rivière, en fut retiré quelques jours plus tard par le meunier du "moulin Gros"1.
En 1811, les derniers restes de cette "église Saint-Nicolas" disparurent, rasés lors de la construction de la nouvelle route de Montaigu à la Roche-sur-Yon. L’authenticité des seuls vestiges réputés comme pouvant en provenir reste très incertaine : le jambage gauche du porche d’entrée (visible à proximité, en bas de la "rue de Vieillevigne"), et des fonts baptismaux (aux "Ahayes" de Saint-André-Treize-Voies).
Parmi les rares et incertains vestiges qui pourraient provenir de l’ancienne "église Saint-Nicolas" :
- le jambage gauche du porche d’entrée de l’église,
transformé en poteau indicateur pour une résidence voisine ;
- des fonts baptismaux, retrouvés au village des "Ahayes" de Saint-André-Treize-Voies.
La "cure de Saint-Nicolas" a été l’une des trois ou quatre maisons du faubourg qui ont échappé aux incendies perpétrés ou ordonnés par Kléber en septembre-octobre 1793. Cette maison servit alors de bordel pour la distraction des troupes d’occupation de Montaigu. Elle se signalait par le linteau de sa porte peint en rouge, couleur qui se voyait encore en 19001. Elle fut vendue comme bien national le 12 octobre 1796 (21 vendémiaire An V).
Précédemment, la fabrique de la paroisse Saint-Nicolas possédait, en plus et à proximité de cette maison-presbytère, un petit jardin et une petite maison, incendiée en 17934, mais qui avait déjà été reconstruite vingt ans plus tard, sur le cadastre de 1814 (parcelles B 58-59-60)5.
Cette ancienne "cure de Saint-Nicolas" a été détruite en 1991 pour laisser la place à un parking pour sept voitures. Son ancienne porte se trouverait désormais au musée du Nord-Vendée.
Dans la "rue Saint-Nicolas", l’emplacement, avant et après 1991,
de l’ancienne "cure de Saint-Nicolas".
(Bulletin du District de Montaigu, n°23, déc. 1991)
Le "cimetière Saint-Nicolas" dont les origines remontent comme l’église et la paroisse du même nom au moins au XIIe siècle6, fut en activité jusqu’en juin 1790, date à laquelle il fut fermé pour le motif de salubrité publique, et les sépultures transférées dans le "cimetière Saint-Jacques", devenu dès lors le cimetière unique de la ville1.
Comme beaucoup d’autres biens, il fut vendu en août 1798 (thermidor An VI) à un certain François Gillaizeau2.
Les vieux murs qui entourent aujourd’hui le jardin occupant l’emplacement de cet ancien cimetière semblent provenir directement du temps où ce dernier était encore en activité7.
Mur clôturant l’ancien "cimetière Saint-Nicolas" ;
son emplacement et celui de "l’église Saint-Nicolas" sur le cadastre de 1814.
(environ 240 x 187 m)
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1 Mignen (Gustave), Paroisses, églises et cures de Montaigu "Bas-Poitou", 1900, p. 171, 172 et 175.
2 Registres de ventes de biens nationaux, thermidor An VI (Arch. dép. de la Vendée : 1 Q B nat) ; et Fonds Gustave Mignen (Arch. dép. de la Vendée : 36 J 60/2).
3 Lettre du commissaire du canton de Montaigu, 18 septembre 1798 (Arch. dép. de la Vendée : L 255).
4 Gustave Mignen, l'Ancien Montaigu, conférence, 1910.
5 État de sections du cadastre de 1814 (Arch. dép. de la Vendée : 3 P 146).
6 Mignen (Gustave), Chartes de Fondations pour l'Aumônerie-Hôpital de Montaigu (Bas-Poitou), 1904, p. 16.
7 Relevés sur le terrain en 2012.
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le chemin de Vieillevigne, devenu la "rue" du même nom
Aujourd’hui, l’appellation "rue de Vieillevigne" a remplacé celle qui faisait par trop campagnarde, de "chemin de Vieillevigne" !
En 2012, la "rue de Vieillevigne", étroite et tortueuse, et toujours bordée de petites maisons séculaires, avait gardé bien des caractéristiques de ce qu’était autrefois le "faubourg Saint-Nicolas" : un faubourg qui avait la réputation fondée d’abriter des populations d’humbles conditions. Aujourd’hui encore (en 2012), les façades de ses maisons, l’état de la voirie comme celui de la desserte électrique, s’efforcent de conserver cette tradition et lui donnent même un certain cachet1.
C’est en partie parce que la circulation en a été très tôt exclue, que ces aspects un peu "hors du temps" de cette "rue de Vieillevigne" se sont maintenus.
En effet, dès 1811, ce qui était le "chemin de Vieillevigne" fut doublée par la construction d’une nouvelle route joignant Montaigu à la Roche-sur-Yon2, qui venait d’être promue préfecture de la Vendée. Puis, après 1833, la "route stratégique n°7", entre Cholet et Saint-Jean-de-Monts et passant par Montaigu et Challans, remplaça ce qui ne fut désormais plus que "l’ancien chemin de Vieillevigne" et qui ne conduisait plus guère qu’aux vagues restes de la "chapelle Saint-Lazare" (en bordure de l’actuelle rue des Mimosas). En 1866, la mise en place de la voie ferrée Nantes-Bordeaux en coupa définitivement l'ancien tracé, réduisant ce vieux chemin à une quasi impasse.
A deux siècles de distance...
on peut encore imaginer ce qu’était l’ancien "chemin de Vieillevigne" :
- tel qu’il pouvait se présenter quand, venant de Vieillevigne,
on entrait dans le "faubourg Saint-Nicolas" (à gauche),
- ou tel qu’il pouvait se présenter quand on allait le quitter
pour aborder le "pont Saint-Nicolas" (à droite).
Parmi les peu nombreuses maisons plus récentes bordant la rue, celle du n°6, édifiée probablement durant l'entre-deux guerres ou peu avant, se remarque par les briques vernissées et les céramiques décorant ses façades, les ardoises de son toit, et ses hauts et étonnants pots de cheminées. C'est la seule construction de "style balnéaire" existant à Montaigu.
Le n°6 de la "rue de Vieillevigne",
et quelques détails de sa décoration, dont son inscription...
"Constituit eos principes domus"3
("la maison les a fait princes").
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1 Relevés sur le terrain en 2012.
2 Plan du cadastre de 1814 (Arch. dép. de la Vendée : 3 P 146).
3 Faut-il y voir une référence au psaume 44 (/ 45), verset 17, de la Vulgate ?
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la rue Saint-Nicolas
"La rue Saint-Nicolas" a été créée en 1810-1812 quand, Napoléon Ier ayant fait transférer la préfecture de Vendée à la Roche-sur-Yon, il fut décidé de créer une route nouvelle joignant Montaigu et cette ville. Elle sera réalisée sur le gabarit des "routes royales" de Trudaine, telle la route de 60 pieds (20 m) de large entre Nantes et la Rochelle, construite entre 1752 et 1757, mais dans une version réduite à 42 pieds (17 m) de large. Sortant de Montaigu par le "pont Saint-Nicolas", elle fit disparaître les ruines de "l'église Saint-Nicolas" et doubla "le chemin de Vieillevigne".
Vingt ans plus tard en 1833, suite à l’inquiétude suscitée l’année précédente par le passage de la duchesse de Berry et aux agitations légitimistes dans la région, Louis-Philippe fit construire la "route stratégique n°7" allant de Cholet à Saint-Jean-de-Monts, passant par Montaigu et Challans et destinée à réprimer toute velléité locale de contestation. La nouvelle "rue Saint-Nicolas" fut ainsi prolongée à partir de l’endroit où elle oblique vers Boufféré, en ligne droite jusqu’à Vieillevigne1.
Peu après la sortie du "faubourg Saint-Nicolas" en 2013 :
la vue au loin de l’église de Vieillevigne, à 10 km Montaigu,
illustrant les principes de Trudaine (1703-1769) et de ses héritiers qui voulaient
que le nouveau réseau routier de la France fût tracé "de clocher à clocher".
Enfin, en 1866, sous le règne de Napoléon III, la voie ferrée de Nantes à la Roche-sur-Yon, continuée en 1871 vers la Rochelle et Bordeaux passa sous "la rue saint Nicolas" grâce à un pont qui fut reconstruit en 2008 lors de son électrification.
A la toute fin du XIXe siècle, la création de petites activités industrielles, telle l'usine de tissage Carheil, à l'extrémité de "la rue du Val du Sacré-Cœur" sur Boufféré et réunissant alors plus d'une cinquantaine d'ouvrières et d'ouvriers, entraîna la construction de nouvelles habitations le long de "la rue Saint-Nicolas". C'est ainsi que furent édifiées : aux n°29-31 la grande "maison Sainte-Marie" et, dans les décennies suivantes aux n°2 à 12, une série de petites maisons ouvrières, aux encadrements et corniches en briques, construites par le maçon Louis Péquin (1901-1971)2.
Le "faubourg Saint-Nicolas" sur le plan du cadastre de 1814 (environ 860 x 410 m)
après la création de la nouvelle route vers la Roche-sur-Yon en 1811 :
la nouvelle route vers Vieillevigne n’y existe pas encore,
et encore moins la future voie ferrée.
Des éléments patrimoniaux du "faubourg Saint-Nicolas" :
- la maison "Sainte-Marie" construite en 1899,
- les maisons ouvrières construites quelques années plus tard,
- le "calvaire de Montaigu" érigé avant 1920
(dans le landau on reconnaîtra Denise Favreau, née en janvier de cette année-là),
- l’oratoire à la Vierge en 2021, 75 ans après sa bénédiction.
Le long de cette même "rue Saint-Nicolas" se trouvent deux monuments majeurs du patrimoine religieux de Montaigu. Ainsi à l’embranchement de la "rue des Rivières", un oratoire à la Vierge, béni le 25 décembre 1946 lors de la cérémonie de clôture de la Mission de cette année-là3, qui avait salué la fin de la guerre, le retour de ceux qui y avaient pris part et le souvenir de ceux qui y avaient péri.
Le 25 décembre 1946, la procession de la cérémonie de clôture
et la bénédiction du "Souvenir de la Mission".
Face à cet oratoire, le calvaire qui avait été érigé vers 1820 et qui avait disparu, fut remplacé un peu plus haut vers 1900 par un nouveau, de taille monumentale. Il est connu sous le nom de "calvaire de Montaigu", et a une hauteur totale d’environ 12 mètres : 5 m pour le monticule avec une grande niche abritant une Piéta, et 7 m pour la croix qui en granit sculpté, imitant l'écorce des troncs d'arbres, entourée des statues de saint Jean et des saintes femmes, de taille humaine et en métal peint4.
Vers 1910 et en avril 2021,
le "calvaire de Montaigu" et du "faubourg Saint-Nicolas".
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1 Plan, état de sections et matrice du cadastre de 1814 (Arch. dép. de la Vendée : 3 P 146).
2 Louis Péquin a construit de nombreuses autres maisons ouvrières à bas prix sur ce même modèle un peu partout à Montaigu ("quartier Saint-Joseph", début de la "rue de l'amiral Duchaffault"...), puis avec d'autres matériaux dans les années 1950-1960 ("rue du colonel Taylor", "rue Michel Favreau"...).
3 Entretiens avec Louis-Joseph Douillard, conseiller municipal de Montaigu de 1964 à 1994, et avec Anne-Marie Sabourin qui dans leur jeune âge participèrent à l'érection de cet oratoire. Pour connaître de l’intérieur ce qu’étaient les Missions autrefois, voir Un siècle de vie paroissiale, 1896-1996, l’Herbergement, 1896, p. 68 à 78.
4 Entretiens autour de 2010 avec Denise Favreau-Bourquie (1920-2015), fière de s'être trouvée, à l'âge de quelques mois dans son landau, sur une carte postale du "calvaire de Montaigu". Les statues du calvaire proviennent des fonderies de fonte de Vaucouleurs (Meuse).
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la métairie de Saint-Nicolas
En 1814, le long du "chemin de Vieillevigne", la moitié des bâtiments de "la métairie (ou borderie) de Saint-Nicolas", étaient encore en ruine après qu’ils eussent été incendiés vingt ans plus tôt, en septembre 17931, Ils firent partie des nombreuses possessions acquises en août 1796 par l’ancien député de la Législative puis de la Convention, Philippe-Charles-Aimé Goupilleau de Villeneuve, dit aussi "Goupilleau de Montaigu", aux dépens des possessions de l’ancien seigneur de Montaigu, Jacques Gabriel Leclerc de Juigné, parti en émigration2.
Au début du XIXe siècle, avec "la métairie de Saint-Nicolas", Philippe-Charles-Aimé Goupilleau e Villeneuve possédait aussi, sur la commune de Montaigu, "la métairie du Haut-Bois" de ce même côté de "la Maine" et "la métairie de l’Anglais" de l’autre côté de la rivière ; ce qui faisait de lui le propriétaire de la presque totalité des terres agricoles du Montaigu exigu d'alors ; seules lui échappaient les petits jardins du "faubourg Saint-Jacques", les quelques terres de l’ancien enclos des Fontevristes, et celles de l’Hôpital.
Jointes aux autres métairies acquises sur les communes voisines, à celles héritées de la succession familiale, et à ses autres acquisitions, ces différentes propriétés lui avaient permis, en moins de dix ans, de devenir riche c’est-à-dire de pouvoir vivre de ses rentes dans son nouveau et vaste logis de l'actuel n°11 de la "rue Chauvinière" de Montaigu3.
En 2012, "la métairie de Saint-Nicolas" était le dernier siège d’exploitation agricole encore en activité sur Montaigu. Pratiquant le maraîchage, elle était bien connue par ses ventes de légumes à la ferme, mais était inexorablement cernée par l’urbanisation.
En 2012, le chemin de Vieillevigne ne passe plus
devant les bâtiments de la "métairie de Saint-Nicolas",
un des derniers témoins d’activités agricoles
sur la commune de Montaigu.
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1 Plan, état de sections et matrice du cadastre de 1814 (Arch. dép. de la Vendée : 3 P 146).
2 Registres de ventes de biens nationaux (Arch. dép. de la Vendée : 1 Q B nat).
3 Pour une courte mais plus détaillée biographie de Philippe-Charles-Aimé Goupilleau, voir les pages sur "la Mourie", où il a une rue à son nom.
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la rue des Rivières et la demeure du Chêne
Entrant dans le "faubourg Saint-Nicolas" en venant de la "Vieille Ville" de Montaigu, les prairies bordant autrefois "la Maine" étaient appelées "les Rivières"1, d'où le nom de "rue des Rivières" donné à la rue qui les borde.
Au cours du XXe siècle, celle qui était située immédiatement en aval du "pont Saint-Nicolas" fut partagée en petits jardins familiaux, cultivés en général par des habitants du "faubourg Saint-Nicolas" voisin.
Puis, dans les années 1990, la partie des "Rivières" s’étendant jusqu'au viaduc du chemin de fer fut bâtie. Vu la nature du terrain et le risque d’inondation, les maisons y furent établies aussi loin que possible de "la Maine", sur d’assez grandes parcelles allant de la rue jusqu’à la rivière2.
Les terres appelées "les Rivières" vues d’avion en 1959,
sur le plan cadastral en 1814
(environ 925 x 675 m),
et vues de "la Maine" en 2012.
Antérieurement cette actuelle "rue des Rivières" était le plus souvent appelée "le chemin du Viaduc" car passant au pied du viaduc du chemin de fer qui était un but de promenade dominicale. Pendant un temps vers 1995 et par antiphrase, certains appelèrent parfois cette rue : "la rue du Smig" ou "la rue du Smic".
Du côté "faubourg Saint-Nicolas" de "la rue des Rivières", se trouve depuis les débuts du XXe siècle une "petite propriété" appelée "le Chêne".
En 1901, François Laronze qui avait connu une carrière universitaire par nature itinérante, souhaita se créer un pied à terre pour y prendre un jour sa retraite. Il opta pour Montaigu où son épouse avait des attaches familiales et fit construire en marge du "faubourg Saint-Nicolas" une résidence qu'il baptisa du nom du "Chêne"3 et qui, en raison de son vaste parc boisé (qui a été morcelé depuis) et par contraste avec les habitations voisines, a été parfois appelée "le château du Chêne".
Vers 1910, une carte postale "nocturne" du "château du Chêne",
et en 2009 sur une vue aérienne, sa localisation en bordure du "faubourg Saint-Nicolas"
(environ 190 x 175 m).
En 1942, le fils de François Laronze, Georges, vint à son tour y prendre sa retraite, après une éminente carrière de juriste dans les cabinets ministériels de Georges Clemenceau et de Louis Barthou, entre 1906 et 1913, puis comme président de la Cour de cassation, ce qui lui permit d'écrire un certain nombre de livres sur l'histoire de la Commune de 1871, le baron Haussmann...
En 1945, il fut élu maire de Montaigu et le resta jusqu’à sa mort en 1964. Comme son homologue de Clisson mais avec moins de succès, il était très conscient de l’intérêt du patrimoine et il essaya dans les années 1950 de protéger et de mettre en valeur celui de Montaigu. C’est ainsi qu’il fit inscrire le château, ses remparts et ses douves, à l’Inventaire des Sites en 1952, et que l’année suivante il fit prendre un décret en Conseil d’État pour créer une "Zone de protection" concernant la zone du château, le cours de la Maine et son pont médiéval, le vallon de l’Asson et les "douves extérieures" entourant "la Vielle Ville"4.
C’est dans le même esprit qu’en 1958 il écrivit et fit publier Montaigu, ville d’histoire (IVe-XXe siècle), un livre faisant un bilan quasi exhaustif de l’histoire de la ville, dans le respect de l'histoire officielle de la France, et constituant depuis une référence incontournable.
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1 Plan, état de sections et matrice du cadastre de 1814 (Arch. dép. de la Vendée : 3 P 146).
2 Relevés sur le terrain en 2012.
3 Raigniac (Guy de), De Châteaux en Logis, t. IX, 1998, p. 122.
4 Textes législatifs protégeant le patrimoine de Montaigu, 6 p. Enquête en 2012 auprès du Service Territorial de l’Architecture et du Patrimoine de la Vendée (Monuments historiques).
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