la Gaudine
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Jusqu'aux débuts du XIXe siècle, "la Gaudine" faisait partie de la paroisse de Boufféré1, bien que touchant le "faubourg Saint-Nicolas" et qu’étant située sur le chemin qui menait à la "fontaine dite du pré clisson (du "pré enclos") servant de temps immémorial aux habitants du faubourg Saint-Nicolas"2.
Tournée vers le sud, "la Gaudine" domine "la Maine" qui coule immédiatement en contre-bas. Elle fut entièrement incendiée à la fin septembre 1793 sur ordres de Kléber3, et vingt et un ans plus tard, en 1814, le premier cadastre de Montaigu montre qu’il n’en subsistait plus que les ruines de neuf maisons et bâtiments annexes. Ces ruines ne seront jamais relevées et elles ont depuis totalement disparu. Quant aux habitants qui y avaient vécu antérieurement, tel l’huissier Gabriel Thibaud et sa famille, on n'en trouve plus traces sur Montaigu après la Révolution, non plus que sur les communes avoisinantes.
Il fallut attendre le milieu du XIXe siècle pour que des constructions y fussent de nouveau élevées, et que "la Gaudine" retrouve enfin des habitants.
En 1814, les ruines du village de "la Gaudine" sur le premier plan cadastral,
vingt et un ans après sa destruction en 1793.
Et en 2012, les maisons de "la Gaudine"
vues des terres de la "métairie de l’Anglais", de l’autre côté de "la Maine".
Le nom de "la gaudine" (mais pas forcément "la Gaudine" elle-même) a une grande ancienneté. En 1160-1170, on le rencontre chez Marie de France, dans le Lai du Bisclavret (la nouvelle du loup garou), aux vers 65 et 66 :
"[...] Al plus espès de la gaudine
Si vif de preie è de racine",
ce qui peut être transcrit ainsi...
"[Je vais] au plus épais du bois,
Et j’y vis de proies et racines".
Dans le Roman de Renart (1174-1250), on trouve de façon récurrente ce même terme avec le même sens : une végétation de "fourrés" et de "taillis", telle celle se rencontrant sur les versants pentus bordant les rivières, comme ici sur ce versant de "la Gaudine", au-dessus de "la Maine".
A la fin du XIXe siècle une usine de tissage fut construite le long de "la Maine", immédiatement après "le pré clisson", c’est-à-dire sur la commune de Boufféré. Elle exerça son activité jusque vers 1950 semble-t-il, et ses bâtiments et ses bâtiments industriels, en ruine, disparurent dans les années 1970. Son créateur lui avait donné le nom de "tissage du Val du Sacré-Cœur" qui correspondait à ses convictions spirituelles et à celles de ceux qui, au nombre d’une cinquantaine, y travaillaient alors4. Ce nom est resté au chemin qui y menait. Un siècle plus tard, qu’un tel nom ait pu être donné à une entreprise est parfois difficile à comprendre par certains, pour qui il est plus simple d’y voir la manifestation d’une sorte de paternalisme.
Bordant "la Maine", le "tissage de M. de Carheil" vers 1900 et vers 1920,
vu du sud-ouest et vu du nord-ouest,
avec, un peu décalée pour des raisons de sécurité, la cheminée de la machine à vapeur
grâce à laquelle fonctionnaient ses métiers à tisser.
On devine la statue du Sacré-Cœur qui donna son nom à l’usine et à son lieu,
et, au premier-plan, la multiséculaire "fontaine du pré clisson".
En bas à gauche, une photo à une date indéterminée des ouvrières et ouvriers de l’usine ;
et, en bas à droite, son emplacement en avril 2021.
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1 Mignen (Gustave), Paroisses, églises et cures de Montaigu "Bas-Poitou", 1900.
2 La "fontaine du pré clisson" apparaît de de façon récurrente dans les Délibérations du conseil municipal de Montaigu, telle ici celle du 18 février 1894 (Arch. dép. de la Vendée : 146 D2), et elle existait toujours en 2021. Depuis les années 1960, l'installation de l'adduction en eau potable lui a fait perdre son rôle d'autrefois.
3 Kléber (Jean-Baptiste), Mémoires politiques et militaires, édition 1989, p. 116-117.
4 Sur le recensement de 1936 (c’est-à-dire peu avant qu’elle cesse toute activité), on relève dans le personnel de l’entreprise les noms de deux infirmières, qui étaient des Ursulines de Chavagnes..
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