la Mourie
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Le nom, un peu oublié, de "la Mourie" correspond à des terres situées à l’ouest du "faubourg Saint-Nicolas" de Montaigu. Cependant jusqu’au début du XIXe siècle, elles sont dites faisant partie de la paroisse de Saint-Hilaire-de-Loulay sur les documents administratifs ou notariés les mentionnant qui y signalent de nombreux fiefs de vigne1.
Vue aérienne de "la Mourie" vers 1950 (IGN),
et noms de lieux et limites du cadastre de 1814 (environ 680 x 450 m).
Plan cadastral et limites de Montaigu en 2009 :
les lotissements du secteur de "la Mourie" (environ 680 x 450 m).
Ce nom de "la Mourie" pourrait provenir de "moure", nom donné localement à la "mûre", le fruit de la ronce, et une "mourière" ou "mourie" était le nom donné à un roncier. Cela correspondait à des terres ingrates et à la végétation pauvre, comme pouvaient aussi l’être celles voisines du lieu-dit "les Chardons", à cheval sur Montaigu et Boufféré. Des lieux-dits "la Mourière" se rencontrent dans la région, sur les communes de Chantonnay, de la Poitevinière ou encore de Saint-Laurent-sur-Sèvre2.
Ces terres se trouvaient bordées par l’ancien "chemin [dit] de Vieillevigne" avant qu’il fût remplacé, après 1833, par la nouvelle "route stratégique n°7" allant de Cholet à Saint-Jean-de-Monts, construite par Louis-Philippe. A cette époque, la révolution de juillet 1830 avait suscité une forte agitation dans la région, y entraînant de nombreuses arrestations, une agitation qui s’était amplifiée en mai-juin 1832, avec le passage de la duchesse de Berry lors de sa vaine tentative de restauration en faveur de son fils, le futur comte de Chambord. La vocation première de ces diverses "routes stratégiques" étant, comme leur nom l’indique, de faciliter la répression militaire.
Le long de cet ancien "chemin de Montaigu à Vieillevigne" se trouvait le "moulin Luneau", un moulin à vent déjà présent au XVIIIe siècle sur la carte de Cassini, qui portait le nom de la famille de ses meuniers, et qui est désormais disparu. En 1793, les Luneau avaient pris part à l’insurrection contre la politique oppressive du nouveau pouvoir politique, et au moins un d’entre eux se trouvait à Noirmoutier au tout début de janvier 1794 lorsque les républicains reprirent l’île et y massacrèrent une grande partie de la population. Il en réchappa miraculeusement, s’étant caché dans les roseaux des marais et, en reconnaissance, il éleva à "la Marionnière" une croix en bois : la "croix Luneau". En 1865, cette croix fut remplacée par la croix en pierre actuelle3, au pied de laquelle reposait en 2020 la table d’autel de l’ancienne "chapelle Saint-Lazare".
Le "moulin Luneau", sur un extrait de la 1re édition aquarellée de la carte de Cassini
(feuille 131 – Nantes (1783/1786) ;
sous le nom de "grand Moulin", sur le cadastre de 1814 de Montaigu
(pour lequel il a servi de point de triangulation lors de la levée de ses plan) ;
et dans le lointain, aperçu du haut de la "rue de la Boucherie" en 1903
(documentation : Louise Evain).
En 1814, sur le plan cadastral de Montaigu, il est nommé "Grand Moulin", comme en autre près du "faubourg Saint-Jacques". A cette date, il appartenait à René Luneau, meunier résidant à "la Marionnière" de Saint-Hilaire-de-Loulay4, et qui possédait aussi le "moulin Gros", moulin à eau tout proche sur "la Maine" : l'été, son moulin à vent palliait le manque d'eau de son moulin à eau. Un siècle plus tard, les descendants des Luneau, devenus par mariage les Choblet, abandonnèrent la meunerie pour la boulangerie, une activité qu’ils exercèrent près du carrefour de l'Europe à Montaigu. Cette boulangerie passa ensuite aux Lambert puis, le 1er mars 1946, aux Moreau, descendants eux-mêmes des meuniers du moulin de "l'Écornerie" de Saint-Hilaire-de-Loulay. Ce mutation économique et sociale des meuniers se rencontra fréquemment autour de 1900, et fut aggravée en 1914 par la mobilisation5.
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La construction entre 1861 et 1866 de la voie ferrée a coupé nettement "la Mourie" du reste de la commune, ce qui retarda son urbanisation jusqu’au début des années 2000. Vingt ans plus tard, elle a perdu ses "vocations" agricoles ou naturelles et a été transformée en zone pavillonnaire6.
Les rues des différents lotissements créés depuis les années 1960 sur la périphérie de Montaigu ont reçu, parmi d’autres noms, certains provenant du panthéon littéraire français du XIXe siècle. Le quartier de "la Mourie" est exemplaire à cet égard, et rend hommage à des écrivains des différents bords idéologiques de cette époque ; ainsi y voit-on honoré le romancier raciste mais créateur de l'histoire officielle de la France, Jules Michelet, et aussi des écrivains plus humanistes tels Châteaubriand ou, dans une certaine mesure, Gustave Flaubert7.
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1 Procuration du 29 avril 1772 par le Marquis de Juigné ; minute du 15 février 1775 d’André Bégaud, notaire à Montaigu (Arch. dép. de la Vendée : 3 E 27/231).
2 Le Quellec (Jean-Loïc), "Dictionnaire des noms de lieux de la Vendée", 2006, p. 249.
3 Archives paroissiales de Saint-Hilaire-de-Loulay.
4 Plans des cadastres de 1819 de Boufféré (Arch. dép. de la Vendée : 3 P 027) et de 1814 de Montaigu (Arch. dép. de la Vendée : 3 P 146).
5 Entretien en 2012 avec Gérard Moreau, boulanger et descendant des anciens meuniers de "l'Écornerie".
6 Sur certains plans plus récents de Montaigu apparaissent les noms de "Nourrie" et de "moulin Nourrie" qui sont le résultat d’erreurs de transcriptions à un moment ou à un autre. Dans le second cas, l’ajout de "moulin" vient probablement du souvenir de cet ancien "moulin Luneau".
7 Parmi les autres noms de personnes donnés à d'autres lieux ailleurs à Montaigu, on trouve dans la première catégorie ceux de Jules Verne ou de Jules Ferry, mais aussi, faisant partie de la seconde, ceux de Descartes ou de Verlaine (cf. Chroniques du racisme ordinaire, d’Alexandre Hurel, 2013). On ne saurait cependant reprocher cet "éclectisme" à la commune de Montaigu, vu qu’on le retrouve pratiquement dans toutes les villes de France.
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A ces noms ont aussi été ajoutés ceux de personnes qui, à des degrés divers, ont traversé l'histoire de Montaigu ; à savoir et par ordre alphabétique...
- Louis-Charles Bonnechose,
- les cousins Goupilleau,
- Augustin La Roche Saint-André,
- Jean Rineau,
- Dominique Sidoli.
la rue Louis-Charles Bonnechose
Louis-Charles de Bonnechose (1811-1832) est mort à Montaigu, le 21 janvier 1832. Il fut le héros malheureux d’événements dont le souvenir a été soigneusement effacé depuis.
Après le renversement de Charles X, en juillet 1830, les mouvements d’humeur furent nombreux dans la région et y furent durement réprimés. Les arrestations s’y multiplièrent pour des motifs que l’on considérerait au début du XXIe siècle comme futiles, tels que des propos, des cris ou des chants antigouvernementaux, et elles furent accompagnées de nombreuses condamnations à de lourdes peines de prison ferme.
"La Goyère" de Saint-Georges-de-Montaigu,
où se termina la vie passionnée de Louis-Charles de Bonnechose.
Carte postale vers 1910, vue aérienne en 2009
et plan cadastral de 1818 (extrait de la section B3, environ 125 x 90 m) ;
et sa tombe au "cimetière Saint-Jacques" en 2012.
Louis-Charles de Bonnechose fit partie de ceux qui restèrent résolument fidèles à la monarchie "légitime" déchue. S’appuyant sur les sympathies populaires locales, et avant même que la duchesse de Berry vînt y faire quelques mois plus tard une vaine tentative de soulèvement, il tenta de développer un mouvement en faveur de la cause du très jeune "Henri V" (1820-1883), futur comte de Chambord. Traqué par la police philippiste qui ratissait la région de long en large, il fut gravement blessé et arrêté à "la Goyère" de Saint-Georges-de-Montaigu, où il s’était réfugié. Transporté à Montaigu, il y mourut des suites de ses blessures et y fut enterré dans le "cimetière Saint-Jacques"1.
Jusqu’en 1834, la "bande à Depienne" prolongea cette agitation politique, jouant les Robin des bois légitimistes dans les différentes communes voisines, bénéficiant de la complicité d’une partie de la population2.
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1 Guérry de Beauregard (Tancrède), "Charles de Bonnechose", in Revue de Bretagne et de Vendée, t. 7, mars 1860, p. 245 à 250.
2 Herbauges (Jean), "la Bande à Depienne", in Revue du Bas-Poitou, 1945, p. 142 à 158.
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la rue des cousins Goupilleau
Le nom de cette rue rappelle l'existence dans l'histoire de Montaigu de Jean-François Goupilleau (1753-1823) et de Philippe-Charles-Aimé Goupilleau (1749-1823) qui étaient cousins germains. Membres de la bourgeoisie aisée de Montaigu1, ils devront leur réussite sociale et politique à la Révolution, et leur fortune économique en sortira remarquablement renforcée.
Jean-François Goupilleau dit "le dragon", ou "de Fontenay", notaire à Montaigu, sera député du tiers-état aux États généraux et, selon une affirmation peu fiable de Charles Dugast-Matifeux, le peintre David l’aurait figuré sur l’esquisse de son tableau "le Serment du Jeu de paume"2, ce qui lui a valu postérieurement une certaine célébrité. En 1792, il fut élu député de la Vendée à la Convention, par 254 voix sur 360 votants, les électeurs étant à l’époque en quelque sorte sélectionnés parmi les plus riches et en fonction de critères politiques et sociaux. Par la suite, il sera élu représentant de la Vendée au Conseil des Anciens du Directoire par 76 voix sur 98 votants, le nombre des électeurs ayant été de nouveau restreint.
En 1797, il dut quitter les fonctions politiques. Inquiété au début de la Restauration comme régicide, il s’exila quelque temps en Belgique, puis revint s’installer à Montaigu où il mourut le 11 octobre 1823, trois mois après son cousin3.
Philippe-Charles-Aimé Goupilleau, dit plus tard "de Montaigu", fut de 1775 à 1781 avocat à Paris où il se plaisait à faire suivre son nom par "de Villeneuve" ou simplement "M. de Villeneuve", une des propriétés familiale, sur Saint-Sulpice-le-Verdon. N’ayant obtenu les succès qu’il espérait, il revint dans sa région natale et y obtint la fonction de sénéchal (juge seigneurial) de Rocheservière grâce à la protection de Jacques Gabriel Le Clerc de Juigné, seigneur de Montaigu, dont plus tard il s’appropria une partie des biens. La Révolution fut pour lui une occasion inespérée pour prendre une revanche sur ce statut de simple petit notable aisé local qu’il vivait mal4.
En 1789, il fut l’inspirateur et le rédacteur des cahiers de doléances des paroisses autour de Rocheservière. En juin 1790, sa position sociale lui permit de devenir procureur-général syndic (chef de l’exécutif) du District de Montaigu qui venait d’être créé et réunissait, à quelques communes près, les cantons actuels des Herbiers, de Montaigu, de Mortagne, de Rocheservière et de Saint-Fulgent. Localement, l’application qu’il fit des nouvelles lois et réformes, perçues comme étant surtout à l’avantage des nantis dont il était, sera pour beaucoup dans la montée des exaspérations à l’origine du soulèvement populaire de mars 1793.
Député à la Législative en 1792, puis à la Convention en 1793, il sera un partisan d’une répression sanglante en Vendée. Cependant, à la fin 1794 et durant l’année 1795, envoyé dans le Vaucluse, il y arrêtera les exécutions faites par les terroristes locaux, et fera libérer ceux des emprisonnés innocents qui partageaient ses idées politiques5. En 1796, à Montaigu et aux environs, il arrondit ses propriétés par l’acquisition de nombreux biens nationaux. Pendant le Directoire il fut de nouveau élu et réélu député de la Vendée au Conseil des Cinq-Cents par le très étroit corps électoral de l’époque. Mais le coup d’état du 18 brumaire An VIII (9 novembre 1799) de Bonaparte l’obligea à quitter la vie politique, et en 1802-1803 il sera même brièvement assigné à résidence à l’île de Ré.
La Révolution lui avait permis en moins de dix ans de passer de l’aisance à une confortable richesse. Pouvant désormais vivre sans avoir besoin de travailler, il se retira, arrivé à l'âge de 47 ans, au n°11 de la "rue Chauvinière", à Montaigu, vaste demeure qu’il avait récupérée grâce aux événements qui en avaient tué les propriétaires. Il y vécut de ses rentes, et après avoir été inquiété quelques mois en tant que régicide au début de la Restauration, il y mourut quelques années plus tard, le 1er juillet 1823.
Au "cimetière Saint-Jacques" de Montaigu en 2012, l’importance du carré des Goupilleau
qui manifestait post mortem la réussite familiale.
L’improbable représentation de Jean-François Goupilleau sur l’esquisse en 1791
du "Serment du Jeu de paume" de J.-L. David, tableau resté inachevé,
nombre des héros de ce jour ayant été un peu plus tard présentés comme d’infâmes traitres.
Le blason affiché avant 1789 par la famille1
et une médaille, conservée dans les collections du musée du Nord-Vendée,
figurant Philippe-Charles-Aimé Goupilleau de Villeneuve,
élu en 1792 député à la Convention nationale par 196 voix sur 381 votants.
Les cousins Goupilleau ont pu être considérés comme représentatifs de la partie des bourgeois de la région favorable à la Révolution. Tirant le meilleur parti des changements en cours, ils étaient convaincus que leur statut de sachants et de possédants leur donnait le droit, sinon le devoir, d’imposer leurs façons de penser à une population avec laquelle ils n’avaient que peu de liens et de sympathie. Pourtant, en mars 1793, et contrairement à eux, les membres de la bourgeoisie de Montaigu partagèrent dans leur majorité le fort sentiment d’injustices ressenti par l’ensemble des habitants face à des réformes ne bénéficiant qu’à quelques-uns, et ils prirent eux aussi part au soulèvement populaire. La suite des événements les fit disparaître de la ville, tués pour beaucoup ou forcés à partir pour les autres. Début 1794, les familles des Goupilleau et des autres bourgeois "républicains" de Montaigu, réfugiées à Nantes, revinrent dans leur ville vidée de la plupart de ses habitants, et y prirent durablement le pouvoir.
Les deux cousins avaient en commun un radicalisme idéologique qui leur rendait difficilement supportable toute personne ne partageant pas strictement leurs idées6. Malgré leur rapide réussite financière et sociale, leur correspondance montre qu’à la fin de leurs vies ils avaient le sentiment d’avoir échoué politiquement, n’ayant pas réussi, à contraindre les populations locales à penser comme eux, et à créer une "race pure de républicains"7. Cependant, grâce au suffrage censitaire, un des fils de Philippe-Charles-Aimé, Philippe-Omer Goupilleau (1783-1846), sera maire de Montaigu de 1832 à 1837, et au XXe siècle, ses descendants montraient fièrement dans leur demeure une "harpe de Marie-Antoinette", acquise par la famille à la faveur de la Révolution ("des harpes qui sont aussi rares que les chapeaux de Napoléon !", prétendaient avec malice certains mauvais esprits voisins)8.
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1 Beauchet-Filleau (Eugène), Dictionnaire historique et généalogique des familles du Poitou, éd. 1891, t. 4, p. 297 à 304.
2 Dugast-Matifeux (Charles), "Notice sur Goupilleau de Fontenay", in Histoire inédite de Montaigu (Vendée), 1845, 48 p.
3 Denis (Pierre), "Jean-François Goupilleau (1753-1823), un notaire révolutionnaire", in Napoléon Bonaparte et la Vendée, 2004, p. 35-36. Les souvenirs et anecdotes liés à sa maison de la "rue des Rochettes", où il mourut, laissent penser qu'après la Révolution ses relations avec la population locale ont été pour le moins "distanciées".
4 Bossis (Philippe) et Bossis (Mireille), Goupilleau de Montaigu, les apprentissages d’un révolutionnaire vendéen, 2006, 764 p.
5 Gandrillon (Claude), "Philippe-Charles-Aimé Goupilleau de Montaigu, représentant en mission dans le Midi", in Recherches vendéennes, n°17, 2010, p. 127-167.
6 Dans les articles écrits sur l'un ou l'autre des deux cousins, leurs hagiographes louent leur radicalisme exclusif, présenté comme étant dû à la pureté de leurs intentions et de leurs engagements, qui ne saurait être mise en doute. Pour un exemple de la tolérance limitée de Ph.-Ch.-Ai. Goupilleau, voir l'Annuaire de la Société d'émulation de la Vendée, 1907, p. 237 à 245, et pour un exemple des réactions de ses hagiographes, voir celle d'Alfred Gouin au début du XXe siècle dans l'Annuaire de la Société d'émulation de la Vendée, de 1910, p. 1-2.
7 A titre d'exemples et indépendamment d'acquisitions faites par ailleurs, on peut relever sur le canton traditionnel de de Montaigu (Arch. dép. de la Vendée : 1 Q 203 et 36 J 60/2)...
Pour Jean-François Goupilleau, la récupération en 1798-1799 aux dépens des Bedaut l’Écochère sur la Guyonnière, de "la Métairie de la Faussée", de "la Métairie de la Cour avec un bois", et de différentes autres terres.
Pour Philippe-Charles-Aimé Goupilleau, la récupération en 1796, sur Montaigu même, aux dépens des Chabot des Coulandres "Une maison servant à l’hôpital militaire et deux jardins" (actuel n°11 de la "rue Chauvinière"), aux dépens des Leclerc Juigné "Une métairie au bourg de l’Anglée" (s’y ajouteront "la métairie du Haubois" et "la métairie de Saint-Nicolas"), et d’autres terres sur les communes voisines ; après sa mort, ses biens autour de "Villeneuve" de Saint-Sulpice-le-Verdon, furent vendus au médecin montacutain Armand Trastour.
8 Entretiens avec Denise Favreau-Bourquie (1920-2015) native de Montaigu où elle passa toute sa vie et qui fréquenta alors cette famille. Par ailleurs, il n’y a pas de liens de parenté entre les cousins Goupilleau et Raphaëline Goupilleau, née à Montaigu et qui a été remarquée pour ses talents d'actrice, recevant en 2008 un "Molière de la révélation théâtrale".
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le cours Augustin La Roche Saint-André
Né en 1756 à Fresnay-en-Retz, Augustin de La Roche Saint-André1 avait fait ses caravanes à Malte en 1775 et était venu vivre à "la Garde" de Rocheservière après son mariage en 1779. En 1789 il habitait Montaigu dont il fut élu maire en 1790. En tant que tel, il a dû y participer à la prestation du "serment civique" le mardi 6 avril 1790 devant le calvaire des "Olivettes". Ses idées libérales le firent rapidement s’opposer à la politique antireligieuse que le "District de Montaigu" de l’époque, mené par Ph-Ch.-Ai. Goupilleau et quelques bourgeois aisés locaux, voulait imposer à la population.
Il était à Montaigu lors des mouvements populaires du 13 mars 1793 qui aboutirent à la prise de la ville par les révoltés et auraient, semble-t-il, fait 44 morts du côté des forces favorables au pouvoir et un nombre indéterminé de l’autre. Durant cette journée et les suivantes, il s’efforça avec succès de protéger la vie des uns et des autres2 et fut porté le 16 mars à la tête du "comité" dirigeant la ville.
Après qu’en septembre suivant Montaigu eut été pris et détruit par les troupes républicaines de Beysser puis de Kléber, et après la défaite de Cholet, il fit partie de ceux qui passèrent la Loire. Gravement blessé à Antrain le 21 novembre, il mourut à Coulans (Sarthe) quelques jours plus tard2.
Son épouse et ses jeunes enfants s’étaient réfugiés à Nantes où ils furent bientôt emprisonnés. La chute de Robespierre leur sauva la vie, mais il leur fallut attendre encore près de quatre mois de plus pour être remis en liberté.
En 2012, "la Garde" de Rocheservière où, vers 1784,
Augustin de La Roche Saint-André et sa famille vinrent s’installer.
Peu de noms nous sont parvenus des nombreux Montacutains qui, comme Augustin de La Roche Saint-André moururent outre-Loire. On connaît les noms de ceux qui furent faits prisonniers le 23 décembre 1794 lors de l’ultime et meurtrière bataille de Savenay : François Baudouin, Martin Bouron, Pierre Chancelier, René Guinot, Louis Jayot, Jean Juyot, Pierre Morisson, Jacques Osson, Mathurin Perdrieau, Jean Perequier, Mathurin Reposté, qui furent tués dans la semaine qui suivit3.
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1 Augustin de La Roche Saint-André était lointainement apparenté aux La Roche Saint-André, des "Ganuchères" de Treize-Septiers, famille du chef d’escadre Gilles de La Roche Saint-André (1621-1688). Leur nom vient du fief familial de "la Roche" en Saint-André-Treize-Voies (tenant lui-même son nom des menhirs qu’on y voit encore au XXIe siècle).
2 Les sources sur Augustin La Roche Saint-André et sa famille à cette époque, viennent surtout de les La Roche Saint-André pendant la Révolution, rédigé en 1990 par François et Jacques La Roche Saint-André. Ils y reprennent les interrogatoires subis par son épouse en 1794 devant le Tribunal révolutionnaire de Nantes (Arch. dép. de Loire-Atlantique : L 271) et d’autres tardifs témoignages en leur faveur, tel celui du républicain nantais Haudaudine.
3 Lallié (Alfred), la Justice révolutionnaire à Nantes et en Loire Inférieure, 1896.
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la rue Jean Rineau
C’est en 1995, que cette petite rue fut établie à l’extrémité de la "rue des Rivières", à remonter le long du remblai du chemin de fer. Celui qui y construisit la première maison avait été un ami d’enfance de Jean Rineau, et il demanda que le nom de celui-ci lui fût donné.
Jean Rineau était né en 1932 à Montaigu. Ses parents y tenaient le "café de l'Union", à l'angle de la "place La Revellière-Lépeaux" et de la "rue Georges Clemenceau". S’étant engagé comme mécanicien dans la Marine nationale, il fut envoyé en Indochine. Il y assura à bord d'un L.C.T. (Landing Craft Tanks), une barge à fond plat, le ravitaillement des troupes le long du Fleuve Rouge (Sông Hồng). Seulement quelques mois après son arrivée au Tonkin, il fut tué, le 14 novembre 1952, près de Pha-Diem, alors que son bateau était attaqué par des vietcongs1.
Jean Rineau : à droite, peu de temps après son engagement,
à gauche, juste après son arrivée au Tonkin.
Peu après la mort de Jean Rineau, et en sa mémoire, l’Amicale des Marins (et Marins Anciens Combattants) du canton de Montaigu décida d’établir son siège social au "café de l'Union" (en 2012, le "Modern’café")2.
Cette section de la F.A.M.M.A.C. avait été créée à Montaigu dans les années 1920, avec parmi ses fondateur le commandant Maxime Delahet qui, en 1935, deviendra maire de la commune. Elle reprenait d’une certaine manière des traditions de la société de secours mutuel, "la Parfaite Harmonie", qui y avait été créée au XVIIIe siècle par René-Augustin Beufvier de la Louerie, afin d’y réunir les anciens officiers et marins de "la Royale", et de leur venir éventuellement en aide.
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1 Entretien en 2012 avec Marie-Antoinette Rineau, sœur de Jean Rineau.
2 Entretien en 2012 avec Michel Piveteau, alors membre de l'AMMAC de Montaigu depuis plus de soixante ans.
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le passage Dominique Sidoli
Né en 1785 dans le duché de Parme, Dominique Sidoli fut, quelque trente ans plus tard, contraint par l’agitation carbonari à s’exiler en France où il exerça le métier de colporteur. Passant par la Rochelle, il fut amené à s’y orienter vers la prêtrise. En 1823, il devint curé de Montaigu, jusqu’à sa mort, en 1857.
En 2013, la tombe du "Père Sidoli" (1786-1857), curé de de Montaigu (1823-1857),
dans le "cimetière Saint-Jacques",
avec quelques-uns des objets qui y étaient déposés en ex voto ;
et en 2015 après leur disparition suite à sa restauration.
Il laissa le souvenir d’un "saint homme", y compris auprès de "l’érudit local" anticlérical Charles Dugast-Matifeux (1812-1894) qui a rendu un hommage condescendant à son désintéressement vis-à-vis des biens matériels1. Une sculpture de l’artiste d’origine malinoise, Guillaume Grootaërs, orne sa sépulture dans le "cimetière Saint-Jacques"2.
Cette sépulture du "Père Sidoli" a été l’objet d’une dévotion populaire : on y amenait les enfants qui tardaient à parler ou à marcher. Jusqu’à l’été 2014 qui vit la restauration du "cimetière Saint-Jacques" par les services techniques municipaux, il en restait différents objets : ex-voto, chapelets, crucifix, cierges… disposés sur la tombe elle-même, ou attachés à la grille qui l’entoure3.
Au début de l’année 1830, avec les membres de la fabrique de la paroisse, Dominique Sidoli avait fait installer un orgue dans l’église de Montaigu ; c’était, à cette époque, l’un des trois à exister en Vendée, avec ceux de Luçon et de Bouin4.
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1 Comme le souligne ce jugement plein de commisération : aux yeux de Charles Dugast-Matifeux et comparé à lui-même, Dominique Sidoli cumulait sur sa personne les défauts d'être prêtre, étranger, vieux, de n'attacher que peu d'importance aux richesses, de ne pas se soucier de notoriété... Un jugement dont l'intérêt réside surtout dans ce qu'il apprend de son auteur...
2 Guillaume Grootaërs (1816-1882), d’origine malinoise par son père, sculpteur comme lui, était né à Nantes et était devenu par mariage propriétaire de "la Roche-Thévenin" sur la Guyonnière (cf. Mignen (Gustave), Paroisses, églises et cures de Montaigu (Bas-Poitou), 1900, p. 129). En 2021, ses œuvres bénéficiaient depuis quelques décennies de l’inattendu regain d’intérêt pour l’art du milieu du XIXe siècle.
4 Délibération du conseil municipal de Montaigu du 22 mars 1830 (Arch. dép. de la Vendée : 146 R3).
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