la Boutière
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"La Boutière", une métairie loin de tout
En 2017, "la Boutière", ancienne métairie isolée située à proximité de la Chapelle-Palluau et à 6 km du bourg du Poiré, n’avait plus aucune activité agricole.
Au début du XIXe siècle, ses bâtiments étaient situés dans le bas de versant, à proximité de la rivière, "la Vie", mais quelque cent ans plus tard, ils furent réédifiés plus haut, pour des question de facilités d'accès. Au début du XXIe siècle, il ne subsistait des bâtiments primitifs que de vagues restes perdus dans la végétation, tandis qu’une habitation mieux adaptée à une vie moderne s'était ajoutée dans les années 1990 aux bâtiments construits progressivement autour de 1900.
En 2016, le bâtiment d’habitation de "la Boutière" avec ses ajouts successifs,
tous en pierres noires à l’exception des encadrements des ouvertures,
comme la grange-étable récemment restaurée,
et ses fenêtres géminées inspirées du style XVIIe siècle local.
Localisation des bancs de phtanite ("ph") à proximité de "la Boutière"1
avec, au sud-est, le massif granitique du Poiré
autour duquel ces bancs de phtanite sont organisés en auréoles.
(extrait de la carte géologique de la France, environ 2100 m x 1600 m ;
l’encadré en jaune correspond aux plan et vue ci-après)
Les actuels bâtiments anciens de "la Boutière" ont gardé leur aspect d’origine et sont faits de pierres noires. Autrefois les constructions étaient faites de pierres extraites au plus près, et il se trouve que "la Boutière" est située sur un étroit banc de phtanite1. Cette roche est à l’origine du nom de "les pierres noires" que portent plusieurs parcelles voisines, et elle a, par ailleurs, pu servir à la confection d’outils préhistoriques trouvés ici et là sur la commune du Poiré2.
Ceux de ces "bâtiments noirs" qui servaient d’habitation sont inoccupés mais ils ont gardé leur aspect général. Quant à la grange-étable, elle a été restaurée et est devenu une nouvelle habitation. Intérieurement et extérieurement, sa structure générale a été conservée et réutilisée, tandis que pour la création de discrètes ouvertures géminées tout le long du bâtiment, l’architecte s’est inspirée avec bonheur de celles du XVe siècle du logis de "la Millière", et des dépendances des logis de "la Rételière" et de "Pont-de-Vie".
A deux siècles d’écart, l’ancienne et l’actuelle localisations de "la Boutière",
et quelques noms de lieux et de parcelles voisins.
Une partie des 36,63 ha exploités en 1836 par la métairie de "la Boutière" (en vert),
et des 47,52 ha exploités par la métairie voisine de "la Raymondière" (en mauve)3.
Lieu présumé de la mort de 90 à 200 Vendéens, le 2 thermidor de l’an II.
En tiretés rouges, le sentier de randonnée dit "de la Boutière",
créés autour de 1980, et formant une partie du "sentier de la Vie"4
(plan cadastral de 1836 du Poiré, et vue aérienne en 2014, © GEOPORTAIL)
(environ 900 m x 900 m).
L’ancienne métairie de "la Boutière" était formée en bonne partie de terres sèches et de mauvaise qualité qui, aujourd’hui comme hier sont souvent en broussailles. A la fin du XVIIIe siècle, elle appartenait aux Lépinay-Beaumont et comptait 36 ha, dont 27 ha groupés3. Elle fut vendue comme bien national autour de 1798.
Ses métayers étaient alors la famille Gauvrit qui y restèrent jusqu’à quelques années après 1836. Durant les années 1793 à 1795 ils avaient pris part au soulèvement vendéen4, et la tradition orale rapporte que dans un champ un peu au nord-ouest de "la Boutière", des Vendéens furent tués. Une tradition qui est peut-être un écho du passage du Poiré à Palluau, le 20 juillet 1794, de la colonne républicaine des généraux Ferrand et Huché. Appliquant les ordres gouvernementaux, celle-ci tua de 90 à 200 personnes dans ce secteur de la commune, selon les sources républicaines5.
Après la famille Chevillon, c’est la famille Nauleau qui pendant plusieurs générations l’occupa, de la fin des années 1840 aux années 1980. Longtemps, la taille de la métairie nécessita une main d’œuvre familiale importante ou celle de plusieurs valets de fermes6.
L’exploitation de "la Boutière" avait gardé les dimensions et la configuration de ses origines, mais les mutations agricoles commencées dans les années 1970, ont entraîné sa disparition quelques décennies plus tard7.
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Les sentiers pédestres des bords de la Vie
Des sentiers de randonnée pédestre ont été tracés et balisés dans les années 1970-1980 autour de "la Boutière", mettant à profit la présence de chemins creux et anticipant sur les opérations de remembrement qui allaient bientôt commencer. Ils longent "la Vie" sur laquelle subsistaient alors quelques vestiges d’une "planche" mégalithique. Cette planche a été détruite en 1989 et remplacée par une passerelle en béton plus confortable pour le passage des cyclo-randonneurs et plus simple à faire qu’une restauration. En 2017, il en restait encore une longue dalle.
Ces sentiers bénéficient d’un guide avec codes matriciels (codes Quick Response)8. Ils sont reliés entre eux et avec des sentiers voisins : en amont avec le "sentier des farfadets" conduisant à la "pierre de la Merlière" et ses gravures préhistoriques ; en aval avec les "sentier de la Vie", "sentier des mégatithes", "sentier de la Nonnerie" sur les communes voisines. Le premier s’intègre au sentier de grande randonnée de pays (G.R.P.) "Entre Vie et Yon" courant sur 80 km autour de "la Vie" au nord-ouest de la Roche-sur-Yon.
Une portion du chemin creux emprunté par le "sentier de la Boutière", durant l’hiver 2017
("la Vie" coule à quelque cinquante mètres sur la gauche de la vue).
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Notes, sources et références
(sauf mentions contraires, illustrations et texte sont dus à M. Mignet)
1 Chèvremont (Philippe), Carte géologique de la France, feuille 561 du Poiré-sur-Vie, et notice p. 25-26, 2008.
2 Gouraud (G.) et Vincent (E.-M.) – "Présence paléolithique à l’Alouette du Poiré-sur-Vie", Bulletin du Groupe vendéen d’études préhistoriques, n°52, févr. 2017. Voir aussi la notice équivalante sur le village près de "l’Alouette".
3 Plan, états de sections et matrices du cadastre de 1836 du Poiré-sur-Vie (Arch. dép. de la Vendée : 3 P 178).
4 Cahier des réquisitions de l’armée catholique et royale dans la paroisse du Poiré (Bibl. mun. de La Roche-sur-Yon : ms 19), réquisitions n° 40 ; voir aussi de Lorvoire (Jean-Claude), "les Réquisitions de l’armée catholique et royale dans la paroisse du Poiré-sur-Vie", in Recherches vendéennes, n° 3, 1996, p. 257 à 299.
5 Tradition orale recueillie et transmise vers 2010, par les derniers agriculteurs de "la Boutière". Sur le passage au Poiré de la colonne de Ferrand et Huché autour du 20 juillet, dans le prolongement des colonnes dites "infernales", voir : le "Rapport du général Ferrand de la marche de la colonne du 22 messidor au 3 thermidor" et la "Déclaration de citoyens accompa-gnant la colonne des généraux Ferrand et Huché du 22 messidor au 3 thermidor" (Service historique de la Défense : B 5/9-96 et B 5/9-95)
6 Dénombrements et recensements de la population de 1797 à 1911, et entretien en 2016 avec Valentin Nauleau (né en 1930 à "la Boutière").
7 Au recensement agricole de 1972, à temps plein ou à temps partiel, on comptait plus de 300 exploitations agricoles (ayant une superficie de plus de 1,5 ha) ; quarante-cinq ans plus tard ce nombre avait été divisé par huit, sur une surface agricole utile que le plus que doublement de la population avait sensiblement réduite.
8 Office de Tourisme Vie et Boulogne, Sentiers de randonnée du canton du Poiré-sur-Vie, dépliant et plans, 2013.
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