Tves Cougnaud (1936-2021)
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Yves Cougnaud est né le 3 décembre 1936 à "la Guilletière" du Poiré, dans le bourg duquel il est mort le 29 décembre 2021.
Un maillon d’une lignée de forgerons
Pour se limiter à ses ascendants "Cougnaud", il était le fils d’Yves Cougnaud (1908-1981), lui-même fils de Jean-Marie Cougnaud (1872-1947), celui-ci étant né à Falleron, ayant fondé en 1907 "la Guilletière" pour y déplacer sa forge de "la Tenaillère", et étant passé par Grand’Landes où il avait fait son apprentissage de forgeron1.
Il a vécu toute sa vie au Poiré. C’est là qu’il a effectué sa scolarité à l’école Saint-Joseph de "la Jamonière", y ayant eu comme instituteur en 1943-1944 Guy Trajan (1922-2009) qui, résistant, fut arrêté en juin 1944 et déporté dans le camp se concentration de Dachau. Son long service militaire passé douze ans plus tard en Algérie le marqua aussi profondément, ainsi qu’il en fait part dans son livre autobiographique, "le Forgeron bâtisseur".
Yves Cougnaud a eu cinq enfants : une fille (Isabelle), et quatre garçons (Éric, Patrice, Jean-Yves et Christophe) qui ont pris sa suite.
Yves Cougnaud en 1937, en 1951 et en 2012,
avec sa mère, avec son père, entre ses fils Jean-Yves, Patrice, Éric et Christophe,
et la statue de son grand-père Jean-Marie.
( photos fournies par Georges Bourmaud et par Yves Cougnaud )
Yves Cougnaud, "le forgeron bâtisseur"
Yves Cougnaud commença son apprentissage en 1950 à l’âge de treize ans et demi, sous la forte autorité de son père. Cependant, entre 1960 et 1980 les bouleversements que connut l’agriculture mirent en difficulté les forges des villages et du bourg du Poiré. Pour ne pas disparaître, elles durent alors se tourner vers d’autres activités. Celle de la famille Cougnaud se mit à la fabrication et la vente de remorques, bineuses, planteuses, semoirs et autres matériels agricoles. Ce fut à cette époque qu’Yves Cougnaud prit la succession de son père. Puis l’occasion qu’il eut un jour de faire deux roulottes de chantier pour un maçon et pour un charpentier du Poiré2 fut à l’origine d’un nouveau départ et du passage de la dimension familiale à la dimension industrielle.
En 2017, la forge d’Yves Cougnaud à "la Guilletière" qui,
créée en 1907 et agrandie en 1866-1967, est devenue un des lieux de mémoire du Poiré,
Avec le 21 septembre 2024, lors de journées du patrimoine
Pierre Chaillot, un ancien de la forge, en démonstration.
( photo de Jean-Michel Archambaud ).
En 1973 Yves Cougnaud fit construire près du bourg un atelier de 800 m², devenus 2200 m² fin 1977, les employés passant dans le même temps de 6 à 40. La production quant à elle passa des abris mobiles, aux "bungalows" de chantier, puis aux constructions à structures modulaires de plusieurs centaines de mètres carrés. Ceci tout en s’ouvrant à l’exportation, d’abord vers la Suisse ou la Belgique. Puis ce fut la fabrication de "bases-vie" dans des pays du sud de la Méditerranée, et du Moyen-Orient : de l’Algérie à l’Iran…
Quelque 45 ans plus tard, la production se faisait sur plus de 80 000 m² d’unités industrielles se déployant sur 4 sites, et se tournant vers les constructions à autonomie d’énergie. En 1977 l’entreprise devint "Ouest abri" et en 1987 "Yves Cougnaud S.A.". En 2018 elle prit le nom de "Cougnaud" avait déplacé ses activités sur la zone d’activités dite de "Beaupuy", et les quatre fils d’Yves Cougnaud avaient succédé à leur père2, le nombre de ses collaborateurs étant passé à 1350.
Savoir préserver le passé et préparer l’avenir
Yves Cougnaud n’attendit pas que l’âge soit venu pour s’engager dans des actions patrimoniales, sociales ou humanitaires. Pour les premières en étant l’initiateur et l’acteur de la restauration de "l’église Saint-Pierre" ainsi que du site de "la Jamonière". Et aussi pour la réalisation de la résidence pour les anciens (Ehpad) portant depuis son nom, pour les équipement sportifs, pour la restauration scolaire du Puy Chabot…
Le séisme de janvier 2010 à Haïti fut à l’origine d’une des actions qui lui ont tenu le plus à cœur. Yves Cougnaud se mit en relation avec les congrégations montfortaines s’y trouvant, dont son ami le Frère Michel Bernard (originaire de "la Côtrelière", village voisin de "la Guilletière"), dans le but d’aider aux reconstructions. Cependant la mise en œuvre fut délicate, les autorités locales exigeant que les aides leurs soient personnellement adressées, pour qu’elles les reversent ensuite (ou peut-être pas) à leurs destinataires. Pour reprendre les propos d’Yves Cougnaud : "tout comme en France, la confiance dans les membres des administrations même officielles a ses limites !", ce qui l’amena à aller sur place et donner de sa personne pour veiller et participer à des reconstructions d’écoles et autres3.
C’est le 29 décembre 2021 qu’Yves Cougnaud est mort. Il avait 85 ans. La cérémonie de sa sépulture eut lieu dans l’église du Poiré où il avait passé toute sa vie. Elle fut accompagnée des hommages d’un grand nombre de ses compatriotes ainsi que la presse l’a rapporté4.
Le lundi 4 janvier 2022, la cérémonie de sépulture d’Yves Cougnaud,
dans "l’église Saint-Pierre" du Poiré,
et celui-ci, fier la réussite de la famille, devant la statue de son grand-père, Jean-Marie.
Maurice MIGNET, le 30 nov. 2024
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Notes, sources et références…
1 Entretiens multiples avec Yves Cougnaud, en 2019, et son autobiographie le Forgeron bâtisseur (2000, 143 p.), dans laquelle il présente ce qu’a été tout son parcours, tant personnel que professionnel. Son histoire et celle de la saga familiale ont aussi été l’objet de reportages télévisés comme celui ci-dessous…
"Les Cougnaud : un savoir fer familial"
( France 2 : Journal de 13 heures du dimanche 5 février 2017 – 2’ 50" ).
2 Ces deux entreprises ont été celles de Marcel Minaud, maçon, et d’Yves Fournier, charpentier, la première ayant disparu, la seconde ayant pris beaucoup d’ampleur depuis.
3 Voir les articles de Ouest-France du 22 février 2010, du journal haïtien de Port-au-Prince le Nouvelliste du 23 février 2010.
4 Voir les articles de Ouest-France, du Journal du Pays yonnais, du Reporter sablais, de l’Echo de l’Ouest… du 30 décembre 2021 au 7 janvier 2022, ainsi que les journaux de France-Bleu, ou de TV-Vendée de la même période.
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