la rue Michel Favreau
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C'est en mémoire de Michel Favreau, né à Montaigu le 15 novembre 1922, et qui fut prêtre-ouvrier à Bordeaux où il est mort le 7 avril 1951, que cette rue de Montaigu reçut son nom.
Fils d’un artisan-cirier de Montaigu
Ses ancêtres, qui étaient meuniers du côté de Montbert, prirent part à l’insurrection vendéenne, tandis que les troupes républicaines détruisaient systématiquement les moulins de la région afin de réduire sa population à la famine. En 1858, les Favreau s’installèrent à Montaigu pour y exercer leur activité de ciriers (fabricants de cierges). Jean Favreau (1883-1939), le père de Michel Favreau, officier plusieurs fois blessé durant la Première Guerre mondiale, reprit en 1919 la profession familiale, et sera conseiller municipal de 1925 à 1939, année de sa mort. Un de ses oncles, Donatien Favreau, navigua jusque vers 1930 sur les derniers cap-horniers nantais1.
A Montaigu, Michel Favreau fréquenta l’école primaire Amiral Du Chaffault de Montaigu, qui portait le nom de celui qui avait fait construire la maison où sa famille était venue habiter, Après le collège Richelieu à la Roche-sur-Yon, il poursuivit ses études à Chavagnes-en-Paillers puis à Luçon pour devenir prêtre.
A trois pas de la maison familiale de la rue noire de Montaigu :
l’’école primaire amiral Du Chaffault,
qui vit les débuts de la brillante scolarité de Michel Favreau, .
Des engagements spirituels, dans la Résistance et le monde ouvrier
Durant la Seconde Guerre mondiale, il fut mêlé à la Résistance, que ce soit avec son ami d’enfance Jacques Chaigneau (1923-1944) agent de renseignement pour la France Libre et qui y perdit la vie, ou que ce soit avec Raymond Deflin (1884-1969) qui, venu se réfugier à Montaigu, devint en février 1943 le chef du mouvement de Résistance Libération Nord pour le département de la Vendée, fut arrêté en août et déporté à Buchenwald2.
Le 29 juin 1945, Michel Favreau fut ordonné prêtre à Luçon, puis fut envoyé comme vicaire aux Herbiers. Fortement soutenu par Mgr Cazaux (1897-1975), évêque de Luçon depuis 1941, il rejoignit en juin 1949 la jeune Mission Ouvrière de Bordeaux qui venait d’être lancée par le père Etienne Damoran (1920-1994). Au service et intégré aux milieux ouvriers, il y exerça l’aléatoire métier de docker "occasionnel" qui, contrairement aux dockers "professionnels", étaient embauchés et débauchés au gré des arrivées de navires – et brièvement, durant l’hiver 1951, une activité de marinier sur le canal latéral de la Garonne et le canal du Midi, sur la péniche "l’Argens".
Michel Favreau, en juin 1949 à Bordeaux,
en février 1951 à Nantes, et entre 1940 et 1944 à Luçon ;
extrait d’un de ses cahiers de spiritualité ;
et le bassin à flot n°2 de Bordeaux-Bacalan où il a trouvé la mort.
Ayant repris son activité de docker, le samedi 7 avril 1951, il fut tué au cours du chargement du cargo S/S Mary-Stone par la chute d’une palanquée de madriers2. Sa mort causa une forte émotion à Montaigu, où il fut enterré trois jours plus tard, accompagné par la plus grande partie des habitants de la commune2.
Michel Favreau, le soir de sa mort, le samedi 7 avril 1951.
( photos fournies par sa sœur, Denise Favreau ).
Une vie courte mais marquante
Malgré la brièveté de sa vie, Michel Favreau a fortement marqué ceux qui l’ont connu. Il a laissé des écrits d’un grand intérêt spirituel, et portant sur ses années à Luçon, aux Herbiers et à Bordeaux, de 1941 à 1951. Ils ont été publiés dès la fin de de cette dernière année, et réédités en 20113. Sa vie a même été racontée en bande dessinée par Norbert Marchand (texte) et Pierre Brochard (dessin), parue en septembre et octobre 1951, dans la revue destinée à la jeunesse, Cœurs vaillants4.
Le début de la bande dessinée "Michel Favreau, prêtre ouvrier".
( Déplacer le curseur pour la lire en entier )
Quand vers 1958, Louis Péquin, entrepreneur en maçonnerie, acheta à la famille Favreau un grand jardin que celle-ci possédait entre la "rue Jeanne-d’Arc" et la "rue des Essarts", afin d’y édifier une douzaine de maisons. Il lui demanda l'autorisation de donner à la nouvelle voie desservant ces nouvelles constructions, le nom de "rue Michel Favreau", Un nom qui fut aussi donné à d’autres rues : aux Herbiers, à Bordeaux près de la gare Saint-Jean, ainsi qu’à Pessac dans la "cité des Castors-Alouette", une des premières de ce type de cités d'auto-construction coopérative à être créée en France après-guerre, et dont la réalisation a beaucoup dû à l’équipe de la Mission ouvrière.
Maurice MIGNET, le 10 déc. 2024
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Notes, sources et références
1 Entretiens dans les années 20009-2012 avec Denise Favreau-Bourquie (1920-2015), sœur de Michel Favreau ; et documents d’archives familiales.
2 Voir d’André Coutaud : "Montaigu traversé par la Résistance", in Recherches vendéennes, n°11, 2004, pages 267 à 349.
3 Mission Ouvrière de Bordeaux, Michel Favreau, 1951, 158 p., réédité en 2011 sous le titre Michel Favreau, prêtre docker à Bacalan (1949-1951).
4 Marchand (Norbert) et Brochard (Pierre), "Michel Favreau, prêtre ouvrier", publié dans les nos 35, 36, 37, 38, 39, 40 et 41 de l’année 1951 de la revue Cœurs Vaillants.
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