la Bobière
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De la terre "la Baubère" au village "la Bobière"
En 1860, le maçon Baptiste Rocheteau fit ériger une croix en pierre portant son nom, le long de la route qui, passant par l’inquiétante "croix Bouet", menait du bourg du Poiré au "Cerny", à "la Remaudière", ou à "la Gobinière". C’était sur une parcelle appelée "la Baubère", loin de tout village, et qui jusqu’alors était une terre de "Montorgueil". Quelques années plus tard, il y construisit sa maison qui prit le nom de "la Bobière". Peu après 1900, 50 mètres plus bas, vint s’ajouter une nouvelle maison faisant monter la population du village à 9 habitants (en 2020, il en avait 7), et encore 150 mètres plus loin, une autre maison qui fut appelée "Sainte-Anne". Y vécurent surtout des artisans, maçons comme Baptiste Rocheteau puis Jean Chauché, ou menuisier comme le fils de celui-ci, Germain, ainsi que des journaliers agricoles1.
Au début du XXIe siècle, des restaurations ont remis en valeur leurs maisons, dont les entourages en briques de leurs ouvertures, caractéristiques de l’époque de leur origine.
Fin 2021, les deux maisons de "la Bobière", une de leurs ouvertures avec son entourage de briques,
et la croix de 1860 de Baptiste Rocheteau (h : environ 4 m).
Leur localisation ainsi que celle des parcelles appelées "la Baubère"
sur une vue aérienne de 1950 (environ :1255 x 833 m)
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Philippe Pateau, sculpteur sur métal
Les professions et activités en rapport avec les arts sont nombreuses au Poiré. Parmi ceux qui s'y livrent : Philippe Pateau habitant, depuis plus de vingt ans en 2020, à "la Bobière".
Né au Poiré en 1956, il a d’abord eu une carrière d’ingénieur en informatique et d’intervenant dans les formations de l’ICAM-Vendée. Parallèlement et à partir de 1990 il a commencé une activité de sculpteur sur métal, exposant en France et ailleurs. Même si le métier d’ébéniste de son père et d’autres expériences personnelles l’avaient rendu "sensible à la matière", c’est avant tout la rencontre avec Rodin qui lui a fait découvrir la sculpture et élaborer la conception qu’il en a. Faisant un retour sur lui-même, c'est ce qu’il qu’il raconte à bâtons rompus2 :
"J’ai découvert que par la sculpture on pouvait dire autre chose que ce que pouvaient dire les mots […]. La sculpture, c’est le toucher, puis ce sont les rencontres… avec le sculpteur Henri Murail ou avec un ami peintre, Jacques Dominioni […]. Au fur et à mesure de ces rencontres on se construit, on a envie d’aller plus loin.
Toutes mes sculptures ont plusieurs personnages. Je développe dans mes thèmes la relation entre les personnages et non le personnage lui-même. La sculpture, c’est avant tout l’émotion […]. L’objectif poursuivi par un artiste, c’est ce qu’on veut construire ensemble […]. Ce que je veux faire, c’est montrer la complémentarité entre les hommes, plutôt que la compétition.
[…] Travailler l’acier est proche du travail des tailleurs, c’est-à-dire qu’il faut se battre avec le matériau. Il faut que le matériau résiste pour que la sculpture dise quelque chose. […] Dans la conception de la sculpture, il y a d’abord les dessins avec leurs ‘accidents’ qui nous amènent un peu ailleurs […]. Ensuite, quand on la réalise, il y a les ‘accidents’ de construction, c’est-à-dire des choses qu’on avait imaginées qui marchent beaucoup moins bien que prévu. Il faut que ce soit dur, et en même temps, que ce soit fluide.
Après, le sens de la sculpture appartient à celui qui regarde. Un sculpteur qui n’aurait pas pour ambition de changer (un peu) le monde pourrait-il être vraiment un artiste ?"
Quelques-unes des œuvres - acier et bronze - de Philippe Pateau3.
En 1942 près d’Ammassalik au Groenland, les Etats-Unis établirent une station météorologique puis une base aérienne destinées à contrer la menace allemande de l’époque. Elles cessèrent leurs activités en 1947, abandonnant sur le site, entre autres détritus, des dizaines de milliers de bidons de pétrole…
Soixante ans plus tard, Philippe Pateau et un groupe d’amis allèrent sur ce lieu représentatif d’une nature réduite à l’état de poubelle. Avec de ces bidons rouillés, ils y dressèrent sur le sol une ébauche de "jardin humaniste", dont "l’arbre d’Ikateq" qui, avec ses 70 sur 35 mètres, peut se voir du ciel2.
"1+1+1 = 1 autre", la richesse des différences
et le nom de "l’arbre d’Ikateq",
une des réalisations de Philippe Pateau en 2007 dans le fjord de ce nom, au Groenland :
son dessin et sa concrétisation sur le sol - une œuvre entre "géoglyphe" et "land art".
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Notes, sources et références
(sauf mentions contraires, illustrations et texte sont dus à M. Mignet)
1 Listes nominatives des recensements du Poiré, de 1866 à 1982 (Arch. dép. de la Vendée : 6 M 280).
2 Entretiens en septembre 2021 avec Philippe Pateau, de qui viennent aussi la documentation et les illustrations ; et extraits de la vidéo "Philippe Pateau, sculpteur - acier et bronze", 2007, 3 mn 56 sec.
3 Parmi les œuvres les plus connues de Philippe Pateau, on peut voir au Poiré : les Trois aveugles (2012) au collège du Puy Chabot ; Transmission (2014) devant la médiathèque de la Martelle ; ou encore Ronde carrée (2019) près de la mairie de Beaufou, Ombre et lumière dans le hall du cinéma d’Aizenay...
Sur l’illustration : En famille, L’éveil, En route, Mappemonde, Trois frères, Fais-moi l’avion, Petits soldats.
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