le "Bréviaire de Belleville"
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Le nom de Jeanne de Belleville est aussi attaché au "Bréviaire de Belleville", c’est-à-dire à un livre de prières suivant jour après jour le calendrier de l’année liturgique. Ce manuscrit sur parchemin, en latin et en français, est en deux volumes constitués de 446 et de 430 folios, et qui sont datés de 1323-13261. Il est connu pour ses enluminures attribuées à Jean Pucelle († 1334) et aux enlumineurs de son atelier à Paris. Jeanne de Belleville aurait reçu ce "Bréviaire" en cadeau lors de ses noces avec Olivier IV de Clisson en 1328, d'où son nom.
Tous les biens de ceux-ci ayant été confisqués en 1343 lors de leur condamnation par le roi de France Philippe VI de Valois, on retrouve le "Bréviaire de Belleville" quelque trente-cinq ans plus tard, en 1379-1380, dans l’inventaire que le roi Charles V fit faire de son "mobilier"2, qui en donne une description…
"Ung très beau Bréviaire très parfait, bien escript, très noblement enluminé et très richement ystorié. Lequel est en deux volumes, et est à l’usaige des Frères Prescheurs, et est appellé le Bréviaire de Belleville ; et se commance le second fueillet du premier volume et scitote, et du second volume justice, et en sont le fueillez par dehors ystoriez à ymages. Et sont les fermouers d'argent doré, esmaillez des armes de Belleville. Et sont en deux estuiz de cuir bouilly, ferrez."
Ses fermoirs "esmaillez des armes de Belleville" ont aujourd’hui disparu.
La 1re page du 1er tome du "Bréviaire de Belleville" et une de ses enluminures :
"la Résurrection : Christ sortant du tombeau" (t. 1, folio 375v)...
Après Charles V, le "Bréviaire de Belleville" fut offert par son fils Charles VI au roi d’Angleterre Richard II qui le légua à son fils Henri IV, avant qu’il revienne en France, donné au duc de Berry (frère de Charles VI)3. La fille de celui-ci, religieuse dominicaine, l’offrit à son monastère de Poissy où il resta jusqu’à la Révolution, pour se retrouver à la Bibliothèque nationale de France où il se trouve depuis lors.
Dans leur état actuel les deux tomes du "Bréviaire de Belleville" présentent de nombreuses lacunes, disparitions et mutilations (miniatures découpées), en particulier dans le deuxième tome. Selon la Bibliothèque nationale de France en 2024, on ignore de quand datent les dégradations qu’ils ont subies : avant leur arrivée, lors de leur transfert ou depuis qu'ils se trouvent à la Bibliothèque nationale de France ?
Quelque 75 miniatures du "Bréviaire de Belleville",
avec sur la 15e un ange apportant une tunique à sainte Agnès lors de son martyre4 ;
une allusion possible mais un peu improbable à Agnès de Belleville,
qui vécut un siècle avant Jeanne de Belleville,
dont elle est l'aïeule au 3e degré :
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Prières à sainte Agnès ;
sainte Agnès au ciel entourée d’autres vierges, un agneau à ses pieds
(tome 1, folio 135 verso).
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1 Breviarium ad usum fratrum Predicatorum, dit Bréviaire de Belleville, vol. 1 partie hiver, vol. 2 partie été (BnF, département des manuscrits, ms latin 10483-10484). Un "bréviaire" médiéval tel que celui "de Belleville", se rapproche plus d’un "livre d’heures" que d’un "bréviaire" dans son sens moderne et que d’un "missel" (ou "livre de messe").
2 Inventoire général de tous les joyaulx... tant d'or comme d'argent... du roy Charles le Quint […], 1379 (BnF, département des manuscrits, ms français 2705). Transcription par Jules Labarte, 1879, p. 338 (cote 3294).
3 Jean duc de Berry (1340-1416), indépendamment de son rôle politique auprès de ses frère et neveu, les rois de France Charles V et Charles VI, est connu en tant qu’amateur d’art et bibliophile, en particulier pour avoir été le commanditaire des célèbres "Très Riches Heures du duc de Berry"… ce qui peut expliquer son intérêt pour le "Bréviaire de Belleville".
4 Cf. Voragine (Jacques de), La Légende dorée (1261-1266), éd. E. Rouveyre, 1902, trad. J.-B. Roze, tome 1 p. 191-196 : "[…] Alors le préfet la fit dépouiller de ses vêtements, et conduire toute nue dans une maison de débauche. Mais Dieu lui fit pousser des cheveux en telle abondance que ces cheveux la couvraient mieux que tous les vêtements. Et, quand elle entra dans le mauvais lieu, elle y trouva un ange qui l’attendait, tenant une tunique d’une blancheur éclatante. Et ainsi le lupanar devint pour elle un lieu de prière, et l’ange l’éclaira d’une lumière surnaturelle […]".
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