les Simbretières
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Comment appeler le nouveau cimetière ?
Lorsque vers 2003 on voulut donner un nom au nouveau cimetière1 créé à la périphérie nord-est du bourg du Poiré, on se souvint de celui des "Simbretières", qui étaient un ensemble de parcelles couvrant environ 25 ha et situées non loin, à proximité du "Beignon-Jauffrit". Outre sur le cadastre de 1836 du Poiré, ce nom apparaît dans un acte notarié du 5 juin 1775, intitulé…
"Déclaration roturière rendue par six des teneurs du village du fief et tennement du Beignon-Jauffrit, situé en la paroisse du Poiré, au prieuré Saint-Lienne de la Roche-sur-Yon.
[…]
Plus vous est annuellement dû sur les Simbretières, situées proche ledit village du Beignon, au jour de feste de Notre-Dame-d'Aoust (15 août), dix-huit deniers pour le franchissement du droit de terrage d'icelles, lequel droit est solidaire et rendable entre les propriétaires particuliers d'icelles.
Plus, sur les mêmes Simbertières, il vous est dû au jour que l'on chante dans l'église (ici le texte a été rongé par les insectes) seize sols en chascune feste de Saint Lienne (3 février), à raison duquel droit nous vous faisons, mon dit seigneur, les mêmes déclarations qu'au précédent article..."2.
…dans lequel sont énumérées les terres constituant "le fief des Simbretières", et les droits et redevances leur étant attachés.
Plus anciennement, en 1260 dans les Hommages d'Alphonse, comte de Poitiers, manuscrit recensant dans un mélange de latin et de vieux français les redevances lui étant dues, 10 deniers sont à prendre sur une terre de "l’Isembertère", située sur la "perrochia de Pereyo"3…
Signes des temps : dans le nouveau cimetière les symboles religieux sont moins présents, tandis que sur certaines tombes une photo du défunt tente d'en prolonger le souvenir.
Le "fief" et le cimetière des "Simbretières"
( vue aérienne, 28 mai 2022, environ 1400 x 800 m ;
photos, 14 juillet 2024 ).
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Un nom porteur du souvenir des temps féodaux
Le terme de "fief" accolé aux "Simbretières", est héritier des temps féodaux. Un "fief" y était défini comme une….
"tenure concédée par le seigneur à son vassal à charge de services nobles précisés par la concession ou la coutume des lieux"4
Le "fief" devint la base juridique de toute la société féodale. Très rares étaient les terres libres ("alleux"), non assujetties à payer des redevances féodales. Des redevances qui constituaient un impôt, et correspondaient à des services que le seigneur était censé apporter à ceux qui les lui versaient : protection, justice… Ainsi la justice de base était rendue par des sénéchaux (juges) seigneuriaux, tels en Bas-Poitou ceux de la Roche, de Belleville, de Montaigu…
Le système féodal conduisit au système monarchique qui établit l’État moderne avec son administration centralisée et ses impôts propres, qui se superposèrent aux droits seigneuriaux subsistant, pesant sur les "fiefs" tel "le fief des Simbretières"5. Ils furent supprimés en août 1789, en même temps que les privilèges et droits particuliers provinciaux ou personnels6.
Depuis, le terme "fief" n’est plus guère utilisé y compris pour "les Simbretières", avec une exception pour les "fiefs de vigne" mais pour lesquels il a perdu son ancien caractère juridique.
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Notes, sources et références...
(sauf mentions contraires, illustrations et texte sont dus à M. Mignet)
1 Une fois le terrain acquis, la conception et la réalisation de ce nouveau cimetière furent confiées à l’agence rezéenne "Voix mixtes, urbanisme et paysage", pour un coût qu’elle a estimé à 783 968 €uros hors taxes.
2 Acte signé par Goupilleau, notaire, et par Pierre Gibotteau, notaire au Poiré. Cité par Boutin (Hippolyte) in Chronique paroissiale du Poiré, 1901, p. 154-155.
3 Hommages d'Alphonse, comte de Poitiers, frère de saint Louis. État du domaine royal en Poitou (1260), p. 5 de leur transcription par Abel Bardonnet, publiée en 1872.
4 Olivier-Martin (François), Histoire du droit français des origines à la Révolution, 1948, 763 p.
5 Cf. à titre de comparaison, voir le vidimus (copie conforme) du titre des droits dus sur le tènement de la Tenaillère (fiefs "de la Tenaillère", "du Lieu-Dieu", "des Réjassières" et d'une partie du fief "de la Jaunière"), du 29 mai 1777 (Arch. dép. de la Vendée - 3 E).
6 C’est dans la nuit du 4 août 1789 qu’en France furent supprimés les droits féodaux, ainsi que les particularités juridiques locales ou autres. Cependant pour ceux de ces droits qui portaient sur les terres, on décida dans un premier temps qu’il faudrait les racheter, puis, d’ajustement en ajustement, en juillet 1793 ils furent déclarés abolis sans indemnité ni contrepartie.
C’est à cette occasion que "les Marches communes du Poitou et de Bretagne", dont faisaient partie Saint-Etienne-du-Bois et Grand’Landes, perdirent le droit qu’elles avaient jusque là à s’administrer par elles-mêmes, ceci malgré les demandes que leurs habitants avaient faites en 1789 dans leur Cahier de Doléances, confirmées par les instructions qu’ils avaient données à leurs députés aux Etats généraux.
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